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  • Hollande prochain prix de la carpette anglaise ?

    Langue française à la poubelle

    Un paradoxe que je ne m’explique pas : l’État français veut attirer des étudiants étrangers, mais en vue de les enseigner en anglais… Qu’est-ce que de tels étudiants auraient à faire en France s’ils devaient y être enseignés en une autre langue que celle de notre pays ?

    Les contribuables pourraient-ils voir d’un bon œil que leur argent – car enfin cet État ne dépense que l’argent qu’il reçoit des citoyens ! – serve à ruiner la culture dont ils sont les créateurs ? Et première au-devant de cette culture, leur langue abaissée au point d’être retirée des universités dont ils assument les frais ?

    La langue française n’a jamais été aussi en danger que sous la présidence de Monsieur Hollande : toujours le syndrome d’une obsession dont on cache honteusement la cause : rien d’autre que l’obséquieuse adoration d’une langue impériale dont l’épicentre est à Wall Street.

    Il faut en finir avec la soi-disant impossibilité de trouver du travail – la « job » comme disent les états-uniens et aussi les affichettes que multiplie dans les rames du métro parisien une école d’enseignement de cette « langue-pour-tous » qu’on veut nous imposer pour mieux servir les intérêts de multinationales qui sont, en vérité, des « sans nationalité », à moins qu’elle ne se soient toutes, secrètement, vouées au seul Wall Street avec la bénédiction de nos propres gouvernants…

    Il suffit de savoir que le projet de loi soutenu par Madame Fioraso permettrait à nos universités d’enseigner la culture française en ses aspects politiques, sociétaux, juridiques et économiques en la langue qui nie la nôtre, et qu’elle subvertit depuis la fin de la dernière guerre mondiale : voir le Plan Marshal qui ne fut accordé qu’au prix de l’exclusivité des produits des industries culturelles états-uniennes [1], sans contrepartie de la part de la France. Depuis, notre jeunesse a été élevée dans l’idolâtrie de cette culture sans liens avec nos racines et notre histoire [2], excepté La Fayette et la victoire de la marine française à Chesapeak, qui fut déterminante pour l’accession à l’indépendance des Yanquis [3]. Je ne dédaigne certes pas Champlain, mais la France l’ayant elle-même oublié, ce rappel ne servirait à rien… même si ses aventures auraient pu donner l’occasion de beaux films à notre « industrie » du cinéma… [...]

    Dominique Daguet - La suite sur France Catholique

    http://www.actionfrancaise.net

  • Mgr Aillet appelle à ne rien lâcher

    Dans son éditorial du mois de mai :

     

    "À condition qu’elle demeure pacifique, évitant soigneusement de se laisser piéger par les multiples provocations à la violence de la part d’une poignée d’extrémistes prêts à en découdre, voire de policiers en civil infiltrés, cette mobilisation est pleinement légitime. Le 17 avril au soir à Paris, j’ai été le témoin fier et ému devant la gravité calme et silencieuse de centaines de jeunes « veilleurs pour la famille », engagés dans un « sitting » aux Invalides au nom de leur « résistance spirituelle ». Aucune provocation, y compris de policiers désarmés par leur attitude pacifique, n’a pu entamer cette non-violence, moins empruntée à une technique de comportement qu’au ressort de leur vie intérieure. Ces jeunes manifestants, qui se refusent à faire passer leur intérêt particulier avant le bien commun de la société et qui demeurent dans le respect des personnes, ont besoin d’être encouragés par des pasteurs qui leur rappellent que « la fine pointe du combat que nous avons à mener n’est pas une lutte idéologique ou politique. Elle est une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons… Alors, l’écart qui doit apparaître entre notre manière de vivre et les conformismes de la société ne pourra pas être perçu comme un jugement pharisien, mais comme un espace d’appel et comme une espérance » (cardinal André Vingt-Trois). Ces jeunes auront besoin d’être accompagnés spirituellement, voire formés à une action sociale et politique conforme à l’enseignement de l’Église, pour pérenniser ce « printemps des consciences » dont ils sont appelés à être les acteurs privilégiés. Il ne faut donc rien lâcher, ni dans la fermeté de la mobilisation, ni dans la douceur qui seule convertit en nous la violence en force d’âme ! D’ailleurs, l’approbation parlementaire, voire l’avis favorable du Conseil constitutionnel et même les décrets d’application ou les ordonnances du gouvernement, ne changeraient rien à notre opposition de fond, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29), selon le mot de l’apôtre Pierre comparaissant devant le Sanhédrin. C’est qu’un Parlement n’a pas autorité pour redéfinir le mariage qui est d’institution divine.

    Mais il convient que cette résistance soit spirituelle, en puisant à la source de la prière, et morale, en inscrivant les convictions anthropologiques que nous défendons dans nos modes de vie quotidienne. Il faudra donc avoir le courage de résister au monde ambiant, ainsi que le suggérait le cardinal Joseph Ratzinger, en 2004, se prenant à rêver le futur d’une « Église intériorisée », « qui ne se targuera pas d’un mandat politique, qui ne fera pas les yeux doux ni à la droite ni à la gauche », une Église de pauvres, petit troupeau qui redonnera l’espérance à un peuple immense, à condition « d’avoir le courage et la force de se montrer différent de ce que propose la modernité ». [...]"

    Michel Janva   http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Le Discours du rectorat : Martin Heidegger

    L’Université allemande envers et contre tout elle-même

    Prendre en charge le rectorat, c’est assumer l’obligation de diriger l’esprit de cette École supérieure. La décision d’accepter de suivre, chez les maîtres et les élèves, s’éveille et prend force seulement à partir du véritable et commun enracinement dans l’essence de l’Université allemande. Or cette essence ne parvient à la clarté, à la hauteur et à la puissance que si, avant tout et toujours, ceux qui dirigent sont eux-mêmes dirigés – dirigés par le caractère inexorable de la mission spirituelle qui force le destin du peuple allemand à recevoir l’empreinte typique de son histoire.

    Savons-nous ce qu’il en est de cette mission spirituelle ? Que la réponse soit oui ou bien non, inévitable demeure la question : sommes-nous, corps des maîtres et corps des élèves de cette École supérieure, sommes-nous véritablement et en commun enracinés dans l’essence de l’Université allemande ? Cette essence a-t-elle une vraie force pour marquer de son empreinte notre Dasein ? Seulement, sans doute, à condition que cette essence, de fond en comble, nous la voulions. Mais qui pourrait en douter ? Couramment, on fait prévaloir comme caractéristique essentielle de l’Université le fait qu’elle « s’administre elle-même » ; cela doit être maintenu. Toutefois, avons-nous aussi médité a fond ce que cette revendication d’autonomie administrative exige de nous ?

    Autonomie administrative, cela veut pourtant bien dire : nous fixer à nous-mêmes la tâche, et déterminer nous-mêmes la démarche susceptible de la faire devenir réelle, afin, la même, d’être nous-mêmes ce que nous avons à être. Mais savons-nous donc qui nous sommes nous-mêmes, ce corps des maîtres et des élèves de la plus haute école du peuple allemand ? pouvons-nous même au premier chef le savoir sans le plus constant et le plus tranchant retour méditatif sur nous-mêmes ?

    Ni la connaissance de la situation actuelle de l’Université, ni la familiarité avec son histoire antérieure ne garantissent à elles seules un savoir suffisant de son essence – à moins qu’auparavant, avec clarté et tranchant, nous délimitions cette essence pour l’avenir ; qu’en une telle limitation de soi-même, nous voulions cette essence ; et qu’en un tel vouloir, nous soyons envers et contre tout nous-mêmes.

