Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

tradition - Page 160

  • La théorie des deux glaives

    S’il y a bien un principe qui va clairement à l’encontre de la loi républicaine de 1905 en France et au laïcisme maçonnique en général c’est bien celle-ci ! Rendons donc à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César.
     
    La doctrine des deux glaives est une ancienne thèse de l’Église catholique romaine, à l’époque médiévale, selon laquelle le pouvoir spirituel est déclaré supérieur au pouvoir temporel. Cette doctrine a été mise en place par le pape Boniface VIII, au début du XIVe siècle (1302), dans sa bulle Unam sanctam, publiée à l’occasion du très important désaccord qu’il eut avec le roi de France Philippe IV le Bel. Elle a cependant été pensée dans un premier temps par saint Bernard de Clairvaux, au XIIe siècle, à l’époque des Croisades. « Remets ton épée [ton glaive] au fourreau : qui prend l’épée périra par l’épée » et : « Remets ton épée au fourreau : Ne boirai-je pas le calice que mon Père m’a donné ? », peut-on lire dans les Évangiles de saint Matthieu (XXVI, 52) puis de saint Jean (XVIII, 11), dans un sens à l’origine tout différent : dans la doctrine des deux glaives, il y a l’idée de délégation du pouvoir temporel au pouvoir spirituel, avec la double finalité de donner, avant tout, la prééminence à l’Église (qui souhaite contrôler ou tempérer le pouvoir royal) et aussi de la protéger). (1)
     
    Plus de mille ans de royauté en France ont permis de mettre au point un système de gouvernement d’un pays « à deux têtes » : une tête spirituelle, représentée par l’Église, et une tête temporelle, représentée par le roi. Les autres monarchies européennes ont adopté le même principe, qu’on appelle « la théorie des deux glaives » en France et « la symphonie byzantine » en Russie. C’est d’ailleurs pourquoi le drapeau russe, notamment, comporte un aigle à deux têtes, justement pour symboliser cette forme particulière de pouvoir.

    On a coutume de dire que ces deux pouvoirs sont distincts mais non séparés. Cela signifie que les deux pouvoirs ont pour référence le même Évangile, mais chacun dans sa sphère. A contrario, la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État a officialisé cette séparation, qui existait depuis la révolution française. Est-ce un progrès ?

    Voyons ce qu’en disait le cardinal Ottaviani lors du Concile Vatican II :

    « La doctrine traditionnelle de l’Église est que l’État ne peut être neutre en matière religieuse, puisque l’indifférence de l’État en matière de religion est contraire à sa nature même. L’État est en effet une société naturelle dont la fin est le bien commun des citoyens. En conséquence, il appartient à la nature de l’État le soin du bien commun tout entier (en tant que temporel sur cette terre). Or le bien commun couvre un champ beaucoup plus vaste que l’ordre public. Il est constitué par d’autres biens très importants, comme sont la vérité et la vertu, ainsi que la juste place des citoyens et de la société devant Dieu, auteur de la société. Et donc il appartient à la fin naturelle de l’État de procurer la vraie religion, de la conserver, de la défendre. D’où il suit que les limites à la liberté religieuse ne sont pas seulement les nécessités d’ordre public, mais aussi et surtout les nécessités de la vraie religion ». Et il ajoute : « je dis donc qu’il faut inscrire (dans les textes du Concile)l’affirmation solennelle que l’Église catholique a un droit vrai, natif et objectif à sa liberté, parce qu’elle est divine dans son origine et sa mission. (…) Le Christ et l’Église peuvent imposer une obligation morale, et dans les questions religieuses, qui obligent en conscience ».

    Autrement dit, l’État a pour vocation d’élever spirituellement les hommes, et ceci ne peut se faire sans la religion. C’est là que se trouve la justification de ce pouvoir à deux têtes. Le régime républicain est donc une régression, ce que confirment aujourd’hui la perte du sens moral et la dégradation des mœurs.

    Et la religion dont il est question ne peut être que le christianisme, car c’est la seule religion qui a développé cette théorie des deux glaives, alors que le judaïsme et l’islam confondent les pouvoirs spirituel et temporel, ce qui conduit à la dictature de la théocratie. (2)

    Idée chrétienne bien symbolisée par la signification symbolique de la Croix celtique : priorité du politique et primauté du religieux, les deux sans se contredire, assument le rôle de la Couronne et de la Croix.

  • Jean-Yves Le Gallou : Défendre l’identité doit redevenir l’alpha et l’oméga de la politique

    Source : Boulevard Voltaire
    Jean-Yves Le Gallou, Ancien député européen, essayiste, Président de Polémia, vient de publier Immigration : la catastrophe. Que faire ? aux Éditions Via Romana. Non, l’immigration n’est pas une chance pour la France. Explications et solutions. Pour Jean-Yves Le Gallou, au delà de l’arrêt total de l’immigration et d’une nécessaire remigration, il faut replacer la défense de l’identité française et européenne au centre de la politique

    http://fr.novopress.info/

     

  • Communauté nationale, la communauté de l’anneau.

    Voilà une nouvelle qui devrait réjouir tous les patriotes sincères. L’anneau de la sainte, la pucelle martyre d’Orléans qui symbolise parmi nos héros, ce qui s’est fait de plus absolu en matière de patriotisme, est revenu en notre terre de France.

    Volé à Jeanne par l’évêque Cauchon, l’anneau était en Angleterre depuis 1431. Il vient d’être racheté lors d’une vente aux enchères par Nicolas de Villiers, président du parc du Puy du Fou pour la somme de 376 833 euros. Ornée de trois croix et de l’inscription « Jhesus Maria », l’anneau de la pucelle, dont peu soupçonnaient l’existence revient chez nous. Curieusement, nous n’avons pas vu, ni entendu exulter le personnel politique à cette nouvelle, tellement cette « classe particulière » n’a de vision de l’Histoire de France qu’idéologique, c’est-à-dire partiale et partielle. Pourtant la fête de Jeanne d’Arc est une fête nationale officielle que la République a su reconnaître, certes en se faisant un peu tirer l’oreille, par les « nationaux » la canne à la main. Quand donc ils affichent leur patriotisme en ces temps de crise et abusent du drapeau et de la Marseillaise, nous serions bien naïfs de croire en leur sincérité, qui se situe au même niveau que celle qu’ils affichent au salon de l’agriculture par exemple, passages obligé. Une voix est une voix et dans un quinquennat qui est jonché d’épisodes électoraux, on ne saurait rien gaspiller.

    Ceux qui aiment vraiment la France, espace historique de solidarité humaine, et qui sont démoralisés par l’affaissement de notre beau pays dans tous les domaines, que ce soit économique et social bien sûr, mais aussi culturel, moral, spirituel – jusqu’ aux travailleurs de la terre qui se désespèrent parce qu’abandonnés au profit de l’industrie agro-alimentaire qui écrase les marchés (qu’est ce qu’un pays sans paysans ?) – c’est le moment de relever la tête. Nous avons certes l’impression parfois d’arriver à la fin de l’Histoire avec l’écroulement d’une civilisation, aggravé par une invasion allogène anarchique et consentie, voire (mal) organisée par nos « élites » apatrides. [....]

