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  • Les origines d’Al-Qaïda au Maghreb islamique : Qui est derrière les terroristes ?

    Qui est derrière le groupe terroriste qui a attaqué le complexe gazier d’In Amenas exploité par BP, Statoil et Sonatrach, situé sur la frontière libyenne au sud-est de l’Algérie? (Voir la carte ci-dessous)

    L’opération a été coordonnée par Mokhtar Belmokhtar, chef de la brigade islamiste des Moulathamine (brigade masquée) ou « Ceux qui signent avec du sang », affiliée à Al-Qaïda

    L’organisation de Belmokhtar a été impliquée dans le trafic de drogue, la contrebande ainsi que des opérations d’enlèvement d’étrangers en Afrique du Nord. Alors que ses allées et venues sont connues, le renseignement français a surnommé Belmokhtar l’« insaisissable ».

    Belmokhtar a revendiqué au nom d’Al-Qaïda l’enlèvement de 41 otages occidentaux, dont 7 Étatsuniens, au complexe gazier de BP à In Amenas.

    Belmokhtar n’était toutefois pas impliqué directement dans l’attaque. Le commandant de l’opération sur le terrain était Abdul Rahman al-Nigeri, un vétéran djihadiste du Niger qui s’est joint en 2005 au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie. (Albawaba,  17 janvier 2013) 

    L’opération d’enlèvement d’In Amenas a été menée cinq jours après les frappes aériennes françaises contre des militants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Nord-Mali.

    Les forces spéciales françaises et les troupes maliennes ont repris le contrôle de Diabali et Konna, deux petites villes au nord de Mopti. La ville de Diabali avait apparemment été prise quelques jours auparavant par les combattants menés par l’un des principaux commandants d’AQMI, Abdelhamid Abou Zeid.

    Bien que l‘attaque terroriste et le rapt à la raffinerie d’In Amenas aient été décrits comme des actes de vengeance, cette opération n’était aucunement improvisée. Des analystes ont confirmé que, selon toute probabilité, l’opération avait été planifiée longtemps à l’avance:

    Les représentants européens et étasuniens affirment que le raid était presque certainement trop élaboré pour avoir été planifié dans un laps de temps si court, quoique la campagne de bombardement française ait pu être un élément déclencheur amenant les combattants à lancer un assaut qu’ils avaient déjà préparé.

    Selon les récents reportages (20 janvier 2012), il y a environ 80 morts, dont des otages et des combattants djihadistes. Il y avait plusieurs centaines de travailleurs à la raffinerie de gaz dont la plupart étaient algériens. « Parmi les rescapés, seuls 107 des 792 travailleurs étaient étrangers », selon le ministère algérien de l’Intérieur.

    Les gouvernements britannique et français ont blâmé les djihadistes. Selon les termes du premier ministre britannique David Cameron :

    « Les gens vont certainement poser des questions à propos de la réaction algérienne à ces événements, toutefois je dirai seulement que ces morts sont directement imputables aux terroristes qui ont perpétré cette attaque lâche et violente. (Reuters, 20 juin 2013.)

    Les reportages confirment cependant qu’un grand nombre de décès chez les otages et les combattants islamiques ont été causés par les bombardements des forces algériennes.

    Les négociations avec les ravisseurs, qui auraient pu sauver des vies, n’ont pas été envisagées sérieusement par les gouvernements algérien et occidentaux. Les militants avaient demandé l’arrêt des attaques françaises au Nord-Mali en échange de la sécurité des otages. Le dirigeant d’Al-Qaïda Belmokhtar avait déclaré :

    « Nous sommes prêts à négocier avec l’Occident et le gouvernement algérien à condition qu’ils cessent de bombarder les musulmans du Mali » (Reuters, 20 janvier 2013.)

    Au sein des rangs djihadistes se trouvaient des mercenaires provenant de nombreux pays musulmans, dont la Libye (cela reste à confirmer), ainsi que des combattants de pays occidentaux.

    Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) : De qui s’agit-il ?

    De nombreux groupes affiliés sont activement impliqués au Nord-Mali

    • -Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dirigé par Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI
    • -Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghaly
    • -Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)

    -Le Groupe islamique armé (GIA), très en vue dans les années 1990, est pratiquement disparu. Ses membres se sont joints à AQMI

    - Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement touareg laïc, nationaliste et indépendantiste

    Historique

    En septembre 2006, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a uni ses forces à Al-Qaïda. Le GSPC a été créé par Hassan Hattab, un ancien commandant du GIA.

    En janvier 2007, le groupe a officiellement changé son nom pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Donc au début septembre 2007, l’AQMI récemment formé a établi une relation étroite avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL).

    Les commandants du GSPC avaient été inspirés par les enseignements religieux salafistes en Arabie Saoudite, ayant autrefois joué un rôle important dans la formation des moudjahidines en Afghanistan.

    L’histoire des commandants djihadistes d’AQMI est significative dans le contexte plus vaste de cette question

    • Qui est derrière les diverses factions affiliées à Al-Qaïda?
    • Qui appuie les terroristes?
    • Quels intérêts économiques et politiques sont servis?

    Le Council on Foreign Relations (Conseil des relations internationales, CFR) situé à Washington retrace les origines d’AQMI à la guerre soviéto-afghane :

    La plupart des hauts dirigeants d’AQMI auraient été formés en Afghanistan durant la guerre contre les Soviétiques de 1979 à 1989. Ils auraient fait partie d’un groupe de volontaires nord-africains connus sous le nom d’« Arabes afghans » revenu dans la région après la guerre et qui radicalisait les mouvements islamistes. Le groupe est divisé en « katibas » ou brigades formant diverses cellules le plus souvent indépendantes.

    Depuis 2004, le chef du groupe, ou l’émir, est Abdelmalek Droukdel, également connu sous le nom d’Abou Mossab Abdelwadoud, un ingénieur de formation et expert en explosifs qui s’est battu en Afghanistan et est issu du GIA algérien. C’est sous son leadership qu’AQMI a déclaré que la France était sa cible principale. L’un des dirigeants d’AQMI les « plus radicaux et les plus violents » est Abdelhamid Abou Zeid selon les experts en contre-terrorisme. Abou Zeid est lié à plusieurs enlèvements et exécutions d’Européens dans la région. (Council on Foreign Relations, Al Qaeda in the Islamic Maghreb, cfr.org, non daté.)

    L’article du CFR omet de mentionner que le djihad islamique en Afghanistan était une initiative de la CIA, lancée en 1979 à l’époque de l’administration Carter et fortement appuyée par Ronald Reagan au cours des années 1980.

    En 1979 la plus vaste opération clandestine de l’histoire de la CIA a été lancée en Afghanistan. Des missionnaires wahhabites d’Arabie Saoudite ont mis sur pied les écoles coraniques (madrasas) au Pakistan et en Afghanistan. Les manuels scolaires utilisés dans les madrasas ont été imprimés et publiés au Nebraska. Le financement clandestin a été acheminé aux moudjahidines avec l’appui de la CIA.

    « Fortement encouragés par la CIA et l’ISI du Pakistan, qui désiraient transformer le djihad afghan en guerre mondiale menée par tous les États musulmans contre l’Union soviétique, 35 000 musulmans radicaux provenant de 40 pays islamiques se sont joints à la lutte afghane entre 1982 et 1992. Des dizaines de milliers d’autres sont allés étudier dans les madrasas pakistanaises. Avec le temps, plus de 100 000 musulmans radicaux ont été directement influencés par le djihad afghan. (Ahmed Rashid, “The Taliban: Exporting Extremism”, Foreign Affairs, novembre-décembre 1999.)

    La Central Intelligence Agency (CIA) a joué un rôle clé dans la formation des moudjahidines en utilisant l’Inter-Services Intelligence (Direction pour le renseignement inter-services) pakistanais. La formation des guérilleros parrainée par la CIA était intégrée aux enseignements de l’islam.

    « En mars 1985, le président Reagan a signé la directive nationale de sécurité 166 [laquelle] autorisait un appui militaire clandestin supplémentaire et signalait clairement que la guerre secrète afghane avait un nouvel objectif : vaincre les troupes soviétiques en Afghanistan par des actions clandestines et encourager le retrait soviétique. La nouvelle aide secrète étasunienne a débuté par une augmentation spectaculaire des livraisons d’armes, une progression constante atteignant 65 000 tonnes annuellement en 1987 […] ainsi qu’un « flot incessant » de spécialistes de la CIA et du Pentagone se rendant au quartier général secret de l’ISI au Pakistan, situé sur la route principale près de Rawalpindi. Les spécialistes de la CIA y rencontraient des officiers du renseignement pakistanais afin d’aider à planifier des opérations pour les rebelles afghans ». (Steve Coll, Washington Post, 19 juillet 1992)

    Mokhtar Belmokhtar, le cerveau des attaques terroristes perpétrées par la brigade islamiste des Moulathamine (masquée) au complexe gazier d’In Amenas est l’un des membres fondateurs d’AQMI.

    Il a été formé et recruté par la CIA en Afghanistan. Belmokhtar était un volontaire nord-africain, un « Arabe afghan » enrôlé à 19 ans comme moudjahidine pour se battre dans les rangs d’Al-Qaïda en Afghanistan à une époque où la CIA et sa filiale pakistanaise, l’ISI, appuyaient activement le recrutement et la formation des djihadistes. Mokhtar Belmokhtar a fait la « guerre civile » en Afghanistan.

    Il est retourné en Algérie en 1993 et s’est joint au GSPC. Le passé et l’implication de Belmokhtar en Afghanistan suggèrent qu’il était un « agent de renseignement » appuyé par les États-Unis.

    Le rôle des alliés des États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar

    Dès le début en 2007, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a établi des liens étroits avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dont les dirigeants avaient également été formés et recrutés en Afghanistan par la CIA. La CIA et le MI6 britannique appuient clandestinement le GICL.

    Le GICL a été directement appuyé par l’OTAN durant la guerre de 2011 contre la Libye « fournissant des armes, de la formation des forces spéciales et même des avions pour appuyer le renversement du gouvernement libyen ». (Tony Cartalucci, The Geopolitical Reordering of Africa: US Covert Support to Al Qaeda in Northern Mali, France “Comes to the Rescue”, Global Research, janvier 2013.)

    Les Forces spéciales britanniques SAS avaient été envoyées en Libye avant l’insurrection, agissant à titre de conseillers militaires du GICL.

    Plus récemment, des reportages ont confirmé qu’AQMI a reçu des armes du GICL, dont les mercenaires ont intégré les rangs des brigades d’AQMI. Le commandant Mokhtar Belmokhtar, qui a coordonné l’opération d’enlèvement d’In Amenas, a déclaré :

    « Nous avons été l’un des principaux bénéficiaires des révolutions dans le monde arabe. En ce qui concerne le fait que nous bénéficions des armes [libyennes], cela est normal dans ce genre de circonstances. » http://www.hanford.gov/c.cfm/oci/ci_terrorist.cfm?dossier=174

    La raffinerie de BP à In Amenas est située en plein sur la frontière libyenne. On peut soupçonner l’implication d’un contingent de combattants du GICL dans l’opération.

    AQMI a également des liens avec le Front Al-Nosra en Syrie, appuyé clandestinement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.

    AQMI est lié de manière indélébile à un programme de renseignement occidental. On le décrit comme « l’un des groupes militants les plus riches et mieux armés de la région », financé secrètement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.

