Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

social - Page 529

  • La CGT bloque encore toute réforme en France

    Ce 10 janvier à Paris, dans une large indifférence de la population, une délégation de la CGT organisait ce qu'elle appelle un rassemblement régional devant le siège du Medef. Les permanents de la vieille centrale stalinienne apparaissaient flanqués de ceux de la FSU Fédération syndicale unitaire de l'Éducation nationale et de Force ouvrière. Bernard Thibault en fin de mandat participait comme vedette américaine à ce non-événement.

    En cette occasion, annonçait courtoisement l'Humanité : "une initiative sonore et originale sera organisée sous les fenêtres du Medef sur le thème : Le Medef veut casser le code du travail ; les salariés vont lui casser les oreilles." (1)⇓

    Ces mouvements syndicaux regroupent essentiellement des fonctionnaires et des personnels à statuts, mais ils prétendent lutter contre la précarité. Cela peut paraître d'autant plus curieux que les contrats de courte durée représentent une très faible partie des effectifs salariés du pays, et que les syndicats ne s'en préoccupent guère.

    Or, le but de la manœuvre d'intimidation ne contient aucune part de mystère. Dans les dernières 48 heures d'une négociation sur les contrats à durée déterminée, que la gauche voudrait taxer, il s'agit non seulement d'empêcher toute évolution vers ce qu'on appelle la flexisécurité mais d'enrayer tout processus de réformes dans l'économie française.

    Déjà le 13 décembre, la CGT avait annoncé (2)⇓ qu'elle tendrait à bloquer tout accord, à empêcher que le Medef signe un texte avec 2 ou 3 syndicats plus responsables. Ceci toujours au nom de la défense des précaires.

    Or, sur ce sujet la plupart des commentateurs agréés, les un en clair-obscur, les autres en demi-teinte, enrichissent la longue histoire de la langue de bois.

    Les commentaires des journalistes autour de la phase actuelle de ces négociations sur le marché du travail nous contraignent donc aujourd'hui à rappeler certaines évidences. Tant pis si cela amène à enfoncer ce que l'on peut tenir pour des portes ouvertes.

    Aucune réforme ne sera possible avec la CGT pour des raisons essentiellement historiques : on se refuse à remettre en cause un certain héritage étatiste.

    On le fait remonter aux déclarations du 1er octobre 1944 par De Gaulle à Lille : "la collectivité c'est-à-dire l'État doit prendre la direction des grandes sources de la richesse commune". Très rapidement une première vague s'abattait sur le pays. Le 15 novembre 1944 le gouvernement procédait à la confiscation des usines Renault. Le 13 décembre étaient publiées les ordonnances nationalisant les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais.

    L'institution de la IVe république allait aggraver et accélérer le processus. Le 13 novembre 1945 De Gaulle avait été élu président du gouvernement provisoire à l'unanimité des 555 députés ; 10 jours plus tard, il annonçait la nationalisation prochaine du crédit et de l'électricité. Son équipe comprend alors 22 ministres dont 5 communistes.

    Or, le 18 janvier 1946, un projet de loi n° 300 relatif au "monopole et à la nationalisation de l'électricité et du gaz" était présenté à l'Assemblée constituante par Marcel Paul. Ministre de la production industrielle ce militant communiste agissait "au nom de Monsieur [sic] Charles De Gaulle président du gouvernement provisoire". Mais deux jours plus tard, le 20 janvier, le général démissionnait.

    Après son départ, il ne faudra pas moins de 15 projets successifs pour que la loi de nationalisation de l'électricité et du gaz soit votée le 28 mars ; elle sera publiée au JO des 8-9 avril.

    Il se trouve que la principale bataille fut livrée par les communistes et par la CGT dont ils venaient de prendre le contrôle. Ils parviendront alors à transformer cette "direction par la collectivité c'est-à-dire par l'État" (De Gaulle dixit) en vaste centre de privilèges syndicaux. Et c'est seulement le 22 juin que sera publié au Journal Officiel le décret portant sur le "statut national du personnel des industries électrique et gazière".

    Marcel Paul imposera la marque du parti communiste et de la CGT : c'est la sanctuarisation de privilèges professionnels que l'on retrouve à la SNCF et chez les fonctionnaires. Le statut de ces derniers remonte à Maurice Thorez, secrétaire général du parti communiste et ministre de la Fonction publique en 1946.

    Or, aucun des statuts, pas plus que le statut du fermage datant de la même année, n'a jamais été remis en cause.

    La fatigue de plus en plus visible de l'équipe gouvernementale amène beaucoup de Français lucides à s'interroger. Rassemblée depuis mai-juin 2012 autour de Jean-Marc Ayrault la formule peut-elle durer ? On se demande dès lors ce que pourra être l'étape prochaine de la présidence Hollande. Et d'imaginer, au sein de la gauche, une franche rupture avec le parti communiste, une ouverture aux "centristes", un "tournant social démocrate" etc.

    Tout cela supposerait beaucoup de remises en cause et de changements. Difficile de croire que ceci se passera sans une grave mutation et sans une pression dramatique résultant de la dégradation de la situation économique. Le "capitaine de pédalo" s'en montrera-t-il capable ?

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. "L'Humanité" du 8 janvier.
    2. cf. AFP du 13 décembre 2012 à 15 h 38. La délégation CGT était ce jour-là conduite par le successeur de Thibault, le camarade Le Paon.
  • Ca aide la mémoire qui flanche

     « Douée esthétiquement et intellectuellement, madame Royal se révèle une piètre ménagère car elle ne sait pas balayer devant sa porte, selon une expression populaire tout à fait significative.