    S’administrer soi-même ne tient que sur le fond de la méditation qui se reprend soi-même. Le retour méditatif sur soi-même, à son tour, n’a lieu que si l’Université allemande a la force de se maintenir elle-même envers et contre tout. Allons-nous accomplir ce maintien, et comment ?

    L’Université allemande se maintenant elle-même envers et contre tout, ce n’est rien d’autre que la volonté qui veut en commun son essence de manière conforme à l’origine. L’Université allemande est pour nous l’École supérieure qui, à partir de la science et grâce à la science, entreprend d’éduquer et de discipliner les dirigeants qui veillent sur le destin du peuple allemand. Le vouloir qui veut l’essence de l’Université allemande veut du même coup la science, en ceci qu’il veut la mission historiquement spirituelle du peuple allemand comme peuple se connaissant en son État. Science et destin allemand, il faut qu’ils accèdent ensemble – dans la volonté de l’essence à la puissance. Et ils y parviendront, et n’y parviendront que si nous autres – corps des maîtres et corps des élèves – d’abord exposons la science à sa plus intime nécessité, et si ensuite nous faisons face au destin allemand en sa plus extrême urgence.

    L’essence de la science, nous n’en faisons assurément pas l’expérience en sa nécessité la plus intime tant que, discourant sur le « nouveau concept de la science », nous dénions à une science qui n’est que par trop celle d’aujourd’hui son autonomie et son absence de présuppositions. Cette façon de faire uniquement négative et qui ne remonte guère au-delà des dernières décennies finit par n’être que l’apparence d’un effort véritable portant sur l’essence de la science.

    Voulons-nous saisir l’essence de la science ? Alors il faut affronter d’abord la question critique : la science doit-elle pour nous continuer d’être, ou bien devons-nous la laisser courir vers une fin rapide ? Que science, au premier chef, il doive y avoir, voilà qui n’est jamais absolument nécessaire. Si la science doit être, et si elle doit être pour nous et par nous, à quelle condition peut-elle alors véritablement continuer ?

    Seulement si nous nous plaçons à nouveau sous la puissance du commencement de notre Dasein historique par l’esprit. Ce commencement est la rupture par laquelle s’ouvre la philosophie grecque. Là se dresse l’être humain de l’Occident : à partir de l’unité d’un peuple, en vertu de sa langue, pour la première fois tourne vers l’étant en entier, il le met en question et le saisit en tant que l’étant qu’il est. Toute science est philosophie, qu’elle soit capable de le savoir et de le vouloir, ou non. Toute science reste imbriquée dans ce commencement de la philosophie. C’est de lui qu’elle puise la force de son essence, à supposer au premier chef qu’elle reste encore à la hauteur de ce commencement.

    Nous voulons ici regagner pour notre Dasein deux propriétés qui caractérisent l’essence originalement grecque de la science. Chez les Grecs circulait un vieux récit, selon lequel c’est Prométhée qui aurait été le premier philosophe. C’est à ce Prométhée-là qu’Eschyle fait dire une parole qui énonce l’essence du savoir :

    « Savoir, pourtant, est de beau coup moins fort que nécessité. »
    (Prom., 514, ed. Wit.)

    Cela veut dire : chaque savoir des choses demeure d’abord livré sans défense à l’excessive puissance du destin et reste sans parole devant elle.

    C’est justement pourquoi il faut que le savoir déploie sa plus haute provocation – face à laquelle seulement se dresse l’entière puissance du retrait de l’étant – afin de rester réellement sans parole. C’est ainsi justement que l’étant s’ouvre en son inapprofondissable inaltérabilité, et donne au savoir sa vérité. Ce verdict sur la féconde impuissance du savoir est une parole des Grecs, chez qui l’on voudrait à trop bon marché trouver l’exemple prototypique d’un savoir purement axé sur lui-même et, par là, oublieux de soi – ce que l’on nous interprète comme l’attitude « théorique ». Mais qu’est-ce que la theoria pour les Grecs ? On répond : la pure considération, qui demeure liée uniquement à ce qui est en question, dans sa plénitude et son exigence. Ce comportement considérateur devrait même, si l’on se réfère aux Grecs, n’avoir lieu qu’a dessein de lui-même. Mais cette référence n’est pas juste. Car d’abord la « théorie » n’a pas lieu à dessein d’elle-même, mais uniquement dans la passion de rester proche de l’étant comme tel et sous son astreinte. En outre, les Grecs luttaient justement afin de comprendre et d’accomplir ce questionnement considérateur comme une modalité, voire comme la modalité la plus haute de l’energeia, de l’« être-à-l’oeuvre » humain. ils ne songeaient nullement à aligner la praxis sur la théorie, mais à l’inverse visaient à entendre la théorie elle-même comme la mise en œuvre la plus haute d’une praxis de bon aloi. Pour les Grecs, la science n’est pas un « bien culturel » ; elle est au contraire le lieu médian qui détermine au plus intime tout le Dasein du peuple et de l’État. La science, pour eux, n’est pas non plus un simple moyen de rendre conscient ce qui est inconscient ; elle est la puissance qui tient acéré et enserre de partout le Dasein tout entier.

    Science : en questionnant, tenir debout au milieu de l’étant en entier constamment en train de s’abriter dans le retrait. Cette persévérance à l’œuvre y sait du même coup qu’elle est impuissante devant le destin.

    Voilà ce qu’est initialement la science. Mais le commencement ne se trouve-t-il pas deux mille cinq cents ans derrière nous ? Le progrès humain n’a-t-il pas fait changer aussi la science ? Certes ! L’interprétation ultérieure du monde par la théologie chrétienne, aussi bien qu’après, la pensée mathématiquement technique des Temps modernes, ont éloigné la science de son commencement, pour ce qui est du temps comme du contenu. Mais par là, le commencement lui-même n’est en rien dépassé, et encore moins aboli. Car, à supposer que la science originalement grecque soit quelque chose de grand, alors c’est le commencement de cette grandeur qui demeure en elle ce qu’il y a de plus grand. L’essence de la science ne pourrait même pas être vidée et usée, comme c’est le cas aujourd’hui, malgré tous les résultats et toutes les « organisations internationales », si la grandeur du commencement ne tenait pas encore. Le commencement est encore. II ne se trouve pas derrière nous comme ce qui a été il y a bien longtemps ; tout au contraire, il se tient devant nous. En tant que ce qu’il y a de plus grand, le commencement est passé d’avance au-dessus de tout ce qui allait venir, et ainsi déjà au-dessus de nous-mêmes, pour aller loin au-devant. Le commencement est allé faire irruption dans notre avenir : il s’y tient comme la lointaine injonction à nous adressée d’en rejoindre à nouveau la grandeur.

    C’est seulement si nous nous rallions résolument à cette lointaine injonction, afin de regagner la grandeur du commencement, c’est seulement alors que la science va nous devenir la nécessité la plus intime du Dasein. Autrement, elle demeure une occurrence où nous nous trouvons par hasard, ou bien le confort paisible d’une occupation sans péril, celle de contribuer au simple progrès des connaissances.

    Mais si nous nous rallions à la lointaine injonction du commencement, la science ne peut que devenir ce qui a lieu au plus profond du Dasein qui est, par l’esprit, celui de notre peuple. Et surtout si notre Dasein le plus propre se trouve même devant un grand changement, si est vrai ce qu’a dit, cherchant passionnément le Dieu, le dernier philosophe allemand, Frédéric Nietzsche, a savoir : « Dieu est mort », s’il nous faut prendre au sérieux cet abandonnement de l’homme d’aujourd’hui au milieu de l’étant, qu’en est-il alors de la science ?