    Le journal français Le Canard enchaîné a révélé (juin 2012) que le Qatar (un fidèle allié des États-Unis) finance diverses entités terroristes au Mali, incluant le groupe salafiste Ansar Dine :

    Et les rebelles touareg du MNLA (indépendance et laïcité), d’Ansar Dine, d’AQMI et de Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu de l’argent du Qatar selon un reportage (The Examiner).

    L’information du journal satirique Canard enchaîné, qui rapportait (juin 2012) que le Qatar financerait des groupes armés au Nord-Mali, a été relayée par les médias d’Algérie et d’Afrique de l’Ouest.

    Depuis plusieurs mois au Mali on soupçonne Ansar Dine, le principal groupe armé pro-charia de la région, de recevoir du financement du Qatar.

    Au début du conflit par exemple, des reportages (non confirmés) indiquaient qu’un avion qatari rempli d’armes, d’argent et de drogue était atterri à Gao.

    Le reportage original cite un rapport du renseignement français indiquant que le Qatar a fourni de l’aide financière à trois des principaux groupes armés du Nord-Mali : Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, AQMI et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

    Le montant du financement donné à chaque groupe n’est pas révélé mais on signale que de nombreux rapports de la DGSE française remis au ministère de la Défense ont mentionné l’appui du Qatar au terrorisme au Nord-Mali. (C’est l’auteur qui souligne)

    Il faut évaluer attentivement le rôle d’AQMI comme atout du renseignement. L’insurrection islamiste crée des conditions favorisant la déstabilisation politique du Mali en tant qu’État-nation. Quels intérêts géopolitiques ont été servis?

    Conclusion : Le « Soudan étasunien »

    Ironiquement, l’opération d’enlèvement au sud de l’Algérie et la tragédie provoquée par l’opération de « sauvetage » militaire menée par l’Algérie fournissent une justification humanitaire à l’intervention militaire occidentale menée par AFRICOM, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique. Celle-ci ne concerne pas uniquement le Mali et l’Algérie, mais pourrait aussi comprendre la région plus vaste s’étendant de la zone sahélienne sub-saharienne, de la Mauritanie à la frontière occidentale du Soudan.

    Ce processus d’escalade fait partie d’une « feuille de route » militaire et stratégique des États-Unis, et constitue une étape subséquente de la militarisation du continent africain, un « suivi » de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Libye en 2011.

    Il s’agit d’un projet de conquête néocoloniale d’un vaste territoire par les États-Unis.

    Même si la France constitue l’ancienne puissance coloniale, intervenant pour le compte de Washington, le but ultime est d’exclure tôt ou tard la France du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne. Le remplacement de la France comme puissance coloniale se fait de manière constante depuis la guerre d’Indochine des années 1950.

    Alors que les États-Unis sont, à court terme, prêts à partager le butin de guerre avec la France, l’objectif ultime est de redessiner la carte de l’Afrique et de transformer par la suite l’Afrique francophone en sphère d’influence étasunienne. Celle-ci s’étendrait de la Mauritanie, au bord de l’Atlantique, jusqu’au Soudan, à l’Éthiopie et à la Somalie.

    Un procédé similaire visant à exclure la France de l’Afrique francophone a lieu depuis les années 1990 au Rwanda, au Burundi et en République du Congo.

    En conséquence, on empiète sur le français comme langue officielle en Afrique. Aujourd’hui au Rwanda, l’anglais est une langue officielle avec le kinyarwanda et le français : Le gouvernement du FPR en 1994 a commencé par offrir l’éducation secondaire en anglais ou en français. Depuis 2009, elle est offerte uniquement en anglais. Depuis 1994, l’université n’utilise plus le français comme langue de travail. (Le président rwandais Paul Kagame ne lit pas et ne parle pas le français.)

    Un vaste territoire est en jeu, celui qui, durant la période coloniale, comprenait l’Afrique de l’Ouest française et l’Afrique équatoriale française. (Voir la carte ci-dessous)

    À l’époque de la France coloniale, on appelait le Mali le Soudan français.

    Il est ironique que ce processus visant à affaiblir et, tôt ou tard, à exclure la France de l’Afrique francophone soit mis en œuvre avec l’approbation tacite de l’ancien et de l’actuel présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, servant tous deux les intérêts géopolitiques étasuniens au détriment de la République française.

    La militarisation du continent africain relève du mandat d’AFRICOM.

    L’objectif à plus long terme consiste à exercer le contrôle géopolitique et militaire sur une vaste zone ayant historiquement appartenu à la sphère d’influence française. Cette zone est riche en pétrole, en gaz naturel, en or, en uranium et en minéraux stratégiques. (Voir R. TeichmanThe War on Mali. What you Should Know: An Eldorado of Uranium, Gold, Petroleum, Strategic Minerals …, Global Research, 15 janvier 2013.)

    La division coloniale de l’Afrique décidée à la conférence de Berlin (à droite). Voir les cartes de l’Afrique coloniale française ci-dessous.

    Article original : Al Qaeda in the Islamic Maghreb: Who’s Who? Who is Behind the Terrorists?

    Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

    Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en plus de 20 langues).

  • Le grain de sel de Scipion : Quatrième ou premier pouvoir ?

    On dit de la presse qu’elle est le quatrième pouvoir mais je me demande sérieusement si elle n’est pas devenue le premier. C’est elle qui a fait élire Hollande, ou plutôt battre Sarkozy, c’est elle qui vient de décider du nombre de participants à la grande « Manif pour tous », bien en deçà du 1,3 million estimé par la gendarmerie, elle aussi qui a décrété qui avait organisé cette manifestation, à savoir les cathos intégristes, le FN et l’UMP, point final. C’est elle, enfin, qui décide de plus en plus souvent de ce que pensent les Français, par exemple en brandissant des sondages aux questions biaisées ou en nous expliquant en long, en large et en travers, à quel point les enfants de « familles » homo sont plus heureux que les pauvres enfants martyrisés dans les familles hétéros (Il faut vous y faire, notre société est désormais divisée en deux catégories : les homos et les hétéros).

    Vous me direz que le fait de savoir si la presse a engendré le pouvoir de gauche ou si c’est celui-ci qui dicte son comportement à la presse n’a guère plus d’importance que de savoir qui est à l’origine de la poule ou de l’œuf. Certes. En tout cas, cette omnipotence des idées progressistes et le mépris dans lequel ceux qui les véhiculent tiennent tous ceux qui ne les partagent pas rend l’atmosphère de notre pauvre pays de plus en plus irrespirable !

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Mali acte 2 : la crise des otages d’in Aménas

