La pensée dominante fait aujourd’hui une lecture anachronique de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. En son temps, la loi de 1905, rupture unilatérale du Concordat de 1801, ne fut jamais négociée avec la hiérarchie catholique. Solennellement condamnée par le pape Pie X, la loi de Séparation parachevait vingt-cinq années de mesures laïcistes imposées à la France par des gouvernements anticléricaux.
« La République française s’est construite autour de la laïcité » , affirmait, en 2003, la première phrase du rapport Stasi : il serait plus juste de dire que la République française s’est construite autour de l’anticléricalisme. Un tel aveu, cependant, ne peut être attendu d’instances officielles qui ont tout intérêt à masquer que, pour les hommes qui prirent le pouvoir à la fin des années 1870, la laïcité était une philosophie de combat contre le catholicisme.