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Fin des quotas laitiers : Philippe Loiseau dénonce cette politique criminelle (26/05/16)
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Ne jamais capituler face aux bolcheviks
En 1920 un vieux médecin russe réfugié en France, aujourd'hui oublié, le disait déjà : "la Révolution, c'est une psychose à répétition".
Depuis bientôt un siècle les psychotiques répètent, parfois dans le vide, parfois dans le sang, les mêmes actes, les mêmes grimaces ou les mêmes crimes, tout en prétendant toujours faire du neuf avec les mêmes vieux matériaux. La violence vient d'eux, mais ils prétendent exercer le monopole du droit de la dénoncer. Ne sont-ils pas supposés incarner le "camp de la paix"?
À noter que plus de 350 blessés chez les forces de l'ordre, cela ne semble émouvoir ni les politiciens ni les journalistes et cela laisse impunie la prétention de dénoncer une violence… "policière"
Le conflit actuellement en cours a démarré le 9 mars.
Pendant quelque trois mois la CGT aura professé pour doctrine qu'elle exigeait le retrait pur et simple d'un texte qui, entre-temps, a été discuté et copieusement amendé au parlement, au point de le rendre méconnaissable et probablement contre-productif par rapport à la nécessaire réforme du marché du travail.
À Marseille, du 18 au 22 avril, le 51e congrès de la CGT n'a pas seulement confirmé à la tête de la centrale le secrétaire confédéral Martinez : elle a également avalisé une ligne nettement plus à gauche, plus violente, nettement plus bolchevique pour tout dire, que celle vaguement ondoyante d'un Thibault ou de la direction du PCF.
Le 28 avril le Martinez se rend place de la République pour dialoguer avec les Nuit-debout. Il y reçoit un accueil mitigé. Reprenons ici le compte rendu du "Monde" : "La foule ricane, l’adhésion n’est pas immédiate. « Je me réjouis de participer à l’assemblée générale », lance-t-il." (1) Les staliniens et léninistes d'appareil ont toujours eu du mal avec les électrons gauchistes. Ils ont même inventé le concept pour stigmatiser leurs tendances à désobéir.
Le 29 mai Martinez déclare avoir reçu la veille un coup de fil du Premier ministre : "C'est quand même mieux quand on se parle, c'est ce qu'on dit depuis plusieurs mois. " Non, assure-t-il désormais, "il n'y a pas de bras de fer" entre lui et Manuel Valls.
Le 30 mai confronté à Laurent Berger son homologue à la tête de la CGT, Martinez affirme souhaiter "rouvrir des négociations avec le gouvernement sur l'article 2 de la Loi."
Le 1er juin il déclare : "Si le gouvernement, demain, dit 'on discute', il n'y a plus de grève. Que chacun prenne ses responsabilités."
Que s'est-il donc passé dans la dernière semaine de mai ?
Il serait bien hasardeux d'attribuer au gros ramollo Hollande une tenue de route un peu ferme : en réalité c'est la société française, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont commencé à dire non aux mots d'ordre d'enfumage lancés par la CGT.
En fait, discrètement, le pouvoir a cédé sur une affaire essentielle pour la CGT : ce qu'on appelle le "statut" du cheminot, en cours de renégociation dans le cadre d'un nouvel accord d'entreprise et d'une convention de branches. Le ministre des Transports est allé si loin dans les concessions que le patron de SNCF-Mobilité – l'entreprise de transport – Guillaume Pépy, habituellement fort "consensuel" a menacé de démissionner, sans, toutefois, donner suite à sa colère.
Car les manifestations n'ont jamais fait le plein. On a cherché à faire peur aux Français avec la pénurie d'essence : les queues interminables aux pompes ont été occasionnées cette semaine-là, dans certains départements, précisément par la panique et non par le blocage des raffineries ; les pompistes en effet ont vendu entre 3 et 5 fois plus d'essence qu'à l'accoutumée. La grève des centrales nucléaires fut agitée 24 heures comme un faire-peur, etc. Et comme toujours les médias ont répété ce que disait l'AFP… Mais au bout du compte, rien n'a vraiment suivi. Les Français ne semblent pas encore mûrs pour le type de révolution genre "socialisme bolivarien" auquel aspirent tous les petits Martinez.
