La question religieuse au XXIe siècle se pose à juste titre tant les événements récents sur la scène politique internationale sont marqués par la résurgence de l'islam et l'agressivité de mouvements s'en réclamant dans de nombreuses parties du Proche-Orient et de l'Afrique. L'islam s'affirme également avec fermeté dans des régions du monde où il était jusque-là inexistant. L'irruption de cette religion dans la vie politique et sociale des Etats européens et plus particulièrement en France remet à l'ordre du jour la place des religions dans nos sociétés modernes.
De ce fait, l'ouvrage de Georges Corm, économiste, historien, consultant auprès de divers organismes internationaux mais aussi professeur d'université, suscite d'emblée l'intérêt. Hélas, non seulement l'approche de Georges Corm n'est pas à la hauteur du sujet et ne répond à aucune des questions fondamentales qui se posent aujourd'hui dans ce domaine mais glisse de façon pernicieuse vers le procès à charge de l'Occident déjà si souvent instruit par les tenants de la repentance.
De nombreux faits historiques sont abordés par l'auteur mais l'analyse qu'il en fait manque de pertinence et ceux-ci mériteraient un développement plus poussé qui aurait apporté à l'ouvrage tout son intérêt. Son carcan idéologique l'empêche d'apprécier à leur juste mesure des faits qui sont à l'origine des changements majeurs qu'il ne parvient pas à appréhender.
En effet, partant du constat d'un « retournement des valeurs » d'un monde sans dieu vers un « retour » du religieux, Georges Corm estime que « l'idée religieuse semble vouloir tout envelopper ». Pour lui ce « retournement » se produit dès la fin des années 1970 où, pour l'Occident, « un mouvement fort se manifeste aux Etats-Unis, sous l'impulsion du président Jimmy Carter, pour célébrer officiellement la mémoire de la destruction des juifs d'Europe par le nazisme ». Le besoin de commémoration conduit au retour aux « racines, à l'identité première, en bref, à la matrice religieuse ». L'auteur aurait dû développer ce point de vue qui mérite discussion et devrait comprendre que ne se trouve pas là uniquement la « matrice religieuse » mais une approche plus complexe de la tradition et de la mémoire, notamment en Europe.
Très justement, cependant, dans son analyse du monothéisme il note que le « mécanisme intégrateur que l'Empire romain sut utiliser à la perfection se heurta à l'intransigeance du monothéisme juif d'abord, puis au refus chrétien de prêter serment à l'empereur ; il a disparu lorsque le christianisme devint religion officielle de l'Empire ». Ainsi, les religions révélées portent en elles l'intolérance. Ces religions sont totalitaires. Cette approche aurait mérité d'être approfondie mais, là encore, l'auteur reste superficiel. Plutôt que de développer ces différents thèmes Georges Corm axe son approche sur une prétendue analyse de la religion et de la violence en Occident.
Les changements survenus durant les trente dernières années ont généré un malaise identitaire qui implique, selon lui, un retour du religieux. Ce retour au religieux serait facilité par la remise en cause du patrimoine révolutionnaire français : « C'est bien le sens du travail sur la Révolution française de François Furet et de ses disciples, qui s'efforcent de déconstruire les grandes mythologies républicaines à couleur jacobine dont sont issues les idéologies de la gauche française de la fin du XIXe siècle à la fin du XXe siècle » qui ouvre la voie au retour du religieux. Plus loin (p. 33), Georges Corm va plus loin et parle de « révision de l'histoire » de la part de F. Furet. Il réitère ces propos (p. 128) en évoquant « le révisionnisme sur les apports de la Révolution française ». Le choix de ces termes est sans équivoque. Nous savons très bien quels sont la connotation et le poids de ces termes : par là, Georges Corm cherche délibérément à discréditer toute analyse critique de la Révolution française et donc à défendre des dogmes comme l'ont fait les moines ignorants thuriféraires de l'Inquisition qu'il compte dénoncer quelques pages plus loin. Il est clair que l'auteur n'entend pas mener une analyse sur la situation actuelle et la résurgence des religions mais qu'il veut défendre un point de vue idéologique et combattre, souvent de façon maladroite, la remise en cause de ces dogmes. Si la Révolution française n'a pas le monopole de la violence et si d'autres systèmes « totalitaires » l'ont précédée (Inquisition, Guerres de religions), il n'en demeure pas moins que son système était totalitaire, sans échappatoire, que l'on était suspect en raison de ses origines (noblesse), quel que soit l'âge (des fillettes de treize ans ont été décapitées) et qu'est apparu un embryon de système concentrationnaire parcage des suspects avant exécution.
L'acharnement de Georges Corm à l'encontre des historiens analysant la Révolution française de façon critique, notamment contre François Furet, tourne à l'obsession. Le procès en sorcellerie n'est pas loin.
Manifestement, le changement des mentalités et la remise en cause des idéologies de gauche dominantes révoltent l'auteur. C'est de façon pathétique et partisane qu'il tente de s'opposer à l'effondrement du monde qu'il a connu et auquel il a adhéré. Il ne parvient pas à comprendre l'évolution actuelle et à adapter son analyse. Ainsi, son raisonnement est faussé par le manque d'analyse sur des points essentiels comme « la recherche des racines », l'identité et le lien avec les ancêtres (p. 43). Il accorde une place trop importante au phénomène religieux en ce début du XXIe siècle sans pour autant mener une analyse globale approfondie. Cette recherche des racines va au-delà et reste marquée par la conception laïque du XXe siècle. De même, ne pas faire de distinction nette entre les Etats-Unis et l'Europe dans ce domaine particulier c'est manquer singulièrement de pertinence.
