Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

tradition - Page 159

  • De la Fondation de Rome et de la Fonction Tripartite – Ier Partie

    Par la présente recherche nous allons tenter de découvrir le système qui engendre le mythe gémellaire et fondateur de la société traditionnelle. Tout d’abord, nous retrouvons comme dans l’univers sacré de la religion scandinave, le mythe récurrent des jumeaux. En effet, à la création du monde le dieu Odinn doit tuer le géant primitif Ymir afin de créer et d’organiser l’Univers en le démembrement et en le réorganisant[1]. Or Ymir veut dire jumeaux. Par ailleurs, dans “Germania”, Tacite révèle un dieu nomméTuisto[2] (double). Nous le retrouvons un peu plus loin sous le nom d’un autre couple de jumeaux nommés les Alcis qui, à bien des égards, pourraient se rapprocher de Castor et Pollux, les dioscures. Le mythe de jumeaux semble être apparenté à l’ossature même de la Création, dans la fondation et le développement de l’organisation de la société humaine[3]. Ce qui permet de structurer le Monde en lui donnant une forme. Il y a le potentiel, donc il n’y a plus qu’à le composer et le développer dans une architecture sacrée et le système de tripartition que nous révèle Georges Dumézil. Il s’agit en fait de qualifier et de donner une forme à un peuple dans un espace déterminé, un espace providence qui va devenir, par le jeu de la filiation Divin-Humain, une réalité patente et exploitable par la loi de la généalogique. Les Rois sont d’Essence Divine et sont la représentation du supra-pouvoir de la divinité sur Terre.

    Bref rappel. De la digne descendance d’Énée de la divine lignée de Zeus par Vénus, fils de la vestale Rhéa Sylvia[4] et de Mars, n’acquirent les célèbres Jumeaux Romulus et Rémus. Telle la légende de la naissance de Moïse, ils échappèrent à une mort certaine, cachés dans un panier d’osier porté par les eaux tumultueuses d’une rivière en crue. Une louve bienveillante les sauva et les allaita comme sa propre et légitime portée… Plus tard, recueillis, adoptés et élevés par le berger Faustilus, ils grandirent, combattirent et créèrent leur propre mythe dans le sang glorieux des vaincus. Bientôt ils voulurent bâtir une ville, mais n’étant pas d’accord sur l’emplacement idéal de la future cité, ils s’en remirent aux augures. Et afin de choisir au mieux l’espace providentiel les jumeaux portèrent chacun leur dévolu sur une colline différente. Alors que Rémus convoite le mont Aventin, Romulus porte son choix sur le Palatin. Les fondations de la ville seront délimitées lorsque les présages auront décidé et choisi la colline par un signe pouvoir reconnu de tous deux. Hélas, Rémus ne vit que six vautours[5] alors que Romulus en décompta douze[6]. Ainsi, le choix définitif se porta sur le lieu qui avait autrefois béni leurs survies à l’ombre d’un figuier. Ce fût ainsi que s’érigea sur la colline la Rome Palatine.

    Le vainqueur décida alors de délimiter l’enceinte de la ville en traçant par l’araire tiré par deux bœufs les sillons d’un fossé protecteur. Ainsi, Rome naquit un 21 avril. De ce jour glorieux l’on fêta les Parilia en l’honneur de la déesse Palès patronne agraire des bergers et des troupeaux.

    La mort fratricide de Rémus laissa un goût amer à l’inconsolable Romulus. Malgré tout, le guerrier au javelot, prit le pouvoir du futur empire naissant. Il régna, dit-on, 33 ans[7], sept mois, sept jours.

    Ce mythe fondateur nous suggère que le monde doit être mis en ordre et que celui-ci étant en perpétuelle transformation est ni stable, ni cohérent. L’ordre fait loi. Sans combat il n’y a que chaos et désordre. L’acte du Dieu ou du Héros est de combattre, de vaincre, de bâtir, d’organiser et de mettre en ordre l’espace providentiel qui lui est alloué. Il se doit de le maintenir toujours sous cette forme spirituelle du pouvoir. C’est le combat perpétuel entre deux forces contradictoires à l’instar de Zeus combattant Typhon, l’image monstrueuse du Chaos Universel. L’une est obscure et bestiale l’autre est le principe fulgurant de la lumière et des “Puissances qui gouvernent”. Voilà pourquoi il est indispensable de comprendre l’expression symbolique des mythes fondateurs.

    Ceci va nous permettre quelques interrogations sur les éléments et les symboles qui déterminent la fonction providentielle de Romulus, les rites dédiés aux divinités, mais aussi les commémorations ponctuelles qui rythment la vie sociale de la Cité naissante.

    Ainsi que nous le savons les commémorations sont des fêtes rituelles et cycliques qui ponctuent le temps et l’espace tout au long de l’année. Précisément, certaines cérémonies démontrent une complémentarité agissante comme un écho diamétralement opposé sur le calendrier, tels que les deux solstices et les deux équinoxes. D’autres fêtes particulières répondent à une réalité communautaire et un besoin vital. Les superstitions sont attachées à la Nature dans sa fonction dispensatrice. Ces bienfaits tiennent du miracle permanent d’un Ciel divinisé pour sa bienveillance, et par les augures qui accompagnent le choix de l’espace où agira la Providence. La plénitude de jouissance pastorale et agricole ne peut s’exercer que par le devoir d’un peuple soumis à trois conditions : la protection d’un chef sous l’égide d’un dieu local d’un territoire choisi et délimité. Une société croit et prospère dans la sédentarisation afin d’y enfoncer profondément et durablement ses racines biologiques, ses rites et ses mœurs.

    L’action de l’homme est l’élément clef qui, en anoblissant le sol fertile, crée le lien essentiel entre le Ciel et la Terre. Il en va ainsi de Romulus, “le guerrier à la lance”[8] qui combat, choisit l’emplacement et la cultive. À la mort de Rémus, Romulus transcendé semble posséder les fonctions tripartites : sacerdotale, guerrière et agraire. En effet, Mars était le dieu suprême de cette époque. Le chef Romulus assiste les hommes en participant à leur destiné par la suprématie guerrière, la culture de la terre et l’élevage dans un espace délimité, cela fait de lui un véritable dieu vivant hypostase d’un Mars au pouvoir illimité. A lui seul, il détermine une trinité parfaite.

    Il y a dans cette image récurrente un certain rapport avec l’enlèvement des Sabines. Elles sont le ferment de la terre nourricière, l’assurance de la pérennité du lieu par la fertilisation de la tribu. Romulus ne fera qu’entretenir plus durablement un territoire devenu réellement providentiel.

    Cette alliance forcée contraint les Sabins et les Romains à un pacte de sang qui sera le ferment de la Nation.[9] Et qui n’est pas sans rappeler le pacte d’alliance qui unit les Ases et les Vanes de la mythologie scandinave.

    Après la guerre, en accord avec le Principe Divin qui offre le pouvoir régnant à l’élu, vient le temps de la troisième fonction. Celle du bâtisseur, du laboureur, et de l’éleveur.

    Le rôle d’un Mars agricole nous permet d’envisager Romulus dans des fonctions multiples, autre que celle reconnue de la guerre, telles que les phénomènes atmosphériques, les productions et reproductions, l’élevage et les travaux champêtres en rapport avec le calendrier, et naturellement, le choix du lieu de prédilection.

    Il est important maintenant de situer et de distinguer l’environnement du monde dans lequel une communauté d’hommes et de femmes va évoluer, se multiplier, se nourrir. La société a besoin de références et celles-ci, principalement se retrouvent dans le cycle annuel des saisons et de l’évolution de la terre nourricière.

