lobby - Page 1435
-
Monsanto condamné pour l’intoxication d’un agriculteur français
C’est un long combat qui se termine pour Paul François, agriculteur de Bernac, en Charente, engagé depuis près de dix ans dans une bataille contre le géant américain Monsanto. Jeudi 10 septembre, la cour d’appel de Lyon lui a définitivement donné raison en concluant que la firme multinationale était responsable du préjudice qu’il a subi à la suite de l’inhalation du pesticide pour le maïs Lasso.La cour confirme ainsi le jugement en première instance du tribunal de grande instance de Lyon, qui, en février 2012, avait reconnu « responsable » Monsanto et l’avait condamné à « indemniser entièrement » le céréalier charentais. Elle invoque à l’encontre de la multinationale « un manquement contractuel », lui reprochant « d’avoir failli à son obligation générale d’information pour n’avoir pas respecté les règles en matière d’emballage et d’étiquetage des produits ».« Décision historique »Paul François s’est félicité, lors d’une conférence de presse à Paris, jeudi, de cette « décision historique », ajoutant que « le pot de terre peut gagner contre le pot de fer ». « Pour la première fois, un fabricant de pesticides est condamné à indemniser un agriculteur pour l’avoir intoxiqué », a insisté son avocat, François Lafforgue. « Cette décision est le point de départ d’un grand mouvement d’indemnisations. Elle ouvre une brèche dans la responsabilité des fabricants », a-t-il ajouté, appelant à la création d’un fonds pour indemniser les victimes de pesticides.« La reconnaissance de la responsabilité de Monsanto dans cette affaire est essentielle : les firmes qui mettent sur le marché ces produits doivent comprendre que dorénavant elles ne pourront plus se défausser de leurs responsabilités vis-à-vis des pouvoirs publics ou l’utilisateur et que des comptes leur seront demandés, abonde dans un communiqué Maria Pelletier, présidente de l’ONG Générations futures. C’est une étape importante pour toutes les autres victimes des pesticides qui espèrent voir enfin confirmée la responsabilité des firmes dans la survenue des maladies qui les touchent. »S’il refuse de passer pour une icône écologiste ou altermondialiste, ce céréalier charentais restera comme le premier en France à avoir fait condamner le géant de l’agrochimie américain. Il est en tout cas le premier à avoir rompu le silence sur les dangers des herbicides, insecticides et autres fongicides longtemps vantés.Troubles neurologiquesLa vie de cet exploitant de 51 ans à la tête de 240 hectares, longtemps affectés à la monoculture céréalière, a basculé le 27 avril 2004. Ce jour-là, voulant vérifier le nettoyage de la cuve d’un pulvérisateur, il a inhalé une forte dose de vapeurs toxiques. Pris de malaise, il a juste le temps d’expliquer ce qui vient de se produire à son épouse avant de finir aux urgences, crachant du sang : « Tout ce qui est arrivé après, je ne m’en souviens pas. »Après cinq semaines d’arrêt, Paul François reprend son travail mais souffre d’importants problèmes d’élocution, d’absences, de maux de tête violents. À la fin de novembre 2004, il s’effondre sur le carrelage de sa maison, où ses filles le découvrent inconscient.S’ensuit une longue période d’hospitalisation durant laquelle les médecins ont craint plus d’une fois pour sa vie, sans jamais faire le lien avec l’herbicide de Monsanto. D’examen en examen, de coma en coma, une importante défaillance au niveau cérébral a fini par être trouvée.Aidé de sa famille, Paul François a commencé à enquêter sur le Lasso, à ses frais. Il faut attendre mai 2005 pour identifier le coupable : le monochlorobenzène, solvant répertorié comme hautement toxique et entrant à 50 % dans la composition de l’herbicide.Depuis, Paul François vit avec une défaillance cérébrale, souffre de troubles neurologiques et doit subir une IRM tous les six mois, des lésions étant apparues au niveau du cerveau.