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tradition - Page 211

  • 122 enfants à naître sauvés de l’avortement

    Au onzième jour de la campagne de Carême des 40 Days for Life.

    Michel Janva

  • L’exercice de la légitime défense

    Lu sur les Hommes-adorateurs :

    "L’apprentissage de l’accueil des vertus se fait d’abord par l’exercice légitime de la légitime défense. C’est-à-dire de l’apprentissage de la vie chrétienne et donc de la défense de sa dignité. La légitime défense de la vie et de sa vie chrétienne comme découlant de la loi naturelle qui nous donne d’ être des hommes libres et respectés, de croire et de professer une foi, et pour nous La Foi (Cf Lumen Gentium), … est avant tout un devoir qui dans l’ordre de la croissance, qu’est aussi la sainteté, est premier. Parce que la légitime défense est fondamentalement raisonnable et le martyr fondamentalement déraisonnable, pas intrinsèquement mais parce qu’il dépasse la raison, comme la Foi dépasse la raison mais ne se contredisent pas. Donc il est raisonnable de dire à un enfant brimé par sa classe de se défendre et de le défendre (je ne m’attache pas au comment). Car s’il est brimé c’est qu’il ne sait pas, ne dispose pas des armes légitimes à la préservation de sa dignité, qui lui est due. A cet enfant il serait déraisonnable de l’engager à l’offrande, au martyr, car l’on offre que ce que l’on a à offrir.

    Concrètement l’enfant en question ne dispose pas de sa dignité car il est en apprentissage de celle-ci. La défendre justement lui permettra de l’acquérir comme un bien propre. Si l’enfant, car déjà saint, c’est-à dire d’une maturité telle qu’il se sait toujours pauvre et dans la main de Dieu et se recevant de Lui, possède déjà sa propre dignité d’enfant de Dieu, alors seulement librement, volontairement, comme le ferait un adulte, cet enfant peut s’offrir poussé par la grâce à subir les outrages de sa classe pour Jésus.

    Ce qui est de l’ordre de l’héroïcité des vertus, ne peut-être exigé d’une personne extérieure et à fortiori d’un éducateur, d’un responsable. La Sainteté et donc le martyr est le fruit d’une croissance. Ce serait dans le cas présent une grave erreur de sa part et témoignerai de sa non compréhension de la parole de Dieu concernant le fait que tendre sa joue gauche après la droite, est de l’ordre du « conseil évangélique » pour la Perfection (Jésus ici donne le but à atteindre, pas ce qu’il faut faire quand on y est pas encore arrivé : tendre sa joue, après l’autre alors qu’en fait on vous l’arrache n’est pas une offrande, mais de la faiblesse : ce qui se combat avec la vertu de force). Il s’adresse à ceux, qui sous la motion de l’Esprit Saint, il est donné par ce même esprit de témoigner, concrètement témoigner de ce qu’ils reçoivent de Lui et pas d’eux-mêmes. Le martyr est d’abord une invitation divine, puis une libre réponse de l’homme à celle-ci. Car il est du martyr comme de l’Amour divin qui ne peut être contraint et inconscient, absolument.

    La bonne nouvelle c’est que si vous êtes confronté à une situation de martyr et que vous dîtes « semper parati », toujours prêt, c’est l’Esprit Saint, Himself, qui vous fera témoigner et même endurer, ce qui ne peut l’être humainement. Ce qui explique les récits véridiques de la « légende dorée » par exemple d’un Saint Laurent qui déclare sur le gril : retournez-moi je ne suis pas assez grillé de ce côté-ci !

    Sans l’Esprit Saint par une Grâce particulière, personnelle et actuelle ni moi, ni vous n’irons au martyr, déjà la légitime défense est un sacré défi, alors le martyr n’en parlons pas. Mais nous sommes sacrément assistés  !"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Postmodernité : encore un effort !

