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international - Page 1313

  • La Russie, l’Occident et l’Allemagne (entretien avec Alexandre Douguine)

     

    Zuerst ! : Monsieur Douguine, l’Occident ne se trouve-t-il pas dans une mauvaise situation ?

     

    Alexandre Douguine : Absolument. Mais la situation dans laquelle se débat l’Occident est différente de celle en laquelle se débat la Russie. Regardez l’Europe : l’Union européenne se trouve dans un état de crise profonde; la rue en Grèce se rebelle ouvertement, l’Europe centrale et septentrionale croupit sous les charges sociales, politiques et économiques apportée par l’immigration de masse depuis ces dernières décennies. Même les États-Unis sont plongés dans une crise profonde. Mais, pourtant, c’est cette crise qui va faire se corser la situation. Car dans de telles situations d’instabilité et de précarité, ce sont toujours les partisans de lignes dures qui finissent par avoir le dessus. Aux États-Unis, actuellement, on évoque ouvertement une guerre contre l’Iran, même si à New York un bon paquet de citoyens américains manifestent contre Wall Street. On ne discute plus que du moment idéal pour commencer la prochaine guerre. Lénine disait en son temps : hier, c’était trop tôt, demain ce sera trop tard.

     

    Zuerst ! : Vous défendez l’idée d’une alliance eurasiatique. Cette idée n’implique-t-elle pas que les États européens se détachent progressivement de l’Union européenne bruxelloise, un processus à prévoir pour le moyen voire le long terme, et se donnent de nouvelles orientations. Est-ce là une hypothèse réaliste ?

     

    A.D. : La Russie est l’allié naturel d’une Europe libre et indépendante. Il n’y a donc pas d’autres options. Bien sûr, l’Europe actuelle n’envisage pas cette option, car elle est systématiquement refoulée par le fan-club transatlantique des égéries des Pussy Riots. Mais cela pourrait bien vite changer. Qui imaginait, au début de l’été 1989, que le Mur de Berlin allait tomber en automne? Une poignée d’esprits lucides que l’établissement considérait comme fous ou dangereux.

     

    Zuerst ! : Comment voyez-vous l’avenir des relations germano-russes, tout en sachant que celles-ci ont été jadis bien meilleures ?

     

    A.D. : Il y a beaucoup de liens entre l’Allemagne et la Russie. Nous avons une longue histoire commune. On aime à l’oublier aujourd’hui, surtout dans le vaste Occident. Lors de la signature de la convention de Tauroggen en 1812, le Lieutenant-Général prussien Johann David von Yorck a négocié de son propre chef un armistice entre le corps prussien, contraint par Napoléon de participer à la campagne de Russie, et l’armée du tsar Alexandre. La Russie a soutenu la révolte prussienne contre les Français, ce qui a permis de lancer la guerre de libération des peuples contre Napoléon. La diplomatie russe a permis aussi en 1871 que le Reich allemand de Bismarck puisse devenir réalité sur l’échiquier européen. La Russie a toujours soutenu le principe d’une Allemagne forte sur le continent européen. Otto von Bismarck recevait souvent l’appui de Saint-Pétersbourg. Ce ne sont là que deux exemples : la liste des coopérations germano-russes est longue et, à chaque fois, les deux protagonistes en ont bénéficié. Sur le plan culturel, les relations sont tout aussi étroites : philosophes russes et allemands s’appréciaient, se sentaient sur la même longueur d’onde. Mais nous nous sommes également opposés dans des guerres sanglantes mais, Dieu merci, cette époque est désormais révolue.

     

    Zuerst ! : Et aujourd’hui ?

     

    A.D. : L’Allemagne est le pilier porteur de l’économie européenne. L’économie européenne, c’est en réalité l’économie allemande. L’idée sous-jacente de l’économie allemande diffère considérablement de l’idée qui sous-tend la praxis économique du capitalisme occidental et britannique. En Allemagne, on mise sur l’industrie, de même que sur une création de valeurs réelles par le biais de la production de biens et non pas sur le capitalisme financier et bancaire qui, lui, ne repose sur rien de matériel. Aujourd’hui l’Allemagne est contrôlée par une élite exclusivement imprégnée d’idéologie « transatlantique », qui empêche tout rapprochement avec la Russie. En Russie, on a aujourd’hui des sentiments pro-allemands. Poutine, on le sait, passe pour un grand ami de l’Allemagne. Mais malgré cela, le gouvernement de Berlin, et aussi l’opposition à ce gouvernement, essaie d’intégrer encore davantage l’Allemagne dans une U.E. en mauvaise posture, tout en renonçant à de larges pans de la souveraineté allemande. Pour l’Allemagne, une telle situation est dramatique !