    Avec ses acolytes, Le Guen, Richard, Rocard, elle s’en prend avec véhémence à la « gestion scandaleuse depuis cinq ans du dossier EADS/AIRBUS ». Elle-même et ces personnalités ont la mémoire courte lorsque cela les arrange (d’autant que l’électeur a encore une plus grand faculté d’oubli).

    Qui a décidé de démanteler la prestigieuse Aérospatiale, société nationale fournissant à la France une importante fraction de ses armes, aux bureaux d’études héritiers de ceux qui, sous la IVème République et aux débuts de la Vème avaient hissé la France aérospatiale au 3ème rang mondial ? Qui, sinon le gouvernement de M. Jospin, celui-ci aujourd’hui membre de l’équipe Royal.
    Qui a cédé généreusement 31.45 % de la future entreprise Matra-Aérospatiale à J.L. Lagardère, préparant ainsi la privatisation de l’Aérospatiale bradée au secteur public et aux capitaux étrangers ? Le gouvernement de
    M. Jospin. Aujourd’hui, madame Royal s’attaque au groupe Lagardère « si proche du pouvoir (celui du gouvernement socialiste ?) qui s’est opportunément désengagé quelques semaines avant l’annonce des retards de l’A. 320 (mais non madame, de l’A 380) ». Mais ce sont ses amis qui l’ont abusivement, transformé en principal dirigeant de l’ensemble EADS-AIRBUS.

    Qui a souscrit à un montage politico-industriel aussi absurde que celui d’EADS, à la direction bicéphale aux intérêts nationaux divergents, à la hiérarchie interne compliquée par des conceptions techniques différentes, conséquences du cloisonnement national séculaire ? Qui n’a pas compris ce que devait être une entreprise industrielle et commerciale affrontant la concurrence internationale avec un patron, une équipe, une doctrine ? Messieurs Jospin et Strauss-Kahn confondant politique et industrie pour créer un monstre qui ne pouvait qu’aboutir à « la catastrophe et au scandale » que dénoncent aujourd’hui M. Jean-Marie Le Guen et aussi M. Rocard soulignant le « désastre financier »
    « L’Etat peut faire et doit faire, la puissance publique doit assumer ses responsabilités… »  déclame madame Royal. Mais qui ne les a pas assumées en se déchargeant de l’Aérospatiale au profit du secteur public sinon le gouvernement de M. Jospin ?

    « Avec moi l’Etat sera fort, juste à sa place », insiste la candidate. Mais comment la France peut-elle bénéficier d’un Etat fort après que son maître à penser, François Mitterrand lui eut infligé le traité de Maastricht et les abandons de souveraineté qu’il implique ?

    Selon le Nouvel Observateur (du 21 octobre 1999) publication dont madame Royal ne peut nier la compétence, M. Lionel Jospin (en créant EADS) a mis sur pied… « un outil puissant de la contraction d’une Europe forte, solidaire et maîtrisant pleinement son avenir » et Airy Routier, le signataire de l’article d’ajouter : « le Premier ministre a insisté sur le « caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme du nouveau groupe ». Et il précise « Victoire de l’Europe ? Nul ne peut en douter ».

    Outil puissant de la construction d’une Europe forte et solidaire ? L’ « outil puissant » est en état de faiblesse, l’Europe n’a pas été solidaire mais source de division et d’échec. Belle prospective.

    Et belle réussite pour la France que de « transformer l’entreprise publique Aérospatiale en une société franco-allemande, société au nom anglais logée à Amsterdam ». C’est ce qu’acceptèrent MM. Jospin et Strauss-Kahn celui-ci ayant reçu la mission de négocier avec les Allemands la capitulation française.
    En 1999, ainsi qu’on l’a vu, le Premier ministre avait proclamé « le caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme ». En fait de stabilité, à la fois Lagardère et DaimlerChrysler réduisent leur participation, la Grande-Bretagne se retire du capital, si bien que « l’actionnariat n’a été ni stable ni de long terme ». C’était un peu osé de la part de MM. Jospin et Strauss-Kahn que de fonder le succès d’une entreprise scientifico-technique sur un groupe  de presse français et une firme germano-américaine d’automobile. Et le pari a été perdu. Aux contribuables de remédier à ce désastreux gâchis et aux candidats à la présidentielle de profiter de l’aubaine en multipliant les déclarations démagogiques et les apparitions à la télévision afin de quêter des voix. Mais le mal est fait. Aux contribuables de panser la plaie.

    En vingt-cinq ans la France a perdu – définitivement – la place éminente qu’elle occupait dans le domaine aérospatial. La stupide politique du tandem Mitterrand-Hernu visant la réalisation d’un avion de « combat européen » a abouti aux succès commerciaux d’un appareil anglo-allemand, l’Eurofighter et à la généralisation en Europe d’avions américains F 16 et F 35 et cela pour la durée du siècle. Au détriment des études et de la production françaises qui avaient gagné plus de la moitié du marché mondial, avec une trentaine de pays acquéreurs. Quelque 3000 techniciens de haut niveau, près de 200.000 spécialistes qui en vivaient ont dû en venir à de pénibles reconversions…
    Mais, après tout, les Français, qui en ont vu d’autres, s’accommodent du choix politique qu’ils ont fait. Ils sont prêts, d’ailleurs, à en faire, à nouveau, d’aussi malheureux.

    Jaloux, voici cinq siècles, Charles Quint disait déjà : « Aucun pays n’a plus fait pour son malheur que la France et, pourtant, tout lui a tourné à bonheur ».

     A condition de ne point lasser le bonheur. »

    Pierre-Marie Gallois 2007   http://www.lesmanantsduroi.com

  • L’Europe face à une vague de pauvreté généralisée

    Un Européen sur quatre est menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ce taux est en augmentation depuis l’année dernière. La crise, l’austérité mais aussi la flexibilisation du marché du travail figurent parmi les cause principales de l’aggravation de la situation.

