L’ennui, c’est que les Français à la recherche d’un emploi ne connaissent que le premier et n’ont même pas idée de ce qu’est le second.
Michel Sapin est content. Oui, mais content comme le héros du Dîner de Cons dans lequel Thierry Lhermitte-Brochant chante à Jacques Villeret-Pignon : « Il est méchant, monsieur Brochant, il est mignon, monsieur Pignon. »
Dans ce gouvernement digne de cette comédie culte, on imagine assez bien chanter au ministre du Travail après ses dernières déclarations : « Il est méchant, le Pôle emploi, il est mignon, le BIT. »
Car question baisse du chômage, inversion de la courbe et promesse de Corrézien (désormais pire que celle d’un Gascon), c’est selon qu’on est « Pôle emploi » ou « Bureau international du travail »…
L’ennui, c’est que les Français à la recherche d’un emploi ne connaissent généralement que le premier et n’ont même pas idée de ce qu’est le second.
« Au titre de Pôle emploi, il n’y a pas eu d’inversion ; au titre du BIT, il y a eu inversion. À chacun de retenir l’indicateur qu’il souhaite », a estimé le ministre du Travail. Et donc, l’engagement de faire baisser le chômage fin 2013 pris par « Moi Président » aurait bel et bien été respecté, qu’on se le dise… L’INSEE n’a-t-il pas publié un taux de chômage en recul, au 4e trimestre, de 0,1 point ?
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« Il est méchant, le Pôle emploi, il est mignon, le BIT »
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Iran : les Etats-Unis prêts à sanctionner Michelin
Preuve s’il en était besoin que les sanctions mises en place contre l’Iran pour freiner ses ambitions en terme de nucléaire militaire seraient avant tout destinées à préserver les intérêts économiques et financiers des firmes US ….
Alors que début février, le secrétaire d’État américain, John Kerry a tenu à appeler directement le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius pour lui signifier ouvertement son désaccord, suite au déplacement sur le sol iranien de plus d’une centaine de patrons d’entreprises du CAC40, effectué à l’initiative du Medef, trois sénateurs républicains viennent de s’adresser au Pentagone pour lui demander de sanctionner les compagnies françaises qui cherchent à établir des relations commerciales avec l’Iran.
En visant en tout premier lieu Michelin, lequel pourrait faire de l’ombre à Goodyear ? Il n’est pas interdit d’y penser …
Selon l’Agence de presse de la République islamique (IRNA), Trent Franks, Doug Lamborn et Joe Heck ont envoyé une lettre à Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense en vue de lui d’exercer des pressions sur la compagnie française de pneumatiques afin de l’empêcher d’établir des relations commerciales avec l’Iran.
Les sénateurs ont ainsi demandé à Hagel de mettre en garde Michelin, en l’informant que dans le cas où le groupe conclurait un accord avec Téhéran avant l’accord final sur son programme nucléaire, tout nouvel accord entre le Pentagone et Michelin serait impossible. Une menace qui intervient alors qu’en 2007, Michelin a signé un accord avec les forces armées américaines d’un montant de plus de 2,4 milliards de dollars.
Début février, John Kerry avait estimé pour sa part la visite des plus grandes firmes françaises dans la capitale iranienne était « malvenue ».
Téhéran « ne peut être considéré comme un marché ouvert, parce que l’allègement des sanctions est tout à fait provisoire, tout à fait limité et tout à fait ciblé », avait indiqué quant à lui Wendy Sherman, la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques.
L’argument – officiel – est clair : un tel empressement de la France à se rendre en Iran laisserait sous entendre que Téhéran a bel et bien redoré son blason sur le plan international. Et qu’il est donc désormais politiquement correct de commercer avec le régime iranien. « Nous avons respecté la convention de Genève, signée en novembre dernier. Il y a d’autres délégations de pays européens qui se sont rendus en Iran », avait souligné préalablement Pierre Gattaz, le patron des patrons, histoire de désamorcer toute bombe éventuelle.
Mais l’accès au marché iranien pourrait être au final le véritable enjeu.
Rappelons en effet que depuis le 20 janvier dernier, une partie des sanctions internationales qui pesaient jusqu’à lors sur l’Iran ont été temporairement levées. Les allègements concernent les secteurs de l’or et des métaux précieux, les produits pétrochimiques (en dehors du pétrole, du gaz et des carburants), l’industrie aéronautique et l’automobile.