    Le rôle d’un Mars agraire est indispensable au bon fonctionnement du rythme annuel de la vie. Le temps et l’espace sont ponctués. Il y a un moment pour chaque chose. L’hiver est le complément de l’été, le froid remplace le chaud. Il y a le temps du labour, celui de la semence et celui de la récolte. L’agriculture et l’élevage déterminent les moments forts de l’année. Ceux-ci sont marqués par des fêtes votives dédiées à la nature des éléments divinisés qui entretiennent les bons rapports entre le Ciel tant divin qu’atmosphérique, et la terre nourricière anoblie. Si certaines fêtes du calendrier augurent les bons auspices des beaux jours, les autres sont pour rappeler qu’il existe en permanence son contraire ou son complémentaire. Rien n’est gratuit. Chaque chose entraîne une conséquence. Ces causes à effets sont indispensables à l’équilibre et au bon fonctionnement de la vie. II en va de même pour les phénomènes météorologiques. Si le soleil est indispensable, la lune l’est tout autant. Si le soleil réchauffe, il peut aussi dessécher et brûler la terre. Si la pluie nourrit les pâturages et les plantes, elle peut aussi les ravager par ses excès. L’avenir est toujours en suspend. C’est l’alternance qui rend la vie paisible et les sols fertiles, riches et abondants, en justes proportions du ni trop, ni trop peu. Telle est la nature maîtrisée en partie par les hommes et par les dieux.

    À l’hiver s’oppose l’été, à l’équinoxe de printemps celui de l’automne. La vie s’oppose à la mort, à la porte des hommes s’oppose celle des dieux, à la jeunesse s’oppose la vieillesse, à la victoire la défaite, au numen le fatum, etc. Dans tout cela c’est la main de l’homme qui doit compenser les excès dans la recherche permanente d’un juste équilibre des forces en présence sous les meilleurs auspices du ou des dieux et de leurs représentants royaux et princiers, dans le royaume ou la Cité.

    Il est bien de rappeler d’autres exemples propices à la bénédiction des dieux. Tout jugement vient de l’observation. Les variations des cycles plus courts viennent compléter ce tableau pastoral qui s’harmonise avec l’activité du Ciel et les répercutions sur terre.

    Ainsi, le mois lunaire passe par ses deux phases, croissance et décroissance, montante et descendante, pleine et nouvelle Lune. Deux temps marqués pour une chose en constante évolution qui détermine le rythme biologique des humains, des plantes et des animaux. Il en va de même pour le cycle maritime, des marées hautes et basses, variant avec les lunaisons sur des cycles de 28 jours[10]… Il en va naturellement de même dans la course du Soleil, de l’aube à la croissance au zénith[11] et de la décroissance du jour laissant sa place au crépuscule et à la nuit. Mais aussi lors de son long cycle l’annuel, des heures changeantes de son levé et de son couché sans oublier le déplacement cyclique sur la ligne d’horizon[12]. D’autant que si le Soleil trouve son altère ego dans la Lune, la planète Vénus, nommée aussi l’“Étoile du Berger”, est le luminaire complément de l’astre diurne, tel un Rémus assistant Romulus. D’ailleurs, Vénus est la bonne étoile des pâtres, protectrice et bienveillante. Elle est la première levée à l’Ouest du firmament. Elle étincelle de ses mille feux, car c’est le troisième astre le plus brillant du ciel après le Soleil et la Lune. Elle veille nos nuits et est toujours la dernière à s’éteindre à l’Est dans le jour naissant. Ainsi, elle va à la rencontre majestueuse d’un soleil levant.

    De fait, tout sur Terre trouve son écho, son complément ou son contraire, tel le jour et la nuit. Ce ballet céleste alterne l’activité des hommes et participe à son épanouissement. Reproduction-naissance, ovulation-menstrue, travail-repos, activité-sommeil, vie-mort, mâle-femelle, fort-faible, lumineux-sombre, feu-eau, terre-air, hiver-été, printemps-automne, soleil-pluie, chaud-froid, etc. L’alternance marque une complémentarité indispensable à l’équilibre du Monde et nous le devons au combat magistral du père des dieux et à sa victoire sur les Titans. Le devoir de l’homme est d’entretenir ce que les dieux nous ont confié. Voilà la véritable écologie !

    Mais revenons à nos Jumeaux, ou plus précisément à Romulus. Comme nous le disions plus haut, si le nombre d’années de règne varie selon les auteurs de l’époque[13], la date de la fin est précise. Elle nous rappelle que le septième jour du septième mois de l’année Rome fêtait les Caprotines.

    Rome aime remercier les bienfaits du Ciel, de la Terre, les dieux et les astres, la nature et la production. La Cité sait se protéger contre l’adversité. Par conséquent, chaque jour est fêté comme une bénédiction divine. Toute fête trouve son complément ou son contraire dans le calendrier romain[14]. Ainsi, les Caprotines trouvent leur écho six mois plus tard, le 13 janvier, sous l’appellation de Carmentalia[15]. Ces deux dates démontraient l’importance de la femme dans la Cité. C’était sa bienveillance et son intuition qui garantissaient la continuité de l’espèce dans la communauté… Ces deux fêtes avaient un étroit rapport avec le figuier. Cet arbre profondément ancré dans le sol, révèle un symbolisme vital. C’est l’abondance de fruits généreux mais aussi son aspect magique qui rappelle le mât chamanique. Il est le symbole de l’axe du monde situé entre Ciel et Terre, et donc de l’immortalité. Il est étroitement lié aux puissances actives de la vie, autant à la virilité qu’à la fertilité, tant à appareil reproducteur de l’homme que de celui de la femme. On rapprochera donc les aspects sexuels, verge et bourses, utérus et vagin mais aussi les appétits qui les accompagnent, la jouissance, la puissance, la fertilité, la gestation et la reproduction.

    Quant à l’histoire des “Caprotines”, elle révèle la victoire nocturne des nones sur une armée d’assiégeants assoupis dans leur camp retranché. L’une d’elles juchée en haut d’un figuier annoncera la victoire en portant un flambeau allumé, masqué aux yeux de l’armée défaite par une peau de chèvre[16]étendue sous son bras… Fête solaire aurorale, la victoire étant associée à l’aube naissant. Qui plus est, les Jumeaux sont nés sous le figuier du mont Palatin, et par conséquent, ils sont associés de facto à la victoire, à la lumière astrale et tout ce qui en découle… Ces complémentaires qui s’opposent sur le calendrier rythme le cycle éternel de la vie. Il en sera ainsi des festivités, tout au long de l’année, pour des causes aussi diverses que variées, afin d’harmoniser la vie.

    La fin obscure du règne de Romulus fut une tragédie vécue comme un cauchemar d’épouvante. Il s’évanouit aux yeux de tous lors d’un orage violent, chargé d’éclairs, de brouillard et d’averses, emporté dans un manteau de sombres nuages par un vent de tempête… Le premier roi de Rome disparut ainsi, mystérieusement ravit par les dieux lors d’un exceptionnel phénomène météorologique…

    Texte original de C.R. pour la Communauté National Social Radical.

    [1]Acte purement chamanique. Lire sur le sujet Mircea Eliade.

    [2]Tuisto, Tuisco ou encore Twisto. Traduit par Régis Boyer « double ».

    [3]La progression logarithmique : 1+1=2 , 1+2=3 , 2+3=5 , 3+5=8 , etc Vitruve, Léonard de Vinci…

    [4]. La très noble lignée des jumeaux remonte à Zeus-Jupiter mais aussi à Venus dont Rhéa Sylvia semble être une hypostase qui rappelle plusieurs éléments. Le nom de Rhéa est attaché à celui de la mère de Zeus, et donc au Principe Divin associé au feu du Ciel… Sa qualité de vestale, l’envoie au charge de déesse du foyer. Les Jumeaux sont les enfants de cette déesse vierge et Mars. Elle entretient le feu sacré des origines alors que Mars est à la fois dieu agraire et dieu viril des combats. L’une est un feu de paix, l’autre est un feu de guerre…

    [5]   Le vautour est associé au Dieu agricole Mars.

    [6] Ce nombre est celui de la fratrie des Arvales. 12 frères formant un corps de prêtres qui pratiquaient des sacrifices annuels en faveur Dea Dia déesse agraire du labour et protectrice des champs cultivés (arva). (fête de l’Ambarvaria le 19 avril.)

    [7]Certains auteurs parlent de 37 ans. le nombre de jours et de mois ne variant pas.

    [8] La lance est l’attribut aristocratique par excellence. Apollon, Lug, Cu’chulain, Odinn, Wodan, la lance de Longinus, mais aussi Pallas-Athéna, Minerve les Walkyries, etc. La lance est rattachée au symbole de l’axe du Monde, l’arme récurrente que l’on peut rapprocher du swastika. Le mot sabinquiris signifie lance.

    [9]   Georges Dumézil compare sous un certain aspect, le rapport des unions forcées et contre nature, après la guerre qui opposa les Ases et les Vanes de la mythologie nordique. En effet, il apparaît que la fonction nourricière, déterminée par les Vanes serait à l’égale des Sabins.

