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  • L’Union européenne va-t-elle tenir le choc ?

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    par Louis-Joseph Delanglade

    Le sommet européen de Sofia (mercredi 16 et jeudi 17) aurait été, à en croire certains commentateurs, un succès. Dès jeudi matin, n’y tenant plus, M. Guetta claironnait sur France Inter: « De Sofia, les nouvelles sont bonnes. »

    Bonnes parce que les vingt-huit participants (Grande-Bretagne incluse) ont présenté une sorte de front commun contre M. Trump, faisant preuve d’une réelle fermeté au moins verbale à l’encontre de ce dernier, à qui ils ont fait savoir qu’ils entendent bien et répliquer à ses mesures commerciales hostiles par des contre-mesures, et rester dans l’accord passé avec l’Iran. On a même pu entendre M. Tusk, président du Conseil européen, déclarer que « grâce à lui [M. Trump], toutes nos illusions ont disparu ».  Ce n’est pas si sûr. La pire des illusions reste de se croire capable de résister, en l’état, c’est-à-dire sans une remise en cause radicale de la nature même de l’Union européenne, à l’hyper-puissance américaine. 

    Dans les deux dossiers qui fâchent, les taxes commerciales et l’accord iranien, on décèle déjà derrière l’unanimité de façade, les points faibles de l’Union. Ainsi, concernant la guerre commerciale qui semble se profiler (« L’Europe contre-attaque » titre Le Figaro de samedi 19), l’Allemagne, première puissance économique de l’Union a aussitôt fait comprendre par la bouche même de Mme Merkel qu’il y a des limites et qu'elle préférera toujours un compromis avec celui qui est désormais son partenaire privilégié. Concernant l’Iran, c’est bien une illusion de penser que l’Union puisse avoir une véritable « capacité d’initiative diplomatique » (Le Monde, vendredi 18), le risque étant que son impuissance naturelle ne profite en fin de compte à d’autres, comme la Russie qui, elle, a forcément cette capacité-là : M. Riabkov, vice-ministre des Affaires étrangères russe a immédiatement approuvé le projet européen d’une très prochaine réunion à Vienne, confirmant ainsi les prétentions de Moscou. 

    Reste le pire pour l’Union européenne : la poursuite inexorable de son lent délitement qui donne aux propos tenus à Sofia un côté « surréaliste ». Il est illusoire de faire fond sur une construction idéologique à ce jour écartelée au sens propre : à l’ouest, les britanniques hissent les voiles pour en sortir ; à l’est, le groupe de Visegrad (Tchèquie, Slovaquie, Pologne, Hongrie) rejette catégoriquement l’immigrationnisme et le multiculturalisme de Bruxelles, rejoint en cela par l’Autriche ; au nord, les germano-scandinaves continuent de privilégier un « fétichisme » budgétaire (dixit M. Macron) qui leur profite aux dépens des autres ; au sud, la Grèce et l’Italie notamment sont dans une situation épouvantable, l’Italie venant d’opter pour une politique (économique, migratoire, étrangère, etc.) en contradiction totale avec les plans de Bruxelles, laquelle politique « fait trembler l’Europe » selon la presse française.

    Alors oui, si l’on en reste au plan de la communication, les nouvelles peuvent paraître bonnes pour l’UE. Au plan de la communication seulement. Faut-il s’en plaindre ? 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Éric Zemmour : “L’Italie, plutôt barbare qu’asservie”

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    La nouvelle coalition au pouvoir en Italie, entre les deux partis qualifiés de populistes (la Ligue et le M5), effraye les capitales européennes et les milieux économiques.

    C’est un échange de mots aigre-doux qui en dit long. Sur l’Italie, sur l’Europe et sur l’état de nos régimes démocratiques. Il y a quelques jours, le Financial Times, le grand journal britannique des milieux d’affaires et de la finance internationale, a dénoncé le nouveau pouvoir qui s’installe en Italie en le qualifiant de “nouveaux barbares”. Le patron de la Ligue, Matteo Salvini, a sèchement répliqué du tac au tac : “Je préfère être un barbare qu’un serf”.

    Salvini connait le sens des mots et des symboles politiques. Un serf, ce n’est pas tout à fait un esclave, mais ce n’est surement pas un citoyen. Un serf, au Moyen-Àge, a contracté des liens d’allégeance avec son seigneur qui lui permettent de vivre, mais font qu’il n’est pas un homme libre. Ce régime s’appelle la féodalité.

    Et les seigneurs sont des féodaux. Salvini a employé le mot juste. Officiellement, le peuple italien est un peuple libre puisqu’il vote et choisit ses dirigeants.

  • "Tuer un enfant, est-ce la solution ?"

    6a00d83451619c69e20224e03b9354200d-250wi.jpgFrance Info s'est intéressé aux militants pro-vie d'Irlande, qui appellent à voter non au référendum sur l'avortement :

    "Kathryn Egan ouvre délicatement sa main. "Vous voyez, c'est à ça que ressemble un bébé à douze semaines", dit-elle. Au creux de sa paume, cette Irlandaise de 62 ans tient un petit objet rose en plastique. Il s'agit d'une représentation d'un fœtus aux yeux fermés, les membres recroquevillés. "Oh, je ne savais pas, je n'avais jamais vu ça..." répond une habitante debout sur le seuil de sa maison, en se penchant pour observer l'objet."C'est normal, ni les médias ni le gouvernement ne montrent ça", reprend la militante "pro-vie", en remettant l'accessoire dans sa poche.

