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  • Que faire ? disent-ils… – Par Dominique Venner

    Pour respirer un peu loin des miasmes ridicules de la petite politique, je vais parler d’un message que m’adresse un lecteur de La Nouvelle Revue d’Histoire. Un lecteur mécontent, je le précise. Il a 21 ans, des études scientifiques. Il vit en grande banlieue. Il a réagi à la lecture de notre dossier récent « Les droites radicales en Europe ». Il me reproche, dans mon éditorial, de ne pas répondre à la question du « Que faire ? ». Il relève mes distances à l’égard de l’action politique, note que je parle de « solution spirituelle », me disant en substance : « c’est bien beau, mais cela ne me dit pas comment réagir face à la décadence européenne ». Je ne vais trahir aucun secret en reproduisant ma réponse qui résume en profondeur ma façon de voir. Voici :

     

    « N’attendez pas de moi des recettes pour l’action. Attendez de moi que je dise ce qu’est la vocation de votre génération. Si vous éprouvez le désir d’une action politique, engagez-vous, mais en sachant que la politique a ses propres règles qui ne sont pas celles de l’éthique. Quelle que soit votre action et tout simplement votre existence, il est vital de cultiver en vous, chaque jour, comme une invocation inaugurale, ce qui doit devenir, par répétition, une foi indestructible. Une foi indestructible dans le devenir européen au-delà de la période présente.

    « Je songe souvent au désespoir de Symmaque, appelé « le dernier Romain », l’un de nos ancêtres spirituels. J’ai évoqué ce personnage bien connu dans Histoire et tradition des Européens (p. 39-41). Symmaque, grand aristocrate romain, vivait à la fin du IVe siècle, époque sinistre entre toutes. Il est mort en témoin désespéré de la fin de l’ancienne romanité. Il ignorait que l’esprit de la romanité, héritier lui-même de l’hellénisme, renaîtrait par la suite perpétuellement sous des formes nouvelles. Il ignorait que l’âme européenne, autrement dit l’esprit de l’Iliade, est éternel à l’échelle humaine (qui n’est pas celle de la physique astrale).

    « Nous qui connaissons l’histoire sur quelques milliers d’années et l’explorons avec le regard interrogateur qui pouvait être celui de Symmaque, nous savons ce qu’il ne savait pas. Nous savons qu’individuellement nous sommes mortels, mais que l’esprit de notre esprit est indestructible, comme celui de tous les grands peuples et de toutes les grandes civilisations. Pour les raisons que j’ai souvent expliquées (conséquences du Siècle de 1914), ce n’est pas seulement l’Europe de la puissance qui est en sommeil. C’est avant tout l’âme européenne qui est en dormition. Quand viendra le grand réveil ? Je l’ignore et certainement je ne le verrai pas. Mais de ce réveil je ne doute pas une seconde. L’esprit de l’Iliade est comme une rivière souterraine toujours renaissante et intarissable. Parce que cela est vrai, mais invisible, il faut se le répéter soir et matin. Et ce secret (l’éternité de l’esprit de l’Iliade), personne ne pourra jamais nous le voler. »

    Dominique Venner http://fr.novopress.info

    Source : le site internet de Dominique Venner.

  • Déclin français et « argentinisation » : et si l'on parlait de la responsabilité des institutions de la Ve République ! (arch 2003)

    À partir du livre de Nicolas Baverez, un débat s'est ouvert sur le déclin français. Notion à la fois discutable (la France reste compétitive sur les marchés extérieurs et forte dans les industries de puissance comme l'aéronautique, l'espace ou le nucléaire) et incontestable au vu de l'état de ses finances publiques. L'ampleur des déficits, l'absence de maîtrise des dépenses publiques, l'incapacité à réformer l'Etat font en effet de la France l'homme malade de l'Europe, voire un pays en voie d' « argentinisation ».

