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tradition - Page 176

  • De Versailles à la Samaritaine : mondialisation et marchandisation du patrimoine français

    Christine Sourgins, historienne de l’art, essayiste, réagit sur la réaction d’Anish Kapoor et sur le sacrilège, pour ne pas dire la profanation, du patrimoine parisien. Polémia

    ♦ « Une tragédie ! » : c’est ainsi qu’Anish Kapoor réagit à la peinture jaune jetée contre son Dirty Corner, autrement dit « Coin sale ». L’artiste assure maintenant ne l’avoir jamais qualifié de « Vagin de la reine » : ah bon ? Les journalistes du JDD seraient-ils incompétents ? Kapoor refuse même la comparaison avec le Plug Analde McCarthy, « sexuellement explicite et revendiquée comme telle » ; or chacun sait, sans rire, que Kapoor est au-dessus de cela ; dans l’art très contemporain, le provocateur, c’est toujours l’autre. Kapoor s’est-il aperçu qu’un discours trop sexuellement connoté rend manifeste la véritable violation du patrimoine que constitue ce genre d’exposition ?

    « L’AC à Versailles signifie au public que désormais le n’importe quoi règne, qu’il n’y a plus ni critères artistiques ni cohérence historique, rien sur quoi le citoyen puisse s’appuyer pour revendiquer, résister. Une fois le patrimoine et l’histoire désacralisés, tout est à vendre au plus offrant ».

    Si la direction de Versailles minimisait l’incident, l’artiste se plaint dans le Figaro : il se sent étranger en France et même dans son pays, l’Angleterre (bien qu’anobli par la reine… c’est dire) et s’inquiète de « l’intolérance » des extrémistes. Pas seulement des lanceurs de peinture, mais de ceux qui veillent sur un « passé sacralisé à l’extrême » (sic). Dans l’art très contemporain, l’extrémiste, c’est toujours l’autre. Le vandale aussi. Pourtant toute son installation qui prend explicitement Versailles à rebours est un gigantesque piège à vandales, un appel grandeur nature, cornaqué par tous les médias, à venir « réagir ». Le bénéfice est multiple : Sir Kapoor note que l’agression met « en évidence la force créative d’un objet inanimé » ; la presse est ameutée à nouveau et, l’agression changeant de camp, il peut jouer au martyr, se poser en moralisateur.

    Une coïncidence montre d’autres retombées des manipulations du patrimoine.

    Le 19 juin, le Conseil d’Etat a autorisé le groupe de luxe LVMH à remodeler, via la Samaritaine, Paris à sa guise : la construction d’un bâtiment commercial privé par Vuitton va donc détruire un îlot presque entier, pourtant protégé par les lois sur le patrimoine (abords de monuments historiques) et sur les sites (site inscrit de Paris) !

    Or Paris a un tissu urbain unique au monde (si elle n’est pas la seule ville qui puisse s’en flatter, on eût aimé Paris sonnant la résistance !) ; or ce joyau, qui, pour l’instant, nous vaut le déplacement des foules à travers la planète, est en train d’être saboté, troué, déchiré, grignoté pour faire place à cette architecture passe-partout dont l’arrogance marque l’empire de la mondialisation. Et ces opérations juteuses se dissimulent derrière les concepts mis au point pour imposer l’AC depuis des lustres : le passé, les acquis ? Mais voyons, il faut les « moderniser », les « actualiser » ou (plus fourbe) « dialoguer » avec eux pour mieux les « détourner » et se les « approprier » ; au nom de la « rupture » permanente toutes les formes de « m’as-tu-vu » sont justifiées. C’est une régression de 40 ans en arrière, aux pires moments du pompidolisme immobilier. La tragédie, la vraie, est la vacance de l’Etat qui, au lieu de défendre le bien public, laisse faire, voire accompagne son délabrement. La classe politique, de gauche comme de droite, se rend-elle compte que des affaires comme celles de Kapoor ou de la Samar rendent visible sa démission sinon sa compromission ?

    L’AC, l’art contemporain officiel et financier, joue un double jeu : la violation du patrimoine ne sert pas seulement les cotes. Il s’agit (Kapoor le dit) de « désacraliser le patrimoine », autrement dit de le faire basculer du statut de bien commun intouchable à celui de marchandise monnayable. Pour réussir ce déclassement, il faut le ridiculiser, le mettre cul par-dessus tête, amener le citoyen à en rire, à se dire que Versailles est un Luna Park comme un autre. Donc humilier Le Nôtre et son idéal d’harmonie incarné dans l’ordonnance du « jardin à la française », caviardé ici par un gros pâté sur le tapis vert, là par un vortex plongeant vers les abîmes en niant l’essence de Versailles. Or rien de plus facile que de perturber l’œuvre d’un autre, d’y agir en parasite en « semant le chaos » et s’étonner de récolter la tempête.

    L’AC à Versailles signifie au public que désormais le n’importe quoi règne, qu’il n’y a plus ni critères artistiques ni cohérence historique, rien sur quoi le citoyen puisse s’appuyer pour revendiquer, résister. Une fois le patrimoine et l’histoire désacralisés, tout est à vendre au plus offrant. C’est le principe de la conquête à l’anglo-saxonne : la terre est à celui qui en donne le meilleur rendement. Ainsi a-t-on dépouillé les Indiens, ainsi spolie-t-on aujourd’hui les vieux peuples européens de leur patrimoine. Pour ajouter l’amnésie à l’anesthésie, Louis XIV (comme Napoléon) sont en train de sortir des programmes scolaires. La mondialisation n’a pas besoin de citoyens mais de têtes de linotte qui applaudissent sur commande et payent. Waterloo, c’est maintenant.