     

    Zuerst ! : Dans quelle mesure ?

     

    A.D. : L’Allemagne est aujourd’hui un pays occupé, déterminé par l’étranger. Les Américains contrôlent tout. L’élite politique allemande n’est pas libre. Conséquence ? Berlin ne peut pas agir pour le bien du pays comme il le faudrait, vu la situation. Pour le moment, l’Allemagne est gouvernée par une élite qui travaille contre ses propres intérêts. Nous, les Russes, pouvons aider l’Allemagne parce que nous comprenons mieux la situation de votre pays, en état de servilité, et parce que nous travaillons à créer des réseaux germano-russes en divers domaines. Nous pourrions travailler avec divers groupes au sein de la République fédérale, nous pourrions améliorer nos relations culturelles. Je crois fermement qu’un jour se recomposera une Allemagne libre, forte et autonome en Europe, qui lui permettra de jouer un rôle d’intermédiaire entre l’Est et l’Ouest du sous-continent. Le rôle que jouent actuellement les vassaux de l’eurocratie bruxelloise et de Washington ne permet pas de forger un vrai destin pour l’Allemagne.

     

    Zuerst ! : Monsieur Douguine, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.

     

    • Entretien paru dans le magazine allemand Zuerst ! paru en octobre 2012, cf. http://www.zuerst.de.

     

    • D’abord mis en ligne en français sur Vox N.-R., le 19 novembre 2012, puis repris par Euro-Synergies.

    http://www.europemaxima.com/

  • Les Intouchables (VOSTFR exclusivité Fortune)

    Dans un documentaire décapant, « The Untouchables », la chaîne publique américaine PBS pose la question à 1.000 milliards de dollars : comment expliquer qu’aucun grand dirigeant de Wall Street n’ait été poursuivi en justice après la crise financière de 2008 ?


    Les Intouchables (The Untouchables) VOSTFR... par _romegas

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Éric Zemmour : « Merkozy est mort, vive Merkeron ! »

    Merkel et Cameron sont faits pour s’entendre. Tous deux de droite, politiquement conservateurs, économiquement libéraux, partisans du libre-échange… Le grand large est l’âme de l’Angleterre et depuis que l’Allemagne s’est réunifiée, elle a renouée avec sa grande politique mondiale d’antan...


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : le couple... par rtl-fr

    http://www.actionfrancaise.net

  • Merah, Merkel, mariage, Mali : Tranches de vie pour une époque normale

    Les rebondissements de l’affaire M. Merah montrent que les services spéciaux surveillaient aussi sa sœur qui « entretenait des liens avec la mouvance salafiste toulousaine » (Le Monde du 1er février 2013). Tiens ! Il y a donc une « mouvance salafiste » à Toulouse ? On pensait jusque-là les Toulousains surtout célèbres pour le rugby, le cassoulet ou l’aéronautique. Aujourd’hui c’est donc aussi pour le salafisme. Normal.

    Gérard Depardieu a rejoint la Russie car il en avait assez du fiscalisme. Il faudrait donc le plaindre au lieu de le traiter de « minable » puisque, comme nous le disent chaque jour les médias, la Russie serait un pays terrifiant : un pays barbare où les féministes, les musulmans, les journalistes et les homosexuels sont assassinés ou jetés en prison, où les mafias gouvernent et où l’on méprise la démocratie. Notre Obélix national devait donc déprimer quand il a choisi de rejoindre non pas le paradis (fiscal) mais l’enfer (russe) ? Normal.

    On a salué comme il se doit l’anniversaire du Traité de l’Elysée car il paraît que les Français et les Allemands s’aiment donc beaucoup, notamment François et Angèle. Normal. Mais on a omis de nous dire qu’à l’origine de ce traité, la France dominait et l’Allemagne, réduite au surplus à sa portion Ouest, quémandait un soutien. Aujourd’hui c’est l’inverse. Le duo franco-allemand ressemble à un couple à la Dubout : avec un petit monsieur ridicule au bras d’une grosse dame. Et puis il ne faut pas oublier que Madame Angèle aimait aussi beaucoup Nicolas et bien d’autres hommes en Europe, également. Cela devrait quand même faire réfléchir François qui s’intéresse tellement aux couples en ce moment.

    Près d’un million de personnes dans la rue à Paris pour la manifestation contre le mariage homo en janvier mais la préfecture de police n’a vu que 350.000 manifestants. Une myopie normale.