« Les produits chimiques, c’était du pain bénit »A la lutte contre la maladie a succédé le combat juridique. Déjà pour faire reconnaître son intoxication comme maladie professionnelle. Un premier refus de la Mutualité sociale agricole (MSA) pousse Paul François à engager une procédure devant le tribunal des affaires sociales d’Angoulême. En novembre 2009, ce dernier condamne la MSA à admettre les conséquences de l’intoxication comme maladie professionnelle.Cette décision est confirmée par la cour d’appel de Bordeaux, le 28 janvier 2010, affirmant la responsabilité de l’herbicide Lasso dans les problèmes de santé dont souffre l’agriculteur.Parallèlement, dès février 2007, Paul François décide d’attaquer la firme Monsanto, car il est convaincu qu’elle connaissait les dangers du Lasso bien avant son interdiction en France, en novembre 2007. Le Lasso a en effet été interdit dès 1985 au Canada, et depuis 1992 en Belgique et au Royaume-Uni.Bien que se reprochant « d’avoir été aussi naïf avec les firmes », l’agriculteur assume le fait d’être issu d’une génération « tout pesticide ». « J’ai vécu et évolué avec la chimie. C’était du pain béni et d’un grand confort, avoue-t-il. On utilisait des produits chimiques mais on produisait plus. Et comme tous, j’en étais fier. »Aujourd’hui, Paul François, qui « vit avec une épée de Damoclès sur la tête », a considérablement réduit son utilisation de produits chimiques, « pour remettre du vivant dans le sol ». Et, aidé par son associé, il est en train de convertir une centaine d’hectares en agriculture bio. Mais il ne travaille plus à plein temps, obligé qu’il est souvent de rester alité.Laetitia Van EeckhoutLien permanent Catégories : actualité, écologie et environnement, lobby, santé et médecine 0 commentaire -
Des élèves entendus par la gendarmerie pour savoir ce que leur prof avait dit "au sujet de la Russie et de Vladimir Poutine"
Oui, nous sommes dans la France sous Hollande :
"Ce professeur d’histoire et de langue bretonne du collège Sainte-Anne à Sainte Anne d’Auray – en Bretagne – n’en revient toujours pas. Revenant de vacances, Pascal G. a appris avec stupéfaction que ses élèves de troisième année de collège avaient été auditionnés par la gendarmerie. Motif de l’enquête ? La façon dont l’enseignant aurait présenté la Russie contemporaine durant ses cours".
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
Lien permanent Catégories : actualité, géopolitique, international, lobby, magouille et compagnie 0 commentaire -
Le « label bio » dans le viseur de l’Union européenne et des lobbys ?
C’est la santé de nos enfants qui est désormais en cause.
L’Union européenne s’apprêterait à « assouplir » sa législation en matière d’agriculture biologique. Autrement dit, introduire une brèche au sein d’un label économiquement porteur, vers lequel un nombre croissant de nos concitoyens se tournent en dépit de son coût, susceptible de peser sur de nombreux foyers. Ou comment la technocratie pourrait détourner les efforts de la société civile, au sein de laquelle croît pourtant la volonté d’un changement.Alors que les produits issus de l’agriculture biologique représentent en moyenne un surcoût de 57 %, l’Agence BIO note une spectaculaire augmentation de près de 20 % de leur consommation entre 2012 et 2014. C’est dire qu’une profonde transformation des mentalités est en cours, susceptible de porter la reconversion de nombreuses exploitations et de renforcer l’économie nationale. Risquant pourtant de se heurter aux intérêts des lobbys et au manque de vision des élites de l’Union, susceptibles de court-circuiter d’une directive et d’une loi les aspirations populaires.
-
Familles, il vous hait !
Communiqué de presse de Bruno Gollnisch,
Député européenUne sémantique révélatrice d’un acharnement.
Dans un entretien au magazine « Elle » à paraître, François Hollande annonce que le ministère de la Famille devient celui « des Familles », pour s’adapter au cas de familles recomposées, monoparentales, homosexuelles, etc.
On pourrait penser que, dans l’état actuel de la France, il y a plus urgent à faire ! Mais le président de la République prétend poser un acte fort. Car la famille est une donnée naturelle. Certes, les assauts venant des gouvernements successifs de la fausse droite et de la vraie gauche l’ont considérablement dénaturée.
Mais ce nouvel acte symbolique révèle que la destruction du modèle familial est toujours l’obsession d’un système impuissant à résoudre les problèmes de la France.Quels que soient les accidents de la vie, qu’il n’est pas question de culpabiliser, il est de l’intérêt de tous de défendre LA famille, institution irremplaçable, cellule de base de la société, fondée sur l’union d’un homme et d’une femme pour accueillir des enfants nés de l’amour d’un père et d’une mère.
-
La justice française veut punir un Suisse pour atteinte à l'islam !