     

    La pauvreté augmente en Europe. Près du quart de la population de l’Union européenne était menacée d’exclusion sociale en 2011. Ce sont les derniers chiffres de l’agence européenne de statistiques, Eurostat, datés de ce mois de décembre. Le taux de pauvreté a augmenté d’un point par rapport à 2010 et 120 millions d’Européens sont menacés aujourd’hui.

     

    Disparité entre les Etats

    L’indigence ne touche pas tous les Etats européens de la même manière. Les plus fortes proportions de population menacée se trouvent en Bulgarie avec 49%, puis en Roumanie et Lettonie avec 40%. La Grèce, violemment frappée par la crise arrive ensuite avec 31%. Les plus préservés sont la République tchèque, la Suède et les Pays-Bas. La France reste au milieu du classement avec 19,3% de sa population qui risque l’exclusion. Un chiffre stable par rapport à l’année précédente.

    « Pour 8 à 9% de la population, il y a un risque de privation matérielle sévère. Et 10% restent exclus du travail. C’est à dire qu’ils travaillent moins de 20% de leur temps. C’est une situation nouvelle, due à la crise et qui frappe dûrement les populations européennes. La crise crée des situations de pauvreté et notamment de chômage. Pratiquement 25 millions de chômeurs sont dans l’Union européenne. Et dans des pays très frappés par la crise comme la Grèce ou l’Espagne, le chômage atteint parfois les 40% et frappe tout spécialement les jeunes », explique Jean Dominique Giuliani, président de la fondation Robert-Schuman.

    Quand austérité rime avec pauvreté

    Et pour ces pays du sud de l’Europe, la situation devient extrêmement difficile. Beaucoup de familles ont du mal à joindre les deux bouts et les populations se plaignent de l’austérité tant prônée par l’Europe et la troïka (FMI, Commission et Banque centrale européennes)

    Fortement touché par la crise de la dette, le Portugal, par exemple, a enchaîné les plans d’austérité : réduction des salaires de la fonction publique, des retraites, augmentation des impôts directs et indirects. Et dans le même temps, le gouvernement a réduit ses dépenses sociales avec la diminution des indemnités de chômage, ou du revenu minimum qui tourne aujourd’hui autour des 600 euros.

    « La classe moyenne est très touchée et ces réductions de revenus frappent plus particulièrement les populations les plus vulnérables comme les familles monoparentales et les retraités. Mais il y a aussi une augmentation de la pauvreté auprès des travailleurs. On le voit beaucoup à travers les réseaux de solidarité comme les églises qui nous disent qu’il y a un nombre croissant de personnes et de familles qui cherchent des aides alimentaires ou scolaires… », témoigne Paula Bernardo, secrétaire générale adjointe du syndicat Union général pour les travailleurs.

    Grâce à sa politique d’austérité, le déficit portugais s’est réduit et atteint aujourd’hui 5,6% du produit intérieur brut (PIB) contre 6,7% l’année dernière. Mais l’objectif fixé par les bailleurs de fonds était de 5% en 2012, puis 4% l’année suivante. L’effort des Portugais semble encore loin d’être terminé.

    Les limites de la flexibilité

    L’austérité n’est pas le seul facteur de pauvreté. En témoigne la hausse radicale de la paupérisation en Allemagne. Ce pays souffre moins de la crise que l’Espagne, la Grèce ou le Portugal. Son taux de chômage reste nettement inférieur à celui de la France. Et pourtant, le taux de pauvreté allemand est supérieur. En ascension depuis 2005, il culmine aujourd’hui à près de 20%.

    Les lois Hartz, mises en place en 2005 pour lutter contre le chômage, ont fortement flexibilisé le marché du travail. Mais elles ont aussi paupérisé les chômeurs et les travailleurs fragiles. « Il n’y a pas de Smic en Allemagne. Le pays a fait de gros efforts de modération salariale. Entre le mileu des années 90 à 2005, la croissance des salaires allemands a été inférieure d’1% par rapport à celle de la France et s’est en plus accompagnée d’une augmentation des inégalités salariales. Depuis 2005, la situation s’est dégradée avec la baisse des indemnités chômage. Donc, même si le chômage a beaucoup baissé en Allemagne, le taux de pauvreté des chômeurs, lui, a beaucoup augmenté », analyse Guillaume Allègre, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

    67% des chômeurs allemands sont pauvres contre 37% en France. Aujourd’hui, l’Allemagne perçoit les limites de son modèle récent, fondé sur le développement d’une économie à bas salaires et aux emplois à faible coût, appelés là-bas mini-jobs. Plus de 7 millions d’Allemands disposent d’un mini-job, payé 400 euros par mois. Certains en cumulent plusieurs, d’autres les utilisent pour arrondir leurs fins de mois en complément d’un autre emploi principal. Mais jeunes, femmes et retraités restent les principaux bénéficiaires de ces contrats. « Le problème c’est aussi que la population allemande est vieillissante et qu’elle aura de plus en plus besoin d’aides sociales. Si le pays continue sur cette voie, bientôt on ne parlera plus du succès du modèle allemand mais de son échec », ajoute Guillaume Allègre.

    Les questions sociales devraient donc rester au coeur des préoccupations de l’Union européenne. Pourtant, les Etats membres divergent toujours sur le maintien de l’enveloppe consacrée à l’aide alimentaire européenne dans le budget 2014-2020.

    Rfi  http://fortune.fdesouche.com

  • Interview d'Etienne Chouard sur la Dette et le projet de Constituante

  • Pour un protectionnisme européen

    Le temps du libre-échangisme économique triomphant est fini. Ceux qui dans les médias avaient réduit au silence le prix Nobel Maurice Allais (*) doivent maintenant entrouvrir la porte aux critiques de la mondialisation : localisme, relocalisation, patriotisme économique, protectionnisme national raisonné, protectionnisme européen, tels sont désormais les termes du débat.