    Postmoderne : le mot est dans toutes les bouches. Mais personne ne sait exactement de quoi il s'agit. La chose, cependant, existe. On peut même en faire la preuve empirique : quand, autour de nous (voire à l'intérieur de nous-mêmes), d’innombrables indices amènent nos contemporains, sans s'être donné le mot, à qualifier unanimement de “postmodernes” certains phénomènes ou messages, il faut bien qu'il y ait anguille sous roche. Que cette étiquette soit flatteuse pour les uns, péjorative pour les autres, ne change rien à l'affaire. À l'évidence, quelque chose se trame autour de nous. Cela croît, s'amplifie, s'enfle en permanence. Mais, faute de recul, nous n'en percevons que vaguement les contours.
    Évoquant, sur le mode badin, les onze années de sa présidence de l'université de Munich, Nikolaus Lobkowicz (Communio, éd. all., n°4/1986, pp. 352 ss.) a bien cerné les difficultés auxquelles se heurte toute première approche de l'irradiation postmoderne :
    « Sans cesse me revenait à l'esprit la remarque pénétrante de A. Santos qui affirmait que les contemporains ne sont jamais capables de juger leur époque puisque tout dépend de ce qu'elle produit. On agit en fonction de telle ou telle expérience passée, de tel ou tel principe qui, en général, n'a rien d'évident, d'après certaines idées sur les périls qui nous guettent et nos possibilités. Si ces périls ne mènent pas à la catastrophe, l'historien de l'avenir sera tenté de dire que nous avons exagéré. Si au contraire les possibilités ne s'actualisent pas, on nous accu­sera d'aveuglement. Nous vivons dans un demi-jour, et si d'aventure nous trouvons notre chemin, c'est par instinct plus que par raison. Voilà un argument de taille contre l'idée selon laquelle nous vivons à une époque éclairée ».
    Je n'ai, bien entendu, cité ces quelques brins de sagesse que pour mieux me jeter à l'eau. D'autant que l'on s'apercevra (le lecteur me pardonnera cette troisième métaphore) que dans un premier temps, au moins sur une partie du parcours, nous évoluons en terrain sûr. Je m'explique : il me semble que sur cette “postmodernité” aux contours si incertains, on peut s'accorder sur 3 points, que j'indiquerai. Nous tenterons ensuite de dégager, sur un sujet si déroutant, 3 grands axes d'interprétation dont on commence déjà à percevoir les linéaments. Une dernière foulée nous ramènera sur la terré ferme et nous présenterons un jeune éditeur et un jeune auteur qui nous parais­sent incarner la “postmodernité”.
    C'est appliqué à l'architecture que le terme “postmoderne” s'est sans doute révélé à la plupart d'entre nous. Et ce n'est pas un hasard si c'est dans ce domaine-là que l'ex­pression s'est rapidement imposée : on ergote moins volontiers sur une construction ou un problème d'urbanisme que sur la poésie ou la théologie : en architecture, l'objet du débat est une réalité optique évidente, et la postmodernité n'y est pas difficile à repérer : c'est une révolte contre l'architecture “fonctionnaliste” genre Bauhaus. Certes, les architectes postmodernes ont, eux aussi, pour principe que le style doit découler de la fonction de l'édifice à bâtir (“form fol­lows function”, dit-on). Mais ils donnent au mot “fonction” un sens plus vaste. Un cou­loir, par ex., n'a pas simplement pour “fonction” de permettre à 2 personnes de se croiser sans se gêner (ce serait plutôt la fonction d'un mètre !) : un couloir ne doit pas donner une sensation d'oppression.
    L'homme est plus que ses besoins physiques : ses besoins psychiques sont l'autre face de la “fonction” que doit remplir une construction, et c'est pourquoi l'architecte postmoderne se permet d'équilibrer la gravité d'un ensemble par des éléments articulants, nullement indispensable sur le plan technique. Et comme l'homme n'est pas seulement un homo faber mais également un homo ludens, des architectes comme Bofil, Krier, Charles Moore ou Watanabe ne négligent pas d'embellir leurs œuvres d'ornements “superflus” mais qui en rehaussent l'aspect : Ils se permettent, très naturelle­ment, des emprunts : ici une colonnade grec­que ou une corniche à la Palladio, là un axe médian d'allure princière qui rehausse la vie, l'élevant vers la joie ou le tragique. En architecture, la postmodernité est une geste libératrice qui rompt avec la sclérose du dogmatisme et de l'unilatéral. L'est-elle dans les autres domaines ?
    À l'évidence, la “postmodernité” a une parenté française. C'est le second point. Et une certitude : quel que soit le volet de la postmodernité à l'étude, on rencontre à chaque pas soit des racines françaises, soit dés impulsions venues d'ailleurs mais retransmises par la France. Celle-ci, qui paraissait définitivement vouée au nombrilisme. assume, depuis quelques dizaines d'années, le rôle qui fut si longtemps celui de l'Allemagne : celui du penseur qui va jusqu'au bout des idées, celui du grand initiateur, du grand séducteur dans les choses de l'esprit et de la culture, celui du grand explorateur de nouveaux rivages.
    Si les grands débats inaugurés par Nietzsche et Heidegger ne se sont pas enlisés, c'est grâce aux philosophes français. Au point qu'aujourd'hui, lorsque nos philosophes allemands crispés se prêtent à un débat avec leurs homologues français, ils ont le ridicule (et pour cause) de désavouer (parce que “fascistoïde”) un héritage intel­lectuel allemand redécouvert et réactivé... à Paris. Le complexe d'infériorité suscité par ce hiatus intellectuel dans les rangs du man­darinat ouest-allemand se répercute bien entendu sur l'attitude adoptée face au phénomène postmoderne. Les combats d'arrière-garde de nos mandarins ont fatalement tendance à n'être que la continuation, sous de nouveaux oripeaux, de la vieille imprécation fielleuse contre le “Franzos' mit der roten hos'” (“Le Français à culotte pourpre” : allusion au pantalon de l'uniforme français de la guerre de 1870 et du début de la Première Guerre mondiale. NDT). Même les polémiques d'une certaines tenue intellectuelle n'en sont pas tout à fait exemptes (voir par ex. l'essai de Klaus Laermann, germaniste de l'université libre de Berlin et appartenant à cette génération d'après-guerre non astreinte au service militaire : « Lacancan et Derri­dada : La francolâtrie dans les disciplines de l'esprit », in Kursbuch n°84, mars 1986, pp. 34 ss.).
    Le troisième fait, incontestable lui aussi, est que l'ennemi visé par l'explosion volcanique de la postmodernité est facilement identifiable. Sur ce point, le consensus des esprits malicieux est renforcé par la fureur de leurs victimes. L'ennemi, c'est la “deuxième Aufklärung”, c'est-à-dire ce curieux mouvement réactionnaire qui croyait, et croit toujours, que l'on peut col­mater les brèches que Georges Sorel, Nietzsche et consorts ont ouvertes dans la muraille des utopies. La “modernité”, dont se détourne le courant postmoderne, est un amalgame idéologique à l'échelle planétaire même s'il varie selon des pays ou les régions. On y rencontre au premier plan des attitudes mentales et des comportements apparemment incompatibles : un matérialisme historique édulcoré par la psychanalyse, qui remplace la lutte des classes par la lutte con­tre certains types de mentalité ; un discours sur la liberté et l'émancipation sans limites ; le culte de l'individu-roi et de l'ego qui ne s'embarrasse pas de devoirs vis à vis d'impératifs supérieurs.
