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social - Page 379

  • Heureusement, il y a l’état d’urgence?

    Le site atlantico, a mis en ligne un article intitulé « Ce bon coup de mou de l’électorat FN que viennent de confirmer les législatives partielles. » Vraiment ? Pourtant si l’on ne se contente pas de lire le titre de cet entretien avec le politologue Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion publique à l’IFOP, la réalité apparaît toute autre. M. Fourquet la confesse après quelques circonvolutions. Certes il feint de découvrir une  réalité bien établie,  à savoir que le FN  est lui aussi pénalisé dans les urnes par une abstention qui sévit particulièrement  au sein des catégories populaires. Quant aux élections législatives partielles de ce dimanche 22 mai, censées illustrer le coup de mou en question, en  Loire-Atlantique, à Nice et Strasbourg, il est finalement indiqué qu’elles se sont déroulées  respectivement dans des fiefs de Jean-Marc Ayrault,  de Christian Estrosi  et dans le centre de la capitale alsacienne. Or il en va de la sociologie électorale de Strasbourg  comme des autres  grandes  villes,  elle est structurellement défavorable au FN. Rappelons qu’à l’époque ou les classes moyennes et populaires françaises vivaient encore dans la capitale alsacienne, le FN y obtenait, dans les années 90, des scores de 20%…

    Le Républicain Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France,  s’est lui aussi  appliqué  à dénigrer le FN, à l’aune des grèves qui paralysent notre pays  et des violences  d’extrême gauche. L’opposition nationale disait-il au micro de Jean-Pierre Elkabbach,  se rendrait coupable  de ne pas dénoncer la « chienlit » (le terme est actuellement à la mode chez les députés de droite recyclant le vocabulaire gaulliste, comme l’extrême gauche se réapproprie la sémantique soixante-huitarde). Est-ce pour faire oublier qu’il a été élu face à Marine grâce aux voix socialo-communistes ?  « Il y a un parti qui est aux abonnés absents », affirme ainsi M. Bertrand, « et c’est proprement scandaleux  le Front National (…) qui normalement est le garant de l’autorité et de l’ordre (…). Cette chienlit profite aux intérêts de Madame Le Pen », dont l’intérêt n’est pas « l’intérêt national mais qu’il y ait le plus de problèmes possible (…).  « Elle ne veut pas leur (les cégétistes qui votent FN, NDLR)  faire de peine » (sic).

    Le FN dénonce bien évidemment, comme il l’a de nouveau fait hier, les « violences quotidiennes et intolérables contre les forces de l’ordre », les « blocages et grèves à répétition qui menacent à présent de paralyser le pays, l’exacerbation des tensions dans tous les domaines (…) L’action du gouvernement va contre la volonté générale : il laisse par laxisme des casseurs d’extrême gauche faire leur loi dans nos villes, il fait passer en force pour obéir à l’Union Européenne des textes comme la Loi El Khomri malgré l’opposition des Français et le caractère nuisible de cette loi (…). Par laxisme et faiblesse vis à vis des violences, par soumission à l’Union européenne, le gouvernement est donc seul responsable de cette situation multiconflictuelle. Au cœur du problème, un sérieux déni de démocratie : le gouvernement agit contre le peuple et l’intérêt général, il ne l’écoute plus. »

    Enfin, pour répondre aux affirmations de M. Bertrand sur les accointances  présumées entre le FN et une CGT dont la direction appelle  systématiquement à faire barrage au FN à toutes les élections, il y a certes des sympathisants de la CGT qui votent FN, mais ils sont plutôt moins nombreux que les ouvriers et salariés sans attaches syndicales. Le journal L’Humanité avait ainsi  publié un sondage Ifopréalisé le jour même des élections européennes le 25 mai 2014, indiquant que 22 % des sympathisants (et non des adhérents, la nuance est importante) de la CGT et 33% de ceux  de Force Ouvrière  avaient voté Front National. Un autre enquête Ifop, toujours publiée par L’Humanité, cette fois fin décembre 2015, enregistrait le fait qu’au premier tour des élections régionales 29 % des salariés se déclarant proches (mais pas adhérents) d’un syndicat avaient voté Front National (contre 32 % pour l’ensemble des salariés). Parmi eux respectivement 26%, 27% et 33% de « salariés se déclarant proches » de la CFDT, de la CGT, de FO.