    Olivier Dejouy

    La suite sur Le Réveil Français

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Communaute-nationale-la-communaute

  • L'homme d'autrefois...

    “L'homme d'autrefois ne ressemblait pas à celui d'aujourd'hui. Il n'eût jamais fait partie de ce bétail que les démocraties ploutocratiques, marxistes ou racistes, nourrissent pour l'usine ou le charnier. Il n'eût jamais appartenu aux troupeaux que nous voyons s'avancer tristement les uns contre les autres, en masses immenses derrière leurs machines, chacun avec ses consignes, son idéologie, ses slogans, décidés à tuer, résignés à mourir, et répétant jusqu'à la fin, avec la même résignation imbécile, la même conviction mécanique : « C'est pour mon bien… c'est pour mon bien… » Loin de penser comme nous, à faire de l'État son nourricier, son tuteur, son assureur, l'homme d'autrefois n'était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n'importe quel moyen de défense est bon, parce qu'il triche toujours. C'est pourquoi les privilèges ne froissaient nullement son sens de la justice ; il les considérait comme autant d'obstacles à la tyrannie, et, si humble que fût le sien, il le tenait - non sans raison d'ailleurs - pour solidaire des plus grands, des plus illustres. Je sais parfaitement que ce point de vue nous est devenu étranger, parce qu'on nous a perfidement dressés à confondre la justice et l'égalité. Ce préjugé est même poussé si loin que nous supporterions volontiers d'être esclaves, pourvu que personne ne puisse se vanter de l'être moins que nous. Les privilèges nous font peur, parce qu'il en est de plus ou moins précieux. Mais l'homme d'autrefois les eût volontiers comparés aux vêtements qui nous préservent du froid. Chaque privilège était une protection contre l'État. Un vêtement peut être plus ou moins élégant, plus ou moins chaud, mais il est encore préférable d'être vêtu de haillons que d'aller tout nu. Le citoyen moderne, lorsque ses privilèges auront été confisqués jusqu'au dernier, y compris le plus bas, le plus vulgaire, le moins utile de tous, celui de l'argent, ira tout nu devant ses maîtres.”

    Georges Bernanos, La France contre les robots.

    http://zentropa.info

  • Poètes guerriers: génération perdue

    3177157726.jpgIls étaient les enfants de D'Annunzio, de Barrès, de Marinetti et de T. E. Lawrence. Ils avaient le goût de l'utopie, le culte de la jeunesse et celui de la belle mort. Ils se nommaient René Crevel, Klaus Mann, W. H. Auden, ou Lauro de Bosis. Trop jeunes pour avoir connu l'épreuve des tranchées et hantés par le sentiment d'avoir manqué la grande occasion de leur vie, ils ont espéré rendre leur existence “ inimitable ”.
    A ces poètes guerriers dans l'âme en mal d'héroïsme, l'ère des totalitarismes montants a offert une chance inespérée de se faire entendre. La guerre d'Espagne a été leur moment. Ils ont succombé à la tentation marxiste ou fasciste, ils sont tombés les armes à la main, aux commandes d'un avion ou d'une balle dans la tempe, ils ont glissé parfois vers l'autodestruction : nulle cohérence idéologique n'unifie leur groupe, mais la rupture avec le monde des pères, la révolte des sens, la tentation de l'absolu.        
    C'est tout l'esprit de cette jeunesse que fait revivre ici Maurizio Serra, et la richesse ses paradoxes.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Les Indo-Européens dans la Chine antique

    Dans le livre troisième de son fameux Essai sur l'inégalité des races humaines, publié dans les années 50 du 19ième siècle, Arthur de Gobineau décrivait les flux migratoires des peuples indo-européens en Orient et relevait que «vers l'année 177 av. J. C., on rencontrait de nombreuses nations blanches à cheveux clairs ou roux et aux yeux bleus, in­stal­lées sur les frontières occidentales de la Chine. Les scribes du Céleste Empire, auxquels nous devons de connaître ce fait, citent cinq de ces nations… Les deux plus connues sont le Yüeh-chi et les Wu-suen. Ces deux peuples habitaient au nord du Hwang-ho, aux confins du désert de Gobi… De mê­me, le Céleste Empire avaient pour sujets, au sein de ses provinces du Sud, des nations aryennes-hindoues, immi­grées au début de son histoire» (1).

    Arthur de Gobineau tirait ses informations des études de Ritter (Erdkunde, Asien) et de von Humboldt (Asie centra­le); tous deux se basaient sur les annales chinoises de la dynastie han, dont les premiers souverains ont commencé leur règne en 206 av. J. C. De fait, nous savons aujourd'hui que, dès le 4ième siècle avant J.C., les documents histo­riques du Céleste Empire évoquaient des peuples aux che­veux clairs, de mentalité guerrière, habitant sur les confins du territoire, dans ce que nous appelons aujourd'hui le Tur­kestan chinois ou le Xinjiang. Selon Gobineau, ces faits at­testaient de la puissance expansive et implicitement civi­lisatrice des populations "blanches". Mais, au-delà des in­ter­prétations unilatérales et, en tant que telles, inac­cepta­bles de l'écrivain français, presque personne n'a pris en con­sidération la signification que ces informations auraient pu revêtir pour retracer l'histoire de la culture et des in­fluences culturelles, sur un mode moins banal et linéaire que celui qui était en vogue au 19ième siècle.

    On a plutôt eu tendance à rester incrédule quant à la fia­bilité des annales, parce qu'on était animé par un in­décrottable préjugé euro-centrique, selon lequel les peu­ples de couleurs étaient en somme des enfants un peu fan­tas­ques, incapables de saisir l'histoire dans sa concrétude. En outre, à l'époque, il était impossible de vérifier la pré­sence de ces populations "blanches" : même en admettant qu'elles aient existé, personne ne pouvait dire depuis com­bien de temps elles avaient disparu, noyées dans la mer mon­tante des populations asiatiques voisines. Cette zone géographique, jadis traversée par la légendaire "route de la soie" et devenue depuis longtemps en grande partie dé­sertique, était devenue inaccessible aux Européens, qui ne pouvaient évidemment pas y mener à bien des études ar­chéologiques sérieuses et approfondies.