-
Le Parti Socialiste lutte contre le Front National… à coup de subventions
(NOVOpress avec le bulletin de réinformation)
Un reportage de France 2 a dévoilé comment le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a utilisé une partie de sa réserve parlementaire pour financer la Ligue de l’Enseignement, un réseau d’associations ouvertement hostiles au Front National.
À titre d’exemple, lors des élections régionales, ils avaient appelé à faire barrage au Front National, un parti qui renvoie « aux années les plus soooombres de l’histoire de notre pays ».
Le groupe PS ne s’est pas caché de vouloir abonder un fonds « qui sera destiné au soutien du tissu associatif dans les communes administrées par le Front National ».
Les élus socialistes ont ainsi été invités à donner au moins 1 000 € à la Ligue de l’Enseignement « dont le Parti Socialiste est proche » a précisé France 2. Sauf avis contraire, l’allocation de 1 000 € serait réalisée automatiquement. Au final, 201 députés sur 287 ont accordé une partie de leur réserve parlementaire, pour un montant total de 268 300 €. -
Brexit : Le souverainisme à la mode britannique ... Une vraie bonne nouvelle pour l'Europe ?
La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est désormais une éventualité de court terme. Mathieu Bock-Côté estime [Figarovox - 24.02] qu'à leur manière bien singulière, les Anglais partisans du Brexitdéfendent le véritable esprit européen. Et lorsqu'il invoque la vie démocratique de l'Europe, c'est au sens des peuples, des nations, de leur pluralité. Il le fait en des termes et selon une conception de l'Europe, des sociétés et des nations, qui est aussi fondamentalement la nôtre. Sur ce même sujet, on pourra se reporter utilement au lundi de Louis-Joseph Delanglade publié ici-même le 29.02 : L’Union agonise ? Vive l’Europe ! LFAR
La table est mise, les Britanniques se prononceront le 23 juin sur leur sortie de l'Union européenne. Les cyniques ont déjà leur formule toute trouvée : les Britanniques envisagent d'autant plus librement de sortir de l'Europe qu'ils n'y sont jamais vraiment entrés. Il n'en demeure pas moins que la vie politique européenne tournera pour les prochains mois autour de ce débat fondamental : est-ce qu'un État est en droit de sortir d'une association politique qui était censée représenter un grand bond en avant dans l'histoire universelle ? Est-il même en droit de définir selon ses intérêts nationaux spécifiques sa participation à une telle union ?
Le sens de l'histoire, tel que l'interprétaient généralement les grandes figures de l'idéologie dominante, qui pousse à la dissolution des nations par le multiculturalisme et le globalisme, ne permettait pas cette prise au sérieux du fait national. Mais il semble que la liberté des peuples est encore capable de faire dévier l'inéluctable et que les grands processus historiques puissent se gripper quand la souveraineté s'en mêle. C'est d'autant plus vrai que la nation n'est pas une fiction idéologique, quoi qu'en pensent ceux qui y voient une construction sociale récente dans l'histoire du vieux continent, mais une réalité ancrée dans l'histoire. L'État-nation demeure l'horizon indépassable de la démocratie.
On peut reprendre la formule aujourd'hui à la mode : de quoi l'Europe est-elle le nom ? Louis Pauwels, la grande figure historique du Figaro Magazine, au moment d'en appeler à voter contre Maastricht, en 1992, distinguait entre les européistes et les Européens. Les premiers, disait-il, s'attachaient à une chimère idéologique désincarnée qui n'avait d'européenne que le nom. Les seconds, en se portant à la défense des nations, défendaient la civilisation européenne à travers le cadre qui avait permis le développement de la liberté politique. Pauwels n'était pas le seul à penser ainsi, même si le souverainisme français de l'époque, qui ne portait pas encore ce nom, avait moins explicité sa vision de la civilisation européenne.
À sa manière, c'est cette distinction qu'a reprise Boris Johnson, le maire de Londres, en contestant aux partisans de l'Union européenne la prétention à être les seuls défenseurs de l'Europe. Celui qui sera probablement la figure dominante du camp souverainiste, et qui lui donne un poids politique majeur, ne se laissera pas enfermer dans le mauvais rôle du Britannique insulaire seulement soucieux de cultiver son jardin. Il fait preuve d'un authentique cosmopolitisme. Il ne tolèrera manifestement pas l'étiquette d'europhobe que voudront lui coller ses adversaires et les commentateurs, qui ont décidé, en adoptant ce terme il y a quelques années, de psychiatriser la dissidence devant la construction européenne.