    Les idéologies n'ont jamais été affaire de logique. Il leur faut d'autres liants. Exemple : l'intérêt collectif des milieux qui se sont ralliés à cet Eintopf idéologique et forment une sorte d'interna­tionale soudée. Ou encore le confort intel­lectuel du repli stratégique sur une éthique de l'intention pure qui n'engage bien entendu à rien et dispense de l'épreuve des faits. Et dans la mesure où l'on peut parler d'une assise “philosophique” de tout cela, ce n'est qu'un égalitarisme qui mesure toute réalité à l'aune de l'unidimensionnel et se réclame d'un universalisme inspiré tantôt de Spinoza tantôt de saint Thomas. Le résul­tat de ce réductionnisme est une pensée monolinéaire qui prétend expliquer logique­ment le monde et résoudre ainsi tous les pro­blèmes. Et lorsque le coup de baguette magi­que se révèle inopérant, le missionnaire vient à la rescousse, fort de la conviction d'être moralement infiniment supérieur aux “non éclairés”. Le lecteur me pardonnera cette définition en raccourci de la modernité : il en connaît déjà les divers ingrédients et peut donc les retrouver lui-même dans le tableau que j'ai brossé.
    L'adversaire a senti le danger. Il existe des revues (et pas seulement le Kursbuch cité plus haut) dont le seul souci, depuis plusieurs années, est de démontrer que l'abandon de la modernité ne doit pas, ne peut pas et ne va pas avoir lieu. Instituts universitaires et organismes privés s'occupent à mettre sur fichier et (noblesse oblige) sur ordinateur les argumentaires, les personnes, les revues et publications d'un “tournant” imaginaire. Quant à l'héritier, aussi teigneux que stérile, des pères défunts de la “deuxième Aufklärung” (celle de Francfort et d'ailleurs), je veux parler de Jürgen Habermas, il consacre toute son éloquence à mettre en garde un public de plus en plus clairsemé contre le flot paresseux de la postmodernité, en laquelle il aperçoit la fin de la liberté, de la démocratie... et surtout de l'Occident (la Deutsche Forschungsgemeinschaft vient de décerner à Habermas l'un des prix du “Programme Gottfried Wilhelm Leibniz”. Commentaire de la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 16 juillet 1986 : « Les lauréats peuvent, sans débours bureaucratiques, dis­poser en toute liberté de crédits de recher­che pouvant atteindre les 9 millions de Francs »).
    Pour rendre compte de but en blanc du phénomène postmoderne, l'image de l'éruption volcanique est plus heureuse que celle de la nuée radio-active : le courant postmo­derne apparaît effectivement comme le sur­gissement irrésistible de ce qui tendait à la surface, de ce qui ne pouvait plus être con­tenu. L'édifice intellectuel qu'il met en miet­tes n'avait plus rien à voir avec le réel, mena­çait même de devenir invivable. Or, le flot de lave compacte qui déferle du cratère béant charrie nonchalamment les éléments les plus hétéroclites : des suiveurs, qui se satisfont, comme toujours, de quelques bouchées hap­pées ici et là ; des charlatans, toujours pré­sents là où l'on découvre que l'homme est plus compliqué que l'on croyait ; des oppor­tunistes, habiles à convertir en un tour de main les idées nouvelles en jargon négocia­ble sur le marché de l'esprit. Mais les pires sont peut-être ces enthousiastes sincères qui ne s'aperçoivent pas qu'un cœur débordant a, plus qu'un autre, besoin de rigueur dans l'expression. Ce n'est pas parce qu'on lutte contre la phraséologie moderniste, superficielle et coincée, qu'on va ouvrir toutes gran­des les portes au bavardage, fût-il fleuri ! Que Cioran, Clément Rosset et autres maî­tres de la mise-en-forme précise de l'infor­mel nous soient témoins !
    Cependant (à la guerre comme à la guerre), ceux qui cherchent à empêcher la déconfiture de la modernité se ruent avec délice sur l'équipage il est vrai bigarré de la postmodernité. Voilà même qu'ils agitent un scalp : celui de Dietmar Kamper, sociologue de l'université libre de Berlin, dont la faconde est effectivement une aubaine pour le caricaturiste : son discours abstrus et alambiqué n'a rien à envier au charabia pro­fessionnel des pires épigones de Theodor Adorno, et si l'on feuillette les revues qui s'intitulent “postmodernes” (par ex. Konkursbuch, revue de critique de la raison, ou Tumult, revue des sciences de la commu­nication), on est sans cesse tiraillé entre des fantaisies nombrilistes et un discours perti­nent sur des observations justes. Mais ce sont là les phénomènes habituels qui accompagnent tous les changements importants. Si, en l'occurrence, ils sont plus voyants, c'est peut-être parce que le tournant en question n'obéit pas à une discipline mais insuffle un peu d'air frais dans une atmosphère irrespi­rable et défriche de nouveaux espaces de liberté.
    Bien sûr, la définition du phénomène “postmoderne” tentée ici est elle-même affaire de perspective. L'auteur de ces lignes a été marqué par la Révolution conserva­trice, premier courant intellectuel à avoir eu le courage de dire que ce qu'on appelle la “modernité” n'a en fait rien de moderne et qu'elle est au contraire un réchauffé d'Aufk­lärung (dans ses 2 variantes : la rationa­liste et la sensualiste). Car ce qui fait la nou­veauté de notre époque, à savoir la techni­que et l'industrialisation, n'a jamais été saisi dans son essence, encore moins maîtrisé, par la deuxième Aufklärung. La Révolution conservatrice s'est efforcée de dépasser les abstractions niveleuses de la modernité pour dégager une vision réaliste de l'homme et du monde dans sa complexité, en essayant de faire prendre conscience des conséquences concrètes qui en découlaient.
    Certes, un tel positionnement pourrait facilement porter à la condescendance à l'égard de la postmodernité : on a parfois l'impression d'être un guide de haute mon­tagne qui, après avoir péniblement taillé à grands coups de piolet des marches dans la paroi, verrait les touristes à souliers plats gravir lestement la pente en se jouant de la pesanteur. Je ne cède pas à cette tentation. Je tiens néanmoins à préciser que je ne sou­haite pas être confondu avec 2 types de “compagnons de route” : tout d'abord, les “fondamentalistes” qui se contentent de remplacer un unilatéralisme par un autre ; ils ne réalisent pas qu'une vérité devient fausse dès lors que les vérités adjacentes ne sont plus perçues comme telles. Témoins ces “Verts” qui vident de leur substance les idées écologistes en les réduisant à des abstrac­tions, ne perçoivent pas l'imbrication histo­rique de l'homme et de la nature et songent encore moins à assumer les contraintes qu'entraîneraient les actions qu'ils récla­ment.
    Le cas des autres compagnons de route est un peu plus complexe : ce sont, en bref, des gens qui, certes, désavouent les élé­ments de contrainte de la modernité mais qui en aucun cas ne voudraient renoncer à ses aménités. Il s'agit, pour la plupart, d'intel­lectuels de la gauche libérale. Suffisamment intelligents pour réaliser la débâcle de leurs idéaux, ils ne voudraient au grand jamais passer pour des “hommes de droite” ou tout autre forme du Mal. Exemple classique : Botho Strauss. Très en vogue actuellement, c'est l'auteur de la bouche duquel le bour­geois timoré s'entend dire des choses qu'il récuserait si elles venaient d'ailleurs. Bien sûr, Botho Strauss sait tenir des propos roboratifs :
    « La génération soixante-huitarde l'a encore échappé belle. Elle continue, depuis des décennies, à exercer ses modestes talents intellectuels du haut de chaires conforta­bles... C'est avec de telles formules incan­tatoires (“maîtriser le réel”) que la raison, acculée, essaie de transformer le foisonne­ment du vivant en un monde conceptuel vide. Voilà le véritable irrationalisme ! Sa fade prière, dominée par le tintamarre des intellos en rupture de langage, s'affirme pour ainsi dire d'office et ses blocages augmen­tent en proportion de son zèle. Et, n'ayant rien appris, les éducateurs délaissés par leurs ouailles ânonnent inlassablement le vocabu­laire sec et défraîchi d'une analyse critique qui, à chaque répétition, apparaît un peu plus abstraite » (Paare, Passanten).
