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  • Daniel Halévy, grand intellectuel juif ami de Maurras, évoqué par Jean Guitton

    Gérard Leclerc évoquait ici le mois dernier, à propos de l'accélération de l'Histoire, la figure de Daniel Halévy, grand intellectuel juif, plus Français que beaucoup d'autres. Historien, essayiste, directeur de collection chez Grasset, il était le fils de Ludovic Halévy, académicien français, le frère d'Elie Halévy, philosophe; il devint le beau-père de Louis Joxe, le ministre du général De Gaulle, le grand-père de Pierre Joxe. Le rôle qu'il joua au siècle dernier dans le monde des lettres et des idées, Jean Guitton l'évoque ici. Daniel Halévy - Guitton le dit - fut aussi l'indéfectible ami et admirateur de Charles Maurras. Qu'Halévy fût Juif et Maurras se voulût antisémite ne fut jamais un obstacle à leur amitié.  LFAR     

    1545829037.jpg« De tous les êtres que j'ai connus, il est le seul qui m'ait donné l'impression de vraiment écouter l'autre. Il écoutait les princes comme les enfants, avec une préférence pour les simples, et même (chose singulière, et que je n'ai vue qu'à lui) pour les bavards, les fâcheux, les « raseurs », qu'il trouvait très instructifs. Il les écoutait avec un air de grand seigneur distrait. 

    Je savais qu'il avait été le compagnon de Péguy, l'exégète de Proudhon, le condisciple de Proust à Condorcet, l'ami des deux frères Tharaud, le correspondant de Croce et de Malaparte - et le découvreur d'un officier inconnu appelé Charles de Gaulle, qui dans son salon lui avait retracé les vues prophétiques du colonel Émile Mayer sur le rôle des chars dans une prochaine guerre.

    Halévy avait le don du prophète. C'est lui qui, dans la collection créée par Grasset, « Les Cahiers verts », avait lancé dans l'espace, comme une constellation : Montherlant, Mauriac, Maurois, Malraux, Guéhenno, Louis Hémon (l'auteur de Maria Chapdelaine).

    En France, il avait été l'un des premiers à croire en Nietzsche, sur lequel il avait écrit un si beau livre.

    Son génie était celui de Samuel, lorsque Samuel mit la main sur Saül ; celui de Lamartine, lorsqu'il sacra Mistral. Sans profession, sans métier, sans titre, placé au centre des idées et des êtres, il avait reçu la mission, comme Socrate, non pas de créer (ce qui est assez facile) mais de recréer : en révélant les autres à eux-mêmes.

    Le sang de la France, disait-il, l'avait fixé, lui juif, venant d'un canton suisse et d'un ghetto allemand, entre le Pont-Neuf et l'Institut. Par sa mère, il se rattachait aux Bréguet, famille protestante de Neuchâtel, qui était venue en France autour de 1760 pour fabriquer des montres, puis des moteurs d'avion.

    Juif de race, protestant de formation, catholique de tendance, il résumait en lui la substance de ces trois religions, avec une préférence pour le catholicisme. Et c'est sans doute pour cela qu'il avait aimé sans me connaître mon livre surMonsieur  Pouget. « Votre Pouget, me disait-il, ce que j'aime en lui, c'est qu'il appartient à l'ordre des Pauvres. »

    Un soir d'été, ce prince de l'esprit, revêtu du manteau d'un berger, vint nous voir dans notre chaumière, au centre de la France. Il m'avait demandé de réunir sous un tilleul les paysans de mon village. Passa le facteur, Maufut, qui était communiste et braconnier. Il l'interrogea sur la chasse, la pêche, le braconnage. Je n'ai jamais rencontré d'esprit plus ouvert que lui. Il avait connu la « Vierge rouge » de la Commune, Louise Michel ; il l'avait aimée. Il avait un culte pour Charles Maurras, qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. Et l'on sait qu'à la fin de sa vie, comme Michelet, il redoutait « l'accélération de l'histoire ».