    Ajoutons que si le programme du FN de défense des libertés économiques mais aussi de justice sociale et de solidarité nationale est vomi par les apparatchiks  cégéto-communistes, Bruno Gollnisch dénonce pour sa part la  politique  de sabotage de l’économie française, les lubies collectivistes, immigrationnistes qui furent, qui sont  une constante chez les dirigeants de cette centrale syndicale. Avec quelles conséquences ?  Évoquant le blocage par la CGT des  raffineries (en attendant celui de centrales nucléaires?) l’expert en économie d’Europe 1, Axel de Tarlé,  s’arrêtait hier sur les menaces du  PDG de Total, Patrick Pouyané,  « de ne plus investir dans ses cinq raffineries françaises suite aux blocages de celles-ci. »

    « Total a perdu jusqu’à 500 millions d’euros en 2013 avec ses cinq raffineries parce que l’on consomme de moins moins de carburant. Il y a trop de raffineries. D’ailleurs, il y en avait 12, il n’y en a plus que huit aujourd’hui. Sauf que Total qui gagne des milliards a décidé de maintenir ses raffineries sous la pression politique et de l’opinion publique et donc, pour réduire les pertes, Total a décidé d’investir deux milliards sur cinq ans pour les moderniser. En l’occurrence, 200 millions dans la raffinerie de la Mède dans les Bouches du Rhône ou encore 500 millions à Donges, enLoire Atlantique. L’objectif est de faire en sorte que le raffinage ne perde plus d’argent et soit une activité durablement rentable. Suite à ces mouvements, le PDG de Total a lancé hier nous allons regarder, notamment à Donges, si nous devons effectivement investir 500 millions (…). Une semaine de grèves dans les cinq raffineries Total coûte entre 40 et 45 millions d’euros. 40 millions de pertes dans une activité comme le raffinage qui est à peine rentable. »

    Jean Rouxel l’écrivait dans Les Quatre vérités hebdo, « François Hollande a été élu principalement par anti-sarkozysme, mais aussi en faisant rêver aux lendemains qui chantent, en niant jusqu’à l’existence de la crise. Son discours du Bourget était un sommet d’irresponsabilité qui ne pouvait que faire rêver ses électeurs à une revanche sociale, déjà parfaitement illusoire en 1981, mais aujourd’hui absurde et insensée. On ne peut pas à la fois flatter démagogiquement les extrémistes et prétendre mener une politique réaliste. Or, François Hol­lande a été élu grâce aux agents électoraux  des syndicats  révolutionnaires . Il est normal que ces derniers attendent leur récompense. J’entendais récemment M. Valls menacer la CGT de ne plus être représentative. C’est se moquer du monde. La CGT n’est déjà absolument pas représentative. Moins de 5 % des salariés du privé sont syndiqués. Sans l’inepte  présomption irréfragable de représentativité  que la loi reconnaît à la CGT (d’abord pour son prétendu comportement patriotique pendant la guerre  – alors même qu’elle a saboté l’effort de guerre ! –, puis pour son adhésion aux  valeurs républicaines ), tout le monde se moquerait de l’avis de M. Martinez (patron de la CGT, NDLR)… »

    « Hollande a beau être un orfèvre de la motion de synthèse, réunissant les idées les plus contradictoires, il n’est pas possible d’être à la fois un démagogue flattant l’extrême gauche et un homme d’État réaliste et courageux. Et ne pas choisir est, déjà, une façon de choisir – et même la pire façon de choisir. » Très juste. Les plus extrémistes, eux  (et ils  ne frayent pas forcément dans les rangs de la CGT), ont clairement choisi le chaos.  Le Monde rapportait   le 20 mai les propos  d’un « éternel étudiant » (sic), chef de file à la faculté de Rennes II  de la contestation contre la loi El Khomri,  le militant  d’extrême gauche  Hugo Melchior : « Pour rendre la situation intenable, il faut être prêt à créer un climat de tension maximale avec l’Etat en articulant des manifestations de masse avec une certaine radicalité comme le sabotage économique et la confrontation avec les forces de l’ordre. »  Heureusement, il y a l’état d’urgence?