Ceux-ci demeurent dangereux et il convient toujours de s'en prémunir mais plus dangereux encore sont ceux qui leur ouvrent les portes, ceux qui les ménagent dans les médias, ceux qui guignent leurs suffrages en vue des élections de 2017.
N'oublions pas non plus le jeu très trouble de FO, dont on discerne mal aujourd'hui les objectifs spécifiques par rapport à ceux des staliniens de la CGT.
Le peuple français doit leur dire non mais il n'a pas besoin pour cela des mauvais négociateurs capitulards de la classe politique.
(1) cf. "A Nuit debout, les syndicats reçoivent un accueil mitigé".
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Boris Le Lay face au précipice économique: « préparez-vous ça va secouer, les confrontations seront identitaires »
Boris Le Lay estime que la loi travail est insignifiante dans l’effondrement monétaire qui se prépare et qui va entrainé la fin de tout ce que nous avons connu dans un gigantesque chaos. Dés début juin, l’État emprunte pour régler les salaires des fonctionnaires et poursuit ses dépenses non budgétées… L’achat de la paix sociale des « enclaves ethniques et religieuses », par l’État ne pourra plus être assuré qui va entrainer des explosions sociales et des conflits en cascades selon des lignes de fractures identitaires. Pourquoi les européens ne font plus d’enfants? Parce qu’ils n’en ont plus besoin pour assurer leur vieillesse, voilà la rançon des retraites… Au niveau international des États, notamment en Europe, seront happés… Ce sera le prix à payer pour une renaissance.
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Agitation sociale, hypocrisie
L'agitation des dernières semaines n'a pas l'heur de plaire aux bons républicains, qu'ils soient socialistes ou « de droite », en tout cas « tous libéraux » de coloration plus ou moins marquée, et les partisans du gouvernement actuel en rajoutent parfois dans l'indécence et, même, l'ignominie : ne sont-ce pas ces derniers qui, jadis, osaient revendiquer des positions « ouvriéristes » et se réclament encore du Front Populaire de 1936, en oubliant les conditions et les situations du moment, les grèves dures et le blocage entier d'un pays (au moment même où Hitler, de l'autre côté du Rhin, réarmait à vitesse grand V) pour obtenir des avancées sociales que Léon Blum n'avait pas promis à la veille des élections ? Sur le plan social, 1936 fut une tentative d'en finir avec 1791, avec rudesse, avec maladresse et sans doute en des temps qui ne s'y prêtaient pas vraiment (trop tard, sans doute, au regard du moment économique et de l'instant géopolitique... 1920 aurait été préférable !). Mais, si le Front Populaire fut un échec économique et prépara, sans doute, à la défaite militaire de 1940, il fut un immense espoir social et il serait dommage de le négliger : comment les royalistes qui, justement, parlent de « social » (pour ceux qui en parlent, pas forcément très nombreux...) pourraient-ils méconnaître cet aspect-là des choses ?
L'hypocrisie des soutiens du gouvernement me navre et me fâche : les entendre parler de « prise d'otages » pour signifier des grèves et des blocages de raffinerie (aussi ennuyeux soient-ils pour l'usager que je suis), ou encore évoquer « la chienlit » pour définir manifestations et syndicats m'énerve au plus haut point, pas forcément pour les raisons que l'on croit : ce que je déteste, c'est aussi cette criminalisation de toute contestation, déjà opérée au moment du débat sur la loi Taubira, et j'observe, par la même occasion, l'amnésie de certains manifestants de cette époque qui en appelle aujourd'hui à ce qu'ils dénonçaient bruyamment il y a trois ans... M. Valls emploie les méthodes qui lui ont si bien réussi en 2013, avec le consentement à peine dissimulé des partis de droite : passer en force, marginaliser les opposants et les pousser à la radicalisation (même si certains n'avaient pas besoin de cela pour être, déjà, des « radicaux »...), « rétablir l'ordre par tous les moyens », en l'occurrence « légaux », au risque d'épuiser des forces de police et de gendarmerie déjà très exposées et parfois épuisées à la veille même de grands événements sportifs pour lesquels elles seront fortement sollicitées dans la cadre de la lutte contre la délinquance et le terrorisme...