    Latin, irlandais ancien et tokharien

    Comme l'a souligné Colin Renfrew, célèbre pour ses recher­ches sur les migrations indo-européennes, ce n'est qu'au dé­but du 20ième siècle que les premiers érudits ont pu s'a­ven­turer dans la région, en particulier dans la dépression du Ta­rim et dans diverses zones avoisinantes (2). Ils ont trou­vé de nombreux matériaux, bien conservés grâce à l'ex­trême aridité du climat désertique qui règne là-bas. Il s'agit essen­tiellement de textes en deux langues, écrits dans une lan­gue jusqu'alors inconnue, qui utilisait cependant un al­pha­bet du Nord de l'Inde; à côté du texte en cette langue, fi­gurait le même texte en sanskrit. Ce qui a permis de la com­prendre et de l'étudier assez rapidement. Cette langue a été appelée par la suite le "tokharien", dénomination que l'on peut juger aujourd'hui impropre. Elle se présentait sous deux formes légèrement différentes l'une de l'autre, qui ré­vélaient "diverses caractéristiques grammaticales les liant au groupe indo-européen" (3). Notons le fait que les res­sem­blances les plus frappantes liaient cette langue au cel­tique et au germanique, plutôt qu'aux groupes plus proches de l'iranien et des autres langues aryennes d'Asie. A titre d'exemple, nous comparerons quelques mots fondamentaux que l'on retrouve respectivement en latin, en irlandais an­cien et en tokharien. "Père" se dit "pater", "athir" et "pa­cer"; "Mère" se dit "mater", "mathir" et "macer"; ""Frère" se dit "frater", "brathir" et "procer"; "Sœur" se dit "soror", "siur" et "ser"; "Chien" se dit "canis", "cu" et "ku" (4). A titre de cu­riosité, signalons une autre correspondance: le nombre "trois" se dit "tres" en latin, "tri" en irlandais ancien et "tre" en tokharien.

    Les affinités sont donc plus qu'évidentes. «Les documents remontent aux 7ième et 8ième siècles après J. C. et com­pren­nent des correspondances et des comptes rendus émanant de monastères… Des deux versions de la langue tokharien­ne, la première, nommée le "tokharien A" se retrouve éga­lement dans des textes découverts dans les cités de Ka­rashar et de Tourfan, ce qui a amené certains savants à l'ap­peler le "tourfanien". L'autre version, appelée "tokha­rien B", se retrouve dans de nombreux documents et textes trouvés à Koucha et donc baptisée "kouchéen" (5).

    Processus endogène ou influence exogène ? 

    Aujourd'hui, on tend à penser que ces langues ont été par­lées par les Yüeh-chi (ou "Yü-chi"), le peuple mentionné dans les annales antiques, peuple qui avait entretenu des contacts prolongés avec le monde chinois. C'est là un point fondamental, qui est resté longtemps sans solution. En fait, sur la naissance de la civilisation chinoise, deux opinions s'affrontent : l'une entend privilégier un processus entiè­rement endogène, sans aucune influence extérieure d'au­tres peuples; l'autre, au contraire, met en évidence des apports importants, fondamentaux même, venus d'aires cul­turelles très différentes. La première thèse est na­tu­rellement la thèse officielle des Chinois, mais aussi celle de tous ceux qui s'opposent à toute conception de l'histoire qui pourrait donner lieu à des hypothèses "proto-colonialistes" vo­yant en l'Occident la matrice de tout progrès. Les dé­fenseurs les plus convaincants de la thèse "exogène" —c'est-à-dire Gobineau, déjà cité, mais aussi Spengler, Kossina, Gün­ther, Jettmar, Romualdi, etc.—  sont ceux qui souli­gnent, de manières très différentes, le rôle civilisateur des peuples indo-européens au cours de leurs migrations, par­ties de leur patrie primordiale, pour aboutir dans les con­trées lointaines auxquelles ils ont donné une impulsion bien spécifique. Bien sûr, dans certains cas, ces auteurs ont con­staté que l'apport culturel n'a pas été suffisamment fort pour "donner forme" à une nouvelle nation, vu le nombre réduit des nouveaux venus face aux populations indigènes; néanmoins, la simple présence d'une influence indo-euro­péenne a suffit, pour ces auteurs, pour imprimer une im­pul­sion vivifiante et pour animer un développement chez ces peuples avec lesquels les migrants indo-européens en­traient en contact. Ce serait le cas de la Chine avec les Tokhariens.

    Par exemple, Spengler (6) souligne l'importance capitale de l'introduction du char de guerre indo-européen dans l'évolution de la société chinoise au temps de la dynastie Chou (1111-268 av. J. C.). D'autres auteurs, comme Hans Gün­ther, plusieurs dizaines d'années plus tard, avait avancé plusieurs hypothèses bien articulées et étayées de faits importants, attribuant à cette pénétration de peuples indo-européens l'introduction de l'agriculture parmi les tributs nomades d'Asie centrale, vers la moitié du deuxième millé­naire; il démontrait en outre comment l'agriculture s'était répandue en Asie centrale, parallèlement à l'expansion de populations de souche nordique.

    Bronze et chars de guerre

    De même, l'introduction du bronze en Chine semble, elle aussi, remonter aux invasions indo-européennes; ensuite, on peut supposer qu'aux débuts de l'histoire chinoise, il y a eu l'invasion d'un peuple équipé de chars de guerre, venu du lointain Occident. Par ailleurs, on peut dire que les sinologues actuels reconnaissent tous l'extrême importance du travail et du commerce du bronze dans le dévelop­pe­ment de la société en Chine antique (7). La même impor­tance est attribuée aujourd'hui, par de plus nombreux sino­logues, à l'introduction de certaines techniques agricoles et du char hippo-tracté.

    Les études de Günther sur le parallélisme entre la présence de peuples aux cheveux clairs et la diffusion de la culture indo-européenne en Asie ont d'abord été diabolisées et os­tracisées, mais, aujourd'hui, au regard des apports nou­veaux de l'archéologie, elles méritent une attention nou­velle, du moins pour les éléments de ces études qui de­meu­rent valables. Peu d'érudits se rappellent que, dans l'oasis de Tourfan, dans le Turkestan chinois, où vivaient les To­khariens, on peut encore voir des fresques sur lesquelles les ressortissants de ce peuple sont représentés avec des traits nettement nord-européens et des cheveux clairs (8). C'est une confirmation de la fiabilité des annales du Céleste Em­pire. On ne peut donc plus nier un certain enchaînement de faits, d'autant plus que l'on dispose depuis quelques années de preuves plus directes et convaincantes de cette in­stallation très ancienne d'éléments démographiques indo-européens dans la zone asiatique que nous venons d'évo­quer. Ces installations ont eu lieu à l'époque des grandes mi­grations aryennes vers l'Est (2ième millénaire avant J. C.), donc avant que ne se manifestent certains aspects de la ci­vilisation chinoise.

