Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

tradition - Page 213

  • L’Action francaise chez Radio Courtoisie

    L’Action francaise est invité lors de la prochaine émission d’Albert Salon sur Radio Courtoisie, le lundi 24 mars 2014 de 10h45 à 11h45 sur le thème du "français en partage"

    Prochaine émission à Radio Courtoisie (95,6 Mhz) : Le français en partage dirigée par Albert SALON, docteur d’Etat ès lettres, ancien Ambassadeur, prix Jean Ferré 2008 des auditeurs de Radio Courtoisie, Président d’Avenir de la langue française ; avec l’assistance de Mme Lydie CASSARIN-GRAND :

    Lundi 24 mars 2014 : « L’Action française, les royalistes et les langues du royaume » avec MM. Olivier PERCEVAL, Secrétaire général de l’Action française, François MARCILHAC essayiste et directeur éditorial de l’AF 2000, et Joël BROQUET, président du Carrefour des Acteurs sociaux, ancien président de l’Agence de la Langue française créée par Philippe de Saint Robert.

    Lundi 24 mars 2014 de 10h45 à 11h45 ; puis rediffusions la même semaine : lundi 24 à 14h, mardi 25 à 6h, samedi 29 mars à 10h45.

  • Farida Belghoul appelle à la mobilisation générale pour les JRE - Mars 2014

  • Cet antichristianisme récurent qui sévit parmi le groupe socialiste du Parlement européen

    Puisque nous approchons des élections européennes, il est utile de relever ce qui s’y fait. Médias-Presse.Info publiera une série d’articles sur le fonctionnement et le coût de ce parlement européen.

    Mais commençons par signaler l’acharnement antichrétien que certains y entretiennent. Véronique De Keyzer est un eurodéputé socialiste élu en Belgique francophone. Elle est également vice-présidente du groupe Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) au parlement européen.

    véronique-dekeyser-MPI

    (photo : Véronique De Keyzer)

    Fin février, elle a écrit une lettre à tous ses collègues pour dénoncer un amendement soulignant « les valeurs chrétiennes » de l’Europe

    Lire la suite

  • Comment agir pour rendre à la société sa pleine vie naturelle ?

    APour Jean Ousset dans les principes fondamentaux de son livre l'Action, notre but n’est pas de rétablir artificiellement un certain système politique et social, la victoire d’un parti. Nous pourrions dans ce cas recourir aux procédés partisans, parce que « dialectisants », de la « Révolution ».

    Nous avons à rendre à la société sa santé, sa vie même, naturelle et vraie.

    Et cela est bien autre chose que de leur substituer quelques formules artificielles d’organisation.

    Née de la raison raisonnante, la Révolution tend à imposer des formules nées du seul esprit humain. Aussi est-elle conduite, par logique interne, à l’emploi de moyens qu’on pourrait dire étrangers à l’ordre naturel. Procédés de pression hétérogènes, violence faite à la nature des choses.

    Moyens qui, il faut le reconnaître, sont parfaitement adaptés à cette besogne.

    Mais pour nous qui, selon les termes de saint Pie X, ne cherchons pas à rebâtir la Cité autrement que Dieu ne l’a bâtie, nous savons bien que la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à construire dans les nuées.

    Ce qui suppose la connaissance des lois et conditions de vie de la société.

    Ce qui n’est rien d’autre que le sens du Vrai, lequel s’acquiert d’abord par la doctrine.

    Nous disons : « d’abord »…

    • Parce qu’une longue pratique peut seule porter à sa perfection ce sens du vrai.
    • Parce que nous savons en outre que, sans doctrine, les virtuosités manœuvrières ont tôt fait de sombrer dans un pragmatisme inadmissible.

    Il n’empêche qu’une formation trop « principielle », trop dogmatique, trop spéculative peut n’être pas sans danger. Et il est bon de la doubler par une connaissance plus concrète, telle qu’on la trouve, par exemple, dans l’histoire et maintes disciplines humaines. …

    Seul mérite le titre de « prudent » celui qui a le sens de la complexité et donc de la hiérarchie des notions et des choses. …

    Dès que pensée et action, en effet, cessent d’aller ensemble, elles se corrompent toutes deux, s’exaspérant de part et d’autre en formules vaines…

    C’est l’aspect, bien connu, de l’homme d’action sans doctrine. Spécialiste d’un ou deux procédés, et qui cherche moins à résoudre les problèmes qui se posent effectivement qu’à exécuter en toute occasion un certain nombre d’opérations ou exercices, toujours les mêmes : manifestations, réunions, publications… Moyens très extérieurs, et dont on a pu dire – même quand ils sont légitimes et bienfaisants – qu’ils sont plus orthopédiques que médicinaux.

