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social - Page 452

  • Une France qui sacrifie sa jeunesse

    La France est pour une fois sur la première marche du podium, celui du classement des inégalités de générations. Elle a sacrifié sa jeunesse plus que n’importe quelle autre société développée, comme le démontre l’étude des niveaux de vie.

    Niveau de vie selon la génération: le cas alarmant des jeunes Français – Écart de niveau de vie par rapport à la moyenne (à caractéristiques des ménages équivalentes) en %.

    En sciences sociales, cet indice, construit à partir du revenu net après redistribution (donc après impôts et droits sociaux) et rapporté à la taille du ménage, est l’aune à laquelle se mesure la progression du confort dans une société.

    Le niveau de vie relatif des trentenaires a perdu 17%

    Comme nous avons pu le relever dans nos travaux « Generational Inequalities and Welfare Regimes », parus en juin dans la revue Social Forces, depuis 1984, en France, par rapport à celui des sexagénaires, le niveau de vie relatif des trentenaires a perdu 17 %. C’est là un effet de génération. *

    En 1980, les sexagénaires étaient une génération sacrifiée, qui avait 20 ans lors de la crise des années 1930, et leurs trentenaires une génération dorée, née vers 1950. La malchance a changé de camp : nos sexagénaires, nés avant 1954, ont eu 20 ans dans une période d’expansion exceptionnelle.

    Si la génération née en 1975 avait eu la chance de suivre la tendance de croissance exceptionnelle dont ont bénéficié les cohortes nées entre 1920 et 1950, ils bénéficieraient d’un niveau de vie 30 % plus élevé.

    Cet écart, qui mesure le fossé entre générations, est un résultat exceptionnel, nettement au-dessus du pays qui se trouve en deuxième position de ce classement international, l’Espagne, située à 24 %.

    Dans une société française qui continue de s’enrichir, les nouvelles générations de quadragénaires ne progressent pas. Cette redistribution entre les classes d’âge est sans pareille, même si les pays du sud de l’Europe ne sont pas si loin. Dans l’Europe méditerranéenne, dans ces pays champions du chômage des jeunes, les nouvelles générations sont en mauvaise posture.

    A l’opposé de ce classement, les pays anglo-saxons et nordiques ne connaissent pas de telles inégalités : chaque génération a bénéficié par rapport à la précédente d’un même rythme de progression, selon un processus de croissance pensé par le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), où les successeurs font mieux, mais seront dépassés par leurs propres puînés. Même en Allemagne, dont les microjobs précaires et les nano-salaires sont dénoncés, la réalité est meilleure que celle des jeunes Français.

    Une situation plus dégradée pour chaque nouvelle génération

    Où que l’on regarde, la situation socio-économique française inquiète : de haut en bas de la pyramide des âges, un espace béant s’est formé. Mais chaque nouvelle génération se retrouve devant une situation encore plus dégradée. Avant même la récession de 2008, leur situation était déjà difficile. Il ne s’agit pas simplement du risque de chômage, du statut indécent des stagiaires, de la précarité rampante, qui deviennent à un moment ou l’autre le lot général.

    Nous voyons surtout la baisse des salaires nets subie par les nouveaux entrants, dont l’ancienneté future ne permettra jamais de remédier au choc initial. L’expansion des niveaux de diplômes a créé une génération identifiée à la classe moyenne supérieure, mais dont le revenu glisse sous celui des classes moyennes inférieures de la génération de ses parents. Cette nouvelle génération vit une tendance montante de déclassement économique.

    Un déni français de la réalité

    Le diagnostic français a été maintes fois démontré, mais il a fait aussi l’objet d’un profond déni : trois registres de dénégations ont permis de ne rien en faire. Certains posent que, puisque les jeunes sont flexibles, ils rattraperont leurs difficultés en vieillissant.

    Ensuite, les détracteurs de la thèse générationnelle ont affirmé aussi que, avec un rythme séculaire de 2 % de croissance par an, il n’y aura pas de problème de retraite en 2050. Le troisième argument estime que l’enjeu central n’est pas l’inégalité entre générations mais entre classes sociales ou niveaux de diplôme dans une génération : peu importe la paupérisation de la jeunesse en regard de l’explosion supposée des inégalités parmi les jeunes. Ces trois arguments sont battus en brèche par la comparaison.

    Les plus récentes, menées au Luxembourg Income Study (un centre mondial d’analyse des inégalités), permettent même d’ajouter des pièces centrales au puzzle français du sacrifice des jeunes générations. Nous pouvons ainsi comparer les cohort bumps, ces « dos-d’âne » qui opposent les générations chanceuses aux autres, et en repérer la permanence.

    Immigré? Une perte de revenus de l’ordre de 15%

    De ce point de vue, la France est le cas extrême, où les différentes cohortes semblent ne pas être du même pays. La comparaison à profil d’âge, de sexe, niveau de diplôme… identiques montrent que le fait d’être immigré en France implique une perte de revenu de l’ordre de 15 % ; c’est l’ampleur de la discrimination française à l’égard des étrangers. Elle est inférieure en intensité à la discrimination générationnelle subie par les cohortes nées en 1970 par rapport à celles nées dans les années 1940. Autrement dit, les jeunes générations françaises sont comme étrangères à leur pays.

    La comparaison montre aussi l’effet de cicatrice au bout duquel le chômage et la précarité des vingtenaires se transforment en bas salaires à vie, en retraites plombées au-delà. La société française, comme les autres sociétés méditerranéennes, ne se contente pas de sauver le confort des seniors d’aujourd’hui au prix de difficultés d’intégration de sa jeunesse, elle l’organise de telle sorte que les ressources perdues à l’entrée dans la vie adulte ne se rattrapent pas.

    Les pays nordiques et anglo-saxons montrent plus de capacités de rattrapage. La résilience nordique, liée à une tradition de sécurisation flexible des parcours de vie, contraste avec la rigidité des destins assignés avant la naissance. Le passage de la croissance rapide des « trente glorieuses » à la stagnation n’est pas une spécificité française.

    Ce qui change est bien la façon dont l’expansion et la crise ont été partagées par classes d’âge. Naguère, en 1979, le bachelier de deuxième génération gagnait plus que son père au même âge. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Un nombre croissant de diplômés se partagent un nombre stagnant de positions sociales confortables, dont le niveau de rétribution nette décline. Telles sont les désillusions d’un progrès disparu.