    [10]Nous verrons dans la deuxième partie de ce texte l’importance de ce discours sur ces non-révélations…

    [11]  Le midi étant un instant tout aussi particulier que le celui du solstice été dans l’idée du moment où l’astre rayonne dans sa plénitude.

    [12]   Voir, les explications du disque de Nebra, sur le déplacement du soleil à l’est et à l’ouest de 82° sur la ligne d’horizon, du nord au sud et du sud au nord, en fonction des saisons.

    [13]33 ans pour certains, 37 pour d’autres…

    [14]Tel il en sera sous le règne de Numa Pompilius, le digne successeur de Romulus.

    [15] Fête de Carmenta, nymphe prophétesse et des oracles telles les normes (carmen : chant magique). Les femmes romaines lui rendaient un culte en tant que déesse des bonnes naissances, autrement nommée Postverta. Elle aidait les femmes en couche.

    [16]Chèvre, cabri, Caprotines…

    https://nationalsocialradical.wordpress.com/2016/01/09/de-la-fondation-de-rome-et-de-la-fonction-tripartite-ier-partie/

  • Archéologie de l'idée démocratique

    Le débat actuel sur la différence entre république et démocratie ne peut faire l'économie d'une réflexion sur l'origine de la démocratie, un système politique en soi surprenant, non naturel, multiforme. Qu'on le simplifie à l'extrême (pour l'étudier) à la prise d'une décision par le biais d'un accord commun, ou en fonction d'un bien général, ou encore par un affrontement ritualisé, et l'on découvre aussitôt que la décision s'inscrit dans un contexte pré-déterminé et imposant son orientation. La décision annoncée est plus dépendante de ce contexte qu'il n'y paraît. L'analyse la fait même disparaître au profit d'une substructure où se dissimulent les vraies décisions inavouées.

    Comment en faire le dévoilement ? Guy-R Vincent, l'auteur de l'ouvrage intituléDes Substitutions comme principe de la pensée - Etude de récits mythiques grecs et sanscrits – nous propose un parcours original : mythologue comparatiste, il ne consacre qu'un chapitre à cette question : chapitre IV, « Le pouvoir démocratique et ses substitutions » (p. 207-244). Il s'agit de l'extension d'une analyse portant des récits mythiques où un personnage (dieu ou humain) se fait remplacer (substitution) par un autre personnage réel (dieu ou humain) ou par un simulacre (statue, animal, …).

    Le récit mythique le plus célèbre (il reste une pièce d'Euripide sur ce thème) en Europe est celui-ci : le roi Admète doit mourir mais le dieu Apollon, pour services rendus, lui a accordé qu'il pourrait se faire remplacer dans la mort, le jour venu. Admète cherche donc une personne consentante : ses meilleurs amis refusent, ses vieux parents aussi, ne reste que son épouse Alceste pour accepter. Alceste lui demande toutefois de respecter les enfants qu'ils ont eus (au cas où Admète se remarierait) et s'enfonce dans les Enfers. Admète ressent le vide laissé par cette disparition et songe à faire fabriquer un « double » d'Alceste (un artefact : statue ou poupée) quand survient Héraclès. Les lois de l'hospitalité imposent qu'Admète taise son chagrin ; il reçoit donc dignement son hôte, qui finit par découvrir le deuil de toute la maisonnée. Héraclès a honte de son comportement bruyant et descend aux Enfers chercher Alceste. Il fait croire au roi qu'il lui a trouvé une nouvelle épouse (le roi n'en veut pas) mais en soulevant le voile de cette femme, il s'aperçoit de la vérité.

    Tout se termine donc bien et peut faire penser à un conte heureux. Le lecteur peut alors, pour marquer sa fascination ou son intérêt, facilement se fourvoyer vers des pistes psychologiques ou sociologiques : l'amour conjugal, la fidélité et l'hospitalité, le droit des enfants, l'égoïsme masculin, la solitude de chacun devant la mort… Mais ces solutions d'analyse ne sont jamais celles qu'envisage un mythe. Par exemple, dans ce cas précis, rien n'affirme qu'Alceste aime son époux (les mariages sont contractuels dans l'Antiquité) et ses motifs sont de cet ordre : l'obéissance est obligatoire ; sauvegarder le roi garant du monde est nécessaire ; il faut éliminer les risques d'une continuité rompue (en amont par les parents d'Admète ne voulant pas mourir à la place de leur fils et en aval par ses enfants qui pourraient être délaissés).

    Le recensement d'autres mythes empruntés au monde grec et indien permet de dégager un processus très particulier auquel l'auteur donne le nom de « substitution ». Il le pense universel (d'autres aires culturelles en rendent compte ; que l'on pense à Abraham remplaçant dans un sacrifice par un bouc son fils Isaac ) et antérieur à d'autres modes constitutifs de la pensée (comme le rapprochement par similitude ou contiguïté où ceci ressemble à cela, où ceci fait suite à cela, à la base de la métaphore, du signe mathématique « égal », des premières catégories construites sur des similitudes). Ce processus se fait en deux phases : a) une première phase où un mode d'existence (figuré dans le mythe par un personnage) se confronte à un autre mode et en conçoit la menace (répartition des rôles : prédateur/proie), puis fonde un double de soi (un leurre substitutif) et détourne l'attention du potentiel menaçant, au risque de s'affaiblir ou de se faire « doubler » par son leurre ; b) une seconde phase où le substitut se détache de sa source et s'implante dans un autre contexte qu'il perturbe et modifie (transfert sur un autre plan) : soit il maintient son attache avec son origine (il permet l'action modificatrice de ce nouveau milieu), soit il se détache et s'autonomise (il permet une ouverture caractérisant un autre aspect du réel).

    La substitution est ce processus complexe et créatif, processus qui engendre des perturbations nombreuses que l'on peut regrouper dans des classes de perturbation spécifiques à certains domaines (le livre en aborde d'autres, comme la peinture, le calcul, le langage...). Celui de la démocratie en est donc un parmi d'autres. Si l'on veut simplifier, on dira qu'une pièce de remplacement n'est jamais identique à celle qu'elle est censée remplacer et provoque des troubles en partie positifs. Inadéquation inventive. Pour illustration, donnons Ulysse se faisant appeler « Personne », selon un jeu de mots basé sur son nom (outis = personne /Odys = début de son nom), pour leurrer le Cyclope menaçant, et sauver ses compagnons en les faisant sortir de la grotte du Cyclope par un subterfuge (ils sont cachés sous le ventre des moutons). Scène pré-démocratique en soi : à une menace, répond un remplacement nominal (« Personne » est le délégué d'Ulysse) et la sauvegarde d'un groupe humain. Cette anecdote peut être placée sur d'autres plans : pourquoi pas celui de la lutte contre la tyrannie, mais aussi celui de la résistance des défenses immunitaires dont il faut baisser la garde en cas d'allergie ou de greffe ? Le mythe substitutif a cette vertu d'extrême plasticité.

    Venons-en donc à la démocratie. Le point de vue peut paraître iconoclaste : tout est remplacement. Le député, élu du Peuple, n'est qu'un substitut, rien de plus. La sacralité de sa fonction est, elle même, fondée sur le remplacement du droit divin par un droit venu d'en bas (le Peuple souverain remplace le Ciel pour fonder la légitimité). Il n'est plus l'émanation inspirée d'une volonté collective mais une pièce rapportée dont on sait qu'elle ne peut que provoquer des perturbations. Cela explique déjà que la démocratie soit un régime agité (cf. l'excitation des périodes électorales) et que les critiques alternent entre une constatation (on tient peu compte de la volonté populaire, si bien que l'on parle de déficit démocratique) et une hésitation (prendre l'avis de tous, surtout si les membres sont incultes, pour chaque opération, est infaisable et non souhaitable ; autant réduire la représentativité). Entre hyperdémocratisme et hypodémocratisme si l'on veut. Et il est vrai que l'histoire nous montre que dans certains cas, il a été heureux que l'on ne suive pas l'avis de la majorité (du Peuple) comme dans d'autres, l'inverse fut fatal : trop de pouvoirs entre les mains de quelques représentants malveillants ou bornés ont conduit à des catastrophes. Cela renvoie alors à la notion de « hasard » avec laquelle s'ouvre l'origine de la démocratie : et si les décisions démocratiques renvoyaient au hasard ? Il suffit de si peu, parfois, pour aller dans un sens ou l'autre. On est loin d'une prise de décision posée, rationnelle, intelligente, telle que le système tient à le faire croire.