    L’armée française à conquis Tombouctou sans combat… les islamistes ayant quitté les lieux avant. Saluons cette extraordinaire victoire du « chef de guerre » François Hollande, qui serait pour cela devenu très « populaire »… au Mali ! Ce fut aussi, paraît-il, la décision la plus difficile de sa présidence. Voilà en tout cas ce que nous disent les médias et cela doit nous rassurer. En France, par contre, sa popularité ne semble pas aussi évidente mais c’est normal.

    La campagne de recrutement pour ladite armée française s’intitule d’ailleurs : « S’engager, pour moi, pour les autres ». Un message très en phase avec l’implosion individualiste de la société contemporaine : je m’engage pour moi d’abord, en effet. Plus question non plus de faire référence à la nation française : non, on s’occupe des « autres », c’est-à-dire de tout le monde désormais. Quoi de plus normal, en somme, puisque l’armée de métier est devenue une annexe de Pôle Emploi et qu’elle mène des missions qui ressemblent à celles des ONG. Car on conduit des opérations (on ne dit plus « guerre ») humanitaires, que diable !

    Le Sénat envisage de créer des « zones de protection renforcée contre le loup ». Tiens ! Les loups sont de retour en France et il faudrait s’en protéger ? C’est sans doute cela le progrès. Normal.

    Il faudra aussi éteindre les lumières dans les commerces et les bureaux la nuit à compter du 1er juillet prochain. La France des Lumières se met donc à l’heure du black-out. Tout un symbole de la post-modernité ! Nous revoilà plongés dans les « heures sombres de notre histoire ».

    Après la promotion du vélo et des produits recyclés, bientôt l’éclairage à la bougie et peut-être aussi les tickets de rationnement comme au bon vieux temps. Normal.

    Et puis l’Union européenne entend lancer un vaste programme d’implantation d’éoliennes. C’est bien normal pour une Europe aux semelles de vent.

    Tout est normal, circulez !

    Michel Geoffroy
    11/02/2013

    Correspondance Polémia – 15/02/2013

  • “Comprendre la mondialisation en 10 leçons”

    Présentation du livre “Comprendre la mondialisation en 10 leçons”, de Gilles Ardinat (Ellipses, sept. 2012) par Philippe Conrad sur realpolitiktv.