    Samedi 19 janvier au soir s'achevait la prise d'otages d'In Amenas dans le Sahara à la frontière libyenne, conduite par le groupe salafiste dénommé « Signataires par le sang » dont le chef est l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, lequel n'était pas sur les lieux étant resté au Mali. À 12h45, quinze corps brûlés avaient été retrouvés sur le complexe gazier de Tiguentourine tenu par le nigérien Abdoul Rahman al Nigeri (1). À 20h30, le ministère algérien de l'Intérieur annonçait que le bilan de l'assaut était alors de 55 morts : 32 djihadistes et 23 otages étrangers principalement occidentaux. À 20h45, il est précisé que 107 expatriés et 685 employés algériens ont été libérés. Mais l'histoire est à tiroir et le ministre algérien de la Communication, Mohamed Said, « revoyait à la hausse » le dimanche 20 janvier ce bilan, 23 autres otages ayant trouvé la mort dans l'attaque, mercredi à l'aube, d'un car transportant des employés.
    MAIS QUI SONT VRAIMENT CES TERRORISTES DJIHADISTES ?
    La question n'est pas anecdotique, elle se pose réellement. Dire que ce sont de simples "djihadistes" serait aller trop vite en besogne. Ce serait faire preuve d'un manichéisme facile empêchant de voir l'enchevêtrement quasi inextricable de manipulations diverses et contradictoires qui sous-tendent l'existence de ces groupes et expliquent certaines actions des salafistes sahéliens, tour à tour brigands, preneurs d'otages, passeurs de ces nouveaux esclaves que sont les migrants illégaux et in fine narcotrafiquants acheminant vers la Méditerranée la drogue produite sur les flancs de la Cordillère des Andes... ou pire instruments d'un jeux complexe de billard à trois bandes.
    Il serait certes tout aussi excessif de voir en eux - comme certains s'empressent de le faire - une émanation directe des Services algériens, voire hexagonaux, américains ou autres ! Certes, Alger laisse les salafistes se ravitailler en essence dans le grand Sud et ferme les yeux. Certes le Mouvement Algérien des Officiers Libres dénonçait naguère l'instrumentation du Groupe islamique armé - GIA - puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat - GSPC - par l'armée nationale. Des liens qui se seraient maintenus jusqu'à aujourd'hui (2). Mais à première vue ceci n'explique pas vraiment cela. Quel aurait été en effet l'intérêt des Algériens de se tirer une balle dans le pied en ayant laissé se développer une crise d'où leurs Services de sécurité ne sortiront pas indemnes ? À contrario il n'est pas tout à fait impossible d'esquisser une réponse plausible à cette question au regard des éléments actuellement disponibles : soit de multiples sources ouvertes, convergentes et explicites. C'est pourtant avec circonspection que l'on doit aborder ce type de situation, complexe, labyrinthique, tout en s'extrayant cependant des schémas explicatifs préfabriqués.
    DES LIENS ANCIENS ET ACTUELS ENTRE SALAFISTES ET SERVICES ALGÉRIENS
    Première étape, suivons Robert Fisk (3), correspondant de The Independent à Beyrouth et grand témoin lorsqu'il évoque les liens entre salafistes et Services spéciaux. « Aussi opaques les militaires algériens puissent-ils paraître, leur mythe fondateur - une brutalité absolue envers leurs ennemis - a plu au Pentagone (4) et aux Français qui ont maintenu leur coopération sur la base de Cherchell près d'Alger au cours des années 1990, alors qu'ils savaient pertinemment que les soldats et les forces paramilitaires de ce pays se livraient à une orgie de tortures contre les insurgés et les civils... Une chose est certaine quant à ce [nouvel épisode] du sud algérien : les Algériens et les gouvernements occidentaux seront d'accord pour faire porter l'entière responsabilité du massacre des otages aux salafistes. Pas un mot de condamnation ne sera prononcé contre les militaires algériens... »
    Effectivement, Robert Fisk ne s'est pas trompé : dès dimanche Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et grand humaniste rédhibitoirement hostile à la peine capitale, apportait tout son soutien à Alger, déclarant que « face au terrorisme, il faut être implacable ». Se déclarant en outre choqué « que les Algériens soient mis en cause, alors que ce sont les terroristes qui doivent l'être ». Même son de cloche de la part de Barack Obama s'exprimant la veille de son investiture et pour la première fois au sujet de cette crise, jugeant sans appel possible que les "terroristes" sont les seuls et uniques responsables de la mort des otages [AFP 20 janvier].
    Des déclarations définitives dont le caractère péremptoire masque mal quelques aspects peu connus du grand public, mais essentiels pour appréhender qui sont véritablement ces terroristes islamistes : « une histoire peu connue, [à savoir] le véritable mariage entre al-Qaïda et l'armée algérienne, lequel date de l'occupation russe de l'Afghanistan. [...] Afin d'enrayer leurs pertes, les Soviétiques demandèrent à leurs alliés socialistes algériens de les aider en matière de renseignements. Les Services secrets algériens ont ainsi envoyé certains de leurs hommes qui se sont faits passer pour des moudjahidines au milieu d'authentiques combattants de la Légion arabe d'Oussama ben Laden [...] Lorsque les Russes se retirèrent et que les djihadistes algériens rentrèrent chez eux, Alger donna l'ordre à ses propres hommes de rester sous couverture au sein des groupes islamistes revenus sur le territoire national. Si bien que, quand la guerre civile commença, ayant maintenu leur couverture, certains agents participèrent aux massacres de civils » [Ibidem]. Le pli étant pris, le goût du pouvoir et du sang avec, chacun devinera la suite !
    L'ALGÉRIE EN PORTE-À-FAUX ENTRE NÉCESSITÉ ET RÉPULSION
    Lahouari Addi (5), spécialiste universitaire de l'Algérie, entend également, suivant une approche similaire, « décrypter les rapports de forces qui ont précipité l'assaut algérien... et dénouer l'écheveau de l’offensive française au Mali ainsi que la réaction algérienne face à la prise d'otages dans le complexe gazier de Tiguentourine »...
    Qui sont véritablement les ravisseurs ? « On ne le sait pas avec exactitude... ce qui paraît vraisemblable, c'est l'infiltration par le Département du Renseignement et de la Sécurité, le service de renseignements algérien, de ce groupuscule, les "Signataires par le sang", dont il y a fort à parier que le leader Mokhtar Belmokhtar, surnommé "le Borgne", ou encore "Mister Marlboro" pour ses supposés trafics de cigarettes, entretient des relations avec des officiers algériens(6) » [...] « Ce groupe prétend venir du Mali ? Une chose est sûre, l'immense étendue du Sahara, est sous étroite surveillance satellitaire, ce qui rend impossible tout déplacement sans se faire immédiatement repérer et identifier ». Qui a donné l'ordre d'attaquer le complexe gazier ? Lorsque le président Hollande a cherché à joindre le jeudi 17 son homologue algérien, il n'a pu l'atteindre. Faut-il comprendre que la situation échappe totalement à Bouteflika ? Ou qu 'il n'a aucune autorité sur ses généraux ?... Ces dysfonctionnements en disent long sur les rivalités et les désaccords qui opposent les différents centres de pouvoir... Il est probable que dans les prochaines semaines le DRS sera complètement réorganisé pour avoir été incapable de gérer cette situation » [...] Enfin « pourquoi l'Algérie, si soucieuse de son indépendance, a-t-elle autorisé le survol de son territoire par l'aviation française ? » Sachant que « l'Algérie était opposée à l’intervention française au Mali ». Oui, pourquoi ?
    Lahouari Addi, qui connaît son sujet, pose bien le problème mais ne donne pas forcément la totalité de la réponse lorsqu'il insiste sur « l'hostilité de l'Algérie à l'égard de l'offensive française au Mali. Une intervention intempestive qui a fait échouer les plans des militaires algériens, dans un pays considéré comme l'arrière-cour de l'Algérie, et comme un formidable levier pour faire pression sur l'Europe ». Sans doute notre expert fait-il ici allusion aux richesses minières supposées dormir dans le sous-sol malien. « Mais le DRS a infiltré nombre d'organisations situées dans le nord du Mali, sans cependant les contrôler complètement. Les militaires algériens ne souhaitaient pas qu’ils aillent vers le sud. Mais les islamistes se sont radicalisés et ont décidé de marcher sur Bamako, ce qui a précipité l'intervention de la France ».
    Si nous relisons avec attention ces propos, ceux-ci nous fournissent à peu près toutes les pièces d'un puzzle, désormais facilement reconstituable... D'abord Robert Fisk et Lahouari Addi, témoins crédibles parmi de nombreux autres, établissent l'existence de liens entre l'État profond algérien, le pouvoir militaire, et les djihadistes, infiltrés de longue date par les Services spéciaux. Groupes islamistes radicaux qui peuvent être ainsi, le cas échéant, manipulables en tant que de besoin. Gageons ensuite que cette opération reflète ou exprime de profondes dissensions ou fractures à l'intérieur du pouvoir militaire et civil algérien quant aux positions qu'Alger doit adopter
    dans le contexte du conflit malien. L'affaire a également mis en évidence la faiblesse du dispositif de sécurité tant algérien qu'anglais (le site est exploité par la British Petroleum) dans le grand sud algérien (alors que les frontières sont censées être fermées depuis le début de l'intervention française au Mali), d'où la brutalité de la réaction, brutalité sur laquelle les politiques et les média se sont faits d'une discrétion exemplaire... au contraire des Nippons et des Rosbifs.
    Bien sûr, cette crise des otages qui a vu dénoncer la « complicité d'Alger avec Paris » aboutit de facto à internationaliser le conflit malien en l'étendant à l'Algérie, mais de toute évidence, l'opération visait en priorité à faire interdire l'espace aérien algérien aux Rafale français. L'hypothèse inverse, « impliquer davantage Alger » dans un conflit dont elle ne voulait pas, paraît plus improbable et à tout bien considéré, beaucoup plus problématique quant à sa mise en œuvre. La troisième éventualité étant la volonté - délibérée - d'étendre la guerre au territoire algérien comme la Brookings Institution, sous la plume de Bruce Riedel le préconisait dès août 2011... « Algeria will be next to fall » - l'Algérie sera la prochaine à tomber ! Riedel prévoyait en effet que le succès de la guerre en Libye réactiverait les islamistes radicaux en Algérie, particulièrement ceux d'AQMI. Riedel observait à ce propos : « l'Algérie a exprimé sa préoccupation en ce qui concerne les troubles en Libye, dans la perspective où ceux-ci pourraient bien conduire au développement d'un nouveau sanctuaire pour Al Qaeda et d'autres éléments extrémistes djihadistes » [< nationalinterest.org > 19 août 2011]. La prévision en ce qui regarde la Libye s'est avérée exacte, celle-ci est devenue pour Al-Qaïda un sanctuaire généreusement sponsorisé par l'Occident... Pour le reste l'Algérie veille justement à ne pas rouvrir ses portes à la tempête.
    Dans le premier cas de figure, le plus plausible, il s'agirait, à défaut d'une interdiction totale, de restreindre le franchissement de l'espace aérien algérien par les Français, en le limitant par exemple aux vols d'appareils humanitaires et sanitaires. Rappelons que quatre Rafale de la base de Saint-Dizier en Haute-Marne procèdent actuellement à des frappes dans le nord Mali, indépendamment des vols d'approvisionnement logistique par gros porteurs... On imagine par conséquent quelle incidence pourrait avoir une telle interdiction sur la suite des opérations.
    OTAGES ET CARNAGE : "NOUS, AL-QAÏDA, ANNONÇONS CETTE OPERATION BÉNIE"
    À l'appui de cette thèse, la revendication de la prise d'otages par Mokhtar Belmokhtar, émir de « Signataires par le sang », dans une vidéo datée du jeudi 17 janvier. Vidéo diffusée trois jours plus tard sur le site mauritanien saharamedias.net dans laquelle Belmokhtar révèle que l'opération a été « menée par quarante combattants membres de différents pays islamiques, dont certains originaires de pays occidentaux (7) ». En l'occurrence le Canada ! Mais il dit surtout que la prise d'otages a été lancée « en représailles contre le régime algérien qui a permis hier aux colons d'utiliser notre terre et notre ciel pour tuer notre peuple et nos frères au Mali » ! La boucle est bouclée, la question de l'ouverture à la France de l'espace aérien est là. Nous avons ici la clé explicative de la prise d'otages et du carnage subséquent. Les factions radicales de l'État profond algérien ont activé les islamistes pour créer intérieurement et internationalement l'électrochoc autorisant Alger à se barricader derrière ses frontières et à s'extraire de toute implication directe ou indirecte dans le conflit malien. C'est sous ce double aspect intérieur et extérieur qu'il faut comprendre l'affaire de Tiguentourine. Maintenant que Belmokhtar ait agi de sa seule initiative ou en "coordination" avec certaines factions de l'État profond algérien, cela ne change rien à la sauvagerie de l'assaut que les forces gouvernementales ont livré au retranchement des ravisseurs.
    Suite à sa vidéo de revendication, Belmokhtar communiquait à nouveau le dimanche 20 janvier par le truchement de l’Agence Nouakchott Information, insistant à la fois sur « l'implication de l'Algérie dans la guerre au Mali par l'ouverture de son espace aérien et la fermeture de ses frontières » et dénonçant avec vigueur « une armée algérienne va-t-en guerre et peu soucieuse de la vie des otages, face à des hommes qui entendaient négocier ». Les combattants n'auraient à ce titre pas cherché à sortir les otages du périmètre du complexe gazier pour leur faire franchir la frontière, mais seulement à « se déplacer vers l'usine pour protéger la vie des musulmans et des otages ». Ce sont alors les tirs des hélicoptères algériens sur les véhicules qui auraient « détruit sauvagement les véhicules et avec eux, les otages » [AFP/AP/Reuters 20 janvier]. Belmokhtar est-il finalement moins crédible que le ministre algérien de la Communication, lequel a annoncé cyniquement la fin des opérations à plusieurs reprises et lâchés des chiffres de mortalité à rallonge et au compte-goutte ?
    Pour ne pas conclure ce chapitre, notons que le déroulement de la prise d'otages montre une évidente organisation de la part des Salafistes, une parfaite connaissance des lieux, laquelle ne présuppose pas l'improvisation. Or, la France n'est intervenue au Mali que depuis quelques jours seulement, et si l'opération a été préparée de longue date, ce ne pouvait être a priori que par des planificateurs suffisamment expérimentés et informés pour anticiper l'intervention de la France au Mali et à partir de là, prévoir un contrefeu à l'implication forcée de l'Algérie dans le conflit. Attendons à ce titre de prochains règlements de comptes à Alger.
    CONSÉQUENCES : PARIS RESTE SEUL AU MALI
    Contrairement à ce que l'on pouvait attendre de cette prise d'otages, les Anglo-Américains refusent de s'y laisser impliquer. Si internationalisation de la crise il y a, elle ne concerne pour l'instant que l'Algérie qui devrait en toute logique et en conclusion se barricader encore davantage à l'intérieur de ses frontières, car Washington et Londres semblent pour l'heure bien déterminés à n'intervenir qu'en laissant Alger agir à sa guise (8).
    Les ministres de la Défense britannique Philip Hammond, et américain, Léon Panetta, se sont solidairement déclarés prêts à lutter contre Al-Qaïda au Maghreb, mais tout en se défaussant sur les Algériens qui « comprennent la menace terroriste sûrement mieux que beaucoup d'autres pays. Je pense qu'il est important de continuer à travailler avec eux pour développer une approche régionale... Nous sommes déterminés à vaincre le terrorisme et à être aux côtés du gouvernement algérien » [AFP 19 janvier]. Une mission qui au demeurant pourrait ressembler à une sorte de cadeau empoisonné, autrement dit en espérant, avons-nous suggéré, que le feu du djihad rallumé à l'occasion de la guerre de Libye, puis aujourd'hui au Mali, finisse par retrouver le chemin du territoire algérien. Les deux acolytes ont malgré tout fait part du bout des lèvres de leur soutien à l'Opération Serval tout en excluant catégoriquement l'envoi de troupes dans la région. Soyons juste à ce sujet : pourquoi les Anglo-Américains se montreraient-ils solidaires d'un État qui s'est lui-même désolidarisé de ses alliés en Afghanistan ? Remarquons que François Hollande et ses conseillers auraient dû réfléchir à deux fois avant de trahir les engagements français en Asie centrale. Une décision qui, bien évidemment, n'a rien eu avoir avec les exigences d'une morale supérieure.
    D'aucuns ont souligné les enjeux géoéconomiques de la France au Sahel où se situent certaines de ses sources d'approvisionnement minéral, en uranium nigérien notamment. Nul citoyen hexagonal ne songerait à faire grief à son gouvernement de protéger ses arrières et d'assurer la continuité énergétique du pays. Mais une guerre d'une légalité internationale douteuse - la France n'a pas de mandat explicite du Conseil de sécurité et n'agit qu'à la demande d'un fragile « gouvernement intérimaire » - était-elle nécessaire ? Sauf à faire encenser le chef de l'État français par une presse courtisane jusqu'à la nausée, en tant que «chef de guerre»... Ce qui constitue le moindre des paradoxes pour un socialiste grand teint, en principe "pacifiste" à tout crin ! Sauf - insistons - à tenter de remonter dans les sondages à coup de bombes, de millions d'euros et de morts. Remonter dans les sondages afin d'y puiser un semblant de légitimité permettant au chef de l'État d'imposer à la nation une glaciale politique de rigueur et de privations économiques et un complet démantèlement de l'institution familiale totalement parodiée.
    Léon CAMUS. Rivarol du 25 janvier 2013
    1.    Abdoul Rahman al Nigeri, l'un des seconds de Mokhtar Belmokhtar, planificateur de la prise d'otages. Le Nigérien, ordinairement actif au Mali et au Niger, a rallié en 2005 le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, et participera la même année à une attaque qui causa la mort de 17 soldats mauritaniens.
    2 - AFP « Un "officier libre" témoigne sur l'autre guerre, au sein de l'armée ». Madrid, 18 mai 1999. Cf. algeria-watch.org
    3 - The Independent, 17 janvier 2013. Robert Fisk : « Algeria : the slaughter ofthe good and had at the In Amenas gas plant was utterly predictable » - « le carnage des bons et des méchants était hautement prévisible ».
    4 - L’enlèvement d'un groupe de touristes, allemands, suisses et autrichiens enlevés en 2003 par des salafistes, avait déjà suscité le même type d'interrogation parfois quelque peu fantaisiste. Ainsi le site suisse Mecanopolis évoquait le 26 mars 2008 la présence d'une "base" de surveillance américaine à proximité de l'oasis d'Ihérir à 220 km de la frontière libyenne dans le Tassili des Adjer, c'est-à-dire à 120 km au nord d'Illizi, lieu où des touristes, allemands, suisses et autrichiens avaient été enlevés le 18 août 2003. Toujours est-il que pour l'Américain Eric S. Margolis - New York Times, The International Herald Tribune, The Los Angeles Times, Times of London, etc. - des commandos des forces spéciales seraient désormais présents sur le territoire algérien... « US air forces and small numbers of Spécial Forces from its new Africa Command are now entering action in Mali and Algeria » - < eric-margolis .com > 18 janvier 2013.
    5 - Lahouari Addi, spécialiste de l'Algérie, enseigne à l'Institut de sciences politiques de Lyon. Oumma.com, 18 janvier 2013.
    6 - Mokhtar Belmokhtar, chef des djihadistes, « entretient des relations avec des officiers algériens ». 17 janvier, Sahara Media.
    7 - Le commando dirigé par Abdelrahmane, "le Nigérien", était composé d'une quarantaine de combattants apparemment originaires d'Algérie, d'Egypte, du Niger, du Tchad, de Mauritanie, du Mali, du Canada (liste non limitative), lesquels se seraient infiltrés en Algérie à partir du Niger selon la version officielle puisqu'il est impolitiquement correct de mentionner la Libye pourtant à proximité immédiate du gisement gazier.
    8 - Les preneurs d'otages voulaient entre autres « échanger les otages américains détenus par leur groupe » contre un Égyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafïa Sid-diqui, emprisonnés aux États-Unis sur des accusations de terrorisme. Demande aussitôt et catégoriquement rejetée par Washington trop contente de voir les Algériens effectuer à leur place la sale besogne [cf. < lefigaro.fr > 20 janvier 2013].