Le souverainisme britannique est particulier : à la différence des autres pays d'Europe occidentale, il n'est pas canalisé ni confisqué par une force politique populiste, ou du moins, étiquetée comme telle. On ne saurait sérieusement faire du petit parti eurosceptique UKIP un parti d'extrême-droite, quoi qu'en pensent ceux qui n'en finissent pas d'étendre la définition de ce terme. Mais surtout, le souverainisme est très présent au sein du Parti conservateur même si ce dernier, pour l'instant, demeure sous l'autorité de son chef. Évidemment, David Cameron ne saurait être défini comme un souverainiste au sens strict, mais les conditions qu'il a posées pour rester dans l'UE rappellent une chose : l'adhésion à l'Europe n'était pas pour lui inconditionnelle.
C'est une perle napoléonienne : un pays a la politique de sa géographie. Il ne peut s'en abstraire, même s'il n'en est pas prisonnier. C'est ce qui explique notamment que la Grande-Bretagne n'a jamais vu dans l'Union européenne autre chose qu'un grand marché auquel elle refusait son âme. La Grande-Bretagne appartient à la civilisation atlantique, et plus largement, à la civilisation anglo-saxonne. Pour Boris Johnson, la Grande-Bretagne serait plus forte délivrée des entraves communautaires. Elle renouerait avec une souveraineté lui permettant de conduire sa propre politique. À tout prendre, ses grands hommes politiques envisagent plus favorablement une éventuelle fédération des peuples de langue anglaise que d'unir son destin à l'Europe continentale.
La possibilité d'une séparation britannique obligera l'Europe à réfléchir à son identité profonde et à la nature du projet politique qu'on porte en son nom. Depuis le refus, en 2005, d'intégrer la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne, c'est la vraie nature de la construction européenne qui s'est dévoilée. Elle entend moins constituer politiquement le vieux monde à travers un patriotisme de civilisation transcendant les nations sans les abolir, que bâtir une forme d'empire universel et humanitaire aux frontières indéfinies et prétendant embrasser théoriquement l'humanité entière. Cette posture suicidaire conduit inévitablement à un refus de l'idée même de frontière, puisque c'est la pluralité humaine qui est contestée.
La crise des migrants des derniers mois a rappelé une chose : non seulement l'Europe n'a pas vraiment de frontières, mais elle n'en veut pas non plus. Elle aurait l'impression de trahir sa vocation humanitaire en distinguant entre l'intérieur et l'extérieur de la communauté politique. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater que plus la construction européenne avance, et plus elle croit devoir dissoudre la civilisation européenne. Dans le monde idéal des européistes, la citoyenneté devrait recouper l'humanité entière et la logique des droits de l'homme définir exclusivement la vie politique. À terme, cette philosophie politique désincarnée provoque la révolte des peuples.
À sa manière bien singulière, la Grande-Bretagne se porte peut-être à la défense, en ce moment, du véritable esprit européen. Quel que soit le résultat du référendum, qu'on ne saurait sérieusement prophétiser plusieurs mois à l'avance, il aura au moins eu une vertu : rappeler que le politique peut surgir à tout moment dans la vie des peuples et jeter à terre les constructions idéologiques aussi artificielles qu'autoritaires. L'Europe ne saurait traiter ses peuples comme des provinces vassales. Parce qu'il redonne vie au politique et permet aux peuples de se le réapproprier, ce référendum représente une vraie bonne nouvelle dans la vie démocratique de l'Europe. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques(VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.
-
Natacha Polony à propos des journalistes invités au Bilderberg
Natacha Polony répond à quelques questions concernant la police de la pensée, les journalistes en laisse, les journalistes invités au Bilderberg,…
http://www.medias-presse.info/natacha-polony-a-propos-des-journalistes-invites-au-bilderberg/49625
-
Petit traité de bioconservatisme par Georges FELTIN-TRACOL
Plusieurs mois avant la parution presque simultanée de l’encyclique Laudato si’ du pape conciliaire Bergoglio et de la revue Limite (dont la recension du premier numéro fut mise en ligne le 1er novembre 2015 sur le présent site), la tendance la plus pertinente de cette vaste mouvance hétéroclite coagulée autour de « La Manif pour Tous » produisit un court et dense essai intitulé Nos limites, clin d’œil contraire auNo limit anglo-saxon, libéral et progressiste.