    Alors, ce qui était initialement la tenue des Grecs – l’endurance admirative devant l’étant – se change en celle d’être, pleinement à découvert, expose à ce qui est en retrait et incertain, c’est-à-dire a ce qui est problématique, i.e. digne d’être mis en question. Questionner, alors, n’est plus seulement la phase dépassable qui précède la réponse, laquelle ne serait autre que le savoir. Questionner au contraire devient en soi même la figure où culmine le savoir. Le questionnement déploie alors sa force la plus grande, celle d’ouvrir et découvrir l’essentiel de toute chose. Questionner force alors à simplifier à l’extrême le regard portant sur l’incontournable.

    Questionner ainsi fait se briser l’isolement et la sclérose des sciences en disciplines séparées, les ramène de leur dispersion sans limite et sans but en champs et secteurs dissociés, et expose de nouveau la science immédiatement à la fécondité et aux bienfaits de toutes les puissances configuratrices-de-monde du Dasein humain et historique – telles que sont là : nature, histoire, langue ; peuple, mœurs, État ; poésie, pensée, foi ; maladie, folie, mort ; droit, économie, technique.

    Si nous voulons l’essence de la science en ce sens, à savoir : questionnant, faire face à découvert au milieu de l’incertitude de l’étant en entier, alors vouloir ainsi va donner à notre peuple son monde, celui du péril le plus intime et le plus extrême, c’est-à-dire son monde spirituel au vrai sens du terme. Car « esprit », ce n’est ni la subtilité vide ni le jeu sans engagement du bon sens ni l’exercice interminable de l’entendement se livrant à ses analyses, et encore moins la raison universelle. L’esprit, c’est au contraire : dans un accord au ton de l’origine, savoir s’être résolu pour l’essence de l’être. Et le monde spirituel d’un peuple n’est pas l’étage surajouté d’une culture, pas plus que l’arsenal des connaissances et des valeurs employables. C’est au contraire la puissance de la mise à l’épreuve la plus profonde des forces qui lient un peuple à sa terre et à son sang, comme puissance du plus intime éveil et du plus extrême ébranlement de son Dasein. Seul un monde spirituel est garant pour le peuple de sa grandeur. Car il force à décider constamment entre vouloir la grandeur et laisser faire le dévalement ; il force à ce que cette constante décision devienne la cadence qu’il s’agit d’imprimer à la marche que notre peuple a entamée vers son histoire future.

    Si nous voulons cette essence de la science, alors il faut que le corps des maîtres de l’Université se porte effectivement aux avant-postes du péril qu’est la constante incertitude du monde. Si là il tient ferme, autrement dit : si lui croît de là – dans l’essentielle proximité de l’astreinte de toute chose le questionnement commun et le dire accordé au ton d’une communauté, alors il aura la force de diriger. Car ce qu’il y a de décisif dans le fait de diriger, ce n’est pas d’aller simplement en tête, mais bien la force de pouvoir aller seul, non par entêtement et désir de dominer, mais en vertu d’une destination (la plus profonde) et d’un devoir (le plus ample). Une telle force lie à l’essentiel, fait la sélection des meilleurs et éveille la véritable disposition à suivre chez ceux qui ont repris courage. Mais cette disposition à suivre, nous n’avons pas même à l’éveiller. Le corps des étudiants allemands est en marche. Qui cherche-t-il ? II cherche les dirigeants par lesquels il veut voir sa propre destination élevée à la vérité fondée en savoir et installée au sein de la clarté de parole et d’œuvre qui l’interprètent et la font devenir agissante.

    De cette résolution, en laquelle font corps les étudiants allemands – celle de faire face au destin allemand en son urgence la plus extrême -, vient une volonté qui veut l’essence de l’Université. Cette volonté est une vraie volonté, pour peu que le corps étudiant allemand, par le nouveau droit des étudiants, se place lui-même sous la loi de son essence et ainsi d’abord circonscrive cette essence. Se donner à soi-même la loi, telle est la liberté la plus haute. La « liberté universitaire » (qu’on a tant chantée) est chassée de l’Université allemande ; car cette liberté-là était de mauvais aloi, étant uniquement négative. Elle signifiait avant tout : insouciance, arbitraire des intentions et inclinations, absence de liens dans les faits et gestes. Le concept de la liberté, pour l’étudiant allemand, est à présent ramené à sa vérité. De celle-ci se déploient désormais lien et service du corps étudiant allemand. Le premier lien est celui qui lie à la communauté du peuple. II oblige, en portant sa part et en prenant part, à participer aux peines, aux aspirations et aux savoir-faire de toutes les catégories sociales et de toutes les parties du peuple. Ce lien est désormais concrétisé et ancré dans le Dasein étudiant par le service du travail.

    Le deuxième lien est celui qui lie à l’honneur et au destin de la nation, au milieu des autres peuples. II demande – assurée en savoir et savoir-faire, et tendue par la discipline – la disponibilité à payer de sa personne jusqu’au bout. Ce lien embrasse et traverse à l’avenir le Dasein étudiant tout entier comme service de défense.

    Le troisième lien du corps étudiant est celui qui lie à la mission spirituelle du peuple allemand. Ce peuple œuvre à son destin cependant qu’il installe son histoire au beau milieu de la manifesteté qu’est désormais l’excessive puissance de toutes les puissances configuratrices-de-monde du Dasein humain, et que du même coup il se regagne sans cesse de haute lutte son monde spirituel. C’est en étant exposé de la sorte à la plus extrême problématicité de son propre Dasein, que ce peuple a la volonté d’être un peuple spirituel. II réclame de lui-même et pour lui-même, en ceux qui le dirigent et veillent sur lui, la clarté la plus tranchante du savoir le plus haut, le plus ample et le plus riche. Une jeunesse étudiante qui tôt se risque au cœur de l’âge viril, et tend l’arc de son vouloir sur le destin futur de la nation, une telle jeunesse se force, du plus profond d’elle-même, à servir ce savoir. Pour elle, le service du savoir, il ne sera plus permis qu’il lui soit la formation anodine et rapide menant à une profession « distinguée ». C’est bien parce que l’homme d’État et le maître d’école, le médecin et le juge, le prêtre et l’architecte dirigent le Dasein du peuple et de son État, le gardent en ses rapports fondamentaux aux puissances configuratrices-de-monde et ne le laissent pas s’émousser, que le service du savoir à la responsabilité des professions et de l’éducation qui y mène. Le savoir n’est pas au service des professions, mais à l’inverse : les professions appellent à se réaliser le savoir suprême et essentiel que le peuple à de son Dasein tout entier, et elles le mettent en œuvre. Or ce savoir ne nous est pas la tranquille prise de connaissance d’entités et de valeurs en soi, mais bien la mise en péril la plus aiguë du Dasein au milieu de l’excessive puissance de l’étant. C’est donc au premier chef la problématicité de l’être qui extorque au peuple son travail et sa lutte, le forçant à prendre la forme de son État, dont font partie les professions.

    Les trois liens – par le peuple, au destin de l’État, dans la mission spirituelle – sont, pour l’essence allemande, d’égale originalité. Les trois services qui de là prennent naissance – service du travail, service de défense et service du savoir – sont également nécessaires et de rang égal.