  • Le gouvernement socialiste complice des djihadistes en Syrie

    La progression des islamistes au Mali a créé un "appel d'air" pour de nombreux candidats au djihad en France, mais les départs se raréfient depuis le début de l'intervention militaire française, déclare le juge anti-terroriste Marc Trévidic.
    Trois à quatre informations judiciaires ont été ouvertes en France au sujet d'individus soupçonnés d'être liés à des cellules combattantes au Mali, dit-il, soulignant que les individus sous surveillance se font plus discrets depuis le début de l'opération "Serval".
    "Il y a eu, sur les huit derniers mois, un appel d'air, parce qu'ils ont entendu dire, sur internet ou dans leurs conversations, 'super, on applique la charia à Tombouctou, il y a une vraie terre d'islam et en plus on nous a dit qu'en septembre, les mécréants allaient attaquer cette terre d'islam", a expliqué Marc Trévidic, en référence au déploiement initialement prévu en septembre d'une force ouest-africaine au Mali sous mandat de l'Onu.
    "On a le djihad absolu", a-t-il ajouté. Mais depuis quelques semaines, "c'est dur de partir et puis surtout, les gens ne bougent pas l'oreille".
    "Le danger, il n'est pas à court terme, il est à moyen terme", conclut le juge d'instruction.
    Deux semaines après le début de l'intervention militaire française, l'armée malienne faisait mouvement vendredi en direction de Gao, bastion des rebelles islamistes qui refluent apparemment des villes qu'ils ont conquises.
    Marc Trévidic fait par ailleurs état d'une cinquantaine de Français actuellement en Syrie et "d'enquêtes dans tous les sens". Une situation particulièrement compliquée puisque des djihadistes se trouvent parmi les opposants au régime de Bachar al Assad, dont la France réclame le départ.
    Ces Français "partent et on ne sait pas ce qui se passe là-bas, parce que s'ils partent simplement pour combattre le régime de Bachar al Assad, il me semble qu'on les soutient et qu'on les arme, alors s'ils sont terroristes à cause de ça, on est complice, littéralement", dit-il.
    La France a apporté un soutien politique et humanitaire à la coalition nationale syrienne mais refuse de donner des armes aux rebelles sur le terrain. Un embargo de l'Union européenne sur la livraison d'armes en Syrie doit être réexaminé fin février.

  • La CEDH au service de l’orientation sexuelle

    La Cour européenne des droits de l’homme nie les droits des chrétiens dans le monde du travail, notamment s'ils refusent de coopérer à la reconnaissance publique des unions homosexuelles

    Ironie du sort (ou volonté délibérée, qui le dira ?) la Cour européenne des droits de l’homme a rendu un arrêt de chambre au lendemain des manifestations contre le « mariage » des homosexuels qui ont rassemblé plus d’un million de personnes à Paris pour rejeter les demandes de deux employés britanniques sanctionnés pour avoir refusé de prendre part au processus des unions civiles des homosexuels.

    Pour ceux qui rêvent, en cas d’adoption du projet de loi, d’une possibilité d’objection de conscience, c’est un désaveu par anticipation ; plus encore, la décision des juges du respect de la Convention européenne des droits de l’homme ouvre la voie à l’idée que le « mariage » gay est la conséquence logique de la non-discrimination.

    Notons cependant que la décision n’est pas définitive et que les cas pourront faire l’objet d’un appel devant formation plénière de la Cour européenne, sa « Grande chambre ». Notons aussi que l’affaire concernait également deux employés sanctionnés pour port d’insignes religieux chrétiens : dans le cas de Nadia Eweida, les juges ont reconnu son bon droit au motif que ses collègues de confessions différentes travaillant comme agents d’escales de British Airways avaient eux aussi obtenu le droit de porter des insignes religieux. Mme Shirley Chaplin, quant à elle, infirmière, avait été invitée à retirer la petite croix qu’elle avait au cou était devenue visible du fait de la coupe du nouvel uniforme imposé par la direction de son hôpital : devant son refus, elle fut dans un premier temps placée dans un poste sans contact avec les patients puis remerciée après destruction de ce poste temporaire. Les juges européens ont donné raison à la direction au motif que la demande de retrait de la croix répondait à un souci de santé et de sécurité…

    Beaucoup plus graves sont les décisions prises dans les affaires Lilian Ladele et Gary McFarlane c. Royaume-Uni par rapport aux unions homosexuelles.

    Mme Ladele, explique l’arrêt de la chambre, est chrétienne. « Elle maintient que le mariage est l’union d’un homme et d’une femme pour la vie, et croit sincèrement que les partenariats de même sexe sont contraires à la loi divine. »

    Goûtez ce « sincèrement ». A croire que le mot a été choisi pour venir à bout de l’incrédulité de ceux qui n’imaginent pas que ce point de vue puisse encore exister…

    Lilian Ladele était l’employée de la municipalité londonienne d’Islington depuis 1992, où elle était notamment chargée depuis 2002 d’enregistrer les actes d’état civil : naissances, décès et mariages. Après l’entrée en vigueur du « Partenariat civil » en décembre 2005, et la décision de les faire enregistrer de la même manière que les actes d’état civil, elle s’était débrouillée pour ne pas enregistrer ces partenariats, à l’instar de nombre de ses collègues dont bon nombre ont obtenu gain de cause dans le cadre de leur municipalité.

    Mais Islington pratique une politique de « diversité » et de « non-discrimination » de pointe. Et ses employés homosexuels se sont sentis brimés. D’autres se sont plaints de la surcharge de travail créée par le refus de Mme Ladele, à qui l’on proposa donc de signer un avenant à son contrat de travail afin de solenniser son acceptation de célébrer désormais les unions civiles. Au terme d’une longue procédure judiciaire, elle n’obtint pas le droit de refuser ces célébrations. Surtout, elle fut licenciée.

    Autrement dit, Lilian Ladele a choisi de perdre son emploi plutôt que d’accepter d’agir contre sa conscience, contre les exigences de sa foi (et contre la loi naturelle).

    La CEDH a mis en balance les droits de Mme Ladele – liberté religieuse, liberté de conscience, droit d’agir en conformité avec ses convictions religieuses – et les droits des pouvoirs publics qui veulent œuvrer contre la discrimination. « La Cour reconnaît généralement aux autorités nationales une ample  marge d’appréciation lorsqu’il s’agit de droits conventionnels qui se trouvent en compétition (…). La Cour considère que les autorités nationales, à savoir l’employeur représentant l’autorité locale, qui a mis en place la procédure disciplinaire, ainsi que les cours locales qui ont rejeté la plainte pour discrimination de la demanderesse, n’ont pas outrepassé la marge d’appréciation qui leur est reconnue. »

    Pourquoi ? Parce que la non-discrimination à l’égard des homosexuels peut prendre le pas sur la non-discrimination à l’égard des chrétiens.

    Le cas de Gary McFarlane est un peu différent. Ce chrétien engagé dans une église protestante multiculturelle travaillait dans une organisation privée de conseil aux couples et de thérapie sexuelle, Relate. Il s’occupait essentiellement de conseiller les personnes avec des difficultés relationnelles. Lorsque, fort d’un diplôme de thérapie sexuelle acquis en cours de carrière, il commença en 2007 à exercer également dans ce domaine, on perçut rapidement qu’il refusait, sans le dire, de recevoir les couples homosexuels. Après plusieurs échanges avec sa direction il fut licencié au motif qu’il avait faussement accepté de travailler avec ces couples mais qu’il n’avait aucune intention de le faire. Saisies, les juridictions successives justifièrent le renvoi de MacFarlane au motif que ses employeurs ne pouvaient plus avoir confiance en lui sur le point de savoir s’il traiterait des couples homosexuels, d’autant qu’en ne le faisant pas il se permettrait de « désapprouver leur conduite ».