    À la bonne heure. La formule fait mou­che. Malheureusement, elle n'aura aucune suite parce que Strauss ne s'en prend qu'aux symptômes. La déroute qu'il nous décrit ne serait-elle, pour lui, qu'un fâcheux accident de parcours ? Croit-il qu'il aurait pu en être autrement ? Botho Strauss a un truc efficace pour éluder ces questions : il truffe son texte de citations, franches ou déguisées, extrai­tes de la littérature universelle (et de la mythologie) : une citation coupée de son contexte a l'avantage qu'on peut à peu près toujours lui faire dire n'importe quoi.
    Mais trêve de critiques. Ouvrons tout grands les bras ! Ce n'est pas par fausse modestie de l'auteur de ces lignes rejette toute condescendance à l'égard de la post­modernité : celle-ci a vraiment quelque chose à nous apporter, quelque chose qui nous manque, nous complète et nous féconde. C'est qu'elle a quelque rapport avec le tra­vail de pionnier entrepris par la Révolution conservatrice. Celle-ci fut la première à déclarer la guerre au dogmatisme stérile de ce qu'on appelle “la modernité”. Un tel combat vous marque un homme. Il force à la réserve, à la concentration sur des tâches déterminées. Rien n'y est laissé au hasard, il faut faire l'impasse sur bien des choses, les remettre à “plus tard”. On s'acharne sur l'adversaire et même si, au nom de la pléni­tude et de la complexité du réel, on se bat contre la grisaille de l'abstraction, un peu de cette grisaille vous colle tout de même à la peau. On panse ses plaies et on fait l'appren­tissage de la prudence. Mais le néophyte qui pénètre pour la première fois dans l'arène ignore encore combien de coups il recevra.
    Nous avons déjà mentionné dans Criticón (n°85 de janvier-février 1985) un baptême du feu postmoderne : la critique par Gerd Bergfleth de cette pensée terroriste qu'est le cosmopolitisme. Mais il y a plus beau encore que les baptêmes du feu : les surprises que nous réserve l'âge postmoderne. Dans sa vir­ginité et son innocence, la postmodernité nous ouvre de nombreuses échappées et éjecte en pleine lumière ce que l'on n'avait que pressenti, ce que l'on avait oublié, ou voulu oublier.
    En Allemagne, l'édition postmoderne atteste une joyeuse diversité. Voici le por­trait, rapidement brossé, d'Axel Matthes, directeur des éditions Matthes & Seitz Ver­lag de Munich. Si nous avons choisi celui-­là, c'est parce qu'il passe actuellement pour être l'entreprise la plus intéressante en la matière : snob mais pas trop, sophistiqué mais avec modération, sans peur des com­promissions ni des voisinages gênants, du flair et plus d'une surprise dans son sac. Ses livres, enfin, sont de petits délices à un prix abordable. Un coup d'œil sur sa production suscite l'étonnement : Axel Matthes fait tout tout seul, de la conception à l'expédition. L'hebdomadaire Die Zeit (16 août 1985) lui a rendu visite (avant nous) : « ... Sans lecteur ni collaborateur, avec une seule comptable qui vérifie les bilans deux fois par semaine et une productrice free lance, il “sort” quinze livres par an ».
    Pourtant, à en croire l'auteur de cet ar­ticle, Matthes n'a rien d'un homme à bout de souffle :
    « Axel Matthes aime parler, et d'abon­dance, tantôt tourné vers moi, tantôt désignant le plafond, parfois le sol, prenants à témoin la fenêtre ou lui-même. Il y a en lui un peu de l'homme de lettres des cafés du XVIIIe siècle, ou d'un ETA Hoff­mann que fascineraient les zones d'ombre des sciences physiques, un peu d'un existen­tialiste en complet noir, mélancoliquement propulsé dans l'existence, un peu d'un Jésus adepte d'une conception hédoniste de la vie. Il discute avec lui-même, ou plutôt ça dis­cute en lui interminablement. Décidément, cette maison d'édition est un seul et unique monologue, fantastique et romantique... »
    Et encore ceci : « Matthes n'édite pas les cuistres. Il n'édite que les auteurs qui pren­nent le risque de se tromper, pour qui la pen­sée risquée est un principe de travail, les auteurs chez qui l'écriture et la vie, c'est à dire l'erreur, ne font qu'un ». Ces lignes viennent à point nous rappeler quelle est la cible de la rébellion postmoderne : la pensée linéaire et figée, responsa­ble de la pétrification du monde. Benedikt Erenz, qui a rédigé ce brillant reportage, cite à ce propos quelques phrases de Matthes :
    « La contradiction, y compris avec soi-même, l'erreur, sont ce qui importe dans la vie. Et qui l'enrichit. Celui qui ne se contredit jamais est mort. L'erreur n'est pas seulement humaine, elle est l'humain. Seul l'animal ne se trompe jamais... »
    Il arrive qu'Axel Matthes prenne la plume. Dans un livre produit par ses soins, il glisse ces quelques réflexions :
    « Ce que nous vou­lons, c'est créer un pôle d'observation pos­sible : non mettre sur pied une théorie com­plète, capable de contenir tout et n'importe quoi. Ce qui nous plaît, au contraire, c'est ce qui est inclassable, et le fait que cela soit inclassable. Nous valorisons des élans impo­pulaires, soupapes de sûreté des hommes, des valeurs et des individus. (...) La révolte est le signe d'une rupture avec tout ordre. Elle a plusieurs visages. La révolte est une chose, la façon dont elle s'exprime en est une autre. II y a la révolte de l'homme sans con­sistance ou du démagogue, qui aggrave encore l'étiolement de l'homme, exaspère son désir de soumission, sa mentalité d'es­clave, sa recherche de la chaleur doucereuse du troupeau. Et il y a la révolte de l'individu rebelle. L'hypocrite et l'intrépide ont de la révolte une conception diamétralement opposée. L'Église a expédié aux enfers tous les “grands hommes” : cette “révolte” déplut à Nietzsche. Je proclame la révolte contre tous les discours établis de la révolte ! »
    On ne saurait trouver mots plus beaux pour décrire la mentalité postmoderne. De Gerd Bergfleth, qu'il nous faut ici présen­ter, nous ne savons rien, pas même son âge. Nous savons seulement qu'il est particulièrement bien vu chez Axel Matthes.
    Mais l'atmosphère n'est pas tout. Il est faux de croire que les auteurs postmodernes ne sont pas des bûcheurs. L'œuvre princi­pale (à ce jour) de Gerd Bergfleth s'intitule “Théorie du gaspillage” (Theorie der Versch­wendung). Il s'agit d'une analyse serrée de la pensée complexe de Georges Bataille (1897-1962), l'un des pères spirituels de la postmodernité… et de Bergfleth. Les livres de Jean Baudrillard, germaniste et sociolo­gue né en 1929, ne sont pas, eux non plus, d'abord facile. Dans le registre des textes édi­tés chez Matthes & Seitz, ils complètent avantageusement ceux de Bergfleth. Baudril­lard est le vétéran de 1968 qui a fait passer dans la postmodernité son expérience du front. Le monumental Dictionnaires des phi­losophes (en 2 tomes volumineux publiés en 1984 par Denis Huisman aux PUF) indi­que que tous les chefs de file, ou presque, du mouvement de 1968 sont naguère passés entre ses mains. Matthes vient d'éditer la tra­duction allemande de sa Gauche divine qui retrace méthodiquement la façon dont la gauche française s'est suicidée entre 1977 et 1984 (donc en partie sous François Mitter­rand). Cette pénible expérience a laissé chez Baudrillard un traumatisme qu'il partage avec tous les auteurs postmodernes ; il pro­fesse pour l'épouvantail appelé “société” un mépris que même un homme de droite nor­malement constitué n'oserait articuler :