    Il m'a répété cet axiome : « Ist Erhebung möglich ?  (« l'anoblissement est-il possible ? »). La noblesse, n'était pas pour lui confiée aux aristocrates ou aux nobles ; elle reposait dans cette source de toute noblesse qu'est le peuple.  

    Jean Guitton,

    Un siècle, une vie, Robert Laffont, 1988

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Fécondité : amélioration en Hongrie et en Pologne, recul en France. Emploi: même constat. Le respect des principes chrétiens améliore la situation

    1) Les premiers résultats de la politique du gouvernement polonais conservateur d’inspiration catholique, dirigé par le PiS (Droit et justice) commencent à être rendus public par le GUS (Bureau central de la statistique, l’équivalent polonais de l’INSEE).
    La fécondité a augmenté en 2016: elle passe de 1,29 à 1,36 enfant. Certes, si on tient compte des 9 mois que dure une grossesse et du fait que le gouvernement polonais actuel est arrivé au pouvoir à la fin de l’été 2015, seule le résultat de la 2e partie de 2016 peut lui être attribué. Mais la situation continue de s’améliorer en 2017: sur les 5 premiers mois de 2017, la hausse de la natalité est de 7,9% par rapport aux 5 premiers mois de 2016 (166 100 naissances contre 153 900), ce qui est considérable si on prend en compte le fait que la situation évolue lentement en démographie.
    Le nombre de mariages a augmenté de 188 800 à 193 500 entre 2015 et 2016 (+ 2,5%), le nombre de divorces a, lui, reculé de 67 300 à 63 500 (-5,6%). Par ailleurs, 63% des mariages sont des mariages religieux, soit 1 point de plus qu’en 2015. C’est la première fois que le taux de mariages religieux augmente en Pologne depuis le début du XXIe siècle. Or, les mariages catholiques représente presque 100% des mariages religieux en Pologne. 
    Le taux de chômage a fortement diminué. Il est passé de 9,6% en octobre 2015 à 7,1% en juin 2017. 
    2) Voyons maintenant les résultats en Hongrie, où Viktor Orban et son parti, le Fidesz, sont au pouvoir depuis 2010, alliés avec le Parti national chrétien démocrate (chrétiens conservateurs).
    La fécondité augmente: elle est passée de 1,23 enfant par femme en 2011 (il faut toujours tenir compte des 9 neuf mois de grossesse par rapport à la date d’arrivée au pouvoir) à 1,49 en 2016. A noter que la fécondité de 2011 constitue le plus bas niveau historique en Hongrie. En 2016, il s’agit du plus haut niveau depuis 1995. Par ailleurs, la tendance continue en 2017: sur les 5 premiers mois de l’année, la natalité a augmenté de 0,7%, ce qui est d’autant plus encourageant que le nombre de femmes en âge de procréer diminue actuellement fortement en Hongrie, du fait de la dénatalité passée.
    Le nombre de mariages augmente: il est passé de 35 520 en 2010 (plus bas niveau depuis le XIXe siècle) à 51 805 en 2016 (+45,8% en 6 ans), ce qui est d’autant plus encourageant que le nombre de personnes en âge de se marier diminue actuellement en Hongrie, du fait, là aussi, de la dénatalité passée. Avec 5,3 pour 1000 habitants, le taux de nuptialité hongrois est plus élevé que ceux de tous les pays d’Europe de l’Ouest.
    Le taux de chômage a très fortement reculé. Entre le 2e trimestre 2010 et le 2e trimestre 2017, il est passé de 11,2% à 4,3%, l’un des taux les plus bas au monde, alors que l’économie hongroise était ravagée en 2010, du fait du communisme et aussi, dans une moindre mesure, de l’ultra-libéralisme qui a eu cours dans les premières années qui ont suivi la chute du régime communiste (1988 en Hongrie).
    3) Terminons par la situation de la France. Le taux de chômage le plus récent connu, celui du 1er trimestre 2017 est de 9,6%. Il est en hausse par rapport au 2e trimestre 2010 (9,3%). Mais il faut aussi tenir compte du fait qu‘il est actuellement minoré par les centaines de milliers de chômeurs qui ont été mis en formation dans la dernière année de la présidence de Hollande, dans le seul but de faire baisser le taux de chômage. Mais, il est fortement à craindre que la plupart de ces formations ne déboucheront pas sur l’obtention d’emplois, du moins d’emplois stables, ce qui contribuera à augmenter le taux de chômage lorsque ces formations prendront fin.
    Le nombre de mariages, environ 223 000 en 2016 entre un homme et une femme (il est affligeant de devoir préciser), soit le plus bas niveau depuis 1944, et depuis 1821 hors guerres mondiales, il est catastrophique (3,4 pour 1000 habitants).
    La natalité et la fécondité sont en baisse depuis 2010, malgré l’immigration massive et à cause des nombreuses mesures anti-familiales et anti-natalistes de Sarkosy et surtout de Hollande. Entre autres mesures, le remboursement à 100% des avortements et des actes qui leur sont liés, la réduction du congé parental et bien sûr, le soi-disant « mariage » homo qui ne favorise ni les vrais mariages, ni la fécondité. Pour le 1er semestre 2017, il n’y a eu que 353 000 naissances vivantes en France métropolitaine, soit 2,6% de moins que lors du 1er semestre 2016. A ce rythme là, l’indice de fécondité ne sera plus que de 1,85 ou 1,86 enfant par femme en 2017, toujours en France métropolitaine. Quant au nombre de naissances, il serait de 726 000 environ, soit à peine plus que le plus bas niveau de la période allant de 1946 à 2016 (710 993 naissances en 1994).
    Que Dieu sauve la France en nous donnant des chefs menant une politique catholique!
    G. Paume