    La CEDH – et c’est intéressant – a accepté le point de vue selon lequel McFarlane avait agi pour rester en conformité avec ses croyances religieuses, mais elle a rejeté sa demande au regard de la charte de Relate qui se targue de respecter une politique d’Equal opportunity (égalité dans l’accès à l’emploi) et de non-discrimation à l’égard des clients.

    « Pour la Cour, le facteur le plus important à prendre en considération est que l’action de l’employeur avait pour objectif d’assurer la mise en œuvre de sa politique qui est de proposer un service sans discrimination. Les autorités de l’Etat disposaient donc d’une ample  marge d’appréciation par rapport à la décision de fixer l’équilibre entre le droit de M. McFarlane de manifester ses croyances religieuses et l’intérêt qu’avait l’employeur à sécuriser les droits d’autrui », écrivent les juges pour justifier le licenciement de McFarlane et sa perte de considération professionnelle.

    Où l’on voit que la logique de l’objection de conscience qui, sans être nommée, est en arrière-fond de cet arrêt, fait du point de vue de l’individu qui demande à en bénéficier une sorte de droit particulier dont on concède ou non l’expression au regard du droit de tous. C’est le comble de l’inversion du bien commun.

    Dans son résumé de presse en langue française, le site de la Cour européenne affirme, à propos des cas Ladele et McFarlane :

    « La Cour estime qu’il importe avant tout de tenir compte du fait que les principes appliqués par les employeurs respectifs des requérants – la promotion de l’égalité des chances et l’obligation faite aux employés d’éviter tout comportement discriminatoire à l’égard d’autrui – poursuivaient le but légitime de protéger les droits d’autrui, notamment ceux des couples homosexuels, également garantis par la Convention. En particulier, la Cour a conclu dans de précédentes affaires que toute différence de traitement fondée sur l’orientation sexuelle ne peut se justifier que par des raisons particulièrement solides et que la situation des couples homosexuels est comparable à celle des couples hétérosexuels en ce qui concerne le besoin d’une reconnaissance juridique et la protection de leurs relations. »

    Il va de soi que la Convention européenne des droits de l’homme ne dit rien sur les discriminations fondées sur « l’orientation sexuelle » qu’à l’époque de sa signature, en 1950, on ne poursuivait nulle part, d’autant que les actes homosexuels étaient alors encore des délits dans nombre de pays du Conseil de l’Europe. On peut voir dans l’arrêt de la Cour un débordement de l’esprit du temps, des textes adoptés par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et, par une sorte de contagion, de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne qui ne concerne pas l’ensemble des pays du Conseil mais qui a sacralisé le principe de la non-discrimination en raison de l’orientation sexuelle.

    C’est ainsi que le droit européen, que ce soit celui de l’Union européenne ou celui du Conseil de l’Europe, tend à réduire furieusement la protection des droits des chrétiens et à promouvoir ouvertement les « droits homosexuels ».

    Cet article a paru dans Présent daté de ce vendredi 18 janvier 2013.
    leblogdejeannesmits

  • France- Allemagne un pas de deux vers le fédéralisme

    Si Nicolas Sarkozy faisait tout pour être le bon élève d'Angela Merkel, François Hollande tient à marquer sa différence... en paroles, en tout cas. Adepte du double discours, volontariste en France, suiviste à l'étranger, il a pourtant semblé, lors du dernier sommet européen, marquer des points significatifs. Mais c'est l'Allemagne et le fédéralisme qui emportent la mise dans ce poker à peine menteur, où, si Angela mène le jeu, elle a tout de même besoin de François pour faire tapis.
    À l'entendre et à lire nos confrères, François Hollande ne rencontre que des succès sur la scène internationale. Au sommet du G20 de Los Cabos, il « remplit ses objectifs », au G8 de Camp David, le tout le monde adopte son gimmick sur la croissance, idem pour les sommets européens... Qu'au G20, pas une seule proposition française ne figure dans le communiqué final, ou que chaque pays du G20 ou de l'Union Européenne interprète à sa façon (qui n'est jamais keynésienne et génératrice de déficit comme celle de notre président) la notion de croissance, ne semble troubler ni François Hollande, ni la plupart de nos avisés commentateurs. Mal intentionné, on y verrait presque une méthode de communication, sur une base de double langage.
    Le sujet du couple franco-allemand ne fait que renforcer cette impression. La relation France-Allemagne, c'est le pilier de toujours de la construction européenne, dont la solidité et l'équilibre sans cesse réaffirmés font la fierté de nos présidents successifs, François Hollande inclus. Si ce dernier admet des divergences de vues avec la chancelière, c'est pour mieux expliquer qu'il marque des points sur la renégociation du traité de stabilité budgétaire européen, pour y inclure un volet sur la croissance. Là encore, que le traité soit déjà ratifié par certains pays et que l'Allemagne ne veuille pas entendre parler de croissance par l'injection massive de fonds publics n'altère pas la satisfaction de notre président.
    Notre mauvais esprit devrait pourtant s'effacer au vu des résultats du dernier sommet européen des 28 et 29 juin. Là, oui, c'est sûr ma bonne dame, François Hollande, en fédérant la résistance des pays du sud de l'Europe a vraiment fait bouger la ligne Siegfried de l'intransigeance allemande. Le pacte de croissance est bien là, 120 milliards d'euros pour relancer des économies à bout de souffle : 1 % du PIB de l'Europe, dont 90 milliards qui étaient déjà prévus, le tout à dépenser entre 18 mois à trois ans, cela va nous donner de l'air... enfin, un tout petit peu.
    Surtout, les mesures d'urgence réclamées par le « Club Med » sont passées car notre président s'est posé en arbitre bienveillant entre la rigueur économique germanique et les besoins pressants de l'Espagne et de l'Italie. Passons sur le fait que la posture de François Hollande est justement... une posture et concédons-lui que s'il avait aveuglément suivi l'Allemagne, comme le faisait son prédécesseur, la situation serait sans doute restée bloquée. L'Italien Mario Monti et l'Espagnol Mariano Rajoy, dans leur combat féroce pour obtenir des mesures d'urgence pour sauver leurs économies, ont donc pu compter sur la bienveillante neutralité française, qui a contribué à isoler l'Allemagne.
    Fédéralisme: l'invité surprise
    Nos voisins d'outre-Rhin ont donc lâché du lest sur deux points capitaux à leurs yeux: Les deux fonds de secours européens, à savoir le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité, vont pouvoir verser directement de l'argent aux banques espagnoles et racheter de la dette italienne sans que le pays soit placé sous la tutelle de la troïka (FMI - Union Européenne - Banque centrale européenne), donc sans ces plans de rigueur qui tuent les économies que l'on prétend sauver. De plus, grâce à ce mécanisme, l'Etat pourra se financer sans être soumis à la pression des marchés qui imposent des taux d'intérêts exorbitants.
    En deuxième lieu, ces fonds de sauvetage n'auront pas le statut de créancier prioritaire, devant être remboursé avant les créanciers privés. Un point fondamental pour rendre la dette espagnole ou italienne attractive sur les marchés et donc réduire les tensions sur les « spreads », à savoir le différentiel de plus en plus important entre les taux d'intérêts allemands et ceux des pays du « Club Med ».
    Accepter que l'Europe prête de l'argent sans plan de rigueur en contrepartie et sans garantie in fine de revoir les fonds, voilà qui ressemble à une défaite en rase campagne pour l'intransigeante Merkel. Ce serait bien sûr oublier les autres volets de l'accord survenu dans la nuit du 28 au 29 juin.
    Tout d'abord, ce Conseil a ouvert la voie à une union bancaire dont l'Union se dotera pour pouvoir réguler ses banques, organiser leur surveillance, garantir leurs dépôts. En clair, la Banque Centrale européenne sera chargée de la supervision et du contrôle de l'ensemble du système bancaire de l'Union. Derrière chaque banque nationale, ce sera toute la puissance européenne qui sera là pour la soutenir en cas de crise. .. et lui expliquer comment se conduire. C'est donc subrepticement qu'un abandon majeur de souveraineté (un de plus), intervient, sans consultation ni, naturellement, approbation des peuples concernés.
    Et comme un abandon n'arrive jamais seul, les 27 ont également approuvé le rapport sur l'approfondissement de l'intégration économique et politique qu'ils avaient demandé aux présidents du Conseil, de la Commission, de l'euro-groupe et de la Banque centrale. En clair, cela signifie que l'Union européenne va se doter d'une politique économique commune, d'un Trésor commun et d'une mutualisation de ses emprunts.
    En résumé, l'Allemagne (via les instances européennes qui ont porté le plan), en échange de mesures d'urgence pour sauver ses partenaires, vient de doter l'Europe d'attributs majeurs d'un Etat fédéral : la souveraineté budgétaire et financière, après la souveraineté monétaire du traité de Maastricht. Qu'on ne s'y trompe pas, tout ceci sera bien contraignant pour les Etats-membres et les principes qui sous-tendent le dispositif (à l'instar de la fameuse règle d'or), sont ceux de la rigueur budgétaire et de l'austérité, que l'Allemagne s'applique à elle-même et qu'elle souhaite voir appliquer à l'ensemble de ses partenaires.
    Europe : vision allemande, légèreté française
    Et c'est bien là le nœud de la relation franco-allemande. Equilibrée, comme on nous l'affirme? Plus depuis longtemps. C'est l'Allemagne qui donne le « la » en Europe depuis plus de trente ans. Les critères du traité de Maastricht, l'indépendance totale (d'aucuns et même pas eurosceptiques, parlent d'irresponsabilité) de la banque centrale européenne, le modèle institutionnel européen, tout cela est la transposition, parfois copie conforme, du modèle allemand. Et non seulement la France suit, au nom de la fidélité au couple, mais elle vous habille tout cela de belles paroles qui font presque oublier d'où vient la musique. Parfois critique, elle finit toujours par faire passer la pilule auprès de ses partenaires.
    L'Allemagne pousse vers plus d'intégration européenne car cela correspond à son intérêt stratégique. Sa volonté s'exprime aux travers d'institutions européennes dont sa puissance économique d'abord, politique ensuite, lui permettent de modeler de plus en plus l'esprit et la lettre. Au passage, elle n'hésite pas à mettre le pied sur le frein lorsqu'elle estime ses intérêts menacés. Ainsi, Angela Merkel a-t-elle déclaré qu'elle refusera les euro-obligations « aussi longtemps qu'elle vivra ».
    La France, de son côté, donne l'impression de promouvoir l'Europe de plus en plus par idéologie. Certes, elle a longtemps été la principale bénéficiaire de la politique agricole commune. Pour autant, nos présidents successifs ont peu à peu et joyeusement sacrifié nos intérêts sur l'autel de « l'avancée de la construction européenne ». Si l'on voulait que « ça » avance, il fallait en passer par les conditions de Bruxelles et de Berlin. Et, de Valéry Giscard D'Estaing à Nicolas Sarkozy en passant par François Mitterrand, on veut que ça avance, convaincu que la France ne trouvera son salut que dans l'intégration (la dilution ?) dans l'Europe.
    Dernier en date, donc, François Hollande,qui en échange d'un plat de lentilles (les mesures d'urgence en faveur de l'Espagne et l'Italie, le plan de croissance) et en refusant soigneusement de recourir au référendum, est désormais prêt à signer un traité qui consacre l'abandon de quelques pans supplémentaires de notre souveraineté.
    Stanislas Tarnowski monde & vie 7 juillet 2012

  • CES RETRAITES QU'ON ASSASSINE

    Le Président a présenté ses vœux le 17 janvier à des patrons d'entreprise et des partenaires sociaux ; il a annoncé la tenue en juillet d'une deuxième conférence sociale qui portera notamment sur « la qualité de vie au travail, l'égalité professionnelle homme-femme, l'amélioration de notre formation professionnelle ». Pour les connaisseurs, il est certain que cette parlotte supplémentaire avec la fête qui l'accompagnera ne servira à rien. En même temps il prévoit au printemps une série de négociations sur les retraites. Il a chiffré la catastrophe prévisible. Il y a trois ans, l'équilibre des régimes était assuré jusqu'en 2020. Maintenant c'est un déficit de 20 milliards qui est calculé pour cette date. Il n'en faut pas moins pour que notre prétendu modèle social soit menacé et il faudrait le sauver.
    En fait il s'agit principalement des retraites complémentaires Agirc pour les cadres et Arrco pour les autres. Leurs réserves fondent rapidement et, on se contente de faire, depuis longtemps, du replâtrage en grattant ici ou là sans arriver à une solution définitive : on joue sur tous les tableaux, comme les cotisations, les âges de départ et le niveau des pensions.