    http://gollnisch.com/2016/05/25/heureusement-y-a-letat-durgence/

  • Raffineries en grève : les clefs de la crise

    Une station-service sur cinq subit une pénurie totale ou partielle de carburant. Voici les clés pour comprendre la crise.
    Combien de stations à sec ?
    Environ 20 % des 12 000 stations françaises étaient mardi « soit en pénurie complète, soit en pénuirie d'un ou deux produits », selon le gouvernement. Le moyen le plus fiable pour s'informer est de consulter la carte de l'application pour mobiles Essence ou la carte disponible sur notre site.
    Actualisée en temps réel par 200 000 automobilistes, elle indique les stations sans carburant. Seul hic : elle est incomplète. Elle ne recensait mardi que 3 608 stations, soit 30 % du parc de l'Hexagone. Par ailleurs, elle ne précise pas quel carburant manque. La page Facebook de cette même application est plus précise car de nombreux automobilistes complètent avec les noms des stations et le type de carburant.
    Combien de jours la France peut-elle encore tenir ?

    Difficile à dire. « La situation est entre les mains du gouvernement ! » affirme Emmanuel Delépine, le secrétaire général de la CGT-Pétrole, qui refuse de parler de blocage sur les sites mais d'arrêt de travail (les camions peuvent rentrer). « A partir du moment où le travail reprend, la situation peut revenir à la normale dans les trois à cinq jours », note-t-il à propos de la grève dans les raffineries. D'autre part, l'Etat dispose de stocks stratégiques. Enfin, comme le souligne Francis Duseux, le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), « tous les opérateurs ont de grosses raffineries au Benelux et au Moyen-Orient. Dans le pire des cas, on pourrait assez facilement importer, à condition que les ports ne soient pas bloqués. »
    L'Etat a-t-il le droit d'intervenir pour faire repartir les raffineries ?
    Non. « C'est illicite. Suite à la réquisition de la raffinerie Total de Grandspuits (Seine-et-Marne) en 2010, l'OIT (NDLR : Organisation internationale du travail), a demandé formellement au gouvernement de mettre fin à ces pratiques car ce n'est pas un service essentiel », rappelle Anne de Haro, juriste en droit social, par ailleurs déléguée CGT.
    Peut-il réquisitionner les stations-service ?
    Oui. Plusieurs préfectures, comme celle du Nord, de la Sarthe ou de l'Orne, le font. « C'est une manière de réguler la vente de carburant en interdisant de faire des achats démesurés, ce qui est acceptable au regard du droit », estime Anne de Haro.
    Les stations ont-elles le droit d'augmenter leurs tarifs ?
    Oui. « En France, la fixation des prix est libre. On peut vendre le litre de sans-plomb à 10 € », indique Nicolas Godefroy, juriste à l'UFC-Que choisir. Mais certaines pratiques sont interdites, comme celles du Leclerc des Côtes-d'Armor qui a conditionné le week-end dernier la vente d'essence à celle d'achats en magasin pour 60 €.
    Va-t-on vers une paralysie ?
    Peut-être. Les perturbations vont continuer dans les prochains jours. Par ailleurs, avec le blocage des terminaux pétroliers du Havre et de la raffinerie de Grandpuits, les oléoducs qui livrent le kérosène à Orly et Roissy sont coupés. Paris Aéroport assure pouvoir tenir 8 jours.

    Bérangère Lepetit : Le Parisien :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuyuEVuAZFHCLlbMjn.shtml

  • Journal du Mercredi 25 Mai 2016 : Social / Les centrales nucléaires touchées par la grève

  • L’Etat a eu deux façons "très différentes" d’aborder les deux mouvements de rue en 2013 et 2016

    Suite à la comparaison effectuée par Eric Brunet sur RMC entre la répression dont a été victime la Manif pour Tous en 2013 et le laxisme du gouvernement vis-à-vis de Nuit Debout et des manifestations actuelles, ce dernier réagit aux accusations des journalistes bobos de Libération et Marianne avec, à l'appui, de nombreux témoignages (policiers, CRS, Madeleine de Jessey, défenseur des droits) :

    "Ces dernières semaines, plusieurs policiers sont intervenus dans mon émission sur RMC pour témoigner de la mansuétude des pouvoirs publics à l’égard du mouvement des anti loi El Khomri. Je partage leur opinion. Je l’ai dit, je l’ai écrit : la réponse du gouvernement aux nombreuses violences de ces derniers mois m’a semblé beaucoup moins immédiate et nette que la repression mise en œuvre en 2013, lors du mouvement de la Manif pour tous. (...) Pour autant, Marianne et Libération ont contesté les chiffres que j’avançais, évoquant des confusions. On pourrait en débattre. En revanche, parler d’intox et de bobard me semble malhonnête.

