Sous le général de Gaulle, les gouvernements étaient en grande partie fondés sur la compétence des ministres et sur leur stature personnelle acquise par leur parcours politique et intellectuel. Malraux à la Culture, Couve de Murville aux Affaires étrangères, Foyer à la Justice, Messmer à la Défense, Giscard d’Estaing aux Finances, Peyrefitte à l’Information, etc. L’appartenance partisane venait au second rang, devait demeurer discrète et contribuait à l’équilibre sans être le résultat d’un savant dosage.
Quant à la spécialité professionnelle des ministres, on sait qu’elle n’est nullement une garantie : le passage de l’avocat Badinter à la Justice a été calamiteux, celui du magistrat Arpaillange, dont Santini disait que « si Saint Louis rendait la justice sous un chêne, lui c’était comme un gland », a été pire encore. Belloubet, « grande juriste » place Vendôme, et le médecin Agnès Buzyn à la Santé ont définitivement ruiné l’idée qu’il fallait des spécialistes professionnels à la tête des ministères. Il faut aussi et avant tout que le sens de l’État l’emporte sur l’idéologie et que la volonté acharnée du bien commun tire les titulaires d’un ministère vers le haut en les empêchant de papillonner devant micros et caméras.