    LA REPARTITION
    Ci-dessus il est question du prétendu modèle social et il faut analyser en profondeur le fonctionnement de la répartition pour comprendre que le système est condamné par sa nature même. L'ensemble formé par les Cnavts et les retraites complémentaires repose sur plusieurs coups de force et pas du tout sur des contrats. Les assujettis sont invités par la force à verser des cotisations durant leur vie professionnelle dans de multiples caisses. Le deuxième coup de force est que la gestion de ces caisses leur échappe, car sous des couleurs faussement démocratiques, leur gestion est confiée aux syndicats qui en tirent profit. In fine, ces assujettis devraient toucher des pensions représentant l'argent versé avec les intérêts et ce n'est pas le cas. Une multitude de facteurs entrent en ligne de compte, comme l'âge du départ, le manque de cotisants à cause de la démographie ; un système compensatoire complexe a été installé pour dépouiller les caisses supposées riches au profit des caisses en perdition. Ces manipulations douteuses déresponsabilisent les gens.
    Indépendamment de sa malhonnêteté intrinsèque, le défaut majeur du système est de ne pas créer de richesse ; l'argent est dépensé aussitôt que récolté sous forme des pensions à verser. Une information vient de parvenir : Bernard Madoff, du fond de sa prion a confié que l'idée de lancer une chaîne de Ponzi lui était venue du système de la répartition en France. Il y a en effet de fortes ressemblances. Le système Madoff s'était écroulé d'un seul coup. Dans les cas de la répartition l'écroulement menace mais se produit progressivement d'où les rafistolages permanents et nécessaires : c'est une chaîne de Ponzi à écroulement lent.

    LA CAPITALISATION
    La capitalisation est totalement différente. C'est un système contractuel entre des personnes responsables, les épargnants et les caisses. La sortie est prévue par des clauses précises. Souvent l'épargnant peut choisir de toucher son capital enrichi par les bons placements. L'avantage majeur pour la richesse générale est que l'argent, au lieu d'être perdu, est investi. La généralisation du système aurait un effet majeur sur le PIB. Cela se vérifie dans les 28 pays qui ont choisi, en tout ou partie, la capitalisation. L'incroyable richesse des fonds de pension américains qui colonisent la France en est l'illustration.
    Une objection est la possibilité de ratés dans les placements. Dans la répartition la ruine est programmée. Certes, la capitalisation peut rencontrer des problèmes mais il y la possibilité de les corriger.
    Un calcul a été réalisé pour un cadre supérieur théorique qui aurait fait une carrière brillante. Dans la répartition après 40 ans de travail il toucherait à 65 ans une retraite complémentaire 60 000 euros par an. Avec la capitalisation et les fonds rapportant 4% par an, ce qui est prudent, il aurait un capital de 2 850 000 euros dont il pourrait transformer une partie en rente. Le même calcul serait possible pour d'autres niveaux avec des chiffres différents.
    Le tabou de la répartition va-t-il tomber ? Un syndicaliste éminent de la CFDT avoue que l'on est au bout du rouleau et ajoute qu'il faut passer graduellement à la capitalisation. Ce n'est pas gagné d'avance car les tabous ont la vie dure.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • Gaz de schiste : ils n'ont plus de solution de rechange contre le chaos (archive 2011)

    Nouvelle cacophonie au gouvernement, provoquée par le récent rapport du CGIET et du CGEDD sur les gaz de schiste. Le premier, placé sous l'autorité du ministre de l'Industrie, Eric Besson, lui-même dépendant du ministre de l'Economie Christine Lagarde se décline comme Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies. Il a en charge l'évaluation des politiques publiques « dans ses domaines de compétence ». C'est-à-dire, le développement économique et l'industrie ainsi que l'énergie, les ressources minières et minérales et l'utilisation du sous-sol. Les gaz et huiles de schistes entrant donc très exactement dans ce domaine de compétence. Le second, Conseil général de l'environnement et du développement durable pour le Respect de l'Environnement, relève, et c'est plus surprenant, du ministère de l'Environnement de Mme Kociusko-Morizet, également sous l'autorité de Mme Lagarde. Sa vocation est de la conseiller dans l'exercice des pouvoirs qu'elle tient des codes de l'environnement et de l'urbanisme. Ces deux organismes, en somme, devraient être les autorités scientifiques les mieux qualifiées pour conforter le choix du gouvernement de mettre fin aux recherches et forages de gaz de schiste. Or, tout en s'entourant des plus grandes précautions oratoires, leur rapport a contredit le gouvernement à peine venait-il d'annoncer « qu'il fallait tout remettre à plat » et « annuler les autorisations (de recherche) déjà données ». La France ne saurait se lancer dans la production de gaz de schiste considérés comme trop dangereux et pollueurs, au grand soulagement des milieux écologistes, des défenseurs du Grenelle de l'Environnement et de la pauvre Nathalie Koziusko-.Morizet qui depuis qu'elle a mis les pieds dans la politique n'en finit pas d'avaler des couleuvres.
    Certes, reconnaissent les auteurs du Rapport, les études mériteraient d'être approfondies mais il semblerait que les indices relevés dans la région parisienne, le Sud-Est et le Centre (le Larzac notamment) - 100 milliards de m³ d'huiles et 500 milliards m³ de gaz exploitables - et l'intérêt que les grandes sociétés mondiales pétrolières et gazières portent à la France en la matière sont suffisamment probants pour qu'on la puisse considérer comme un des pays les plus prometteurs d'Europe.
    « La probabilité, peut-on lire, que l'accès à ces gisements permette à (notre) pays de réduire très sensiblement ses importations d'hydrocarbures et de limiter d'autant le déficit de sa balance commerciale n'apparaît pas négligeable ».
    Si le principe de précaution et l'impact sur l'environnement de l'activité industrielle devront être au centre des préoccupations, les grandes options de la loi Pope (Programme d'Orientation de la Politique Energétique), qui vise à définir les objectifs et les orientations de la politique énergétique de la France d'ici 2050 devront être respectés. On rappellera quelles en sont les quatre grandes directions.
     - Maîtrise de la demande d'énergie.
     - Diversification du bouquet énergétique.
     - Développement de la recherche et de l'innovation dans le secteur de l'énergie.
     - Maîtrise des moyens de transport et de stockage adaptés aux besoins.
    Il serait très dommageable « pour l'économie nationale et pour l'emploi », est-il précisé, que l'on s'interdise d'utiliser cette richesse potentielle. Les recherches doivent être poursuivies. C'est en tout cas le message que les deux organisations entendent transmettre aux ministres concernés, Eric Besson et Nathalie Kociusko-Morizet.
    Ces deux derniers, le 21 avril faisaient savoir par un communiqué très sec que « le gouvernement a pris acte de ce rapport d'étape. Le Premier Ministre a déjà entériné certaines de ses recommandations en annonçant le soutien du gouvernement aux propositions de loi déposées par les parlementaires. Il a également demandé à la mission de prolonger ses travaux afin que la recherche scientifique sur la possibilité d'exploiter demain ces gisements potentiels soit conduite jusqu'à son terme ». Besson, d'ailleurs, précisait qu'il était souhaitable de ne pas faire de promesses inconsidérées. Etant déjà suffisamment regrettable qu'il faille revenir sur certaines signatures dé concessions avant que ne soit examiné le 10 mai le projet de loi déposé par l'UMPet Christian Jacob. Le rapport final devant intervenir avant le 31 mai.
    D'ici là souligne le Rapport un certain nombre des critiques de fonds des écologistes devront être tempérées. On ne devra plus parler de « gaz de schiste » mais de « gaz de roche-mère ». Parce que la « fracturation hydraulique » de la roche-mère représente l'essentiel de la technique utilisée. Si la France est désignée comme le pays européen le plus riche en gaz de schiste et si celui-ci représente 90 années de consommation mondiale énergétique, c'est pour que, au-delà de toutes critiques, soit bien cerné l'intérêt de cette nouvelle technique. D'ailleurs la Pologne qui prendra la tête de l'UE au 1er juillet a fait de la « sécurité énergétique » une priorité. Aussi, pour les rapporteurs, le gaz jouera un rôle important dans la réduction des gaz à effet de serre. Quant aux dangers représentés par la "fracturation" elle-même, l'utilisation d'énormes quantités d'eau, de centaines de produits chimiques cancérogènes, les experts du CGIET et du CGEDD sont convaincus que tout cela est très exagéré et que la recherche et la technologie permettront d'en limiter à l'avenir les effets néfastes.
    Gaz de schiste et schistes bitumineux au Canada, — comme nous le soulignions dans le dernier N° d'Ecrits de Paris — « Gaz de Schiste, Charbon, Nucléaire : le mythe des énergies alternatives au pétrole » (EdP Avril 2011 ) —, quels que soient les dangers, le coût et les conséquences de leur extraction, feront dans les prochaines années partie de la grande panoplie qui succédera au tout pétrole et au presque tout nucléaire. Qu'on ne se laisse pas prendre aux gesticulations des écologistes et aux grimaces des chefs d'Etat. Depuis un siècle, l'économie du pétrole a précipité la planète dans un chaos duquel elle n'est pas prête de sortir, l'asphyxiant de gaz chimiques, de plastiques, de pesticides, de poisons médicamenteux auxquels on découvre chaque jour d'interminables ramifications. S'y est ajouté le nucléaire, puis les bio-technologies et désormais les nano-technologies. On en sait aujourd'hui les inquiétants résultats dans une société globale surpeuplée dont l'unique moteur est de croître toujours plus, de produire toujours plus, de grossir toujours plus, de construire toujours plus.
    Croit-on vraiment que les forces dominantes accepteraient de s'affranchir d'une idéologie énergétique qui est l'essence de leur pouvoir ? Quant aux États leur principal moteur est l'emballement démographique. Plus un pays est peuplé et plus il se croit fort. Plus il reçoit d'immigrés, de réfugiés, d'étudiants, d'adoptés, plus il peut mettre en évidence sa vitalité urbaine et plus on lui accorde de reconnaissance dans les forums démocratiques globaux. En sorte qu'on n'a pas d'illusions à se faire : le gaz de schiste, comme le reste, sera tôt ou tard imposé. Fût-ce par la force.
    René BLANC. RIVAROL  29 AVRIL 2011

  • Ces élus PS trainés en justice

    La liste qui suit n’est pas exhaustive. Elle est néanmoins composée de gens qui jouent les moralisateurs de la vie publique. La « bonne conscience », la « morale républicaine », les « valeurs de la république », la « générosité », l’ « humanisme »… Tous ces mots et expressions font partie de leur vocabulaire de marchands de soupe. Une soupe qui ne trompe que les gogos !