    « Le social, l'idée de social, le politique, l'idée de politique, n'ont sans doute jamais été portés que par une fraction minoritaire. Au lieu de concevoir le social comme une sorte de condition originelle, d'état de fait qui englobe tout le reste, de donnée trans­cendantale a priori, comme on a fait du temps et de l'espace (mais justement, le temps et l'espace ont depuis été relativisés comme code, alors que le social ne l'a jamais été — il s'est au contraire renforcé comme évidence naturelle : tout est devenu social, nous y baignons comme dans un placenta maternel, le socialisme est même venu cou­ronner cela en l'inscrivant comme idéalité future - et tout le monde fait de la socio­logie à mort, on explore les moindres péri­péties, les moindres nuances du social sans remettre en cause l'axiome même du social) - au lieu de cela il faut demander : qui a produit le social, qui règle ce discours, qui a déployé ce code, fomenté cette simu­lation universelle ? N'est-ce pas une certaine intelligentsia culturelle, techniciste, rationa­lisante, humaniste, qui a trouvé là le moyen de penser tout le reste et de l'encadrer dans un concept universel (le seul peut-être), lequel s'est trouvé peu à peu un référentiel grandiose : les masses silencieuses, d'où sem­ble émerger l'essence, rayonner l'énergie inépuisable du social. Mais a-t-on réfléchi que la plupart du temps ni ces fameuses masses, ni les individus ne se vivent comme sociaux, c'est-à-dire dans cet espace perspectif, rationnel, panoptique, qui est celui où se réfléchissent le social et son discours ? »
    « Il y a des sociétés sans social, comme il y a des sociétés sans écriture. » L'ex-gauchiste Baudrillard est reconnais­sable à ses “phrases à tiroirs” (nous avons souligné nous-mêmes les passages importants). Mais il nous a amenés au point qui nous intéresse : des « sociétés sans social » : cela même qui passionne Bergfleth. Pour comprendre cette nouvelle constellation, il faut s'abstraire du paysage idéologique auquel est habitué l'homme de droit moyen.
    Bergfleth a été marqué par son maître Georges Bataille dont l'anthropologie repose sur la distinction entre “production” et “gaspillage”. Selon Bataille, l'activité humaine ne se réduit pas entièrement à des processus de production et de reproduction, et la con­sommation doit être scindée en 2 domai­nes distincts. Le premier, réductible, englobe la consommation minimale nécessaire aux individus qui composent une société pour maintenir la vie et assurer la continuation de l'activité productrice... Le second englobe les fonctions dites “improductives” : le luxe, la liturgie funéraire, les guerres, les cultes, la construction d'édifices de prestige, les jeux, le théâtre, les arts, la sexualité perverse (indé­pendante des fonctions purement reproduc­trices). Autant d'activités qui, au moins à l'origine, sont à elles mêmes leur propre fin.
    Dès lors, l'humanité poursuit 2 objec­tifs : l'un, négatif, consiste à maintenir la vie (ou à éviter la mort) ; l'autre, positif, con­siste à accroître son intensité. Ces 2 objectifs ne sont pas contradictoires. Mais l'intensité ne peut être accrue sans risque, si bien que l'intensité à laquelle aspire la majo­rité (ou le corps social) est subordonnée au désir de se cramponner à la vie et à ses œuvres...
    Cette antithèse intensité/durée, chère à Georges Bataille, nous apparaît le moteur le plus puissant de la pensée postmoderne (l'opposition cioranienne entre l'Être et le Néant apparaît, elle, plus légère). Bergfleth fait sienne cette impulsion et la met en forme à sa manière. Sa “théorie du gaspillage”, telle qu'il l'expose dans Ich gestatte mir die Revolte (“Je m'offre le luxe d'une révolte”, anthologie éditée par Matthes), contient 2 réflexions capitales :
    Première réflexion :
    « ... Le gaspillage de l'homme par lui­même reste possible. Il se distingue essentiellement du gaspillage industriel, chosifié. Dans sa forme la plus générale, l'auto­gaspillage est identique à la césure car celle­-ci n'est rien d'autre que le mouvement de dépassement et de sortie de soi-même. Elle n'est pas un acte philosophique ; elle suppose à chaque fois l'engagement de l'homme total. S'il existait une chose qui s'appelât “l'essence de l'homme”, on pourrait voir dans ce sacrifice une perte d'essence mais l'auto-gaspillage signifie précisément que cette essence est perdue à jamais. C'est parce que l'homme est dénué de fondement qu'il peut transgresser lui-même. En dépit du mythe tout-puissant de la production, les possibilités de ce gaspillage de l'homme par lui-même sont, aujourd'hui encore, immen­sément riches. Ce sont, pour n'en citer que les formes essentielles : la catégorie des dépenses agonales : compétitions, jeux de toutes sortes ; les formes de l'investissement effectif : rire, pleurer, etc. ; les formes symboliques : la littérature, l'art et la musi­que ; les formes “excessives” proprement dites : les diverses formes de l'ivresse, de la danse, de l'érotisme, de l'orgie. Enfin et sur­tout, ce que j'appellerais les formes actuel­les du sacré : la révolte, le sacrifice révolu­tionnaire, la fête de la mort comme vie en train de vivre, s'offrant comme expérience directe. Dans toutes ces formes, je gaspille ce que je suis, non ce que j'ai... »
    Seconde réflexion :
    « Le gaspillage n'a jamais été charitable, et aucune raison n'est là pour le justifier. L'absence de salut est une autre composante de l'homme, et pas seulement cette absence mais la passion de cette absence. Toute la civilisation humaine montre qu'il existe un besoin inextinguible d'excès et d'émotion, aspiration qui résulte, en définitive, de la conscience de la mort. Sachant qu'il doit mourir, l'homme doit sans cesse se prouver qu'il sait mourir, il doit introduire la mort dans l'existence et tenter l'impossible : réa­liser cette absence de fondement qui est dans sa nature. Tout gaspillage est fondé sur cette absence, sur le non-espoir constitutif de l'homme, qui toujours le pousse aux extrê­mes. Cependant, la menace extrême est aussi sa possibilité la plus haute et s'il ne recule pas, cette possibilité se mue en une folle béa­titude. Aujourd'hui, c'est plutôt le contraire qui semble s'être produit : la mort a cessé d'être une possibilité suprême ; elle est deve­nue une réalité de masse, et toute une société anxieuse a les yeux fixés sur sa propre sur­vie et celle de l'humanité. Mais la réalité n'est pas la possibilité et la survie n'est pas la vie. La mort, toute puissante sous le règne ensor­celeur de la production, est toujours la mort des autres : la mort-production procède d'un refoulement de la mort sans doute sans équi­valent dans l'histoire. La seule chose qui n'arrive jamais dans cette subversion pres­que parfaite, c'est la mort de soi, et si un renouveau de la vie est encore possible, c'est là, au point creux de cette logique, qu'il devra s'amorcer. Si la mort évacuée n'ap­porte que la mort, il nous faut d'abord apprendre à mourir pour pouvoir vivre. La volonté de survie à tout prix est une catégo­rie du darwinisme social : elle est suspecte de meurtre. La sécurité n'est pas là où l'on cherche fébrilement la sûreté, elle se trouve là où l'on est assez sûr pour se permettre de la gaspiller. » (Passages soulignés par l'auteur).
    Le lecteur n'est pas tenu de souscrire aveu­glément à tous les propos de Bergfleth. Il devrait pourtant prêter l'oreille à ce sermon insolite. On se demande souvent : “Que faire de la postmodernité ?” La réponse est sim­ple : après 1945, les conservateurs ont trop misé sur la durée, négligeant l'autre pôle de la vie que Bergfleth nous rappelle avec insis­tance. “On ne vit pas seulement de pain”. Cette vieille sagesse a été oubliée. C'est la cause de toutes les défaites conservatrices dans notre société de bien-être.
    Armin Mohler, éléments n°60, 1986. (tr. fr. : Jean-Louis Pesteil)
    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFAuZuyEFEbMQYqcAb.shtml
    Source : http://vouloir.hautetfort.com/archive/2010/10/index.html