Co-écrit par trois responsables des Veilleurs qui témoignaient de leur opposition à la funeste loi Taubira par une protestation silencieuse et une lecture d’œuvres inactuelles – action hautement subversive à l’heure où regarder les écrans s’impose comme un préalable quasi-obligatoire au sordide vivre-ensemble républicain -, cet ouvrage concrétise l’émergence d’un « bioconservatisme » en France. Ainsi, les auteurs insistent-ils sur le fait que « ce petit livre n’est ni un programme ni un manifeste. C’est un essai, une ébauche pour tenter de comprendre comment et pourquoi le sens des limites est la condition de toute vie sociale durable (p. 9) ». Leurs réflexions se nourrissent du débat interne aux Verts opposant l’ancien élève de Jacques Ellul, le député européen et syndicaliste paysan José Bové, à la sénatrice trinationale franco-turco-israélienne Esther Benbassa. « D’un côté, ceux pour qui l’écologie est indissolublement sociale, naturelle et anthropologique; de l’autre, ceux pour qui l’éthique environnementale ne saurait s’embarrasser de considérations morales sans déroger au sacro-saint progrès (p. 68). » Et si cette discussion préfigurait de nouveaux rapports propres aux enjeux du XXIe siècle ? D’ailleurs, « la gauche et la droite, qui se disputent âprement face caméra, assurent les auteurs, s’opposent moins qu’elles ne se complètent et se prolongent, aucune d’entre elles deux ne remettent en cause le système économique productiviste fondé sur la croissance et la consommation maximales (p. 25) ».
Une écologie organique
Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Nørgaard Rokvam se réclament de l’« écologie intégrale » qui n’est ni la grotesque écologie de marché, ni l’écologie radicale. « Promouvoir une écologie intégrale, c’est défendre le droit de chacun à bénéficier d’un toit qui lui soit propre (p. 34). » Nos limites dresse par conséquent un sévère constat qu’on partage volontiers. Parce que, à la suite de Zigmunt Bauman, « la société liquide éclate en archipel (p. 17) », ils se prononcent pour la convivialité et encouragent les AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), les SEL (systèmes d’échanges locaux) et le « prix suspendu » (on offre par anticipation à un inconnu un café, un pain, une place de cinéma). Alors que « l’écologie intégrale implique moins l’indifférenciation (l’anonymat) que la complémentarité, la bureaucratie que la proximité, la croissance que le partage (p. 75) », les auteurs considèrent que « l’individu ne saurait être la mesure de toute chose sans compromettre la possibilité même de la vie sociale : dès lors que tout est individuellement permis, plus rien n’est collectivement possible (p. 18) ». Mieux encore, ils voient dans « l’individualisme hédoniste […] le principal vecteur de la lutte contre toute forme de retenue morale : lemarketing publicitaire nous fait croire que nous pourrions tout être, tout faire, tout prendre, ne rien manquer et ne manquer de rien (p. 66) ». Au nom du respect complet de la vie, de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, ils refusent le mariage gay, la GPA, la PMA et l’euthanasie. En revanche, ils restent discrets sur l’avortement et évitent la question brûlante de la peine de mort. Les auteurs estiment qu’il existe une réelle et profonde continuité entre la protection des écosystèmes et la sauvegarde de l’intégrité humaine qu’ils résument par un slogan percutant : « Défense du mariage, défense du bocage, même combat ! (p. 109) ».
Ils envisagent « une authentique insurrection des consciences (p. 108) » d’autant que leur combat se veut plus qu’anthropologique, il devient organique. « Seule la reconstitution d’un tissu dense de solidarités concrètes nous permettra de vivre ensemble et non pas à côté. Or, pour être authentique, toute solidarité requiert une communauté de destin, c’est-à-dire la conscience d’appartenir à un même corps social, constitué de biens durables et vivants (p. 14). » Et puis, « la société n’est pas une somme d’individus quelconques à qui l’on pourrait accorder indifféremment un maximum de droits. C’est un organisme infiniment complexe et vulnérable qui ne saurait subsister sans respecter un certain nombre de conditions, de limites et de règles (p. 29) ». Leur anti-individualisme postule la reconnaissance « qu’on ne peut être libre hors-sol, c’est-à-dire hors-cadre, hors-norme, parce qu’il n’y a pas d’identité sans appartenance, pas d’existence sans référent commun. L’incarnation est en effet la condition de notre croissance intérieure (p. 39) ».