    Le savoir qui a connaissance du peuple en prenant part à son travail, le savoir qui a connaissance du destin de l’Etat en se tenant prêt pour lui, ces deux savoirs forment, dans l’unité avec le savoir qui à connaissance de la mission spirituelle, l’essence originale et pleine de la science dont la mise en œuvre est notre tâche – à supposer que nous nous ralliions à la lointaine injonction du commencement de notre Dasein historique par l’esprit.

    Telle est la science qui est en vue quand l’essence de l’Université allemande est circonscrite comme École supérieure qui, à partir de la science et par la science, entreprend d’éduquer et discipliner les dirigeants qui veillent sur le destin du peuple allemand.

    Ce concept original de la science n’oblige pas seulement à adopter vis-à-vis de ce qu’on traite, une attitude de pure objectivité ; il oblige avant tout à être essentiel et simple dans le questionnement au milieu du monde spirituel et historique qui est celui du peuple. De fait, c’est même seulement de là qu’une attitude de pure objectivité peut véritablement tirer sa justification – s’y fonder et y trouver son mode et sa limite.

    La science, en ce sens, il faut qu’elle devienne la puissance qui donne forme aux corps de l’Université allemande. Une double exigence s’y trouve sous-entendue : corps des maîtres et corps des élèves doivent d’abord, chacun à sa manière, être saisis par le concept de la science, et demeurer sous son emprise. Mais du même coup, ce concept de la science doit intervenir en changeant les grandes formes au sein desquelles les maîtres et les élèves, chaque fois, travaillent en commun scientifiquement : dans les facultés et dans les groupements d’étudiants affiliés selon la matière choisie.

    La faculté n’est faculté que si elle va jusqu’à être un pouvoir – enraciné dans l’essence de la science qui est la sienne -, le pouvoir de légiférer dans le domaine de l’esprit, en vue de donner forme aux puissances du Dasein sous l’astreinte desquelles elle ne cesse de se trouver, pour, sous cette forme, les intégrer au monde spirituel du peuple, monde lui-même un.

    Le groupement d’étudiants n’est un tel groupement que si d’avance il prend sa place dans le domaine de cette législation spirituelle, et ainsi démantèle le cloisonnement par matières, en surmontant ce qu’a d’étriqué et de mauvais aloi une formation superficielle qui ne vise qu’à déboucher sur une profession.

    À l’instant même ou les facultés et les groupements d’étudiants mettent en train les questions essentielles et simples de leur science, maîtres et élèves sont aussi déjà empoignés par les mêmes ultimes nécessités et astreintes qui concernent le Dasein du peuple et de l’État.

    Toutefois, la mise en forme définitive de l’essence originale de la science demande tant de rigueur, tant de responsabilité et de patiente maîtrise qu’au regard de ce dessein, continuer consciencieusement à appliquer les méthodes de travail reçues, pas plus que pousser à leur réforme, ne peuvent faire le poids.

    S’il a fallu aux Grecs trois siècles pour seulement mettre en bonne voie et sur un terrain solide la simple question : qu’est-ce que la science ? -, comment nous serait-il permis à nous de croire que la clarification et le déploiement de ce qu’est l’Université allemande va pouvoir se faire dans le semestre en cours, ou dans le suivant ?

    Mais, à partir de ce qui vient d’être esquissé, nous savons déjà une bonne chose : l’Université allemande ne parviendra à sa forme et à sa puissance que si les trois services – service du travail, service de défense et service du savoir – trouvent ensemble originalement leur unité pour ne faire plus qu’une seule force capable d’imprimer sa marque typique. Cela veut dire :

    Vouloir l’essence, du côté des maîtres, voilà qui doit d’abord s’éveiller, puis se fortifier en devenant la simplicité et l’ampleur du savoir connaissant l’essence de la science. Vouloir l’essence, du côté des élèves, voilà qui doit se forcer à atteindre la plus haute clarté et discipline du savoir, et contribuer à intégrer dans l’essence de la science – dans l’exigence qu’elle y soit déterminante – la science qui doit en être partie intégrante, celle qui concerne le peuple et son État. Les deux vouloirs, il faut qu’ils se forcent mutuellement à engager la lutte où ils s’affrontent l’un l’autre. Toutes les capacités de la volonté et de la pensée, toutes les forces du cœur, toutes les aptitudes du corps doivent être développées par la lutte, exaltées dans la lutte et gardées sauves comme lutte.

    Nous choisissons la lutte du savoir, la lutte de ceux qui questionnent, et nous professons avec Carl von Clausewitz : « Je renonce à l’espoir frivole d’être sauvé par la main du hasard. »

    La communauté en lutte des maîtres et des élèves ne fera, pourtant, de l’Université allemande le lieu de la législation spirituelle, elle ne mettra en œuvre en elle le lieu médian du rassemblement le plus tendu pour le service suprême du peuple en son État, que si le corps des maîtres et le corps des élèves disposent leur Dasein avec plus de simplicité, plus de tranchant et en limitant leurs besoins encore plus que tous les autres compatriotes. Diriger implique en tout état de cause que ne soit jamais refusé à ceux qui suivent le libre usage de leur force. Or suivre comporte en soi la résistance. Cet antagonisme essentiel entre diriger et suivre, il n’est permis ni de l’atténuer, ni surtout de l’éteindre.

    La lutte seule tient ouvert cet antagonisme et implante en tout le corps des maîtres et élèves cette tonalité fondamentale à partir de laquelle se maintenir envers et contre tout soi-même, en s’établissant au sein de ses propres limites, transforme la résolution du retour méditatif sur soi-même en véritable pouvoir de s’administrer soi-même.

    Voulons-nous l’essence de l’Université allemande ou ne la voulons-nous pas ? Libre à nous : allons-nous – et jusqu’où – nous mettre de fond en comble, et pas seulement incidemment, en peine de cette méditation de soi et de ce maintien de soi envers et contre tout ? Ou bien, avec les meilleures intentions, ne ferons-nous que changer de vieilles institutions pour les remplacer par de nouvelles ? Personne ne nous empêchera de le faire.

    Mais personne non plus ne va nous demander si nous voulons ou non, alors que la force spirituelle de l’Occident fait défaut et que l’Occident craque de toutes ses jointures – alors que l’apparence de culture, en sa décrépitude, implose et attire toutes les forces dans la confusion, pour les laisser s’asphyxier dans la démence. Que quelque chose de tel ait lieu, ou n’ait pas lieu, cela dépend uniquement de ceci : nous voulons-nous encore comme peuple d’histoire et d’esprit, nous voulons-nous à nouveau – ou bien ne nous voulons-nous plus ? La décision sur ce point, chacun la partage avec les autres, même là, et surtout là où il esquive la décision.

    Mais nous voulons que notre peuple accomplisse sa mission historique.

    Nous nous voulons nous-mêmes. Car la jeunesse, la plus jeune force de notre peuple – celle qui, par-dessus nous, déjà tend au loin – la jeunesse a déjà décidé.