La raison en est simple : l'auteur, malgré et sous le prétexte d'analyse historique, ne cherche pas à comprendre les raisons des changements mais à faire le procès de l'Occident. Sa présentation tourne au règlement de compte avec celui-ci et finit par discréditer son travail. Son parti pris antioccidental est manifeste. Là encore, le colonialisme européen est condamné sans appel, évoquer son aspect positif relevant de la provocation (aucune mention des médecins, pères blancs et autres interventions qui ont permis de sauver de très nombreuses vies parmi les populations colonisées) alors que la vision de la colonisation islamique est irénique. Il nous fait encore le coup de l'Andalousie. A se demander pourquoi les Espagnols ont voulu se libérer d'un monde aussi idyllique. De même, les massacres de Chio ne seraient-t-ils qu'une expression artistique ? L'islam serait plus tolérant
Bref, l'auteur nous ressert les mêmes poncifs.
Les références historiques sont souvent justes mais leur analyse est toujours orientée. Certains aspects sont minimisés, d'autres exagérés, comme « le rôle de transmetteur et passeur de la culture raffinée et cosmopolite de l'Orient médiéval à l'Occident » (p. 114). Il faut dire que ce rôle de passeur est grandement exagéré depuis quelques années, et cela à des fins politiques. Il est un des fruits de cet autodénigrement de l'Occident et de survalorisation de l'autre.
Non seulement Georges Corm tente de défendre dans cet ouvrage une vision négative de l'Occident mais il transparaît clairement qu'il s'agit également de relativiser le renouveau islamiste, son obscurantisme et ses violences en comparaison de ce qui s'est passé en Occident. De même lorsque l'auteur compare le terrorisme islamiste (à l'échelle d'une civilisation) et le terrorisme de l'I.R.A., purement national et local, c'est faire un parallèle douteux qui ne peut que générer la confusion.
Ces constats faits, les propositions de l'auteur arrivent bien tardivement et manquent, là encore, de profondeur. Il n'y a d'ailleurs aucune idée nouvelle. Si la séparation du religieux et de l'Etat, de la primauté de la laïcité et de l'Etat républicain sont mis en avant (p. 199), où est la nouveauté ? Que ces principes soient maintenus, certes, mais de quelle façon dans ce monde en mouvement ? L'auteur n'aborde pas la question. Bref, cet ouvrage est un véritable hors-sujet. Nous n'y apprenons rien, l'approche est pauvre, l'analyse orientée. Il se résume à un pamphlet antioccidental sans intérêt. Il véhicule tous les clichés les plus éculés et dénigre les intellectuels qui, eux, apportent de nouvelles analyses : « On n'hésitait pas autrefois à désigner ce courant par la dénomination de droite, attachée à l'ordre et à la stabilité à tout prix, refusant de prendre acte que la Terre tourne et que les sociétés changent
» (p. 128). Ces quelques lignes en disent long sur l'auteur, sur son ouverture d'esprit et sa capacité d'analyse objective. Mais ces lignes s'appliquent aussi à son auteur : le monde change et il ne parvient pas à le comprendre et le vit très mal.
« La question religieuse au XXIe siècle » : c'est un sujet qui mérite toujours de faire l'objet d'un ouvrage sérieux.
Bruno Odier, 03/01/08
Georges Corm, « La Question religieuse au XXIe siècle / Géopolitique et crise de la postmodernité », Editions de la Découverte/Poche, 2007, 214 pages.
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« La question religieuse au XXIe siècle / Géopolitique et crise de la postmodernité » Par Georges Corm
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Des élus de la Ligue du Sud déposent une crèche dans la mairie de Beausoleil
Et ils écrivent au maire le 24 décembre :
"Permettez-moi de à quelques heures de fêter Noël, de vous déposer cette crèche symbole de la nativité, merveilleux message de joie, de paix et de tolérance.
Permettez-moi de vous rappeler que la laïcité prônée par tous les chantres de la république, ne doit pas être l’effacement de notre identité, l'abandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles (personnellement, Monsieur le Maire, je suis Chrétien et Français avant d’être républicain ! - JJ Guitard). Nous tenons donc par ce geste, à marquer notre attachement profond à cet enracinement qui a pris naissance le 25 décembre 496, lors du baptême de Clovis, érigeant ainsi la France, en fille ainée de l’Eglise.
Permettez-moi de vous remettre aussi cette crèche en soutien à tous les chrétiens du Monde, persécutés, torturés, déportés, crucifiés, enterrés vivants... dans l'indifférence générale. Et plus particulièrement à ceux d’Irak et de Syrie meurtris par plus de quatre ans de guerre. C'est un véritable plan d'extermination des chrétiens qui est en marche dans cette région du monde, berceau du christianisme. Nous pensons très fort à eux, à la veille de fêter Noël.
Monsieur le Maire, comme je vous l’ai mentionné un peu plus haut, la république voudrait donc nous forcer à oublier jusqu'à l'essence même de nos fondements, de notre Culture, de notre Histoire, de nos racines et d'une de nos Traditions les plus universelle : celle de la joie d'un enfant émerveillé par les lueurs d'une petite crèche blottie sous un sapin de Noël, joie innocente qui transcende toute notion de race ou de religion ! A travers l'innocence de l'enfance, c'est toute la magie du partage, de la famille et de la réjouissance de l'humanité qui s'exprime dans un message de paix universelle, encore non-dénaturé par une quelconque perversion idéologique, politique ou communautariste. C'est pourquoi nous affirmons une nouvelle fois, tout notre attachement à cette belle tradition simple, forte et intemporelle, que nous ne renierons JAMAIS et que nous transmettrons à nos descendants à travers les âges. Nous déposons cette crèche, dans un esprit de paix et de fraternité mais surtout pour le bonheur et la joie de TOUS LES ENFANTS DU MONDE !
