Claude Chollet, on a assisté à une avalanche de faits divers, cet été. À quoi attribuez-vous cette omniprésence ?
Le sociologue marxisant Pierre Bourdieu (dont certaines analyses demeurent intéressantes, notamment sur la reproduction des élites) avait coutume de dire que l’exploitation des faits divers détournait le public des vrais problèmes. Dans un de ses derniers livres (Les Cosaques et le Saint-Esprit, Éditions de la Nouvelle Librairie), le talentueux écrivain Bruno Lafourcade écrit : « Les faits divers, ce n’est pas anecdotique : c’est de la vérité qui bouillonne à la surface du réel. » L’avalanche de faits divers signale que la température du réel sociétal monte. Les minorités ethniques et culturelles tiennent le haut du pavé et, après des années de laxisme, ne comprennent pas que tout ne soit pas permis. Disons que presque tout est permis, comme on a pu le voir lors des émeutes après la victoire récente d’une équipe de football supposée française et à capitaux du Qatar sur une autre équipe supposée allemande. Si vous reprenez les événements de l’été 2018 ou 2019, vous obtiendrez les mêmes faits divers, à ceci près que, chaque année, ils sont plus nombreux, plus violents, plus sanglants.