    Christine Sourgins
    25/06/2015

    Source : magistro.fr

    http://www.polemia.com/de-versailles-a-la-samaritaine-mondialisation-et-marchandisation-du-patrimoine-francais/

  • Knut Hamsun : entre modernité et tradition

    Knut Hamsun est un aventurier qui a parcouru les styles, les genres et les époques. Génie aujourd’hui infréquentable et oublié, le Norvégien a laissé au monde littéraire une œuvre dense comme une forêt du Nord, tour à tour obscure et enchanteresse. Conteur moderne, il s’est attaché à fuir les carcans de la littérature de son époque, et ceci en travaillant à la fois la psychologie de ses personnages et la langue à la manière d’un orfèvre.

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    Si l’écrivain scandinave Martin Nag qualifie Knut Hamsun de « Dostoïevski norvégien », c’est sans doute parce qu’il a été très influencé par le réalisme de l’auteur des Possédés(précisons que le réalisme russe n’est pas celui de la tradition française) et ce, même si son parcours littéraire l’a entraîné bien plus loin. C’est au travers d’un article paru en 1890 dans la revue Samtiden, intitulé De la vie inconsciente de l’âme, que Knut Hamsun révèle son projet littéraire. Dans ce pendant théorique de La Faim (1890), roman majeur, l’auteur montre la liaison qu’il entend opérer, tout du moins de façon inconsciente, entre l’individualisme de Nietzsche (quoiqu’il ne l’ait ni lu, ni rencontré) et la modernité de Franz Kafka. Hamsun s’est imprégné de philosophie nietzschéenne grâce à l’influence de Georg Brandes, qui donne à partir de 1888 une série de conférences sur l’auteur du Gai Savoir en Scandinavie. Une mentalité qui se retrouve dans Ciel sombre, ultime chapitre du dernier ouvrage que consacre Hamsun à son voyage en Amérique. Moquant allègrement ses prédécesseurs, et notamment Guy de Maupassant, il s’attache à explorer les tréfonds de l’âme humaine, à commencer par la sienne. C’est ainsi que la Faimprend la forme d’un roman quasi autobiographique. Knut Hamsun fait du personnage principal, un anonyme, un urbain moderne, sans visage, sans racines, preuve de sa volonté de rompre avec les anciens codes du réalisme et du naturalisme du XIXe siècle déclinant. Naturalisme qui s’attachait davantage à décrire avec minutie les lieux, les personnages et les objets, dans l’objectif de retranscrire fidèlement la « nature ».

    Knut Hamsun et la modernité de la langue

    Bien plus qu’un roman social traitant de la misère et de l’errance d’un homme dans une capitale européenne qui lui est totalement inconnue, La Faim est un roman psychologique qui met son narrateur en face d’un alter-ego, compagne ambiguë, qu’il entretient pour cultiver l’inspiration nécessaire à son travail littéraire : « J’avais remarqué très nettement que si je jeûnais pendant une période assez longue, c’était comme si mon cerveau coulait tout doucement de ma tête et la laissait vide. » Ce personnage parcourt le roman en équilibre, entre moments de génie et d’éclat, entre tortures physiques et mentales. Il écrit ainsi : « Dieu avait fourré son doigt dans le réseau de mes nerfs et discrètement, en passant, il avait un peu embrouillé les fils… » Ce personnage ambivalent permet à Hamsun d’évoquer ses propres névroses et d’annoncer un autre objectif de sa vie : l’esthétique de la langue. Il n’aura de cesse de la travailler, parfois avec fièvre. Kristofer Janson, poète et prêtre qui a connu Hamsun, dit ne connaître « personne aussi maladivement obsédé par l’esthétique verbale que lui […]. Il pouvait sauter de joie et se gorger toute une journée de l’originalité d’un adjectif descriptif lu dans un livre ou qu’il avait trouvé lui-même ». Dans La Faim, le personnage entretient un rapport imprévisible et tumultueux à l’écriture : « On aurait dit qu’une veine avait éclaté en moi, les mots se suivent, s’organisent en ensembles, constituent des situations ; les scènes s’accumulent, actions et répliques s’amoncellent dans mon cerveau et je suis saisi d’un merveilleux bien-être. J’écris comme un possédé, je remplis page sur page sans un instant de répit. […] Cela continue à faire irruption en moi, je suis tout plein de mon sujet et chacun des mots que j’écris m’est comme dicté. » Son premier roman inaugure donc un travail sur l’esthétique de la langue. Auparavant, Hamsun parlait un norvégien encore « bâtard », paysan, et assez éloigné du norvégien bourgeois de la capitale. C’est probablement ce à quoi il pensait en écrivant dans un article de 1888 : « Le langage doit couvrir toutes les gammes de la musique. Le poète doit toujours, dans toutes les situations, trouver le mot qui vibre, qui me parle, qui peut blesser mon âme jusqu’au sanglot par sa précision. Le verbe peut se métamorphoser en couleur, en son, en odeur ; c’est à l’artiste de l’employer pour faire mouche […] Il faut se rouler dans les mots, s’en repaître ; il faut connaître la force directe, mais aussi secrète du Verbe […] Il existe des cordes à haute et basse résonance, et il existe des harmoniques… »

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    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Choisir La Vie a besoin de vous