    Un déclin du niveau de vie comparé à celui des seniors

    Enfin, sur trente ans, et c’est là l’aspect le plus surprenant de la comparaison, la société française n’est pas marquée par une croissance sensible des inégalités de niveau de vie à l’intérieur de chaque génération. La France fait exception à la tendance de l’explosion des inégalités de revenus après redistribution. Les pauvres des années 1980 étaient les seniors ; depuis, l’explosion de la pauvreté est moins évidente que sa concentration sur des classes d’âge plus jeunes, et le phénomène s’est encore amplifié depuis la crise de 2008.

    L’enseignement français de la crise, nous le savons au travers des enquêtes européennes sur les revenus et les conditions de vie (Statistics on Income and Living Conditions) de 2005 à 2012, est que les grands gagnants de la récession sont dans la classe d’âge des 60 à 70 ans.

    Mais ce phénomène de déclin du niveau de vie des jeunes comparé à celui des seniors n’est pas circonscrit aux moins diplômés, contrairement aux idées reçues. Les bacheliers sont maintenant au centre de cette spirale de perte de statut : naguère plus proches des diplômés du supérieur et maintenant de celui des sans-diplôme, leur dynamique est la plus inquiétante.

    La dérive est moins celle des sans-diplôme qui ont bénéficié de redistribution plus ciblée que celle des titulaires du seul bac. C’est à ce niveau que la pénurie d’emplois qualifiés s’est le plus fait sentir, avec des effets délétères pour les classes moyennes.

    Une jeunesse écartée du travail valorisant

    Cette comparaison apprend plusieurs choses. La protection offerte aux insiders – « les favorisés » – disposant d’une longue ancienneté par le modèle d’État-providence social-conservateur français a durablement écarté sa jeunesse du travail valorisant. Elle a transformé ses générations de jeunes chômeurs en travailleurs adultes privés d’au moins 20 % de leur pouvoir d’achat dans un contexte de crise du logement. Aucun pays n’est allé aussi loin que le nôtre dans cette maltraitance des nouvelles générations.

    Un paramètre explicatif central de l’échec des pays du Sud vis-à-vis des jeunes générations est le chômage des jeunes, mais il ne suffit pas. Le reflux des investissements productifs lorsqu’une génération a 25 ans est un bon prédicteur de son infortune future.

    Les pays nordiques et les pays anglo-saxons, spécifiques par leurs régimes sociaux-démocrates d’un côté, économiquement néolibéraux de l’autre, ont trouvé de meilleurs équilibres entre les âges. Tous ont préféré l’extension de l’investissement, s’il le faut au prix de plus d’inégalités, pourvu que le chômage des jeunes soit jugulé. La priorité a été mise dans le travail et l’avenir, plutôt que dans les droits liés à la séniorité, la protection des inclus, et l’intangibilité des retraites.

    L’Allemagne, censée partager le même modèle que le nôtre, n’a pas procédé non plus à cette exclusion massive. Cette divergence est telle que nos collègues internationaux spécialistes des retraites ne classent plus la France à côté de l’Allemagne dans les régimes dits bismarckiens, mais avec les pays de la Méditerranée.

    Le Monde

  • «Cyniquement, nos dirigeants ont enterré les classes populaires»