La mémoire aujourd'hui, c'est la toile qui la conserve le mieux, et les archives audiovisuelles des années passées nous rappellent les propos de M. Hollande contre l'usage du 49.3 ou ceux de M. Valls sur la contestation quand ils étaient encore dans l'opposition. Mais ces messieurs n'en ont cure, et le rouleau compresseur de « la Loi » continue inexorablement son écrasement des « acquis sociaux » au moment même où les plus riches accélèrent la course à la démesure des revenus (les leurs, en fait !) et soignent leurs actionnaires plutôt que leurs salariés, allant jusqu'à remplacer ces derniers par des robots qui, eux, ne revendiquent pas : l'entreprise Foxconn spécialisée dans la production des téléphones d'Apple va ainsi « économiser » (sic) 60.000 emplois !
Étrangement si l'on croit encore à leurs propos électoraux (ce qui n'est pas mon cas, sans étrangeté), les socialistes sont plus sévères avec les salariés, qu'ils soient de Goodyear ou d'Air France, qu'avec les grands patrons ou les représentants des multinationales qui n'hésitent plus à « se servir », entre salaires exorbitants et retraites chapeaux, et autres joyeusetés financières... Bien sûr, le gouvernement en appelle, à chaque affaire de démesure patronale ou actionnariale, à la raison mais sans y croire et sans trop presser les choses, et rien ne change en ce domaine, tandis que nombre de petits entrepreneurs, eux, ne savent pas comment finir le mois et garder à flots leur entreprise : « Selon que vous serez puissant ou misérable », dit le poète...
Tristes sires, ces socialistes ; triste République, cette oligarchie...
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Grèves SNCF, RATP, Air France… La France est au fond du trou et elle se noie !
On ne voit guère quel sera le pompier capable de la ranimer.
Vue de l’étranger, la France n’est plus seulement « le pays des grèves » mais carrément le pays des fous.Le gouvernement a cédé sur tout ou presque : les taxis, les camionneurs, les intermittents du spectacle et Notre-Dame-des-Landes. Il a promis des augmentations aux fonctionnaires, rassuré les enseignants, offert un revenu minimum aux étudiants. Il a ridiculisé le patron de la SNCF et celui d’EDF lui a claqué la porte au nez. Il a vidé sa loi Travail de ce qui pouvait encore la rendre utile à l’économie et au retour de l’emploi et, mesure ultime, François Hollande a fait hier la danse du ventre devant les maires de France et diminué de moitié la baisse prévue des dotations de l’État…
Bref, pas un jour ne passe sans que le Président le plus vilipendé de la Ve République ne distribue ses sucettes préélectorales à qui en réclame. Jovial comme une fleur de pissenlit, Hollande sème à tout vent… et récolte néanmoins la tempête !
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Politique magazine, numéro de juin : « De mieux en mieux »
Découvrez le numéro de juin !
Alors que la France s’embrase socialement ...
Politique magazine dresse un état des lieux de la politique française. La situation se dégrade de façon dramatique malgré les inlassables « ça va mieux » de Hollande. Une question : jusqu’où le pays peut-il descendre ?
Dossier
Vingt après l’assassinat des moines de Tibhirine et 100 ans après la disparition de Charles de Foucauld se pose la question de leur héritage. Un héritage qui n’est pas sans soulever des questions qui résonnent avec force dans l’actualité qui est la nôtre.
Et aussi dans ce numéro… 54 pages d’actualité et de culture !