    Car, aujourd’hui, il y a bien débat. Pour s’en convaincre, s’il en est besoin, il suffit de suivre les tribunes économiques et se reporter, par exemple, au récent sondage IFOP, commandité par une vingtaine d’économistes et intellectuels indépendants, qui montre que les deux tiers des Français sont favorables à une augmentation des droits de douane et pour les quatre cinquième d’entre eux si possible dans un cadre européen. Le site Marianne2.fr y a consacré une très large étude, le 16 juin 2011.

    Par ailleurs, il est à signaler une vidéo de l’économiste Hervé Juvin, produite pour le site realpolitique.tv, sur le thème, L’heure est-elle au retour du protectionnisme ?, sans omettre son livre, Le renversement du monde - politique de la crise , dans lequel il pourfend le libre-échangisme.

    Une thèse défendue à Rome, dès juillet 2010, par deux économistes de l’Université Montesquieu de Bordeaux. Gérard Dussouy (**), connu des lecteurs de Polémia, et B.Yvars y défendent un protectionnisme autocentré sur une Europe fédérale, identitaire et carolingienne. Un point de vue que nous livrons à l’examen de nos lecteurs qui pourront prendre connaissance de l’introduction ci-après et lire la communication en entier en format pdf (voir en fin de l’introduction). (Source : site web "Chaire Jean Monnet de Bordeaux 4 - Intégration régionale comparée").

    Polémia


    Bien-être et consolidation de l’Etat de droit dans l’UE
    dans le contexte de globalisation

    G. Dussouy et B. Yvars
    Université Montesquieu - Bordeaux IV

    Introduction:

    La prospérité et le bien-être des populations de l’Union Européenne sont désormais en danger sous l’effet des crises engendrées par l’endettement des économies nationales et par les dérives chaotiques d’une économie mondiale dérégulée. Déstabilisé par les flux de la mondialisation, le modèle européen est en crise à tous les niveaux ; il est en voie de marginalisation géopolitique (la décentration de l’économie mondiale vers le Pacifique est un fait de plus en plus admis), de paupérisation et de communautarisation. Sa spécificité et son destin sont d’autant plus en jeu que règne entre les peuples de l’Union une culture d’indifférence aggravée par l’absence de tout progrès dans la formation d’une identité européenne .

    Face aux nouveaux défis, la gouvernance mondiale demeurant un vain mot, un slogan, voir une chimère, comme le démontrent tous les « grands sommets » du G8 au G20, la seule issue réside, plus que jamais, dans la réactivation du projet fédéraliste , dans la réalisation de l’Etat européen capable de rassembler les dernières forces vives du continent. Quitte à ce que le processus n’engage, dans un premier temps, qu’un petit nombre de peuples européens, il doit prioritairement renouer avec des logiques de gouvernement qui privilégient les intérêts et les identités de ces derniers. S’il en était autrement tout est à craindre pour la prospérité et la démocratie en Europe.

    Lire la suite en pdf

    G. Dussouy et B. Yvars http://www.polemia.com
    Rome Juillet 2010

  • Pierre-Joseph Proudhon Un socialiste politiquement très incorrect...

    Que serait une pensée politique rivée aux seuls échos d'une actualité tonitruante ? Il faut chercher plus loin et voir plus haut que les brutales assertions des manipulateurs de la pensée unique. A l'heure où la démocratie humanitaire se prétend la seule référence morale, unanimement valable pour le monde entier, il n'est certes pas mauvais de mettre son nez dans les ouvrages de quelques penseurs, dont on saura apprécier la différence. Proudhon ne fut pas seulement un militant et un écrivain, ce fut aussi, à sa manière, une sorte de prophète. La chute de l'Union soviétique ne nous à certes pas débarrassé du marxisme, auquel croient encore tant d'intellectuels occidentaux, alors que le rêve confus des Russes devient de mélanger socialisme, nationalisme et panslavisme. Plus que jamais, il importe de connaître celui qui fut le grand rival de Karl Marx et dont la vision n'est pas aussi démodée que voudraient le faire croire ses adversaires libéraux et communistes depuis plus d'un siècle. Dans un monde dominé par un étatisme d'autant plus centralisé et redoutable qu'il devient universel, les idées de Proudhon peuvent surprendre, mais on ne peut ignorer le sens à la fois révolutionnaire et conservateur qu'il donne à un "fédéralisme" qui n'est certes pas une utopie, mais peut-être une véritable vision à la mesure des défis gigantesques que nous connaissons aujourd'hui.
    Si le terme même d'enracinement recouvre de solides réalités, le cas de Jean-Joseph Proudhon, reste exemplaire. Il le précisera lui-même : « Je suis né à Besançon, le 15 janvier 1809, de Claude-François Proudhon, tonnelier, brasseur, natif de Chasnans, près de Pontarlier, département du Doubs, et de Catherine Simonin, de Cordiron, paroisse et Burgille-les-Marnay, même département. Mes ancêtres de père et de mère furent tous laboureurs francs, exempts de corvées et de main-mortes, depuis un temps immémorial ».
    D'une famille trop pauvre pour poursuivre des études, cet enfant particulièrement doué renonce à l'Université pour devenir ouvrier typographe. De retour de son "Tour de France" traditionnel, il fonde une imprimerie avec deux de ses compagnons.
    Après avoir publié des brochures jugées révolutionnaires, il sera élu député en 1848.
    Sous le Second Empire, il connaît la prison et l'exil, mais ne renonce jamais à des idées qui lui vaudront une tenace pauvreté et une grande solitude.
    Ce n'est certes pas lui qui sera un profiteur de n'importe quel système politique et son socialisme ne sera jamais alimentaire :
    « Créer de la richesse, faire de l'argent, s'enrichir, s'entourer de luxe, est devenu partout une maxime de morale et de gouvernement. On est allé jusqu'à prétendre que le moyen de rendre les hommes vertueux, de faire cesser le vice et le crime, était de répandre partout le confort, de créer une richesse triple ou quadruple : à qui spécule sur le papier, les millions ne coûtent rien ».
    Aussi son jugement sur la société de son temps - lui qui a connu la monarchie, la république et l'empire - est impitoyable : « On a remarqué que les plus fougueux démocrates sont d'ordinaire les plus prompts à s'accommoder du despotisme, et réciproquement que les courtisans du pouvoir absolu deviennent dans le même cas les plus enragés démagogues ».
    Son action n'est pas tant celle d'un conspirateur, comme Blanqui, mais d'un doctrinaire. Certes, ses idées ne sont pas exemptes de contradictions, mais n'en sont que plus vivantes et plus libres.
    Contre le totalitarisme, contre la centralisation, contre l'impérialisme, il recherche un équilibre dynamique entre le spiritualisme et le matérialisme, entre la liberté et l'autorité, entre le rêve et l'action, entre le droit et la justice, entre la révolution et la tradition.
    Il n'y a pas finalement de "doctrine" proudhonienne, mais une manière proudhonienne d'aborder la vie des hommes et des peuples.
    Toute sa trop courte existence - il mourra à Paris le 19 janvier 1865, à cinquante-six ans, après une vie militante et familiale exemplaire - il s'affirme à contre-courant de toutes les idéologies et de toutes les illusions dominantes. Un de ses disciples du XXe siècle, le trop méconnu Alexandre Marc, dira de lui qu'il fut grand frondeur devant l'Eternel scissionnaire opiniâtre, "non-conformiste" farouche.
    Aussi est-il difficile, à plus d'un siècle de distance ; de le situer facilement par rapport à une "gauche" et à une "droite", qu'il avait tendance à récuser, mais aussi parfois à con joindre, Libre-penseur dans tous les sens du terme, il s'est voulu finalement une sorte d'aventurier de la pensée, un défricheur et un éveilleur.
    Celui qui devait si bien le comprendre et le poursuivre, le grand Péguy, allait, mieux que tout autre, définir le rôle de tels "prophètes" : « Une grande philosophie n'est pas celle qui prononce des jugements définitifs, qui installe une vérité définitive. C'est celle qui introduit une inquiétude qui ouvre un ébranlement ».
    Ainsi l'œuvre de Proudhon est, plus qu'un jugement sur la société de son temps, une incitation à agir. En ce sens, ce doctrinaire du travaillisme français est le maître du vieux Sorel et des socialistes prolétariens, qui devaient tant se heurter aux socialistes parlementaires au début de notre siècle. Il a parfaitement précisé le sens de son "enseignement" : « Faire penser son lecteur, voilà, selon moi, ce qui dénote l'écrivain consciencieux ».
    La démarche politique et morale de toute sa vie va le conduire de l'anarchie, qu'il professait vers 1840, à l'idée de "fédération", qui sera son grand apport à une nouvelle vision de monde.
    Partisan résolu de toutes les diversités - on dirait aujourd'hui : de toutes les identités - il refuse l'uniformité, le nivellement, l'indifférencié. Les familles, les communes, les provinces, les Etats, doivent s'unir ; se "fédérer", mais non disparaître. Il l'affirme sans ambages : « Le système fédératif est à l'opposé de la hiérarchie ou centralisation administrative et gouvernementale par laquelle le distinguent, ex aequo, les démocraties impériales, les monarchies constitutionnelles et les Républiques unitaires ».
    On imagine aujourd'hui quel type d'Europe il aurait souhaité et quelle caricature il en aurait refusée.
    Certains de ses propos tomberaient sans doute de nos jours sous le coup de la loi. Ceux-ci par exemple : « Qu'importe aux étrangers le despotisme gouvernemental. Ils ne sont pas du pays ; il n 'y entrent que pour l'exploiter, aussi le gouvernement a intérêt à favoriser les étrangers dont la race chasse insensiblement la nôtre. » Ou encore : « La gloire d'un peuple, c'est de faire de grandes choses, en conservant la pureté de son sang, de son individualité, de sa tradition, de son génie ».
    Comme le disait admirablement le résistant Alexandre Marc, au lendemain de la dernière guerre : « Notre monde a besoin de Proudhon... comme on a besoin de lumière, d'air pur, d'eau fraîche, de pain franc, de camaraderie, d'amitié virile, d'espérance ».
    Jean MABIRE National Hebdo du 15 au 21 avril 1999

  • DALO : 2 000 000 logements vide en France !   explications SVP

    Droit au logement est un droit fictif, un faux espoir, le droit "opposable" stupide ! comme le fumeux principe de précaution, dans ces deux cas c'est la réponses énarchique, étatique, face aux réalités d'une France qui ne compte que 56 % de propriétaires (ou l'on détruit les patrimoines et ou on empêche les jeunes générations de s'en constituer un ) par des prélèvements très lourds, une fiscalité confiscatoire et par l'émigration des forces vives est leurs capitaux. 
La crise des logements sociaux est l'un des facteurs qui participent au déclin moral et économique de notre société. Sans toit, sans adresse ni dignité les "pauvres" sont condamnés à vie dans un assistanat humiliant, une trappe à misère. 
Les politiques publiques du logement mises en place par l'Etat jacobin, centralisateur, fonctionnarisé et géré par des multitudes d'organismes HLM ne parviennent pas à satisfaire les demandes, ni pour la quantité et la qualité à des prix raisonnables. 
Le secteur privé a toujours été laminé, méprisé, accablé de taxes, d'impôts, de réglementations très inégalitaires et contraignantes. 
Au lendemain de la guerre sous la pression communiste, les propriétaires forcement "exploiteurs" ne disposent plus des revenus pour investir, entretenir leur parc locatif. 
Des lois très favorables aux locataires indélicats, aux squatters, avec la complicité d'une justice coûteuse et lente, cela décourage les investissements pour la location. 
Résultat : 2 000 000 logements vides ? Inutiles. Soit en attente de travaux, soit que leurs propriétaires ne veulent plus louer par crainte des impayés ou des impôts ! 
Il faut faire des réformes pour que le secteur privé participe dans la sécurité à l'offre locative ! Pour désengorger les HLM des locataires qui s'y incrustent faute d'offres à prix abordables. 
L'offre de logement doit être régulée par le marché et par la garantie du respect de la propriété privé. C'est un droit naturel, universel, inscrit dans la Constitution de 1789 ! Seul le marché peut s'adapter aux besoins des français en quantité et en qualité, dans la liberté, avec une fiscalité raisonnable avec des contrats équilibrés entre les deux parties bailleurs/locataires. 
Le DAL (droit au logement )  et les autres mouvance d'extrême gauche qui prônent les réquisitions se trompent. Un droit au logement ne saurait être un droit naturel, car il est impossible à réaliser sans prendre aux uns pour donner aux autres.
    Les droits des uns ne peuvent s'exercer aux dépens des droits des autres. L'état ne peut tout faire. Avec des lois simples, des réformes réelles, le public et le privé peut résoudre l'offre et le prix des logements. 
La liberté d'entreprendre dans la responsabilité,  sans trop de contraintes coûteuses  est un facteur de réussite. 60 ans d'échec en matière de logement d'état, c'est la triste réalité….. 
Effectivement, c'est une stupidité totale. Si nous n'avions pas tant d'immigrés que l'Etat nourrit, habille, loge à nos frais, il y aurait une quantité suffisante de logements pour les Français qui sont souvent plus mal logés que les immigrés. Une certaine concurrence s'établirait entre les propriétaires bailleurs et maintiendrait les loyers à un niveau honnête. En 2009, nous avons perdu 200.000 emplois industriels et nous avons laissé entrer autant, sinon plus d'immigrés. Un jour, les Français vont se réveiller et tout va voler en éclats. Parfois, je me demande s'il n'y a pas un complot contre la France. Toutes mes salutations.
    2010  EVRARD Michel.

    ET AUSSI
La pénurie de logements dépend aussi grandement d'une immigration massive, toujours aussi peu contrôlée et pas du tout choisie contrairement à ce qu'affirme l'illusionniste qui nous sert de Président.
Chaque année, par centaines de milliers de nouveaux immigrés viennent alourdir le fardeau  des Français. Ils réclament une prise en charge totale, demande que la France s'échine à satisfaire car des lois idiotes et mortelles pour notre pays prévoient que tout individu, même entré illégalement sur le territoire français, est en droit d'exiger l'application de ces lois !
Nous ne pouvons les loger ni leur procurer du travail, d'ailleurs ils sont peu nombreux à entrer chez nous pour ce motif les aides et allocations de toutes sortes leur suffisent, et en plus nous devons emprunter des milliards d'euros à l'international pour satisfaire à leurs besoins ! Nous délirons et nous sommes au bord du précipice !
Avec 5 millions de personnes en âge de travailler et qui n'ont pas d'emploi, le problème de la main d'œuvre doit être résolu avec des solutions franco-françaises et non par un appel incessant à l'immigration pour arriver, par des formations adaptées au monde du travail et des salaires étudiés, à diminuer fortement le coût du chômage. 
Croire que les immigrés d'aujourd'hui paieront nos retraites demain est faux : dans 20 ans ils seront aussi à la retraite, une retraite qu'il faudra assumer. Leurs enfants, passés par l'Ecole de la République ou par les collèges et lycées musulmans, qui pulluleront bientôt, auront d'autres ambitions que de remplacer leurs parents sur les chantiers ou dans le usines !! Faire encore et toujours appel à de nouvelles couches d'immigrés extra-européens c'est tout simplement entrer dans un cercle infernal alors que par le simple jeu de la fécondité la France sera africaine et musulmane à plus de 50% avant la mi-siècle.
La solution minimale qui s'offre à nous pour redresser cette situation c'est un moratoire d'au moins dix ans pendant lequel toute immigration sera suspendue. Ce temps nous permettra peut-être de régler les problèmes des immigrés qui acceptent de s'intégrer par le travail et par le respect des lois et des coutume françaises, les autres devront être renvoyés chez eux.


    Y.P. 2010

  • Que fait le Secours catholique aujourd'hui ?

    Worou-Kenou est un vétéran de l'action humanitaire. Tourné davantage aujourd'hui vers le domaine africain, il a accepté de nous parler du Secours catholique dont il est un ancien membre.

    Que pensez-vous de l'histoire de Cécile Duflot, ministre du Logement, qui prétend exercer son droit de réquisition sur des bâtiments religieux inoccupés pour loger les SDF pendant l'hiver ?
    Je crois que l’Église n'a aucune leçon à recevoir dans le domaine de la charité collective. L’Église de Paris, depuis plusieurs années, sans aucune aide de l’État, a lancé l'opération Hiver solidaire, dans des salles paroissiales ouvertes pour la mauvaise saison, et cela d'ailleurs en partenariat avec des bénévoles du Secours catholique et de l'Ordre de Malte. On peut citer, mais ce n'est pas exhaustif, des églises comme Saint-Léon ou Notre Dame de l'Assomption, qui pratiquent l'accueil des sans-logis. C'est un véritable mouvement de fond dans le diocèse. Je ne compte pas les nombreux vestiaires, les associations paroissiales et les initiatives chrétiennes qui fleurissent un peu partout.