  • La France toujours plus moche

    Cernées par les zones commerciales, les villes moyennes se meurent. Les élus s'en inquiètent. Les médias s’y intéressent. Le groupe Casino demande un moratoire. Et pourtant, les promoteurs de centres commerciaux l’affirment haut et fort: il y a encore de la place en France pour des zones supplémentaires. Mais où? 
    Ouf, les opérateurs de centres commerciaux ont eu chaud. Le rapport qui préconisait un meilleur encadrement de leur activité aura fini par trouver la place qui leur semble la plus appropriée: au fond d’un tiroir. En octobre 2016, la secrétaire d’État au commerce a bien sûr salué le formidable travail accompli pour écrire ce rapport sur la revitalisation commerciale des centres-villes par l’Inspection générale des finances (IGF) et le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). Elle aura dit quelques mots sur l’aggravation préoccupante de la vacance commerciale (6,1% en 2001, 10,4% en 2015, plus de 15% dans une vingtaine de villes), la nécessité de lutter contre cette désertification par la «mobilisation», la «coordination», la «concertation» sans oublier la «digitalisation». Pour finir par une mesure phare annoncée en grande pompe devant une assemblée clairsemée de députés désabusés: un site internet poétiquement intitulé «Cœur de ville».
    Des mois de travail, 120 auditions, 500 pages… Et pas un mot sur une limitation des nouvelles zones commerciales à la périphérie des villes ni sur la mise en place d’une commission régionale chargée d’encadrer leur développement, deux idées pourtant avancées par le rapport. Les promoteurs respirent: le business va pouvoir continuer.
    Champion d’Europe des centres commerciaux 
    En France, cela fait longtemps que la survie du commerce de proximité ne pèse pas lourd aux yeux du puissant ministère de l’Économie. Il faut dire qu’après avoir inventé les hypermarchés, notre pays est devenu champion d’Europe des centres commerciaux. Et des centres commerciaux, ça a quand même beaucoup plus de gueule que des petits boutiquiers… Le concept nous vient des États-Unis, le pays des «malls», ces gigantesques espaces dédiés au shopping et implantés en banlieue, hermétiquement clos et climatisé.
    Le premier ouvre en France à Englos-les-Géants dans la banlieue lilloise en 1969 suivi la même année par l’inauguration de Cap 3000, proche de Nice et de Parly II, au Chesnay, près de Versailles. La construction du Forum des Halles est lancée cinq ans plus tard. A cette date, la France compte déjà 230 centres commerciaux équivalent à 5 millions de mètres carrés. Aujourd’hui, on en dénombre 750 couvrant 16 millions de mètres carrés et hébergeant 30.000 magasins, le tout représentant un quart du chiffre d’affaire et des emplois du commerce de détail. Moyennent une croissance deux fois plus rapide que la progression du pouvoir d’achat, c’est quasiment tout le territoire qui a été couvert en mois de vingt ans.