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Toujours les mêmes
Face je perds, pile tu gagnes: la loi travail place le gouvernement Valls dans une position inextricable. Accusé par la droite d’avoir expurgé ce texte de sa substance sous la pression de son aile gauche, elle cristallise l’opposition d’une très grande majorité de Français, de tous bords. Pour autant, nos compatriotes sont tout aussi nombreux à dénoncer les violences des milices autoproclamés antifascistes et les grèves pilotées par une extrême gauche ultra-minoritaire qui prend en otage une économie française déjà bien chancelante. Soucieux comme Alain Juppé en son temps de rester droit dans ses bottes, Manuel Valls a réaffirmé sur BFMTV qu’il n’y aura « pas de retrait du texte, de l’article 2 » (portant sur la négociation dans l’entreprise et le compte personnel d’activité pour les salariés, NDLR)… mais qu’il peut « toujours y avoir des modifications (…). Il faudra modifier sans doute le texte qui va revenir du Sénat dans quelques semaines »… Sur son blogue, Marine a demandé hier au gouvernement « de retirer immédiatement la loi travail, de permettre le déblocage de la France, et de revenir devant les urnes s’il ne se sent pas capable de cet acte d’indépendance face à l’Union européenne »; quant à « certains représentants syndicalistes, qui ne représentent qu’eux-mêmes et qui sont toujours aux abonnés absents quand il s’agit de combattre les vrais problèmes (en l’occurrence l’obsession ultra-libérale bruxelloise), (ils) portent une lourde responsabilité dans le chaos que connaît aujourd’hui le pays. »
Extrémistes dont la prose délirante se retrouve parfois dans la bouche des dirigeants des partis bourgeois. Avec l’aide intéressée de leurs obligés des médias, écrits et audiovisuels, contrôlés quasiment exclusivement par de grands groupes financiers et/ou des personnalités acquises au mondialisme. A l’image du triste Laurent Joffrin, employé de Patrick Drahi qui, avec un certain retard à l’allumage, s’est fendu hier d’un article louangeur pour le pamphlet (particulièrement indigent et qui ne se vend pas) sur le programme du Front, du juppéiste Maël de Calan. Une occasion pour le patron de Libé de répéter une énième fois que le FN est « un parti nationaliste attrape-tout, sans cohérence, qui procède par anathèmes et non par propositions. » Quel mépris pour l’intelligence des Français, considérés par la Caste comme un peuple d’abrutis pour en avoir fait le premier parti de France !
Au nombre des déclarations indécentes, d’une bêtise hargneuse assez crasse, le très opportuniste président de l’UDI, béquille centriste de LR, Jean-Christophe Lagarde, s’est signalé à notre attention. Lundi dernier il affirmait sur Europe 1 que si Norbert Hofer était élu à la présidence de l’Autriche, » ce sera la première fois depuis Hitler qu’un chef d’Etat d’extrême droite est élu en Europe ». « Marine Le Pen espère être la troisième ». M. Lagarde aurait-il été plus inspiré de ne pas interrompre brutalement ses études d’histoire, ce qui l’aurait peut être dissuadé de se livrer à ce type de comparaison débile?…
Soyons juste, le très immigrationniste et communautariste Jean-Christophe Lagarde poursuit de sa haine active le FN pour des raisons objectives, qui résident certainement dans sa volonté de se maintenir à la tête de la très multiculturelle ville de Drancy. Il n’ignore peut être pas que la ligne politique du FPÖ est plus prosaïquement celle d’une droite nationale, patriote, conservatrice, identitaire… à moins d’assimiler tout réflexe patriotique aux heures les plus sombres. FPÖ qui a codirigé l’Autriche, dans le cadre d’une coalition gouvernementale pour la première fois en 1983 (avec les sociaux-démocrates du SPÖ) puis en 1986, en 2000…
Ce qui gêne M. Largarde et ses semblables, qui misent sur les électeurs de la France plurielle qu’ils considèrent comme captifs (à tort ?) pour garder postes et prébendes, c’est aussi l’image plus ou moins subliminale attachée à l’Autriche. Celle que rappelait notamment Françis Bergeron sur le site eurolibertés, un symbole de cette « Europe Chrétienne » , qui depuis Vienne, « fit face aux Ottomans, aux XVIe et XVIIe siècles, et donna le signal de la reconquête. »
Ce qui irrite aussi M. Lagarde, et plus largement une classe politicienne qui entend parachever l’avènement de l’Europe d’après, c’est « ce sondage réalisé à la sortie des urnes » signalant que « 86 % des ouvriers ont voté pour le candidat FPÖ Norbert Hofer. Pourtant, celui-ci n’obtient pas de bons résultats dans les quartiers ouvriers de Vienne, ce qui semble montrer que l’électorat originaire de pays musulmans et du Tiers-monde, qui a en partie colonisé ces quartiers, s’est mobilisé pour faire barrage à Norbert Hofer. Un échec de celui-ci à quelques milliers de voix près est la conséquence de l’immigration incontrôlée en provenance de ces pays » (Lionel Baland). Autant de signaux qu’il s’agit de dissimuler à nos compatriotes, aux Européens, mais que la présidentielle autrichienne révèle au grand jour.