    Durant deux heures, la banquière et son binôme, Félin Donelly, un médecin généraliste, quadrillent un lotissement du nord-ouest de Galway, dans l'ouest – conservateur – de l'Irlande. Dans la fraîcheur de ce début mai, les deux bénévoles pour le groupe anti-avortement Love Both ("Aimez les deux", autrement dit la mère et "l'enfant à naître") se déplacent de maison en maison pour diffuser leur "propagande", comme ils la nomment. Ils sondent les habitants en vue du référendum du 25 mai. Les Irlandais doivent en effet se prononcer sur l'abrogation du 8e amendement de la Constitution, qui interdit l'avortement dans le pays, sauf en cas de danger de mort pour la mère.

    "J'ai rencontré tellement de femmes inconsolables après avoir avorté. En tant que médecin, on ne peut ignorer cette souffrance", souffle Félin Donelly, 50 ans, en glissant un tract dans une boîte aux lettres. "Cette souffrance nous y faisons très attention, assure Kathryn Egan, en frappant à une nouvelle porte. Le bébé en plastique, on ne le sort pas tout le temps. Pour les femmes qui ont eu une fausse couche, cela peut être très violent. On essaye de voir quelle personne se trouve face à nous."

    Comme eux, environ "3 000 personnes" dans le pays militent activement pour le "non" à l'abrogation du 8e amendement, selon les chiffres d'un responsable de la campagne. Un vote positif permettrait au Parlement de légiférer et d'élargir l'accès à l'avortement. Pour le moment, le gouvernement de Leo Varadkar du parti Fine Gael (centre-droit), à l'initiative de ce référendum, s'est prononcé pour légaliser l'avortement jusqu'à 12 semaines, comme le Sinn Féin (républicanisme irlandais), le Labour (gauche) et le Parti vert (écologiste).

    6a00d83451619c69e20224df3499a6200b-250wi.jpgDepuis l'annonce du référendum il y a deux ans, des centaines de militants "pro-vie" se sont mis en ordre de marche. A Galway, des affiches géantes de fœtus et d'échographies couvertes de chiffres et de slogans bordent désormais l'allée principale de la ville. On y voit un nouveau-né "surpris" d'apprendre qu'on souhaite "légaliser l'avortement jusqu'à six mois", ou invitant les Irlandais à "rejoindre la rébellion".

    Les "pro-vie" mènent une guerre de communication, avec un discours millimétré pour contrer les "pro-choix". La référence au Royaume-Uni, l'ancien colonisateur et pays où de nombreuses Irlandaises vont avorter, est permanente. "Un enfant sur cinq est avorté en Grande-Bretagne", "depuis la légalisation de l'avortement en Grande-Bretagne, le taux d'avortement a explosé", répète en chœur un groupe de jeunes militants à la sortie du cinéma de Galway, encore animés par la projection d'un film sur un médecin américain pratiquant des avortements, condamné en 2013 pour le meurtre de bébés nés en vie. [...]

    "Les pro-avortement n'arrêtent pas de parler de choix mais ils n'évoquent que celui de l'avortement", dénonce Patrick Finegan, fils de fermier aux boucles blondes. "Est-ce que tuer un enfant est la solution ? Le 'bébé à naître' n'a lui jamais le choix !" s'indigne le jeune homme de 21 ans, membre d'une association d'aide aux enfants trisomiques. "Il y a plein d'autres façons d'aider les femmes qui ne veulent pas de leur enfant, pensez à l'adoption, renchérit son ami Radko Vykukal, 22 ans. Depuis la légalisation du mariage gay [en 2015], la demande d'enfants est d'autant plus grande. [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Marion Maréchal crée l'Institut des sciences sociales économiques et politiques

    6a00d83451619c69e20224e03b9230200d-200wi.pngMarion Maréchal a donc créé l'Institut des sciences sociales économiques et politiques (ISSEP), qui devrait être inauguré le 22 juin.

    Marion Maréchal
     
    @Marion_M_Le_Pen
     

    Une nouvelle aventure commence pour moi avec l’@Issep_Lyon. Fière d’y participer et de contribuer à l’émergence d’une génération prête à entreprendre et à relever les défis de demain. http://www.issep.fr .

    Basé à Lyon, l'ISSEP desservira à partir de septembre deux types de formations: une formation continue le week-end ainsi qu'un magistère (niveau Bac+5) sur deux ans - intégrable à niveau bac+3 - pour quelque 5500 euros par an. Seront dispensés des cours de gestion de projet, de droit constitutionnel, d'analyse électorale comme plusieurs activités «afin de transmettre aux étudiants les richesses du savoir-vivre et du savoir être à la française.» 

    Le conseil scientifique est composé de neuf membres, parmi lesquels

    • le secrétaire général du Mouvement pour la France et proche de Philippe de Villiers, Patrick Louis ;
    • Pascal Gauchon, directeur de la revue de géopolitique Conflits,
    • le constitutionnaliste Guillaume Drago
    • le directeur de la revue l'Incorrect, Jacques de Guillebon.
    • Raheem Kassam, rédacteur en chef de l'antenne anglaise de Breitbart news et membre de l'UKIP, le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage.

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • « Terrorisme : je ne suis pas plus islamophobe que christianophobe ou judéophobe. Je préfère interpeller sur les causes que sur les conséquences, aussi dramatiques soient-elles… »

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    Entretien avec Philippe Randa

    Propos recueillis par Guirec Sèvres, publiés sur le site Synthèse nationale

    Plusieurs personnalités ont signé un « Manifeste contre les nouveaux collabos de l’islam » cliquez ici dont Guy Millière, Guillaume Faye, le Dr Alain de Peretti, Gérard Brazon, Jean Robin, Abbé Guy Pagès, Marc Rousset, Uli Windisch… Pas vous ?