    La magnificence pourtant et la grandeur de cette rupture et de ce départ, nous ne la comprenons entièrement que si nous portons en nous le profond et ample consentement d’où la vieille sagesse grecque a puisé cette parole :

    « Tout ce qui est grand s’expose a la tempête… »
    (Platon, Politeia, 497 d9)

    Martin Heidegger, 27 mai 1933. http://dhdc2917.eu/

  • Machiavel et la révolution conservatrice – par Dominique Venner

    PARIS (via le site de Dominique Venner) - Portée par le printemps français, la révolution conservatrice est à la mode. L’un de ses plus brillants théoriciens mérite d’être rappelé, même si son nom fut longtemps décrié. Il est en principe peu flatteur d’être qualifié de « machiavélique » sinon de « machiavélien ». On voit en effet se dessiner comme un soupçon de cynisme et de fourberie. Et pourtant ce qui avait conduit Nicolas Machiavel à écrire le plus célèbre et le plus scandaleux de ses essais, Le Prince, était le souci et l’amour de sa patrie, l’Italie. C’était en 1513, voici donc exactement 500 ans, comme pour le Chevalier de Dürer récemment évoqué. Époque féconde !  Dans les premières années du XVIème siècle, Machiavel était pourtant bien le seul à se soucier de l’Italie, cette « entité géographique » comme dira plus tard Metternich. On était alors pour Naples, Gènes, Rome, Florence, Milan ou Venise, mais personne ne se souciait de l’Italie. Il faudra pour cela attendre encore trois bons siècles. Ce qui prouve qu’il ne faut jamais désespérer de rien. Les prophètes prêchent toujours dans le désert avant que leurs rêves ne rencontrent l’attente imprévisible des foules. Nous sommes ainsi quelques-uns à croire en une Europe qui n’existe que dans notre mémoire créatrice.

     

    Né à Florence en 1469, mort en 1527, Nicolas Machiavel était une sorte de haut fonctionnaire et de diplomate. Ses missions l’initièrent à la grande politique de son temps. Ce qu’il y apprit fit souffrir son patriotisme, l’incitant à réfléchir sur l’art de conduire les affaires publiques. La vie l’avait placé à l’école de bouleversements majeurs. Il avait 23 ans quand mourut Laurent le Magnifique en 1492. La même année, l’ambitieux et voluptueux Alexandre VI Borgia devint pape. D’un de ses fils, nommé César (en ce temps-là, les papes se souciaient peu de chasteté), il fit prestement un très jeune cardinal, puis un duc de Valentinois grâce au roi de France. Ce César, que tenaillait une terrible ambition, ne sera jamais regardant sur les moyens. En dépit de ses échecs, sa fougue, fascina Machiavel.

    Mais j’anticipe. En 1494, survint un événement immense qui allait bouleverser pour longtemps l’Italie. Charles VIII, jeune et ambitieux roi de France, effectua sa fameuse « descente », autrement dit une tentative de conquête qui bouscula l’équilibre de la péninsule. Après avoir été bien reçu à Florence, Rome et Naples, Charles VIII rencontra ensuite des résistances et dut se replier, laissant un épouvantable chaos. Ce n’était pas fini. Son cousin et successeur, Charles XII, récidiva en 1500, cette fois pour plus longtemps, en attendant que survienne François Ier. Entre-temps, Florence avait sombré dans la guerre civile et l’Italie avait été dévastée par des condottières avides de butin.

    Atterré, Machiavel observait les dégâts. Il s’indignait de l’impuissance des Italiens. De ses réflexions naquit Le Prince en 1513, célèbre traité politique écrit à la faveur d’une disgrâce. L’argumentation, d’une logique imparable, vise à obtenir l’adhésion du lecteur. La méthode est historique. Elle repose sur la confrontation entre le passé et le présent. Machiavel dit sa conviction que les hommes et les choses ne changent pas. C’est pourquoi le conseiller florentin continue à parler aux Européens que nous sommes.

    À la façon des Anciens – ses modèles – il croit que la Fortune (le hasard), figurée par une femme en équilibre sur une roue instable, arbitre la moitié des actions humaines. Mais elle laisse, dit-il, l’autre moitié gouvernée par la virtus (qualité virile d’audace et d’énergie). Aux hommes d’action qu’il appelle de ses vœux, Machiavel enseigne les moyens de bien gouverner. Symbolisée par le lion, la force est le premier de ces moyens pour conquérir ou maintenir un Etat. Mais il faut y adjoindre la ruse du renard. En réalité, il faut être à la fois lion et renard. « Il faut être renard pour éviter les pièges et lion pour effrayer les loups » (Le Prince, ch. 18). D’où l’éloge, dépourvu de tout préjugé moral, qu’il fait d’Alexandre VI Borgia qui « ne fit jamais autre chose, ne pensa jamais à autre chose qu’à tromper les gens et trouva toujours matière à pouvoir le faire » (Le Prince, ch. 18). Cependant, c’est dans le fils de ce curieux pape, César Borgia, que Machiavel voyait l’incarnation du Prince selon ses vœux, capable « de vaincre ou par force ou par ruse » (Ibid. ch. 7).

    Mis à l’Index par l’Église, accusé d’impiété et d’athéisme, Machiavel avait en réalité vis-à-vis de la religion une attitude complexe. Certainement pas dévot, il se plie cependant aux usages, mais sans abdiquer de sa liberté critique. Dans son Discours sur la première décade de Tite-Live, tirant les enseignements de l’histoire antique, il s’interroge sur la religion qui conviendrait le mieux à la bonne santé de l’Etat : « Notre religion a placé le bien suprême dans l’humilité et le mépris des choses humaines. L’autre [la religion romaine] le plaçait dans la grandeur d’âme, la force du corps et toutes les autres choses aptes à rendre les hommes forts. Si notre religion exige que l’on ait de la force, elle veut que l’on soit plus apte à la souffrance qu’à des choses fortes. Cette façon de vivre semble donc avoir affaibli le monde et l’avoir donné en proie aux scélérats » (Discours, livre II, ch. 2). Machiavel ne se risque pas à une réflexion religieuse, mais seulement à une réflexion politique sur la religion, concluant : « Je préfère ma patrie à mon âme ».

    Dominique Venner http://fr.novopress.info

    Pour les citations, je m’en rapporte aux Œuvres de Machiavel, traduction et présentation par Christian Bec, Robert Laffont/Bouquins, 1996.

  • Mariage gay : la résistance des édiles s'organise

    Lu dans Minute :

     

    "En cas de promulgation de la loi sur le mariage homosexuel, les maires seront légalement obligés de célébrer de telles unions, à moins de déléguer la cérémonie à un autre élu de leur conseil municipal, qui peut d’ailleurs être un membre de leur opposition.

    Mais certains, en refusant de déléguer ou en ne trouvant aucun élu prêt à le faire à leur place, risquent des poursuites de la part des préfets, voire une suspension temporaire. Cela pourrait être particulièrement le cas dans certaines communes rurales. Pourtant, deux maires de Dordogne, à Abjacsur- Baudiat (650 habitants) et Connezac (79 habitants) ont déjà fait savoir à la presse qu’ils ne transigeraient pas avec leurs convictions profondes. Pour Xavier Lemoine, maire (PCD-UMP) de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), que « Minute » a joint, la question est complexe en l’état actuel des choses:

    « Il faut d’abord que la loi sorte indemne de son examen par le Conseil constitutionnel. Il faut ensuite voir quelles seront les conséquences des manifestations des 5 et 26 mai, tout le monde étant à cran et nos jeunes ayant reçu un traitement assez hallucinant de la part du pouvoir ces derniers jours. Si le gouvernement reste sourd à nos revendications, les maires seront évidemment en première ligne. Je préfère donc ne rien dire sur le sujet pour l’instant avant d’avoir fait le tour de la question avec mes collègues. C’est une question de prudence. »

    Le gouvernement va avoir du fil à retordre… Les maires n’oublient visiblement pas que nous sommes à quelques mois d’élections municipales où la gauche emploiera tous les moyens pour éviter une déroute prévisible. De son côté, Jacques Remiller, maire UMP de Vienne (Isère) adversaire malheureux du rapporteur de la loi Taubira, Erwann Binet, lors des dernières législatives, attend sereinement la suite des évènements, d’autant plus qu’il ne se représentera pas en 2014 :

    « Ma carrière politique s’est fondée sur des valeurs, je ne vais pas les renier, quitte à en payer le prix. Mais je reste serein, j’en veux pour preuve le cas de Noël Mamère qui, après avoir célébré un mariage homosexuel à Bègles, n’avait fait l’objet que d’un mois de suspension de son mandat de maire. »

    De leur côté, plusieurs dizaines de milliers d’élus locaux ont signé l’appel du Collectif des maires pour l’enfance animé par Franck Meyer, maire Nouveau centre de Sotteville-sous-le-Val (Seine-Maritime) et Philippe Brillault , maire CNIP du Chesnay (Yvelines). On peut espérer que le gouvernement ait du fil à retordre dans les mois qui viennent s’il persiste dans son obstination à imposer cette loi pour le moins controversée".

