Par Renaud Beauchard*
En Amérique, le « politiquement correct » et la répudiation de l’humanisme occidental commencent dès le primaire à l’école publique. Et c’est une des causes du climat idéologique qui prévaut dans les universités, raconte l’essayiste, professeur associé à l’American University Washington College of Law, à Washington DC.
Dans une de ces grandes braderies rituelles de l’héritage humaniste qui ponctuent l’actualité universitaire aux États-Unis depuis plusieurs décennies, le département d’histoire de l’art de l’université de Yale vient d’annoncer sa décision de supprimer son cours d’introduction à l’histoire de l’art, jugé trop occidentalo-centré, pour le remplacer par quatre cours composites d’« histoire globale ». Cette nouvelle n’est guère surprenante, venant d’une université qui a cédé en 2016 à la pression d’étudiants pétitionnaires du département d’anglais réclamant d’être soulagés de l’obligation d’étudier les œuvres de Shakespeare ou Milton pour mieux pouvoir se consacrer à la production littéraire d’artistes appartenant à des catégories victimaires identifiées. À vrai dire, le plus étonnant n’est pas la suppression de ce cours, mais le fait qu’il ait pu subsister aussi longtemps dans l’atmosphère de transe nihiliste qui sévit depuis plusieurs décennies dans une partie des départements des universités de l’Ivy League.