Histoire de relativiser l’importance de la visite, le Quai d’Orsay avait toutefois tenu à préciser que la visite du Medef à Téhéran avait lieu « à titre exploratoire », mais l’argument a semble-t-il été considéré quelque peu léger aux yeux des Etats-Unis.
D’autant plus que le patronat français a frappé au cœur même des ambitions US les plus tenaces, la délégation de chefs d’entreprise à Téhéran étant conduite par Thierry Courtaigne, vice-président, directeur général de Medef international mais également Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français d’automobiles.
Et ce, alors même que GM tente par tout les moyens – ou presque – de bouter Renault et PSA hors d’Iran. Physiquement et commercialement parlant. En juillet 2013, le lobby United Against Nuclear Iran a ainsi à adresser à Renault, une sommation de se retirer d’Iran sous peine de sanctions américaines.
A noter également qu’en octobre dernier, un industriel français, avait indiqué pour sa part au Figaro, que « la plupart des secteurs de l’économie américaine, y compris des sociétés cotées au Nasdaq » avaient «envoyé ces derniers mois des émissaires en Iran».
Le journal ajoutant alors que la filière automobile iranienne était particulièrement courtisée par General Motors. Les « émissaires » de la firme US allant bien au delà du « simple repérage du marché», leurs missions étant beaucoup plus proches d’une « ébauche du contrat de reprise des activités de GM» selon les termes mêmes de l’industriel, bien au fait du dossier.
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« Pacte de responsabilité » et chômage : l’enfumage, c’est maintenant
PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Alors que les chiffres catastrophiques du chômage sont tombés mercredi, les négociations entre partenaires sociaux pour le « pacte de responsabilité » ont débuté hier.
Le ministère du Travail l’annonçait mercredi : le nombre de demandeurs d’emplois de la catégorie A, c’est‑à‑dire sans aucune activité, a continué de grimper en janvier, avec 8.900 nouveaux inscrits à Pôle emploi, portant leur nombre au niveau record de 3.316.000. En incluant les chômeurs des catégories B et C, c’est‑à‑dire ayant eu une activité réduite (+23.600 en janvier), on recense 4.920.000 demandeurs d’emploi à la fin du mois dernier. Du jamais vu. Et si l’on inclut les départements d’Outre‑mer, on arrive à un total de 5.229.000 demandeurs d’emplois. Il s’agit naturellement des chiffres officiels, après traitement statistique idoine !
Le gouvernement en est réduit aux formules incantatoires
Invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP, le ministre du Travail Michel Sapin (à gauche sur la photo, avec Jérôme Cahuzac) a pris acte de l’échec du gouvernement. « Tant que ça ne recule pas, c’est que ça ne va pas », a‑t‑il proféré, ajoutant dans la même veine : « On ne peut pas accepter de vivre avec un pays où il y a plus de trois millions de chômeurs (nota bene, monsieur le ministre : c’est “plus de cinq millions” que vous auriez dû dire). Donc, il faut faire reculer (sic) ». Quant au Premier ministre, Jean‑Marc Ayrault, il a estimé : « Qu’il faut encore persévérer sans faiblir pour faire reculer durablement le chômage dans notre pays ».Belle enfilée de lieux communs…Ledit « pacte de responsabilité » ne cible aucune des priorités du pays en matière d’emploi
Ce pacte fait la part belle aux mesures cosmétiques. Ainsi, constatant que la situation des 50 ans et plus continue de se dégrader sérieusement, Michel Sapin prévoit qu’un « contrat de génération » (sic) fera son entrée dans le « pacte de responsabilité ». Lors du débat qui l’a opposé dimanche sur RTL au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, Marine Le Pen a souligné que ce « pacte » a été fait pour les grosses entreprises du CAC 40 et non pour les 97 % d’entreprises françaises réellement productrices d’emploi, à savoir les PME‑PMI. La présidente du Front national a recensé un certain nombre de priorités : établir un impôt progressif sur les sociétés avec remise à plat du système parasite des seuils ; redonner du pouvoir d’achat aux Français ; exiger des banques, que l’Etat a aidées, qu’elles prêtent aux entreprises ; ou encore sortir notre pays de l’euro, une monnaie faite sur mesure pour l’opulente Allemagne.Des mesures que Montebourg a balayées d’un revers de main, arguant qu’il était à lui seul en mesure de faire reculer l’Allemagne au sujet de la surévaluation de l’euro. Merkel en rigole encore.