  • Les Sentinelles rappellent à Taubira qu'elle vit dans le mensonge permanent

    Les Sentinelles dénoncent les mensonges du garde des Sceaux, place Vendôme. Mensonge sur le mariage, contracté entre une homme et une femme, mensonge sur l'enfant, né d'un père et d'une mère, mensonges politiques...

    M

     

    Michel Janva

  • Alabama : victoire pro-vie

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    Progressivement un certain nombre d’Etats américains prennent des mesures diverses pour empêcher les avortements. Ce qui est fort difficile dans la mesure où la loi fédérale s’impose, notamment par la fameuse décision de Roe versus Wade de la Cour suprême. Il leur faut donc prendre des moyens détournés consistant essentiellement à les limiter.  

     

    En tête de ce combat pro-vie il y a le Texas et le Dakota. Leur technique a été de rendre la vie impossible aux avortoirs qui ont quasiment tous disparu. Ce peut être par exemple en renforçant les normes de sécurité de ces établissements. L’Alabama se joint à eux dans la défense de la vie humaine.

     

    Quatre projets de lois viennent d’être adoptés dans cet Etat.

     

    - Echographie obligatoire avant tout avortement. S’il y une activité cardiaque décelable à l’échographie, l’avortement est refusé. Ceci correspond à un peu plus d’un mois de grossesse. L’embryon mesure six millimètres. Le président du Parlement, Mike Hubbard a déclaré à ce sujet : « Les Républicains de  la Chambre d’Alabama croient que la vie commence dès la conception et que le rythme cardiaque est la preuve d’une vie viable qui mérite d’être défendue ».