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  • Désislamiser l’Europe : intervention de Jean-Yves Le Gallou à Béziers [rediffusion]

    Intervention de Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, ancien député européen. Journée Désislamiser l’Europe, le 4 mars 2017, à Béziers. Source : www.islamisation.fr

  • Que devient donc le Front national ?

    Chaque jour, j’entends, lis et constate que le Front national est sorti quasiment de la sphère politique. Est-ce une réalité ?

    Que devient donc le Front national ? Chaque jour, j’entends, lis et constate que le Front national est sorti quasiment de la sphère politique. Est-ce une réalité ? Où sont les grandes envolées de Marion Maréchal-Le Pen (il est vrai, retirée de la vie politique), les grandes déclarations outrées d’un Gilbert Collard ?

    Jusqu’à ce jour, je n’ai entendu qu’Emmanuelle Ménard dire son fait aux parlementaires présents sur la liberté d’expression. Elle dit clairement que cette volonté de mettre la liberté d’expression dans une cage républicaine sous contrôle est un crime contre la liberté. Je pense souvent à George Orwell qui disait : « La pensée guide les mots, car c’est le vocabulaire qui est la clef de la victoire. »D’où cette volonté des gouvernements de faire taire les voix dissonantes ! La gauche est antifasciste, elle n’est pas antitotalitaire.

    La liberté d’expression n’est pas un tigre dans un centre commercial, pas même un éléphant dans un magasin de porcelaine. La liberté d’expression est garante de toutes les libertés. La restreindre, même un peu, en agitant la menace judiciaire, en la soumettant à la dictature des associatifs, en cherchant à asphyxier les sites d’information et de réinformation, et ceux de la lutte contre l’islamisation, nous conduit directement vers une dictature qui ne dit pas son nom.

    De même, sur un sujet concomitant qu’est celui de la liberté de manifester, nous avons pu voir à quel point la violence physique peut s’exercer contre des manifestants « identitaires », notamment contre un homme de soixante-dix ans, Richard Roudier, président de la Ligue du Midi, à Montpellier. Alors qu’il était mis en garde à vue, on lui refusa ses médicaments, d’aller aux toilettes et, pour finir, il fut victime d’un accident dans sa cellule qui nécessita l’intervention des pompiers afin qu’il soit hospitalisé.

    Que dit le Front national, aujourd’hui ? Où est-il, d’ailleurs ? N’y aurait-il plus personne dans les bureaux de Nanterre, dans celui de la présidente ? 

    À Montpellier, toujours, six ressortissants albanais ont été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire, violences volontaires avec arme en réunion. Silence radio dans les médias ! Il ne faudrait pas que le bon peuple s’affole… Ils ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone. Mais il est vrai que c’était un militaire qui avait été poignardé…

    Madame Le Pen cherche à valider en séminaire le changement de nom de son parti, cherche aussi des alliés nationaux et souverainistes, et sonde des députés pour former un groupe à l’Assemblée nationale. Elle se débat entre les pro et les anti-Phillipot, pour ou contre l’euro ! Il n’en reste pas moins qu’en tant qu’élue de la République, elle pourrait s’exprimer. On l’a connue plus allante lors de ses prises de parole au Parlement européen !