    Lahire   http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • JEANNE D'ARC 2013 ! FÊTE NATIONALE !

    PARIS

    Les manifestations en hommage à Jeanne d’Arc sont organisées en commun par la Restauration Nationale et le CRAF - Centre  Royaliste d’Action française.

    Programme

    = Le  samedi 11 mai 2013 : de 14h à 18h, à la Maison des Mines, 27, rue Saint-Jacques, 75005 Paris, un colloque sur le thème: "Pour un printemps français : légalité et légitimité, quand la loi détruit la famille, la société, la nation..." (Métro: RER Port-Royal). Sous la présidence de François Marcilhac, directeur éditorial de "l’Action française 2000", et autour de Bernard Pascaud, Président de la Restauration Nationale, Stéphane Blanchonnet, président du Comité directeur de l’Action  française-CRAF, Olivier Perceval, secrétaire général de l’Action Française-CRAF, Maitre Trémolet de Villers, avocat et écrivain, Christian Franchet d’Espérey, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Universelle, Alain de Benoist, écrivain, Antoine Desonay, secrétaire général des étudiants d’A.F-CRAF., et diverses autres personnalités.

    = Le même samedi 11 mai : à 20h pour ceux qui le désirent, dîner amical au Restaurant l'Escarmouche, 40, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris (métro Cardinal Lemoine ou Maubert-Mutualité). Inscription préalable obligatoire à la Restauration Nationale, 7, rue Constance, 75018 Paris. Tel : 01.44.92.82.82. Courriel: restauration.nationale@wanadoo.fr (Tarif: 35 euros par personne, 60 euros pour les couples, 16 euros pour les étudiants).

    Le dimanche 12 mai 2013 : Cortège Traditionnel d'hommage à la Sainte de la Patrie. Rendez-vous à 9h30 devant l’Opéra de Paris. Départ du cortège à 10h. Dépôt de gerbes devant la statue de Jeanne d’Arc, place des Pyramides. Allocution de Bernard Pascaud, président de la Restauration Nationale.   

    jeanne d'arc place des pyramides.jpg

    MARSEILLE

    = La Fédération Royaliste Provençale déposera une gerbe au pied de la statue de Jeanne d'Arc de l'église des Réformés (haut de la Canebière), le vendredi 10 mai, à 18 heures.

    = Par ailleurs, en raison de l'importance des évènements en cours sur le plan national, la Fédération Royaliste Provençale participera, le samedi 11 et le dimande 12 mai, aux manifestations organisées à Paris. Voir le programme ci-dessus.

    Les Provençaux qui souhaiteraient y prendre part seront, naturellement, les bienvenus. Dans ce cas, s'inscrire (à Paris) aux adresses et numéros de téléphone notés ci-dessus. Renseignements : 06 08 31 54 97.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • L'Opinion

    L'opinion, la doxa en grec, s'oppose aux deux autres façons de penser à celle de la science (epistemé) et celle de la philosophie. Elle est considérée comme un savoir malpropre donc méprisée. Elle peut passer pour être l'expression d'une subjectivité alors qu'elle ne fait souvent que répéter ce que dit un groupe social, la collectivité....L'opinion a pourtant son mode de fonctionnement venant de la tradition, des mythes, de la religion, d'une mentalité collective.
    Elle est sociologiquement celle de la masse ou du peuple par opposition à « ceux qui savent », les experts, les diplômés, ceux qui ont fait des études. Elle exprime un rapport social.
    Les élites ont donc le plus grand mépris pour ceux qui ne savent pas et ne font que répéter l'opinion du peuple, c'est à dire celle du café du commerce.
    Dans les sondages ont met souvent en exergue la catégorie des diplômés et celle des non diplômés.
    L « opinion » des non diplômés étant présentée de façon plus ou moins sournoise comme celle de la bêtise, des incultes. On trouve souvent l'expression « plus les personnes sont diplômées, plus elles pensent ceci », ce qui sous-entend que la pensée contraire (ou différente) est celle des imbéciles. Bref l'opinion serait à l'opposé d'un savoir « vrai ».
    La destruction de l'opinion par la philosophie
    La philosophie s'est construite contre l'opinion. Dans la République Platon s'attaque à l'homme de l'opinion qui est un aveugle, un prisonnier, un malade. Toute l'histoire de la philosophie est liée à une dévalorisation de l'opinion. Si pour certains toutes les opinions se valent Platon rétorque que si toute opinion est vraie alors on a aussi l'opinion que l'opinion est fausse.
    On retrouvera cette condamnation chez Bachelard dans la formation de l'esprit scientifique : « la science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a en droit, toujours tort. L'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter ». On a là de façon presque caricaturale le point de vue de la Science qui rejoint celui de la philosophie avec Descartes dans le discours de la méthode lorsqu'il énonce les quatre principes de la méthode : « le premier étant de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connaisse évidemment être telle... ». Ce principe s'oppose bien sur à l'opinion comme à la tradition et l'autorité.
    Husserl où la doxa réhabilitée
    Face à la science, la doxa était honteuse. La doxa n'était qu'une somme de lieux communs (qui dort dîne...) ou de préjugés. Avec Socrate et son questionnement et l'élève Platon, la raison s'est construite jusqu'au système cartésien. L'opinion était fondée sur le quotidien de l'existence. Husserl a vu dans la doxa le monde de la vie premier. La doxa est donc réhabilité comme ce qui nous donne les premières explications de notre vécu. Le monde de la quotidienneté n'a en général que faire de la version scientifique du monde. Quand j'ai chaud je n'ai pas besoin de connaître la thermodynamique.
    La doxa pour Husserl a fondé les constructions postérieures de la Science. Mais la science n'a fait que désenchanter le monde premier de la quotidienneté. Elle a substitué des constructions logiques faites d'idéalités au monde de la vie. On peut dire que la phénoménologie à la différence de la Science a redonné sa place à la doxa.
    Heidegger
    Pour le philosophe I' « être-jeté » est l'affectivité du Dasein (être-là). Le Dasein est dans la quotidienneté c'est à dire qu'il se trouve dans un contexte historico-social. L'être-là est un « être-avec » donc il comprend le monde selon l'opinion de tous ce que Heidegger appelle le « on » anonyme. « On » se scandalise comme tout le monde. L'opinion du Dasein ne fait que partager l'opinion commune.
    Le philosophe parlera de dictature du « on ». L'existence est à l'origine inauthentique. L'être-là ne peut jamais se soustraire à cette interprétation quotidienne dans laquelle il a d'abord grandi. C'est en elle, à partir d'elle et contre elle que s'accomplit toute compréhension authentique. Heidegger comme Husserl réhabilite la doxa comme compréhension originaire.
    L'authenticité consiste à sortir de l'opinion commune. Le monde du « on » est une pré-compréhension.
    L'opinion chez Heidegger s'appelle aussi bavardage qui parle de tout. Le Dasein pour être authentique doit se détacher du « on ».
    À partir de l'opinion on retrouve la problématique de la vérité et de sa construction, L'homme a souvent la fatuité de croire que « son » opinion vient de lui alors qu'elle n'est que le produit de son milieu social, de l'école, de la société, des médias, des faiseurs d'opinion...
    Notre société est ambivalente car elle se veut technico-scientifique donc ne donnant de valeur qu'à la science et dans le même temps par ses sondages incessants elle donne une valeur immense à l'opinion publique où toutes les opinions se valent de l'imbécile ou « savant », ce terme maintenant comprenant par exemple des prix Nobel ou autres.
    Si l'opinion en mathématiques n'a guère de sens elle refait son apparition même dans des domaines comme la Science, la physique où il existe différentes interprétations et la biologie.
    L'opinion politique étant une conviction elle paraît donc hors du vrai ou du faux. Cette « opinion » politique se retrouve pourtant dans ce qu'on appelle les « sciences humaines ».
    L'opinion comme toute connaissance â sa part de métaphysique.
    PATRICE GROS-SUAUDEAU