    Ces preuves, disions-nous, nous n'en disposons que depuis quelques années…

    Les traits europoïdes des momies d'Ürümtchi

    En 1987, Victor Mair, sinologue auprès de l'Université de Pennsylvanie, visite le musée de la ville d'Ürümtchi, capita­le de la région autonome du Xinjiang. Il y voit des choses qui provoquent chez lui un choc mémorable. Il s'agit des corps momifiés par cause naturelle de toute une famille : un homme, une femme et un garçonnet de deux ou trois ans. Ils se trouvaient dans une vitrine. On les avait dé­couverts en 1978 dans la dépression du Tarim, au sud du Tian Shan (les Montagnes Célestes) et, plus particu­lière­ment, dans le désert du Taklamakan (un pays peu hos­pi­ta­lier à en juger par la signification de son nom : "on y entre et on sort plus!").

    indo-européens,chine,chine antique,archéologie

    Plusieurs années plus tard, Mair déclare au rédacteur du men­­suel américain Discover : «Aujourd'hui encore, je res­sens un frisson en pensant à cette première rencontre. Les Chinois me disaient que ces corps avaient 3000 ans, mais ils semblaient avoir été enterrés hier» (9). Mais le véritable choc est venu quand le savant américain s'est mis à ob­ser­ver de plus près leurs traits. Ils contrastaient vraiment avec ceux des populations asiatiques de souche sino-mon­gole; ces corps momifiés présentaient des caractéristiques soma­tiques qui, à l'évidence, étaient de type européen et, plus précisément, nord-européen. En fait, Mair a noté que leurs cheveux étaient ondulés, blonds ou roux; leurs nez étaient longs et droits; ils n'avaient pas d'yeux bridés; leurs os é­taient longs (leur structure longiligne contrastait avec cel­le, trapue, des populations jaunes). La couleur de leur épi­derme —maintenu quasi intact pendant des millénaires, ce qui est à peine croyable—  était typique de celle des po­pu­lations blanches. L'homme avait une barbe épaisse et drue. Toutes ces caractéristiques sont absentes au sein des po­pulations jaunes d'Asie.

    Les trois "momies" (il serait plus exact de dire les trois corps desséchés par le climat extrêmement sec de la région et conservés par le haut taux de salinité du terrain, qui a empêché la croissance des bactéries nécrophages) consti­tuaient les exemplaires les plus représentatifs d'une série de corps —à peu près une centaine— que les Chinois avaient déterrés dans les zones voisines. Sur base des datations au radiocarbone (10), effectuées au cours des années précé­den­tes par des chercheurs locaux, on peut dire que ces corps avaient un âge variant entre 4000 et 2300 ans. Ce qui nous amène à penser que la population, dont ils étaient des ressortissants, avait vécu et prospéré pendant assez long­temps dans cette région, dont la géologie et le climat de­vaient être plus hospitaliers dans ce passé fort lointain (on y a d'ailleurs retrouvé de nombreux troncs d'arbre dessé­chés).

    Spirales et tartans

    Le matériel funéraire et les vêtements de ces "momies", eux aussi, se sont révélés fort intéressants. Par exemple: la présence de symboles solaires, comme des spirales et des swastikas, représentés sur les harnais et la sellerie des che­vaux, relie une fois de plus ces personnes aux Aryens de l'antiquité, sur le plan culturel.

    L'étoffe utilisée pour fabriquer leurs vêtements était la lai­ne, qui fut introduite en Orient par des peuples venus de l'Ouest. Le "peuple des momies" connaissait bien l'art du tis­sage: on peut l'affirmer non seulement parce que l'on a re­trouvé de nombreuses roues de métier à tisser dans la ré­gion mais aussi parce que les tissus découverts sont d'une excellente facture. Pour attester des relations avec le Cé­leste Empire, on peut évoquer une donnée supplémentaire: la présence d'une petite composante de soie dans les effets les plus récents (postérieurs au 6ième siècle av. J. C.), qui ont de toute évidence été achetés aux Chinois. Les autres éléments vestimentaires, dans la majeure partie des cas, dé­montrent qu'il y avait des rapports étroits avec les cul­tu­res indo-européennes occidentales; le lot comprend notam­ment des vestes ornées et doublées de fourrure et des pan­talons longs.

    Plus révélateur encore: on a retrouvé dans une tombe un fragment de tissu quasi identique aux "tartans" celtes (11) dé­couverts au Danemark et dans l'aire culturelle de Hall­statt en Autriche, qui s'est développée après la moitié du 2ième millénaire avant J. C., donc à une époque contempo­rai­ne de celle de ces populations blanches du Xinjiang. Si l'on pose l'hypothèse que les Celtes d'Europe furent les an­cêtres directs de ces Tokhariens (ou étaient les Tokhariens tout simplement), cette preuve archéologique s'accorde bien avec ce que nous disions plus haut à propos des simi­litudes entre la langue celtique et celle des Indo-Européens du Turkestan chinois : les deux données, l'une linguistique, l'autre archéologique, se renforcent l'une l'autre.

    Chapeau à pointe et coquillages

    Autre élément intéressant : la découverte d'un couvre-chef à pointe, à larges bords, que l'on a défini, avec humour, comme un "chapeau de sorcière"; il était placé sur la tête de l'une des momies de sexe féminin, remontant à environ 4000 années. Ce chapeau ressemble très fort à certains cou­vre-chef utilisés par les Scythes, peuple guerrier de la step­pe, et qu'on retrouve également dans la culture ira­nien­ne (on pense aux chapeaux des Mages). Ces populations étaient des populations d'agriculteurs, comme le prouve la présence de semences dans les bourses. Elles avaient éga­lement des rapports avec des populations vivant en bord de mer, vu que l'on a retrouvé près des momies ou sur elles de nombreux coquillages de mollusques marins.

    L'intérêt extrême de ces vestiges a conduit à procéder à quel­­ques études anthropologiques (principalement d'an­thro­­­po­métrie classique), sous la direction de Han Kangxin de l'Académie Chinoise des Sciences Sociales (Beijing). Ces études ont confirmé ce que le premier coup d'œil déjà per­mettait d'entrevoir : dans de nombreux cas, les proportions des corps, des crânes et de la structure générale du sque­lette, ne correspondent pas à celles des populations asia­tiques jaunes, tandis qu'elles correspondent parfaitement à celles que l'on attribue habituellement aux Européens, sur­tout aux Européens du Nord.

    Par le truchement de l'archéologie génétique, on pourra obtenir des données encore plus précises, pour élucider ultérieurement les origines et la parenté de ce peuple my­stérieux. La technique, très récente, se base sur la com­pa­raison de l'ADN mitochondrial (12) des diverses populations, que l'on veut comparer, afin d'en évaluer la distance gé­nétique. L'un des avantages de cette technique réside dans le fait que l'on peut aussi analyser l'ADN des individus dé­cé­dés depuis longtemps, tout en restant bien sûr très at­ten­tif, pour éviter d'éventuelles contaminations venues de l'en­vironnement (par exemple, les contaminations dues aux bactéries) ou provoquées par la manipulation des échan­tillons. L'archéologie génétique s'avère utile, de ce fait, quand on veut établir un lien, en partant des molécules, entre l'anthropologie physique et la génétique des popu­la­tions.