    Il ne faudrait pas que l’Assemblée nationale la rende muette face aux menaces qui pèsent sur la liberté d’expression, sourde devant la répression qui frappe plus facilement les manifestations nationales ou identitaires que les débordements gauchistes, et aveugle devant les dégâts commis par l’immigration galopante. D’autant plus lorsqu’un président de la République souhaite naturaliser des immigrés de fraîche date, donnant ainsi à la nationalité française la valeur d’un bout de papier.

    http://www.bvoltaire.fr/devient-front-national/

  • Paris est un cauchemar parElisabeth Lévy

    Savez-vous pourquoi, à la différence de Roland-Garros, le tournoi de Wimbledon s’interrompt le dimanche ? Pour laisser une journée de calme aux habitants du quartier (et au gazon). En entendant, cette information dimanche matin (sur France Inter), après une nouvelle nuit gâchée, j’ai ressenti une immense jalousie pour les Londoniens. Une ville qui fait encore prévaloir la vie concrète de ses habitants sur les exigences des jeux du cirque apparaît déjà comme l’un des derniers refuges de la civilisation. Et le centre de Paris, ce week-end, offrait une inquiétante illustration de la barbarie.

    On ne peut pas dire que la fête a viré au cauchemar comme dans les récits de faits divers, car la fête est le cauchemar. Précisément, ce que notre bonne maire appelle la fête : trois soirs de suite, tout le centre de Paris, de la Bastille au Palais-Royal, a été livré à un fracas indescriptible doublé d’un embouteillage géant où des milliers de malheureux qui avaient le mauvais goût de sortir du boulot ou d’avoir à traverser Paris d’est en ouest, ce qui, en plein mois de juillet devrait être une promenade de santé, se sont retrouvés piégés des heures durant. Un spectacle rythmé à intervalles réguliers par des concerts de klaxons excédés et impuissants, tandis que, sur les trottoirs des grappes de passants tentaient à grand peine de progresser. Dans une atmosphère saturée de fumées d’échappement et de colère, des altercations éclataient pour un rien. En quoi que nous y soyons habitués, la présence de centaines de policiers transpirant dans leurs équipements – et heureusement munis de bouchons d’oreille –, achevait de donner à l’ensemble un petit air de guerre.

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  • Roland Gaucher, le forcené de l’anti-communisme… décédé il y a dix ans.

    752116380.jpgIl y a dix ans, décédait Roland Gaucher. Nous reproduisons ici l'article paru dans le n°5 de la revue Synthèse nationale(automne 2007) :

    Roland Hélie

    Le 26 juillet, nous avons appris avec tristesse la disparition de Roland Gaucher.

    Agé de 88 ans, Roland était né en 1919 à Paris. Il était prédestiné au journalisme puisque son père exerçait déjà cette profession. En revanche, rien, dans sa jeunesse, n’indiquait qu’il deviendrait plus tard l’un des piliers du combat pour la cause nationale. Son premier engagement politique, dans les années 30, l’avait en effet conduit dans les rangs de l’extrême gauche. Trotskiste d’abord, il milita à la Fédération des étudiants révolutionnaires et aux Jeunesses socialistes ouvrières. Il se rapprocha en 1937 du courant animé par Marceau Pivert qui donnera naissance à l’éphémère Parti socialiste ouvrier et paysan. C’est à cette époque que Roland Gaucher, de son vrai nom Roland Goguillot, rencontra Marcel Déat qui, par esprit pacifiste, se rangera dans le camp de la Révolution nationale. En 1939, il fut mobilisé dans l’infanterie et il sera fait prisonnier par les Allemands à Rennes. Un an plus tard, il s’évadera lors de son transfert en Allemagne. Marcel Déat créa en 1941 le Rassemblement national populaire qui regroupait de nombreux militants issus de la SFIO et des différents partis de gauche. Roland Gaucher, qui était revenu à la vie civile, fut de ceux-ci, c’est à ce moment là qu’il rompit définitivement avec sa famille d’origine. De son voyage initiatique à la politique au sein de la gauche révolutionnaire, Roland Gaucher gardera une solide formation qui fera de lui plus tard l’un des spécialistes les plus avisés du marxisme. Il conservera aussi un formidable sens de l’agit-prop qu’il mettra, le moment venu, au service de la droite nationale.