    Que fait le Secours catholique pour l'hébergement des sans-logis ?
    Le Secours catholique ne gère pas d'hébergement. Il s'en est remis pour cela à une filiale, l'association des Cités, son antenne professionnelle. J'insiste sur le fait que l'association des Cités est purement laïque, elle n'a plus aucun lien avec l'Église de France. C'est ainsi qu'elle peut soutenir des opérations du Planning familial ou distribuer des préservatifs. Le Secours, lui, a des bénévoles qui font de l'accueil de jour, en proposant des permanences juridiques (utilisées par les « sans-papiers » mais pas seulement) et surtout une atmosphère de convivialité avec les personnes en détresse, que l'on cherche à accompagner pour les aider à s'en sortir. Typiquement chrétien en cela, le Secours entend proposer autre chose que la logique de l'assistanat et de la « co-construction de la réinsertion ». Il cherche à accueillir la personne, à voir son projet, à la responsabiliser et à développer son potentiel. Par exemple, cette année, à ce que je sais, c'est un SDF, cuisinier, qui s'occupe d'un repas de Noël comportant 130 personnes. Le SDF prend tout en charge, des commandes à l'assiette. Et il y a ainsi dans Paris cinq accueils de jour pour les SDF, recevant de 20 à 100 personnes chaque jour : ils sont animés uniquement par des bénévoles (les professionnels sont en amont dans l'organisation générale).

    Il n'y a pas de crise pour vous ?
    Détrompez-vous ! Je crois que l'on commence à voir une crise du bénévolat, qui est un écho de la crise qui secoue l'Église. La génération 68, là comme ailleurs, n'a pas transmis et les effectifs vieillissent. Certes, il y a une nouvelle génération. Mais elle est souvent beaucoup plus exigeante au niveau de l'engagement spirituel et crée d'autres mouvements.
    Je pense à l'APA (Amitié Partage Appartements) de Martin Choutet, ou à Aux Captifs la libération, une association, c'est vrai, qui a du mal à vivre sa professionnalisation : quand on reçoit des subventions de l'État, on est obligé d'être beaucoup plus neutre ! Mais au départ, elle s'était fondée sur un dynamisme spirituel très important. De cette jeune génération de bénévoles, qui travaillent avec L'Emmanuel ou l'APA, on peut dire qu'ils n'ont pas peur d'être catholiques, ils mettent le Saint-Sacrement au cœur de leur engagement et en même temps, ils se sont affranchis de tout ce qui est sclérosant chez les catholiques « de gauche » et de ce qu'il y a de communautariste chez les catholiques « de droite ».

    Comment le Secours a-t-il vécu l'élection de François Hollande ?
    Pour le Secours catholique, cela a été un grand soulagement, comme la réponse à une longue attente.
    Très critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, et aussi de Christine Boutin, auxquels il reprochait une « stigmatisation des pauvres » et une politique inégalitaire, le Secours est aujourd'hui très constructif avec le nouveau gouvernement, dont on cherche toujours à excuser les carences avec des formules comme : « Malgré une évidente bonne volonté... »
    Au siège du Secours, j'ai moi-même pu voir de petites affiches anti-UMP. L'actuel président du Secours catholique, François Soulage, rocardien de toujours, vient d'ailleurs de publier avec Guy Aurenche, président du CCFD, un ouvrage qui s'intitule Le pari de la Fraternité, dans lequel il exhorte l’Église à « sortir de l'ornière du conservatisme ».
    Quand vous pensez que le président du Secours est statutairement nommé par les évêques de France, vous comprenez que l'engagement politique des laïcs reste un problème dans notre Église.

    Que penser du Motu proprio signé le 1er décembre dernier par Benoît XVI sur Le service de la charité ?
    C'est le reflet d'une politique de reprise en main des organisations internationales par le pape. Je pense à Caritas internationale, dirigé par le cardinal Maradiaga et dont la secrétaire générale Lesley-Anne Knight a été éconduite par le Vatican, en 1991, au motif que, malgré ses grandes compétences techniques, elle ne mettait pas en valeur l'aspect évangélique de Caritas. Ces nouvelles mesures romaines suscitent une profonde incompréhension de la part d'un François Soulage. Pourtant, le Secours catholique est l’antenne française de Caritas internationale.

    Quel est l'enjeu de cette reprise en main ?
    Je citerai un Africain, le président du Conseil pontifical Cor unum, le cardinal Robert Sara, déclarant récemment sans prendre de gants « L'homme ne vit pas seulement de pain. La charité n'est pas que de la philanthropie mais un authentique don de soi ». Les catholiques blanc de gauche, qui n'arrêtent pas de parler de l’Autre, ne comprennent plus ce langage si foncièrement chrétien de l'ancien archevêque de Conakry…
    Propos recueilli par Alain Hasso monde & vie 26 décembre 2012

  • Les vrais chiffres du chômage : 9 millions de demandeurs d’emplois

    Il y a les chiffres officiels (les fameuses catégories A) et puis ceux que l’on ne comptabilise pas… les chômeurs invisibles !

  • Charité : l’Église en ses œuvres

    Cécile Duflot s'en est pris à l’Église, coupable à ses yeux de manquer à la « solidarité ». Sur le terrain, les associations, congrégations et paroisses catholiques assument pourtant un rôle irremplaçable.
    S'il existait un prix de la sottise politique, Cécile Duflot ne le remporterait peut-être pas, mais elle ferait à coup sûr une excellente candidate. Dans un entretien publié par le Parisien le 3 décembre, le ministre du Logement, évoquant la multiplication des sans-abri et l'éventualité d'une réquisition des biens de l’Église, déclarait : « Par exemple, il semble que l'archevêché de Paris possède des bâtiments quasi vides. Je viens donc de leur écrire pour voir avec eux comment utiliser ces locaux. (L’Église fait partie des personnes morales...) dans tous les sens du terme ! J'ai bon espoir qu 'il n'y ait pas besoin de faire preuve d'autorité. Je ne comprendrais pas que l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité. Pour moi, ce n'est pas une simple question légale, c'est un choix de société. »
    Le contexte de cette déclaration blessante et menaçante (au fait, qu'est-ce qu'un bâtiment « quasi-vide » ?) suffisait à laisser planer le doute sur les intentions réelles de Cécile Duflot : en s'en prenant à l’Église, ne souhaitait-elle pas redorer aux yeux de sa famille politique un blason terni par son maintien au gouvernement malgré le conflit opposant les Verts et l'extrême gauche au premier ministre autour de l'aéroport de Nantes ? Surtout, ne voulait-elle pas « punir » l'épiscopat pour ses déclarations hostiles au « mariage » homosexuel ? De là à la soupçonner d'avoir utilisé le drame des sans-abri pour des raisons de basse politique politicienne, le pas était vite franchi.
    L'épiscopat a vivement réagi à cette agression stupide. Dans un communiqué commun, le Diocèse de Paris et la Conférence des religieux et religieuses de France ont fait savoir au ministre que « l’Église n'a pas attendu la menace de réquisition brandie (...) pour prendre des initiatives » ; Mgr Dubost, évêque d'Evry, a répondu plus sèchement encore en invitant Cécile Duflot à « mettre à disposition ses salles de réception ».
    L'intéressée a déchanté d'autant plus vite que la gauche catholique a elle aussi fort mal réagi. La presse de gauche ne l'a pas plus épargnée et il n'est pas jusqu'à L'Humanité qui, sous la plume de Paul Masson, a vu « dans le fait que Cécile Duflot en appelle à l'église pour offrir un toit aux sans-abri, un signe inquiétant de la mollesse du gouvernement face aux banques et aux grands groupes immobiliers ». Pour l'opération de com', c'est raté !
    L’État-Providence réduit à l'impotence
    Le gouvernement joue de malchance : l'émotion suscitée par les déclarations du ministre n'est pas encore retombée que l'hebdomadaire Le Point fait état d'un document de 2006, montrant que sous Jean-Marc Ayrault, les services de la mairie de Nantes ont fiché 129 SDF, en consignant « jusqu'aux moindres détails, même les plus intimes, y compris les relations homosexuelles ». La gauche fiche les pauvres ! Le premier ministre se défend en arguant qu'il s'agissait d'initiatives prises par quelques agents, sans aucune instruction et auxquelles il a été mis fin, la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) en ayant pris acte ; et que par conséquent, il n'y a « pas à faire de polémique autour de quelque chose qui n'existe plus ou si cela existait c'était de façon totalement marginale et ne correspondait à aucune décision, ni politique, ni administrative. » Si cette pratique s'était déroulée, par exemple, à Orange, de telles excuses eussent-elles suffi à étouffer la polémique ?
    Les déclarations intempestives de Cécile Duflot sont pourtant encore plus dérangeantes que cette nouvelle affaire de fiches : elles dénoncent la carence de l’État-Providence ! Et soulignent paradoxalement l'efficacité de l'action de l’Église catholique en matière de lutte contre la pauvreté, associations, congrégations et paroisses confondues. Alors que l'Eglise travaillait jusqu'à présent dans la discrétion, les attaques du ministre attirent l'attention sur ses œuvres et en mettent en valeur la variété et l'importance. Des paroisses aux associations comme l'Ordre de Malte France, le Secours catholique, ou Aux captifs la libération, en passant par des congrégations comme Les Petites sœurs des pauvres qui accueillent des personnes âgées démunies et dont la fondatrice, Jeanne Jugan, a été canonisée voici trois ans par Benoît XVI. Le Centre Saint-Paul, cher à l'abbé de Tanouarn, accueille des personnes la nuit et organise lui aussi une maraude... Bref, les initiatives fourmillent.
    Encore les apports de l'Église n'apparaissent-ils pas toujours en tant que tels... Ainsi l'association Habitat et humanisme, fondé par un prêtre lyonnais, le père Bernard Devert, mais qui se déclare laïque, propose des logements décents à faible loyer à des familles ou à des personnes démunies. Depuis sa création, voilà 20 ans, elle a aidé quelque 15 000 familles à trouver un logement ; or 25 % de son parc immobilier est issu de partenariat avec des congrégations catholiques, qui cèdent leurs locaux au-dessous des prix du marché pour permettre leur transformation en logements sociaux... Qu'en dit Cécile Duflot ?
    Le ministre du Logement ferait bien de s'informer des réalités du terrain. Selon les responsables des relations extérieures de l'Ordre de Malte France, que nous avons rencontrés, la crise économique entraîne une augmentation de la pauvreté et le profil des personnes concernées a changé : parmi les sans abri, se trouvent aujourd'hui des travailleurs pauvres, auxquels leur rémunération ne permet plus de trouver à se loger. « On voit aussi de plus en plus de jeunes pauvres, pas toujours majeurs, qui se trouvent dans une situation de précarité que l'on ne connaissait pas autrefois », remarque Alain de Tonquedec, qui observe encore « une aggravation des situations de pauvreté familiale ». Et l'immigration amplifie le phénomène.
    Il est douteux que l'État, surendetté, boulimique, impotent et asphyxié par le poids de ses dépenses, parvienne à endiguer cette montée de la pauvreté. Si les réalités économiques signent la fin de l’État-Providence, les organisations de charité catholiques auront à assumer un rôle de premier plan.
    Eric Letty monde & vie 26 décembre 2012