    En effet, la mythologie grecque évoque des scènes de tirage au sort pour prendre une décision. Ce n'est plus la décision d'un seul (le roi des dieux, le patriarche) qui s'impose, mais on place entre ses mains un dispositif : dans l'Iliade (VII, 1-205), on met des jetons dans un casque, chacun étant donc à égalité et on retire un jeton ; ailleurs (XXII, 209-213), Zeus pèse sur une balance les destins des guerriers : le roi des dieux accepte de se voir destitué de son pouvoir d'aider l'un ou l'autre. C'est le destin qui commande. La démocratie, si elle tire son origine de ces dispositifs, doit en avoir conservé des traits que nous ne voyons plus mais toujours agissant. On se souvient que, devant l'afflux des inscriptions d'étudiants dans une université, un tirage au sort avait été proposé au grand dam des intéressés. Et pourtant n'était-il pas égalitaire ? Dispositif trop rudimentaire, même s'il demeure en fondement occulte de la démocratie.

    La démocratie s'est développée en inventant de nouveaux dispositifs plus complexes. Un parcours historique se fait alors de la Grèce, de Rome, du trust médiéval, vers la révolution industrielle, jusqu'à nos jours. Chaque fois, un dispositif de substitution est conçu dont les perturbations et les débordements sont admis pour permettre des solutions décisionnelles. C'est par la perturbation contrôlée progressivement que le système s'installe et se fait admettre. Système délicat à manier, instable, accentuant les inégalités mais permettant une permanence : on se confie paradoxalement à ce qui troublel'ordre public, pour développer et complexifier cette organisation politique. Situation très curieuse.

    Il n'y a pas tant de continuité entre Athènes, Rome, le féodalisme, etc. que des dispositifs nouveaux et orientés vers des objectifs différents. La démocratie est plurielle, elle ne sert pas les intérêts du Peuple, elle sert des projets qui préoccupent à un moment donné les hommes ou des groupes d'hommes. Au Moyen Age, au moment des croisades, les fiefs sont laissés vacants et confiés à des hommes de confiance (« trustee » agissant pour un « cestui que trust ») qui remplacent le chevalier parti au loin. L'orphelin et l'orpheline sont entre les mains du trustee qui se rémunère pour ses services, peut abuser de son pouvoir, faire en sorte que le réel propriétaire de retour ne retrouve rien de son bien (fait fréquent en politique où des remplaçants ne rendent pas le siège qu'ils devaient momentanément occuper), comme il peut préserver un patrimoine, l'augmenter, être un modèle de bonne gestion. C'est ce que narre Walter Scott dans Ivanhoé : le roi Richard-Coeur de lion a confié son royaume à son frère, le roi Jean ; tous deux des Normands ; Cédric, père d'Ivanhoé, est un saxon qui veut marier sa pupille Rowena à un descendant saxon de sang royal, au détriment de son propre fils Ivanhoé, amoureux de Rowena ; Ivanhoé se tourne alors vers Richard-Coeur de lion, lui aussi dépossédé par son frère le roi Jean. Un jeu complexe entre le tuteur (trustee), le tutorisé (cestui que trust), le propriétaire (ou constituant) est en cause, où les rôles peuvent s'échanger et se superposer. Par exemple : Cédric est à la fois le tuteur et le constituant en tant que responsable d'une pupille (à marier au mieux) et propriétaire voulant donner à un saxon l'héritage de la royauté et ainsi accroître son bien personnel par alliance. L'on a oublié que W. Scott était un homme de loi important en son temps, un juriste d'obédience libérale. La fiducie ou confiance est une superbe invention d'une grande souplesse : en déléguant le pouvoir à un ou plusieurs membres, en leur confiant un héritage à faire fructifier, en choisissant de récompenser le trustee, en surveillant les exactions ou en les favorisant, on voit combien ce système de délégation s'approche de la démocratie et possède des moyens étendus pour répondre à diverses situations (mort des bénéficiaires, accords multiples, prises de risque…). Le bien circule, n'est pas bloqué ou en jachère. Les montages actuels de sociétés-écrans sont des formes démocratiques d'une certaine manière : cascade décisionnelle, étages successifs d'intervention, camouflages qui aident à l'acceptation, commissions multiples nécessitant des spécialistes (technostructure).

    On lira les pages limpides consacrées à Athènes et à Rome mais si l'on arrive au XIXème siècle, c'est pour voir s'instaurer un autre dispositif qui gauchit à nouveau le système démocratique. Pour l'auteur, il est fortement lié à l'utilisation des machines et des rouages. Il faut canaliser une énergie (celle d'une nation), la répartir et l'amplifier, à la façon dont une machine est une force productive remplaçant la force humaine. Le mythe requis est d'une lucidité quelque peu effrayante : le taureau de Phalaris. Phalaris est un tyran de la Sicile antique auquel un ingénieur nommé Périlaos (nom symptomatique : « celui qui a le peuple autour de lui ») propose un instrument de torture : on introduit dans le ventre d'un taureau en bronze des condamnés, on fait chauffer le métal par un feu en dessous, les condamnés hurlent de douleur mais leurs cris sont transformés au niveau des cornes en un air de flûte agréable. Phalaris est outré et enferme l'inventeur dans son taureau avant de le précipiter du haut d'une falaise. Les cris et gémissements du Peuple ne sont-ils pas transformés ? Parfois on les rend indistincts, on les couvre de mélodies officielles, parfois on les soulage et l'on détruit les motifs de leur existence. Or la Révolution industrielle est liée à deux machines capitales : la machine à tisser et la machine à vapeur. Ce n'est donc plus un bien hérité à partager et à augmenter qui importe, mais la matérialisation d'une force pour le bien de tous (République) ou de quelques uns (une classe sociale), ou d'une Nation à visée impérialiste. Il n'empêche que la prise de décision imite la machinerie faite de rouages dans le but de créer un dynamisme, selon des engrenages distincts. La difficulté est de déterminer un centre pour organiser tous ces rouages : ce rôle est imparti au suffrage universel qui creuse momentanément un potentiel central, lequel se déplace (on est loin d'un modèle monarchique où le roi est le centre désigné pour tous et pour toujours) au gré des pressions. On peut vouloir que chacun ressemble à chacun (effort d'égalitarisation : compenser les inégalités, équilibrer les chances d'ascension sociale), que l'ordonnancement commun descende en cascade et se répète à différents niveaux (hiérarchisation), que l'on sépare le blé de l'ivraie, selon des vitesses d'évolution différentes (catégorisation : ville/campagne ; secteur industriel/ services...), que les rôles permutent (inter-échangéabilité, mixité, parité). C'est tout ce que peut proposer le système ainsi conçu : le regroupement des énergies selon quatre principes ou rouages latents. Autant de centrages momentanés.

    Or, un simple regard sur nos technologies, montre qu'au monde des machines à rouage a succédé le monde des systèmes miniaturisés où l'interconnexion se fait par des échanges électroniques incessants. Ce dernier modèle omniprésent exerce son influence sur ce que nous attendons de la démocratie actuellement : la prospérité généralisée au lieu de la mobilisation antérieure. Le système étant régi par un ancien paradigme, bien des pouvoirs prédominants échappent à un choix démocratique, ne serait-ce que le pouvoir médiatique, non élu, surveillé par le pouvoir politique et en même temps le concurrençant. L'élu (maire, député, sénateur, président…) tient moins son pouvoir des urnes que de son accès aux media. Le citoyen attend de son vote moins à consentir des efforts collectifs (ce que continue à proclamer l'impétrant politique, surtout s'il a conquis le pouvoir) qu'une interactivité rapide (des mesures aux effets immédiats, que l'on peut rapidement changer) et une sécurisation de ses échanges (déplacements et placements, contrats souples et parallèles). Autant dire combien le système démocratique fondé sur une représentation démodée où chacun (même le plus « imbécile » était réquisitionné) a besoin de s'inventer à nouveau.