    Géopolitique en livres : "Comprendre la... par realpolitiktv

  • DSK ET LA PAUPERISATION

    Les signes de la paupérisation du peuple français s'accumulent de plus en plus. Les statistiques officielles montrent qu'en 2009 8,2 millions de personnes, soit 13% de la population, vivaient en dessous du seuil de pauvreté. En 2008, c'était moins : 7,84 millions. Un Français sur deux vit avec moins de 1580 € par mois. Certes ces statistiques doivent être lues avec prudence : il est plus évident d'être pauvre à Paris lorsque l'on a peu de revenus qu'en province avec les mêmes revenus, si par ailleurs on dispose d'une maison et d'un jardin.
    Des indices plus sûrs et évidents existent comme la « prospérité » des restos du cœur et celle du secours catholique. Les politiques qui pilonnent l'économie française, soit pour détruire les industries et services, soit pour les chasser ailleurs, ont au moins une production qui marche bien c'est justement celle des restos du cœur.
    Au même moment, DSK fait un retour quasi triomphal à Paris et les médias le montrent avec gourmandise pénétrant dans son magnifique logis de la place des Vosges. Ses innombrables camarades et amis de la fausse droite et de la vraie gauche sont, certes, fort embarrassés par ce retour. La présomption d'innocence existe dans le domaine pénal, ce qui n'empêche pas les rumeurs et les chuchotements.
    UNE INCOMPETENCE MANIFESTE
    Pour sauver l'honneur, les voici chantant ses prétendus talents et sa prétendue compétence. Mais il se trouve que la présomption d'innocence n'existe pas dans le domaine économique.
    Dans les multiples fonctions qu'il a rempli au plus haut niveau en France, il a décidé et orchestré les plus grandes calamités : semaine de 35 heures, retraite à 60 ans, enrichissement fabuleux des politiciens, déluge fiscal, dépenses publiques illimitées, endettement en folie. Le résultat pitoyable est connu : chômage, crise du logement, délocalisations des entreprises, retraites insuffisantes, panne de la croissance et bien d'autres manifestations qui ont conduit précisément à la paupérisation rappelée ci-dessus.
    Certes, pour sa défense, il pourrait dire qu'il n'était pas le seul et que ses amis sont étroitement solidaires de la catastrophe générale. Il ajouterait que la fausse droite, en dehors de quelques aménagements, a poursuivi la course folle et n'a nullement arrêté le double bolide des impôts et de l'endettement.
    S'il avait, au tribunal de l'histoire, un avocat aussi talentueux que celui qui lui a permis d'éviter d'être jugé, il pourrait aussi affirmer qu'il était ignorant du mal qu'il créait par ses actions. Étant donné le degré élevé d'intelligence de ces gens, la présomption d'ignorance n'a aucun sens. Il y a eu agression contre l'économie française et agression volontaire.
    Une autre ligne de défense pourrait être d'évoquer le consentement du peuple français s'exprimant par les votes ; cela voudrait dire qu'il n'y a pas eu de viol, comme cela aurait pu se produire dans la suite 2806 du Sofitel de New-York, si la victime n'était pas consentante.
    L'ORCHESTRE MEDIATIQUE
    Que se passe-t-il dans l'isoloir ? C'est là qu'intervient dans l'analyse un autre facteur, à savoir l'orchestre médiatique. Les médias en France sont à la fois créateurs et complices des calamités publiques ; ils sont étroitement imbriqués avec les politiques et forment avec ces derniers un ensemble cohérent, imposant une censure d'autant plus impitoyable qu'elle est apparemment douce. La situation est donc étrange : il n' y pas eu viol puisque le peuple a voté. Mais le consentement a été obtenu grâce à la complicité de l'orchestre médiatique, lui-même arrosé généreusement par les impôts arrachés aux victimes-contribuables-électeurs.
    La même propagande célèbre le rôle de DSK à la tête du FMI. Les tribulations récentes ont permis d'admirer sur les écrans la magnificence de cette organisation qui, avec ses 14 000 employés, n'est que l'une des multiples et luxueuse succursales du pouvoir totalitaire mondial en voie d'édification rapide.
    Au même moment, nous avons le spectacle de la misère que ce FMI impose cruellement au peuple grec, soi-disant pour le « sauver ». C'est une pratique courante de cette organisation. Là aussi la présomption d'ignorance n'existe pas.
    Comment ce personnage incompétent est-il arrivé à la tête du FMI ? Peu de gens se souviennent que pendant plusieurs mois les affaires étrangères de la France ont été mises au service de sa nomination et, de même, récemment de celle de Madame Christine Lagarde. Dans les affaires étrangères rien n'est gratuit et tout se paye ; personne ne peut connaître les contreparties que la France a du donner pour ces deux nominations correspondant aux caprices et intérêts du pouvoir en place.
    LES IMPOTS FRAPPENT SURTOUT LES PAUVRES
    La paupérisation évidente du peuple français met en évidence un fait que peu admettent, à savoir que les impôts frappent en priorité les pauvres. En effet, ces derniers deviennent pauvres précisément à cause des impôts qui détruisent les créateurs de richesse, ceux qui font tourner la machine.
    Les simples précaires, qui arrivent seulement à vivoter risquent à leur tour de tomber dans la trappe de la pauvreté. A mesure que les gens s'élèvent dans la richesse, l'impôt devient de moins en moins pesant. S'ils accèdent à la grande richesse, l'impôt n'existe plus puisqu'ils peuvent s'évader parfaitement légalement pour échapper à l'enfer fiscal.
    La France en ruine, le désastre du FMI : décidément les camarades ont bien de l'audace à essayer de redonner du lustre à leur encombrant ami. En fait, ce n'est que le reflet de leur propre solidarité à la fois dans l'incompétence et dans ses résultats.
    Michel de Poncins. http://libeco.net/

  • L’interview complète de Thierry Meyssan pour le National Emancipé

  • Un air de fin du monde en Russie

    Ce vendredi, une météorite s’est disloquée au-dessus de la Russie et ses morceaux ont causé des dégâts notables (faisant voler en éclat de nombreuses fenêtres suite à l’onde de choc). Pis, le nombre de blessés (un millier) est un record pour ce genre d’événement.

    http://www.contre-info.com/

  • Les illusions perdues des maîtres du monde

     

    Le changement de ton est désormais palpable chez les dirigeants occidentaux, impuissants à retrouver la prospérité. Le découplage du monde entre vieilles économies qui stagnent et émergents qui avancent s’accentue.