Cette sympathique vision organique pour laquelle l’homme « a besoin d’enracinement et de fidélité, de normes intelligibles et fermes, pour n’être pas fétu balayé par le vent (p. 13) » implique dès lors des limitations. En politique, c’est la frontière. Celle-ci, « barrière amovible, est nécessaire à l’harmonie du foyer, quelle que soit la taille (p. 83) ». A contrario du Comité invisible dans À nos amis, les auteurs avouent « préférer le local au global (p. 75) », car « la globalisation est un rouleau compresseur qui nivelle à défaut d’unifier (p. 78) ». La globalisation et non la mondialisation. Par globalisation, ils désignent l’expansion du Marché libéral à toutes les dimensions du Vivant et non plus au seul domaine marchand. Soumis à la logique libérale de la guerre de tous contre tous, « un monde ouvert peut vite devenir une jungle où s’exerce le droit du plus fort (p. 61) ». « Le mercantilisme contemporain, relèvent-ils, s’accommode parfaitement de l’effacement de toute frontière objective (notamment biologique) (p. 67). » Contre la fascination macabre de l’Androgyne et de ses déclinaisons actuelles (le gendérisme et le transsexualisme), l’altérité sexuelle demeure la première des différences essentielles.
Les auteurs soutiennent d’autres limitations. Par exemple, « l’extension rapide de l’Union européenne offre un exemple éloquent de gigantisme informe (p. 80) ». Mais Nos limites n’est pas un brûlot anti-européen. « Promouvoir une écologie fondée sur la limite, ce n’est pas rejeter l’unité européenne, c’est bien plutôt veiller à ce que la coopération ne détruise pas la cohérence. Tout étalement entraîne une dilution (p. 82). » Sans le savoir, les auteurs sont alter européens. Ont-ils naguère consulté le site Europæ Gentes de l’avocat Frédéric Pichon ? Ont-ils aussi lu l’essai collectif, Les Alter Européens, réalisé sous sa direction (1) ? Ces lecteurs attentifs de Hervé Juvin observent en outre que « la globalisation, loin d’éradiquer les frontières, ne fait en réalité que les déplacer (p. 84) ». En effet, « au sein des espaces ouverts comme Schengen s’érigent de nouvelles défenses, plus individuelles que collectives : digicodes, contrôles d’identité, alarmes, péages, télésurveillance, etc. L’insécurité croît dès lors que la communauté a perdu son ordre interne, parce que les références communes disparaissent, remplacées peu à peu par quelques slogans de propagande économique (p. 83) ». Les frontières produisent en permanence de l’altérité, et c’est heureux !
Contre la réification des rapports politiques et humain
Le déplacement des frontières cher aux thuriféraires de « la “ mondialisation heureuse ”, en fait de prospérité planétaire, entraîne une concurrence acharnée qui consiste de plus en plus à vendre à des chômeurs des gadgets produits par des esclaves (p. 29) ». Dorénavant, « traditions, écosystèmes, institutions, frontières, rien n’échappe au rouleau compresseur libéral-libertaire qui fustige comme fasciste tout obstacle à son expansion (p. 19) ». Le résultat fait que « si vivre, ce n’est plus que survivre, et si l’individu n’est plus qu’« un mort à crédit », déplaçable et remplaçable à l’envi, pourquoi donner encore la vie ? (p. 16) ». Cette interrogation ne concerne que le monde développé…
Leur diagnostic de la société française mérite une attention particulière. Ces chrétiens assumés, enfants de Jean-Paul II, de Benoît XVI et de François, condamnent la laïcité officielle, cette « valeur en soi, une idéologie positive apte à devenir une “ religion pour la République ” que tout un chacun devrait professer avec ferveur (p. 45) ». S’ils épinglent avec bonheur cette matrice du conformisme qu’est l’abject système scolaire hexagonale, ils se trompent toutefois de cible. En se référant à Ivan Illich et à son Deschooling Society (1971) au titre biaisé en français, ils oublient d’imputer la responsabilité de cette mise au pas de la pensée à la IIIe République et à ses « hussards noirs » génocidaires. Pour eux, l’alternative scolaire serait la méthode Montessori et non l’école à la maison ou la scolarité hors contrat. Cette pédagogie favoriserait « le civisme, cet autre nom de la fraternité républicaine, [qui] requiert la transmission vivante, c’est-à-dire critique, d’une culture commune, fondatrice et structurante, qui soit une boussole autant qu’un garde-fou dans les bouleversements du monde. Et le civisme […] ne commence-t-il pas avec le souci de répondre ensemble de l’avenir, d’enrichir notre héritage pour le transmettre aux générations futures ? (p. 19). » Et l’apprentissage sur le terrain à la mode scoute ou bündisch ?