    Choisir la vie, association pour le Respect de la Vie, fondée en 1982 pour faire obstacle à la culture de mort et promouvoir  un ensemble de mesures protectrices de l’enfant à naître, de la mère et de la famille. Elle est chaque année pilote pour l'organisation de la Marche pour la Vie à Paris et est dirigée par Cécile EdelElle communique :

    Cecile_edel_200"Dans le cadre de son fort développement, Choisir la Vie continue son recrutement de bénévoles. Nous recherchons en particuliers trois personnes pour occuper les postes suivants :

    1 animateur des antennes locales

    L’animateur des antennes locales est membre du bureau de Choisir la Vie. Véritable courroie de transmission entre le national et les antennes locales dans les régions, il/elle veille :

    • à assurer la communication des informations auprès des associations partenaires du réseau de Choisir la Vie et des antennes locales,
    • à proposer la démultiplication des actions dans les régions,
    • à étendre le réseau des relais locaux dans les régions,
    • à apporter son soutien aux actions locales en transmettant les initiatives au bureau national qui proposera ensuite des aides concrètes aux délégations (matérielles et financières entre autre),
    • à animer une réunion par conférence téléphonique tous les deux mois pour maintenir la cohésion des antennes locales.

    1 animateur de réseaux sociaux

    L’animateur des réseaux sociaux est le bras droit du responsable informatique de Choisir La Vie. Il/elle est membre du bureau de Choisir la Vie. Il/elle veille :

    • à maintenir une bonne activité en postant des informations sur les différents comptes des réseaux sociaux de Choisir La Vie (Tweeter, Facebook),
    • à recruter de nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux de Choisir la Vie,
    • à maintenir à jour un des sites de la Choisir la Vie et de la Marche pour la Vie,
    • à recruter des membres actifs dans la communauté des amis de Choisir la Vie pour diffuser l’information de la défense de la Vie.

    1 responsable Approvisionnement

    Logo-choisirvie_1Le responsable approvisionnement est membre du bureau de Choisir la Vie. Sous la responsabilité du trésorier, il/elle est en chargé de :

    • la veille des parutions des ouvrages, hors séries des revues amies (Famille Chrétienne, Homme nouveau, …) et autres publications en rapport avec la défense de la Vie,
    • de proposer au trésorier et à la présidente la liste et la quantité des achats,
    • de les commander et les faire livrer au siège de l’association,
    • de mettre en vente des ouvrages sur les sites internet de l’association, en liaison avec le responsable de l’informatique,
    • de mettre à disposition ces ouvrages à la vente, soit directement, soit par l’intermédiaire de membres de Choisir la Vie, sur les différents stands que l’association peut tenir tout au long de l’année,
    • de réapprovisionner les ouvrages en rupture de stock.

    Contact ici.

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • II.- Race, langage

    Nous continuons aujourd'hui notre cycle "Patrie" commencé le 8 juin, destiné aux jeunes militants et à ceux qui iront au CMRDS 2015*, à partir des cours de philo d'André Bridoux (1893-1982). Voici la deuxième des quatre lectures espacées de quinze jours.

    I.- Terroirs et frontières
    II.- Race, langage
    III.- Coutumes et communauté
    IV.- Patrie et humanité
    - billet 1949 remplaçant le 5000 francs Union française des 4 races -

    Préambule
    Nous avertissons le lecteur qu'il n'y a pas de "race française" au sens commun, mais que cette expression est une convention dialectique pour distinguer cet assemblage jusqu'ici réussi de peuples divers. D'ailleurs les rois parlaient à "leurs" peuples. A partir d'ici, c'est du Bridoux pur (sauf les ndlr).
    21.- La race
    On a pu soutenir que la communauté de race est à la base de la patrie, que les hommes se sentent unis dans la mesure où ils ont conscience d'appartenir à une même race dont ils sont dépositaires, et dont ils doivent assurer la permanence ainsi que la pureté. Ce point a été et est encore vivement discuté (le texte est de 1944).
    Il est certain qu'on trouve dans le monde de grandes divisions : race blanche, race noire, race jaune, que ces divisions se traduisent par des différences profondes dans les sentiments relatifs à l'origine, au destin, au patrimoine commun ; certain également que l'affinité du sang crée des liens entre les êtres et que des sols différents façonnent des hommes différents. 
    Plusieurs historiens ont donné à cette notion de race une grande importance. Augustin Thierry voit dans l'antagonisme des races une des causes essentielles des événements. L'Histoire de France d'Henri Martin, qui eut une si grande diffusion, est inspirée de la première à la dernière page par une idée unique : la permanence de la race et de l'esprit gaulois. "La France moderne, l'ancienne France, la Gaule sont une seule est même personne". De ce point de vue, un patriotisme ethnographique deviendrait concevable. Ces idées ont trouvé leur expression la plus extrême dans le livre de Gobineau (Essai sur l'inégalité des races, 1854) où la notion de pureté de race se trouve exaltée.
    On peut penser avec Renan que la race a joué un certain rôle à l'origine des sociétés ; mais ce rôle n'a jamais été absolument déterminant, et son importance a beaucoup diminué à mesure que le monde se compliquait et que les populations se brassaient. Observons d'ailleurs qu'il est impossible scientifiquement de définir la race pure. 

    Aujourd'hui, l'origine des races se perd dans les ténèbres incalculables. Depuis les temps préhistoriques, les mélanges ont été si nombreux qu'on ne saurait raisonnablement trouver de ce côté aucune indication précise pour tracer la frontière de deux peuples. L'ethnographie ne peut avoir aucune application politique.