    Or…. Nous avons à rendre à la Cité sa pleine vie naturelle.

    Au moins interdisons-nous de limiter l’action à sa forme orthopédique. Ayons à cœur de promouvoir une action médicinale qui guérisse vraiment. Ce qui peut être moins spectaculaire. Alors que l’action orthopédique, elle, se voit de loin, apparaît matériellement efficace. Et qui oserait discuter l’utilité de béquilles pour un boiteux ?

    L’inadmissible ne commence qu’à partir du moment où la gent orthopédiste se proclame plus efficace que les vrais médecins et détourne par là des seuls remèdes… Bien au-dessus d’une action sociale, politique, de type orthopédique, il faut placer l’action sociale et politique qui revitalise et guérit. Cette dernière est, il est vrai, beaucoup plus exigeante. Car si l’action orthopédique parvient à quelques résultats par des procédés tout mécaniques, une action revitalisante et « guérissante » suppose, pour être bien conduite, une connaissance profonde, à la fois théorique et pratique, de la seule et vraie doctrine.

    Lire et télécharger dans son intégralité le premier chapitre de l'Action de Jean Ousset.

    Au moment où des Français se lèvent pour défendre la dignité de toutes les personnes et de toute la personne, en particulier des plus fragiles, que faire pour une action durable ? Ce livre est un maître livre pour bien penser l’action en fonction du but poursuivi. Tout homme ou femme d’action le lira avec profit pour inspirer son engagement. Jean Ousset est le premier en effet à avoir méthodiquement formalisé une doctrine de l'action culturelle, politique et sociale à la lumière de l'enseignement de l'Eglise pour, concrètement répondre au mal par le bien. Action de personne à personne et actions multiformes en réseau, ses intuitions sont mises en œuvre magnifiquement dans l'utilisation d'internet. A l'encontre des pratiques révolutionnaires et de la dialectique partisane, si l'amitié est le but de la politique, Jean Ousset nous montre comment pour agir en responsable, l'amitié en est aussi le chemin.

    Le Salon Beige

  • Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes

    Ce matin, il y avait marché dans le centre-ville. Comme nous approchons des élections municipales, les abords et la grande allée étaient encombrés par les militants des différentes listes en lice. Le cru 2014 des municipales semble riche de suspens avec moult crocs-en-jambe et retournements. C’est ainsi que j’ai appris la fureur de François Lamy, ex député-maire, qui malgré sa bonne volonté et les efforts déployés n’a pas réussi à faire plier les écolos locaux qui présentent donc une liste. Autre événement rigolo, le MoDem qui précédemment s’était allié au PS vient de retourner sa veste pour faire cause commune avec la liste UMP-UDI. Le motif officiel serait l’alignement des représentants locaux sur la stratégie nationale du micro parti centriste. Pour ma part, je soupçonne fort le MoDem du cru d’avoir conservé une certaine rancune pour n’avoir pas été servi à la hauteur de ses appétits durant le précédent mandat.

     

    Mais avant d’aborder le sujet de mon billet, révisons notre histoire politique locale. Palaiseau a fait partie de ces villes dites de la "banlieue rouge", les maires étant communistes ou apparentés depuis 1945. Cependant, lassés de voir la fiscalité locale grimper, comme d’entendre de vilaines rumeurs autour d’une société d’économie mixte vraisemblablement responsable du délabrement des finances, les Palaisiens votent en 1991 pour un candidat RPR. Le gauchiste étant un électeur festif, les six années de vaches maigres en termes de réjouissances municipales, ne plaisent que modérément. C’est donc naturellement qu’en 2001 ils se donnent à François Lamy (PS) qui ambitionnait depuis longtemps le cumul  de l’édilat à son mandat de député. Assez rapidement, l’extrême gauche et le PCF rejoignent les rangs de l’opposition municipale, la politique de rationalisation des dépenses n’étant pas à leur goût. Pourtant, des dépenses il y en a. La ville crée un festival, "Jours de fête", qui accueille, chaque avant-dernier week-end du mois de juin, des artistes de renom, sans parler des troupes "d’art de la rue". Festival qui croit d’année en année, les têtes d’affiche étant de plus en plus prestigieuses.