Monsieur le Maire, notre identité culturelle est liée en grande partie au catholicisme, il faut arrêter de le nier ! Les crèches peuvent avoir leur place au sein de nos institutions, à l’école, comme dans la vie privée des français. Je vous demande donc pour les années futures de ne pas tenir compte des préconisations de l'Association des maires de France et de son président M. François Baroin, qui considère que la présence de crèches en mairies n’ 'est pas « compatible avec la laïcité » en demandant même une « clarification législative ».
Monsieur le Maire, J’espère par ce geste et par ce courrier avoir attiré votre attention face au « nihilisme » qui nous entoure en ce début du XXIème siècle où Noël se réduit peu à peu à une grande fête consumériste. C’est pourquoi, je caresse l’espoir, à l’image de notre proche voisin la principauté de Monaco, qui a organisé cette année un magnifique chemin des crèches, que les Beausoleillois puissent avoir aussi la joie de découvrir l’an prochain au moins une crèche, peut-être provençale, au sein de leur mairie. Dans l’avenir, nous pourrions aussi proposer dans les écoles de notre commune, un concours des plus belles crèches… Les petits comme les grands seront ravis de cette initiative, j’en suis persuadé.
Monsieur le Maire, permettez-moi de vous souhaiter (avec les élus de la Ligue du Sud) ainsi qu’à l’ensemble du personnel de la mairie et à tous les Beausoleillois, un joyeux Noël 2015."
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SOS Chrétiens d’Orient : « Nous apportons un message d’espoir et de paix »
Quatre jeunes hommes et femmes de SOS Chrétiens sont depuis quelques jours au Liban, en Syrie et en Jordanie pour soutenir les populations locales, en particulier les réfugiés chrétiens qui ont fui les combats de l’État islamique. Ils ont confié à Charlotte d’Ornellas le sens de leur mission et leurs actions concrètes sur le terrain. Un témoignage brut, poignant et sincère.
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L'AF Bordeaux dans les rues de Bordeaux pour Noël !
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Un système financier propre à l'Eglise orthodoxe russe?
Ex: http://www.europesolidaire.eu
ll y a vingt ans, pendant l'ère Eltsine, alors que la Russie était soumise à une hyperinflation provoquée par les contraintes du FMI et la multiplication d'initiatives spéculatives provenant autant des oligarques russes que de divers intérêts financiers siégeant à Wall Street, l'Église orthodoxe russe avait présenté une proposition visant à la mise en place sous son égide de services bancaires sans intérêts.En janvier 2015, au plus profond de la crise financière, avec un rouble valant la moitié de ce qu'il valait quelques mois plus tôt et des prix du pétrole en chute libre, le Patriarcat de Moscou avait réitéré sa proposition.Son conseiller juridique Dmitri Lubomudrov avait déclaré à l'époque qu'au nom de la Russie toute entière, l'Eglise orthodoxe voulait échapper à la domination du système financier occidental, en instaurant son propre système. Celui-ci reposerait, comme celui de la banque dite islamique s'étant auto-instaurée parallèlement dans les pays musulmans pour réinvestir les pétro-dollars, sur la moralité orthodoxe et les contributions que peuvent y trouver les hommes d'affaires en quête de sécurité. Parmi ses caractéristiques, il y aurait l'émission de crédit sans intérêt et l'interdiction des investissements dans les casinos ou dans des activités allant à l'encontre des valeurs morales de l'Eglise.
Il faut rappeler qu'en Russie, celle-ci est de plus en plus présente et recrute un nombre croissant de fidèles. On peut les estimer à 70 % de la population, les athées proclamés ne dépassant pas les 10%, les musulmans pratiquant étant estimés à 20%. De plus, comme cela n'a échappé à personne, Vladimir Poutine et ceux qui se rassemblent derrière lui pour redresser la Russie, n'hésitent jamais à faire appel aux valeurs de l'Eglise orthodoxe pour cimenter l'identité de la société russe. Il n'hésite pas lui même à manifester des signes de pitié. Il est vrai que ses homologues aux Etats-Unis ont toujours fait de même concernant leur propre religion. En Europe et notamment en France, le principe de laïcité interdit de telles invocations.
La Chambre de commerce et d'industrie russe
Tout récemment, le projet d'un système bancaire orthodoxe a reçu le soutien de Sergei Katyrin, à la tête de la Chambre de commerce et d'industrie russe. Il s'est dit prêt à en discuter de façon plus approfondie. L'initiative visant à mettre en place des prêts sans intérêts présente pour lui une possibilité de réduire la dépendance de la Russie au système bancaire américano-européen, machine de guerre, a-t-il dit pour obliger la Russie à choisir le camp occidental.
Tout comme les modèles bancaires islamiques ont interdit l'usure, le système financier orthodoxe ne permettrait pas d'intérêts sur ses prêts. Les participants à ces systèmes partagent les risques, les profits et les pertes. Tout comportement spéculatif est interdit, ainsi que comme indiqué ci-dessus, les investissements dans le jeu, la drogue et d'autres entreprises qui ne respectent pas les valeurs chrétiennes orthodoxes.
Il conviendrait pour cela de créer une nouvelle banque réservant ses crédits aux opérations à faible risque, de façon à ne pas mettre en danger les fonds qui lui seraient confiés par les institutions et les épargnants privés. Cette banque viserait en priorité le financement d'opérations dans le secteur dit « réel » de l'économie, de préférence aux investissements financiers dits virtuels. Les investissements recommandés par le gouvernement bénéficieraient en premier lieu de ces financements.