    Non, bien qu’on me l’ait proposé, mais je ne suis pas plus islamophobe que christianophobe ou judéophobe… De philosophie païenne, je suis tolérant envers toutes les religions. Les sanglantes dérives au nom d’Allah sont directement et avant tout liées à l’immigration incontrôlée et à l’actuelle politique extérieure des États-Unis… Je préfère interpeller sur les causes que sur les conséquences, aussi dramatiques soient-elles. Au début du XXe siècle, les musulmans en France étaient estimés à environ 120 000 ; ils pratiquaient leur religion au vu et au su de tout le monde sans revendications insupportables et personne n’y trouvait rien à redire… Tout a changé à la fin de ce siècle après l’arrivée incontrôlée de plusieurs millions d’immigrés à majorité musulmane : les conversions à l’islam n’ont jamais été numériquement importantes, c’est le flot continu – car l’immigration officiellement « restreinte » depuis les années soixante-dix du siècle dernier, ne l’a jamais été – de millions d’étrangers convertis qui nous posent aujourd’hui des problèmes autant d’identité que de sécurité : tous les jours, nous pouvons constater autant l’échec de l’intégration que de l’assimilation pour des millions de ces « nouveaux Français » qui, de fait, ne le sont que de papiers ; plus terrible encore, il y a le rôle que jouent les innombrables associations et les « idiots utiles » qui favorisent et accueillent les clandestins : leurs filières sont redoutablement efficaces. Grâce au totalitarisme du « politiquement correct » relayé par la quasi-totalité des médias mainstream, ils agissent quasiment en toute impunité : les différents gouvernements de la France depuis un demi-siècle sont paralysés à l’idée d’être accusés de racisme. Ainsi le passeur de migrants Cédric Herrou qui a enfreint la loi française est invité au Festival de Cannes, tandis que les militants de Génération identitaire qui ont fait respecter sans violence aucune cette même loi française notamment au Col de l’Échelle, sont discriminés jusque sur leurs lieux de travail.

    Vous pensez donc que l’islam peut avoir une place en France ?

    De fait, il l’a : il y a entre 8 et 10 millions de personnes d’« origine musulmane », plus ou moins croyantes et pratiquantes. On peut imaginer les traquer, les parquer et les expulser, bien sûr ! Mais encore faudrait-il expliquer comment s’y prendre et où « s’en débarrasser »… Leurs pays d’origine ? Ils sont plusieurs millions à être nés sur le sol français, désormais depuis deux ou trois générations…

    Cela pourrait au moins s’envisager pour les Fichés « S » ?

    Rappelons qu’ils sont au nombre de 20 000 selon l’actuel Ministre de l’Intérieur Gérard Colomb : tous ne sont pas musulmans, certes, mais c’est la majorité. À l’évidence, les pays dont ils sont originaires n’accepteront sans doute par de récupérer de telles canailles, nées qui plus est sur le territoire français. Quant aux naturalisés, tel Khamzat Azimov, né en Tchétchénie en 1997 et naturalisé français, si tant est que leur pays d’origine accepte de les récupérer, on imagine quel sort leur sera réservé sur place… Certains pourront s’en réjouir, mais les associations auto-proclamées des droits de l’homme dont c’est le gagne-pain feront pleurer dans les chaumières françaises sur le sort qui leur sera réservé. Et puis, l’actuel président tchétchène ne s’est pas gêné de dénoncer la responsabilité de notre belle démocratie (que le Monde entier est censé nous envier) dans la dérive djihadiste d’Azimov ; je le cite : « Il est important de noter que l’entière responsabilité de l’orientation criminelle de Khamzat Azimov revient aux autorités françaises ; il est né en Tchétchénie, mais il a grandi dans la société française, où ont été forgées sa personnalité et ses opinions »… Incontestablement, il a raison. Ça fait mal à entendre, certes, même si les coups de couteau d’Azimov ont fait plus de mal encore à ses victimes (1 mort et 4 blessés)…

    Alors, il n’y a rien à faire ? On laisse l’islam continuer de progresser en France et les Fous d’Allah frapper où ils veulent, quand ils veulent ?

    Bien sûr que non, mais plutôt que des imprécations, ne pourrait-on pas plutôt chercher des solutions efficaces parce que surtout envisageables ? Par exemple, inscrire l’interdiction du « djihad » dans la loi française et l’assortir d’une déchéance automatique de la nationalité française ? Ainsi, tous ceux partis faire la guerre en son nom hors de nos frontières ne pourraient plus revenir… Ce serait déjà autant de personnes dangereuses tenues à l’écart ! Quant aux « terroristes potentiels » qui ne sont pas encore passés à l’acte, ce sont pour la grande majorité d’entre eux d’anciens délinquants de droit commun. C’est donc à ce stade-là qu’il convient d’abord d’intervenir : repérer autant parmi la population carcérale que parmi les aumôniers musulmans ceux qui les radicalisent… Et puis surtout, principalement et impérativement, pour tarir la source d’approvisionnement en terroristes futurs, fermer les vannes de l’immigration incontrôlée… Tant que cela ne sera pas le cas, on ne pourra que compter nos chômeurs et pleurer nos morts. Soit continuer la politique de l’autruche comme depuis des décennies. Le pire serait de découvrir que nos concitoyens s’y sont définitivement résolus.