De la même manière note Bruno Gollnisch, les difficultés rencontrées par le FN pour trouver des établissements bancaires acceptant de lui accorder un prêt dans le cadre des élections de 2017 (présidentielle et législatives), devraient interpeller les Français. Alors même que personne ne peut imaginer que le mouvement de Marine Le Pen n’atteigne pas l’étiage nécessaire pour obtenir le remboursement par l’Etat de ses frais de campagne, le trésorier du Front, Wallerand de Saint-Just, a expliqué au Scan du Figaro que l’opposition nationale s’est heurtée une nouvelle fois (pour l’instant) au refus des banques françaises ! « La direction du Front National a adressé une série de courriers aux banques françaises ainsi qu’à 45 banques internationales. »
Nos amis au fait des réalités le savent, ce sont les mêmes qui font en sorte le le FN ne puissent obtenir de prêts bancaires pour le financement de ses campagnes à venir (ou qui s’en félicitent), qui fustigeront la trahison, l’incohérence, le double-langage des dirigeants frontistes dans le cas ou une banque étrangère répondrait favorablement à cette demande.
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Loi Travail: en coulisses, les cadeaux du gouvernement aux syndicats (31 mai)
SNCF, RATP, aviation civile... Une nouvelle semaine de contestation contre le projet de loi Travail débute ce lundi. Pour le moment, l'exécutif promet de ne pas céder sur le contenu du texte, en particulier sur l'article 2. Et mise sur les négociations sectorielles.
Déminer, étape par étape, chacune des négociations sectorielles à l'origine de la crise sociale qui secoue le pays depuis des semaines. Tel est, aujourd'hui, le défi du gouvernement pour tenter d'en finir avec les manifestations et autres opérations de blocage contre la loi El Khomri. Il ne pouvait sans doute en être autrement, depuis que François Hollande et Manuel Valls ont tous deux exclu toute réécriture de l'article 2 du projet de loi, malgré les appels du pied de Bruno Le Roux ou encore de Michel Sapin. Pour le Premier ministre, il s'agit aujourd'hui d'une question de crédibilité. Un recul sur l'article 2 le fragiliserait sérieusement, certains estimant même qu'un tel scénario finirait par lui coûter sa place à Matignon.
La loi Travail, un moyen d'amplifier la mobilisation?
A la CGT, la très grande majorité des tracts appelant à la grève dans les différentes branches fait directement référence à la loi El Khomri. Reste que derrière cette unité de fond, les revendications divergent fortement en fonction des secteurs. "Les protestations initiées par la CGT s'appuient sur une convergence de revendications sectorielles qui n'ont rien à voir avec l'article 2 et donnent son ampleur au prétendu rejet de la loi Travail, devenue symbole des protestations", dénonce ainsi ce lundi dans les colonnes des Echos un "ténor du gouvernement".
A la SNCF, par exemple, les syndicats s'engagent avant tout dans le cadre des négociations visant à réorganiser les conditions de travail des cheminots. A la RATP, on espère plutôt l'ouverture de négociations sur les salaires, tandis que les syndicats de l'aviation civile réclament l'arrêt des baisses d'effectifs et la renégociation de leur cadre social et indemnitaire.
Peut-on, dès lors, considérer la fronde contre la loi Travail comme un prétexte pour unifier les contestations? Non, se défend auprès de L'Express Mohamed Oussedik, membre du bureau national de la CGT. "A la SNCF, on ne parle souvent que des cheminots, mais il faut rappeler que cette entreprise a un usage croissant aux CDI de droit privé. De nombreux secteurs sont impactés: l'accueil, les services, la restauration par exemple. Il faut aussi penser à l'ouverture du rail en France, qui concerne aussi bien les marchandises que le transport de voyageurs."
A la SNCF, un "putsch" gouvernemental
Au-delà de la fronde de la CGT, il semblerait que le gouvernement peut d'ores et déjà se targuer d'une réelle avancée dans le cadre des négos à la SNCF. La CFDT vient en effet de lever son préavis de grève après que la direction a présenté de nouvelles propositions. Tout s'est fait très rapidement, puisque le brouillon du relevé de propositions n'a été présenté aux syndicats que dimanche soir.
Et le gouvernement n'a pas fait dans la demi-mesure, puisqu'il a, selon nos informations, totalement repris la main sur le dossier pendant le week-end. Résultat: la direction de l'entreprise publique n'assume plus du tout des propositions qu'elle est censée avoir formulées. Une source interne parle même d'un texte qui "n'est pas conforme à (ses) ambitions".
La CFDT sort une fois de plus comme grande gagnante dans cette affaire. Contactée par L'Express, une source syndicale se félicite de propositions à même de "révolutionner le dialogue social au sein de l'entreprise". Rien que ça. Concrètement, le syndicat réformiste, dont le secrétaire national défend aujourd'hui ardemment la loi Travail, vante la possibilité de modifier le régime de travail par accord dérogatoire, "lorsque des conditions économiques locales ou sectorielles particulières le justifient", en consultant non plus les délégués du personnel mais les délégués syndicaux centraux.
"Cela obligera les syndicats à assumer de A à Z la signature de certains accords, alors que certains, comme la CGT, n'hésitent pas aujourd'hui à signer des accords sectoriels et qu'ils font mine d'être inflexibles au niveau national", lance une source syndicale. "Nous, on hésitera pas à accepter certaines concessions si elles permettent de sauver des emplois."
Une stratégie efficace?
Tout n'est pas encore joué à la SNCF. Pour le moment, la CFDT et la SNCF (ou plutôt le gouvernement) ne se sont entendus que sur un "brouillon". Le texte final sera soumis au vote le 6 juin. Et l'aval de la CFDT ne suffira pas pour obtenir sa validation. Il faudra encore glaner l'indispensable soutien de l'Unsa, qui a maintenu son préavis de grève pour ce mardi. La direction de la SNCF espère encore que le texte sera modifié en sa faveur d'ici là.
"Il n'y a pas de consigne pour lâcher telle ou telle chose (...). Ça ne se passe pas comme cela dans la réalité et il ne peut être question de méconnaître les intérêts d'une entreprise publique", jurait ce lundi encore aux Echos une source à Matignon. Le dossier de la SNCF prouve le contraire. Le gouvernement, quand il en a les moyens, n'hésite pas à intervenir directement dans les dossiers pour tenter d'enrayer la mobilisation syndicale.