Il s'agirait dans une certaine mesure de la mise en place d'une banque de dépôts finançant des dépenses constructives, se distinguant d'une banque spéculative à risque intervenant sur le marché spéculatif international. Ainsi serait recréée la distinction entre banques de dépôts et banques d'investissements à risque, que le système bancaire et financier international s'est toujours refusé à remettre en vigueur depuis l'abrogation aux Etats-Unis en 1999 du Glass-Stegall Act de 1933 imposant cette distinction.
Un certain scepticisme
Malgré la sympathie qu'elle recueille, la proposition de Finance orthodoxe éveille en Russie même beaucoup de réserves. Ne donnerait-elle pas un poids excessif à cette Eglise, au risque d'en faire le moment venu un acteur essentiel pour s'opposer à Vladimir Poutine et aux modernistes. Ceci d'autant plus qu'interpréter au regard de la morale de l'Eglise orthodoxe tous les investissements scientifiques et technologies futurs de la Russie compromettrait le rôle que celle-ci veut se donner au sein du Brics et de l'Organisation de Shanghai. Par ailleurs, le financement de grands projets par les institutions financières actuellement en cours de mise en place, notamment par l'AIIB, pourrait être jugé « non-orthodoxe ». L'exemple du détournement au profit des mouvements terroristes de beaucoup d'investissements financés par la Banque islamiste n'a rien de rassurant.
La volonté d'échapper à la tyrannie de Wall Street et à la domination du monde par les intérêts financiers transnationaux, si elle était véritablement assumée par les autorités russes, supposerait cependant que des structures bancaires et financières nouvelles soient mise en place. La tentative actuelle de créer un réseau interbancaire alternatif à Swift dominé par les intérêts anglo-saxon en fournit un exemple. Mais pour cela il faut ne pas se limiter à la seule Russie, mais intéresser un grand nombre de nations, non seulement celles du Brics mais d'autres qui dans le monde veulent s'affranchir de la domination américaine.
Ce projet pourrait alors en cas de succès intéresser un certain nombre de pays européens voulant échapper au malthusianisme imposé par l'euro ou l'Union européenne afin de retrouver un minimum de souveraineté. Nous avons ici même plusieurs fois proposé à l'initiative d'un de nos experts le projet d'un fonds européen d'investissements stratégiques capables de faire appel à l'épargne européenne sous forme d'Obligations à Durée Indéterminée. Un tel projet pourrait certainement converger avec des initiatives russes analogues. Mais en Europe la référence au Patriarcat de Moscou et de toute la Russie, selon le nom qu'il se donne, pourrait inquiéter beaucoup de petits et moyens épargnants dont les valeurs morales ne seraient pas pour autant discutables au regard d'une conception plus universelle de ce que pourrait être la morale.
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Que cache la polémique des crèches ?
Libre Journal des Débats du 23 décembre 2015, dirigé par Charles de Meyer surRadio courtoisie présenté par Charles de Meyer avait pour thème :
"Que cache la polémique des crèches ? De la laïcité à la haine se soi."
Invités :
- Charlotte d'Ornellas (Boulevard Voltaire)
- Hubert Champrun (Monde & Vie)
- Michel Janva
Pour (ré)écouter l'émission :
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À propos du "catholicisme avancé" - faits et hypothèses
Il existe incontestablement un "style", un "ton", une atmosphère "catholique avancé", on pourrait aussi parler de "nouvelle culture catholique".
Je vais proposer quelques pistes pour situer l'histoire et l'actualité de ce "nouveau catholicisme". Les éléments que je présente ne prétendent évidemment pas épuiser le sujet : ils sont à croiser avec beaucoup d'autres acquis pour tenter d'obtenir un schéma explicatif complet de l'histoire récente de l'Eglise.
Je vais d'abord exposer quelques faits, qui pourront peut être apparaître assez disparates. J'essaierai ensuite de montrer que l'on peut proposer une théorisation permettant d'expliquer ces différents constats.
1 - Le dialogue et la réconciliation comme méthodes
René Rémond, ancien dirigeant national de la JEC, président de l'Université de Nanterre et du Centre catholique des intellectuels français : « Le Centre des intellectuels catholiques a d'emblée été conçu comme un lieu de rencontre, un trait d'union entre les chrétiens et les incroyants, l'intelligence et la foi. La perspective initiale était celle du dialogue, d'une confrontation qui permette de formuler le contenu de la foi en termes recevables pour des exigences intellectuelles et, inversement, de transmettre à l'Eglise les questions que les progrès de la réflexion -par exemple le développement des sciences de l'homme- peuvent poser à l'intelligence de la foi. L'intelligence devait tenir dans la culture chrétienne de chacun et dans la vie de l'Eglise une place importante (...) il ne devait pas y avoir de contradiction entre la foi et le mouvement des idées ; il fallait travailler à les rapprocher, à les réconcilier si d'aventure les hasards de l'histoire les avaient séparés ou rendus antagonistes »
2 - Un exemple : le dialogue avec la psychanalyse
L'Eglise ne pouvait par exemple rester indifférente face à l'apparition et au développement de la psychanalyse. C'est un cas complexe :
-la psychanalyse met en ordre et "rationalise" dans une certaine mesure des connaissances empiriques autour du psychisme (refoulement, sublimation), ce que les directeurs de conscience ne peuvent négliger ;
-mais elle se pose aussi en quelque sorte en "concurrente" vis à vis de la direction de conscience ;
-elle prend par ailleurs des formes mondaines et dilettantes peu défendables ;
-enfin elle envahit la vie quotidienne (médecine scolaire, médecine du travail, vulgarisation par les médias), son usage est alors parfois purement idéologique (les problèmes les plus divers sont transmutés en "complexes" ou en "problèmes personnels").