     

    En 2008 François Lamy fait campagne en promettant un développement urbain raisonné, un accroissement du pourcentage des logements sociaux qui tournerait actuellement autour de 25% du parc total alors que la loi impose un minimum de 20%. Pourcentage qui va croître encore compte tenu de la part de logements sociaux imposés par la mairie dans tous les programmes en cours de réalisation ou à venir. Il fait également campagne autour de la mixité sociale et autres fadaises socialeuses. Bien évidemment, il est réélu. En fait de développement raisonné, la ville est prise d’une frénésie de construction, plus de 20 programmes en cours ou à réaliser, le nombre des habitants croît, et c’est donc mécaniquement que le nombre des conseillers municipaux passe cette année de 35 à 39. De nombreux programmes n’étant pas achevés, d’autres devant encore sortir de terre, dont deux nouveaux quartiers, le nombre de sièges va donc encore augmenter. Pour les prochaines élections municipales de 2020, la population devrait passer de 32000 à plus de 40000 habitants. 

     

    Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes socialistes. Seulement voilà, les premiers effets de cette politique commencent à se faire sentir. Les Palaisiens font partie, pour une part non négligeable d’entre eux, de ce que l’on appelle les "cadres et professions intellectuelles supérieures" (34%), et des "professions intermédiaires" (27%). Beaucoup travaillent dans l’enseignement supérieur et la recherche. S’ils sont venus à Palaiseau c’est parce qu’ils souhaitaient se rapprocher de leur lieu de travail tout en bénéficiant du cadre d’une petite ville rurbaine tout ce qu’il y a de plus tranquille, ayant conservé cette ambiance des villages d’antan. Or, leur bonne conscience de gauche a, comme toute chose en ce bas monde, ses limites. La mixité sociale, ethnique en vérité mais ce n’est pas politiquement correct, c’est bel et bon sur le papier, mais nettement moins lorsqu’elle commence à se présenter aux abords du quartier où l’on réside. Surtout lorsque les cambriolages connaissent année après année une hausse régulière, que les attaques à main armée, les vols divers, agressions, dégradations commencent également à faire leur apparition. Bien sûr, nous sommes loin des chiffres du 9-3 et des autres départements cosmopolites et interlopes, mais cela inquiète fort le bourgeois bohème qui se tourne vers la mairie pour demander le rétablissement de l’ancienne quiétude. Ajoutez à cela la présence d’un nouveau camp rom, installé depuis un an et demi, qui abrite environ 230 âmes et qui génère pas mal de désagréments (excréments, rats, vols, etc.), l’installation régulière et illégale de caravanes de gens du voyage, une fiscalité qui figure en bonne place dans le palmarès des villes du département les plus chères, une dette qui n’est pas loin d’être égale au montant du budget annuel de la ville, et vous aurez un tableau assez juste des motifs de crispation de l’électorat local. Crispation bien comprise par le PS local qui va axer une partie de sa campagne sur la sécurité. Lol comme disent les ados. Ce serait la droite qui se livrerait à cet exercice qu’on hurlerait au fascisme.

     

    Tous ces braves électeurs auraient pu s’épargner une partie de ces désagréments s’ils n’avaient pas voté socialiste. D’où le titre de mon billet. Bien évidemment, rares ceux qui assument leur vote passé, préférant porter tous ces désagréments au compte de la crise, de la politique sécuritaire de l’Etat, etc. Ce qui est loin d’être complètement faux, mais qui non nuancé, ressemble fort à une pitoyable tentative pour se dédouaner de toute responsabilité, et bien sûr de faire l’économie d’un examen de conscience qui pourrait avoir pour conséquence la remise en question de ses convictions politiques.

    http://koltchak91120.wordpress.com/

  • Chronique de livre: Eric Dardel et L’homme et la terre, 1952

    Eric Dardel et L’homme et la terre, 1952

    http://www.thbz.org/images/divers/lhommeetlaterre.jpg

    Attention, géographe non conforme.

    Eric Dardel peut être présenté comme un mal aimé pour son temps, ou devrions-nous plutôt dire "un ignoré". Né en 1899, mort en 1967, Eric Dardel fut un professeur d'histoire géographie qui appréciait la philosophie, mais fut également un homme de foi, vivant "authentiquement" son protestantisme. C'est donc tout naturellement qu'il édifia un ouvrage géographique imprégné de philosophie et d'humanité.