    Après la guerre, il connut des moments difficiles. Il fut condamné à cinq années de prison, mais il fut libéré en 1948. Devenu journaliste professionnel, il collabora à plusieurs revues spécialisées parmi lesquelles l’Auto-journal. Mais le sens du devoir conduisit Roland Gaucher à reprendre le combat. Il travailla un temps pour l’Institut d’histoire sociale et pour la revue Est et Ouest, deux émanations de ce que l’on appelait alors pudiquement « les réseaux Albertini » (1). Il participa à la lutte en faveur de la défense de l’Algérie française. Après l’échec de ce « baroud pour l’honneur », il devint grand reporter à l’hebdomadaire Minute où il restera plus de vingt ans. Parallèlement à son engagement journalistique, il prit une part active, au cours des année 70, à l’action sur le terrain contre le Parti communiste qui représentait un véritable danger pour notre liberté. Il participa en 1972 à la création du Front national et, en 1974, il rejoignit le Parti des forces nouvelles dont il devint l’un des principaux dirigeants. La même année, il publia une monumentale Histoire secrète du Parti communiste français (chez Albin Michel) qui fit grand bruit et contribua, à n’en pas douter, à la déstabilisation et à la marginalisation de ce parti alors encore tout puissant.

    C’est à l’occasion de la sortie de ce livre que je le rencontrai pour la première fois, lors d’une conférence organisée à La Rochelle par la section locale du PFN. Participaient aussi à cette réunion François Brigneau, autre pilier de Minute, et Henry Charbonneau, l’auteur des Mémoire de Porthos (2). C’est dire que, ce soir-là, le jeune militant que j’étais fut comblé.

    Chaque mois, Roland Gaucher menait dans les pages de la revue Initiative nationale, le magazine du PFN, une véritable croisade épistolaire contre le communisme. Croisade épistolaire dûment accompagnée de campagnes militantes au cours desquelles un grand nombre de camarades toujours en activité aujourd’hui ont acquis un savoir-faire inégalé. Toujours prêt à en découdre, ce combattant infatigable n'hésitait jamais à foncer en première ligne face à nos adversaires. Il n’hésitait pas non plus à faire le coup de poing si cela s’avérait nécessaire. Ceux qui étaient présents à Paris en juin 1977 lors de la venue du bourreau soviétique Léonid Brejnev gardent en mémoire la formidable riposte organisée par les nationalistes et en grande partie suscitée par ce « vieux  forcené de l’anti-communisme » (l’essentiel des militants avait moins de 25 ans et lui en avait déjà plus de 50, c’est pour dire) que nous suivions avec entrain et confiance.

    Roland était devenu la bête noire des communistes. Dans Minute, chaque semaine, il ne manquait jamais une occasion de mener la vie dure au parti de Moscou. C’est ainsi qu’il fut le premier à rappeler l’engagement volontaire, alors que la France était occupée, de Georges Marchais dans les ateliers de la firme Messerschmitt, principal constructeur d’avions de l’Allemagne nationale-socialiste. Marchais fondit en larmes lorsqu’il perdit le procès qu’il avait engagé contre Gaucher. Ce fut le début de la fin de sa carrière. Dans un hommage publié dans le quotidien Présent du 11 août dernier, le journaliste Jean Cochet nous rappelle ce que Roland lui avait alors confié : « Ces larmes de Marchais, c’est ma Légion d’honneur à moi ».