Effectivement, l'Eglise va approcher très tôt, dès le début de son institutionnalisation en France, le monde de la psychanalyse. Des religieux prédisposés par leur formation (psychologie ou médecine) à aborder ce domaine participeront à des colloques, séminaires, revues de psychanalyse. Un espace de dialogue très étroit (cela concerne peut être une trentaine de personnes) entre le catholicisme et la psychanalyse va se constituer. Une sorte de petite avant garde de la nouvelle cure des âmes, si l'on ose dire.
Quels vont être les résultats de ce "dialogue" entre l'Eglise et la psychanalyse ? C'est particulièrement difficile à estimer, car c'est très "impalpable". Il convient de distinguer les deux faces du problème : l'influence de la psychanalyse sur l'Eglise, l'influence de l'Eglise sur le monde de la psychanalyse.
1 - Il est notoire que les acquis de la psychanalyse sont mis en oeuvre depuis longtemps pour le discernement des vocations, notamment le repérage des personnalités "névrotiques".
Question beaucoup plus délicate : la morale catholique est-elle désormais teintée de psychanalyse ? On sait que les notions de faute, de culpabilité et de pêché ont été largement liquidées, du moins dans la pastorale sinon dans les textes. Il est certain que la psychanalyse a apporté une caution "scientifique" à cette liquidation et à l'aggiornamento de la morale catholique : une certaine lecture "scientifique" des actes autrefois condamnés moralement a contribué implicitement à dissoudre les prescriptions morales de l'Eglise traditionnelle.
2 - Un aspect moins évident est tout aussi important : certains groupes de psychanalystes d'avant garde ont été amenés à considérer à nouveaux frais la place de la religion dans l'histoire et à s'interroger sur les limites d'un certain scientisme. De nombreux travaux de tendance spiritualiste témoignent de cet intérêt des psychanalystes pour les religions.
3 - Le prophétisme des trente glorieuses
C'est un aspect très méconnu mais sans doute essentiel du "dialogue catholique" des trente glorieuses. Dans certains cercles de militants catholiques avancés, à l'intersection du discours économique et technocratique très optimiste des aterrennées 1960 et du syncrétisme teilhardien va se constituer une sorte de "prophétisme théologico-économique", une sorte d'apologie naïve de l'économie capitaliste et de la technocratie dont nous subissons peut être encore les effets.
Il convient cependant de préciser que les grands commis de l'Etat qui ont écrit sur ces sujets vers 1960 glorifiaient un capitalisme réglementé voire planifié et non le libéralisme mondialiste sans freins qui n'apparaîtra en France qu'avec l'arrivée au pouvoir des "cathos de gauche", c'est à dire après 1981.
Cette apologie de l'économie capitaliste et de la technocratie constitue-t-elle une étape fondatrice de ce qui deviendra quelques décennies plus tard un prophétisme économique mondialiste généralisé au sein duquel l'Eglise jouera une partition importante ? Je n'ai pas trouvé de travaux évoquant cet éventuel enchaînement, et laisse donc cette question en suspens, tout en soulignant qu'elle me semble fondamentale.
Dans le monde rural, la JAC adhérera également dès les années 1950 à un prophétisme progressiste et activiste du plus mauvais aloi. Mise en place de l'horreur de l'élevage industriel, remembrement frénétique, recherche débridée de la productivité, et donc indifférence à la souffrance animale et à la destruction de la nature : la rupture avec l'histoire organique qui sous-tendait le monde paysan et le tissu paroissial rural français va être totale. Et le monde rural ne survivra pas à cet activisme qui semble bien "branché" là encore sur l'économie mondialisé en cours d'installation...
4 - Un anticléricalisme spécifique dans l'Eglise
A l'intérieur de l'Eglise on trouve un étrange anticléricalisme rampant développé par des "laïcs avancés" qui rêvent de dicter leur conception de l'Eglise et de la place respective des clercs et des laïcs à la hiérarchie catholique.
On sait que depuis 1960 environ des "militants" laïcs ont mené une longue lutte contre l'ancienne hiérarchie catholique. Une lutte au cours de laquelle ils ont engagé tous leurs nouveaux savoirs religieux, mêlant théologie et sciences humaines.
Aujourd'hui, ces prétendants à un nouveau genre de service religieux sont confortés dans leur volonté de changement par les multiples formations à la théologie qui sont désormais proposées aux laïcs. Suite à l'effondrement des vocations à la prêtrise, de nombreuses institutions catholiques forment en effet les laïcs aux sciences religieuses. Certains ont donc développé, à l'intérieur de l'Eglise et avec les moyens de l'Eglise (formation, cours du soir) un anticléricalisme savant, un anticléricalisme "fondé" : ils alignent imperturbablement textes et références bibliques, exégétiques, herméneutiques...
Toutes ces virtuosités théologiques, liturgiques, esthétiques sont évidemment des formes discrètes de manipulation douce de l'Eglise "ancien style" et donc des fidèles "naïfs".
Ce qu'il est donc important de relever, c'est que cet anticléricalisme savant est totalement différent de l'ancien anticléricalisme "laïque". C'est de l'intérieur de l'Eglise et au nom d'une religion plus pure et plus savante que les fonctions cléricales classiques sont "interrogées", "mises en question"...
5 - Un énorme paradoxe du nouveau catholicisme
Le discours des nouveaux catholiques ne manque jamais d'évoquer le dépouillement, la simplicité, le retour aux origines. l'absence d'ostentation. Un peu comme si une nouvelle ère de reconquête des âmes inspirée par l'époque apostolique allait s'ouvrir.