    Les premiers tests ont été effectués par un chercheur ita­lien, le Professeur Paolo Francalacci de l'Université de Sassari. Ils ont confirmé ultérieurement l'appartenance des in­dividus analysés aux populations de souche indo-euro­péenne, dans la mesure où l'ADN mitochondrial, qui a été extrait et déterminé, appartient à un aplotype fréquent en Europe (apl. H) et pratiquement inexistant au sein des po­pulations mongoloïdes (13). Les autorités de Beijing n'ont autorisé l'analyse que d'un nombre réduit d'échantillons; beaucoup restent à étudier, en admettant que les autorisa­tions soient encore accordées dans l'avenir.

    Traits somatiques des Ouïghours

    Enfin, il faut également signaler que les habitants actuels du Turkestan chinois, les Ouïghours, présentent des traits so­matiques mixtes, où les caractéristiques physiques euro­poï­des se mêlent aux asiatiques. On peut donc dire que nous nous trouvons face à une situation anthropologique où des ethnies de souches diverses se sont mélangées pour former, en ultime instance, un nouveau peuple. Ce n'est donc pas un hasard si les autorités de Beijing craignent que la démonstration scientifique de l'existence de tribus blan­ches parmi les ancêtres fondateurs de l'ethnie ouïghour con­tribue à renforcer leur identité culturelle et qu'au fil du temps débouche sur des aspirations indépendantistes, vio­lem­ment anti-chinoises, qui sont déjà présentes. Cette si­tua­tion explique pourquoi les Chinois boycottent quasi ou­ver­tement les recherches menées par Mair et ses colla­bo­ra­teurs.

    En conclusion, l'ampleur, la solidité et la cohérence des don­nées obtenues contribuent à confirmer les intuitions de tous les auteurs, longtemps ignorés, qui ont avancé l'hy­po­thèse d'une contribution extérieure à la formation de la ci­vilisation chinoise. Cette contribution provient de tribus ar­yennes (ndlr: ou "proto-iraniennes", selon la terminologie de Colin McEvedy que nous préférons utiliser), comme sem­ble l'attester les découvertes effectuées sur les "momies", et permet d'émettre l'hypothèse que le bronze et d'autres acquisitions importantes ont été introduites directement, et non plus "médiatement", par ces tribus dans l'aire cul­turelle de la Chine antique.

    Par exemple, Edward Pulleyblank a souligné récemment qu'il «existait des signes indubitables d'importations venues de l'Ouest : le blé et l'orge, donc tout ce qui relève de la cul­ture des céréales, et surtout le char hippo-tracté, …, sont plus que probablement des stimuli venus de l'Ouest, ayant eu une fonction importante dans la naissance de l'âge du bronze en Chine» (14).

    Bien sûr, cette découverte ne conteste nullement la for­midable originalité de la grande culture du Céleste Empire, mais se borne à mettre en évidence quelques aspects fon­damentaux dans sa genèse et dans son évolution ultérieure, tout en reconnaissant à juste titre le rôle joué par les no­ma­des antiques venus d'Europe.

    Giovanni MONASTRA.

    (e mail: g_monastra@estovest.org ; texte paru dans Per­corsi, anno III, 1999, n°23; le texte original italien est sur:  http://www.estovest.org/identita/indocina.html ).

    Notes :

    [1] Arthur de Gobineau, Saggio sulla disuguaglianza delle razze umane, Rizzoli, Milano 1997, p. 443.

    [2] Colin Renfrew, Archeologia e linguaggio, Laterza, Bari 1989, p. 77.

    [3] ibidem, p. 79.

    [4] Les Chinois, pour désigner le chien, utilisent le terme "kuan", qui est quasiment le seul et unique mot de leur langue qui ressemble au latin "canis" ou à l'italien "cane", sans doute parce que le chien domestique à été introduit dans leur société par des populations indo-européennes, qui ont laissé une trace de cette transmission dans le nom de l'animal.

    [5] Colin Renfrew, Archeologia ecc.cit., pp. 78-9.

    [6] Oswald Spengler, Reden und Aufsätze, Monaco 1937, p. 151.

    [7] Jacques Gernet, La Cina Antica, Luni, Milano 1994, pp. 33-4.

    [8] Luigi Luca Cavalli-Sforza, Geni, Popoli e Lingue, Adelphi, Milano 1996, p. 156.

    [9] Discover, 15, 4, 1994, p. 68.

    [10] La méthode du radiocarbone (14C) se base sur le fait que dans tout organe vivant, outre l'atome de carbone normal (12C), on trouve aussi une certaine quantité de son isotope, le radiocarbone, qui se réduit de manière constante, pour devenir un isotope de l'azote. Tandis que le rapport entre 14C et 12C reste stable quand l'organisme est en vie, cet équilibre cesse d'exister à partir du moment où il meurt; à partir de cette mort, on observe un déclin constant qui implique la disparition du radiocarbone, qui diminue de moitié tous les 5730 ans. De ce fait, il suffit, dans un échan­tillon, de connaître le rapport entre deux isotopes pour pouvoir calculer les années écoulées depuis la mort de l'organisme. La mé­thode connaît cependant une limite : elle ne peut pas s'utiliser pour des objets d'investigation de plus de 70.000 ans. 

    [11] Archaeology, Marzo 1995, pp. 28-35. Le "tartan" est une étoffe typique du plaid écossais. Pour se documenter plus précisément sur les divers éléments liés aux textiles et aux vêtements de ce peuple, nous recommandons la lecture d'un ouvrage excellent et exhaustif, comprenant de nombreuses comparaisons avec les équivalents en zone européenne : Elizabeth Wayland Barber, The Mummies of Ürümchi, W. W. Norton & Company, Inc., New York, 1999.

    [12] Les mitochondries sont des organites présents dans les cellules des eucaryotes (tous les organismes vivants, des champignons aux mammifères) à des dizainesde milliers d'exemplaires. Seules ces structures, mis à part le noyau cellulaire, contiennent de l'ADN, molécule base de la transmission héréditaire, mais leur ADN est de dimensions beaucoup plus réduites que celui du noyau (200.000 fois plus court) : il sert uniquement pour la synthèse des protéines né­cessaires à ces organites. Il faut se rappeler qu'au moment de la fécondation, il semble que seule la mère transmet les mitochon­dries à sa progéniture.

    [13] Journal of Indo-European Studies, 23, 3 & 4, 1995, pp. 385-398.

    [14] International Rewiew of Chinese Linguistics, I, 1, 1998, p. 12. Voir aussi: Elizabeth Wayland Barber, The Mummies of Ürümchi, op. cit.

    http://vouloir.hautetfort.com/archives/category/tradition/index-12.html

  • La volonté de sanctuaires par Julien ROCHEDY

    Il faut toujours demander à un écrivain de formuler les choses. Tandis que je me perdais dans mes clarifications à propos du thème des communautés qui, accolé à son générique, le communautarisme, faisait que ceux-là même à qui il devait le plus parler se trouvaient bien gênés de l’entendre et de le reprendre, Renaud Camus est venu tout dénouer d’un seul trait. « Les sanctuaires », m’a-t-il dit. « Les sanctuaires », plutôt que « les communautés ». Tout est désormais plus clair. 