    Mais s'adapter à ces demandes contemporaines est certainement pernicieux, trop lié à des avantages personnels antinomiques entre eux. C'est seulement en se rapprochant d'un modèle qualitatif (l'accumulation de besoins non satisfaits produisant un « saut » correcteur, à la manière dont une lame de scie pressée à chaque bout « flambe », c'est-à-dire adopte d'inverser sa courbure, de convexe devenant concave ou l'inverse) que la démocratie peut véritablement se modifier. Des inversions (le mot est curieusement à la mode : « inversion de la courbe du chômage », inversion dans les énergies à utiliser, transition en tous genres) sont souhaitées et souhaitables, pour orienter l'Humanité vers des finalités où elle se reconnaîtra mieux. « Infinitiser » est le mot employé : terme énigmatique car il ne désigne pas, dans cette analyse, le long terme mais un horizon interne reconstruit. Que faut-il entendre par là ? L'auteur s'en tire par une pirouette mythologique : Aphrodite anime la statue de Pygmalion ; le sculpteur Pygmalion aimait sa statue de façon narcissique, elle était son bien, il ne l'aimait pas pour l'image d'une altérité. Aphrodite la lui soustrait comme telle, et la rend vivante : elle en fait une femme réelle, substitut perturbant mais novateur. Il n'est pas certain que cette transformation ait été du goût de Pygamalion. La déesse a pu vouloir le récompenser comme lui jouer un tour et le punir de se désintéresser des autres femmes qu'il ignorait. On peut y voir une allégorie de la finance actuelle fascinée par ses montages et ses bulles (statues narcissiques), et qui manque la vie réelle. Quelle déesse saura transformer ces simulacres stériles en des réalités agissantes, liées à des besoins se manifestant dans nos sociétés ? Amusant aussi de penser que le nom modifié d'une seule lettre de Pygmalion a justement pu servir à une société écran pour une campagne électorale. Puissance du mythe en nos époques.

    D'autres réflexions parcourent ce livre atypique. Nous en retirons le jugement qu'il s'appuie sur des données non ressassées, sur un corpus de faits qui attendent des analyses encore à faire, ce dont l'auteur semble convaincu.

    L. T.

    Guy-R Vincent, Des Substitutions comme principe de la pensée - Etude de récits mythiques grecs et sanscrits – L'Harmattan 2011, coll. Ouvertures philosophiques, 33 €.

    http://www.leblancetlenoir.com via http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/02/02/archeologie-de-l-idee-democratique-5754005.html

  • Le sens de l’existence : fidélité, liberté, honneur, excellence

    Ce sens est défini par les quatre mots-clés qui sont : les racines, la mission, la tenue et l’exploit. Hayek montre bien que nous n’avons créé ni notre langage, ni notre raison, ni note civilisation. Comment un individu pourrait-il créer ce qui le précède ? Nous avons donc, que cela plaise ou non, un héritage qui est constitutif de notre être. Sans cet héritage, comme on l’a vu avec les « enfants sauvages » perdus en forêt et élevés par des animaux, notre personnalité et notre raison même seraient inexistantes. — Par Ivan Blot, homme politique, philosophe, écrivain, essayiste.

    On peut considérer que puisque nous avons un héritage, nous devons en remercier nos ancêtres et notre nation et ne pas être ingrats. Qui dit héritage dit histoire et l’homme pleinement homme a une « conscience historique » à l’inverse de l’animal.

    Les racines de l’existence, la fidélité

    Qui dit héritage et histoire dit donc « fidélité ». Les mots « foi » et « fidélité » ont une commune origine. Un homme « sans foi ni loi » est un homme à qui l’on ne peut pas faire confiance. Du point de vue éthique, la fidélité est donc une vertu fondatrice.

    Mais il y a plus, car les traditions qui constituent notre héritage contiennent un savoir, une sagesse énorme sélectionnée par des siècles de pratique de millions d’hommes. Se priver de cet héritage en voulant faire table rase (tabula rasa) est donc un acte absurde et suicidaire. La sagesse des traditions est plus grande que celle de l’individu limité dans le temps et dans ses capacités rationnelles individuelles. L’orgueil individuel est donc stupidité. Les tentatives de tout refaire à nouveaux frais et d’éradiquer les traditions s’appellent historiquement des « révolutions ». Les révolutions permettent à la barbarie présente dans le cerveau primitif de l’homme de réapparaitre. C’est pourquoi elles mènent au sang et aux meurtres. L’homme a toujours le choix entre sauvagerie, barbarie et civilisation et la tâche de préserver et d’accroitre la civilisation n’est pas une tâche anodine, elle est vitale. Le rejet des traditions est en effet mortel, mort lente ou rapide selon les cas.

    Ce qui fait la différence entre l’animal et l’homme, ce sont donc les traditions, elles-mêmes évolutives par petites touches à travers les événements historiques. Au mot racine, on peut donc associer le mot FIDÉLITÉ, condition même de la pérennité de la vie et de l’apparition de l’existence comme mode de vie spécifiquement humain.

    La mission de l’existence, la liberté

    Comme tous les philosophes existentiels l’ont compris de Pascal à Kierkegaard, de Nietzsche à Heidegger, l’homme peut mener une vie sans existence authentique et se laisser balloter de plaisirs fugaces en plaisirs fugaces. Il peut aussi refuser cette vie limitée au « divertissement » (Pascal) et mener une existence éthique (Kierkegaard). Il peut, comme l’écrit Heidegger, être simplement jeté dans le monde (il l’est toujours d’ailleurs au départ) ou « missionné ». C’est la conscience et le sentiment d’avoir une mission à réaliser sur terre qui distingue le plus l’homme de l’animal. Pour choisir cette mission, l’homme peut tenir compte ou non de ses racines, voire les rejeter au prix d’une énorme perte d’information. C’est en cela que l’homme est doué de LIBERTÉ.

    Mais la liberté conduit, comme l’a écrit le tragédien grec Sophocle, sur le chemin du bien comme sur le chemin du mal. On peut choisir une mission de rebelle (Al Capone) ou de révolutionnaire (Pol Pot, Fouquier-Tinville). On peut aussi choisir une mission humanitaire et croire naïvement que le bien naît seulement du bien à l’encontre d’Héraclite qui proclamait l’unité des contraires. La réalité est que la paix créé la guerre et que la guerre créé la paix. C’est pour cela que le Christ dans Sa sagesse affirme ce qui peut paraitre scandaleux : « Je suis venu apporter non la paix mais l’épée ». On peut enfin estimer que la mission est de faire fructifier l’héritage de sa civilisation au lieu de la renier et s’engager sur la voie du dépassement de soi-même vers le bien, par des actes créateurs, où l’homme devient « co-créateur » du monde (Nicolas Berdiaeff). Le fait d’avoir une mission donne du sens à l’existence et la rend plus belle, ce qui n’exclue pas le tragique. Elle permet de s’élever sur le chemin qui va de la bête vers le héros. L’existence peut être comme disait De Gaulle : « sans caractère, morne tâche d’esclave, avec lui, jeu divin du héros ! »

    La tenue, l’honneur

    La mission, qui est liberté, vous contraint à la tenue, qui est devoir et discipline. La tenue est ce qui vous empêche de déchoir. Elle est associée au sens de L’HONNEUR. Le héros qui a le choix entre se planquer ou affronter un ennemi supérieur en nombre, a de la tenue, il est honorable. C’est pourquoi la condition militaire a toujours été honorée dans l’histoire. Il fallait autrefois faire le métier des armes pour pouvoir être anobli. Le proverbe « noblesse oblige » exprime ce sens de l’honneur. La noblesse ne mendie pas des « droits » mais revendique au contraire des devoirs. Elle permet ainsi à l’homme de sortir de lui-même, de cet égocentrisme de petit enfant car à l’intérieur de l’homme privé de lumière extérieure, il n’a que de la boue, comme l’a justement écrit feu le philosophe Jean-François Mattéi (si l’on entend par « boue » les pulsions incontrôlée du cerveau reptilien).

    Nietzsche a écrit : « l’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme » où le surhomme selon lui, devait remplacer Dieu, qu’il croyait mort dans la conscience des hommes. En effet, sans l’idéal apporté par la « mission », la tenue disparait et l’homme régresse vers l’animalité ou vers la barbarie. Mais il est difficile à l’individu isolé, très faible qu’on le veuille ou non, de tenir son poste et sa mission, et de conserver la tenue, sans institutions extérieures pour le pousser à s’élever. L’homme a besoin de traditions, et dans ces traditions, il y a les institutions. C’est pourquoi, lorsque un peuple est vaincu, le vainqueur retire souvent au vaincu ses institutions et traditions propres. Il lui brise ainsi les reins.