Visiblement, cela n'a pas marché. Par exemple en France entre 1980 et 1990, 70 % des pratiquants (70 % ! ) quittent l'Eglise. Mais ce discours était-il fait pour "marcher" et pour "retrouver" réellement la ferveur et la "simplicité" de l'Eglise des origines ? Evidemment non. Sous cette rhétorique se mettait en place bien au contraire un nouveau catholicisme élitiste, anti-populaire, hautain et méprisant.
Rien n'est plus élitiste que cette littérature croisant la théologie et les sciences humaines, rien n'est plus anti-populaire que cette relégation des ornements et du décorum "sulpiciens" et leur remplacement par du mobilier design et des oeuvres d'art contemporain, rien n'est plus brutal que cette suppression des dévotions les plus traditionnelles que les croyants "simples" aimaient.
On sait que le nouveau style adopté dans l'Eglise tend à estomper l'opposition entre clercs et laïcs. Certes, mais à l'inverse il met très nettement en place de nouvelles barrières apparaissant pour le moins incongrues dans l'Eglise catholique : des barrières entre initiés et non initiés aux nouveaux cultes, à la nouvelle esthétique, à la nouvelle morale. On aboutit donc, dans les cas extrêmes, à constituer des églises de militants, pour ne pas dire de complices, desquelles le croyant "ordinaire", celui qui n'est pas un "chrétien en recherche" et qui ne connait pas les codes, est implicitement exclu...
6 - Les cathos de gauche contre le catholicisme populaire, et contre le Parti communiste
Après leur prise de pouvoir en 1981 les cathos de gauche, les bobos se sont empressés d'infiltrer et de détruire le Parti communiste. Pourquoi ?
Examinons d'un peu près l'argumentation développée par les "chrétiens de gauche" contre le communisme. C'est la même que celle qu'ils développent contre l'Eglise : critique des "appareils" et de la "bureaucratie" ! Ceci confirme donc que ces groupes développent une sorte de "nouvelle morale" anti-institutionnelle et surtout anti-populaire, qu'ils appliquent partout...
Et à ce propos, on doit considérer ceci : en France, les militants de base du Parti communiste, et même une bonne partie des cadres, n'ont jamais donné dans l'athéisme militant, ni même dans l'anticléricalisme.
Et ce sont bel et bien les "cathos de gauche" qui vont détruire le catholicisme populaire, qui n'avait jamais été sérieusement mis à mal par les communistes...
L'avant garde qui a détruit l'Eglise en France n'est pas du tout teintée de marxisme comme on l'affirme très souvent sans considérer la réalité des faits : cette même avant garde s'est en effet précipitée pour détruire aussi le Parti communiste : une avant garde qui détruit à la fois le catholicisme populaire et le communisme présente inévitablement des dispositions mentales et sociales spécifiques qu'il faudrait identifier si l'on voulait vraiment commencer à comprendre sérieusement l'histoire récente.
7 - La base "catho de gauche" dépassée par l'intellectualisation
Georges Montaron, directeur de Témoignage chrétien, ancien dirigeant fédéral de la JOC : " Il est temps de s'opposer à l'intellectualisation de l'Eglise. Quand l'Eglise catholique transforme sa liturgie pour la rendre plus proche du peuple, j'applaudis. Je n'oublie pas que j'ai dû subir, pendant près de quarante ans, la dictature du latin, langue dont j'ignorais tout et qui m'était parfaitement étrangère (...). En revanche, quand j'assiste à certaines cérémonies d'aujourd'hui où le prêtre multiplie les lectures, les commentaires, exégèses, gloses, paraphrases et autres explications de textes, dans des églises aussi dépouillées que des tombeaux, et où chacun, sans mot ni geste, s'abîme dans les réflexions les plus profondes et les cogitations les plus interminables, je me demande si l'on peut encore partager sa foi sans avoir une licence de théologie dogmatique."
8 - Saturation d'intellectualisme et retour à la tradition
On commence à saisir que, dans le nouveau catholicisme, la volonté de se distinguer des croyants ordinaires peut prendre les formes les plus paradoxales et les plus inattendues. C'est ainsi que saturés d'intellectualisation certains "croyants avancés", jusqu'alors non pratiquants ou "pratiquants distanciés" pourront se tourner, toujours par recherche d'originalité vers...le catholicisme le plus traditionnel et le plus orthodoxe. On jettera aux orties tout ce qu'on a lu sur l’exégèse, l'herméneutique, l'anthropologie religieuse et l'on retrouvera la tradition catholique. Pour un temps tout au moins, peut être jusqu'à une prochaine lubie spirituelle...
9 - Catholicisme, moralisme confus et politique
Il est certainement inexact d'affirmer que le catholicisme est exclu du monde du pouvoir en France. On peut penser au contraire qu'il est très présent. Mais sous des formes très spécifiques, essentiellement ce qu'on nomme le "catholicisme de gauche". Catholicisme activiste, volontariste, progressiste, faussement naïf. On sait que de très nombreux élus sont issus de l'Action catholique spécialisée.
On doit considérer que ce catholicisme militant qui d'ailleurs ne s'avance pas toujours sous sa véritable identité, imbibe des milieux très différents. Mais est-ce encore le catholicisme ? C'est un activisme, c'est un moralisme, ce n'est peut être plus une religion, ce n'est peut être plus qu'un discours moral fabriqué, avec des fragments de christianisme, mais pas seulement des fragments de christianisme, ce n'est peut être qu'une sorte de magma moral constitué de bric et de broc. Mais évidemment tout à fait adapté au capitalisme mondialisé.