    Des hypothèses 

    Le problème, dans lequel nous sommes empêtrés, est que nous conditionnons la survie de l’Europe et de la France, dans leur âme, leur essence et dans les peuples qui les composent, à la prise de pouvoir étatique. Parce que, finalement, nous restons très XXe siècle, voire XIXe, XVIIIe et XVIIe siècle, nous continuons à rester bloqués sur l’idée que la solution à tous nos problèmes ne peut venir que de Papa-Maman l’État. Au prétexte que celui-ci est au service de forces qui nous nient, pour parler comme Venner, on suppose qu’il suffirait de le reprendre, en envoyant des « patriotes » au pouvoir (que ce soit par la démocratie ou la violence, pour les plus chauds d’entre-nous), pour que l’avenir des nos peuples soit assuré. Belle idée, qui fut véritablement effective au siècle passé, quand les peuples européens étaient homogènes et prêts à basculer dans des totalitarismes qui, effectivement, démontraient que la puissance étatique pouvait, à elle seule, changer les mentalités et mettre en mouvement toutes les dynamiques nationales. 

    Je tiens que cette idée est passée de date, et comme un malheur ne vient jamais seul, le fait que la plupart des gens de bonnes volontés, c’est à dire non-remplacistes, pour parler encore comme Camus, ou simplement encore vivants (et non suicidaires, pour parler comme je l’entends), s’accrochent encore à cette dernière, induit que, finalement, nous perdons un temps fou à courir après des chimères quand il y aurait bien d’autres choses à faire pour sauver ce qui peut encore l’être. 

    Regardons les choses en face : la prise de pouvoir, un jour, est une hypothèse. Elle est même assez saugrenue. Qu’un parti cohérent, puissant, intelligent, puisse faire 50,01% des voix dans une France remplie de personnes âgées (qui, par nature, fuient en nombre le changement) et de personnes d’origine immigrés (qui, encore par nature, n’ont pas nécessairement les entrailles patriotes) est déjà difficile. Mais soit. Croyons-y. Et après ? Une fois au pouvoir, ce parti, cohérent, puissant, intelligent, que pourrait-il réellement faire ? Engagerait-il, avec le soutien miraculeux des populations, une grande politique de remigration de 15 millions de personnes ? Ou bien, encore par miracle, parviendrait-il à assimiler ces 15 millions de personnes, au point d’en faire de parfaits Français ? Reconnaissons ensemble que tout cela semble compliqué. Mais, encore, soit. Admettons. Il est certain qu’un parti, disons « ami », pourrait déjà faire du bien là où les autres ne peuvent faire que du mal, et, en effet, je ne crois pas qu’il soit absolument nécessaire d’arrêter tous combats politiciens en vue de prendre l’État. Mais reconnaissons ensemble que les chances pour que cela survienne sont, pour être gentil, faibles. Que cela puisse arriver, c’est une hypothèse. Et je ne veux pas conditionner la survie de l’Europe et de la France à, finalement, ce qui n’est qu’unehypothèse. Pour faire simple, il y a trop à perdre pour tout miser sur ce pari. 

    Besoin de sanctuaires 

    Quand le monde s’écroule autour de soi et qu’on a compris qu’on ne le sauvera pas, il reste à protéger ce qui est essentiel. Cet essentiel pourra, demain, après demain, bâtir à nouveau de grandes choses, un nouveau monde. Peu m’importe que ma génération et celle de mes enfants perdent l’État français, son administration et son drapeau, si mes petits-enfants sont encore des Européens, qu’ils vivent en sécurité, savent lire et écrire, qu’ils héritent encore, en quelque sorte, et qu’ils pourront à leur tour transmettre afin que, sans doute, leurs enfants puissent récupérer les terres que nous auront perdu. En attendant que l’hypothèse de la prise de pouvoir disparaisse ou se réalise, il est urgent d’avoir la volonté de sanctuaires. 

    Le monde dans lequel nous entrons sera – et est déjà – un monde en grappes. Le peuple, tel que nous l’avons connu, c’est-à-dire homogène et chevillé à un État qui lui est propre, est déjà une fiction. On peut le pleurer, mais personnellement je ne fais pas parti de ceux qui pleurent. Je sais que la condition principale de la survie est l’adaptation. Il va donc falloir entraîner les peuples européens à s’adapter aux conditions nouvelles du monde dans lequel ils sont projetés. 

    J’écris tout un essai sur ces conditions nouvelles, donc vous ne m’en voudrez pas si je reste lapidaire dans un texte qui ne peut être que succinct. Toutefois, l’idée-force est que nous sachions nous adapter à ce monde en grappes pour en constituer, nous aussi, un noyau, un pépin, un fruit qui en portera d’autres (car il faut avoir foi en nous). Savoir organiser ceux qui ne veulent pas mourir, les organiser économiquement, culturellement (nécessité d’écoles), esthétiquement, pour leur sécurité aussi, car la réalité nous montrera vite que l’État ne pourra pas nous protéger longtemps : voilà quels sont, ou plutôt quels devraient être, les objectifs des derniers Bons Européens. Nos sociétés peuvent changer, s’écrouler, pourrir, mais elles ne doivent surtout pas nous changer. 

    Dans ce besoin essentiel de recevoir et de transmettre, il va falloir avoir la volonté de sanctuaires, lieux, immatériels ou, peut-être bientôt, géographiques, dans lesquels nous pourrons protéger ce qui mérite de l’être au milieu d’un flot de barbaries. Entreprises, écoles, associations, villages, familles, ou que sais-je encore, tout ce qui n’appartient pas à l’État et qui surtout ne doit plus lui appartenir, du moins tant qu’encore un parti politique miraculeux n’arrive au pouvoir. 

    N’oublions jamais que lorsque l’Empire romain s’est effondré, ses plus beaux éléments (la culture, le droit, etc.) ont pu être sauvés et être transmis car certains Romains, qui avaient compris ce qui se tramait, s’étaient réfugiés dans des sanctuaires. Ils purent ainsi transmettre pour les générations futures. De même, je pense souvent à ces Russes qui avaient compris avant les autres que le soviétisme allait s’écrouler, et qui s’étaient réfugiés près d’un lac en Ingrie pour penser ensemble la Russie future. C’est en partie grâce à leur travail que la Russie pût se relever, bien des années plus tard.

    En clair et encore une fois : acceptons le monde tel qu’il est, mais sachons tirer notre épingle du jeu. Depuis quand un défi pareil devrait faire peur à des Européens, eux qui ont tout bravé et presque tout créé ? 

    Personnellement, ça ne me fait pas peur. J’ai même hâte.