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  • Les identités plutôt que le P.I.B.!

     

    Plus de quatre ans après le référendum interdisant les minarets, le peuple suisse fait encore des siennes. Il vient d’adopter de justesse des mesures de préférence nationale et de limitation des flux migratoires. D’abord abasourdie par ce résultat non prévu par les sondages, la grosse presse a violemment critiqué le choix souverain des Helvètes et leur prédit une future régression économique.

     

     

    Il est intéressant de relever que les arguments de part et d’autre du Léman et du Jura ne correspondent nullement. Journalistes stipendiés et Commission eurocratique de Bruxelles mettent en avant l’économie et la morale tandis que les Suisses rappellent que l’immigration pèse sur la tranquillité publique, entraîne la saturation des infrastructures ferroviaires et routières, oblige la construction de nouveaux bâtiments qui réduit une surface agricole utile peu étendue du fait du relief, favorise la hausse du prix du m2, ce qui contraint de nombreux ménages suisses à venir clandestinement s’installer dans leurs résidences secondaires du pays français de Gex.

     

    Par son vote cinglant du 9 février 2014, le peuple suisse s’attaque au cœur même de la globalisation, à savoir la libre circulation des biens, des capitaux et des individus. À l’idéal d’open society colporté par les oligarchies mondialistes et leurs larbins médiatiques, les citoyens de la Confédération helvétique préfèrent les vertus de la société fermée. Véritable pied-de-nez aux altermondialistes et aux libéraux libertaires progressistes, cette décision devrait aussi faire réfléchir tous les chantres du libéralisme conservateur, du national-libéralisme et du conservatisme libéral sur leur engagement idéologique. Soit ils avalisent les mantra libéraux, acceptent l’ouverture illimitée au monde et condamnent l’initiative helvétique – ils s’affirmeraient dès lors comme la faction droitarde et con-conservatrice du mondialisme -, soit ils approuvent cette votation et doivent par conséquent abandonner leur foi naïve dans le libéralisme pour retrouver un conservatisme anti-libéral de bon aloi.

     

    Ce dilemme ne se limite pas à la seule question immigratoire. Il tend à se généraliser avec des problématiques saillantes autour de la G.P.A. et du mariage inverti, voire avec le travail du dimanche chaudement approuvé par quelques têtes de linottes libérales-conservatrices.

     

    La limitation de l’immigration risque de nuire aux performances économiques de la Suisse. Et alors ? À rebours des incantations maladroites de certains décroissants « de gauche », la remise en cause radicale de la « Mégamachine » ne proviendra pas des catastrophes climatiques ou du dérèglement météorologique, mais d’une véritable prise de conscience identitaire, soucieuse des paysages et d’un enracinement indéniable à travers des communautés charnelles d’appartenance.

     

    Organisme de guerre aux ordres de l’Infâme, l’agence de notation Moody’s menace de retirer son triple A à la Suisse qui a si mal voté. Elle juge en effet que « limiter l’immigration est susceptible d’affecter le potentiel de croissance du pays, sa richesse et sa solidité économique dans son ensemble (Le Figaro, 19 février 2014) ».

     

     

    Qu’une société fermée fasse perdre plusieurs points de P.I.B. et de croissance n’est pas dramatique si elle parvient à s’auto-suffire et, surtout, à maintenir sa cohésion ethno-civique interne. Contrairement à ce qu’avance Laurence Fontaine qui célèbre le marché dans le quotidien gaucho-libéral Libération, le marché, ce facteur de déstabilisation des cadres traditionnels organiques, n’est pas primordial. Elle a en revanche raison d’asséner que « le marché est la condition sine qua non pour avancer vers l’égalité des droits (entretien avec Laurence Fontaine, « Le marché peut être progressiste, les pauvres doivent en profiter », Libération, 22 – 23 février 2014) ». Le marché n’est donc pas ce « prussianisme renforcé », auteur d’un ordre concret comme le soutient Jacques Georges (« Vive le marché ! », mis en ligne sur Europe Maxima, 17 octobre 2009). Avec la mondialisation, il est devenu ce corrupteur de toute sociabilité tangible désintéressée. Combattre son hégémonisme exige une révolution culturelle intégrale.

    Outre la nécessaire relocalisation des activités économiques, la réhabilitation de l’artisanat et de la paysannerie bio, un discours identitaire sérieux se doit de promouvoir le salaire de citoyenneté, la réduction draconienne du temps de travail à trente ou trente-deux heures ainsi que le retour concerté à la terre et la déconcentration démographique assumée des grandes agglomérations. Dans la recherche indispensable de l’auto-suffisance alimentaire, les milliers d’intermittents du spectacle, de journalistes, d’étudiants en psycho, etc., serviraient utilement dans les campagnes bien loin d’une artificialité urbaine grégaire.

     

    La défense des identités signifie enfin le rejet total de la démonie de l’économique. Cela réclame une force d’âme remarquable capable de se déprendre de l’imaginaire de la consommation et du productivisme. Il faut désormais avertir les masses hébétées et droguées de matérialisme douceâtre qu’elles se sauveront que si elles redeviennent des peuples fiers d’eux-mêmes. Comme les Suisses du centre de la Confédération…

     

     

    Georges Feltin-Tracol

     

     