A ce propos il est pathétique de constater que le moralisme de plomb que nous subissons, omniprésent, confus et insaisissable n'a guère été étudié sérieusement et n'a pas même reçu de dénomination claire et univoque. On gémit beaucoup sous le joug de ce moralisme fabriqué par le mondialisme, mais on ne cherche guère à l'étudier, à saisir son origine et ses caractéristiques.
10 - De l'école catho à l'école catho branchée
Il convient de ne pas confondre l'école catholique et l'école catholique avancée.
L'école catholique avancée s'oppose à la fois à l'école catholique attardée (vous savez celle où l'on apprenait le catéchisme) et à l'école laïque républicaine banale. Comment expliquer cela ? C'est que, pour le catholique avancé, l'école catholique et l'école laïque sont l'une et l'autre "dépassées", "ringardes", "vieux jeu".
Soyons attentifs : l'école laïque, républicaine et obligatoire a-t-elle bonne presse dans les groupes dominants ? Pas du tout ! Elle est implicitement raillée et moquée pour son moralisme d'un autre âge, son scientisme daté. Seuls de vieux instituteurs osent peut être encore avouer publiquement leur nostalgie de "la laïque". L'école laïque est raillée de même qu'est raillée et moquée l'école catholique "à l'ancienne".
Que se passe-t-il donc ? Les catholiques avancés, en compagnie d'autres groupes, sont à la recherche de l'école et de la morale adaptées au mondialisme et renvoient l'école catholique et l'école laïque à leur provincialisme, à leur passéisme, à leur moralisme naïf. On est passé à un schéma comportant trois acteurs :
-l'école catholique traditionnelle
-l'école laïque
-la nouvelle école catholique avancée, l'école "cathos de gauche"
L'école catholique et l'école laïque "du passé" se trouvent ainsi surplombées par un autre type d'école, par de nouvelles conceptions éthiques et esthétiques répondant aux exigences du capitalisme mondialisé. La nouvelle classe mondialisée trahit à la fois la religion et la "laïcité" "à l'ancienne" en inventant de nouvelles donnes, dans l'ordre esthétique surtout.
11 - L'espace de l'Eglise d'avant garde
Il faudrait étudier comment cette appropriation de l'Eglise par des groupes sociaux acquis au mondialisme transforme, consciemment ou inconsciemment, la vision du monde de la hiérarchie catholique.
On peut penser que les campagnes des pays européens n'intéressent déjà plus une Eglise acquise au prophétisme mondialiste : à quoi bon envoyer à nouveau des missionnaires dans ces régions où ne survivent que des ploucs ruinés et désespérés, blancs et perspicaces de surcroît. Les villes "culturelles" d'importance mondiale retiennent au contraire toute son attention, ce sont les véritables "nefs" de l'Eglise branchée. Mais le plus intéressant à relever, ce sont les nouveaux lieux de culte de l'Eglise mondialiste en représentation, les nouveaux "choeurs" de l'Eglise : les tribunes des grands institutions internationales.
12 - Une tentative d'explication
Nous avons réuni un certain nombre de faits, il faut tenter d'avancer maintenant un schéma explicatif général.
La "nouvelle Eglise" semble issue de la rencontre, dès avant 1950, entre une "avant garde intellectuelle" du bas-clergé, inquiète et mal placée, surtout constituée d’aumôniers des mouvements d'Action catholique, cherchant à adapter la fonction cléricale aux nouvelles donnes de la société et des groupes sociaux ayant des dispositions mentales analogues, "avancées". Clercs et laïcs "avancés" vont confronter leurs visions critiques de l'Eglise et leurs revendications et les nouvelles conceptions du catholicisme vont émerger de ces rencontres.
1 - L'Eglise deviendra d'abord dans les années 1950 une église de militants. De militants activistes méprisant les "attardés". On n'insistera jamais assez sur ce point. Les militants de l'Action catholique vont "foncer" avec un optimisme déroutant dans les domaines les plus divers, rompant en quelques années avec toute la tradition donnant la primauté à la contemplation et à la voie mystique... La rupture fondamentale est sans doute là. Faut-il ajouter qu"ils vont foncer sous les ordres du capitalisme mondialiste en cours d'installation ? J'aurais tendance à le penser.
2 - En ce qui concerne le sommet de la hiérarchie de l'Eglise, les intellectuels issus de la mouvance personnaliste vont occuper après Vatican II les positions essentielles dans l'Eglise et dans le monde des médias, de la presse et de l'édition catholiques.
3- Mais cette "ancienne avant garde" consacrée par l'Eglise installée va se trouver à son tour rapidement dépassée et "ringardisée". L'ancienne avant garde personnaliste a investi l'Eglise, mais dès que ses exigences sont devenues la norme, d'autres revendications se sont profilées à l'horizon, en particulier dans le domaine esthétique.
L'activisme ayant joué son rôle, l"éradication du catholicisme rural et populaire, l'Eglise a été quasiment accaparée par un nouveau groupe social.
En un mot, on pourrait dire que l'on est passé après 1980 de l'activisme et du personnalisme à l'esthétisme.
Les mentalités étranges qui sont alors apparues dans l'Eglise vers 1980 chez nombre de croyants des grandes villes et chez beaucoup de prêtres ne les croisent-on pas aussi hors de l'Eglise ? Ne sont-elles pas spécifiques de certaines populations urbaines qui, précisément, se disent et se pensent "avancées " ?
Mais oui : les mentalités des "nouveaux catholiques" actuels évoquent irrésistiblement les mentalités développées dans le monde "arty" et "bourgeois bohème". Ce sont les mêmes dispositions mentales qui sont investies là dans la religion, ici dans l'art : refus du commun, recherche de l'originalité, calculée et stratégique, goût pour la "provocation", mépris des gens simples.