    L’exploit, l’excellence

    Pourvu d’une mission, marque de liberté, et d’une tenue, donc du sens de l’honneur, la personne est appelée à accomplir des exploits. Cela peut être des actes héroïques mais cela peut aussi être des actes créateurs (les symphonies de Beethoven). Les actes en question sont aussi des actes d’amour : l’amour créé du nouveau, des êtres ou des œuvres. Sans amour, l’homme est condamné à la stérilité, dans tous les sens du terme, stérilité biologique ou stérilité culturelle. Pour qu’il y ait exploit, il est nécessaire de rechercher l’excellence, vertu majeure des anciens Grecs. Tout se tient : pas d’excellence sans tenue, capacité de se dépasser. Pas d’excellence sans une mission inspiratrice. Pas d’excellence sans puiser dans l’héritage immense des racines, des traditions. Racines, mission, tenue et exploits forment le quadriparti de l’existence. L’existence est plus que la vie.

    Ivan Blot

    Source : Institut Iliade

    http://reconquetefrancaise.fr/le-sens-de-lexistence-fidelite-liberte-honneur-excellence/

  • Royalistes, AU TRAVAIL !

    LA CELLULE D’ÉTUDE, INSTRUMENT DE RECONQUÊTE

    Quelle action politique pour notre XXIe siècle ? Loin des solutions faciles et artificielles, l’UCLF prône le travail, la persévérance, l’exemple ; bref : l’effort sur soi. En effet, peut-on sérieusement désirer réformer la société ― donc les autres ― sans commencer par se réformer soi-même ? Effort dans l’étude de ce qu’est la monarchie traditionnelle, pour mieux la faire connaître. Effort dans la prise de responsabilités au sein de la Cité, pour donner l’exemple d’une bonne autorité et la faire aimer. Efforts qui sont autant de conditions à la reconquête des esprits et des cœurs.

    Quel est le programme politique des légitimistes ? Retour à la table des matières

    Avant de répondre il faut préciser deux points :

    Ni l’Union de Cercles Légitimistes de France, ni Vive le Roy (sa bibliothèque), ne constituent des partis politiques. Le mot même de parti est aberrant si l’on pense que l’objet de la politique est le bien communde la Cité et non celui de l’une de ses parties. Nous nous demandons toujours par quelle alchimie mystérieuse, au soir des élections, à 20h00 très précisément, le candidat d’un parti se transmute en un instant ― du moins l’assure-t-il ― en « président de tous les Français » !!! Est-ce crédible ?

    La démocratie fausse sournoisement les cartes car, avec son égalitarisme, tout un chacun est appelé à donner son avis sur des décisions politiques qui demanderaient à des experts des années de travail. La situation est analogue à celle d’un malade, qui au lieu de consulter un médecin, confierait sa santé à une assemblée égalitaire où la voix du spécialiste pèse autant que celles des ignorants ! En fait, c’est pire que cela : nous confions la santé de notre société à l’opinion, jouet de la propagande des idéologies et des féodalités financières. Si nous sommes royalistes, c’est justement pour ne plus faire de politique à un niveau qui n’est probablement pas le nôtre, pour que cet art difficile soit pris en main sérieusement par des ministres choisis par le roi pour leurs compétences, comme cela était le cas dans l’Ancienne France.

    Dans ces conditions, il nous est impossible de proposer un programme politique à la manière d’un parti : nous n’avons ni une connaissance exhaustive de la situation, ni forcément le ou les remèdes, et nous nous méfions des « ya qu’à ».

    En revanche, nous avons des principes d’action qui sont ceux de la monarchie traditionnelle. Entre autres :

    • Restauration de l’autorité (de Dieu par le sacre et autres manifestations publiques, du roi, et de ses représentants, du prêtre, du père de famille), et reconnaissance publique de la dignité de toute personne qui travaille pour le bien commun.
    • Promotion de la famille.
    • Décentralisation, toujours dans l’esprit de responsabiliser les hommes pour les faire participer au bien commun : autonomie des provinces qui la désirent, constitution de corporations pour les métiers qui le souhaitent...

    Mais alors, quelle action concrète proposez-vous ? Retour à la table des matières

    Tout d’abord soulignons que notre objectif n’est pas de faire une « contre-révolution », mais le contraire d’une révolution, autrement dit : partir de la situation actuelle et réformer progressivement la société, l’infléchir par le biais de lois, d’incitations, d’aides ...

    Cependant, soyons réalistes : nous n’en sommes pas encore là.
    Les sciences humaines nous révèlent l’instabilité d’un gouvernement qui n’a pas l’assentiment des élites du pays et celui d’une portion critique de population favorable.
    Or l’esprit égalitaire a tout infecté, pire ! la démocratie a entretenu les intelligences dans l’illusion que le “TOUT, TOUT DE SUITE” était possible par le vote, sans autre effort que des campagnes électorales bien menées.
    L’histoire montre qu’aucune lutte démocratique n’a jamais donné aux tenants du Droit naturel (catholiques, monarchistes... ) l’accès au gouvernement : nombreux sont ceux qui ont perdu leur âme et celles de leurs enfants pour ne l’avoir pas compris, et cela dans des conditions autrement plus favorables qu’elles ne le sont aujourd’hui (rappelons nous la triste affaire du Ralliement de l’Église à la République de Léon XIII).

    Aussi, est-il intéressant de nous pencher sur la façon dont la Révolution a triomphé en 1789.
    À cette date les esprits étaient mûrs : ils avaient été travaillés pendant tout le siècle par ce que Augustin Cochin appelle les « sociétés de pensée » qui avaient envahi tout le Royaume.
    Pendant un siècle nos adversaires avaient distillé sans relâche, au sein de petits groupes, la passion de l’égalité et l’horreur de l’autorité. Ce travail, s’il était secret ou au moins discret, fut titanesque tant par l’intensité que par la durée. Nombre de ceux qui l’avaient initié sont morts sans en avoir vu les fruits.

    C’est donc le chemin de la conquête des intelligences et des cœurs que les légitimistes proposent. Cette solution est certes austère, mais réaliste, honnête et s’impose comme un devoir :

    • À la passion de l’égalité opposons la raison, d’où la nécessité de l’étude.
    • À la haine de l’autorité opposons l’amour en commençant par nous réformer nous-mêmes : là où nous vivons, prenons des responsabilités, donnons l’exemple d’une autorité bienveillante, ferme mais humble, soucieuse du bien commun, et elle même soumise à son autorité immédiate.

    Pour utiliser la raison il faut apprendre ; pour aimer la monarchie et la faire aimer, il faut la connaître ; l’étude est donc incontournable.
    L’UCLF propose la multiplication de cellules d’étude sur tout le territoire.

    Il s’agit ni plus ni moins que de rendre la monarchie traditionnelle familière et désirable à nos contemporains, de leur en montrer l’harmonie, la beauté, la bonté, la nécessité par la raison et par l’exemple.

    Qu’est-ce qu’une cellule d’étude ? Retour à la table des matières

    Contrairement à une société de pensée dont l’objet est d’élaborer une vérité commune aux membres, la cellule d’étude a pour objet la soumission au réel par l’étude de ce qui est : le meilleur service que nous pouvons rendre à la vérité est de ne pas la travestir.

    Il s’agit de former des royalistes autonomes et responsables, capables d’apporter des réponses à des situations concrètes à la lumière de bons principes.

    Au début, deux ou trois personnes suffisent à former une cellule ; plus tard, on peut élargir le groupe par cooptation à six ou dix mais pas plus. Au delà, certaines personnes ont du mal à prendre la parole.

    Le responsable de la cellule est de préférence le fondateur (ou la fondatrice) ou l’autorité désignée par le président de cercle (quand celui-ci existe déjà).

    Lorsque les membres sont suffisamment formés (au moins 2 ans si les réunions sont régulières), ils quittent la cellule pour en former de nouvelles ou agir dans le cadre d’un cercle.