    Dans un long entretien à FigaroVox, Christophe Guilluy revient sur le résultat des européennes et la réforme territoriale. Pour lui, la classse dirigeante n'a toujours pas pris la mesure de la crise économique, sociale et identitaire que traverse la France périphérique.
    Christophe Guilluy est géographe et consultant auprès de collectivités locales et d'organismes publics. En 2010, son livre connaissent un réel succès critique et plusieurs hommes politiques de droite comme de gauche affirment s'inspirer des analyses de ce dernier essai. Un documentaire intitulé La France en face, réalisé par Jean-Robert Viallet et Hugues Nancy, diffusé sur France 3 le 27 octobre 2013, est également très fortement inspiré de ce livre .
    FigaroVox: Votre travail de géographe a mis en lumière les fractures françaises. Que vous inspire la réforme territoriale? Après la victoire de Marine Le Pen aux élections européennes, celle-ci répond-elle aux véritables enjeux?
    Christophe Guilluy: Lorsqu'on connaît la crise économique, sociale, identitaire que traversent les catégories populaires sur les territoires de la France périphérique, ce débat médiatico-politique sur la bonne échelle régionale paraît totalement anachronique. L'ouvrier à 800 euros par mois qui habite au fin fond de la Normandie se moque de savoir si le duché de Normandie va être reconstitué.
    Après le résultat électoral du 25 mai, lancer un tel débat, c'est dire aux Français, «je ne vous ai pas compris et je ne vous comprendrai jamais!». Pourquoi 14 régions et non pas 6? Si on part du principe que pour être fort, il faut regrouper les régions, je propose de regrouper les 22 régions et d'en faire une méga région qu'on appellerait «la France»!
    Quelles sont ces fractures françaises qui minent le territoire et qui selon vous ne sont pas prises en compte par cette réforme?
    Je suis géographe, mais paradoxalement je crois davantage aux gens qu'aux territoires. Cette réforme hors-sol oublie l'essentiel, c'est-à-dire le destin des catégories populaires des pays développés dans la mondialisation. Depuis ces 40 dernières années, ces dernières sont mises à l'écart des territoires et secteurs économiques qui comptent, des zones d'emplois les plus actives.
    Dans un contexte de mondialisation, ce phénomène n'est pas propre à la France, mais touche tous les pays européens ainsi que les Etats-Unis. Aujourd'hui, pour fonctionner, «la machine économique» a besoin de cadres qui travaillent dans des secteurs de pointe et d'immigrés à exploiter dans les services, le tout réunis dans les grandes métropoles. Les autres catégories sont rejetées à la périphérie.
    Si l'on s'arrête aux critères basiques de création de richesses, c'est un système qui fonctionne puisque la France reste la cinquième puissance économique mondiale. Mais les catégories modestes, qui sont majoritaires puisqu'elles pèsent au moins 60% de la population, ne sont pas intégrées économiquement. La société se cristallise autour de cette nouvelle géographie qui provoque l'émergence de fractures politiques. La victoire de Marine Le Pen aux européennes en est la démonstration.
    Quel rôle la question de l'immigration joue-t-elle dans ces nouveaux clivages sociaux et territoriaux?
    Les logements sociaux des grandes villes se sont peu à peu spécialisés dans l'accueil des flux migratoires que ces catégories populaires, pourtant éligibles au parc social, cherchent à éviter. A la lisière des métropoles, celles-ci vivent dans des endroits moins valorisés foncièrement. Elles sont de moins en moins mobiles et quand elles sont propriétaires, la valeur de leur bien ne leur permet ni de vendre, ni d'acheter ailleurs. Dans cette insécurité sociale et économique, leur toit et leur «village» restent leurs dernières protections. Du coup, le rapport à l'autre devient fondamental. Car, dans une société multiculturelle où «l'Autre» ne devient pas «soi», les gens ont besoin de savoir combien va être «l'Autre» dans leur village. Ce n'est pas quelque chose de typiquement Français, mais d'universel. Posez la question de «l'Autre» et des flux migratoires dans n'importe quel pays, de la Chine à la Kabylie en passant par le Portugal, la réponse sera toujours la même: «je n'ai pas envie de devenir minoritaire chez moi». 
    C'est un ressort essentiel du vote FN et du vote dit populiste partout en Europe. Cela structure complètement la carte électorale et de plus en plus. L'exemple de la Bretagne est particulièrement intéressant. L'idée que les fondamentaux bretons, comme la culture catholique, protégeraient du vote FN est battue en brèche par la réalité. La conjonction de la crise économique et de l'immigration produit les mêmes effets que sur les autres territoires. En revanche, dans les grandes métropoles, le vote FN est moins important car c'est là que se trouvent les gagnants de la mondialisation. Dis autrement, le multiculturalisme à 5000 euros par mois, ce n'est pas la même chose qu'à 500 euros par mois!
    Cette réforme ne risque-t-elle pas paradoxalement d'accentuer les déséquilibres et de creuser les lignes de fracture? Ceux qui craignent un morcellement territorial digne du Moyen-âge ont-ils raison?
    Les difficultés sociales dans la France périphérique sont essentiellement prises en charge par les maires et les conseils généraux. C'est un maillage qui est encore efficace, notamment grâce à la connaissance de terrain d'élus locaux capables de faire pression au niveau national pour ramener des services publics. Dans la France périphérique où les catégories populaires se sentent délaissées, la présence d'institutions et de collectivités visibles assure encore une forme d'intégration. En toute «cohérence», avec la disparition des départements, la France des invisibles accoucherait d'institutions invisibles! La boucle serait bouclée! Derrière une réforme qui peut apparaître comme consensuelle, le projet est toujours le même: renforcer les grandes métropoles mondialisée, mais quid des autres territoires. Je pense que cyniquement nos dirigeantes ont enterré les classes populaires depuis longtemps. Peut-être ont-ils pensé qu'elles n'allaient pas se reproduire et qu'ils pourraient faire une société avec des cadres uniquement? Sauf que les gens continuent à vivre, qui plus est assez vieux. La classe politique se trouve donc confrontée à une réalité sociale imprévue et dispersée dans l'espace. N'ayant pas de contre-modèle, elle n'a d'autre choix que de booster économiquement ce qui fonctionne et de faire un peu de redistribution. Le problème c'est qu'avec la dette, cela devient de plus en plus compliqué de redistribuer et les gens commencent à manifester leur colère comme on peut le voir à travers le vote FN ou à travers le mouvement des Bonnets rouges.
    Alors, comment rapprocher les métropoles de la périphérie? Cela passe-t-il par davantage de décentralisation ou au contraire par une recentralisation?
    Face à des espaces métropolitains économiquement et politiquement riches et puissants, il faut penser un modèle économique pour les autres territoires. Mais rien ne sera possible sans un renforcement du pouvoir politique de cette France périphérique et le partage d'un diagnostic. Or, les dirigeants actuels, qui pour l'essentiel viennent tous des grandes métropoles, ne veulent pas l'entendre. Pour elles, les classes populaires ne comptent pas. Mais une situation comme celle-là ne sera pas viable très longtemps d'autant plus que ces dernières commencent à saisir qu'elles ne sont pas «quantité négligeable», mais qu'elles sont la majorité. Mécaniquement, on va donc assister à une montée des radicalités sociales et politiques. Sur le long terme, c'est jouer avec le feu.

    Christophe Guilluy

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EupkEAAFkZNIYLfthR.shtml

  • Les Bonnets Rouges comptent relancer leur mobilisation

    Lors d’une conférence de presse, jeudi dernier, les leaders des Bonnets Rouges ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation, comptant réunir toute la Bretagne. Elle est fixée le 14 juin et les lieux de manifestation seront connus le 11 juin. Ils réclament  la suppression de l’écotaxe pour les poids-lourds, la fin des distorsions de concurrence et du dumping social, le retour du département de la Loire-Atlantique au sein de la région bretonne ainsi que la relocalisation des décisions concernant les Bretons. L’annonce de la nouvelle réforme territoriale ne passe pas: « Il y a un tel écœurement aujourd’hui, on ressent vraiment de la part des gens un sentiment d’humiliation. La réforme territoriale, c’est vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. », a expliqué Christian Troadec.

    Le dossier Bretagne est loin d’être clos pour le gouvernement. Le mouvement social breton vient de trouver une autre raison de mécontentement alors que la mobilisation semblait faiblir.

    http://medias-presse.info/les-bonnets-rouges-comptent-relancer-leur-mobilisation/10995

  • Primes d’ancienneté et droits politiques

    Extrait de la revue Renaissance Catholique n° 131

    Notre pays se complaît dans les paradoxes. Ainsi la prime d’ancienneté fait partie des sacro-saints droits acquis et la jurisprudence accepte le fait que le fameux slogan « À travail égal, salaire égal » soit pondéré par la prise en compte du temps passé par chacun dans l’entreprise.

     

    La justification morale en est que si l’entreprise Dutruc est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est en partie parce que M. Dupont est présent depuis vingt ans et a, à sa place, contribué à l’existence, voire au développement, de la société. Son collègue Durand qui a été embauché plus récemment contribue de la même manière actuellement au bon fonctionnement de l’entreprise mais objectivement sa contribution dans le temps est moindre, ce qui justifie un écart de rémunération entre ces deux personnes.

    Vive la prime d’ancienneté !

    La quintessence de ce système est atteinte dans la fonction publique avec le célèbre avancement à l’ancienneté. Il apparaît ainsi légitime à tous que l’ancienneté dans une entreprise permette de bénéficier d’avantages financiers. [...]

    Jean-Pierre Maugendre - La suite sur Renaissance Catholique

  • Le système de santé est dans le collimateur du Medef

    Le Medef veut mener un nouveau combat : la rénovation du système de santé jugé peu efficient et dispendieux. Il propose une politique de contractualisation entre les différents acteurs et, surtout, de baisser les soins pris en charge par la "Sécu", grâce à une montée en puissance des complémentaires santé. 

    Chateau

    Décidément, le Medef est à l'offensive ! Après avoir attaqué le gouvernement sur le pacte de responsabilité, notamment la fiscalité pesant sur les entreprises et la « rigidité » du marché du travail, l'organisation patronale concentre maintenant son tir sur le système de santé, en particulier l'hôpital public.
    Par la voix de Claude Tendil, président de sa commission « protection sociale », le Medef considère comme "urgent" de mener une réforme structurelle du système de santé, qui ne peut, selon lui, se satisfaire de la politique de "rabot" menée par le gouvernement. Pour ce faire, le Medef a décidé de lancer une campagne d'information sur le sujet. Il a des idées très arrêtées sur ce qu'il conviendrait de faire.
    130 milliards de déficits accumulés en 30 ans
    D'abord, l'organisation patronale sonne le tocsin. "Le système de santé français, qui était considéré comme un des meilleurs systèmes au monde, est en train de se dégrader" a déclaré Claude Tendil pour qui « l'assurance maladie a accumulé en 30 ans 130 milliards d'euros de déficits, auxquels vont s'ajouter cette année 6 nouveaux milliards".
    Ensuite, le Medef fait miroiter de très grosses économies. "Nous, on pense qu'il y a assez d'argent dans le système de santé, et, s'il était mieux utilisé, non seulement on supprimerait le déficit de 6 milliards mais on dégagerait des ressources pour financer l'innovation, la recherche, le développement des industries de santé", a-t-il ajouté.
    Le système hospitalier, assure Claude Tendil, peut être réformé "sans créer de traumatismes sociaux majeurs". Le Medef précise même qu'il y aurait possibilité de dégager entre « 10 et 20 milliards d'euros en 5 ans », notamment en rationalisant la gestion des hôpitaux publics, « responsables » de 37% des dépenses de santé. Pour l'organisation patronale, l'hôpital public est trop « administré » et pas assez « managé »
    Toujours selon Claude Tendil, le Medef a la "légitimité" à s'exprimer sur la question, en tant que financeur à hauteur de "44%". "Les contributions au titre de l'assurance maladie représentent pour les entreprises une charge de 70 milliards d'euros par an".
    Pour parvenir à cette "refondation" du système de santé, le maître-mot du Medef c'est « la contractualisation ». Il conviendrait de lier sur des engagement pluriannuels la Caisse nationale d'assurance maladie et les autre acteurs de la santé, publics bien sûr, mais aussi le secteur hospitalier privé et l'industrie du médicament sur des engagements pluriannuels.
    Un ticket modérateur d'ordre public
    L'organisation patronale plaide aussi pour une « offre de soins graduée » et une véritable « médecine de parcours ». Il souhaite également "davantage responsabiliser l'ensemble des acteurs du système de santé" : professionnels de santé, organismes gestionnaires et patients… via l'instauration d'un « ticket modérateur d'ordre public »par acte et/ou par parcours de soins qui ne serait remboursé ni par l'assurance maladie ni par les organismes complémentaires (3 milliards d'euros environ économisés par an).
    Mais, surtout, le Medef propose de reconstruire l'organisation du système de santé sur trois piliers : assurance maladie, complémentaires santé et assurés, via des sur-complémentaires facultatives. 
    Les complémentaires santé devrait suppléer la "Sécu"
    Le premier pilier comprendrait un "panier de soins", c'est-à-dire l'ensemble des produits de santé et des actes curatifs ou préventifs remboursés par la Sécu. Le Medef propose de "fortement le réduire" et de le "recentrer" sur les soins et services "essentiels", ce qui représenterait 10 milliards d'économie.
    Le deuxième pilier serait un socle obligatoire pour les seuls salariés du privé au niveau d'un panier de soins supplémentaire (qui s'ajouterait au premier) défini par un accord national interprofessionnel (ANI). C'est sur ce deuxième pilier que les complémentaire santé seraient compétentes.
    Le reste de la couverture santé, soit le troisième pilier, serait à la charge des assurés qui pourraient se tourner vers des "sur-complémentaires" s'ils le souhaitent.
    Au total, selon le Medef, la mise en œuvre de ce scénario "se traduirait par une diminution des dépenses d'assurance maladie obligatoire de l'ordre de 15 à 20 milliards d'euros d'ici 2017". Surtout, pour le Medef, ce schéma aurait le mérite de conduire à une baisse des cotisations « maladie » (acquittées jusqu'à présent à hauteur de 12,80% par les entreprises et 0,75% par les salariés).
    En revanche, pour les salariés, un tel système se traduirait mécaniquement par une revalorisation du coût des complémentaires santé (individuelles comme de groupe)...

    Jean-Christophe Chanut La Tribune :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EupkpZAZlFBMhLZcHH.shtml

  • Les miraculeux emplois verts s’effondrent en Allemagne…

    L’énergie renouvelable était censée créer des dizaines de milliers d’emplois verts. Pourtant, malgré des centaines de milliards d’euros de subventions, le nombre d’emplois diminue rapidement. Sept emplois sur dix ne resteront que si les subventions continuent d’affluer.

    Les subventions des énergies renouvelables n’ont pas conduit à une augmentation significative et durable de l’emploi. Selon des chiffres récents du gouvernement allemand, le nombre brut d’emplois dans les énergies renouvelables est de 363.100 en 2013 et a diminué d’environ 7%. En comptant les salariés des organismes publics et des institutions académiques, les énergies renouvelables ont créé du travail à environ 370.000 personnes.

    Angela et le vent

    Cela signifie que seulement 0,86% environ des 42 millions de travailleurs en Allemagne sont employés dans le secteur fortement subventionné des énergies renouvelables. Une grande partie de ce travail est limité à la maintenance et à l’exploitation des installations existantes.

    Le « miracle de l’emploi vert » s’éteint. Développement de l’emploi dans l’industrie de l’énergie renouvelable en Allemagne.

    D’autres suppressions d’emplois attendues

    Dans le cœur de l’industrie, pour la production des systèmes d’énergies renouvelables, seulement 230.800 personnes occupaient un emploi l’an dernier : une baisse de 13% dans l’année, principalement due à l’effondrement de l’industrie solaire allemande.

    Il n’y a pas d’amélioration en vue, selon le rapport récent du gouvernement fédéral qui dit : « Dans l’ensemble, une nouvelle baisse des emplois sera probablement observée dans le secteur des énergies renouvelables dès l’année prochaine. »

    La grande majorité des emplois de ce secteur est encore tributaire des subventions,15 ans après le début des subventions à l’énergie verte par le biais de la loi sur les énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz, l’EEG).

    Presque aucun emploi des énergies vertes n’est financièrement indépendant

    Selon les chiffres officiels du gouvernement fédéral, 70% de l’emploi brut était dû aux énergies renouvelables (EEG) l’année dernière. Bien que ce soit une légère baisse par rapport à 2012, sept emplois sur dix dans le secteur de l’énergie-écologique sont encore subventionnés par la loi sur les énergies renouvelables (EEG).

    Environ 137.800 personnes travaillent dans le secteur de l’éolien, seul secteur de l’éco-énergie, hors géothermie, qui ait augmenté l’emploi. Environ 56.000 salariés dans le secteur photovoltaïque dépendent du paiement par l’EEG.

    Les investissements chutent de 20%

    Les subventions à la production d’électricité verte ont été payées pendant près de 15 ans et totalisent une somme en centaines de milliards, qui doit être encore payée pendant plus de 20 ans par les factures des consommateurs d’électricité. Cette année seulement, les consommateurs doivent subventionner la production d’électricité verte à hauteur d’environ 20 milliards d’euros. Un effet durable sur le marché du travail n’a rien d’évident.

    Le rapport « L’emploi brut dans les énergies renouvelables en Allemagne en 2013 », commandé par le ministère fédéral de l’économie et de l’énergie, a été rédigé conjointement par les instituts du DLR, DIW, STW, GWS et Prognos. Selon les chercheurs, la cause de la baisse de l’emploi est due à la baisse des investissements en énergie verte.

    Les investissements dans les énergies renouvelables en Allemagne ont chuté de 20%, à 16,09 milliards d’euros l’année dernière. Par rapport à l’année précédente, environ la moitié seulement des panneaux solaires a été installée en Allemagne. Les investissements dans les usines de biomasse et dans le solaire thermique ont chuté également.

    « Il ne reste rien du miracle de l’emploi »

    Les chercheurs ne s’attendent pas à ce que la production de systèmes de haute qualité en énergie verte conduise encore à un boom de l’emploi en Allemagne. Pour cette année et la suivante, ils s’attendent plutôt à une nouvelle baisse de l’emploi. Par la suite, les secteurs de basse technologie tels que « l’entretien de fonctionnement » ainsi que la fourniture de combustibles de biomasse sont attendus pour « stabiliser l’emploi ».

    « Il y a quelques années, le secteur des énergies renouvelables a été un miracle pour l’emploi en Allemagne, maintenant il ne reste rien de tout cela », a déclaré Oliver Krischer, le chef adjoint des Verts au Bundestag.

    Ce politicien vert est sceptique sur les tentatives du gouvernement fédéral qui visent à réduire la dépendance de la subvention aux énergies vertes : « Les freins à l’expansion des énergies renouvelables par le gouvernement conservateur-libéral précédent frappent maintenant fortement le marché du travail », a déclaré Krischer: « À cause de la réforme des énergies renouvelables (EEG) en cours par les syndicats et le SPD, l’industrie jeune et innovante des énergies renouvelables va perdre davantage d’emplois. »

    Au bout du compte, il ne reste aucun emploi

    Le rapport du gouvernement fédéral estime explicitement que l’« emploi brut » est créé principalement par des subventions vertes. Les mêmes subventions, cependant, ont conduit à la hausse des coûts et des pertes d’emplois dans de nombreux autres domaines, comme l’industrie lourde et le commerce ainsi que chez les opérateurs de centrales conventionnelles. Pour une analyse nette, les emplois qui ont pu être empêchés ou détruits en conséquence devront être déduits du nombre brut des emplois verts.

    Les chiffres officiels de l’effet net sur l’emploi des énergies renouvelables en Allemagne devaient être à l’origine présentés en juillet, selon le ministère de l’économie fédérale. Toutefois, la présentation a été retardée jusqu’à l’automne.

    Des chercheurs comme le président de l’institut IFO de Munich, Hans-Werner Sinn, croient que l’effet net des subventions pour les énergies renouvelables sur le marché du travail est égal à zéro : « Celui qui prétend que des emplois nets ont été créés doit prouver que le capital investi pour la production d’énergie dans les nouveaux secteurs est plus faible que dans les anciens. Il n’y a aucune indication dans ce sens. » « Il n’y a pas d’effet positif net sur l’emploi par les énergies renouvelables (EEG) », a également déclaré Sinn. « Grâce à des subventions pour des technologies inefficaces, pas un seul nouvel emploi n’a été créé, mais la richesse a été détruite. »

    Source : Die Welt 26 mai 2014 cliquez ici Traduction : Jean-Pierre Cousty pour Contrepoints.

    Et pourtant chez nous, il y a trois semaines :

    Après les 100.000 emplois promis dans les énergies renouvelables, Ségolène Royal précise que l’éolien en mer en génèrera 10.000.

    La ministre du développement durable a annoncé ce 7 mai que GDF Suez et Areva avaient gagné l’appel d’offres sur l’éolien offshore. Elle promet 10.000 emplois dans cette « filière d’avenir ». cliquez ici

    Question : Qui a dit « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » ?

    Réponse : Henri Queuille qui a dit aussi : « La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. »

    Source Vu de France cliquez ici Daniel Wetzel, depuis l’Allemagne

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/les-miraculeux-emplois-verts-seffondrent-en-allemagne_109083.html#more-109083

  • Augmentation de 25% des dépenses consacrées à l’AME

    Dominique Tian, député des Bouches du Rhône, apprend sans surprise l’augmentation de 25% des dépenses budgétaires consacrées à l’AME, aide médicale d’Etat entre 2012 et 2013 :

    "C’est ainsi 846 millions d’euros consacrés pour assurer la gratuité des soins à des personnes en situation irrégulière sur notre territoire (75 millions en 2000). Deux postes ont particulièrement augmenté, les soins de ville + 16% et les frais d’hospitalisation + 26%. L’augmentation de 10% des personnes bénéficiaires de ce dispositif depuis un an montre l’échec de la politique du gouvernement. [...]

    Cette disposition est un appel d’air à l’immigration illégale et au tourisme médical. Dans un contexte de crise financière généralisée, au moment où l’on demande à nos concitoyens de faire des efforts, il est difficile de justifier que certaines personnes ne participent pas, même symboliquement, aux efforts demandés au reste de la population. Il n’est pas acceptable qu’un travailleur sans mutuelle, qui paie des cotisations sociales obligatoires, ait une moins bonne couverture qu’un étranger en situation irrégulière."

    Michel Janva

  • Nouvelle hausse du chômage : et si on changeait de modèle ?

    Le nombre de chômeurs a de nouveau fortement augmenté le mois dernier. Il y a désormais 3.626.500 demandeurs d’emploi en France et les perspectives demeurent très sombres ; l’UNEDIC estime, par exemple, qu’il est très peu probable que la tendance s’inverse d’ici 2017. Noyée dans une actualité très riche, la publication de ces chiffres a été très peu commentée. Comme si la hausse du chômage était devenue une fatalité.

    L’origine du problème est pourtant connue. Depuis trente ans, notre pays a perdu plus de deux millions d’emplois industriels. La mise en concurrence des travailleurs du monde entier a laminé notre industrie tout en condamnant au chômage des millions de Français. Désindustrialisation et chômage sont donc étroitement liés. Si ce diagnostic est partagé, les opinions divergent quant à la marche à suivre afin de ragaillardir notre économie.

    Les tenants du libéralisme économique mettent principalement en accusation le coût du travail. Leur argumentaire est bien rodé : dans un monde ouvert, notre pays est contraint d’être « compétitif » ; pour ce faire, le rôle de l’État se restreint alors à la mise en place d’un cadre réglementaire et fiscal susceptible d’attirer des entreprises et des capitaux. C’est cette orientation politique que le gouvernement a retenue : son pacte de responsabilité, qui prévoit notamment la baisse des cotisations patronales, a pour dessein d’inciter les entreprises à embaucher.

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  • Pourquoi la colère sociale choisit-elle de voter FN plutôt qu’à gauche ?

    Première parution : Nicolas Lebourg, "Une protection unificatrice contre le libéralisme", L’Humanité, 27 mai 2014, p. 14.

    Pourquoi la colère sociale choisit-elle le FN plutôt que de se répartir entre les gauches?

    On omet à la gauche de la gauche que le libéralisme a deux composantes: l’économique et le culturel. Le Front de gauche combat le premier, mais promeut le second (humanisme égalitaire, multiculturalisme). C’est particulièrement le cas de sa composante mélenchoniste, le Parti communiste comme son électorat ayant dans leur histoire un plus grand attachement aux valeurs d’ordre. Cette ligne a toutefois été troublée par le style populiste choisi par Jean-Luc Mélenchon (par exemple, ses attaques virulentes contre les journalistes), qui, non seulement n’a pas séduit dans les milieux populaires, mais trouble son électorat de 2012 (urbains, diplômés, travailleurs du service public).

    Le Parti socialiste est perçu comme le relais français des deux libéralismes, et a rappelé, peu avant le vote, l’importance du libéralisme culturel dans son offre (relance des débats sur le droit de vote des immigrés, sur le genre ou la famille). L’Union européenne apparaît comme la parfaite incarnation des deux libéralismes, exigeant la déconstruction de l’État social, le suivisme des dogmes libre-échangistes et monétaristes, mais intervenant lors de l’affaire Leonarda pour fustiger la France.

    Or, de longue date, à chaque fois que lui a été présenté le choix entre une offre politique «euro-libérale» et une autre paraissant unificatrice et sociale, le peuple souverain a choisi la seconde. En 1995, ce fut Jacques Chirac et sa «fracture sociale» contre Édouard Balladur. En 1997, ce fut la gauche plurielle alors que la campagne d’entre-deux-tours avait vu la droite mettre en avant Alain Madelin. Si, le 21avril 2002, les Français ont envoyé Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, ils ont, bien au-delà, choisi pour plus de la moitié d’entre eux de voter pour des candidats antimondialisation. En 2005, ils congédient le traité constitutionnel européen. En 2007, ils choisissent Nicolas Sarkozy, «candidat du pouvoir d’achat», qui cite Jean Jaurès. En 2012, ils ont opté pour le candidat du discours du Bourget, celui qui disait aux voyous «la République vous rattrapera» et à la finance qu’elle était «(son) ennemi». Dimanche, ils ont choisi le FN.

    La demande sociale, depuis vingt ans, réclame une protection contre le libéralisme économique et un horizon d’attente culturelle unificateur. À force de ne pas être entendue, cette demande se radicalise en demande autoritaire. L’ethnicisation constante des représentations sociales fait le reste.

    La cote d’alerte a été atteinte lors des élections législatives partielles de 2013, où, en cas de second tour UMP-FN, de 15 à 20% de l’électorat PS a voté FN, selon les calculs du politiste Joël Gombin. Le vote FN est paru à une part de l’électorat de gauche non plus telle une trahison de sa tradition «antifasciste», mais comme constituant un aiguillon idéologique contre le libéralisme.