http://fr.novopress.info/158201/pacte-responsabilite-chomage-lenfumage-cest-maintenant/#more-158201
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Les Bonnets Rouges ont occupé des ponts aujourd’hui
Le mouvement des Bonnets Rouges continuent sa mobilisation, notamment en vue des Etats-Généraux du 8 mars. Ce matin, ils ont occupé des ponts dans différents endroits de la Bretagne.
http://medias-presse.info/les-bonnets-rouges-ont-occupe-des-ponts-aujourdhui/7037
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LES CADEAUX FISCAUX GÉNÈRENT-ILS DE L'EMPLOI ?
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Salaires impayés : les entreprises font de plus en plus appel aux crédits
L’organisme spécialisé a débloqué plus de 2 milliards en 2013 pour payer les salaires des entreprises en difficulté.
Voici un signe supplémentaire de la fragilité des entreprises françaises: elles font de plus en plus appel, en cas de défaillance, à l’AGS (Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés). Cet organisme patronal avance des crédits aux sociétés qui, en cas de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, n’ont plus suffisamment de trésorerie pour payer les salaires de leurs employés ou leur indemnité de licenciement. Il est financé par une cotisation des entreprises (de 0,3% de la masse salariale) et par la récupération, lorsque c‘est possible, d’une partie des fonds prêtés.
En 2013, le montant des avances s’est accru de 5,4%, atteignant 2,19 milliards: un record depuis la mise en place de l’AGS… en 1974! Le précédent, établi en 2009 au cœur de la crise, a été dépassé d’environ 80 millions d’euros.
De même, le nombre de salariés secourus a augmenté, pour retrouver les niveaux de 2009, avec près de 286.000 bénéficiaires. Par ailleurs, l’organisme a réussi à récupérer 718 millions, soit un peu moins qu’en 2012. Cet ensemble de signaux négatifs montre à quel point le tissu économique est exsangue après cinq années de crise. Pour preuve, les marges des entreprises sont au plus bas depuis 1985.
Alors que globalement l’AGS a garanti le paiement des salaires et des indemnités dans près de 28 000 affaires en 2013, un chiffre en hausse de 3,6%, certains secteurs ont été particulièrement sinistrés. Comme l’hébergement et la restauration, où le nombre d’interventions de l’AGS a explosé de 10,6%. Autre enseignement, plus de 80 % des affaires où l’AGS a dû apporter son aide concernent des entreprises de moins de 10 salariés. Et le nombre d’interventions, dans cette catégorie de sociétés, a augmenté de 5,5%, tandis qu’il s‘est replié de 7,4% dans les PME de 10 à 49 salariés et de 2,7% dans les entreprises de plus de 50 salariés. Par région, c’est la Corse qui affiche la plus forte progression (+ 25,5%), suivie de la Réunion et de la Guadeloupe.La hausse ralentit
Seule note positive dans ce sombre tableau, les statistiques du quatrième trimestre 2013 laissent espérer que le pic de la crise est dépassé. En effet, le nombre de dossiers ouverts par l’AGS (tous ne donnent pas droit à une aide) pour cause de liquidation ou de redressement judiciaire était, selon une première estimation, en hausse de 3,7% à fin décembre 2013 sur douze mois glissants, une progression inférieure à celle constatée à fin septembre (+5,6%). La tendance est identique pour les procédures de sauvegarde. Bref, la hausse ralentit. Mais on est encore loin de la baisse.
Toute la question est maintenant de savoir si les membres du conseil d’administration de l’AGS vont pouvoir maintenir en l’état le taux de cotisation des entreprises. Il y a cinq ans, en pleine crise, ils avaient été obligés de l’augmenter par deux fois pour faire face à l’afflux de dépenses. Et, au final, de doubler son taux. Depuis, une seule baisse est intervenue…
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L’Allemagne s’est créé un «avantage déloyal» avec les bas salaires
L’Allemagne s’est créé un avantage compétitif “déloyal” envers ses partenaires avec l’essor des bas salaires, a reconnu le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires européennes Michael Roth, promettant une correction, dans un entretien à l’AFP.
M. Roth, un social-démocrate comme le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, était interrogé sur les excédents commerciaux records enregistrés par l’Allemagne (près de 200 milliards d’euros en 2013) qui font l’objet d’une procédure d’examen à Bruxelles.