    Pourquoi ai-je dis que durant les premières semaines du mouvement anti El Khomri, le gouvernement a été très peu répressif ? Parce que le chiffre de 193 gardes à vue seulement en date du 16 avril 2016 est ridiculement faible. Parce que le gouvernement a été beaucoup plus prompt à interpeller des Veilleurs globalement pacifistes, qui n’ont pas détruit de bâtiments publics, et dont la violence ne me semble pas supporter de comparaison avec le mouvement actuel. (...)

    Je le redis, on peut débattre de l’imprécision des chiffres que j’ai repris. Dont acte. Toutefois, il me semble difficile de contester le fait le plus important : l’Etat a eu deux façons "très différentes" d’aborder ces deux mouvements de rue en 2013 et 2016."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/05/letat-a-eu-deux-fa%C3%A7ons-tr%C3%A8s-diff%C3%A9rentes-daborder-les-deux-mouvements-de-rue-en-2013-et-2016-1.html

  • Blocage et grèves : Le moment est-il venu de faire tomber Hollande ?

  • Raffineries bloquées : et ça continue, encore et encore…

    Lundi, en fin de matinée, près de 85 % des départements de France métropolitaine étaient touchés par la pénurie.

    Et ça continue, encore, et encore… chantait Cabrel.

    Après les grèves SNCF, les voitures de flics brûlées, les militaires et les forces de l’ordre caillassés, les blocages de sites et les barrages filtrants par les chauffeurs routiers, voici les grèves dans les raffineries. Sur les huit que compte la France, six sont en grève. Une photographie de la situation lundi, en fin de matinée, indiquait que près de 85 % des départements de France métropolitaine étaient touchés par la pénurie, 800 stations-service étant à sec. Le responsable CGT-Pétrole affirmait, quelques heures plus tôt sur RMC, que rien ne « [bougerait] tant que la loi Travail ne [serait] pas retirée », précisant : « Cela va durer au moins toute cette semaine. »

    Mais attention, on va voir ce qu’on va voir ! « Il n’y aura aucune indulgence de la part du gouvernement », menace Michel Sapin. « Nous maîtrisons la situation. Nous allons continuer à évacuer un certain nombre de sites et notamment les dépôts », affirme Manuel Valls. « Le durcissement du conflit ne nous fait pas peur », renchérit Alain Vidalies.

    Mais bien sûr. On y croit, mes chéris.

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  • France-Allemagne, comparaison n'est pas raison

    Il est rarissime de trouver une publication française qui ne s'adonne pas, et ceci depuis au moins des décennies, au culte d'établir, en matière économique, sociale, et même politique, des comparaisons avec notre voisin oriental, l'Allemagne. On peut faire remonter cette dangereuse manie sous sa forme actuelle à la réunification par le chancelier Kohl de cette nation en 1990. Pourquoi dangereuse ? Pour deux raisons : systématiquement, le comparatif, sur n'importe quel sujet, conclut à la supériorité allemande et à l'infériorité française, d'abord, et ensuite parce que les rapprochements ainsi effectués ne correspondent pas à grand-chose, compte devant être tenu (ce qui n'est jamais le cas) des différences fondamentales, depuis leurs origines, entre les deux Etats. Si Ton jette un coup d’oeil sur les lamentations à propos de notre actualité sociale et sa guérilla permanente à propos de la loi El Khomry, nous lisons un peu partout que les Allemands, eux, sont des gens sages, et que tout s'y passe dans le meilleur des mondes cogestionnaires. Ce qui s'avère parfaitement faux. En réalité, les grèves, pour ne s'attarder que sur cet aspect du problème, y sont nombreuses, et bien plus déterminées et suivies que du côté occidental du Rhin. Si on se focalise sur un secteur clé comme les transports, l'aviation ou les chemins de fer allemands ont été frappés par des arrêts de travail à répétition et suivis massivement, avec au final la victoire des syndicats les dirigeant. Si l'on met en face des mouvements dans le même domaine du côté français, les grèves y ont été beaucoup moins suivies, et leurs résultats pour les salariés plutôt médiocres, voire inexistants, quand ils ne tiennent pas de l’éphémère. De manière symptomatique, nos sources d'informations ont évité avec soin de se livrer à leurs confrontations rituelles de données germano-françaises.