    Julien Rochedy

    • D’abord mis en ligne sur son site personnel, le 25 novembre 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • 20 mars : salon du livre de l'Agrif

    A

    Le dimanche 20 mars 2016 de 13h30 à 19h Espace Charenton Paris 12e 327 Rue de Charenton, 75012 Paris

    Interventions de Bernard Antony, Guillaume de Thieulloy, Jeanne Smits et Jérôme Triomphe.

    Environ 100 auteurs seront présents.

    L'AGRIF cherche des bonnes volontés pour l'organisation sur place : vous pouvez appeler le 01 40 46 96 31.

    Michel Janva

  • Julius Evola : « La doctrine aryenne du combat et de la victoire » deuxième partie

    D’après l’enseignement des anciens, le principe est une force supra-individuelle, supérieure donc à la naissance et à la mort. Le second, le principe individualisé, conscience conditionné par le corps et le monde extérieur, est destiné selon la voie normale, à la dissolution ou à la survivance éphémère propre aux ombres. Dans la tradition nordique l’image des walkyries a plus ou moins la même signification que le démon. Elle se confond dans de nombreux textes avec celle de la fylgia (littéralement : l’accompagnatrice), entité spirituelle, agent de l’homme à laquelle est soumis son destin. Comme la kynfylgia, la Walkyrie est ─ semblable aux Lares romains ─ la force mystique du sang. Il en est de même pour les fravashi de la tradition aryano-iranienne. La fravashi, explique un éminent orientaliste, « est la force intérieure de tout être humain et ce qui le soutient et préside à sa naissance et à sa vie ». Comme les Lares romains, les fravashi sont en contact avec les forces primordiales d’une lignée et ─ comme les Walkyries ─ elles sont les déesses terrifiantes de la guerre qui concèdent fortune et victoire.

    Voici la première connexion que nous devons découvrir. qu’y a-t-il de commum entre cette force mystérieuse qui représente l’âme profonde de la race et le transcendantal dans l’individu, et les déesses de la guerre ? Pour bien comprendre ce point, il faut rappeler que les antiques indo-germains avaient une conception, en quelque sorte, aristocratique et différenciée de l’immortalité. Tous n’échappent pas à l’auto-dissolution, à la survivance lémurique dont l’Hadès et le Nifflheim étaient les images symboliques. L’immortalité est le privilège de quelques-uns et, selon la conception aryenne, un privilège avant tout héroïque. La survivance ─ non comme ombre, mais comme demi-dieu ─ n’est réservée qu’à ceux qu’une action spirituelle particulière a élevé d’une nature à l’autre. Ici, malheureusement, il ne nous est pas possible de fournir toutes les preuves à l’appui de l’affirmation qui va suivre : techniquement, cette action spirituelle consistait à transformer le moi individuel de la conscience normale ─ circonscrite et individualisée ─ en une force profonde, supra-individuelle, force individualisante supérieure à la naissance et à la mort, à laquelle, avons-nous dit, correspondait l’idée de « démon ».

    Mais même le démon est au-delà de toutes les formes finies où il se manifeste, non seulement parce qu’il représente la force primordiale de toute une lignée, mais aussi en raison de son intensité. Le brusque passage de la conscience ordinaire à la force, symbolisée par le démon, provoquait donc une crise destructrice, semblable à une décharge de tension trop haute de potentiel dans le circuit humain. Prenons le cas, où, à la suite de conditions tout à fait exceptionnelles, le démon pénètre dans l’individu et lui fait éprouver une transcendance destructrice : il provoquerait comme expérience active de la mort; d’où l’évidence de la seconde connexion, c’est-à-dire la confusion de l’image du double ou du démon, dans les mythes de l’antiquité, avec la divinité de la mort. Dans la tradition nordique, le guerrier voit sa Walkyrie, au moment de la mort ou d’un danger mortel.

    Allons plus loin. Dans l’ascèse religieuse, mortification, renoncement au propre Soi, tension dans l’abandon à Dieu, sont les moyens préférés pour essayer de provoquer la crise en question et la dépasser d’une manière positive. Nul n’ignore des expressions comme : « mort mystique » ou « l’obscure nuit de l’âme », etc. qui indiquent ces états. Par contre, dans le cadre de la tradition héroïque, la voie pour atteindre ce but est représentée par la tension active, la libération dionysiaque de l’action. Au plus bas degré de la correspondance phénoménologique, nous trouverons par exemple la danse comme technique sacrée pour évoquer et induire, à travers l’extase de l’âme, les forces latentes dans les profondeurs. Dans la vie de l’individu, libérée par le rythme dionysiaque, s’insère une autre vie, comme si en affleurait le principe. « Horde sauvage », Furies, Erinnyes et autres entités spirituelles analogues dramatisent cette force en termes symboliques. Elles correspondent donc à une manifestation du démon dans sa transcendance terrifiante et active. A un degré plus élevé, nous trouvons les jeux guerriers sacrés. Plus haut encore : la guerre. Nous nous trouvons ainsi ramenés à la conception aryenne primordiale du combat et de l’ascèse guerrière.

    Quand le danger du combat héroïque atteint son maximum il y a la possibilité d’une expérience supranormale. Déjà l’expression latine « ludere » ─ jouer, combattre, semble contenir l’idée de résoudre car c’est l’une des nombreuses propriétés inhérentes au combat que de libérer des limitations individuelles et de faire surgir des libres forces cachées dans les profondeurs. Il en découle le principe de la troisième assimilation : les démons, les lares, le soi individualisant, non seulement sont identiques aux Furies, Erinnyes et natures dionysiaques déchaînées qui, par ailleurs offrent de nombreux traits communs avec les déesses de la mort, mais ils assument aussi une signification identique à celle des vierges qui mènent à l’assaut dans les batailles, aux Walkyries et aux fravashi. Les fravashi sont présentées, dans les textes, comme « les terrifiantes, les toutes puissantes », « celles qui écoutent et qui concèdent la victoire à qui les invoque » ─ ou, plus exactement, à qui les évoque en soi-même.

    De là à la dernière similitude, il n’y a qu’un pas. Enfin, dans les traditions aryennes, ces entités guerrières prennent les traits des déesses de la victoire, métamorphose qui caractérise l’heureux accomplissement des expériences intérieures. De même que le démon ou le double signifient un pouvoir profond et supraindividuel à l’état latent par rapport à la conscience ordinaire, de même les Furies et les Erynnies sont le reflet d’une manifestation particulière de déchaînement et d’irruptions démoniaques ─ et les déesses de la mort, les Walkyries, les fravashi, etc., président à des situations analogues quand elles se vérifient à travers un combat héroïque ─ ainsi la déesse de la Victoire est-elle l’expression du triomphe du Soi sur cette puissance. C’est la marque d’une tension victorieuse vers une condition située au-delà du danger inhérent à l’extase et aux formes de destruction subpersonnelles. Danger qui existe toujours dans la frénésie de l’action dionysiaque et même héroïque. L’attraction d’un état spirituel, réellement suprapersonnel, qui rend libre, immortel, intérieurement indestructible, le « devenir un des deux » (les deux éléments de l’essence humaine) s’exprime par cette représentation de la conscience mythique.