    Ndlr : Les moyens scientifiques récents fondés sur les génomes, après l'avoir été sur les groupes sanguins, permettent de situer des agrégations territoriales, de suivre aussi des migrations sur l'espace et dans le temps.
    - en français du Québec -

    22.- La langue
    La langue, qui est en affinité avec la race, représente un des signes majeurs et un des éléments essentiels de la patrie. Il tombe sous le sens qu'une patrie c'est la maison commune d'une famille dont tous les membres se comprennent. L'étranger se reconnaît naturellement à l'impossibilité de comprendre et de se faire comprendre ; c'est un fossé profond.
    Une différence de langue crée de grandes dissemblances entre les hommes ; inversement, l'unité de langue est toujours une condition favorable à la formation de l'unité nationale aussi bien qu'à l'éclosion du sentiment de la patrie. C'est à juste titre qu'on parle de langue maternelle. La langue est bien plus qu'un moyen d'expression ; elle est créatrice, formatrice. Une langue donnée crée une représentation du monde particulière, et, grâce aux mots dont elle les enveloppe, donne peut-être leur principale réalité aux objets que nous distinguons. La langue crée en grande partie les sentiments, leur donne forme, consistance, les revêt d'une tonalité spéciale, les révèle même à la conscience des individus. Nous allons tous du langage des sentiments à leur réalité et nous avons l'expérience du déchet qui se produit malgré tous nos efforts de traduction, quand on passe d'une langue à une autre.
    La formation de la conscience est liée de beaucoup plus près qu'on ne croit à l'apprentissage de la langue nationale. C'est dans la langue que se capitalisent les œuvres des grands écrivains qui forment une partie si précieuse du trésor de la patrie. C'est par la langue que pénètrent en nous les souvenirs de nos ancêtres et le passé de notre pays. Il faudrait mentionner ici le rôle si important de la tradition orale qui enjambe les générations, même les siècles, et qui fait sentir de la manière peut-être la plus émouvante, la continuité de la patrie. La langue forme ainsi le lien entre les générations successives, elle est comme une mémoire permanente et collective des grands événements, des grands hommes, des traditions, des chants, des histoires, des légendes qui sont si importantes à l'origine de toutes les patries. Le langage joue un rôle plus grand encore comme trait d'union entre les générations successives que comme moyen de communication entre contemporains.
    Malgré tout, la frontière linguistique n'est pas absolument déterminante des frontières de la patrie. Des pays différents comme l'Angleterre et l'Amérique ont une même langue ; mais la Belgique en parle deux, la Suisse en parle trois. Il faut toutefois reconnaître que si la Suisse paraît s'accommoder de la diversité des langues, la Belgique n'est pas sans en souffrir. On peut d'autre part observer que la communauté de langue prédispose toujours les peuples à des relations amicales. Nous connaissons tous par exemple les bons rapports qui existent entre les habitants de la Suisse romande et leurs voisins français.

    Ndlr : Aussi fort que le liant linguistique est la communauté d'us et coutumes ; ce que nous aborderons dans la troisième lecture. 

    (*) Camp Maxime Real del Sarte organisé chaque été par l'Action française depuis 1953. On dirait aujourd'hui "université d'été".

    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • I.- Terroirs et frontières

    Nous ouvrons aujourd'hui un cycle "Patrie" destiné aux jeunes militants et à ceux qui iront auCMRDS 2015, à partir des cours de philo d'André Bridoux (1893-1982). Il offrira quatre lectures espacées de quinze jours :

    I.- Terroirs et frontières
    II.- Race, langage
    III.- Coutumes et communauté
    IV.- Patrie et humanité

    Préambule
    Il y a quatre étages de physique sociale qui doivent être étudiés par qui veut approfondir son environnement politique, la Famille, la Patrie, la Nation et l'État. Le cycle qui débute avec cet article ne s'occupe que du deuxième car il est celui qu'on approfondit le moins. A partir d'ici, tout est de Bridoux. La famille s'encadre et s'accomplit dans une réalité sociale plus étendue. Elle est la véritable cellule de la société ; mais, pas plus que la cellule vivante, elle ne saurait subsiter isolément, à part de l'organisme qui lui communique le mouvement et la vie.
    11.- Elément territorial
    La patrie, c'est d'abord ce coin du monde auquel nous sommes attachés par la naissance et la nature ; le seul qui ne nous paraisse pas un lieu d'exil : ce morceau d'univers avec ce ciel et cette lumière qui nous sont aussi indispensables que l'air que nous respirons, surtout avec ce sol auquel nous sommes unis par un lien organique et que nous ne saurions emporter nulle part à la semelle de nos souliers. D'ès l'antiquité, les poètes ont senti, plus vivement que nous peut-être, l'incomparable douceur du solm natal.

    Nos patriae fines et dulcia linquimus arva,
    Nos patriam fugimus : tu, Tytire, lentus in umbra, 
    Formosam resonare doces Amaryllida silvas.
    (Virgile, Bucoliques)

    Cet attachement, qui a d'abord pour objet le village ou la province, s'étend bientôt à tout ce territoire dont la figure et les dimensions nous sont si présentes et dont la carte nous retrace d'une manière si émouvante la ligne frontière.