    Cet aveuglement face à la réalité provient du refus de partir des différences de situations quant à la pratique des rapports sociaux dans les deux pays, et cela sous leur forme moderne, c'est-à-dire depuis environ 160 ans. Paris et Berlin ont toujours pratiqué des politiques divergentes face aux syndicats. En retracer le détail alourdirait ce propos. Notons qu'en ce moment, et bien que le taux de syndicalisation en RFA soit juste en-dessous de 20 %, celui des salariés français, officiellement cité comme de 7,9 % (chiffre de 2010) ne dépasse pas en fait 5 %, et encore. Soit une différence des trois quarts. Par ailleurs, le montant des cotisations syndicales en Allemagne se situe à un niveau bien plus élevé qu'en France, et procure à l'encarté des avantages concrets notables. Signalons également qu'au cours des élections en entreprises, les non syndiqués ne participent pas au vote, etc. Et qu'en dépit des péroraisons de la CFDT, par exemple, la cogestion d'outre-Rhin n'existe pas en France, et que les textes réglementaires qui sont censés l'y introduire tournent à vide.

    Tout est à l'avenant. Depuis Clovis, fin du V, début du VIe siècle après J.C. (et même avant la France, par suite de l'organisation gallo-romaine), notre pays a toujours connu des autorités centralisatrices, maintenues par tous les régimes, et résumées par la formule « une foi, une loi, un roi », puis par la « république une et indivisible ». Cette tendance évolue vers un totalitarisme de plus en plus affirmé, sous l'hypocrisie démocratique. En Allemagne, situation exactement inverse. Les Romains, au début de l'ère chrétienne, échouèrent militairement lorsqu'ils tentèrent de soumettre l'ensemble de la Germanie. Il y eut donc celle de l'Ouest, qui devint catholique plus tard, et celle de l'Est, qui resta plus longtemps païenne, puis tourna au protestantisme. La réunification de 1990 n'a rien changé au clivage bimillénaire. Un même phénomène entraîne des réactions souvent opposées dans les deux parties du pays.

    Une France,des Allemagnes

    Cela, les pouvoirs français l'ont compris depuis longtemps (il suffit de se souvenir de Richelieu, entre autres). Mais à notre époque, il subsiste, sous une forme moins aisée à percevoir, au-delà des deux entités historiques, une survivance de la longue période de la "Kleinstaaterei", l'époque héritée du féodalisme, et qui lui survécut des siècles, où les terres germaniques se divisaient entre des centaines de territoires plus ou moins indépendants, en tout cas attachés à leurs gouvernements et leurs particularités de toutes natures. En France, on peut croire qu'il ne subsiste rien de tel. Faux. Les "Lander" de la RFA ne sont pas des "régions" de la République française. Les livres d'histoire en usage dans l'enseignement de la Rhénanie-Palatinat racontent des événements non mentionnés dans ceux de Bavière ou de Poméranie. La plupart des jours fériés tombent à des dates différentes (le 15 août est travaillé à Berlin, chômé à Munich, la pratique s'inverse le 22 novembre...). La langue officielle varie entre le nord et le sud, tel jour de la semaine ou mois porte une dénomination différente selon l'endroit où vous vous trouvez, ainsi le samedi ou le mois de janvier, etc.), chose impensable sur les bords de la Seine ou de la Garonne.

    Folklore pour touristes que tout cela ? Faux. On le constate en économie. Prenons ainsi Airbus. Combien de fois on a vu des délégations françaises partir pour Bonn, après 1990 pour Berlin, y trancher des problèmes, et uniquement y perdre leur temps ; car ce n'est qu'en Bavière que le sort d'Airbus peut se discuter avec l'Allemagne. Et ainsi de suite. Des décisions prises uniquement au niveau parisien en France sont très souvent adoptées au plan "régional" en Allemagne. C'est comme cela, et rarement intériorisés par les responsables français concernés. En matière culturelle, il en va de même. Voilà pourquoi dans quasiment tous les domaines, comparer nos deux pays, non seulement ne sert à rien, mais amène à de graves erreurs. Aujourd'hui comme hier, sauf que les conséquences de ces interprétations erronées empêchent des démarches communes, quand elles ne suscitent pas des oppositions parfois feutrées, plus souvent publiques et préjudiciables aux deux populations, en une période pleine de dangers.