    Paru et aussitôt oublié en 1952, L'homme et la terre présente « des courants de pensée novateurs de la géographie contemporaine, celui de la phénoménologie, des perceptions et des représentations par les hommes de leur environnement terrestre » (7ème de couverture).

    Pourquoi cet auteur fut-il oublié et en quoi est-il au final une des clefs de voute de la pensée géographique actuelle ?

    La question peut se poser, compte tenu du fond et de la forme de ce livre.

    I-      Un ouvrage de géographie ou de philosophie ?

    A vrai dire, pour y répondre, il faut admettre le fait qu'Eric Dardel se place, dans ce livre, autant en géographe qu'en philosophe et en expérimentateur d'existence.

    A ce sujet, on pourra noter que la géographie n'est absolument pas incompatible avec la philosophie.

    Kant en fut la preuve vivante puisqu’avant d’être le philosophe réputé que l’on connaît et que l’on étudie encore beaucoup aujourd’hui, il fut professeur de géographie physique (Physische Geographie, 1802, – condensé des 49 cycles de cours à la géographie physique qu’il a a donné entre 1756 et 1796).

    Par ailleurs, faut-il rappeler toutes les réflexions philosophiques qu’entoure la question de l’espace, notamment à travers les travaux de Leibniz pour qui « l’espace est quelque chose d’uniforme absolument ; et sans les choses y placées, un point de l’espace ne diffère absolument en rien d’un autre point de l’espace »[1] (pour résumer : l’espace est un tout immuable qui existe indépendamment des choses et des hommes (et de leur point de vue)) et de Kant pour qui « l’espace n’est rien autre chose que la forme de tous les phénomènes des sens extérieurs, c’est-à-dire la condition subjective de la sensibilité sous laquelle seule nous est possible une intuition extérieure […] Nous ne pouvons donc parler de l’espace, de l’être étendu, etc., qu’au point de vue de l’homme »[2] (pour résumer : l’espace est construit subjectivement par l’homme, il est à travers le point de vue de l’homme).
    Dardel a un parcours philosophique fidèle aux grandes évolutions philosophiques de son temps. Il est à ce point héritier de Kant, et très proche de la pensée existentialiste et phénoménologique d’Heidegger surtout et de Merleau-Ponty.

    Les questions entre autre posées par ces philosophes sont les suivantes : comment se place l'homme dans l'inventaire fait de toutes les choses du monde ? Comment est-on soi-même ?
    En phénoménologie, l'homme n'est pas un spectateur extérieur du monde. L'homme est dedans, et ce dès qu'il le perçoit – la perception entrainant alors tout le registre de la sensibilité (que l'on retrouve beaucoup dans le style employé par Dardel dans son ouvrage).

    Eric Dardel, suivant ces préceptes, semble l’un des premiers à voir ce que la géographie peut tirer de la phénoménologie et de l’existentialisme, à entrevoir le lien qui noue toute personne avec son environnement, sur les relations existentielles que nouent l'homme et la terre.
    Cette approche permet à Dardel d’apporter une vision totalement novatrice, mais ignorée à l’époque, sur la géographie.

    La structure même de son livre permet d’entrevoir les grandes lignes de son approche, à savoir d'abord les différents types d'espace, puis le fait que la géographie n'est pas la nature, mais la relation entre l'homme et la nature, ce qui entraine une relation à la fois théorique, pratique et affective (du terrestre dans l'humain, et non de l'humain au terrestre). C’est cette seconde partie qui est réellement le cœur de cette nouvelle approche géographique.

    Avec ce livre, Eric Dardel a posé les bases de la géographie des perceptions. Il se place comme le porte flambeau de la "géographie de plein vent", expression inventée par Lucien Febvre et qui s'oppose à la "géographie de cabinet", celle qui se fait dans les bureaux grâce à des statistiques, des comptes rendus de voyage, des cartes, etc.

    Cette géographie peut être aussi assimilée aux cours en plein air, la "géographie de terrain", du spécialiste de la géographie régionale André Cholley (1886-1968).