    Avant la dégringolade de 2008, les capitaines de la finance et de l’industrie pouvaient vanter les vertus de la mondialisation, de la technologie et de la libéralisation des services financiers, supposées ouvrir une ère de croissance sans fin. Une croissance au bénéfice de tous, à condition de faire « les bons choix ». Nous n’en sommes plus là.

    Il est tout à fait symptomatique de constater que ce qui a rassemblé les dirigeants réunis récemment à Davos est le sujet des inégalités économiques. Le changement de thème par rapport à il y a seulement un an est spectaculaire. Personne n’ose plus avancer l’idée que ce qui est bon pour les riches finit par profiter aux pauvres.

    Le discours de Christine Lagarde, la dirigeante du FMI, a été de ce point de vue un moment clef de la rencontre de Davos. Elle a souligné les changements profonds au sein de son institution, au moins au sommet de la pyramide : une véritable préoccupation pour le droit des femmes, l’accent mis à nouveau sur le lien entre inégalité et instabilité, et la reconnaissance du rôle essentiel de la négociation collective et d’un salaire minimum dans la réduction des inégalités. Si seulement les programmes du FMI en Grèce et ailleurs reflétaient réellement ce discours !

    La session organisée à Davos par l’Associated Press a été révélatrice de ces nouvelles préoccupations : un pays, notamment dans le monde développé, peut-il créer des emplois (notamment des emplois bien payés) quand la technologie moderne remplace les travailleurs par des robots et des machines pour toutes les tâches qui peuvent être automatisées ?

    Dans l’ensemble, depuis le début de ce siècle, en Europe comme aux Etats-Unis, le secteur privé est incapable de créer en nombre des emplois correctement rémunérés. Même en Chine et dans d’autres pays dont le secteur manufacturier est en croissance, c’est essentiellement l’augmentation de la productivité – souvent liée au remplacement des travailleurs par des processus automatisés – qui est à l’origine de la hausse de la production. Les premières victimes en sont les jeunes, qui voient leurs perspectives d’avenir compromises par de longues périodes de chômage.

    La majorité des participants du Forum de Davos a surtout célébré la survie de l’euro. Le sentiment dominant était l’autosatisfaction, voire l’optimisme. La stratégie de Mario Draghi, c’est-à-dire la promesse que la BCE, avec tous les fonds dont elle dispose, pourrait et ferait tout ce qui est nécessaire pour sauver l’euro et secourir tous les pays en crise a semblé efficace, au moins pendant un temps.

    Le calme temporaire que cela a engendré donne a posteriori raison à ceux qui appelaient en priorité à rétablir la confiance. L’idée était que la promesse en forme de menace de Draghi rétablirait la confiance sans débourser un sou, car elle n’aurait jamais à être mise à exécution.

    Des voix se sont cependant élevées pour rappeler que les contradictions fondamentales n’étaient pas résolues et que la survie à long terme de l’euro impliquait l’existence d’une union budgétaire et bancaire, ce qui suppose une union politique que la plupart des Européens sont prêts à accepter. Mais beaucoup de ce qui a été dit à Davos, tant lors des réunions qu’en aparté, traduisait un profond manque de solidarité.

    D’une façon générale, si les dirigeants occidentaux insistent sur la croissance et l’emploi, ils ne proposent pas de mesures efficaces pour y parvenir. Les prévisions de croissance du FMI mettent du reste en évidence le découplage croissant du monde : cette année, la croissance du PIB dans les pays industriels avancés devrait être de 1,4 %, contre au moins 5,5 % dans les pays en développement.

    Et pendant que les Européens martèlent la nécessité de l’austérité en se félicitant des progrès accomplis et réaffirment leur volonté de poursuivre dans la voie qui a plongé toute l’Europe dans la récession, les pays émergents nous apportent une note d’optimisme. Ceux qui réussissent le mieux sont ceux qui sont parvenus à gérer la mondialisation pour maintenir leur croissance malgré les échecs de l’Occident.

    Devant des Etats-Unis paralysés politiquement par l’agitation puérile des républicains et face à une Europe absorbée par la survie de l’euro en raison de son défaut de conception, le manque de leadership mondial est de plus en plus patent. Au cours des vingt-cinq dernières années, nous sommes passés d’un monde dominé par deux superpuissances à un monde où il n’en existait plus qu’une, et maintenant à un monde multipolaire dépourvu de leadership.

    Nous pouvons discuter du G7, du G8 et du G20, mais il faudrait évoquer le G0 ! Nous devons apprendre comment vivre et prospérer dans l’ère nouvelle qui s’ouvre.

    Les Echos   Par Joseph Stiglitz   http://fortune.fdesouche.com