    Nicolas Tandler Rivarol du 19 mai 2016

  • Nuit debout, phénomène parisien à l'avenir incertain

    Né de la colère contre la loi travail, Nuit debout attirait à ses débuts des foules enthousiastes sur la place de la République à Paris. Deux mois plus tard, le mouvement, qui n'a essaimé ni en banlieue ni en province, se cherche un avenir.
    Dimanche dernier, ils étaient encore plus de 1.500 réunis place de la République, certains pour refaire le monde, d'autres pour profiter du concert gratuit du groupe de reggae Danakil ou, dans l'après-midi, pour assister à une nouvelle prestation de l'"Orchestre debout". Mais la semaine, l'engouement n'est plus au rendez-vous.
    Pour Nicolas, 32 ans, qui vient "de temps en temps prendre le pouls", "la place publique est faite pour discuter, créer un lieu de débat". Mais quand bien même "le débat c'est intéressant, s'il ne mène pas à une action, ça ne sert à rien", ajoute cet informaticien dans une ONG.
    "C'est un processus qui se construit, petit à petit", nuance son ami Simon, 31 ans, entrepreneur salarié à Lille, venu observer le phénomène parisien.
    Né le 31 mars, au soir d'une manifestation contre la loi travail, Nuit debout a suscité énormément d'espoirs, brassant plusieurs milliers de personnes. L'opinion publique a semblé au départ soutenir le phénomène, mais les images de violence et de dégradations relayées par les médias l'ont terni.
    Aujourd'hui, deux tiers des Français pensent que le mouvement va s'épuiser rapidement, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié la semaine dernière.
    "Une part considérable des débats en cours porte précisément sur les limites du mouvement, et sur la façon de les dépasser", écrivaient plusieurs intellectuels, dont Frédéric Lordon, figure "deboutiste", dans une tribune publiée dans Le Monde début mai.
    Au centre des interrogations, selon eux: "Comment mieux s'associer avec les syndicats et la classe ouvrière" ou comment mobiliser ceux qui sont "en butte à la ségrégation sociospatiale et au racisme". Des questions pour l'instant sans réponse.
    - "Petite bourgeoisie" -
    D'après une étude menée par le collectif "Sciences sociales debout", le participant "type" à Nuit debout est un homme, trentenaire, plutôt parisien, plus diplômé que la moyenne, mais souvent sans emploi. Des "individus de la petite bourgeoisie blanche urbaine appartenant souvent à la fonction publique ou aux milieux culturels et étudiants", résumait le philosophe Geoffroy de Lagasnerie dans une tribune publiée par Le Monde le 28 avril.
    "Pour les jeunes d'ici, Nuit debout c'est un truc de classes moyennes supérieures qui ne leur parle pas", estime un cadre au conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
    "Sur le fond, on est d'accord" avec eux, nuance Mohammed Mechmache, porte-parole d'ACLeFeu, association née à la suite des émeutes en banlieue de 2005. Mais à quelques kilomètres de la capitale, les habitants des quartiers populaires ne vivent pas la même réalité: "On est dans un état d'exception permanent: on est les premières victimes des violences policières, des contrôles au faciès, on subit discriminations et précarité depuis 30 ans."
    Constat aussi amer en province. Alors qu'ils étaient un millier le premier jour à se réunir dans le centre-ville de Grenoble, où un campement permanent avait été dressé, ils n'étaient plus que 200 cette semaine. En assemblée générale, les militants ont finalement voté le démantèlement du campement.
    "Je suis incertain sur les petits feux qui peuvent être des feux follets, dans lesquels on refait le monde", estime un militant écologiste de la première heure, tout en saluant "une bonne école populaire pour une frange de la population".
    Si son avenir reste imprévisible, Nuit debout aura fait émerger deux personnalités, jusqu'alors peu connues du grand public, l'intellectuel Frédéric Lordon et le journaliste François Ruffin, auteur du film "Merci patron". Ce dernier espère qu'"un mouvement populiste de gauche" se créera, pour "répondre à la colère". Pour lui, Nuit debout est "une étape sur un chemin".

    Le Parisien :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuyFlFyFApPJaIqaBv.shtml