Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

social - Page 526

  • CES RETRAITES QU'ON ASSASSINE

    Le Président a présenté ses vœux le 17 janvier à des patrons d'entreprise et des partenaires sociaux ; il a annoncé la tenue en juillet d'une deuxième conférence sociale qui portera notamment sur « la qualité de vie au travail, l'égalité professionnelle homme-femme, l'amélioration de notre formation professionnelle ». Pour les connaisseurs, il est certain que cette parlotte supplémentaire avec la fête qui l'accompagnera ne servira à rien. En même temps il prévoit au printemps une série de négociations sur les retraites. Il a chiffré la catastrophe prévisible. Il y a trois ans, l'équilibre des régimes était assuré jusqu'en 2020. Maintenant c'est un déficit de 20 milliards qui est calculé pour cette date. Il n'en faut pas moins pour que notre prétendu modèle social soit menacé et il faudrait le sauver.
    En fait il s'agit principalement des retraites complémentaires Agirc pour les cadres et Arrco pour les autres. Leurs réserves fondent rapidement et, on se contente de faire, depuis longtemps, du replâtrage en grattant ici ou là sans arriver à une solution définitive : on joue sur tous les tableaux, comme les cotisations, les âges de départ et le niveau des pensions.

    LA REPARTITION
    Ci-dessus il est question du prétendu modèle social et il faut analyser en profondeur le fonctionnement de la répartition pour comprendre que le système est condamné par sa nature même. L'ensemble formé par les Cnavts et les retraites complémentaires repose sur plusieurs coups de force et pas du tout sur des contrats. Les assujettis sont invités par la force à verser des cotisations durant leur vie professionnelle dans de multiples caisses. Le deuxième coup de force est que la gestion de ces caisses leur échappe, car sous des couleurs faussement démocratiques, leur gestion est confiée aux syndicats qui en tirent profit. In fine, ces assujettis devraient toucher des pensions représentant l'argent versé avec les intérêts et ce n'est pas le cas. Une multitude de facteurs entrent en ligne de compte, comme l'âge du départ, le manque de cotisants à cause de la démographie ; un système compensatoire complexe a été installé pour dépouiller les caisses supposées riches au profit des caisses en perdition. Ces manipulations douteuses déresponsabilisent les gens.
    Indépendamment de sa malhonnêteté intrinsèque, le défaut majeur du système est de ne pas créer de richesse ; l'argent est dépensé aussitôt que récolté sous forme des pensions à verser. Une information vient de parvenir : Bernard Madoff, du fond de sa prion a confié que l'idée de lancer une chaîne de Ponzi lui était venue du système de la répartition en France. Il y a en effet de fortes ressemblances. Le système Madoff s'était écroulé d'un seul coup. Dans les cas de la répartition l'écroulement menace mais se produit progressivement d'où les rafistolages permanents et nécessaires : c'est une chaîne de Ponzi à écroulement lent.

    LA CAPITALISATION
    La capitalisation est totalement différente. C'est un système contractuel entre des personnes responsables, les épargnants et les caisses. La sortie est prévue par des clauses précises. Souvent l'épargnant peut choisir de toucher son capital enrichi par les bons placements. L'avantage majeur pour la richesse générale est que l'argent, au lieu d'être perdu, est investi. La généralisation du système aurait un effet majeur sur le PIB. Cela se vérifie dans les 28 pays qui ont choisi, en tout ou partie, la capitalisation. L'incroyable richesse des fonds de pension américains qui colonisent la France en est l'illustration.
    Une objection est la possibilité de ratés dans les placements. Dans la répartition la ruine est programmée. Certes, la capitalisation peut rencontrer des problèmes mais il y la possibilité de les corriger.
    Un calcul a été réalisé pour un cadre supérieur théorique qui aurait fait une carrière brillante. Dans la répartition après 40 ans de travail il toucherait à 65 ans une retraite complémentaire 60 000 euros par an. Avec la capitalisation et les fonds rapportant 4% par an, ce qui est prudent, il aurait un capital de 2 850 000 euros dont il pourrait transformer une partie en rente. Le même calcul serait possible pour d'autres niveaux avec des chiffres différents.
    Le tabou de la répartition va-t-il tomber ? Un syndicaliste éminent de la CFDT avoue que l'on est au bout du rouleau et ajoute qu'il faut passer graduellement à la capitalisation. Ce n'est pas gagné d'avance car les tabous ont la vie dure.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • « Ne vous indignez pas, nous l’avons tous cherché »

    « La fin de l’État-providence ne coûtera rien aux Français, elle leur rapportera »

    On ne présente plus à nos lecteurs Max et Pascal Dray. Le premier est PDG d’un groupe français implanté dans de nombreux pays du monde. Auteur d’un ebook gratuit, Ne vous indignez pas, nous l’avons tous cherché (critique et entretien), il souhaite pour l’instant conserver l’anonymat. Le second est chef d’entreprise, docteur en économie et chroniqueur aux Nouvelles de France. Nous les avons réunis pour commenter l’actualité économique et sociale française.

    Adeptes du prêt-à-penser, de l’interventionnisme et de l’étatisme, vous avancez aux risques et au péril… de vos certitudes. Les autres, vous allez vous régaler. Bonne lecture !

    Suite de l’article sur Nouvelles de France

    Max, un entrepreneur, a décidé d’écrire et de partager son « manifeste pour la responsabilité », rédigé autour de 8 principes forts comme « Osons », « Simplifions » ou « Reconnaissons la vraie valeur de la chose publique ». L’auteur ne se fait pas le défenseur de ses pairs ou le héraut d’une doctrine économique. Cet essai est d’autant plus accessible qu’il est gratuitement proposé au téléchargement et à la lecture en ligne.

    En identifiant les anomalies et les contradictions de notre système économique, l’auteur a le mérite de frapper juste, de trancher et de proposer, loin de l’anesthésie ambiante et des postures de rebelles de salon. 

    Lucide sur les questions de génération, le livre reproche à celle de 68 d’avoir dilapidé les efforts d’après-guerre et d’entretenir un conservatisme frileux. Une vision qui l’amène à un constat : le manque d’ambition et de vision à long terme, depuis les années De Gaulle. Un manque qui nuit gravement au moral et au dynamisme économique d’une France qui a toujours peur du moindre risque.

    Symbole de ces inepties auxquelles nous ne faisons plus attention : le chèque-déjeuner et ses confrères chèque cadeau ou chèque-vacances. Ces artifices infantilisent les employés et multiplient les pertes de temps tout en compliquant les processus de règlement. L’auteur s’amuse aussi de la taille de certains comités d’entreprise et dénonce l’hypocrisie sur les rémunérations des stagiaires.

    Cependant, Max n’est pas là pour se complaire dans la critique. Il a choisi de proposer des réponses simples et efficaces aux problèmes d’une France (trop) lourde, qu’il aurait préféré voir guidée par une « éthique positive et réaliste » plutôt que par la « bien-pensance médiatique » actuelle.

    L’auteur, à travers huit principes de base, invite au débat sur l’avenir social et économique français et appelle à simplifier notre système. Sa réflexion est née d’un constat fait sans concession aucune. Sa critique de la société d’assistanat et du principe de précaution appelle à la responsabilisation des citoyens. Pour y arriver, il préconise une revalorisation du travail par le retour à une pensée et une éthique positives et réalistes.

    Pour lui, l’homme a le droit de maîtriser sa vie, de façonner son destin et de faire ses choix. Pour lui, l’indignation, réflexe ô combien à la mode ces derniers mois, ne mène à rien. Pour la France et pour les Français, il est temps de passer à l’action et de faire triompher le bon sens…

    Novo Press

  • Inde : L’université des Va-nu-pieds

    A Rajasthan, une école hors du commun forme hommes et femmes venant de milieux ruraux – illettrés pour la plupart – pour devenir ingénieurs en énergie solaire, artisans, dentistes et docteurs dans leur propre villages. Son fondateur, Bunker Roy, nous explique comment elle fonctionne.

  • Twitter : retour aux z’heures-les-plus-sombres-de notre-histoire…

    imgscan-contrepoints-2224-racisme-anti-blanc.jpgAprès diffusion, en octobre, de tweets jugés antisémites, le réseau social Twitter avait été assigné en référé par l’Union des étudiants juifs de France et plusieurs autres associations. Hé bien, le Tribunal de grande instance de Paris vient d’ordonner hier à Twitter de communiquer les données permettant d’identifier les auteurs de messages racistes ou antisémites !

    En un mot, la justice française incite à la délation, mieux, elle l’ordonne ! Le bien commun est-il en cause ? Non, évidemment. Cette mesure est donc frappée d’un caractère exclusivement idéologique qui la discrédite totalement : la loi est détournée, confisquée à des fins politiques !

    Car tout le monde sait parfaitement que l’accusation de racisme est un élément de langage qui vise aujourd’hui à disqualifier un adversaire politique. Ni plus, ni moins. A telle enseigne que ce mot ne recouvre plus aucune réalité sérieuse, tant il a été galvaudé : sont ainsi racistes, par exemple, ceux qui s’opposent à l’islam et à la structure philosophico-politique qu’il incarne. Sauf que l’islam n’est pas une race, précisément. Ceux qui s’opposent au Christianisme et à son enseignement sont-il également racistes ? Porter un jugement de valeur sur la portée d’une religion, d’une philosophie ou d’une politique sociétale n’a évidemment aucune mesure avec un comportement raciste.

    Disons-le, le racisme est sans doute aujourd’hui, dans le vocabulaire français, le concept le plus confus qui soit : il n’est donc pas étonnant qu’il soit l’instrument de toutes les manipulations intellectuelles et partisanes. Pour noyer son chien, ne faut-il pas d’abord l’accuser de la rage ?

    Car le racisme, s’il doit être défini sérieusement, est une doctrine qui introduit une hiérarchie entre les races : certaines seraient alors – ontologiquement ?- supérieures à d’autres. Position qui n’est tenu par aucun courant de nos jours.

    Nous revoilà donc revenus aux heures les plus sombres des procès staliniens : car c’est seulement à l’aune de la vulgate médiatico-politique que seront déterminés les comportements racistes. Qui donc ne consent pas à épouser les vues dictées par la doxa sera systématiquement soupçonné de dérapage. Odieuse arrogance d’un milieu qui, quoique concentrant tous les pouvoirs, ne représente pourtant guère plus que lui-même !

    JdR http://www.contre-info.com/

  • 75 % des industriels français s’estiment compétitifs

    D’après une étude réalisée par le cabinet RolandBerger en partenariat avec L’Usine Nouvelle, les trois quarts des industriels français considèrent leur usine comme compétitive. La question du coût du travail ne semble pas aussi critique que celles de la performance de la fonction achats et de l’organisation industrielle.

    Estimez-vous que votre usine est compétitive ? C’est la question à laquelle ont répondu plus d’une centaine de directeurs de sites industriels, dans le cadre d’une étude menée par les consultants de RolandBerger en partenariat avec L’Usine Nouvelle. Menée fin 2012, en plein cœur du débat sur la compétitivité des usines françaises, cette étude dresse un état des lieux moins sombre que l’on pourrait penser. En effet, 63 % des patrons interrogés considèrent que leur site est compétitif, et 12 % le jugent même “très compétitif“.

    Bien sûr, cela ne les empêche pas de nourrir des inquiétudes pour 2013. Seuls 4 % des patrons de sites “compétitifs” envisagent une hausse de leur performance économique l’an prochain.

    Cette étude permet de dresser un portrait-robot de l’usine compétitive. “Il s’agit plutôt d’usines de taille moyenne à grande, de plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, commente Georges de Thieulloy, consultant au sein du centre de compétences Opérations chez RolandBerger. Parmi les usines les plus rentables, la majorité est intégrée à un groupe, et vend ses produits sur le marché français.” Un résultat qui peut s’expliquer par le fait que les entreprises confrontées à la concurrence internationale ont plus de mal à se considérer comme compétitives. L’usine compétitive “type” affiche également un engagement fort en matière d’innovation, et réalise plus de 10 % de son chiffre d’affaires sur des nouveaux produits lancés dans l’année.

    Le coût du travail n’est pas le critère le plus important

    Les directeurs de sites ont dressé leur liste des critères les plus déterminants pour être compétitif. Contre toute attente, le coût du travail ne ressort pas comme étant le critère le plus important. Cité par 79 % des répondants, il arrive en quatrième position derrière les achats de matières premières (87 %), l’efficacité du système de production (80 %) et la maîtrise des processus industriels (79 %).

    Les préoccupations des patrons français semblent donc plutôt tournées vers les achats. “Non seulement les achats ressortent comme le critère de compétitivité n°1, mais l’étude montre aussi que seulement 49 % des personnes interrogées se considèrent performantes sur ce critère“, commente Georges de Thieulloy. Ainsi donc, il reste beaucoup à faire en matière d’achats et, après les mesures prises fin 2012 pour réduire le coût du travail, il est probable que la question du coût des matières premières revienne rapidement sur le devant de la scène.

    Pas de problème d’organisation, d’après les patrons

    Le constat est assez différent pour tout ce qui touche à l’organisation industrielle. Interrogés au sujet de leur efficacité opérationnelle et de la maîtrise de leurs procédés (deux des trois critères-clés de compétitivité), les patrons s’estiment compétitifs à 64 % sur le premier critère et à 77 % sur le second. Pour Georges de Thieulloy, une telle autosatisfaction, c’est presque trop beau pour être vrai. “Il est plus facile d’identifier les problèmes chez les autres que chez soi, renchérit-il. Sur ces questions touchant à l’organisation, les résultats auraient été très différents si l’on avait interrogé les responsables de production plutôt que les patrons de site“.

    En parlant d’organisation, justement, il ressort de l’étude que les équipes marketing et Supply Chain sont peu impliquées dans le renouvellement du portefeuille produits. 58 % des organisations n’impliquent pas les personnes chargées de la gestion de la Supply Chain (chaîne d’approvisionnement). Ces derniers souffrent encore aujourd’hui d’un manque de considération, alors que leur capacité à définir le coût global d’un produit devrait en faire des interlocuteurs de choix pour les dirigeants. “Avec un marché qui a tendance à se mondialiser et des clients qui demandent toujours plus de personnalisation, les fonctions Supply Chain et marketing vont forcément gagner en poids au sein des organisations dans les années à venir“, conclut Georges de Thieulloy.

    L’Usine Nouvelle via http://fortune.fdesouche.com/

  • Catholicisme et libéralisme économique

    « Le très catholique Mario Monti [1]... ». C’est ainsi que France-Info (mercredi 2 janvier 2013) évoquait le professeur d’économie qui a été mis en place en Italie par le système oligarchique actuel. Pour corriger ce médiamensonge obscène, nous devons rappeler quelques repères à ce sujet.

    Chacun reconnaîtra qu’au XXème siècle, les penseurs catholiques plutôt traditionnels se sont surtout focalisés sur des critiques du marxisme. Cette concentration du discernement s’est traduite par une certaine tolérance idéologique envers le libéralisme économique. C’est ainsi que la réalité sociologique du catholicisme pratiquant manifeste des personnes bien établies dans le monde, plutôt aisées. Le fait que ces catholiques bourgeois se sentent tout à leur aise dans une église trahit l’ignorance doctrinale et religieuse de ce temps.

    Ce constat sociologique n’annule pas les déclarations du magistère dans le domaine. Notre vie quotidienne est formatée par le positivisme et tous ses corollaires (scientisme, relativisme, nihilisme…) dont le libéralisme économique est également un surgeon majeur. Mais l’enseignement de l’Église catholique sur le libéralisme économique est clair et précis.

    Nous connaissons les travaux de Jean-Claude Michéa [2] sur les racines philosophiques [3] de ce libéralisme de marché. Or, il faut savoir que ce libéralisme des échanges a pu se développer sur les bases philosophiques du positivisme issu, d’une manière paradoxale pour certains, du protestantisme. Le fidéisme protestant, en effet, en niant à l’homme sa capacité à définir l’ordre naturel, favorise la réduction des biens humains aux biens utiles. Or, cette réduction du sens de la vie humaine à la gestion utile de ce qui est, de l’existant, est une violence réelle faite aux intelligences qui cherchent la vérité.

    Le travailleur français, à l’origine majoritairement artisan, paysan ou ouvrier, s’est vu progressivement contraint à l’isolement face à la toute- puissance des structures étatiques. La Révolution a ainsi supprimé les anciennes Corporations (institutions de métiers qui protégeaient les affiliés à travers une législation reconnue) et les anciennes Mutuelles. En adoptant la loi « Le Chapelier » [4], cette Révolution a interdit au travailleur de s’associer en lui ouvrant une nouvelle ère : celle d’un esclavage de l’industrie naissante. La course à la productivité et au rendement allait ainsi servir l’éclosion et la pérennité de groupements économiques financièrement puissants et asservissants.

    Le droit au travail consacré par la sainte Déclaration des Droits de l’Homme cachait surtout le nouveau devoir de se faire exploiter par les puissants de ce monde.

    Le fruit de la libéralisation des esprits, dont Voltaire fut un travailleur acharné, a surtout été la légalisation de la loi de la jungle et le triomphe des appétits égoïstes, dans la droite ligne de l’anthropologie protestante [5]. Les hommes et les femmes, enfermés dans leurs appétits narcissiques, sont ainsi « naturellement » en concurrence et la réussite individuelle, l’arrogance, la superbe, la suffisance deviennent des vertus dans ce monde anglo-saxon. Il n’y a pas loin à voir dans la réussite matérielle le signe des vertus humaines les plus hautes… Ne voit-on pas ici l’arrière-plan protestant de la prédestination dont les signes sont la réussite sociale et les richesses matérielles ?

    Il a existé des patrons catholiques [6] conscients de leurs responsabilités et qui humanisaient autant que possible la vie de leur entreprise. Il faut ici rappeler en toute justice que c’est l’Église catholique qui les rappelait à leur devoir. Si la séparation de la foi et de la raison, aujourd’hui majoritaire dans les cerveaux catholiques, est une catastrophe sociale et ecclésiale, la séparation des classes laborieuses et de l’Église catholique en est une autre.

    Le catholicisme social en France : quelques exemples

    Pourtant, et c’est ce que nous voulons rappeler ici, il n’a pas manqué de voix, même parmi les évêques (eh oui, tout arrive !), pour exposer ce qu’on appelle la doctrine sociale de l’Église [7], laquelle explique l’inhumanité de la doctrine libérale. Sans exposer le détail de l’argumentation, il convient de rappeler que la tradition de l’Église n’est pas de soutenir sans discernement les pouvoirs établis, même si certains hommes d’Église y ont succombé. Nous ne dresserons pas ici une liste dont les noms sont maintenant inconnus pour la plupart. Nous pourrions ici rappeler l’engagement des cardinaux Liénart [8] et Guerry [9] contre cette violence économique et sociale, Frédéric Ozanam [10] ou encore Léon Harmel [11]. Le rappel de cette doctrine sociale au regard du libéralisme économique est essentiel en un temps où le surnaturalisme imprègne le catholicisme, ce qui se traduit par la désertion du combat politique authentique.

    Nous citerons le cardinal Richaud (1887-1968), archevêque de Bordeaux :

    « Le travail de l’homme est une réalité voulue par Dieu et sanctifié par le Christ. Le chômage est donc un mal moral avant d’être un mal économique. Ses conséquences sur la valeur personnelle de l’ouvrier, sur la condition de la vie au foyer, sur l’ensemble de la vie sociale, sont à peser avant tout licenciement. Le chômage ne peut être que temporaire et “subi” par les responsables de la Cité, de la profession, de l’entreprise. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour l’éviter ou le réduire [12]. Jamais il ne saurait être envisagé comme un bien pour relancer une affaire ou équilibrer une situation. Même en face de difficultés économiques d’une entreprise ou d’un pays, les dirigeants doivent avoir le souci de sauvegarder une priorité absolue aux salaires vitaux. Un abandon momentané de la rémunération du Capital, une réduction par le haut de la hiérarchie des salaires et des traitements, un engagement des réserves de l’entreprise peuvent apparaître nécessaires dans une période particulièrement difficile. C’est ici que la morale évangélique du renoncement doit dicter à ceux qui sont avantagés ou qui jouissent d’une plus grande sécurité les gestes que les Chrétiens doivent faire et qui entraîneront leurs collègues et leurs compatriotes… Le dirigeant chrétien… évitera de transférer sur d’autres les difficultés qu’il rencontre. Il s’associera à eux pour les partager… Une conscience chrétienne ne peut supporter qu’une certaine catégorie de citoyens exploitent une période de crise pour s’y enrichir tandis que d’autres connaissent des moyens d’austérité [13]. »

    La véritable Église du Christ a ainsi toujours combattu les abus de pouvoir en protégeant les humbles et les petits. Le catholicisme social n’est pas une vue de l’esprit. Ce christianisme authentique a en effet fourni de nombreux résistants.

    Un certain abbé Busson écrivait ainsi en 1819 :

    « Il est un autre socialisme que les peuples doivent accueillir sous peine de retomber, et bientôt, dans la barbarie : c’est le socialisme chrétien. Celui-ci se fonde sur la liberté, l’égalité et la fraternité, telles que la religion du Christ les révèle. Il ne crée pas une humanité fantastique, pour dicter des lois à l’humanité réelle. Il prend les hommes comme ils sont, avec leurs inégalités sans nombre, parce que ces différences dérivent naturellement de la différence même des individualités humaines. Et voilà pourquoi il cherche à faire servir, dans une juste mesure, la plénitude des uns de ressource à l’indigence des autres. »

    Le catholicisme social en Allemagne

    C’est pourtant au XIXème siècle en Allemagne que le catholicisme social va s’incarner de façon significative autour des « lois Ketteler » du nom de l’évêque de Mayence Wilhelm Emmanuel von Ketteler (1811-1877). Cet évêque ne s’est jamais prostitué aux autorités établies, ce qui lui a valu de nombreuses difficultés. Il est cité en exemple par Benoît XVI dans son encyclique sociale Dieu est amour (n° 27). Dans cet élan, Mgr Weis (1796-1869) écrivait : « Le sort des salariés des riches fabriques est plus oppressif que l’ancien esclavage. » Le fruit de ces réflexions est la création d’associations de protection ou encore la modification du droit du travail.

    En 1864, trois ans, donc, avant la parution du Capital de Karl Marx, monseigneur von Ketteler publie La question ouvrière et le christianisme [14].

    Il dénonce alors une oppression d’une grande actualité :

    « Il n’y a plus de doute possible aujourd’hui : l’existence matérielle de la classe ouvrière presque tout entière, c’est-à-dire la grande masse des citoyens de tous les États modernes, celle de leur famille, le pain quotidien nécessaire à l’ouvrier, à sa femme et à ses enfants, est soumise à toutes les fluctuations du marché et du prix de la marchandise. Connaissez-vous quelque chose de plus déplorable qu’une telle situation ? Quels sentiments doit-elle éveiller dans le cœur de ces malheureux qui se voient, chaque jour, eux et ceux qui leur sont chers, exposés aux éventualités d’un marché ! C’est le marché aux esclaves de l’Europe libérale, taillé sur le modèle de notre libéralisme et de notre franc-maçonnerie philantropiques, éclairés et antichrétiens »

    Léon XIII (1810-1903) reconnaîtra en von Ketteler son précurseur. Une de ses intuitions de résistance est la création d’associations ouvrières, sortes de syndicats, indépendantes de l’État bien entendu, mais également des réseaux capitalistes. Ce mouvement aboutira à la création d’un parti chrétien qui remportera plusieurs élections. Dans l’œuvre de Mgr von Ketteler se trouve également le projet de création d’un institut de crédit qui permet aux ouvriers de contrôler le capital de leur entreprise et la participation des travailleurs aux bénéfices.

    À la même époque, de nombreuses initiatives fleurissent en Occident. En France particulièrement, Mgr Freppel (1827-1891) et Albert de Mun (1841-1914) vont proposer la création de caisses de sécurité sociale. Ces initiatives annoncent les grandes lignes des encycliques sociales de Léon XIII qui ordonnent en conscience la protection des ouvriers.

    La doctrine sociale et les papes

    Pie XI (1857-1922) dénonça en son temps « le libéralisme immoral » que Pie XII (1876-1958) condamnera de nouveau en 1944 « comme contraire au droit naturel ». Il va sans dire que ces hommes connaissaient les relations étroites entre ce libéralisme et la pratique de l’usure, dénoncée depuis les débuts de l’Église [15].

    Cette doctrine sociale de l’Église se fonde sur ce qu’on appelle le droit naturel [16] et la Révélation : cette dernière n’annulant point le premier, dont les grandes lignes ont été définies par des philosophes grecs [17] et romains. Cette doctrine, issue d’une longue maturation, ne définit pas le travail comme une marchandise ou une simple force productrice dépersonnalisée. Cette doctrine sociale relativise donc le travail mais en lui redonnant ses lettres de noblesse : en l’humanisant.

    Concernant la propriété privée, elle ne la définit pas comme un droit absolu de disposer de ses biens [18]. S’inspirant de saint Thomas, elle précise, ce qui ne va pas sans étonner nos oreilles formées au matérialisme égoïste, que la propriété privée, bien que nécessaire [19] à la satisfaction des besoins vitaux et pour d’autres raisons, est destinée en droit au bien commun. Quand j’use d’un bien matériel (maison, moyen de locomotion, outil, etc), je ne dois pas le faire comme s’il m’appartenait en propre mais comme s’il était à tous, si bien que si je rencontre quelque nécessiteux, je dois lui céder ce bien comme s’il s’agissait d’une restitution. Saint Thomas finit ainsi son argumentation en citant saint Paul (1 Tm 6, 17-18) : « Recommande aux riches de ce monde... de donner de bon cœur et de savoir partager. »

    Cette communauté des biens ou destination universelle des biens [20] est traditionnelle dans l’Église, bien que les catholiques, travaillés par des décennies de bourgeoisie néo-protestante, l’aient oublié pour le plus grand bien de la marche libérale. L’Église parle ainsi de droit naturel, non qu’elle enseigne qu’on ne doit rien posséder en propre [21] mais que l’on ne doit pas oublier que, naturellement, nous naissons nus et sans possessions. Le riche qui, par exemple, s’empare en premier d‘une richesse (un puits d’eau par exemple) pour la partager avec le plus grand nombre agit bien et en justice : il faute par contre quand il empêche la redistribution selon un juste prix ou engrange des bénéfices démesurés. Saint Thomas cite dans cette question saint Ambroise : « Que personne n’appelle son bien propre ce qui est commun [22], car tout ce qui dépasse les besoins, on le détient par la violence. »

    L’Église catholique, à travers tout l’argumentaire de sa doctrine sociale, rejette le libéralisme sauvage et le capitalisme démesuré qui lâchent la bride des prédateurs, ouvriers d’injustice. L’aveuglement de trop nombreux catholiques en ce domaine est le fruit du travail de sape d’idéologies déformantes et déshumanisantes. Cette ignorance [23] grave engendre dans leur mode de vie un contre-témoignage non moins grave et empêche leur entrée dans la résistance efficace au nouvel ordre mondial positiviste.

    En 1937, Pie XI s’insurgeait :

    « Que faut-il penser des manœuvres de quelques patrons catholiques, qui, en certains endroits, ont empêché la lecture de notre encyclique Quadragesimo anno dans leurs églises patronales ? Que dire de ces industriels catholiques qui n’ont cessé jusqu’à présent de se montrer hostiles à un mouvement ouvrier que nous avons-nous-mêmes recommandé ? On combattra cette incohérence, cette discontinuité dans la vie chrétienne, que nous avons déplorée tant de fois, et qui fait que certains hommes [24] , apparemment fidèles à remplir leurs devoirs religieux, mènent, avec cela, par un déplorable dédoublement de conscience, dans le domaine du travail, de l’industrie ou de la profession, dans leur commerce ou leur emploi, une vie trop peu conforme aux exigences de la justice et de la charité chrétienne ; d’où scandale pour les faibles et facile prétexte offert aux méchants de jeter sur l’Église elle-même le discrédit. »

    Divini Redemptoris, 1937.

    Quand une structure se corrompt, elle le fait toujours par le haut. L’Église authentique subsiste dans l’Église catholique. Car de nos jours, il est facile de se dire catholiques, du moins dans les réseaux ecclésiaux, d’aller à l’église, de participer à sa vie liturgique et communautaire, voire même d’accéder à certains « grades ». C’est ainsi que l’Église institutionnelle présente parfois, ponctuellement, le visage d’une auberge de prostituées. Ne voit-on pas certains encourager cette situation indigne en entretenant l’ignorance et le mépris de l’étude : c’est ainsi qu’on confisque les clés de la formation en empêchant le peuple d’y accéder. On le conforte ainsi dans ce dédoublement de conscience qui sert l’ordre établi. Au sein de ces zizanies subsiste un petit reste de fidèles qui résiste aux compromissions inacceptables et prend conscience, par l’étude et la lecture, de la nécessité de la dissidence.

    « L’Église n’est ni à droite, ni à gauche mais au-dessus, non pour dominer mais pour servir. »

    Pie XII

    Nul ne peut juger la conscience d’un autre, mais Mario Monti n’est pas catholique : c’est objectivement un petit agent de groupes de domination privés protestants et juifs dont les buts exclusifs sont l’argent et le pouvoir. Entièrement soumis à ces intérêts au détriment du bien commun des personnes, il œuvre chaque jour contre cette doctrine sociale de l’Église qu’il devrait servir en cohérence. Son évêque devrait vigoureusement rappeler ces vérités au risque d’accentuer des contre-témoignages inadmissibles.

    Conclusion

    La société libérale-libertaire, qui est la finalité de l’idéologie mondialiste (à ne pas confondre avec la mondialisation), consacre le prêt à intérêt de l’individu égoïste, alors que la doctrine sociale de l’Église, tout en reconnaissant la propriété privée comme un bien objectif et humanisant, recommande le don gratuit pour l’autre.

    Historiquement, nous sommes passés de la noblesse au calcul intéressé. Il ne faut pas oublier les intentions des pères du libéralisme économique dominant dont un représentant emblématique est Bernard Mandeville (1670-1733). Dans sa Fable des Abeilles (1714), il manifeste qu’une société fondée sur les vertus ne peut pas être prospère matériellement. Il faut donc libéraliser les vices. Le principe de cette nouvelle société libérale sera l’utilité sociale de l’égoïsme. Il ne s’agit plus ici de combattre les vices mais d’en accepter d’institutionnalisation.

    C’est là un des fruits du protestantisme, tel que l’a manifesté Max Weber dans son Éthique protestante et l’esprit du capitalisme. L’Église reconnaît par ailleurs le rôle pertinent du profit comme le rappelle Jean-Paul II dans Centesimus Annus. La difficulté vient quand les âmes sont à ce point absorbées par la Cité temporelle que les soucis propres à cette Cité ont envahi l’esprit des citoyens. Peut-on encore combattre à la suite du Christ dans ces circonstances ? Le souci de la vérité apparaît alors comme une recherche désincarnée : mais dans cette logique, le plus désincarné se trouve être le Christ incarné…

    Un autre sociologue, Werner Sombrart (1863-1941), plus connu en son temps que Max Weber, a fait le lien entre l’économie capitaliste sauvage et la religion juive. Aujourd’hui, deux principes bancaires coexistent dans le monde occidental : l’un, issu du monde protestant, de tendance ascétique ; l’autre provenant du monde juif, de tendance plus spéculative, (cf. Alain Soral, Comprendre l’Empire). Ces deux principes bancaires co-gèrent la capacité qu’ils se sont donnée de créer de l’argent à partir de rien et de tirer profit de l’emprunt. C’est là le mode de fonctionnement de la religion mamonnique. Il apparaît que le positivisme philosophique est un des piliers de l’esprit du monde : logique de domination temporelle.

    Pour une analyse du prêt à intérêt chez saint Thomas : Somme Théologique, IIa-IIae, qu. 78.

    En rappelant le passage du Livre de l’Exode (22, 25), saint Thomas se situe dans la lignée des Pères de l’Église en affirmant le caractère peccamineux de l’usure. On peut dire que jusqu’à la Renaissance, travailler pour accroître ses richesses étaient considéré comme un péché : la finance était immorale. Il fallait trouver le juste prix. L’authentique catholicisme recommandait le prêt gratuit. On sait par ailleurs que deux Conciles (Latran 1315 et Paris 1532) ont solennellement condamné le prêt à intérêt.

    Pour une analyse globale de la question : Pamphile Akplogan, L’enseignement de l’Église catholique sur l’usure et le prêt à intérêt, L’Harmattan, 2010.

    Keroas http://www.egaliteetreconciliation.fr

    Notes

    [1] Né en 1943, après avoir fait le va-et-vient entre la Commission Européenne et la banque Goldman Sachs, il est nommé en novembre 2011 Président du Conseil des Ministres italien et démissionne en décembre 2012. Le technocrate œuvre pour le racket légal des italiens au service des banques privées. Candidat aux prochaines élections, il annonce vouloir poursuivre sur la même voie : libéralisations, mesures de compétitivité, etc.

    [2] Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l’impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche (Climats, 2002. Réédition Paris, Champs-Flammarion, 2006) et La double pensée. Retour sur la question libérale (Paris, Champs-Flammarion, 2008) dont Alain Soral nous a recommandé la lecture.

    [3] Le raisonnement est toujours le même : notre connaissance ne touche jamais la vérité des choses mais son aspect sensible seulement. Et par conséquent comme l’appétit suit la connaissance, mon désir sera borné à un calcul d’intérêt singulier. Suivront les utilitaristes anglo-saxons : Adam Smith (1723-1790), Jeremy Bentham (1748-1832), Bernard Mandeville (1670-1733), son disciple Ricardo (1772-1823), John Stuart Mill (1806-1873), Malthus (1766-1834), et plus tard Keynes (1883-1946). Ces auteurs positivistes peuvent s’opposer ici ou là mais leurs points de départs sont les mêmes. Il est intéressant de noter que pour Keynes, influencé par Moore (1873-1958), le bien ne peut être défini adéquatement de façon universel et nécessaire. Il nous faut donc nous en tenir aux institutions établies qui ont fait leur preuve dans l’histoire des hommes pour guider nos actions. L’aboutissement contemporain de cette filiation est Milton Friedman (1912-2006), prix Nobel d’économie (1976), dont la doctrine économique est devenue dominante dans la marche vers le Nouvel Ordre Mondial.

    [4] La Loi Le Chapelier (juin 1791, du nom de Isaac Le Chapelier, avocat au Parlement de Bretagne, et abrogée progressivement en 1864 et 1884) proscrit légalement : les organisations ouvrières, dont les corporations des métiers, mais aussi les rassemblements paysans et ouvriers et le compagnonnage. Étrangement, elle épargne les clubs patronaux, les trusts et ententes à caractère monopolistique.

    « Enfin, à ceux qui verraient encore dans la Révolution la naissance de l’égalité et de la fraternité réelles, nous rappelons la loi “Le Chapelier”. Soit l’avènement aussi dans le dos des “droits de l’homme”, mais sur le dos du petit peuple du travail, du plus brutal libéralisme économique ! La loi Le Chapelier, promulguée en France deux ans seulement après la prise de la Bastille, proscrivant les organisations ouvrières et les rassemblements de paysans. Interdisant, de fait, les grèves et la constitution des syndicats, ainsi que les entreprises non lucrative comme les mutuelles. Ne visant ni les club patronaux, ni les trust, ni les ententes monopolistiques qui ne furent jamais inquiétés, elle provoque, dès 1800 chez les ouvriers charpentiers, la formation de ligues privées de défense et de grèves sauvages, qu’elle (la loi) permet de réprimer jusqu’à Napoléon III » (voir loi Ollivier).

    Alain Soral, Comprendre l’Empire.

    [5] Pour la théologie protestante, avec bien-sûr des nuances chez les auteurs et les filiations, le péché originel a détruit (complètement obscurci) la nature humaine si bien que non seulement l’intelligence ne peut plus connaître le vrai mais la volonté est incapable de bien objectif. On verra ainsi une certaine forme d’anti-intellectualisme chez Luther lorsqu’il refuse de donner à l’intelligence la capacité d’accéder à la vérité. Sa définition de la nature humaine est telle qu’il l’estime incapable de connaître naturellement des vérités premières et d’aimer objectivement un bien. Sa formation nominaliste occamiste a fondé ce postulat. Dés lors, l’usage de la raison dans les matières de la foi, et donc la prétention d’exposer une théologie scientifique du donné révélé, est non seulement invalidée par cette orientation protestante mais lui est insupportable. L’usage de la raison humaine, avec sa logique naturelle, dans les matières de la foi, est un abominable scandale. Nous rappelons ici le texte bien connu : "dans les choses spirituelles la raison est non seulement aveugle et ténèbres, elle est vraiment la putain du diable, elle ne peut que blasphémer, déshonorer tout ce que Dieu a dit ou fait". Notre intelligence totalement détruite ne peut plus définir des vérItés naturelles et les vérités révélées de la foi ne sont pas rationnelles mais s’adressent uniquement à notre cœur, compris comme siège des sentiments. Ce sera le Dieu sensible au cœur de Pascal. Luther repoussait ainsi toute philosophie, et invalidait toute logique en théologie. "La logique n’est nulle part nécessaire en théologie, dit-il, parce que le Christ n’a pas besoin des inventions humaines". Et par conséquent Aristote devient pour lui le rempart impie des papistes. Son éthique est la pire ennemie de la grâce. Saint Thomas est rejeté, la Sorbonne est la mère de toutes les erreurs et Jacques Maritain peut conclure :"Luther en somme apportait à l’humanité 230 ans avant J.J. Rousseau une délivrance, un immense soulagement : il délivrait l’homme de l’intelligence, de cette fatigante et obsédante contrainte de penser toujours et de penser logiquement. La grande oeuvre révolutionnaire, à partir du protestantisme en descendant jusqu’à nos jours, c’est de ne permettre de repos à la raison que dans la contradiction. Elle met en nous une guerre universelle." Luther et ses disciples protestants de tous les temps mettent en oeuvre le programme philosophie de Guillaume d’Occam (franciscain anglais mort en 1347) : abandon de la philosophie réaliste jugée inutile et incertaine, séparation de la philosophie et de la théologie, prédominance du sentiment au détriment de la raison. Plus tard, quand la foi disparaîtra : réduction des biens humains aux biens utiles. Et comme le souligne Jean-Paul II dans Fides et Ratio (n° 48) : « la foi, ainsi privée de la raison, a mis l’accent sur le sentiment et l’expérience, en courant le risque de ne plus être une proposition universelle. Il est illusoire de penser que la foi, face à une raison faible, puisse avoir une force plus grande ; au contraire, elle tombe dans le grand danger d’être réduite à un mythe ou à une superstition. De la même manière, une raison qui n’a plus une foi adulte en face d’elle n’est pas incitée à s’intéresser à la nouveauté et à la radicalité de l’être ».

    [6] Voir plus bas, Léon Harmel.

    [7] Une synthèse de cette doctrine a été publiée en 2006 aux éditions du Cerf.

    [8] 1884-1973 : peu apprécié des traditionnalistes pour son progressisme, il développa cependant le syndicalisme chrétien.

    [9] 1891-1969 : figure du catholicisme social en France après-guerre.

    [10] 1813-1853 : professeur d’histoire de la littérature à la Sorbonne, béatifié en 1997.

    [11] 1829-1915 : industriel français, tertiaire de saint François. Le patronat catholique l’appréciait peu. Harmel rappelait la nécessaire autonomie de l’organisation ouvrière face au patronat.

    [12] L’indice N.A.I.R.U. est ainsi le taux de chômage nécessaire et suffisant pour limiter l’inflation. Équation économétrique essentielle dans le système libéral actuel et dénoncée par Etienne Chouard.

    [13] Le Figaro, 13-02-1959.

    [14] Disponible au téléchargement sur gallica.fr.

    [15] Cf ; Pamphile Akplogan : L’enseignement de l’Église catholique sur l’usure et le prêt a intérêt. L’Harmattan, 2010. L’auteur béninois s’étonne par ailleurs que le nouveau Code de Droit Canonique (1983) ne parle plus de l’usure. Le Compendium de la Doctrine Sociale de de l’Église (Cerf, 2006) rappelle cependant cette condamnation dans son n° 341 : « Si dans l’activité économique et financière la recherche d’un profit équitable est acceptable, le recours à l’usure est moralement condamné : « Les trafiquants, dont les pratiques usurières et mercantiles provoquent la faim et la mort de leurs frères en humanité, commettent indirectement un homicide. Celui-ci leur est imputable » (Catéchisme Église Catholique, n° 2269). Cette condamnation s’étend aussi aux rapports économiques internationaux, en particulier en ce qui concerne la situation des pays moins avancés, auxquels ne peuvent pas être appliqués « des systèmes financiers abusifs sinon usuraires » (CEC, n° 2438). Le Magistère plus récent a eu des paroles fortes et claires contre une pratique dramatiquement répandue aujourd’hui encore : « Ne pas pratiquer l’usure, une plaie qui à notre époque également, constitue une réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes » (Jean-Paul II : Discours à l’Audience générale du 4 février 2004).

    [16] Pas celui de Hugo Grotius qui conserve l’expression mais en détourne le sens vers la subjectivité.

    [17] Dont le principal est Aristote, auteur indépassable dans l’ordre naturel.

    [18] Comme c’est le cas chez Grotius. Alors que chez Thomas d’Aquin, tout usage de la richesse doit avoir une destination communautaire (Somme Théologique, IIa-IIae, question 66, a.2).

    [19] Saint Thomas donne trois raisons qui justifie cette nécessité : 1° on prend davantage soin de ce qui nous appartient, 2° l’efficacité dans la gestion est plus assurée quand chacun s’occupe de son office et non quand chacun veut s’occuper de tout, 3° la paix sociale est plus garantie quand chacun est relativement satisfait vis-à-vis des biens extérieurs. Dans le cas des biens partagés ou indivis, il se rencontre beaucoup de conflits.

    [20] La destination universelle des biens de ce monde est rappelée dans le Compendium (Cerf, 2006) à partir du n° 171.

    [21] Sauf dans le cas de vocation particulière, avec des degrés selon les constitutions religieuses.

    [22] Ici, il parle de la propriété au point de vue de l’usage.

    [23] La prise de conscience ne suffit pas : il faut y ajouter la réforme de vie, en un mot sortir de la prostitution à l’ordre établi bourgeois et mercantile avec ses corollaires de consommation continue et avilissante.

    [24] La mixité récente a accentué cette dérive : l’accent mis en effet sur la communion relationnelle au détriment de la raison et de la vérité est une caractéristique de la vie ecclésiale catholique actuelle.

  • Génération identitaire lance des tournées pour aider des SDF « Français de souche »

    Peut-on interdire les maraudes xénophobes des identitaires auprès des SDF ?

    Rue89 Lyon

    Addendum 23/01/13 :

    - Le « Collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite » demande l’interdiction de la distribution de nourriture par GI

    « La préfecture du Rhône n’aura de toute façon pas d’autre choix que de faire interdire cette distribution illégale qui risque, de plus, de provoquer des troubles à l’ordre public ». Jean-François Carenco a pourtant annoncé mardi qu’il ne prendrait aucun arrêté sur ce sujet. Lyon Capitale

    - Le Progrès du 23/01/12

    NB : Contactés par Fdesouche.com, les responsables de GI précisent que les rations alimentaires présentées comme « halal » dans le reportage de TLM sont en fait des rations de l’armée française (sans viande), très souvent estampillées « halal ». Il s’agit d’un don d’un militaire français.

    Le mouvement d’extrême droite Génération identitaire a annoncé lundi qu’il allait lancer des maraudes et des tournées de « solidarité » pour aider des sans-abri « Français de souche » à Lyon.

    Génération identitaire Lyon a prévu de présenter ce projet mardi à la presse.

    « On a en réalité commencé dimanche soir, on va livrer de la nourriture et du matériel à des sans-abri, mais c’est une opération que nous lançons dans toute la France », a affirmé à l’AFP Damien Rieu, porte-parole du mouvement.

    A la question de savoir comment ces militants reconnaîtraient un « Français de souche », celui-ci a seulement indiqué: « on aide tout le monde, on ne va pas faire demi-tour (face à un sans-abri qui aurait l’air étranger, ndlr), mais il y aura cette préférence ».
    Ce groupe utilisera ses fonds et des dons privés pour financer cette opération.

    Le Parisien – Lire aussi l’article plus détaillé de Lyon Capitale

    Le collectif de vigilance 69 dénonce « la soupe aux cochons » de Rebeyne. Lyon Mag

    http://www.fdesouche.com/

     

  • Zemmour : « Montebourg est tout miel avec Renault »

    Chronique d’Eric Zemmour du 18 janvier 2013 : la curieuse mansuétude de Montebourg sur le dossier Renault.


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : la curieuse... par rtl-fr

  • « Trop Français pour être logé »

    Affiches de la campagne en faveur des SDF Français de souche, lancée par Génération Solidaire.

  • Le modèle social français selon Ayrault

    La tribune de Jean-Marc Ayrault, publiée dans Le Monde du 3 janvier et intitulée sobrement « Pour un nouveau modèle français », respecte les canons du genre. Pourtant derrière le texte politique se dévoilent en creux des contradictions stratégiques, idéologiques et économiques.
    La qualité stylistique du texte est indéniable, l'enchaînement est clair et propose une vision voulue comme neuve et de gauche « pour un nouveau modèle français ». Pourtant, la tribune du premier ministre ne manque pas de susciter l'étonnement. D'emblée, le manque de dimension réellement politique contraste avec l'ambition affichée. La notion de « modèle français » renvoie naturellement au souvenir du Programme du Conseil national de la résistance du 14 mars 1944, compromis historique passé entre les communistes et les gaullistes à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, et in fine à l'idée de consensus national sur les contours de ce modèle, au-delà des clivages et des familles politiques. Dans cette perspective, on comprend mal le réflexe partisan qui consiste à désigner dès l'entame du texte, l'adversaire de « droite ». Adversaire d'ailleurs plus fantasmé que réel ; c'est notamment sur le terrain de la gestion économique que l'œcuménisme est le plus abouti.
    Notre modèle français, réduit à l'économique et à la laïcité (sic), serait principalement menacé par le chômage, la croissance de l'endettement public et la mondialisation. Tardif et réducteur, le constat manque surtout d'un mea culpa : le PS partage avec l'UMP la responsabilité de la situation des finances publiques qu'ils ont tous les deux contribué à dégrader, puisque aucune loi de finances votée n'a présenté un budget à l'équilibre depuis 1974.
    Sur la situation du marché de l'emploi, quel gouvernement depuis la montée du chômage de masse dans les années 1970 n'en a-t-il pas fait sa priorité, sans pourtant jamais réussir à inverser durablement la tendance? L'urgence est pourtant criante alors que la France est désormais dans une configuration inédite en Europe : en dépit de l'accroissement du taux de chômage depuis 2008, les salaires réels continuent de progresser (+0,6 % sur l'année 2012). De quelle lutte des classes parle-t-on ?
    Quant à la mondialisation, la redécouverte par un gouvernement socialiste de la notion de frontière est piquante, mais terriblement partielle puisqu'elle s'applique manifestement avec plus de sévérité à l'impôt du riche qui part, qu'au pauvre qui rentre.
    Toute la saveur de la social-démocratie à la française
    Tribune programmatique, cet oecuménisme économique s'accompagne de la traditionnelle réconciliation des contraires propres aux propos rassembleurs (par exemple, compétitivité et solidarité) et permise par l'usage de concepts un peu creux, qui suscitent l'adhésion de tous tant qu'ils ne sont pas définis (modernisation de l’État, dialogue et coopération, rénovation de l'action publique). En somme, c'est toute la saveur de la social-démocratie à la française : atteindre des objectifs confisqués par la gauche (comme la justice, la solidarité, la sécurisation de l'emploi) en incorporant des recettes, certes de droite, mais légitimée par la morale dont la gauche a le monopole. La belle affaire.
    Sur l'ensemble des sujets évoqués, le gouvernement Ayrault ne se distingue en définitive ni par le lyrisme des incantations, ni par les solutions innovantes. Cette stratégie, comme les précédentes, restera vouée à l'échec puisqu'elle s'expose à deux écueils de taille. Comment concilier, par exemple, politique industrielle ambitieuse et engagement européen inconditionnel ? Il semble que, sur ce sujet comme sur bien d'autres, il faille s'engager sur le terrain de la compromission dont sont coutumières les élites administratives et politiques françaises ; en témoigne l'absence totale de renégociation du fameux « pacte budgétaire européen », qui incarne désormais la trahison la plus éclatante des promesses économiques du candidat Hollande.
    L'autre écueil réside dans la composition des forces de la majorité présidentielle. Au chapitre des urgences économiques figure en bonne place la flexibilisation du marché du travail. Comment mener à bien ces réformes structurelles nécessaires et ne pas se mettre à dos la gauche de la gauche qui a largement contribué à paver le chemin vers la présidence du candidat Hollande ?
    Le changement, ce n'est pas pour maintenant.
    Antoine Michel monde & vie . 15 janvier 2013