    12.- La question des frontières naturelles

    (Ndlr : l'ouvrage est rédigé en 1944)

    La question des frontières est troublante et lourde de graves problèmes. Pourquoi cette ligne, qu'un peuple s'interdit de franchir et qu'il interdit aux autres de franchir ? Faut-il admettre qu'elle est dessinée par la nature et que les clôtures des peuples sont fixées par les veines ou par les reliefs du sol, par les mers, les fleuves, par les chaînes de montagne ? C'est la fameuse théorie des frontières naturelles : on sait son importance dans l'histoire de notre pays (ndlr : la béance au nord-est induit notre stratégie depuis toujours) et son influence sur les hommes de tous les régimes. Vauban, Danton, Chateaubriand ont été animés par une égale ambition d'achever le "pré carré" en le portant aux limites naturelles des Pyrénées, des Alpes et du Rhin.
    Sans contester ses insuffisances et ses dangers, nous estimons que la théorie des frontières naturelles n'est pas sans valeur. Avoir ses frontières et s'y tenir, c'est répondre aux indications de la terre. Le cadre naturel d'un peuple est bien formé de de ces admirables réalités qui sont sorties de la nature et que rien n'abolira : des fleuves, des montagnes, des mers. 

    Ndlr : feue la revue Les Epées avait consacré son numéro de décembre 2005 à la Frontière.


    13.- Influence du sol
    La structure du sol dessine les problèmes permanents de la vie nationale. En cas d'invasion, ce sont toujours les mêmes passages à défendre : la Meuse, l'Aisne, la Somme. Les linéaments du sol dirigent les mouvements de la vie nationale, canalisent la circulation¹, marquent les emplacements des villes qui sont autant de centres nerveux autour d'un cerveau qui est la capitale. C'est à partir du sol et de son ossature que le pays se constitue comme un être vivant dans lequel chaque province, chaque ville devient un organe naturel, de telle sorte que tout retranchement prend la valeur d'une amputation.

    Elément permanent et stable, le sol crée la solidarité des générations. Le spectacle d'une même nature et l'influence d'un même ciel donnent un certain ton à la sensibilité et une certaine forme à l'imagination qui se transmettent de siècle en siècle. De père en fils, malgré la fuite du temps, les hommes gardent toujours dans l'esprit quelque chose des horizons d'un même pays. Aristote, Montesquieu, Michelet ont justement montré que le sol exerce par son climat et par ses produits une lente et puissante influence sur les hommes ; il agit sur eux également par le labeur auquel il les oblige, par les habitudes qui en sont la conséquence et qui forment la partie essentielle des moeurs. C'est de ce côté sans doute que se créent les liens les plus forts. L'homme s'attache à proportion du travail qu'il fournit et de la peine qu'il se donne. En France, pays de laboureurs, s'est développé très tôt un profond et silencieux amour de la terre. Tocqueville a évoqué dans des pages admirables cette race paysanne qui enfouit dans ses sillons son cœur avec son grain. Ainsi s'est constitué ce sens de la patrie matérielle qui est une des meilleures garanties de la solidité d'un pays et se sont formés ces qualités de patience et d'endurance qui ont fait longtemps l'armature de la France et qui l'ont sauvée maintes fois.

    Malgré toute son importance, l'élément territorial ne suffit pas à constituer la patrie. Cet élément ne prend de valeur nationale que par les événements dont il est le théâtre, par les forces historiques qu'il met en oeuvre, et qui lui donneront un sens. S'il était réduit à sa seule influence, il risquerait d'inspirer aux hommes un patriotisme à courte vue et même de les faire verser dans un égoïsme provincial.

    Ndlr : Ce sera l'objet du prochain article de ce cycle : que se passe-t-il au-dessus du sol. 
    (1) En France, la vie a commencé à circuler le long des fleuves et des vallées qui traçaient la route naturelle vers les mines d'étain de Grande-Bretagne. Cette diposition heureuse avait été notée par Strabon.

    http://royalartillerie.blogspot.fr/2015/06/i-terroirs-et-fronti.html

  • L’Occident profondément malade…mais il reste un espoir ! Par Vincent Revel

    Comme nombre d’entre vous, je n’ai plus aucune illusion, plus aucune attente particulière vis-à-vis de nos hommes politiques. Ceux qui savent à quoi risque de nous mener l’idéologie cosmopolite du moment, savent très bien qu’il est utopique de parler d’un islam de France tellement cette religion est étrangère aux grands principes européens.

    Quand Manuel Valls, Premier ministre socialiste, déclare la main sur le cœur que« l’islam est en France pour y rester » tout en demandant à la laïcité «  de mieux connaitre » cette religion pour mieux lui faire une place, il y a de quoi nous inquiéter. L’ordre du jour à l’Assemblée nationale est de « permettre à l’islam de se développer en France » ! Là est la première préoccupation de nos élus ! Pour mieux répondre aux attentes de la communauté musulmane présente en France, très bien formulée par Dalil Boubakeur (un besoin de 5000 mosquées et le remplacement d’églises vides par des mosquées), tout est mis en œuvre pour que demain cette religion-politique, fortement opposée à la laïcité, à la démocratie, susceptible en de nombreuses régions du monde d’engendrer les pires crimes et les actes les plus abjectes, devienne incontournable jusqu’au risque de remettre en cause notre mode de vie, notre héritage civilisationnel.