    Passons maintenant à la signification dominante des traditions héroïques primordiales, à la conception mystique de la victoire. Fondamentalement, c’est la conception d’une correspondance efficace entre physique et métaphysique, visible et invisible là où les actions de l’esprit manifestent des traits supra-individuels et s’expriment à travers des opérations et des faits réels. C’est sur ces bases que fut pressentie une réalisation spirituelle comme l’âme secrète de certaines actions authentiquement guerrières dont le couronnement était la victoire effective. Les aspects matériels de la victoire militaire deviennent alors l’expression d’une action spirituelle qui a provoqué la victoire, au point où extérieur et intérieur se rejoignent. La victoire apparaît comme le signe tangible d’une consécration de renaissance mystique réalisée dans ce point précis. Les Furies et la Mort, matériellement affrontées par le guerrier sur le champ de bataille, l’affrontent également sur le plan intérieur et spirituel sous forme de la menaçante irruption des forces primordiales dans son être. Dans la mesure où il triomphe d’elles, il obtient la victoire.

    C’est ce qui explique, dans un monde soumis à la tradition, pourquoi toute victoire avait une signification sacrée. ainsi le dux (le général de l’armée) acclamé sur le champ de bataille témoignait de l’expérience et de la présence de cette force mystique qui le transformait. On comprend alors la signification profonde du caractère ultraterrestre attaché à la gloire et à la « divinité » du vainqueur, et que l’antique célébration romaine du triomphe ait pu assumer un caractère beaucoup plus sacré que militaire. Dans les anciennes traditions aryennes primordiales le symbolisme des Victoires, Walkyries et entités analogues guidant l’âme du guerrier vers le « ciel » ─ comme le mythe du héros victorieux, l’Héraklès dorien qui reçoit de Niké, la déesse de la victoire, la couronne qui lui confère l’indestructibilité olympienne ─ ce symbolisme se manifeste maintenant sous une lumière bien différente. De même qu’il devient qu’à ne vouloir considérer ces choses seulement comme « poésie », rhétorique et fable, est une manière de voir aussi déformée que superficielle.

    La théologie mystique enseigne que dans la gloire se réalise la transfiguration spirituelle sanctifiante ; et l’iconographie chrétienne nimbe la tête des saints et des martyrs de l’auréole de la gloire. C’est la trace de l’héritage, même affaibli, de nos traditions héroïques les plus hautes. La tradition aryano-iranienne connaissait déjà le feu céleste entendu comme gloire ─ hvarenô ─ qui descend sur les rois et sur les condottieri, les rend immortels et les témoigne par la victoire. C’est l’antique couronne royale rayonnante qui symbolisait la goire comme feu solaire et céleste. Lumière, splendeur solaire, gloire, victoire, divinité royale sont les images qui, dans le monde aryen, sont en étroite connexion, non comme abstractions ou inventions de l’homme mais comme forces et pouvoirs représente pour nous le sommet lumineux de notre conception commune de l’action, au sens traditionnel.

    Nous pouvons, encore aujourd’hui, comprendre cette conception traditionnelle à condition de faire abstraction de ses manifestations extérieures et conditionnées par les temps. Si nous voulons aujourd’hui dépasser la spiritualité usée, anémique, fondée sur des spéculations abstraites ou des sentiments pitoyables, si nous voulons dépasser la dégénérescence, au sens matérialiste du mot, de l’action, où pourrait-on trouver de meilleurs points de repère que dans les idéaux de l’homme aryen primordial ?

    Mais ce n’est pas tout. Les tensions matérielles et spirituelles se sont, ces derniers temps, comprimées à un tel point en Occident qu’elles ne peuvent plus se résoudre que par le combat. Avec la guerre actuelle, une époque va au-devant de sa propre fin, et voici que déferlent des forces qui ne peuvent plus être dominées et transformées dans la dynamique d’une nouvelle civilisation d’idées abstraites, de prémisses « universalisantes » ou de mythes irrationnellement conçus. Aujourd’hui, c’est une action bien plus profonde et essentielle qui s’impose, car, au-delà des ruines d’un monde bouleversé et condamné, commence pour l’Europe une ère nouvelle.

    Or, dans cette perspective tout dépendra de la forme que l’individu pourra donner à l’expérience du combat ; s’il sera en mesure d’assumer héroïsme et sacrifice comme une purification (catharsis), comme un moyen de libération et de réveil intérieur. C’est dans le combat lui-même qu’il convient de réveiller et de tremper cette force qui, au-delà des tempêtes du sang et des misères, favorisera, avec une nouvelle splendeur et une paix puissante, une nouvelle création.

    C’est pour cela qu’aujourd’hui il faudrait réapprendre, sur le champ de bataille, l’action pure, non seulement comme ascèse virile, mais aussi comme purification et voie vers des formes supérieures de vie, valables en elles-mêmes, ce qui, implique évidemment, un certain retour à la tradition primordiale aryano-occidentale. Et le mot d’ordre des temps révolus résonne encore : « La vie comme arc; l’âme comme une flèche; l’esprit absolu comme cible à atteindre ». Celui qui, encore aujourd’hui, vit le combat dans cette reconnaissance, restera debout, là où les autres tomberont ─ et il sera une force invincible. Cet homme nouveau vaincra en soi tout drame, toute obscurité, tout chaos, et dans l’avènement des nouveaux temps, il représentera le principe d’un nouveau développement. Selon la tradition aryenne primordiale l’héroïsme des meilleurs peut réellement assumer une fonction évocatrice, c’est à dire être susceptible de rétablir le contact, perdu depuis des siècles, entre ce monde et celui de l’au-delà. alors le combat ne sera plus une horrible boucherie, n’aura plus la signification d’un destin désolé, conditionné par la volonté de puissance, mais sera la preuve du droit et de la mission d’un peuple. alors la paix ne signifiera plus un nouvel enlisement dans la grisaille bourgeoise quotidienne, ni le relâchement de la tension opérante dans la bataille, mais sera, au contraire, son accomplissement.

    C’est pour cela que nous voulons aujourd’hui refaire nôtre la profession de foi des anciens qui s’exprime en ces mots : « Le sang des héros est plus sacré que l’encre des érudits et que la prière des dévots » et qui encore à la base de la conception traditionnelle, selon laquelle, dans la « guerre sainte », bien plus que les individus, agissent les forces mystiques primordiales de la race. Ces forces des origines créent des empires mondiaux et donnent à l’homme « la paix victorieuse ».

    Julius Evola

    Symboles et « mythes » de la Tradition Occidentale (recueil de 1977)

    Appendice : La doctrine aryenne du combat et de la victoire (publié pour la première fois vers 1940-41)

    Édition Archè Milano, 1980, p. 173-182.

    Source : Front de la Contre-Subversion

    https://la-dissidence.org/2016/01/04/julius-evola-la-doctrine-aryenne-du-combat-et-de-la-victoire/