    Jean-Pierre Kucheida – Député-Maire du Pas-de-Calais : Détournement de fonds –Mis en cause Attend les résultats de l’enquête parlementaire qui a lieu en ce moment sur les pratiques de la Fédération PS du Pas-de-Calais, suite aux révélations de Gérard Dalongeville à la juge Véronique Pair, révélées dans son livre « Rose Mafia ». Quand les premières révélations tombent, François Hollande l’a appelé pour lui dire « Tiens bon, on va laisser le vent retomber, ça va passer ».

    François Bernardini – Maire d’Istres : Détournement de fonds publics – Condamné en 2001, en appel, à dix-huit mois de prison avec sursis, 400 000 francs d’amende et cinq ans d’inéligibilité.

    Patrick Sève – Maire de l’Haÿ-les-Roses : Détournement de fonds publics – Mis en examen le 8 septembre 2011 pour « octroi d’avantages injustifiés et soustraction de fonds publics », pour un montant d’environ 2 millions d’euros, et pour avoir bénéficié de pots de vin dans l’octroi de marchés publics dans sa commune.

    François Pupponi – Député-Maire de Sarcelles : Extorsion de fonds – Mis en cause Auditionné le 3 septembre 2010 dans le cadre d’une enquête sur un cercle de jeu parisien pour « blanchiment » et « extorsion de fonds ».  Accusé de « subordination de témoin »  par son directeur de cabinet, il aurait essayé de persuader sa belle-fille de démissionner du cercle Wagram, comme l’exigeaient les nouveaux patrons corses.

    Jean-Pierre Destrade – Conseiller Général de Saint-Pierre-d’Irube : Trafic d’influences – Condamné en 2005 à 3 ans de prison dont 2 avec sursis et 10.000 euros d’amende dans une affaire de trafic d’influence et d’escroquerie,  une peine couverte par sa détention provisoire.

     Serge Andréoni – Sénateur-Maire des Bouches-du-Rhône : Complicité de trafic d’influences – Mis en examen lundi 17 octobre 2011, pour « complicité de trafic d’influence »,il est soupçonné d’avoir fait désigner un avocat ami pour aider le frère de Jean-Noël Guérini, Alexandre, à régler un litige financier qui l’opposait à la communauté d’agglomération de Salon-de-Provence.

    Henri Emmanuelli – Président du Conseil Général des Landes : Complicité de trafic d’influences – Condamné le 16 décembre 1997 dans l’affaire Urba à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de ses droits civiques. Également mis en examen le 15 octobre 1998 dans le cadre de l’affaire Destrade de financement illégal du Parti socialiste, il est relaxé.

    Janine Ecochard – Vice-Présidente du Conseil Général des Bouches-du-Rhône :Trafic d’influence – Condamnée en 1998 dans l’affaire Urba sur le financement occulte du PS.

    Jean-Christophe Cambadélis – Député de Paris : Recel d’abus de confiance –Condamné Mis en examen le 7 juin 2000 pour abus de confiance, il est reconnu « coupable de recel d’abus de confiance » le 2 juin 2006 et il est condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende, dans l’affaire des emplois fictifs de la MNEF.

    Harlem Désir – Député Européen : Recel d’abus de biens sociaux – Condamné le 17 décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux. Il avait bénéficié au début des années 1990 d’un emploi fictif, lorsqu’il était à la tête de SOS racisme, financé par une association lilloise.

    Michel Pezet – Député des Bouches-du-Rhône : Recel de fonds – Condamné Mis en cause dans l’affaire Urba en 1991, il est innocenté par la justice le 16 décembre 1998 de toute accusation d’enrichissement personnel ; en revanche, il est condamné pour « recel de fonds utilisés [pour un financement politique] en dehors de tout enrichissement personnel ».

    Jean-Noël Guérini – Président du conseil général des Bouches-du-Rhône : Association de malfaiteurs – Mis en examen le 8 septembre 2011 pour « prise illégale d’intérêts, trafic d’influence, association de malfaiteurs et complicité d’obstacle à la manifestation de la vérité » pour avoir favorisé son frère dans le cadre de marchés publics.

    Jean-Pierre Noyes – Conseiller Général des Bouches-du-Rhône : Association de malfaiteurs – Mis en examen le mercredi 11 janvier 2012 pour des faits d’association de malfaiteurs. Il est soupçonné d’avoir favorisé l’attribution d’emplois et de logements sociaux au profit de proches d’Alexandre Guérini, le frère cadet du président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, alors qu’il était le président jusqu’en juin 2011 de « 13 Habitat », l’office HLM rattaché à la collectivité locale.

    Jean-Marc Ayrault – Député-Maire de Loire-Atlantique : Délit de favoritisme –Condamné à une peine de six mois de prison avec sursis et 30 000 F d’amende pour avoir octroyé de décembre 1991 à décembre 1993, sans mise en concurrence, ni avoir recours à des appels d’offres et sans réaliser de contrat, le marché d’impression du journal municipal nantais, Nantes Passion dont le budget d’impression s’élevait à 6 millions de francs par an.

    Michel Laignel – Député et Conseiller Général des Bouches-du-Rhône : Favoritisme – Condamné Le 14 juin 2005, alors poursuivi pour «  favoritisme, prise illégal d’intérêts et faux et usage de faux, en écriture publique » le maire de Ronchin a été condamné à deux ans de prison avec sursis et deux ans d’illégibilité.

    Christian Bourquin – Président du Conseil Général des Pyrénées-Orientales : Favoritisme dans l’attribution de marché public – Condamné. Soupçonné, dès 2001, d’avoir trafiqué ses comptes de campagne, il est condamné en 2009, à trois mois de prison avec sursis et 5000 euros d’amende pour minoration de comptes de campagne et complicité de faux. En 2008, il est mis en examen pour favoritisme dans le cadre d’un marché public et de nouveau condamné, début janvier 2012, à deux mois de prison avec sursis pour ces « faits graves ».

    Eli Puigmal – Maire de Saint-Estèves : Délit de favoritisme – Condamné le 26 janvier 2012 délit de favoritisme dans les conditions d’attribution de marché d’organisation de spectacles à l’association Boitaclous en 2009 alors qu’il était maire de Saint Estève.

    Jacques Mellick – Député-Maire de Béthune dans le Pas-de-Calais : Faux témoignages – Condamné en 1996 par la justice à abandonner tous ses mandats suite à sa condamnation pour témoignage de complaisance dans l’affaire VA-OM.

    Jean-Pierre Balduyck – Député du Nord : Favoritisme – Condamné par le tribunal correctionnel de Lille à 7 500 euros d’amende en 2005 après 7 ans de mise en cause, alors qu’il était maire de Tourcoing, pour complicité d’atteinte à la liberté des marchés publics dans l’affaire du Grand Mix de Tourcoing.

    Robert Gaïa – Député du Var : Favoritisme – Condamné le 21 janvier2002 à six mois de prison avec sursis pour favoritisme dans l’attribution du marché des cantines scolaires de la ville de Toulon en 1997.

    Ségolène Royal – Présidente de la Région Poitou-Charentes : Licenciements abusifs –Condamnée en 2008 par La Cour d’appel de Rennes, l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle à dû verser plusieurs mois de salaires non payés à deux de ses attachées parlementaires ayant travaillé pour elle entre 1995 et 1997.

    Anne Hidalgo – Adjointe au maire de Paris : Infraction à la législation sur la durée du travail – Condamnée le 26 janvier 2012 à 40.000 € d’amende pour infraction à la législation sur la durée du travail au titre de ses fonctions de Présidente du conseil d’administration de l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme), alors qu’elle est elle-même ancienne inspectrice du travail. Cette condamnation fait suite à deux plaintes déposées au tribunal de police par l’inspection du travail. L’une pour « travail dissimulé », l’autre pour non-paiement des heures supplémentaires.

    Jacques Mahéas – Sénateur de Seine-Saint-Denis : Agression Sexuelle – Condamné en mars 2010, pour agressions sexuelles contre une ex-employée municipale, pour des faits survenues en 2002. La plainte a été déposée en 2004 mais il faut attendre 2011 pour qu’il démissionne du PS, sous menace d’exclusion. Soutien de François Hollande pendant la primaire socialiste.

    Pascal Buchet – Maire de Fontenay-aux-Roses : Harcèlement – Condamné à 8000 € d’amende par le tribunal correctionnel de Nanterre, coupable de harcèlement moral à l’encontre de son ex-directrice de la communication, qui s’est suicidée en 2007.

    François-Xavier Bordeaux – Dirigeant du PS bordelais : Abus de faiblesse – Condamné à la peine de deux ans de prison dont un ferme, assortie de cinq ans de privation des droits civiques, civils et de famille, pour avoir abusé de la faiblesse d’une vieille dame fortunée, Jeanine Terrasson.

    Yacine Chaouat – Adjoint au maire du 19e arrondissement de Paris : Violences conjugales – Condamné par le tribunal correctionnel à six mois de prison avec sursis et dix-huit mois de mise l’épreuve, pour violences conjugales sur son épouse. En août 2009, Fatima, 21 ans, avait été battue à coups de ceinture et retenue à son domicile, alors qu’elle venait d’arriver de Tunisie.

    Jack Lang – Député du Pas-de-Calais : Rupture de contrat – Condamné le 6 janvier 2009 par le TGI de Paris à verser 34.000 euros à l’éditeur Bernard Pascuito, qui l’avait assigné pour rupture de contrat après que l’ancien ministre se fut opposé en 2006 à la publication d’un livre qu’ils avaient co-écrit.

    Sylvie Andrieux – Député des Bouches-du-Rhône : Escroquerie – Mise en examen le 8 juillet 2010 pour « complicité de tentative d’escroquerie et complicité de détournement de fonds publics » pour un montant estimé à 740.000 €, grâce à des associations fictives.

    Monique Delessard – Maire de Pontault-Combault : Faux en écriture publique –Condamnée le 14 mai 2010,  par la cour d’appel de Paris à 15 mois de prison avec sursis et à une peine d’inéligibilité pour avoir marié illégalement l’ancien député-maire Jacques Heuclin, à l’article de la mort.

    Bernard Granié – Président d’une intercommunalité Bouches-du-Rhône : Corruption – Condamné le 7 septembre par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité. Elle a en effet estimé que fournir des informations confidentielles – contre 300 000 euros de pots de vin – à une société de traitement de déchets candidate à un marché public constituait une faute gravissime.

    Michel Delebarre – Député du Nord : Écoutes illégales – Condamné Cet ancien ministre de la Fonction Publique sous Mitterrand, a été condamné en 2005 dans le cadre de l’affaire des écoutes de l’Élysée. Il a été notamment reconnu coupable du placement sur écoutes de Jean-Edern Hallier, journaliste qui menaçait de révéler l’existence de Mazarine à l’opinion. Il est dispensé de peines.

    Claude Pradille – Sénateur du Gard : Corruption – Condamné en 1995 à cinq ans de prison de ferme, cinq ans d’inéligibilité et 300.000 francs d’amende. Il avait été jugé pour «faux et usage de faux, corruption, complicité d’escroquerie et subornation de témoins» dans une affaire où il était soupçonné d’avoir fait construire sa piscine sur des fonds publics de l’Office HLM du Gard

    Jean-Paul Huchon – Président du Conseil Régional d’Ile-de-France : Prise illégale d’intérêts dans des marchés publics – Condamné. En novembre 2004, après l’envoi d’une lettre anonyme sur l’existence d’emplois fictifs au conseil régional d’Île de France, il est jugé avec son épouse, Dominique Le Texier, pour prise illégale d’intérêts dans des marchés publics passés en 2002 et 2003, entre le conseil régional et les sociétés de communication Image Publique, Sertis et LM Festivals, employant sa femme. Il est condamné à 6 mois de prison avec sursis, 60 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité le 20 février 2007 par le tribunal correctionnel de Paris puis la peine est confirmée en appel le 21 novembre 2008, hormis l’inéligibilité.

    Robert Navarro – Sénateur de l’Hérault : Abus de confiance – Mis en examen Cible d’une plainte déposée par le PS en mars 2011 pour « abus de confiance », pour des frais personnels et 42.000 € de pizzas qui ont été facturés à la Fédération PS entre 2008 et 2010. Soutien de François Hollande à la primaire socialiste, il intègre son équipe de campagne durant l’été 2011.

    René Teulade – Sénateur-Maire de Corrèze : Abus de confiance – Condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende. Il s’est rendu coupable d’abus de confiance dans le scandale de la Mutuelle de retraite de la fonction publique (MRFP). Il a été le suppléant de François Hollande à L’Assemblée entre 1997 et 2002.

     Khadija Aram – Adjointe au maire de Trappes : Abus de confiance – Condamnée le 27 avril 2011 à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, pour avoir promis contre rémunération, à des personnes en situation irrégulière des titres de séjour qu’elle n’a jamais obtenus, ainsi que cinq ans d’interdiction de droits civiques et civils.

    Pierre Mauroy – Sénateur du Nord : Abus de confiance – Condamné Le 20 juin 2008, il est mis en examen pour détournement de fonds publics à propos d’un emploi présumé fictif attribué à Lyne Cohen-Solal au sein de la communauté urbaine de Lille (CUDL) en 1992. Le 4 février 2011, Pierre Mauroy est condamné à 20 000 euros d’amende avec sursis pour abus de confiance et devra, avec Lyne Cohen-Solal et Bernard Masset, son ancien directeur de cabinet, rembourser 19 654 euros à la CUDL.

    Laurent Fabius – Député de la Seine-et-Marne : Homicide involontaire – Mis en examenIl a comparu en février et mars 1999 devant la Cour de justice de la République (CJR) pour homicides involontaires dans l’affaire du Sang Contaminé. Le 9 mars 1999, Laurent Fabius est relaxé, la CJR soulignant tout de même que son action « a contribué à accélérer les processus décisionnels. »

    Philippe Kaltenbach – Maire de Clamart : Corruption – Mis en cause Suite à la diffusion d’une vidéo sur Internet, où on le voit négocier contre de l’argent l’attribution d’un logement au proche d’un collaborateur, une enquête préliminaire a été ouverte, dans laquelle il est soupçonné de corruption dans l’attribution de logements sociaux.  Deux juges d’instruction de Nanterre sont chargés, depuis le 22 février, d’une information judiciaire ouverte pour « corruption active et passive, recel, complicité ».

    André Vallini – Sénateur de l’Isère : Licenciement abusif et harcèlement moral –Poursuivi par son attachée parlementaire, avec qui il a fini par trouver un accord. Proche de François Hollande, cet ancien président de la Commission Outreau conseille le candidat socialiste sur les questions de justice.

    Jean-Marc Pastor – Sénateur / questeur du Sénat : Notes de frais frauduleuses – Mis en cause par le site Médiapart, qui révèle le 27 juin 2011 que le sénateur avait transmis à la trésorerie du Sénat deux factures de restaurant émises dans le Tarn, son département, pour un montant total de 2492 euros. Il menace Médiapart de poursuites, produisant un faux communiqué de Gérard Larcher pour l’occasion, alors Président du Sénat, avant de se rétracter et de rembourser l’intégralité des notes de frais.

    Dominique Strauss-Kahn ... – ancien Député-Maire du Val d’Oise : Complicité de proxénétisme – Mis en cause Après son procès pour viol dans l’affaire du Sofitel de New York, Dominique Strauss-Kahn a été mis en garde à vue et entendu le 21 février 2012 pour complicité de proxénétisme dans l’affaire du Carlton de Lille. Jusqu’au printemps 2011, il était le favori de la primaire socialiste pour l’élection présidentielle.

    Gérard Dalongeville – Maire d’Hénin-Beaumont : Détournement de Fonds Publics – Mis en examen en 2009, il attend toujours son jugement pour « faux en écriture et usage de faux, détournements de fonds publics, favoritisme et recel de favoritisme ».

    http://www.francepresseinfos.com/

     

  • Florence Cassez, un vrai conte de fée


    Tout se termine donc bien pour Florence. Elle n’est certes pas encore mariée, ni mère, mais son concubinage avec les médias et les politiciens se présente sous d’idylliques auspices, et nul doute que son prochain bouquin, avec les tableaux qu’elle peignit en prison, sans compter les interviews avantageuses, formeront une progéniture qui profitera, comme on dit.

    Tout spécialiste des contes de fée, à la suite de Jakobson, devrait y trouver son compte, dans ce méli-mélo pour adolescents retardés. Situation initiale : une jeune fille au visage d’ange, originaire de ce Nord si abandonné à son triste sort, décide d’aller chercher fortune de l’autre côté du vaste Océan, aux bords mystérieux de monde occidental. Un chevalier servant arrive à point, et transforme les godillots de notre globe trotteuse en chaussures de vair. Ce prince charmant est, apparemment, vendeur de carrosses, mais comme tout le monde le sait, la réalité est trompeuse. A minuit, c’est-à-dire en décembre 2005, le carrosse se transforme en tortilla, et notre pauvresse est transférée par des monstres cauchemardesques dans un cul de basse fosse. Il faut dire qu’entre-temps, l’adjuvant numéro un s’étant révélé un faux ami, des opposants sont intervenus pour faire obstacle au bonheur promis, des Mexicains basanés, des flics corrompus, des services pourris, des tortionnaires, des entités visqueuses aux tentacules longs comme un bras de politicien sans scrupule. Heureusement (je vois les enfants avaler quelque larme), les auxiliaires, les vrais, ceux-là, vêtus de probité candide, arrivent comme Zorro pour sauver l’imprudente. Le héros Sarkozy au service de Cendrillon, suivi du plus discret Hollande, moins frétillant. Je passe sur les péripéties, les rebondissements judiciaires et politiques, et nous voilà parvenus à la situation finale, sous les applaudissements d’un public qui se lassait, à la longue, de se chauffer les couilles devant l’âtre.

    Et la réalité ?

    Qui sera entendu, qui dira la vérité, dans ce tintamarre, ces images en boucle, ce tapis rouge, cet accueil digne d’un chef d’Etat, ces bisous qui claquent et emplissent l’air empuanti par ce déversement de pathos écoeurant, cette orgie émotionnelle qui est devenue la seule relation politique possible pour une caste politique discréditée, en mal de popularité ?

    Le langage de vérité devient donc inaudible, dans un espace saturé d’affect. Lorsqu’on n’est plus capable, pour dire le réel, que d’une pensée binaire, quand on veut à tout prix que la marche des choses soit régie par la dichotomie mélodramatique entre un Mal, que l’on hait, et un Bien, que l’on adore, la parole devient impossible, et ce sont les cris de fureur ou de joie, les extases ou les spasmes qui la remplacent.

    Le phénomène est patent. La justice part à vau-l’eau, entre le désir frénétique de trouver des victimes et les dysfonctionnements criminels qui en grippent les rouages. Il suffit qu’un prisonnier clame son innocence pour que les médias, sans autre forme de procès, partagent cette conviction. Encore faut-il se trouver du bon côté de la barricade. Mais l’appareil lui-même est contaminé : on se mit à trois fois pour blanchir Dils, et le procès d’Outreau tangua entre Charybde et Scylla, pour aboutir à une sorte de bouillie juridico-politique digne d’un navet de série B. Quant aux mises en scènes que nos premiers flics de France s’avisent de sortir de leur casquette au bond moment, par exemple lors du vote du traité budgétaire européen, c’est tellement devenu forces spéciales courantes dans notre pays qu’on se demande pourquoi on reproche le même défaut aux Mexicains, qui ont pourtant, eux, de sérieuses raisons de ne pas transformer des ordures en saintes Nitouches.

    Bref, nous sommes dans la société du spectacle. Lady Diana, Ingrid Betancourt,, la coupe du monde de football (vieille histoire, désormais), les tsunamis dévastateurs d’innocents, surtout s’ils sont touristes, de gentils rebelles montant à l’assaut, les mains nus, contre des tyrans assoiffés de sang, de belles sorcières narguant un despote des terres glacées, de merveilleux homos, la bouche en cœur, essuyant le mépris de crapules archaïques et intolérantes, une famille cramée dans un incendie probablement provoqué par les Forces du Mal, et qui nous vaut un parachutage de ministre larmoyant, cette inondation de bons sentiments asperge les écrans et les micros, en même temps que la pauvre Margaux, dont le cœur déborde de compassion.

    On admettra sans peine que les politiciens se chamaillent pour profiter de ce morceau de rêve à deux balles. Ce sont des hyènes. Mais ce serait une erreur que de croire qu’il n’y ait que ce machiavélisme à la petite semaine, cette épicerie de pacotille sentimentale visant à tromper le chaland.

    Pourquoi ce succès ? L’omniprésence, l’omnipotence (comme Dieu !) des médias n’expliquent pas tout. Il faudrait s’interroger sur l’avidité d’une société qui recherche avec tant d’enthousiasme les occasions fusionnelles, la noyade dans le Grand Bleu de l’émotion, la tentative médiocre, futile, dérisoire de se reconnaître dans un événement de portée planétaire. Le tourbillon, grossi par la loupe médiatique, prend des allures de fait, mais il existe autant qu’un friselis aussitôt évanoui quand l’onde s’éteint à la surface des eaux. La réalité n’a plus que la valeur que lui accorde un public versatile et puéril. Le réel est devenu inaccessible car invisible, inaudible. Le référent est aboli dans le miroitement démultiplié du signifiant. La fable seule demeure, en sustentation, dans un ciel pâle, sans force, au-dessus d'un monde ouvert comme un abîme sous nos pieds, un gouffre où remuent des créatures indéfinissables, complexes et dangereuses. Le mot a pris son autonomie comme un rêve fou, à la manière d'une montgolfière poussée par des vents capricieux. Mais c’est un souffle de vent vain, délirant, hallucinant. Littéralement, comme le dit Florence Cassez, «L'avion a atterri, moi je n'ai toujours pas atterri». Et nous ne sommes pas près de toucher terre !

    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com