    Parallèlement à cette politique mise en œuvre depuis bientôt vingt ans, qui contraint les Européens à accepter l’intolérable et un risque de remplacement ethnique, culturel et cultuel, une volonté d’effacement agit au sein de nos institutions. Comme le dit René Marchand, auteur de Reconquista ou mort de l’Europe« jamais dans l’histoire on n’aura vu des peuples apporter un concours aussi actif à une entreprise mettant en cause leur existence, des individus participer avec autant d’efficacité à leur asservissement, une civilisation anticiper sa disparition avec autant d’empressement. »

     

    Pour ne plus stigmatiser, pour ne plus faire d’amalgames, l’Européen de souche doit accepter de disparaître au profit de l’Autre, des minorités dites visibles. De ce fait, les Européens sont invités, pour ne pas dire obligés, à abandonner, à oublier ce qu’ils sont. Dans ce grand brassage néo-libéral, où l’homme comme la plus vulgaire des marchandises est amené à être mobile sans entrave possible, l’Occident doit apprendre à s’oublier, à se renier pour mieux répondre aux attentes de nos élites mondialisés. Peu importe que le grand métissage voulu par nos technocrates amène un possible communautarisme violent, ce qui est fondamental pour ces individus déracinés, dont le mot patrie est devenu une insulte, est la mort des peuples en tant qu’héritiers d’une longue tradition, capables de résister à l’uniformisation des esprits.

    Et c’est bien pour cette raison que nous avons actuellement des rapprochements improbables et des points de vue similaires, sur des sujets aussi sensibles que l’immigration de masse, entre le NPA de Besancenot et le MEDEF. Pour des raisons différentes, la haine des frontières, des identités charnelles les animent. L’Europe, étant leur premier terrain de jeu, étant le parent malade de la Terre depuis la mort des forces vitales de notre continent lors des deux guerres mondiales, subit aujourd’hui leurs actions sans réussir à trouver la force de dire NON ! Non à l’immigration de masse, non au grand remplacement, non à l’islamisation, non à une mondialisation au détriment de nos frontières et de nos différences.

    Actuellement, les peuples d’Occident, à qui on a inculqué la haine de soi, ne savent plus ce que veut dire résister.

    Ils savent ce qu’ils ne veulent pas mais ne trouvent pas encore le courage, à cause de la pensée antiraciste qui les enferme dans un esprit culpabilisant de soumission, à renoncer pleinement à l’utopie du bien vivre ensemble.

    Bien au contraire, le cas de la militante antiraciste américaine Rachel Dolezal, qui crée actuellement la polémique de l’autre côté de l’Atlantique, est symptomatique de l’état de santé d’un grand nombre d’occidentaux ! Voulant tellement se persuader de la juste cause de son combat, elle n’hésita pas à revendiquer « des origines africaines » imaginaires pour mieux « s’intégrer à la communauté noire » de son pays ! La haine de soi étant tellement intégrer par certains d’entre nous, que les plus réceptifs n’hésitent plus à se renier au point d’oublier qui ils sont. C’est bien pour cette raison, qu’à la suite de Renaud Camus, de Jean-David Cattin et de Gérald Pichon, tous trois intervenants lors d’une rencontre sur « le Grand remplacement » au local identitaire la Traboule de Lyon, que je ne peux qu’affirmer que le Grand Réveil ne peut que passer par un « réenracinement ».

    « Il suffit que les peuples européens prennent conscience du sort qui leur est promis pour que leur inaction cesse et qu’un sursaut les dresse dans un élan irrésistible pour assurer leur survie. »

    Vincent Revel

    http://fr.novopress.info/189882/loccident-profondement-malademais-il-reste-espoir-vincent-revel/

  • Gaultier Bès : « L’enracinement est une condition sine qua non de la conversion écologique »

    Gaultier Bès, 26 ans, est professeur agrégé de Lettres modernes dans un lycée public de banlieue. Il est marié et père d’un enfant. Il est l’auteur de Nos Limites - Pour une écologie intégrale (Le Centurion, 2014) et le directeur adjoint de la revue Limite, dont le premier numéro paraîtra début septembre. Il a bien voulu répondre aux questions du R&N.

    R & N : Gaultier Bès, on dit de vous que vous êtes un "catho écolo". Est-ce exact ? Que faut-il entendre derrière ces mots ? Pourquoi cette fibre "écolo " ?

    Gaultier Bès : « Catho écolo » ? Je comprends l’expression, mais je récuse l’étiquette. Il faut s’entendre sur les mots. Je suis chrétien, catholique - ou du moins je m’efforce de l’être, par la grâce de Dieu - ce qui implique de chérir et de servir la Création toute entière. Nous n’en sommes ni les propriétaires ni les souverains, nous en sommes les gardiens. Mériterons-nous cette parole de bénédiction que le maître adresse au « serviteur bon et fidèle » dans la parabole des talents : « tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (Matthieu, 25) ? Au fond, je n’apprécie guère le mot « catho » qui me semble être une réduction culturelle, sociologique, et donc caricaturale, de ce que signifie, fondamentalement, professer la foi catholique. Il s’agit justement de s’affranchir de certains codes et réflexes, d’un certain vocabulaire (celui des « valeurs » notamment, qu’on finit par confondre avec la vérité de notre foi), pour devenir plus radicalement disciple du Christ. De même, le mot « écolo » est ambigu, charriant avec lui un ensemble de représentations que je ne fais pas toujours miennes. Le slogan « sauver la planète (ou le climat) », par exemple, formule emphatique qui participe d’une sorte de néo-pélagianisme selon lequel l’humanité pourrait obtenir par elle-même, par sa seule créativité technique, le salut du monde. Ou encore les idées de « croissance verte » ou de « consommation éco-responsable » qui me semblent ne pouvoir mener qu’à un amendement superficiel de nos modes de vie, là où il faudrait une révolution – une conversion si vous préférez. L’écologie ayant été définie à l’origine comme « sciences des conditions d’existence », il s’agit moins de notre point de vue de devenir « écologiste » que d’être plus intégralement, plus radicalement chrétien, en favorisant la vie sous toutes ses formes. Beaucoup d’entre nous font donc de l’écologie, comme Monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir ! Pour ma part, cette conscience écologique, je ne l’ai pas toujours eue. Elle me vient de certaines lectures suivies de rencontres déterminantes : entre autres, celles d’Olivier Rey (philosophe et mathématicien) et de Vincent Cheynet (directeur du mensuel La Décroissance). J’ai été aussi profondément déterminé par une enfance à la campagne, par le scoutisme, et par certaines expériences décisives comme une longue marche, seul à 17 ans, sur les chemins de Compostelle. Quand on a eu la chance de goûter à la beauté d’une nature préservée, comment peut-on continuer à supporter qu’on la défigure ? [... ;]