    Sa devise face aux communistes était la suivante : « Ne reculez jamais ! ». Elle raisonne encore dans les tympans de ceux qui le suivirent. Dix ans plus tard, le rideau de fer s’effondrait lamentablement lui donnant ainsi, d’une certaine manière, raison.

    Mais Roland Gaucher n’avait pas, c’est le moins que l’on puisse dire, un caractère facile. Quelques divergences de vue avec les autres dirigeants du PFN l’amenèrent, en 1979, à s’éloigner du Parti. Il se rapprocha alors à nouveau du Front national qui, organisé d’une main de maître par un autre militant exemplaire, Jean-Pierre Stirbois, commençait son ascension historique. Au milieu des années 80, il devint l'une des figures du FN. Il fut élu député européen de 1986 à 1989. Il créa en même temps National hebdo dont il assura la direction, avec Lionel Payet, jusqu’en 1992.

    On se souvient de ses prises de bec avec les responsables du Front (y compris avec son président) lorsqu’il n’était pas d’accord avec telle ou telle décision du Bureau politique. Cette attitude, somme toute assez rare au sein des instances dirigeantes du FN, mérite d’être rappelée.

    Fort de sa popularité en tant que directeur de NH, Roland n’hésita pas à défier la direction du FN lorsqu’il estimait que cela en valait la peine. Ainsi, quinze jours après la disparition tragique de Jean-Pierre Stirbois, le 8 novembre 1988, scandalisé par l’inertie d’une partie de la dite direction, il prit l’initiative d’organiser, au Palais de la Mutualité à Paris, une grande soirée en hommage au défunt. Ce fut un immense succès, la grande salle de la Mutu était pleine à craquer. Ce soir-là Roland Gaucher avait réussi à rassembler tout ce que Paris et la Région parisienne comptaient de militants nationaux et nationalistes. Il s’était aussi attiré les foudres de certains hauts dirigeants du Front, et non les moindres, qui ne lui pardonnèrent jamais.

    Toujours soucieux de voir un jour se réaliser le véritable rassemblement des forces nationales, Roland Gaucher fut aussi, ne l’oublions pas, au début des années 90, l’instigateur des Journées culturelles de National Hebdo qui rassemblèrent tout ce que le camp national comptait alors de mouvements, associations, journaux…

    En 1993, arriva ce qui devait bien finir par arriver : il s'éloigna du Front, dans lequel il ne se reconnaissait plus vraiment. Il prit la direction pendant quelques années du mensuel (non conformiste) Le Crapouillot. Il se consacra simultanément à la rédaction de nouveaux livres, dont certains en collaboration avec Philippe Randa. Il écrivit aussi une Histoire des nationalistes en France (3).

    Nous nous voyions plusieurs fois par an et c'était toujours un plaisir de l'écouter raconter (certes parfois pour la Xième fois, mais qu'importe... c'était Roland) les grandes heures de la presse et du mouvement national. En bon vieux grognard toujours un peu grincheux qu'il était, Roland Gaucher gardait toujours une vision assez réaliste des choses. Surtout, il ne perdait jamais l'espoir de voir un jour notre idéal triompher. Aujourd'hui, Roland n'est plus, mais l'idéal survit.

    Notes

    (1) Du nom de Georges Albertini, ancien chef de cabinet de Marcel Déat, fondateur de ces organisations qui prirent une part active dans la lutte contre le communisme entre 1945 et 1989.

    (2) Les Mémoire de Porthosle roman noir de la droite française (1920-1946) par Henry Charbonneau, 2 tomes, Editions du Clan, 1969. Rééditées en 2001 par les Editions de Chiré (DPF, BP n°1, 86190 Chiré-en-Montreuil).

    (3) Histoire des nationalistes en France (1943-1997) par Roland Gaucher, 2 tomes, Editions Jean Picollec 1997.

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    réalisée en hommage à Roland Gaucher cliquez ici

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  • Fin de carrière politique pour Bruno Gollnisch

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    Le Salon Beige

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