    http://www.europemaxima.com

  • L'Union sacrée des religions contre le laïcisme sectaire

    Même le laïcisme athée peut faire des miracles ! La politique antireligieuse du gouvernement suscite aujourd'hui, contre elle, une union sacrée des religions monothéistes.
    Sans l'avoir voulu, François Hollande et son gouvernement pourront se vanter d'avoir fait avancer l'œcuménisme à grands pas. Ainsi a-t-on vu, pendant les manifestations contre le mariage inverti, un rabbin marcher en devisant entre deux abbés en soutane, ou des musulmanes portant le hijab se faire applaudir par des mères de famille catholiques. Dieu pour tous et tous pour un ?
    Plutôt, tous contre la politique conduite par un pouvoir athée hostile à Dieu et à tout sentiment religieux. Il aura fallu ce laïcisme de combat pour que se réalise, contre lui, une sorte d'union sacrée des croyants. Cela ne signifie certes pas que les religions se confondent dans un quelconque syncrétisme, mais que les fidèles ont pris conscience de partager certaines conceptions communes sur des « sujets de société » qui relèvent de la loi naturelle : au premier chef, bien sûr, la valeur du mariage et l'éducation des enfants par un père et une mère, puisque c'est à partir de la bataille contre la loi Taubira que s'est dessiné, le rapprochement.
    Une première prise de position publique « inter-religieuse » avait été prise en février 2007, à Lyon. Le cardinal Philippe Barbarin, primat des Gaules, le grand rabbin Richard Wertenschlag et le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, y rappelaient qu'« il y a mensonge à prétendre qu'il est indifférent pour un enfant de grandir ou non avec un père et une mère » et que l'homme et la femme « sont appelés à s'unir dans le mariage pour donner la vie et la faire grandir. Tel est le socle originel sur lequel sont fondées nos vies personnelles, nos familles et nos sociétés. »
    Un rôle à jouer dans le monde entier
    Les musulmans, encore peu nombreux à participer aux manifestations l'an dernier, commencent à se mobiliser, à l'image des parents d'élèves qui, à l'appel de Farida Belghoul, ont retiré leurs enfants de l'école une journée pour protester contre l'enseignement de la théorie du genre - même dispensé sous une autre appellation, avec l'ABCD de l'égalité.
    Il était d'ailleurs inattendu d'entendre cette musulmane, ancienne militante communiste (à la fin des années 1970) et antiraciste, rappeler récemment, à Asnières, que « la France se définit depuis très longtemps comme la Fille aînée de l’Église. Cela veut dire qu'elle a un rôle à jouer en France, mais qu'elle a aussi un rôle à jouer dans le monde entier. Lorsque la France, la véritable France enregistre une défaite, c 'est le monde entier derrière qui enregistre une défaite. » Une déclaration à comparer avec ce qu'écrivait le ministre de l’Éducation Vincent Peillon dans son livre La Révolution française n'est pas terminée, paru en 2008 : « La révolution est un événement méta-historique, c'est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l'oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l'école a un rôle fondamental, puisque l'école doit dépouiller l'enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l'élever jusqu'à devenir citoyen. Et c'est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l'école et par l'école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »
    Lien temporaire
    C'est contre ce substitut maçonnique aux religions, que se construit l'union sacrée. Mais celle-ci n'a de sens qu'aussi longtemps que l'adversaire commun n'est pas vaincu. L'histoire, proche et plus lointaine, a montré que la cohabitation pacifique entre l'islam et le christianisme peut durer un temps, mais pas indéfiniment. Tôt ou tard, les deux religions, celle qui veut dominer le monde au nom d'Allah et celle qui veut régner sur les cœurs au nom du Christ, entreront en concurrence. L'accord sur certains sujets, si importants soient-ils, ne saurait faire oublier que, comme le rappelait Jean Paul II dans Entrez dans l'Espérance, « non seulement la théologie mais encore l'anthropologie de l'islam sont très éloignées de celles du christianisme ». Et les chrétiens ont mission d'apporter l'Evangile de Jésus-Christ au monde - y compris aux musulmans.
    Hervé Bizien monde & vie 25 février 2014

  • [Média] Prospectives Royalistes de l’Ouest

    Le numéro n° 41 du nouveau journal royaliste unitaire centré sur la région ouest BRETAGNE-LOIRE ATLANTIQUE-VENDEE vient de sortir.

    Vous pouvez le télécharger ici

  • Nouvel Arbitre : Réveil d’une conscience politique mais où se former ?

    L’année dernière nous avons assisté ou participé à cette vague de contestation face au gouvernement et nombre d’entre nous ont souhaité se former en politique. Mais où ? Avec qui ? Quand ?

    Nous vous proposons une série d’articles vous présentant tour à tour ces mouvements, cercles, groupes – qu’ils soient à Paris ou en Province.

    Partie 1 : DEXTRA

    http://dextra.fr/

    Sur le site, il y est définit comme   »une organisation politique apparue en 2009 qui s’est fixé pour objectif de reforger une droite authentique qui soit fidèle aux leçons de la philosophie classique afin de définir les principes et les axes d’une action politique au service de la France et des Français. ».

    La clé de voûte de la formation à Dextra est l’enracinement – un enracinement dans et pour la France, un véritable patriotisme et nationalisme qui constitue le socle de leur réflexion et la base de leur regroupement.

    Le mode de procédé est assez simple : Dextra propose des conférences d’hommes et de femmes politiques, de juristes, de philosophes pouvant nous éclairer sur certains points de lois, sur un parti, sur des questions de société …. Les conférences se déroulent tous les vendredi à Paris et une fois par mois environ à Versailles. Par ailleurs, il existe une université d’été où ils se retrouvent pour passer une semaine à se former.

    L’organisation a été fondée bien avant les manifs pour tous, ils sont déjà bien ancrés dans la réalité politique et militante, la formation par conférences et échanges permet à la fois d’apprendre et à la fois d’exercer l’art de la discussion. Ces points – et il y en a d’autres – sont des avantages non négligeables pour qui voudrait commencer à s’engager en acceptant d’avoir encore beaucoup à apprendre. Le politiquement correct et la condescendance ne sont pas de mise.

    Voilà un bon moyen de devenir citoyen en aimant son pays, sa patrie

    Pour les personnes désireuses d’apprendre et de se former une bière à la main, dans une bonne ambiance ; pour ceux qui se cherchent encore entre les différents partis et différentes idées défendues à droite ; enfin, pour la qualité des conférences, nous vous conseillons de faire un tour sur leur site et d’aller à une ou plusieurs conférences. Nos collègues de La Table Ronde seront présents ce soir à Versailles pour la conférence de Chauprade et vous retraceront la soirée (pour ceux qui ne pourraient pas y aller) - http://latableronde.wordpress.com/

    http://dextra.fr/2014/02/06/1202-conference-versailles-par-aymeric-chauprade/

    Il est fortement conseillé aux Versaillais de s’y rendre autant pour découvrir que pour rencontrer Monsieur Chauprade.

    Nous reviendrons sur le sujet une prochaine fois…

    Lien vers l’article

  • Exclu TVL : Farida Belghoul annonce des soirées de veilleurs musulmans et catholiques