Cette stratégie peut trouver à s'appliquer dans les autres entreprises du secteur public. On peut penser à la RATP ou encore aux contrôleurs aériens de la DGAC. A l'inverse, le champ d'action de l'exécutif sera sans doute plus restreint dans le privé. Exemple avec les routiers, qui craignent de voir leurs rémunérations diminuer drastiquement avec l'entrée en vigueur de la loi El Khomri. Pour calmer leur colère, le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a promis que leur régime dérogatoire ne serait pas remis en cause sur les questions salariales. Mais la CGT attend un engagement concret. "Aujourd'hui, on a juste une promesse écrite du secrétaire d'Etat. Ce n'est pas suffisant, la loi ne protège pas du tout les routiers", dénonce Mohamed Oussedik. Le gouvernement cédera-t-il aussi sur ce dossier? Contactés par L'Express, ni l'Elysée, ni Matignon, ni le secrétariat d'Etat aux Transports n'ont donné suite à nos sollicitations.Ludwig Gallet L'Express :: lien
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Journal du Jeudi 02 Juin 2016 : Social / La CGT verrouille la France
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La France otage de la guerre entre la CGT et Manuel Valls, par Guy Rouvrais
Depuis Jérusalem, Valls pense avoir le recul nécessaire pour apprécier la situation en France et la galère dans laquelle se débattent les Français, le jugement est péremptoire et le mot d’ordre impératif : « Il ne faut pas céder à la panique », a-t-il dit. Huit raffineries sur huit sont bloquées, ainsi que des dépôts de carburant, des stations-service plus nombreuses à chaque heure sont à sec, les automobilistes font des heures de queue pour trouver de l’essence afin d’aller travailler. Le mal gagne tout le pays petit à petit, les entreprises tournent au ralenti, d’autres sont contraintes d’interrompre leurs activités ? Pas de panique ! Valls aura assez de kérosène dans son avion pour s’en revenir, sa voiture de fonction ira sans problème de Roissy à Matignon toutes sirènes hurlantes.
Et ce n’est qu’un début ! Jeudi, journée nationale avec arrêts de travail et manifestations contre la loi El Khomri, à l’appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, etc. Le 2 juin, ce sera la CGT de la RATP qui lancera une grève illimitée, les habitants d’Ile-de-France ne pourront pas se déplacer ni en voiture, ni en transports en commun. Et cela avant une autre journée de mobilisation, le 14 juin, pour le même motif. Les contrôleurs aériens vont cesser le travail, les dockers cégétistes bloquent les ports. La grève est votée dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Oise, avec le risque de connaître, en plus, des coupures de courant. Mais pas de panique !
A Tel Aviv, Manuel Valls a exhorté les Français à « ne pas être dans une attitude alarmiste », lui ne s’alarme pas, car il est « déterminé à ce qu’il n’y ait aucune pénurie ». Or la pénurie est déjà là, mais à 3 000 kilomètres de Paris, c’est moins visible. S’il a fait évacuer quelques barrages, il est impuissant face à la grève dans les raffineries, sauf à réquisitionner le personnel, mais il hésite car la CGT considérerait qu’il s’agit d’une déclaration de guerre, comme si son secrétaire général, Philippe Martinez, ne la lui avait pas déjà déclarée ! Valls vient de s’apercevoir que les agitateurs cégétistes sont une « minorité » et qu’elle ne saurait dicter sa loi à la majorité. Il est bien temps de constater qu’il fait jour à midi ! Reconnaissons tout de même au Premier ministre qu’il n’a pas encore osé dire, comme François Hollande, « Ça va mieux ». Car ça va mal.
La CGT veut paralyser le pays, pris en otage entre le chef du gouvernement, qui prétend qu’il « ira jusqu’au bout » et ne renoncera pas à la loi El Khomri, et le patron de la CGT, qui entend généraliser les grèves tant que le gouvernement ne retirera pas son texte. Tout cela pour une loi croupion que personne ne soutient, ni la droite, ni la gauche de la gauche, ni les syndicats, ni le patronat, et même le ministre Macron la conteste au motif qu’elle n’irait pas assez loin. Seul le dernier carré des députés socialistes légitimistes la défend mollement quand Valls fait les gros yeux. Les victimes de ce bras de fer entre le socialiste de Matignon et le communiste de la CGT, ce sont les Français, comme toujours, qui pourtant ne sont nullement concernés par cet affrontement idéologique socialo-communiste.
Guy Rouvrais
Article paru dans Présent n° 8615 daté du 26 mai 2016