     En outre, pour reprendre un passage très percutant du géographe Claude Raffestin – auteur d’une étude toute en finesse de Dardel, de son œuvre et aussi et surtout du Pourquoi n’avons-nous pas lu Eric Dardel ?[3], – on peut dire que Dardel fut un véritable avant-gardiste victime de sa clairvoyance :

     « Le drame de Dardel est d'avoir été en avance d'un paradigme sur ses contemporains. Formé au paradigme du «voir», il a écrit au moment où triomphait celui de l'« organiser» alors qu'il postulait celui de l'« exister ». Dardel n'assure aucune transition, il n'est pas à une charnière, il anticipe... et il est seul ou presque. Il est même d'autant plus seul que ses références géographiques le desservent en partie auprès des jeunes géographes et que paradoxalement celles de nature historique, philosophique et littéraire appartiennent dans les années cinquante à un courant qui s'estompe... mais qui réapparaîtra un quart de siècle plus tard, juste hier et aujourd'hui. »[4]

     II-   Quelle géographie ressort de l’œuvre de Dardel ?

     Et bien ce n’est pas à proprement parlé une géographie, mais des géographies.

    Ce qui importe le plus à Dardel, c’est « de suivre l’éveil d’une conscience géographique, à travers les différents éclairages sous lesquels est apparue à l’homme le visage de la Terre. Il s’agit donc moins de périodes chronologiques que d’attitudes durables de l’esprit humain vis-à-vis de la réalité environnante et quotidienne, en corrélation avec les formes dominantes de la sensibilité, de la pensée et de la croyance d’une époque ou d’une civilisation. Ces « géographies » se rattachent chaque fois à une certaine conception  globale du monde, à une inquiétude centrale, à une lutte effective avec le « fond obscur » de la nature environnante. »[5]

     Au fond donc, ce qui anime le projet de Dardel, c’est de montrer les relations multiples et complexes, mais hautement colorées, qui existent entre des peuples, des hommes, ou une personne, avec son environnement. Et cette relation est de l’ordre de l’affectif.

    Ainsi, lorsqu’il parle de « géographie mythique », il évoque une « relation existentielle [qui] commande quantité de rites et d’attitudes mentales. »[6]

    Pour cette géographie mythique, il emprunte beaucoup à Mircéa Eliade et notamment son ouvrage Traité d’histoire des religions. Concrètement, donc, la terre, la mer, l’air, le feu, pour reprendre des thèmes chers à Gaston Bachelard, sont au cœur du processus d’échange et de coexistence entre la terre en sens large et les hommes. D’ailleurs notons que les « hommes » pris en exemple sont souvent des peuplades aux rapports très privilégiés avec leur environnement, qui est souvent peu maniable (nordicité, aridité, forêt sempervirente).

     « Puisque la Terre est la mère de tout ce qui vit, de de tout ce qui est, un lien de parenté unit l’homme à tout ce qui l’entoure, aux arbres, aux animaux, aux pierres même. La montagne, la vallée, la forêt, ne sont pas simplement un cadre, un « extérieur », même familier. Elles sont l’homme lui-même. C’est là qu’il se réalise et qu’il se connaît.[7] »

     Le mythe joue un rôle primordial dans l’élaboration d’un dialogue entre cette nature, cet environnement, et les hommes. Ces mythes permettent d’ailleurs de faire le lien entre une Terre « berceau » ou « origine », et une Terre qui est présence actuelle.

    « La Terre se manifeste comme actualisation sans cesse renouvelée en vertu de la fonction éternisante du mythe.[8] »

    Il n’y a donc pas de rupture, pas de discontinuité entre le mythe et le discours, entre le religieux et la logique (Raffestin, page 476), mais bien une « totalité ». Dardel parle du mythe comme d’un absolu, absout du temps comme date et moment[9].

     III-             Quel usage faire de ces propos avec la géographie ? Que peut en retenir la géographie ?

     L’aspect novateur des idées développées par Dardel est de mettre en avant la tension qui existe entre le vécu et le connu. Il amène dans la géographie l’importance, non pas du décryptage de la Terre, mais du décryptage des relations mutuelles entre la Terre et les hommes.

    Dardel oscille donc « entre géographie de plein vent et géographie scientifique ». Ici, la géographie de plein vent serait cette perception de la Terre et ses relations avec et en l’homme. La géographie scientifique serait surtout fondée sur une méthodologie et une problématique.

     On le sait bien aujourd’hui que la géographie est le fruit des évolutions épistémologiques de ce dernier gros siècle et demi (depuis le milieu du XIXe siècle).