    La suite sur Le Rouge et Le Noir

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Gaultier-Bes-L-enracinement-est

  • Les Sentinelles : ces mauvaises consciences du régime nihiliste

    Lu dans Présent :

    "Voilà deux ans maintenant que les Sentinelles veillent debout devant les lieux de pouvoir. Initialement, ce mouvement spontané est né à Paris en 2013 place Vendôme suite à l’arrestation et l’emprisonnement d’un militant de la Manif Pour Tous et fondateur des Veilleurs, Nicolas Bernard-Buss. En signe de protestation, une personne, vite rejointe par des centaines d’autres, s’était positionnée en face du ministère de l’(in)justice pris en otage par Christiane Taubira. Ils se sont relayés jour et nuit en attendant la libération de leur camarade. Les Sentinelles se sont inspirés des manifestants de la place Taksim à Istanbul en 2013. En étant immobiles, espacés tous les 3 mètres, le ministre de l’Intérieur turc avait reconnu qu’aucun trouble public ne pouvait être constaté et qu’il était décemment impossible de les réprimer. Le projet de construction d’un centre commercial à la place d’un parc pourtant cher à Erdogan, objet de leur contestation, a été abandonné.

    En France, la préfecture de police n’a pas eu les mêmes scrupules. Toujours prompte à réprimer les mouvements pacifistes, les sbires de la république n’ont pas lésiné sur les moyens pour intimider ces nouveaux contestataires : contrôles d’identité, bousculades, coups de matraques, gaz lacrymogènes, entraves à la liberté de circulation… Leur événement anniversaire de mercredi soir, place Vendôme, n’a pas échappé à la règle. En vain. Les Sentinelles ont essaimé dans toute la France (devant le tribunal de Lyon, le Parlement européen de Strasbourg, les mairies et préfectures…), et même au-delà, en Italie, en Espagne ou encore en Belgique.

    Jour et nuit, bravant le froid, la pluie ou la chaleur, ils se relaient pour veiller, pacifiquement mais avec détermination, afin de protester et d’alerter sur les attaques incessantes faites envers le Bien commun : famille traditionnelle, droits de l’enfance et filiation biologique, protection de la vie, sort des chrétiens d’Orient… Par leur présence discrète mais continue, ils sont la mauvaise conscience des puissants qui ne peuvent pas ne pas les voir en rentrant dans leurs lieux de pouvoir. Ils sensibilisent également les passants qui s’arrêtent pour discuter avec eux. Comme disait Dominique Venner, « notre monde sera sauvé par les veilleurs postés aux frontières du royaume et du temps. » Les Sentinelles sont de ceux-là."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Célébrer le solstice d'été

    Chers amis et camarades

    Nous voici à nouveau réunis autour du feu du solstice, comme jadis nos lointains ancêtres en des temps révolus. Cette fête, ainsi que d’autres, ont traversé les siècles et les millénaires en dépit des épreuves, des persécutions et des récupérations. Et l’on peut dire que c’est même devenu une habitude remarquable de la célébrer dans nos petits cercles de résistants patriotes. C’en est devenu une telle habitude qu’on la croit être le principal prétexte à chants joyeux, beuveries très gauloises et retrouvailles familiales annuelles autour d’un simple feu de camp.

    Ce serait méconnaître le sens profond du solstice qui compte, jusque sous le travestissement, parmi les fêtes les plus importantes et les plus sacrées de l’année, sans doute en raison du pouvoir immense et indestructible de celui qui en est la cause : le soleil.

    Nous allons donc présenter un bref résumé de la signification et des symboles du solstice.

    On pourrait penser, de prime abord, que la fête du solstice ne se rapporte qu’au cycle solaire. Mais une étude sérieuse de la symbolique y étant liée nous révèle que nos ancêtres ont eu une compréhension des phénomènes naturels beaucoup plus étendue qu’on ne peut l’imaginer et qui ne découle pas seulement de leur simple observation physique puisqu’une signification spirituelle y est toujours sous-jacente.

    Les fêtes solsticiales du 21 juin et du 21 décembre sont paradoxales. A priori, leur sens devrait refléter le caractère des saisons auxquelles elles se rapportent. Mais ce n’est pas le cas. Le solstice d’hiver, saison habituellement sombre, froide et triste, inaugure en fait le début de la phase ascendante du soleil dans le ciel vers la lumière, qui coïncide avec l’allongement des jours. Le solstice d’été, quand à lui, saison chaude, joyeuse et claire, amorce au contraire la phase descendante de l’astre vers l’obscurité, et le raccourcissement des jours ; tout cela étant conditionné par le mouvement elliptique de la terre autour du soleil.

    Dans le monde romain, les fêtes solsticiales renvoyaient au symbole du dieu Janus aux deux visages, qui signifie la porte, d’où dérive le nom de janvier, début du cycle astronomique. Ces fêtes ont d’ailleurs été récupérées telles quelles par le christianisme sous les formes de St Jean l’Evangéliste en hiver et St Jean Baptiste en été.