C'est donc bel et bien l'apparition d'un nouveau groupe social, d'une "nouvelle bourgeoisie" qui explique ce processus de distanciation appliqué au catholicisme, mais aussi à d'innombrables domaines, en fait à tous les domaines. Les "nouveaux bourgeois" ne réservent pas leur attitude sceptique et distante au catholicisme : ils la mettent en oeuvre aussi dans les domaines dans l'art, dans leur style de vie, dans la politique...
Cette nouvelle mentalité n'est pas facile à décrire en quelques mots : c'est un mélange inédit d'assurance, d'opportunisme, d'hypocrisie, de masochisme, de mépris des classes populaires... Distanciation, esthétisation, ironisation, dilettantisme, provocations... Ces jeux autour et "au dessus" du catholicisme seront sans fin, le refus du sérieux étant constitutif de la mentalité de cette classe.
4 - Un processus de prises de distances avec l'Eglise traditionnelle semble donc irrémédiablement installé.
Ce processus de distanciation est un processus de fond qui touche tous les domaines de la vie religieuse et qui prend toujours plus d'ampleur, on ne peut donc essayer de le schématiser en quelques lignes. On peut seulement évoquer quelques grands faits évidents :
-la distanciation face aux pratiques de dévotion "populaires" (récitation du chapelet, pratique des ex-voto) ;
-la distanciation face à la littérature édifiante ou hagiographique (ouvrages de piété, vies de saints "naïves") ;
-la distanciation face à l'esthétique traditionnelle de l'Eglise (ornements, mobilier d'église) ;
-l'intégration des sciences humaines aux données traditionnelles de la foi :
-d'abord le personnalisme,
-puis les disciplines universitaires, les sciences humaines proprement dites (anthropologie, sociologie, linguistique, psychanalyse).
On voit que l'on a ainsi une sorte d'arborescence de nouvelles conceptions de la foi et de nouvelles pratiques religieuses à partir du fond historique du catholicisme, un développement de nouvelles conceptions du catholicisme en ombelle à partir de sa tige historique, si l'on préfère cette autre image botanique.
C'est donc l'apparition d'un nouveau groupe social développant des dispositions mentales très spécifiques (vision distanciée, sceptique, ironique, blasée du monde), parfaitement adaptées au fonctionnement du marché mondial, qui explique en grande partie l'histoire récente de l'Eglise. L'apparition de ce groupe et la généralisation de ces dispositions mentales ont évidemment elles-mêmes des causes profondes. Mais il s'agit là d'un autre sujet.
Jacques-Yves Rossignol
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Baroin et l'AMF : le renforcement d'un anti catholicisme primaire, une mauvaise réponse à l'islamisme violent
Le père Matthieu Rougé,curé de Saint-Ferdinand-des-Ternes à Paris et ancien responsable du service pastoral d'études politiques, répond aux questions du Figaro :
"Que penser de la polémique suscitée par le vade-mecum de l'association de l'Association des maires de France qui estimait en novembre dernier que «la présence de crèches de Noël dans l'enceinte des mairies [n'était] pas compatible avec la laïcité»? On a l'impression que ce débat revient chaque année…
Il y a une dizaine d'années, on s'en était pris aux sapins de Noël. Mais certains esprits éclairés ayant expliqué qu'ils constituaient la rémanence de cultes druidiques, ils avaient perdu en quelques jours leur caractère attentatoire à la République! Comme si le culte druidique, en tant que culte, était moins contraire à la laïcité que le culte chrétien…
Beaucoup de responsables publics semblent en fait ne pas concevoir d'autre réponse à l'islamisme violent que le renforcement d'un anti catholicisme primaire. C'est pour le moins une erreur d'appréciation sur notre culture et sur le cœur de l'homme. Dans l'espace public, les crèches disent sur un mode accessible à tous, et qui n'est pas immédiatement confessionnel, la beauté de la vie et de l'accueil, réalités salutaires dans un temps de violence et d'exclusion. Dans le «vademecum» de l'AMF, il y a une recommandation encore plus choquante: la consigne stricte pour les élus de ne jamais manifester leur foi, par quelque geste que ce soit, dans le cadre public.
En quoi la neutralité de l'Etat serait-elle remise en cause par le fait que certains élus soient sereinement et ouvertement croyants, à partir du moment où ils prennent soin de tous avec équité? Une telle idéologie antireligieuse est en réalité d'une grande violence. J'ai célébré en novembre les obsèques d'un jeune homme assassiné au Bataclan. Le jour de son enterrement, le maire local, catholique mais très attentif aux différentes communautés religieuses de sa commune, a participé à l'émotion et à la prière de tous avec ferveur et simplicité. Pendant que nous chantions le Notre Père de tout notre cœur, je me suis dit: «faut-il avoir l'esprit épais et le cœur sec pour penser qu'il y aurait là une atteinte à la juste laïcité».
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Exclusif Salon Beige : les voeux de Noël de Hollande et Valls aux Français
Le Premier ministre britannique a moins de complexe :
"[...] nous célébrons la naissance du Fils unique de Dieu, Jésus Christ - le Prince de la Paix. Comme un pays chrétien, nous devons nous rappeler ce que représente sa naissance: la paix, la miséricorde, la bonne volonté et, surtout, l'espérance. Je crois quenous devrions également réfléchir sur le fait que c'est grâce à cesimportantes racines religieuses et ces valeurs chrétiennes que la Grande-Bretagne a eu un tel succès chez les personnes de toutes confessions et rien d'autre. [...]"
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JT du jeudi 24 décembre 2015 - Les origines de Noël