  • Changement paisible de tête au royaume des Pays-Bas.

     

    Ce mardi 30 avril, les Pays-Bas changent de Chef d’Etat sans drame ni querelle, sans grandiloquence des discours et sans programme de promesses démagogiques : la reine Beatrix, 75 ans, abdique en effet 33 ans exactement après sa mère la reine Juliana, et cède la place à son fils aîné, le prince Willlem-Alexander d’Orange. Un nouveau souverain qui rajeunit l’institution comme cela se fait, en général, à chaque transmission du pouvoir monarchique d’un père-roi ou d’une mère-reine à leur enfant : miracle toujours renouvelé de la monarchie qui suit la logique naturelle de la vie et de la suite des générations, et qui motive aussi la reine elle-même lorsqu’elle explique qu’elle quitte sa fonction, non pas parce qu’elle serait trop lourde à assumer, mais parce que son fils incarne une nouvelle génération, celle-là même qui est aujourd’hui à la manœuvre dans ces temps compliqués.

    Aux Pays-Bas, l’abdication d’un souverain n’est pas extraordinaire, elle répond justement à cette particularité de la monarchie de s’adapter souplement aux volontés populaires sans rien céder sur le principe même de la transmission dynastique au sein de la même famille ni sur celui de la liberté du monarque « de durer » autant qu’il s’en sent la force et en ressent la nécessité. Après tout, pourquoi pas ? Cette retraite des souverains, de plus en plus fréquente, correspond aussi à une conception du temps politique qui prend en compte les rigueurs de l’âge et laisse la liberté au roi ou à la reine, liberté toute monarchique et quasi absolue, de gérer son calendrier en dehors de toute contingence électorale, montrant ainsi à nouveau que la magistrature suprême de l’Etat reste indépendante du temps démocratique sans forcément, d’ailleurs, remettre en cause les grands principes de la représentation ou de l’exercice démocratique pour les citoyens.

    Bien sûr, la monarchie des Pays-Bas n’est qu’une monarchie parlementaire et peut sembler bien fade aux royalistes français partisans d’un Etat politique fort et engagé face aux féodalités financières et économiques, celles qui prônent la gouvernance pour mieux désarmer les gouvernements. Mais elle démontre néanmoins que la magistrature de l’Etat, lorsqu’elle échappe aux jeux électoraux et aux prétentions politiciennes, peut jouer son rôle de « trait d’union » entre tous les citoyens et toutes les communautés d’une nation, ce qui n’est pas négligeable, en ces temps d’inquiétudes et de replis communautaires. « La Croix » évoquait dans son édition de samedi dernier « une monarchie fédératrice très appréciée » et rappelait qu’elle « incarne le pays, qu’elle représente avec une forte dose de modernisme ».

    Certes, les Pays-Bas ne sont pas la France et les traditions y sont différentes mais sans doute l’exemple néerlandais peut-il inciter nos propres concitoyens à réfléchir aux conditions institutionnelles de l’unité du pays au moment même où, chez nous, la magistrature suprême de l’Etat apparaît plus diviseuse que fédératrice et reconnue comme telle… Lorsque le nouveau roi Willem-Alexander déclare : « Je veux aussi être un roi du XXIème siècle qui peut rassembler, représenter et encourager la société », et qu’il insiste sur son « rôle de garant d’un processus législatif démocratique et conforme à la Constitution », il nous rappelle aussi, a contrario, que le président élu en France, lui, n’a pu que diviser profondément un pays par son absence d’indépendance à l’égard des groupes de pression, financiers ou autres, et par sa coupure avérée d’avec un pays réel trop souvent méconnu et mésestimé en République…

    http://jpchauvin.typepad.fr/

  • Le Printemps Français manifeste contre les violences policières

    Environ 200 personnes se sont rassemblées lundi soir devant le palais de justice de Paris pour manifester contre les "violences policières" dont ont été victimes certains manifestants opposés au mariage homosexuel.
    Les manifestants se sont réunis en début de soirée "pour témoigner des violences policières" qu'ont subi "certains manifestants" et dénoncer "le détournement de la justice et de la police à des fins idéologiques", a déclaré Frédéric Pichon, avocat du Printemps Français, mouvement opposé au mariage homosexuel.¢
    Maître Pichon a ajouté que des militants opposés au mariage homosexuel "ont été passés à tabac" et qu’"il y a eu des violations procédurales comme des gardes-à-vue punitives" en marge des manifestations qui ont réunis les opposants au mariage homosexuel.
    Une jeune fille dénommée "Pauline" a également pris la parole pour raconter comment elle avait été conduite manu militari dans le métro, mercredi soir, alors qu'elle attendait devant l'Assemblée nationale, "toute seule". Deux gendarmes l'ont "secouée dans tous les sens" et l'ont insultée, selon son témoignage.
    Plusieurs des 67 opposants qui avaient été placés en garde à vue il y a deux semaines après avoir été interpellés devant l'Assemblée nationale, où ils s'apprêtaient à installer des tentes, étaient aussi présents.
    Au mégaphone, Maître Pichon s'en est pris au Syndicat de la Magistrature, dont le "mur des cons" donnerait "une certaine idée d'une justice idéologique", et au Petit Journal de Canal+ accusé d'être du côté de la préfecture et qui incarne "la bourgeoisie partouzarde, décadente et cocaïnomane".
    "Nous sommes là pour soutenir les victimes des violences policières", a déclaré Béatrice Bourges, porte-parole du Printemps français. "Nous sommes en pleine régression. Nous sommes contre la loi Taubira et on ne lâchera rien", a-t-elle dit.
    Une dizaine des jeunes hommes torse nus baptisés "Hommen" ont fait brûler des fumigènes devant le palais de justice en scandant "Hollande, ta loi, on n'en veut pas".
    Le texte ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels a été définitivement adopté par le Parlement il y a huit jours. Il est depuis lors examiné par le Conseil constitutionnel qui a été saisis par des parlementaires de l'opposition.¢
    Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/

  • INSEE : Des inégalités sous-estimées ?