    Directeur du site EuroLibertés. Ancien auditeur de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, chroniqueur politique, éditeur (éditions Dualpha, Déterna et L’Æncre) et auteur de plus d’une centaine de livres. Sociétaire de l’émission « Bistrot Liberté » sur TVLibertés. Il écrit également des billets pour le quotidien Présent et co-anime chaque jeudi l’émission « Synthèse » avec Roland Hélie sur Radio Libertés. Ses chroniques politiques sont publiées chaque année en recueil sous le titre : « Chroniques barbares ». Dernier livre paru Une démocratie hors de prix, préface d’Aristide Leucate.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Soumission ? Ras-le-bol!

    soumission-300x229.jpgNous l’avons écrit, c’est maintenant que les difficultés commencent en Italie pour les nationaux de la  Ligue de Matteo Salvini et les populistes du  M5S de Luigi Di Maio qui ont trouvé (enfin) un accord de gouvernement après les élections législatives du 4 mars. Ils se sont entendus sur le nom de l’universitaire Giuseppe Conte, inconnu du grand public, pour être le futur chef de gouvernement, pour peu qu’il soit accepté par le président de la République, le très bruxellois Sergio Mattarella. La presse européiste et progressiste   multiplie ce matin les mises en garde et les sombres scénarios sur cette volonté d’une forte majorité des  Italiens de retrouver la maîtrise de leur destin. A les écouter, l‘Italie xénophobe, populo-fascisante  pourrait entraîner  l’UE dans l’abîmeLe Figaro  l’écrivait hier après l’annonce de cet accord de gouvernement, « la rechute s’annonce sévère. L’Europe comptait tourner enfin la page et oublier dix ans de crise de la dette en refermant, d’ici à trois jours, le troisième  et dernier plan de sauvetage de la Grèce. Le pays, boulet de la monnaie commune, prévoit de se financer tout seul sur les marchés avant l’automne. Jeudi soir, dans le huis clos de l’Eurogroupe, les mines risquent pourtant d’être sombres. L’Italie, une économie qui pèse huit fois plus lourd que la Grèce, menace à son tour de déraper sans que ni les ministres, ni les banques centrales, ni le fonds de sauvetage MES n’aient cette fois les reins assez solides pour la retenir. Le scénario donne depuis dix ans des sueurs froides à Bruxelles, Francfort, Berlin ou Paris: une équipe antisystème au pouvoir, comme celle d’Alexis Tsipras initialement -qui s’est finalement rapidement soumis à tous les diktats de la troïka BCE-UE-FMI, NDLR- , dans un pays de l’euro trop grand pour faire faillite…»

    En fait de sauvetage de la Grèce (sauvée ?), il suffirait   d’interroger les Grecs paupérisés  et tiers-mondisés pour être plus que très  moyennement  convaincu de l’efficacité et de la pertinence du remède de cheval qui a été administré à ce pays. Au nom du dogme du  maintien dans l’euro(pe),  Athènes  a reçu ces huit dernières années, en échange d’une implacable austérité, 260 milliards d’euros de prêts d’urgence qui font des Grecs une population  totalement étranglée par sa dette… qui compte pour 178% de son PIB!

    «À Sofia, où étaient réunis jeudi les dirigeants européens rapporte une dépêche de l’agence Reuters,Emmanuel Macron, a estimé que le gouvernement qui est en train de prendre forme en Italie était constitué de forces  hétérogènes et paradoxales , mais il s’est dit confiant dans la capacité du président Mattarella, qui n’a jamais caché son inclination pro-européenne, à garantir que Rome continuera de travailler de manière constructive avec l’UE. »

    Forces « hétérogènes et paradoxales » ? Ce jugement  est repris  dans les gros médias  par la quasi totalité des commentateurs qui comparent  souvent cette coalition à l’attelage dans un même gouvernement  du FN libéral  et la La France Insoumise socialo-trotskyste. Mais un parti mélenchoniste qui serait devenu anti-immigrationniste et qui entendrait  défendre l’identité  française… car le M5S n’était pas  très en retrait par rapport à la Ligue  lors de la campagne électorale  dans sa dénonciation de l’immigration torrentielle, du multiculturalisme  et du  prosélytisme communautariste islamiste…

    Sur le blogue Les crises, l’économiste Jacques Sapir n’élude pas les obstacles qui sont sur le chemin du nouveau gouvernement  italien. Il note que celui-ci  « constitue un  véritable cauchemar que ce soit pour les dirigeants de l’Union européenne, les Juncker et les Tusk, ou que ce soit pour les dirigeants des autres pays de l’UE qui s’affichent comme des européistes, et en premier lieu le Président Emmanuel Macron. Ce gouvernement (…) sera un gouvernement ouvertement eurosceptique. Sa volonté de s’affranchir des règles budgétaires et financières imposées par l’UE, ce carcan qui s’appelle l’euro-austérité, en témoigne. Le poids de deux économistes connus pour leur farouche opposition tant à l’Euro qu’aux politiques d’austérité qui en découlent, mes collègues (Alberto) Bagnai et (Claudio) Borghi qui ont été élus sénateurs – tous deux économistes membres de la Ligueet  inspirateurs du programme eurosceptique de Matteo Salvini, NDLR- , dans la politique de gouvernement ne sera pas mince. Il est cependant clair que cela entraînera un conflit avec le Président de la République italienne, M. Mattarella, dont le pouvoir de nuisance est plus important que ce que l’on imagine ici en France. »

    M. Sapir se félicite  aussi  de ce que les lignes bougent, notamment du « fait que le dirigeant de la Sinistra Italiana,  la  gauche italienne , Stefano Fassina, envisage de soutenir de manière critique cet hypothétique gouvernement de coalition entre le M5S et la Lega indique bien un possible rassemblement des forces autour de la matrice souverainiste (…). Cette attitude pragmatique est à retenir. Elle tranche avec les partis pris que l’on peut entendre en France. Elle montre, veut croire M. Sapir,  la voie pragmatique par laquelle pourra se construire un bloc souverainiste susceptible de s’opposer au bloc bourgeois-européiste qui s’est constitué dans de nombreux pays, ce bloc que des collègues italiens appellent les euronoïmanes»

    UE qui gagnerait certainement  du crédit auprès des Européens, constate Bruno Gollnisch,  si elle n’apparaissait  pas comme un vassal des Etats-Unis dont personne n’ ose remettre en cause le joug et la domination, au-delà des effets  de manche et de (timides) déclarations homériques.

    RT le rapporte,  lors d’une réunion organisée lundi par Heritage Foundationtrès influent  laboratoire d’idées  (think-tank)  promouvant l’idéologie impériale des  néoconservateurs , le nouveau secrétaire d’Etat américain (équivalent de  notre ministre des Affaires étrangères) Mike Pompeo, «a annoncé la volonté de son pays de travailler sur un nouvel accord concernant le nucléaire iranien. Il a toutefois fixé des conditions particulièrement contraignantes pour Téhéran qui avait fait part de son refus catégorique de renégocier.»

    « Au cours de son discours (M. Pompeo)  a dévoilé les 12 conditions que l’administration Trump souhaitait voir respectées pour la concrétisation éventuelle d’un nouvel accord. L’Iran doit, entre autres, arrêter de développer des missiles balistiques, libérer les ressortissants américains détenus dans ses prisons ou encore cesser de soutenir le Hezbollah en Syrie et dans d’autres pays de la région. »

    Récent  directeur de la CIA  (il vient d’être  remplacé à ce poste   par Gina Haspel),  Mike Pompeo   est un faucon presbytérien  qui ne fait pas dans le détail – il s’est notamment déclaré  favorable à la  peine de mort pour  Edward Snowden. Il  voue une haine très palpable à l’Iran  et a donc été chargé  de préciser  les menaces contre Téhéran. Donald  Trump  avait  annoncé le 8 mai  le désengagement de Washington  de l’accord nucléaire avec l’Iran  conclu par son prédécesseur Barack Obama et le rétablissement  des sanctions contre la République iranienne .

    RT  indique que M. Pompeo  « a demandé le soutien des Européens pour parvenir à un nouvel accord, il les a en revanche avertis que les Etats-Unis tiendraient pour responsables les entreprises qui continueraient d’entretenir des relations commerciales dans certains secteurs avec Téhéran. Une menace déjà brandie par le conseiller à la Sécurité nationale John Bolton. Il avait fait savoir que le rétablissement des sanctions américaines était effectif immédiatement après la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Quant aux entreprises déjà engagées en Iran, elles n’auraient que quelques mois pour en sortir (…). Mike Pompeo a en outre assuré que les Etats-Unis exerceraient une pression financière sans précédent sur l’Iran, avec les sanctions les plus fortes de l’Histoiresi Téhéran refusait de se plier aux exigences de Washington.»

    L’AFP précise que la haute-représentante de l’UE pour les Affaires étrangèresFederica Mogherini a répliqué dans un communiqué au  discours   de Washington  et entendrait  résister  à l’ultimatum de l’oncle Sam: «Le discours du secrétaire (d’Etat) Pompeo n’a démontré en rien comment le fait de se retirer du Plan d’action conjoint (JCPOA, le nom officiel de l’accord nucléaire iranien) avait rendu ou rendrait la région plus sûre de la menace de prolifération nucléaire ou comment il nous placerait dans une meilleure position pour influencer la conduite de l’Iran dans des domaines en dehors de la portée du JCPOA. »

    Pour se préserver des menées américaines, la Commission européenne a lancé le 18 mai  une procédure d’activation de la loi de blocage afin de contrecarrer les effets extraterritoriaux des sanctions américaines pour les entreprises européennes voulant investir en Iran.Cette loi entend donner la possibilité  aux entreprises et tribunaux européens de ne pas se soumettre à des réglementations sur des sanctions prises par des pays tiers. Ainsi,  aucun jugement décidé par des tribunaux étrangers sur la base de ces réglementations ne saurait s’appliquer au sein de l’UE.

    Ce bras de fer peut-il être gagné par cette Europe là ? Ancien secrétaire d’État aux affaires Européennes, le républicain  macrono-compatible et actuel ministre  de l’Économie Bruno Le Maire dit le croire. Invité dimanche  du Grand Rendez-vous Europe 1-Les Échos-CNEWS,  il a déclaré que  « le renforcement du règlement de 1996 (la loi de blocage,  NDLR) nous permettrait de prendre à notre charge l’éventuel prix des sanctions payées par les entreprises et qui pourrait être payé par l’UE (…).  Nous avons un budget européen à disposition qui doit nous permettre de protéger notre commerce et nos entreprises.»

    Portée sur les fonds baptismaux par les Etats-Unis, soumise à l’Alliance atlantique  l’Europe de Bruxelles  peut-elle, souhaite-t-elle vraiment s’émanciper  du grand frère (big brother)  américain  ?  Derrière les  beaux discours, les young leaders de notre  gouvernement le veulent-ils aussi?  « Est-ce que nous acceptons que les États-Unis soient le gendarme économique de la planète ? La réponse européenne doit être clairement non », a  cependant déclaré M. Le Maire dimanche .

    Il n’ignore bien évidemment pas  les   répercussions très négatives  de la réactivation de  l’embargo et des sanctions yankees pour des entreprises françaises comme Peugeot et Renault, respectivement 443.000 et   162.000  voitures vendues l’année dernière en Iran,  soit  à  elles deux  40% d’un  marché  iranien de l’automobile en progression constante. Quant à Total, elle  a signé en novembre 2016 avec le gouvernement iranien  un accord de principe pour le développement du  champ gazier de Pars Sud situé dans le Golfe  arabo-persique  pour un montant de six milliards de dollars… Passer sous les fourches caudines  américaines  (sans même parler dans ce dossier  des oukases  bellicistes  de l’actuel gouvernement  israélien)   nous coûte décidément de plus en plus cher. 

    https://gollnisch.com/2018/05/22/soumission-ras-le-bol/

  • L’entreprise au-delà des ruines

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    640454069.jpgEn 1941, l’ancien trotskiste et futur co-fondateur du néo-conservatisme belliciste étatsunien, James Burnham, publiait The Managerial Revolution traduit six ans plus tard sous le titre de L’Ère des organisateurs. Sept décennies après sa parution, à l’heure de l’« entreprise libérée », de l’horizontalité organisationnelle, de l’« open space » de travail et de la généralisation intrusive de l’outil numérique, les managers vivent-ils leurs derniers instants d’existence ? Telle est l’interrogation du consultant en entreprise, Philippe Schleiter, dans un ouvrage au titre bien trop réducteur. Si ce chef d’entreprise s’appuie sur son expérience professionnelle, il entend aussi donner à ses remarques une portée qui dépasse de très loin les simples rapports entre les DRH et les salariés. Sur les traces du futur maréchal Lyautey, il plaide « pour le rôle social du manager (pp. 181 – 194) » et consacre un assez plaisant essai aux répercussions socio-économiques de l’actuelle guerre économique planétaire. « Situés au cœur de l’entreprise, les managers sont […] au plus près des enjeux : leurs postes de travail sont des postes d’observation privilégiés de notre société (p. 184). » Indispensables vigies dans un environnement instable et tumultueux, « les managers représentent, par leur réalisme, leur courage, leur modestie et leur détermination une élite qui s’ignore […] née au feu de la guerre économique (p. 14) ». Cette élite méconnue œuvre au sein de l’entreprise, devenue selon l’auteur l’ultime lieu de socialisation après l’effacement consécutif de l’Église, de l’Armée, de la famille traditionnelle, des partis…

    Lieu de transmission des savoir-faire, des apprentissages et des savoir-être, « l’entreprise est un puissant antidote à l’individualisme, à l’égocentrisme et au narcissisme (p. 187) ». Le nouveau contexte mondial en fait même une unité de combat économique. Ainsi l’auteur ne rechigne-t-il pas à la comparer aux « Drakkar dans la tempête, Caravelle en partance pour le Nouveau Monde, Corps d’Armée montant au front (p. 170) ». Il veut réhabiliter l’entreprise. La période lui semble propice puisqu’« un monde nouveau est en train de naître sous nos yeux : celui de la mondialisation malheureuse. Il est porteur de défis, de compétitions et même d’affrontements qui ne pourront être relevés sans de nouvelles visions, de nouveaux projets et de nouvelles valeurs (p. 13) ».

    Une ode à l’entreprise

    Il estime qu’« un nouveau modèle apparaît, qui conjugue efficience et frugalité, performance et mesure (p. 49) » avec, en prime, la renaissance bienvenue des valeurs épiques (et non seulement éthiques). « L’entreprise est précisément l’une des institutions les mieux armées pour faire en sorte que le retour actuel des vertus viriles puisse s’exprimer de façon lumineuse et positive (p. 58). » Si, « au tournant des années 1960, un cocktail inédit d’individualisme et d’égalitarisme est venu modifier l’idée que nous faisions de l’autorité (p. 17) », c’est dorénavant en son sein que s’affirmerait un net regain en faveur de l’autorité. « Dans le monde incertain et dangereux qui est le nôtre, le chef doit savoir manier le glaive et se jeter dans la mêlée mais en brandissant aussi le sceptre qui soude la communauté. Il a un rôle et une dimension communautaire et même identitaire (p. 22). » Mais ce chef ne doit pas être un simple donneur d’ordre anonyme et discret. « Le chef est d’abord celui qui incarne l’autorité au quotidien et lui donne un visage. Le chef ne doit donc pas s’enfermer en haut d’une tour fût-elle de verre et non d’ivoire. Il a l’obligation d’être visible et accessible (p. 21). »

    Contre le maternalisme ambiant, l’auteur exalte le risque et conteste le principe même de précaution qui s’invite partout, sauf dans l’alimentation (présence des perturbateurs endocriniens) et dans l’immigration allogène de peuplement. Il importe de distinguer « bien-être et bonheur (p. 116) ». Cette approche brise les clichés véhiculés par les syndicats. Philippe Schleiter rappelle que la France a « le taux de syndicalisation le plus bas d’Europe (p. 130) » sans jamais en expliquer les raisons. La faiblesse syndicale française se comprend à l’aune de l’idéologie égalitaire. Hors de l’Hexagone, Lointaine rémanence des « privilèges » corporatistes d’Ancien Régime, l’appartenance au syndicat permet à ses adhérents de bénéficier d’avantages sociaux propres négociés et obtenus entre leur syndicat, le patronat, voire, le cas échéant, la puissance publique. Exclus du syndicat, ils les perdent tous. En France, l’égalité veut que les accords sociaux s’appliquent à l’ensemble du personnel et pas uniquement aux seuls syndiqués. Dans ces conditions, à quoi bon cotiser ?

    Philippe Schleiter considère que « l’Entreprise reste une communauté agissante (p. 91) ». Elle ne cesse de se développer parce qu’« un nombre croissant d’activités relevant autrefois des secteurs public ou associatif est désormais assuré par l’entreprise (p. 82) ». Il se lance dans une rétrospective historique à propos de cette époque faste appelée par Jean Fourastié les « Trente Glorieuses », cette « déclinaison de la modernisation et de la croissance forte et continue qui place la France au rang de puissance industrielle (p. 139) ». Il oublie cependant – peut-être victime de l’historiquement correct ? – que ce dynamisme ne date pas de l’immédiate après-guerre et des initiatives sociales du CNR (Conseil national de la Résistance), mais des efforts commencés dès la fin de la IIIe République, ensuite poursuivis sous l’État français d’un vieux maréchal par de hauts fonctionnaires et des technocrates successivement passés par les écoles de cadres de la Révolution nationale et les réseaux de noyautage de la Résistance. Pensons par exemple à Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères entre 1958 et 1968, puis Premier ministre (1968 – 1969) du Général de Gaulle, qui arrive à Alger en décembre 1942 pour se mettre à la disposition de l’Amiral François Darlan, Dauphin officiel du Maréchal !

    Cette continuité technico-administrative explique que « l’État des Trente Glorieuses n’est pas seulement un État protecteur, […] c’est aussi un État “ entrepreneur ” qui exige de l’engagement au service d’une ambition collective (pp. 142 – 143) ». Il serait bien que les énarques redécouvrent le rôle fondamental de l’État stratège dans l’agencement des « sociétés contemporaines [qui] trouvent leur équilibre dans le mouvement (p. 72) ». L’État stratège demeure ce point fixe indispensable pour se repérer dans les flux mondiaux des échanges et des comportements.

    L’auteur en appelle au renouveau industriel. Il a raison. Toutefois, son néo-industrialisme semble quelque peu excessif. La France ne doit pas privilégier l’économie tertiaire, favorable aux seuls services marchands. L’État stratège devrait permettre la relance concomitante de la matière (une nouvelle industrie ambitieuse et performante) et de la terre (l’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière) parce que pointe déjà à l’horizon l’impératif de l’auto-suffisance alimentaire. Valorisons par conséquent les figures civiques fondatrices européennes de l’Ingénieur et du Paysan !

    Renouveau entrepreunarial !

    L’auteur avance avec raison que « l’heure est plutôt au patriotisme économique et un volontarisme industriel avec la ferme volonté de ne pas rater le coche de la troisième révolution industrielle naissante à la confluence de la micro-électronique, de la robotique, du logiciel et de l’Internet (p. 123) ». Regrette-t-il le « capitalisme rhénan » expliqué naguère par Michel Albert ? L’entreprise appropriée n’est pas la firme internationale, mais plutôt l’entreprise familiale ou le groupe de dimensions intercontinentales en commandite absent des places financières (Michelin). Elle se rapprocherait des entreprises japonaises et coréennes du Sud dont les employés montrent leur attachement à leur « boîte » et expriment un véritable « patriotisme entrepreunarial », soit des communautés effectives qui feraient enfin sens. « Pour relever les défis qui leur sont adressés, les dirigeants d’aujourd’hui et ceux de demain doivent donc se départir de l’ancienne vision mécaniciste de la société. Ils doivent troquer Descartes contre Darwin pour renouer avec un modèle d’organisation plus biologique, organique et holiste. Ils doivent se souvenir que l’intelligence est d’abord collective et se penser pleinement membres d’un tout dont la valeur est supérieure à la somme de ses parties (pp. 66 – 67). » Le holisme fait donc son grand retour comme le signale d’ailleurs le pasteur Jean-Pierre Blanchard (1).

    Il est possible que « l’entreprise [soit] un levier formidable pour accompagner cette renaissance et redonner confiance au pays. Parce qu’elle est rompue à l’exercice de la définition d’une vision, d’une ambition, d’un projet collectif qui, s’ils sont bien faits, fédèrent les énergies. Et aussi parce qu’en son sein les élites circulent plus vite (pp. 147 – 148) ». Comment alors motiver le personnel en-dehors des primes exceptionnelles et des augmentations de salaire ? Communauté de destin productif et professionnel, l’entreprise ne peut-elle pas appartenir à ceux qui y travaillent ? Structures coopératives, intéressement aux bénéfices réalisés, participation à la gestion quotidienne constituent des facteurs d’encouragement et de motivation à la vie de l’entreprise. Il ne s’agit pas de susciter l’autogestion, ni d’abolir la hiérarchie interne, mais de faire des cadres et des employés des co-propriétaires. Les entreprises coopératives ou « co-gérées » présentent une vulnérabilité moindre au rachat éventuel proposé par quelques multinationales prédatrices. Co-propriété de ses employés et de l’État, Alstom n’aurait jamais été bradé à des intérêts anti-français. L’entreprise ne se conçoit pas éphémère ou à durée limitée. « L’éloge de l’instant, l’ode à l’urgence sont non seulement contre-productifs mais encore sont-ils le signe annonciateur de désastres futurs (p. 31). » L’intégration de ses membres dans la vie de l’entreprise ne lui donne-t-elle pas une épaisseur certaine ? « À l’instar de toutes les communautés vivantes les entreprises ont des racines et une identité qui, loin de les lester, peuvent les aider à se trouver une voie propre à travers les aléas de l’histoire (p. 34). » Préfacier de l’ouvrage, Hervé Juvin écrit que « l’entreprise hors sol est un monstre, l’entreprise de demain retrouvera sa dimension territoriale, sociale et nationale (2) ».

    Participation effective et association du travail et du capital fortifient sans aucun doute l’entreprise qui affronte la mondialisation d’autant que « l’entreprise n’est nullement à l’origine de la mondialisation (p. 83) ». Provocateur, Philippe Schleiter assure que « mondialisation ne rime pas avec uniformisation : le monde est à la fois global et pluriel (p. 46) ». Cela signifie que « la mondialisation n’est pas ce creuset dans la modernité duquel tous les pays sont appelés à se dissoudre pour permettre l’éclosion d’une nouvelle conscience planétaire, et qu’elle est plutôt une arène dans laquelle les entreprises mais aussi les nations sont appelées sinon à s’affronter de façon directe, du moins à entrer dans une compétition d’autant plus vive que l’abolition des frontières et des distances précipite tous les concurrents sur un même terrain (pp. 43 – 44) ». Toujours d’après lui, « longtemps, on a cru que mondialisation rimerait avec occidentalisation, voire avec américanisation : une folle illusion entretenue y compris par ses adversaires qui y voyaient une nouvelle ruse de l’impérialisme yankee (p. 39) ». Point de vue contestable. Les adolescents de Bucarest, de Dakar, de Séoul ou de Sarcelles portent rarement des maillots floqués à la gloire de Confucius ou de Lao Tseu ! Distribués sur les cinq continents, les films autour de StarWars et des Avangers ne propagent-ils pas l’image d’une Amérique irréelle ?

    L’entreprise contre le marché

    « La mondialisation n’a […] pas été pensée entre les murs des conseils d’administration mais au sein du Bureau ovale (p. 84). » Dans les décennies 1970 – 1980, « inquiets des succès enregistrés, sur des terrains différents, par l’URSS d’une part, et le Japon d’autre part, les États-Unis ont décidé de réagir en nouant une alliance avec la Chine et en dérégulant les marchés, notamment financiers, posant ainsi les bases d’un nouveau monde (p. 84) ». Mondialisation et financiarisation de l’économie tendent à fondre les entreprises dans les flots glacés des marchés au point que certains libéraux les prennent pour des fictions ! Or les entreprises ne doivent « pas se dissoudre dans le marché global mais [au contraire] […] s’y imposer comme une force agissante (p. 90) ». L’auteur souligne que « la politique de dérégulation impulsée au début des années 1980 dans le monde anglo-saxon avant de gagner le monde entier n’est pas en faveur de l’entreprise mais du marché (p. 84) ». Il va même plus loin et pense que « le marché et l’entreprise sont des entités distinctes et même, à bien des égards, antagonistes (pp. 84 – 85) ». En effet, « l’entreprise traditionnelle représente […] l’une des rares institutions se dressant encore contre le triomphe sans partage du marché (p. 190) ». Y aurait-il du Jean-Luc Mélanchon ou du Benoît Hamon chez Philippe Schleiter ? Fausse alerte ! « En favorisant l’extension du domaine du marché, la révolution libérale poursuivie depuis une trentaine d’années ne pouvait donc que profondément déstabiliser l’entreprise, telle qu’elle s’était affirmée du XIesiècle jusqu’à la fin des Trente Glorieuses. Alors que l’entreprise était portée par une dynamique d’institutionnalisation, elle tend désormais à n’être plus que le lieu où se nouent, de façon éphémère, des relations entre agents déliés de tout pacte à moyen ou long terme. Alors qu’elle s’affirmait comme un pôle de stabilité à côté d’autres institutions durables, les nouvelles règles du jeu lui enjoignent de redevenir fluide et volatile, à l’instar de l’ensemble de la nouvelle société ainsi édifiée (p. 85). » Sévère et juste constat ! Regrettons toutefois que Philippe Schleiter n’aborde pas l’avenir de l’entreprise confrontée à l’émergence de l’intelligence artificielle et aux cadences de travail épuisantes observées par exemple chez ce nouveau négrier qu’est Amazon.

    La mondialisation dévaste tout sur son passage. Dans la grande liquéfaction du monde, l’auteur ose le pari que « l’entreprise va être le conservatoire de valeurs indispensables dans les temps difficiles qui risquent bien de s’annoncer (p. 197) ». Il prend exemple sur la transition difficile de l’Antiquité tardive au Haut Moyen Âge. « Dans le chaos suivant la chute de l’Empire romain, les vestiges de l’ancienne culture ont été maintenus dans l’enceinte des monastères. Il n’est pas impossible que dans le chaos post-moderne les entreprises remplissent ce rôle en maintenant vivantes des valeurs qui, dans le reste de la société, ne sont plus qu’un vague souvenir… (p. 191). » Philippe Schleiter ne dédaigne pas les approches audacieuses et assez réductrices. Des communautés informelles mais réelles autour de BAD (bases autonomes durables), détenant des terres arables serviront, elles aussi, des conservatoires de la civilisation européenne. « La mondialisation ne met pas seulement en concurrence les économies, mais des valeurs, des modèles de société, des capacités de réduction et d’entraînement (p. 45). » L’entreprise serait-elle à la hauteur pour l’inévitable transmutation des valeurs ? La question revêt toute son importance quand on voit que les grandes et moyennes entreprises n’hésitent plus à appliquer les mots d’ordre du conformisme officiel (écriture inclusive, anti-racisme, gendérisme, féminisme hystérique…) et à livencier les militants anti-Système. Elles contribuent à la liquidation de l’ancien monde.

    Jeune retraitée de la vie politique, Marion Maréchal – Le Pen révélait dans Valeurs actuelles du 22 février 2018 son projet « métapolitique » d’académie d’enseignement politique destinée à former les futurs talents d’une « droite entrepreunariale et enracinée ». Ses premières promotions auraient tout intérêt à lire Management. Le grand retour du réel. Quant à la direction, elle pourrait fort bien solliciter l’auteur pour des interventions. La nouvelle révolution des managers sera conservatrice et réfractaire. Ça nous change du primat bancaire de la Start up Nation en pacotille !

    Georges Feltin-Tracol

    Notes

    1 : Jean-Pierre Blanchard, L’Alternative holiste ou la grande révolte antimoderne, Dualpha, coll. « Patrimoine des héritages », préface de Patrick Gofman, 2017.

    2 : Hervé Juvin, France, le moment politique. Pour que la France vive !, Éditions du Rocher, 2018, p. 178.

    • Philippe Schleiter, Management. Le grand retour du réel. 15 cartouches pour ne pas être démuni, préface de Hervé Juvin, VA Éditions, 2017, 199 p., 18 €.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2018/05/21/l-entreprise-au-dela-des-ruines.html