    Aujourd’hui, le FN apparaît capable de proposer une protection complète, son discours est celui d’un souverainisme intégral (politique, économique, culturel) qui promet à l’électeur de toute classe sociale d’être protégé de la globalisation économique et culturelle et d’avoir la jouissance tant des gains du capitalisme entrepreneurial (thème du «protectionnisme intelligent») que de la protection de l’État-providence (thème de la «préférence nationale»). Si les gauches ne redéfinissent pas leur rapport au libéralisme, elles risquent de ne jouer que les utilités en 2017.

    source Nicolas Lebourg Fragments sur les Temps Présents 

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EupEyAFEpFKLlfgEnd.shtml

  • Les femmes au travail … à tout prix ?

    Résumé d’une étude plus approfondie sur la difficile articulation travail/vie de famille et une analyse des solutions préconisées par le  ministre du droit des femmes : toutes les femmes au travail pendant que l’État s’occupe des enfants. (Accédez à l’article complet au format pdf en cliquant ICI).

    En France, 60% des femmes de 15 à 64 ans travaillent, cela correspond exactement à l’objectif préconisé par l’Union Européenne. La France se hisse ainsi aux premiers rangs dans l’UE.  De 25 à 49 ans cette proportion s’élève à 84%. De plus, notre pays est reconnu pour être celui où se conjugue le mieux l’articulation travail/vie de famille. Celui aussi où le taux de natalité est le plus élevé.

    Tout semble donc aller pour le mieux! Pas si sûr…

    Le gouvernement, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem veut atteindre, dans les dix prochaines années, les 70%  de femmes au travail. Pour commencer.

    Est-ce vraiment le souci de répondre à l’attente des femmes et d’ « améliorer leur conditions » qui dicte la politique militante du « droit des femmes » inspirant nos gouvernements?

    Certes, le problème est bien réel et justifie un plan d’action gouvernemental: question de la retraite future des femmes qui n’ont pas accumulé de points par leur travail, besoin d’autonomie, précarité des femmes abandonnées ou veuves avec enfants, difficile conciliation de la maternité et de l’emploi, problèmes de garde d’enfant, réinsertion aléatoire après une longue interruption de carrière liée à l’éducation des enfant…

    Il reste qu’il y a deux façons d’aborder ces problèmes : l’une, idéologique –autoritaire et constructiviste – L’autre, réaliste. L’une qui profite de ces difficultés bien réelles pour arracher les femmes à leur famille et à leur foyer  sous prétexte de « lutter contre les stéréotypes » en les remplaçant par d’autres comme l’égalité, entendue comme confusion des genres.

    L’autre, essayant de concilier les légitimes aspirations des femmes en respectant leur nature et en reconnaissant le service qu’elles rendent à la société tout entière par la mise au monde et l’éducation des enfants. Non pas dans une dialectique contreproductive les opposant aux hommes, mais dans l’égalité et la complémentarité avec eux.

    Chacun pour soi. L’État pour tous !

    Le travail des femmes est une histoire vieille comme le monde. Les femmes ont toujours travaillé. Il faut donc se garder du dualisme qui consisterait soit à mépriser la femme qui ne travaille pas au motif qu’elle est, au pire, une idiote doublée d’une paresseuse et d’une bonne à rien, ou au mieux, une victime enfermée chez elle par une société machiste, soit à culpabiliser la femme qui,  travaillant, est certainement une mauvaise mère abandonnant ses enfants et les promettant à la délinquance ou à la névrose.

    Si Mme Vallaud-Belkacem veut bon gré mal gré mettre les femmes au travail c’est qu’elle est convaincue, comme l’y porte la culture ambiante, de deux axiomes de base : les êtres n’ont de valeur que marchande et ne sont jugés qu’en termes de PIB, de taxes et de salaires. La femme n’a pas d’identité par elle-même et se mesure à l’aune de l’homme. Le « Droit des femmes » est d’être comme des hommes… puisque les hommes n’arrivent pas à être des femmes !

    Il s’ensuit toute une série de mesures tout juste votées ou en passe de l’être : ouverture de l’école (appelée pré-élémentaire et non plus maternelle !) dès deux ans avec la création d’un grand service public de la petite enfance qui permettra d’ « arracher » les petits à leurs parents pour en faire de bons citoyens et alignera les divers modes de garde sur un modèle facilement contrôlable ; obligation pour le père de prendre une partie du congé parental –à un âge où le petit a surtout besoin de sa mère- sous peine d’en perdre le bénéfice ; restriction draconienne du temps partiel qui jusque-là permet à beaucoup de femmes de concilier vie familiale et vie professionnelle, individualisation de l’impôt pour casser la solidarité familiale et obliger les femmes, par une augmentation d’impôt déguisée, à travailler.

    Dans son rapport commandé par NVB, S. Lemière dit que « permettre à chaque personne – homme ou femme – de rédiger sa propre déclaration favoriserait en effet un rapport individuel de chaque citoyen à l’État social. Comme l’a exposé Hélène Périvier lors de son audition : « j’ai une préférence pour un contrat social où l’on ne peut être dépendant que de soi-même (et non de son conjoint ou de tout autre personne) ou alors de l’État. Il faut un système où chaque individu soit évidemment le plus autonome mais le moins possible dépendant d’un conjoint. En cas de pauvreté, perte d’emploi, c’est à l’État d’intervenir. »

    Tout cela pour quoi ? Pour que la femme soit «  l’égale » de l’homme ? Car bien sûr, elle ne peut pas exister par elle-même, il faut toujours qu’elle se mesure à l’homme, seul étalon possible ; pour qu’elle soit « autonome » ? L’affirmation d’une personnalité autonome ne pouvant se faire qu’avec un salaire et un compte en banque ; pour qu’elle passe de la colonne statistique des « inactives » à celle, tellement plus noble de salariées ?

    L’intention est clairement affirmée : c’est  l’autonomie contre la solidarité et  l’ « émancipation » contre toute forme de protection à l’intérieur de la famille, c’est chacun pour soi, seul. On ne doit pouvoir compter sur personne, sauf sur l’État : « Le RSA comme tous les droits sociaux familialisés valorise les solidarités intrafamiliales, en particulier entre hommes et femmes au sein des couples. Il joue un rôle protecteur à l’égard des femmes inactives en couple au même titre que l’imposition conjointe et constitue par conséquent potentiellement un frein à leur émancipation par l’activité professionnelle. »

    Quant au temps partiel, S. Lemière explique avec un brin de condescendance que cette demande « est bien souvent une norme intériorisée par les femmes comme une « bonne solution » pour articuler vie professionnelle et vie familiale mais que c’est une « vision à très court terme »parce que lourde de conséquences « sur les salaires, les carrières, les retraites et l’indépendance économique des femmes ».