    La crise creuse plus les inégalités en France que ne le laissaient supposer les récentes statistiques de l’INSEE. D’après une publication de l’Insee passée inaperçue, la France se retrouve désormais parmi les pays les plus inégalitaires de l’UE à 15, en neuvième position.

    L’Insee vient de mettre en ligne son édition 2013 des Revenus et patrimoines des ménages. On y apprend certes des choses, mais qui étaient déjà assez largement connues par ceux qui fréquentent le site de l’Institut et ont la curiosité d’aller voir les données détaillées sur les revenus et les niveaux de vie, qui se trouvent depuis quatre mois environ sur le site : la crise a rendu les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. Et, du coup, la société française est plus inégalitaire qu’elle ne l’était en 2005.

     

    Mais, curieusement, rien n’est dit de l’enquête « EU-SILC », pour laquelle l’Insee vient de publier  un « Rapport intermédiaire sur la qualité des données françaises EU-SILC 2011 ». Voilà qui ne dira sans doute rien à la plupart des lecteurs. « EU-SILC » est pourtant l’une des enquêtes que chaque Institut statistique national des différents pays de l’Union européenne est tenu de mener sur le territoire qu’il couvre et de fournir à Eurostat, qui centralise ces enquêtes, les traite et en tire l’essentiel des informations mises sur son site à propos des revenus, des conditions de vie et de la pauvreté.

    En France, cette enquête porte un autre nom, SRCV, pour « Statistiques sur les revenus et les conditions de vie ». C’est en effet la seule enquête de l’Insee qui permette de mesurer la pauvreté en conditions de vie (endettement, privations, conditions de logement, …). La pauvreté monétaire, en revanche, est mesurée à partir d’une autre enquête, ERFS (enquête sur les revenus fiscaux et sociaux) qui s’appuie à la fois sur les déclarations fiscales d’un échantillon représentatif de ménages, sur une enquête sur les revenus du patrimoine et sur les données administratives issues des organismes versant des prestations sociales. Chaque année, l’Insee mène et publie cette enquête, qui est la source d’information la plus fiable sur les revenus et le niveau de vie des ménages. Pour connaître les résultats de l’enquête SRCV, il faut aller sur le site d’Eurostat. Cela devrait changer, nous dit-on. Sauf que l’utilisateur que je suis attend vainement la moindre confirmation que cela change…

    Voilà pour le contexte. Venons en maintenant à l’objet de ma surprise. Car la consultation de ce document m’a fait sursauter. Page 12, il est écrit : « le coefficient de Gini (…) s’élève à 30,8 [%] en 2010. » Je conviens que je dois être l’un des rares que cela fait sursauter car, pour la plupart des autres, cette affirmation, c’est du chinois. Le coefficient (ou indice) de Gini est l’indicateur le plus utilisé pour mesurer les inégalités, notamment celles de revenu disponible après impôt (ou « niveau de vie », lorsqu’on prend en compte la taille du ménage) dans une société : quand il y a égalité parfaite (chacun dispose du même revenu), il vaut 0, quand il y a inégalité totale (une seule personne perçoit tous les revenus, les autres n’ont rien), il est de 1. Plus son niveau est élevé, plus la société est inégalitaire. Or, les chiffres publiés jusqu’ici par l’Insee donnent de tout autres résultats pour 2010 : 0,299 (voir http://insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1412), chiffres repris dans la publication citée plus haut sur Le revenu…

    Il est intéressant en effet de comparer 2010 – l’année d’après-crise, ou du moins celle où l’on espérait en être sorti – et 2005. Difficile en effet de remonter plus haut, car l’enquête Insee sur les revenus des ménages a connu de sensibles modifications (et améliorations) en 2005, ce qui rend incertaines les comparaisons faites avec des années antérieures. Cette année-là, l’indice de Gini pour les revenus disponibles des ménages en France métropolitaine était de 0,286. Jusqu’ici, je pensais donc que les inégalités (mesurées par cet indice) entre 2005 et 2010 s’étaient accentuées de 1,4 % (0,299/0,286). En réalité, ce serait environ 5 fois plus !

    Les petits malins me feront remarquer que cet écart n’est pas étonnant puisque, dans le premier cas (0,299 comparés à 0,286), je m’appuie sur l’enquête ERFS, dans le second cas sur SRCV. Or chacun sait que les méthodologies différentes donnent des résultats qui peuvent être proches mais rarement identiques. Certes. Sauf que, pour éviter les biais liés aux déclarations des ménages enquêtés (qui ont toujours tendance à sous-estimer les revenus perçus), l’enquête SRCV « injecte » dans sa partie revenus les résultats de ERFS. Et que, par conséquent, ce sont les mêmes sources (au moins depuis 2008) dans les deux cas, les mêmes méthodologies de traitement, et les mêmes résultats.

    Avec un tel indice de Gini, la France se retrouve désormais parmi les pays les plus inégalitaires de l’UE à 15, en neuvième position. Derrière elle, on ne compte que l’Italie (0,319), le Royaume-Uni (0,33), l’Irlande (0,332), la Grèce (0,335), l’Espagne (0,34) et le Portugal (0,342). Mais alors que le Portugal a vu son coefficient d’inégalité reculer depuis 2005 (0,372), l’Espagne l’a vu fortement progresser (en 2005, son indice de Gini était de 0,312). Quant aux bons élèves de la classe dans l’UE à 15, on les trouve en Suède (0,244), en Finlande et aux Pays-Bas (0,258), en Autriche et en Belgique (0,263), au Luxembourg (0,272). Le Danemark, qui, en 2005, était le meilleur élève de tous (0,237), a vu ses inégalités de revenu progresser encore davantage que la France (0,278), mais, partant de plus loin, il demeure malgré tout dans les pays relativement égalitaires. L’Allemagne, avec 0,29, ne fait guère mieux que la France, et, comme nous, elle a vu son score d’inégalités augmenter sensiblement de 2005 à 2010.

    Revenons à la France. Entre 2005 et 2010, le niveau de vie moyen du dixième le moins bien loti des ménages, a progressé de 0,6 %. Celui du dixième le plus favorisé de 6,5 %.

    Entre 2005 et 2010, le pouvoir d’achat du niveau de vie total des ménages (mesuré en euros 2010) a progressé de 89 milliards d’euros. Sur cette masse en progression, le dixième le plus favorisé a raflé 40 % et le dixième le moins favorisé 1,7 %. Tout s’est donc passé comme si le marché (et les politiques publiques concernant la redistribution) avaient permis au dixième le plus riche des ménages d’augmenter sa part de 11 milliards de plus que ce qu’il aurait gagné si la répartition de 2005 était demeurée inchangée.

    Le dixième le moins favorisé des ménages a été en quelque sorte taxé d’1 milliard d’euros au bénéfice des plus riches, du fait de la montée du chômage, de la pauvreté laborieuse et de la diminution relative des aides sociales, toutes choses qui ont réduit sa part relative dans la répartition des revenus.

    La publication de l’Insee sur le revenu et le patrimoine des ménages nous permet même de constater que cet écart entre riches et pauvres s’est accru au sein même des riches. Toujours entre 2005 et 2010, le pouvoir d’achat du revenu déclaré (donc avant impôts) du centième le plus riche a progressé d’au moins 8 % par unité de consommation, celui du millième le plus riche de 14 % et celui du dix millième le plus riche de 26 %. Tout cela s’est passé dans le silence quasi absolu, chacun étant trop absorbé par les effets de la crise sur son sort personnel. Mais cette crise redistribue les cartes, et pas dans le bon sens.

    alternatives économiques   http://fortune.fdesouche.com