    Dardel, qui fut redécouvert dans les années 70-80 par les géographes sensibilisés par les nouvelles thèses philosophiques, sociologiques et anthropologiques (pensons à Levi-Strauss et le structuralisme, Morin et l’approche systémique, Foucault et Derrida et le déconstructionnisme), a apporté le subjectivisme dans l’approche géographique. Cette dernière n’en était pas totalement à son premier coup d’essai puisque le géographe Armand Frémont avait déjà initié la géographie à l’« espace vécu » (La région, espace vécu, 1976). Mais, Dardel reste clairement en avance de 25 ans, soit une génération.

    Cette subjectivité permet à la géographie d’aborder aujourd’hui les questions de l’exister dans un espace donné, d’habiter un territoire, et de saisir les liens et les relations multiples qui existent entre les acteurs ou actants, et ces espaces donnés (et cela à toutes les échelles d’analyse).

     Enfin, il faut reconnaître à Dardel une plume qui se fait rare dans le monde de la géographie, et même de façon générale dans le monde scientifique. A croire que la rigueur scientifique ne peut s’exprimer que par une austérité du style.

     En somme donc, le plaisir de lire Dardel va de pair avec la richesse conceptuelle qu’il ressort de son livre.

     A lire. Aristide pour le Cercle Non Conforme

    Notes et ouvrages:

    [1] G. W. LEIBNIZ, Troisième écrit, ou Réponse ou seconde réplique de M. Clarke, in Œuvres, Paris, Ed. Aubier-Montaigne, 1972, p. 416.

    [2] E. KANT, Critique de la raison pure, Paris, Ed. PUF, 1944, pp. 58-59.

    [3] RAFFESTIN Claude, « Pourquoi n’avons-nous pas lu Eric Dardel ? », Cahiers de géographie du Québec, 1987, vol. 31, n° 84, pp. 471-481. Disponible sur http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4356 .

    [4] Ibid, page 473.

    [5] L’homme et la terre, page 63.

    [6] Ibid, page 65.

    [7] Ibid, page 66.

    [8] Ibid, page 69.

  • Levi-Strauss, contre-révolutionnaire

    Tiré du blog de l’Abbé de Tanoüarn, cet extrait de Claude Levi-Strauss
    La Révolution a mis en circulation des idées et des valeurs qui ont fasciné l’Europe puis le monde, et qui procurèrent à la France, pendant plus d’un siècle, un prestige et un rayonnement exceptionnels. On peut toutefois se demander si les catastrophes qui se sont abattues sur l’Occident n’ont pas aussi là leur origine.
    LEVI-STRAUSS_Claude
    En quel sens ?
    Parce qu’on a mis dans la tête des gens que la société relevait de la pensée abstraite alors qu’elle est faite d’habitudes, d’usages, et qu’en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on pulvérise des genres de vie fondés sur une longue tradition, on réduit les individus à l’état d’atomes interchangeables et anonymes. La liberté véritable ne peut avoir qu’un contenu concret : elle est faite d’équilibres entre des petites appartenances, des menues solidarités : ce contre quoi les idées théoriques qu’on proclame rationnelles s’acharnent; quand elles sont parvenues à leurs fins, il ne leur reste plus qu’à s’entre-détruire. Nous observons aujourd’hui le résultat.

    Claude Lévi-Strauss - De près et de loin (1988).

    A rapprocher de l’excellente analyse sur L’éclipse des Lumières, écrite par un jeune abbé.
  • Ouganda : un pays à contre-courant

    Le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué lundi cette loi qui durcit la pénalisation de l’homosexualité et qu’il avait un temps renoncé à signer (à cause des pressions de l’Occident). Une décision qui a bien sûr provoqué des réactions politico-médiatiques très négatives à travers le monde.

    Les relations homosexuelles sont déjà passibles de la prison à vie en Ouganda. Mais la nouvelle législation, adoptée mi-décembre par le Parlement, interdit notamment toute « promotion » de l’homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque l’étant.

    Les dispositions les plus controversées, prévoyant la peine de mort en cas de récidive ou de rapport avec un mineur ou en se sachant porteur du virus du sida ont toutefois été abandonnées.

    Les politiques ougandais ne veulent pas que ce pays, majoritairement catholique, ne ressemble à l’Occident dégénéré.

    L’Afrique a-t-elle dépassé l’Occident en termes de (vraie) civilisation ?

    http://www.contre-info.com/