    En quoi consiste une réunion de cellule ? Retour à la table des matières

    Une fréquence d’au moins deux réunions par mois est nécessaire pour obtenir des résultats satisfaisants

    Une séance dure aux environs de 2 heures (bien essayer de s’en tenir à cette durée car des séances trop longues risquent de décourager certains membres).

    Même si plusieurs membres de la cellule ne sont pas croyants, il est bon de se reconnaître soumis au principe d’autorité, en commençant la réunion par une prière à Dieu, Source de l’autorité. De même, il est souhaitable de placer la cellule sous la protection d’un saint patron.

    En première partie (environ 15 à 20 min) on peut faire une petite revue de presse ou/et communiquer des informations, de préférence locales (Les membres de la cellule vivent dans un milieu bien concret).

    La seconde partie consiste à faire la lecture commentée d’un texte. Pour des débutants, on peut tout à fait se contenter d’une lecture simple.

    Le site viveleroy.fr rassemble des documents facilement imprimables à partir de votre navigateur et qui sont autant de supports à l’étude en cellule. Mieux ! l’UCLF propose un programme d’étude en trois cycles à cette page.

    S’efforcer d’entretenir une ambiance amicale et sereine : chasser l’orgueil, pas de compétition, mais le souci permanent d’expliquer ou de chercher si on n’a pas immédiatement la réponse. Quand cela est nécessaire, il ne faut pas hésiter à se reprendre mutuellement, tant sur la forme que sur le fond, en veillant à donner les explications avec tact et charité, et toujours en respectant l’autorité.

    La méthode est-elle efficace ? Retour à la table des matières

    Depuis vingt ans, cette méthode a fait ses preuves : si elle est peu valorisante dans un premier temps et demande de la persévérance, elle est formidablement efficace. Les progrès sont sensibles dès la première année. Elle permet en outre de nouer de solides amitiés.
    Plusieurs textes du site Vive le Roy ont ainsi été écrits par des membres de cellules.

    Les cellules d’étude légitimistes ont d’abord été cantonnées dans l’Ouest, berceau de leur fondation. L’outil internet permet maintenant leur essaimage à l’ensemble du pays. La multiplication des études augure donc des fruits abondants d’ici à quelques années...

    ... à la Grâce de Dieu.

    http://www.viveleroy.fr/Royalistes-AU-TRAVAIL,53

  • Au sujet du coup de poignard infligé à l'institut Civitas.

    Une fois de plus, la mouvance est lâchement attaquée. Cette fois ci, c'est l'institut Civitas qui est lâchement attaqué. Alain Escada, président de Civitas a besoin d'aide.
    Dès que j'ai su le fait, j'ai par sympathie, immédiatement adhéré à Civitas. J'invite le lectorat à faire de même ou à faire un don
    Erreur
    Erreur


    Erreur
    Civitas: le site
    Philippe Delbauvre (Voxnr)
    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuVukEAulkSLpVCiCn.shtml
  • Philippe de Villiers soutient la Fondation Jérôme Lejeune – Savoureux extrait de son interview

    La fondation Espérance du Grand Parc Français du Puy-du-Fou a offert un chèque de 50 000 euros à la fondation Jérôme Lejeune. Une fois de plus Philippe de Villiers manifeste sa fidélité à ses objectifs de transmission des valeurs chrétiennes de la France, parmi lesquelles la vie est la plus attaquée actuellement. Philippe de Villiers a donné un entretien à cette occasion à Jeanne Smits, dont voici un large extrait particulièrement savoureux:

    — Le Puy-du-Fou, qui est un lieu d’enracinement et même de réenracinement dans l’Histoire, est-il naturellement à sa place dans ce réenracinement de l’amour paternel, maternel, de l’amour des enfants ? Faites-vous un lien, là aussi ?

    — Oui, bien sûr ! C’est le dernier texte que j’ai écrit : « Peut être les enfants sauront ils deviner dans les humeurs du jour, et portée par le vent, de collines en collines, la voix d’autres enfants qui chantent et se souviennent. »

    Le Puy-du-Fou est fondé sur l’idée de la transmission, l’idée de la génération, dans une société saccagée par le mondialisme qui prépare un être désaffilié, désinstitué. Toute la respiration du Puy-du-Fou se fait à travers l’idée de génération, l’idée de transmission, l’idée d’héritage et donc de réenracinement. C’est normal que l’enfant y ait la première place.

    Lire la suite

  • La vie des Royalistes

    Les Royalistes ont-ils une vie ? Une vie à part ? Une vie tout court ? Une vie différente de celles des autres ?

    Il faut bien reconnaître que la vie du Royaliste ne diffère en rien, en apparence, de celles du commun des mortels. L’Égalité « ayant coupé toutes les têtes qui dépassent » et surtout confisqué tous ses biens, le Royaliste est soumis au quotidien de tout un chacun : travail et imposition lourde. Comme le peuple, il connait les épreuves du commun des mortels ; chômage, souci de santé, rupture ou deuil.  Il convient de préciser que le Royaliste n’appartient pas nécessairement à la noblesse. Déchéance ou grâce ? Le Royaliste partage de fait l’humble condition du peuple qui le servait et qu’il servait dans une solidarité très intime.

     Toutefois, la vie du Royaliste semble s’émailler d’un nombre certains de commémorations et de pèlerinages : Soirée en hommage à Sa Majesté le Roi Louis XIV à l’Aéroclub le 23 novembre ; Commémoration place Louis XV et Messe en mémoire de la mort du Roi Louis XVI en la Basilique Royale de Saint-Denys, le 21 janvier ; Messe à la Chapelle Expiatoire à la mémoire du roi Louis XVI pour le 223ème anniversaire de son assassinat le 24 janvier. Passéisme fétide et poussiéreux ? Non, le Royaliste est fidèle. Il n’oublie rien de l’Histoire de cette France qu’il aime. Nostalgie vaine d’un passé révolu ? Non. D’une fidélité absolue, il garde la Foi envers et contre tout, envers toutes les vicissitudes de son époque. Sa Foi repose dans le sang de ses martyrs. Aucun sacrifice d’innocent n’est perdu et la France refleurira. Sous l’autorité bienveillante de Monseigneur Louis de Bourbon, qui incarne notre Espérance, c’est un avenir pour la France que nous voulons construire.

    Par ailleurs, la vie du Royaliste semble s’émailler de quelques événements mondains. Superficialité festive, reste d’un éclat indécent, dans un monde qui s’effondre ?

    Le samedi 23 janvier, nous réunissions aussi autour de La galette des Rois de Vexilla Galliae à l’église Sainte Rita, devenue depuis peu catholique, menacée par l’appétit vorace des promoteurs immobiliers.  Scène surréaliste où les Royalistes passaient un à un la barricade taguée pour rejoindre une église glacée et vidée de tous ces ornements, rejoints sans faillir par le Prince Charles Emmanuel de Bourbon Parme. Scène baroque où les royalistes et les zadites partageaient non seulement la Galette des Rois mais aussi la défense de l’église Sainte Rita, sous le portait de Monseigneur Louis de Bourbon, Chef de la Maison de France. « Lui, Louis de Bourbon, représente au moins un espoir pour le peuple ».

    Le 18 mars aura lieu la 3ème soirée du Bourbon Club. Jamais la main de l’autorité, si puissante soit-elle, ne peut établir ces groupes harmonieux formés autour d’un centre et d’une pensée commune… et ni même les détruire ! Il convient donc de cultiver ses précieux liens sociaux. Cette soirée sera unique puisque le 18 mars est un vendredi de Carême. Les bénéfices du cocktail, dont le menu sera « cathocompatible » seront versés au profit de l’Ordre de Malte et nous mettrons en valeur « les talents » que Dieu donne.

    Ainsi, même si la vie sociale du Royaliste est riche d'événements il partage la même noble et humble condition du peuple de France. Mais, elle se différencie spécifiquement. Dans un monde qui s’effondre, notre joie est profonde. Notre joie est profonde car ultimement, nous n’appartenons pas à ce monde. Nous appartenons à Dieu et au Roi.

    A Dieu. Au Roi.