    En cela et dans l’état actuel des choses elle a d’ailleurs tout à fait raison, surtout si l’on se place encore dans la perspective de la femme qui n’a de valeur qu’à travers sa carrière et son indépendance économique comme nous l’avons  analysé plus haut. Elle a parfaitement raison aussi de souligner qu’à long terme, la femme qui choisit le temps partiel sacrifie sa retraite.

    Là où notre approche est différente, c’est dans la façon de traiter ce problème réel. Dans l’optique gouvernementale et, il faut bien le dire, de la culture dominante, la femme n’a rien de plus important à faire qu’une  carrière aussi belle que possible couronnée par une bonne retraite. Mais si elle trouve que sa présence auprès de ses enfants une partie de son temps est un bon investissement, et si l’état reconnaît les services rendus de ce fait à la société, celui-ci pourrait imaginer un système compensateur en terme de points de retraite qui ne serait que justice, voire même un statut de la mère de famille.

    Et surtout… des taxes pour tous.

    « Il faut avoir à l’esprit les gains considérables en termes d’activité économique et de cotisations sociales d’un taux d’emploi des femmes plus élevé ». Ainsi parlait Najat Vallaud Belkacem[1].

    En termes de cotisations sociales, oui : deux femmes qui, au lieu de garder leurs propres enfants gardent, en tant qu’assistantes maternelles, les enfants l’une de l’autre payent des taxes. Une femme au foyer ne paye pas de taxe pour tenir sa maison et élever ses enfants. Alors que si elle va travailler à l’extérieur, elle paye des taxes, son employeur aussi et elle en génère à nouveau avec l’emploi de la personne qui fera son ménage et gardera ses enfants à sa place.

    Il est certain que pour faire rentrer les taxes et impôts, mettre toutes les femmes au travail est un bon calcul. Et l’on sait que l’État aime bien les taxes.

     Quant à l’augmentation du PIB qui serait la conséquence directe d’un plus grand nombre de femmes au travail, nous expliquons en détail dans l’étude ici résumée comment les chiffres de l’OCDE[2] sur lesquels s’appuie Mme Vallaud-Belkacem disent simplement que plus élevé sera le taux d’emploi – homme ou femme – plus le PIB augmentera.

    L’OCDE remarque que les femmes représentent un important réservoir de main d’œuvre et il fait une simulation sur 15 ans montrant que si le taux d’emploi des hommes reste invarié mais que celui des femmes a augmenté, le PIB aura augmenté. Mais ce n’est pas du fait du travail proprement féminin, mais seulement du fait de l’augmentation du taux d’emploi global. Et tant pis pour les hommes qui n’ont, dans cette configuration,  qu’à rester au chômage.

    Le quotient conjugal est le premier visé dans la réforme souhaitée par Najat Vallaud-Belkacem qui s’appuie sur le rapport Lemière : « le quotient conjugal a été pensé en 1945 en cohérence avec une certaine norme familiale, celle de « Monsieur Gagnepain » et « Madame Aufoyer ». Il n’y a plus de chef de famille ni de solidarité familiale : «…Jusqu’en 1982, l’imposition reposait sur les seules épaules du chef de famille, à savoir l’homme, la femme étant perçue comme à la charge de l’homme… »

    La femme n’est pas une charge pour son conjoint, elle est exploité par lui : «…  Or loin de constituer une charge pour son conjoint, elle produit un service gratuit, via le travail domestique qu’elle fournit [….] » et en plus, elle vole le fisc : «…Cette production domestique (…) a une valeur économique qui n’est pas imposée ».

     « Toucher au quotient conjugal a également –et surtout – une fonction symbolique. En effet, le quotient conjugal véhicule une vision conservatrice de la division sexuée du travail domestique et professionnel au sein des couples […] L’individualisation de l’impôt peut contribuer à l’émancipation des femmes en couple. » (Rapport Lemière p. 152)  

    Des solutions existent.

    Il y a pourtant des alternatives à ces solutions radicales.

    Pour pallier à l’absence de retraite et à la précarité des femmes seules avec enfants, reconnaître la valeur du travail de la mère de famille, valeur ajoutée pour sa famille mais aussi pour la société tout entière. Ceci devrait se traduire par un véritable statut de la femme au foyer, des points de retraite, et un accroissement des garderies à horaire souple permettant à la femme au foyer d’avoir des activités hors de chez elle ;

    Pour permettre aux femmes de se réinsérer le jour venu dans le marché du travail, instaurer un crédit formation ; non seulement créer de nouvelles places de garde d’enfants mais en renforcer la souplesse et la diversité et encourager encore davantage la création de crèches d’entreprise ; développer le temps partiel au lieu de le supprimer et encourager les aménagements d’horaire ; valoriser l’expérience des mères de famille au même titre que les VAE ou autres reconnaissance des compétences acquises dans les domaines associatifs et professionnels ; renforcer l’aide à la recherche d’emploi pour les femmes qui ont interrompu leur carrière à cause des enfants.

    Et puis, surtout, reconstruire l’image de la femme et de la mère dans la culture contemporaine et renforcer les solidarités familiales dans la redécouverte de la différence et de la complémentarité de chacun.

    Nous n’en dirons pas plus dans ce résumé et nous nous écrirons avec Anne Brassié et Stéphanie Bignon dans le titre d’un petit livre plein de bon sens : « Cessez de nous libérer ! ».

    Berdiaev disait que « L’importance croissante de la femme pour l’époque historique à venir n’a rien de commun avec le mouvement actuel d’émancipation de la femme qui veut rendre la femme égale à l’homme, et la conduire sur des voies masculines ». Il poursuit : « ce qu’il faut dans le monde ce n’est pas la femme libérée mais l’éternel féminin ». Laissez-nous être des femmes, des mères. Rendez-nous nos maris, nos pères…et mêlez-vous de ce qui vous regarde !

    Claire de Gatellier

    Notes :

    [1] Interview aux Échos le 11 décembre 2013.
     
    [2]  OCDE  pp.28, 29,30 et suiv.