Ces adversaires déterminés de « la tyrannie de la subjectivité (p. 46) » se gardent bien d’attaquer frontalement la sinistre idéologie des Lumières. Ils ne s’inscrivent pas non plus dans un activisme néo-luddite quelconque. Les auteurs veulent résister aux « assauts de la technique sans âme et du marché sans loi (p. 109) ». Mais la technique est-elle vraiment sans âme ? Ils semblent ignorer que l’âme européenne se structure depuis toujours autour de figures archétypales telles Prométhée, Dionysos, Apollon, Faust et Épithémée. Pourquoi leur méfiance envers la technique ne s’étend-elle pas au piercing, aux écouteurs et au téléphone portatif, ces premiers appendices de la machinisation consentante de l’être humain ?
« Faire l’éloge de la limite, ce n’est pas refuser les innovations techniques, c’est en interroger le sens pour les réorienter au service du bien commun (p. 93) ». Soit, mais pour quel bien commun ? Nos limites tonne contre le transhumanisme, l’antispécisme et la « pensée robotique » parce que, « loin d’être une délivrance cérébrale, l’Intelligence Artificielle n’est qu’une démission de la pensée, un renoncement, une soumission à la loi des machines (p. 40) ». Sans surprise aucune, les auteurs condamnent l’eugénisme accusé de favoriser le darwinisme social. Cet eugénisme correspond-il seulement à celui de Platon et du Dr Alexis Carrel ?
Ce livre avance par ailleurs que « l’humain et la nature peuvent faire bon ménage pourvu qu’on cesse de déraciner l’un(e) pour diviniser l’autre (p. 13) ». Or, l’humain et la nature co-appartiennent en fait au cosmos. Le monothéisme suppose une césure qu’ignoraient les anciens paganismes.
Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Nørgaard Rokvam n’arrivent pas ainsi à se départir du prisme d’une modernité certaine. « Le bonheur des générations futures est à ce prix (p. 109). » Mais qu’est-ce que le bonheur ? Pour Maurice Druon, « la condition première du bonheur est de convenir à son destin (2) ».
Toujours de notables équivoques
Ils utilisent les écrits de Thoreau, de Chantal Delsol, de Simone Weil, de Jean-Claude Michéa, de Michel Houellebecq, de Paul Valéry, de Hanna Arendt, de Günther Anders, son premier époux, de Bernard Charbonneau, etc. Leur approche n’est pas cependant nouvelle. Dans les années 1990, la sympathique revue animée par Laurent Ozon, Le recours aux forêts, traitait déjà de tous ces sujets avec les mêmes références. En revanche, relevons l’absence de mention du père de l’écologie conservatrice, Édouard Goldsmith, du grand penseur allemand de et contre la Technique, Martin Heidegger, et du philosophe catholique paysan, Gustave Thibon ! Pourquoi ? Parce qu’ils penseraient mal ?
En outre, « il est temps de repenser notre modèle de développement (p. 71) ». Le développement s’impose-t-il obligatoirement ? Ne faudrait-il pas plutôt poursuivre les travaux de François Partant et son anti-développementalisme ? Les auteurs célèbrent les communautés parce qu’elles établissent l’identité. Mais l’enchâssement interactif des identités et des communautés irait jusqu’à « l’unique famille humaine (p. 62) ». Une assertion bien aventureuse et très hypothétique qui se coule dans la doxa dominante. Si, pour eux, « le sans-frontiérisme global apparaît […] sous maints aspects comme un néo-colonialisme impitoyable au service des seuls intérêts du marché (pp. 85 – 86) », ils soutiennent que « comme tous ceux qui fuient la misère en quête d’un avenir meilleur, réfugiés politiques ou climatiques, loin d’être des envahisseurs, ils subissent de plein fouet la précarisation accélérée du monde (pp. 86 – 87) ». Le « bougisme » frappe où il veut. La preuve ! Bien sûr, « qui a une identité stable ne peut qu’accueillir sereinement l’altérité (p. 84, note 2) », mais pourquoi ne font-ils pas alors cause commune en faveur du port légitime du foulard musulman ?L’écologie est foncièrement différencialiste, sinon ce n’est plus de l’écologie !
Enfin, lire que « face aux défis formidables que nous présente l’avenir, prôner l’écologie humaine, c’est promouvoir une “ éthique de la non-puissance ” (Jacques Ellul) (pp. 107 – 108) », on atteint des sommets dans l’irénisme, à moins que cela soit une belle démonstration d’écolo-angélisme… Comme la quasi-totalité des écologistes véritables (à part le cas original, précurseur et radical du penseur finnois Pentti Linkola), Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Nørgaard Rokvam se détournent (volontairement ou non ?) les lois d’airain du politique. En oubliant, en écartant ou en récusant tout concept de puissance, leur projet de société conviviale se transforme en proie aisée pour les autres intervenants du Grand Jeu historique. Ils devraient méditer la réponse que fit Julien Freund le jour de sa soutenance de thèse, le 26 juin 1965, au membre du jury, le professeur socialiste, pacifiste et kantien, Jean Hyppolite : « Je crois que vous êtes en train de commettre une autre erreur, lui lance Julien Freund, car vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi, comme tous les pacifistes. Du moment que nous ne voulons pas d’ennemis, nous n’en aurons pas, raisonnez-vous. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié. Du moment qu’il veut que vous soyez l’ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin (3) ». Son directeur de thèse, Raymond Aron, expliquait pour sa part que « la puissance politique n’est pas un absolu mais une relation humaine (4) ». L’écologie, y compris intégrale, demeure cette science des relations entre les vivants.
Georges Feltin-Tracol
Notes
1 : Frédéric Pichon (présente), Les Alter Européens. Cette autre Europe de Paris à Berlin via Moscou, préface d’Alexis Arette, Dualpha, coll. « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », 2009.
2 : Maurice Druon, Réformer la démocratie, Plon, 1982, p. 137.
3 : Julien Freund, L’Aventure du politique. Entretiens avec Charles Blanchet, Critérion, 1991, p. 45, souligné par l’auteur.
4 : Raymond Aron, Paix et Guerre entre les Nations, Calmann-Lévy, 1962, p. 92.
• Gaultier Bès (avec Marianne Durano et Axel Nørgaard Rokvam), Nos limites. Pour une écologie intégrale, Le Centurion, 2014, 111 p., 3,95 €.
-
La France sous Hollande, médaille d'argent... des pays les plus taxés.
Pour celui qui se disait parti en guerre contre la finance,le résultat est plutôt bien nul :
"Aussi, un bon exemple vaudra mieux que de longs discours.
Partons de l’hypothèse suivante : un débutant décide de réaliser son premier investissement immobilier. Son choix s’arrête sur un bien présentant les caractéristiques suivantes :
- prix d’achat de l’appartement : 60 000 euros
- frais d’agence : 5500 euros
- frais de notaire : 6000 euros
- financement de l’opération : fonds propres, ce qui, évidemment, est à proscrire !
- loyer : 500 euros
- base du calcul : 20 ans
Dans cet exemple, vous allez voir que celui qui gagne facilement de l’argent n’est pas celui que l’on croit !
Notre investisseur est plutôt content de son acquisition qui lui permet de dégager une rentabilité d’environ 10 % brute : il conserve donc cet appartement durant 20 ans.
Durant ce laps de temps, voici ce que cette opération va rapporter au fisc :
- TVA sur commission d’agence = 1078 euros (si TVA à 19,6%)
- frais de notaire (part du fisc) = 3 900 euros, soit environ 65 % des frais dits « de notaire »
- taxe foncière = 550 euros / an soit 11 000 euros au bout de 20 ans
- impôts sur les revenus locatifs + prélèvements sociaux = 1200 euros par an ; partant du principe que notre investisseur laissera environ 20 % de ses revenus locatifs en impôts, soit 24 000 euros. Ceci sera évidemment fonction de la composition du ménage, des autres revenus, des éventuels crédits et réductions d’impôts…
- taxe d’habitation 500 euros par an soit 10 000 euros, réglée par le locataire
Soit au total près de 50 000 euros ! À 10 000 euros près, c’est le prix de l’appartement ! C’est pourtant bien l’investisseur, personne privée, qui a pris le risque !!!
Il y aura encore une taxe sur la plus-value si, au bout de 20 ans, il décide de revendre, les biens n’étant exonérés de cette taxe qu’au bout de 22 ans et de 30 ans pour les prélèvements sociaux. Tout dépendra du prix de revente, de la plus-value réalisée, des éventuels travaux à déduire… Complexité fiscale oblige !"