    Janus regarde à la fois en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil. Il est le maître des temps, le gardien des deux portes solsticiales qui sont aussi les deux voies de développement spirituel. Les clés sont ses principaux attributs. La clé d’or (ou le sceptre) ouvre ou ferme la voie ascendante vers la lumière ou la connaissance spirituelle. La clé d’argent ouvre ou ferme la voie descendante vers l’obscurité ou la connaissance matérielle. Janus est donc le dieu de l’initiation aux « mystères ».

    Que pouvaient signifier ces mystères dont parle aussi la tradition grecque et dont on ne sait presque rien ? La tradition aryo-védique nous livre, quant à elle, quelques explications :

    Le solstice d’été et son cycle de six mois sont nommés la « voie des ancêtres ». Ce sont les « petits mystères » qui ont trait à la connaissance individuelle. L’homme se régénère psychiquement en se recentrant sur son être individuel et réfléchit à sa place dans l’ordre du monde. C’est aussi la période où l’on considère que les âmes des morts se réincarnent dans le monde terrestre.

    Le solstice d’hiver et sa période sont nommés la « voie des dieux ». Ce sont les « grands mystères » qui permettent à l’homme d’accéder à un état supra-humain, d’acquérir la connaissance spirituelle ultime de l’unité primordiale. Durant ce cycle, les âmes des morts ne reviennent plus dans le monde terrestre.

    De plus, il est intéressant de remarquer que Janus présidait aux « collegia fabrorum » ou guildes au Moyen-Age, c’est-à-dire les corporations des métiers du monde antique. On voit donc que toutes ces professions artisanales, - charpentiers, menuisiers, forgerons, sculpteurs, tailleurs de pierre, etc. – sont les véritables dépositaires et architectes de la civilisation indo-européenne, aux côtés des prêtres et des guerriers.

    Les solstices sont indissolublement liés au soleil, donc à l’élément feu qui est celui de la connaissance. Au solstice d’été règne le feu extérieur, feu du monde et de la vie corporelle. On y élève une pyramide en bois autour d’un poteau central portant une croix celtique et qui signifie les différents états de connaissance auxquels on parvient. Mais la pyramide est tronquée et la connaissance ne concerne que la sphère individuelle humaine dans le monde extérieur. C’est la fête de la communauté.

    Le tison que l’on recueille en fin de cérémonie est la continuité. Il forme le lien avec le solstice d’hiver. Il allumera le feu de la buche ou de la bougie dans le chandelier de Jul, autre pyramide axe du monde. Mais là, c’est le feu intérieur du cœur que l’on voit sur le chandelier, de la connaissance intuitive directe qui va illuminer l’être et le faire accéder à l’unité universelle, d’où la rune Hagal signifiant l’univers. C’est la fête de la famille.

    A travers toute cette symbolique, on comprend alors que nos ancêtres ont appréhendé la religion, non comme un conglomérat de croyances obscurantistes ou de délires fantaisistes, mais comme une véritable science reposant sur la connaissance de phénomènes physiques et hyper-physiques dont on ne fait, de nos jours encore, qu’à peine entrevoir toute la portée.

    Ils auraient pu s’en tenir à une formulation purement matérialiste et mathématique des choses, comme nous le faisons actuellement. Mais ils ont choisi de transcrire ces connaissances sous une forme poétique et symbolique afin que seuls ceux qui en sont dignes, puisse en comprendre le sens ultime, non par esprit de discrimination, mais tout simplement pour éviter que ce savoir soit mal employé ou perverti.

    Telle est ce que nous nommons aujourd’hui « religion païenne », (car j’exclue de ce qualificatif les monothéismes qui, eux, relèvent, du phénomène sectaire). Les dieux et les rites sont donc de merveilleuses manières d’enchanter la science.

    Ne l’oublions pas et n’oublions pas non plus que nous nous trouvons ici et maintenant en un lieu sacré et consacré, et que donc le feu du solstice est particulièrement sacré. Rien ne doit le souiller.

    Au-delà même de la simple signification religieuse, la célébration du solstice nous rappelle aussi à quel clan nous appartenons et quel sang coule dans nos veines.

    Il y a de cela 40 000 ans, pas plus de 10 000 personnes peuplaient toute l’Europe. Et de ces 10 000 personnes sont nés les 500 millions d’Européens que nous connaissons aujourd’hui. C’est-à-dire, comme la génétique vient de le démontrer récemment, nos frères de sang.

    Déjà ils avaient les yeux tournés vers les étoiles et y décelaient l’archer céleste d’Orion. Déjà ils inventaient la civilisation au fond des grottes matrices de rêves galopants. Alors n’oublions jamais que de Lisbonne à Vladivostok, de Reykjavik à Bénarès, un même sang conquérant traverse l’espace et le temps tel un feu créateur. Une même volonté est là, couvant au fond de notre mémoire fragmentée, et qui ne demande qu’à se réveiller sous le coup du grand Appel prométhéen.

    Si l’axe du monde est au Nord, le soleil, lui, se lève à l’Est, au pays d’Arkhaïm la primordiale. Entendons l’appel et regardons encore le soleil de l’esprit se lever dans le regard bleu de nos enfants.

    A présent, allumons le feu et bon solstice, mes camarades.

    http://www.terreetpeuple.com/121-tp-en-regions/bearn-gascogne/1255-celebrer-le-solstice-d-ete.html