    Stéphanie de Tournon

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/vie-des-royalistes/1782-la-vie-des-royalistes

  • Taubira et sa Loi

    Ainsi Christiane Taubira a quitté la Chancellerie. Elle s'inscrira dans la chronique des travaux et des jours comme le Garde des sceaux qui imposa le mariage homosexuel en France, et rien de plus, car il n'y eut rien de plus, à part quelques ajustement à la marge des procédures judiciaires. Il restera d'elle une inclination naturelle à manœuvrer les Chambres par un discours littéraire qui tranchait sur la morne plaine des récitations automatiques de députés godillots. Elle a apporté de la fraîcheur dans l'hémicycle. Quant aux grandes idées*, elles sont restées au stade de l'incantation obstinée, répétée, lassante, avec ce soupçon de mépris des Français qui a interdit le soutien, sinon l'empathie de citoyens en phase avec ses propositions, mais qui furent outrés par son combat maladroit pour lanégritude contre eux.
    Sa démission est la fenêtre d'opportunité pour les adversaires au mariage homosexuel qui remettent aujourd'hui du gasoil pour nous resservir la "destruction de la famille" et faire avancer leur modèle social en béton dans l'allée des prétendants à l'Elysée. Dans un entretien accordé à Atlantico, Guillaume de Prémare** relève que seulement 18000 mariages homosexuels ont été "célébrés" en deux ans en France, ce qui semble indiquer que la ressource minoritaire s'épuise. Un tableau complet de l'INSEE nous donne tous les chiffres et compte 250000 mariages en gros. Le mariage gay est un épiphénomène. Il n'en demeure pas moins que pour M. de Prémare la menace contre la famille traditionnelle persisterait. Il dit :

    « L’idéologie issue des études sur le genre vise à imposer l’idée d’indifférenciation entre l’homme et la femme. Il y a un lien substantiel avec le mariage homosexuel : si deux hommes ou deux femmes peuvent se marier et adopter des enfants – au même titre qu’un homme et une femme -, c’est qu’il y a équivalence des situations et indifférenciation entre homme et femme. Il y a une dialectique qui vise à opposer nature et culture ; et même à nier l’existence d’une nature humaine. Cette opposition est trompeuse parce que l’homme est par nature un animal social et culturel ; et sa dimension biologique est articulée à sa dimension culturelle. La nature humaine englobe tout cela.»
    Ce sont des conneries (dans une version papier, on écrit : on se paie de mots): la nature de l'homme est hétérosexuelle par construction et toutes les lois permissives du monde n'effaceront pas l'étonnement, la raillerie voire le mépris nés de la rencontre de couples homosexuels. En ce sens qu'il n'y aura pas indifférenciation des sexes, ni destruction de l'ADN humain par le poison de la culture décadente du Bas Empire. Il suffit de sortir "en ville" et de parler aux autres au lieu de rester coincé dans la phosphoration de ses idées. Les gens tout simplement s'en moquent dans les deux sens du terme ! N'ajoutons pas (mais un peu quand même) que les populations appelées en renfort de notre économie essoufflée sont unanimement contre les homosexuels pratiquants jusqu'à les lapider, les pendre ou les jeter des toits.
    Nulle loi n'interdit maintenant à quiconque de se marier, y compris l'immense majorité de la population qui fait la noce comme au bon vieux temps, avec les blagues salaces de l'oncle de Chaminadour en fin de banquet ! Pour ma part, que deux êtres qui s'aiment veuillent solenniser leur union par un mariage ne m'enlève aucun point de retraite. Certes, la famille patriarcale est le creuset générique de l'éducation du petit d'homme ; ce dispositif cellulaire est éprouvé depuis Néandertal ; mais ça ne se passe pas non plus toujours très bien. Les royalistes sont aux premières loges pour constater les dégâts de la contrainte dans les familles princières et non princières. Parfois cela tourne au désastre. Oui, la cellule familiale est la brique naturelle élémentaire d'une société, n'en faisons pas un sacrement universel obligatoire.
    Mon sentiment est que les cadres de la Manif-Pour-Tous, forts du souvenir d'un million de marcheurs à Paris, cherchent à pérenniser un fonds de commerce valorisable auprès de structures politiques plus grandes, elles-mêmes dispensatrices de prébendes et de visibilité sociale. Ils inventent un péril là où il n'y a qu'abandon circonstancié et électoraliste à une mode sociétale qui risque bien de passer un jour comme passent les mœurs décalées. D'ailleurs, on sait peu que des gens impliqués comme Pierre Bergé s'étaient déclarés il y a longtemps contre le mariage mimétique des homosexuels, se satisfaisant de la protection patrimoniale du PACS et déconseillant cette pitrerie.
    Par contre, il faut tenir bon contre l'adoption d'enfants-de-plaisance par des couples anti-nature - pourquoi lester les écoliers d'un pareil handicap ?*** - et demander sans relâche l'abolition de l'article 6-1 du Code civil**** : « Le mariage et la filiation adoptive emportent les mêmes effets, droits et obligations reconnus par les lois, à l'exclusion de ceux prévus au titre VII du livre Ier du présent code, que les époux ou les parents soient de sexe différent ou de même sexe », et surtout bloquer en frontière toute la gestation d'enfants pour autrui, sauf à laisser monter des usines à gosses partout dans le tiers-monde avec un marché des préférences, options et tarifs, même si...... ça existe déjà !
    Les combats à mener en France sont d'un autre ordre.
    La classe politique le sent aussi, qui ne reviendra pas sur la loi Taubira. Ce serait une perte de temps et d'énergie pour un épiphénomène. Les politiciens sont souvent inefficaces aux affaires mais gardent une sûreté de jugement quant à leurs chances personnelles. Ils peuvent prédire que l'électorat ne se déterminera pas en réaction contre la loi homosexuelle. C'est l'analyse de Nicolas Sarkozy.
    En revanche, l'avortement et les privilèges consentis par le cabinet Valls à ce fléau démographique ; l'état calamiteux de nos finances publiques qui cachent dans leurs comptes la bombe atomique des pensions de fonctionnaires non provisionnées qui obligera un jour Bercy à piller les caisses des travailleurs du secteur marchand ; le coma de notre économie soviétisée engluée dans l'archéo-syndicalisme politique ; le drainage des cerveaux et le chômage de masse ; le lest de plomb d'une armée immense de parasites sociaux de plus en plus amalgamés aux étrangers visibles ; tous ces points sont le ferment d'une révolte sociale d'ampleur. Certains, dont je ne suis pas, parlent de guerre civile. Pour la faire, il faut être plus nombreux et plus enragés, jusqu'à passer l'Arc de Triomphe pour descendre les Champs Elysées jusqu'à la Grille du Coq. Il n'y a personne d'assez charismatique et riche pour lever l'étendard du Vaffanculo général et La-Manif-Pour-Tous n'amassera pas de barricades en poussettes. Inutile de s'exciter et d'appeler les cotisations. On fera avec la Loi taubiresque dont on purgera l'adoption d'enfants. Se concentrer sur une mesure unique et simple devrait aboutir. Bombarder, pour ce faire, son député pendant la prochaine campagne électorale législative de 2017 : Non à l'adoption gay !
    Notes :
    (*) pour comprendre la réflexion de Taubira il faut lire Surveiller & Punir de Michel Foucault. Bon courage, je l'ai fait :)
    (**) patron du réseau d'influenceurs catholiques Ichtus.fr
    (***) Avec bien d'autres, le docteur Lévy-Soussan conteste le soi-disant bien-être des enfants adoptés par des couples homosexuels : « Ils deviennent des sujets à haut risque de dépression, vivent l’échec scolaire, le manque d’estime de soi et des difficultés d’insertion sociale », explique Lévy-Soussan, autant de choses qui tombent sous le bon sens. Le psychiatre précise : « Comment ces couples-là peuvent assumer, par rapport à l’enfant, le fait qu’ils l’ont privé de père ou de mère ». Accusant l’honnêteté des études, il lâche : « Ils sont sommés d’aller bien pour des raisons idéologiques, politiques et militantes », et donc « ils ne vont pas admettre que c’est compliqué pour eux ». (source Grumberg c/o Dreuz.info)
    (****) Loi 2013-404 du 17.03.2013 (clic)
  • Oskar Freysinger : La Suisse, mémoire, identité et démocratie

    Le dernier colloque de l'Association pour l'Histoire, présidée par Philippe Conrad a remporté un beau succès. Les vidéos des interventions de Charlotte d'Ornellas, Bernard Lugan et Philipe Conrad ont été mises en ligne sur Youtube.

    Voici celle d'Oskar Freysinger sur la Suisse: 

    Michel Janva