«Des déséquilibres sont apparus dans l’Union européenne et nous avons le devoir de les corriger. Ce n’est pas seulement le devoir des pays en déficit mais aussi celui de l’Allemagne», a-t-il déclaré jeudi lors d’une rencontre avec des journalistes de l’AFP à Berlin.
Ces propos tranchent avec ceux des conservateurs et de la chancelière Angela Merkel elle-même, qui ont toujours contesté que l’Allemagne avait un problème d’excédent commercial, malgré le seuil limite de 6% du PIB fixé par l’Union européenne et systématiquement dépassé par Berlin depuis 2007.
«Avec l’essor des bas salaires et de l’emploi précaire en Allemagne, nous nous sommes dotés d’un avantage (compétitif) déloyal envers nos partenaires. Il devra être progressivement corrigé», a affirmé M. Roth. Il a jugé que le nouveau gouvernement de coalition associant les conservateurs aux sociaux-démocrates avait déjà «lancé un signal clair» avec l’introduction d’un salaire minimum universel de 8,50 euros de l’heure qui doit être mis en oeuvre au plus tard d’ici 2017.Les emplois précaires et à bas salaires se sont multipliés en Allemagne dans les années 2000 sous l’effet des réformes du marché du travail de l’ancien chancelier Gerhard Schröder, contribuant à une chute du taux de chômage allemand désormais l’un des plus faibles de l’UE.
Ces réformes ont aussi dopé la compétitivité du pays déjà très forte, faisant exploser l’excédent commercial. L’Allemagne est régulièrement critiquée pour sa dépendance envers les exportations et la faiblesse de sa demande intérieure, qui pénalisent les exportations de ses partenaires européens comme la France, l’Italie ou le Royaume-Uni.
La réduction de l’excédent commercial «est un sujet sensible en Allemagne», a reconnu M. Roth. «Il a souvent été affirmé à tort qu’il s’agissait de réduire nos exportations. Ce n’est pas du tout ça. Il s’agit d’augmenter la demande intérieure».
Outre le salaire minimum, le contrat de coalition comporte «d’autres mesures concrètes» à cet effet. M. Roth a évoqué notamment : «l’encadrement des contrats à durée déterminée, de l’interim, la limitation des stages, des investissements dans les infrastructures».
Interrogé sur le changement de ton du nouveau gouvernement allemand, par rapport à la coalition précédente avec les libéraux, il a lancé : «les sociaux-démocrates sont bel et bien là». Et sur les désaccords éventuels avec les conservateurs sur ces questions économiques et sociales: «ce que je viens d’esquisser, ce ne sont pas seulement des réponses sociales-démocrates. Ce sont les réponses de la grande coalition. Cela me rend donc confiant qu’elles seront mises en oeuvre».
Au sujet des relations entre l’Allemagne et le gouvernement socialiste français, M. Roth a jugé qu’il régnait «une ambiance positive». «Nous nous comprenons mieux qu’avant politiquement. C’est naturellement aussi lié au fait que les sociaux-démocrates sont désormais une composante importante du gouvernement allemand», a-t-il dit.
AFP (via 20 minutes)
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Le chômage augmente, tout comme le chiffre d'affaires de la publicité...
Evolution du marché publicitaire français en 2010, 2011 et 2012
ANNEE TAUX DE CROISSANCE INVESTISSEMENTS PUBLICITAIRES 2012 +0,9% 27,9 milliards € 2011 +5,1% 27,6 milliards € 2010 +10,2% 26,2 milliards € Chiffres Kantar Media. Bénéfices des groupes publicitaires en France
RANG GROUPE BÉNÉFICES 2012 CHIFFRE D’AFFAIRES ÉVOLUTION DU CA 1. Publicis Groupe 764 millions € 6,61 milliards € +13,65% 2. Havas 135 millions € 1,77 milliards € +8,09% 3. Havas France 40 millions € 337 millions € +5,31% 4. GL Events 31,13 millions € 824 millions € +5,31% 5. Gutenberg 9,45 millions € 306 millions € +13,65% 6. BBDO Paris (CLM Prox New) 6,47 millions € 132 millions € +3,58% 7. Mediapost 2,19 millions € 597 millions € +1,60% 8. Lowe France 1,17 millions € 40 millions € -11,40%
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Travail : Personne ne voit le plus grand bouleversement depuis 1800
La généralisation de l’automatisation dans tous les secteurs de l’économie va se poursuivre au cours de la prochaine décennie. Cette automatisation va nous enrichir sur le long terme, mais à court terme, le remplacement du travail humain va créer beaucoup de problèmes, notamment parce qu’aucun gouvernement ne se prépare à cette révolution, affirme The Economist.
L’innovation, et en particulier l’automatisation, a révolutionné notre façon de travailler. Elle a détruit des emplois, et en a créé de meilleurs. Une société plus productive est une société plus riche, et l’augmentation de la richesse provoque une hausse de la demande pour des biens et des services de plus en plus sophistiqués. Aujourd’hui, on ne voit plus de pool de secrétaires, mais il y a de plus en plus de programmeurs et de designers web.
Pour les travailleurs, ce seront d’abord les inconvénients de cette évolution qui se feront sentir. Même si elle suscite la création de nouveaux emplois plus intéressants sur le long terme, à court terme, la tornade technologique provoquera un élargissement des écarts de salaires, et ce phénomène est susceptible de créer des tensions sociales et peut-être même politiques. Or, aucun gouvernement ne s’y est préparé.
Ce qui se passe actuellement n’est pas sans rappeler la Révolution Industrielle. A cette époque, ce sont essentiellement les détenteurs de capitaux qui ont profité des fruits de la hausse de la productivité. Il se passe sensiblement la même chose aujourd’hui : ce sont ceux qui possèdent les capitaux, et les salariés les plus qualifiés, qui ont le plus profité de la révolution numérique. Sur les 3 dernières décennies, les 1% les plus riches ont vu leur revenu passer de 9% à 22% du PIB mondial, alors que le reste de la population a vu le sien décroître de 64% à 59%.
Et ce n’est qu’un début, puisque l’automatisation ne fait que commencer. Jusqu’à présent, les emplois remplacés étaient des emplois impliquant des tâches routinières et répétitives ; mais les ordinateurs sont de plus en plus capables de prendre en charge des travaux plus compliqués, de façon plus économique et plus effective que les humains. Les activités de services sont les premières visées.
Selon une étude récente menée par des chercheurs de l’Université d’Oxford, 47% des emplois d’aujourd’hui pourraient être automatisés au cours des deux prochaines décennies.
Dans le même temps, des startups numériques ont inventé de nouveaux produits et services qui améliorent nos existences, mais elles créent très peu d’emplois. Lorsque Facebook a racheté Instagram en 2012, cette dernière comptait déjà 30 millions de clients, mais seulement 13 employés. Kodak, qui a récemment fait faillite, avait un effectif de 145.000 personnes à sa meilleure époque.
Le problème, c’est qu’il y a un décalage entre le moment où ces nouvelles activités détruisent des emplois, et celui où elles deviennent elles-mêmes de gros employeurs. Google emploie maintenant 46.000 personnes, mais c’est maintenant qu’Airbnb, une startup plus récente qui permet à des individus de louer leur logement à des touristes, menace les milliers d’emplois du secteur de l’industrie hôtelière.
Les conséquences sociales de cette automatisation sont énormes, parce que les emplois les plus vulnérables sont les moins qualifiés, alors que les compétences qu’elle réclamera, la créativité et l’expertise managériale, par exemple, sont les mieux rémunérées. Les salaires médians vont donc stagner, et les inégalités sociales vont donc encore s’accroître, et avec elles, les tensions qu’elles suscitent.
Les politiciens n’auront pas de réponse à ce phénomène : il est impensable d’arrêter le progrès, et la mobilité des capitaux et des cerveaux rendront impossible la mise en place de toute taxation punitive.
Le seul aspect sur lequel ils pourront agir est l’éducation. Les écoles doivent être modifiées pour favoriser la créativité afin de permettre aux futurs adultes de proposer des compétences complémentaires à celles des ordinateurs. Peut-être faut-il investir pour créer des écoles destinées à des enfants plus jeunes pour développer les capacités cognitives qui seront décisives pour leur potentiel futur. De même, il faudra mettre en place de la formation continue pour les adultes.
Dans ce nouveau monde, il y aura toujours des travailleurs qui se retrouveront écartés en termes d’emploi ou de salaire, parce qu’ils n’auront pas de compétences très demandées. Le mieux ne sera pas de décréter des augmentations de salaire minimum, qui pousseront les entreprises à toujours plus d’automatisation, mais de compléter leur salaire avec une allocation pour permettre à tous ceux qui travaillent d’avoir un revenu décent.
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Mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Pas une journée ne passe sans que je me pose cette question : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Par exemple, quand Cazeneuve établit son budget en prévoyant le doublement des redressements fiscaux, je me pose la question : mais qu’est-ce qu’il a dans la tête ? N’a-t-il jamais vu un contrôle fiscal ? Sait-il qui sont ceux qui vont être détruits de la sorte ? Est-il conscient qu’il va perdre, par ruine factice, des milliers de créateurs de richesse du fait de cet ordre stupide ?
Quand les contrôleurs fiscaux partent en campagne, qu’ils montent des dossiers complètement abscons en recalculant à leur sauce la comptabilité des entreprises, je me dis : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Quand ces mêmes contrôleurs notifient un redressement, dont ils savent pertinemment que c’est une abstraction sans aucune réalité, que l’entreprise est incapable de le payer, et qu’il va ruiner l’entrepreneur : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Quand les politiques véhiculent l’idée que c’est la trop grande liberté accordée aux entrepreneurs qui est à l’origine de la crise que nous traversons : ils ont quoi dans la tête ? Impossible d’imaginer qu’ils ignorent l’encadrement qu’ils ont mis en place qui interdit toute initiative. Evidemment, ils savent parfaitement que rien ne peut se faire sans passer par eux, qu’ainsi rien ne se fait, puisque le temps de passer par eux c’est déjà trop tard en fonction du rythme imposé par l’économie mondiale.
Quand ces mêmes politiques sont capables de débattre pendant des heures de l’avenir, à la télévision ou ailleurs, en laissant croire qu’ils vont pouvoir continuer à inonder leurs électeurs d’avantages pécuniaires, alors que leur faillite est programmée pour demain : que se passe-t-il dans leur tête ? Ils n’ignorent pas que leurs prélèvements ont depuis longtemps terrassé les entrepreneurs. Ils n’ignorent pas qu’ils ont les mains vides. Comment peuvent-ils encore faire des promesses ?
Quand la famille Le Pen a le souffle de promettre encore plus, plus de partage, plus de ponction sur le capital, donc sur le moteur de l’économie : mais que se passe-t-il dans leurs têtes ? Comment imaginent-t-ils que cela va finir ?
Quand les braves gens croient à tout cela, quand on les sent prêts à tuer, la violence à fleur de peau, cherchant juste sur qui la déverser, je me dis : mais qu’ont-ils dans la tête ?
Quand la presse ment à tout le monde sur la situation. Quand elle fait croire que l’on va encore pouvoir vivre dans l’insouciance, que la seule chose qui compte est de savoir si deux personnes du même sexe peuvent se marier, ou espionner la vie des starlettes de la télé, des intermittentes du spectacle, alors que la misère est à nos portes : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Quand je suis sur la route, que je croise des milliers de voitures, je me demande : comment font-ils pour payer l’essence ?
Quand je suis au restaurant, qu’au deuxième service il n’y a toujours pas de place, je me dis : comment vont-ils faire pour payer l’addition ?
Je ne parle pas des voitures neuves, du prix des appartements, des vêtements, des sports d’hiver : comment ça marche tout ça ?
Ils ne peuvent quand même pas avoir tous gagné au loto ?
Quand je vais dans un service public, que dès la réception on m’explique que ma requête est impossible, que ceux qui pourraient y répondre sont absents, voire en congé, que de toute façon ce que je demande est interdit de communication, je me dis : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Une fois par mois, peut-être moins, la surprise me terrasse. Récemment, je suis allé dans un bureau. Fermé le mardi ! La responsable m’a ouvert quand même ! Je me suis surpris à penser : mais qu’est-ce qui s’est passé dans sa tête ?
En clair, j’ai beaucoup de mal à comprendre l’environnement et la pensée de cette société dans laquelle je suis projeté à mon insu. J’espère que c’est moi qui ai tort, moi qui suis décalé par rapport à la réalité, sans quoi ce serait très inquiétant.
Si par malheur cette incompréhension généralisée n’était pas de mon fait, si, au contraire, c’était tout le système qui prenait une mauvaise route, l’accident collectif à venir serait alors d’une grande gravité. Il est bien préférable que ce soit moi le con de service. Vous voudrez bien m’en excuser.
Henri Dumas
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