    Or l'explication par la « médiocrité » ou la « lâcheté » de la classe politique est un peu courte, car les hommes politiques sont choisis par les électeurs dans le cadre d'une sélection organisée par les institutions : c'est donc à l'analyse critique de celles-ci qu'il faut s'attacher. Élaborées dans le souci de remédier à l'instabilité des régimes parlementaires telle qu'elle ressortait des expériences des 3ème et 4ème Républiques et de la République de Weimar, les institutions de la Vème République furent construites en 1958/1962 autour de 3 piliers :
    L'élection au suffrage universel direct du président de la République pour rendre le chef de l'exécutif indépendant des parlementaires ;
    Le scrutin majoritaire pour dégager des majorités claires et monolithiques ;
    L'abaissement du Parlement ;

    Un demi-siècle plus tard les inconvénients d'un tel système sont patents.

    1 – Le chef de l'exécutif – et les candidats à cette fonction - sont certes relativement indépendants des parlementaires et des partis ; mais ils sont placés sous une tutelle infiniment plus sévère et moins démocratique : celle des journaux et des télévisions ; et ce sont ces organes qui décident de qui est « présidentiable » ou non. Bien entendu cela conduit les hommes politiques à se formater pour plaire aux médias, or ceux-ci, à la différence des parlementaires ne sont pas représentatifs des électeurs. Il y a là une différence majeure avec les systèmes britannique ou allemand où le chef de chaque camp est choisi par les siens selon des voies démocratiques.

    2 – Malgré l'éclatement de l'opinion - la montée du Front National d'un côté, de l'extrême gauche de l'autre ainsi que la progression de l'abstention - le système électoral dégage des larges majorités tantôt à dominante socialiste, tantôt à dominante RPR ou UMP mais ce sont des majorités parlementaires… très minoritaires dans l'opinion : il n'en va pas de même dans la quasi-totalité des autres pays européens où le système électoral proportionnel rend nécessaire des coalitions complexes ; avec un inconvénient bien sûr – des marchandages pas toujours clairs – mais aussi un fort avantage : des gouvernements bénéficiant d'une large assise dans l'opinion et où des forces concurrentes, sinon opposées, peuvent s'entendre pour effectuer les réformes nécessaires ; ce n'est donc pas un hasard si tous les autres pays européens ont pu engager des réformes de leurs systèmes de retraite plus tôt et plus profondément que la France.

    3 – L'abaissement du Parlement français où la minorité ne pèse pas et où la majorité soutient le gouvernement, l'a privé de sa fonction de contrôle et notamment de contrôle des dépenses. Résultat les politiques ministérielles ne sont plus surveillées par les élus mais par les représentants des syndicats des administrations adeptes du « toujours plus » d'où l'explosion des charges et des déficits.

    Il y a là aussi une différence majeure avec les autres grandes démocraties européennes mais aussi américaine : le Congrès des Etats-Unis jouant lui un rôle majeur dans le contrôle des dépenses publiques.

    Il est donc clair que le système institutionnel français est un élément explicatif du déclin. Or ce qui est paradoxal c'est que la mise en cause des institutions françaises est jugée « tabou » : les constitutionnalistes et les politologues restent en effet dans leur immense majorité attachés aux dogmes fondateurs des institutions de 1958 faites pour régler les problèmes des années 50, voire des années 30, et conçues à une époque où la pouvoir médiatique n'existait pas. « L' « argentinisation » de la France est donc la double conséquence de l'archaïsme et du conformisme.

    Jean-Yves Ménébrez http://www.polemia.com
    30/09/2003

  • Les choix économiques aberrants du couple Hollande-Ayrault

    La situation économique et financière difficile dans laquelle se trouve la France nécessite d'agir de manière urgente pour y remédier. Tout gouvernement en place se doit donc de faire « quelque chose ». Or, pas plus le gouvernement Hollande-Ayrault que son prédécesseur ne prend des mesures à la hauteur de la situation. Plus encore, il s'agit de mesures contre-productives. Il importe de les déchiffrer.

    UN GOUVERNEMENT ENCHAÎNÉ
    A court terme, le principal problème qui lui est posé est celui de la réduction des déficits, et, pour commencer celui de l'Etat. Mais comment y parvenir ?
    Le gouvernement, en tant que membre actif du Nouvel Ordre mondial dominé par la finance et le cosmopolitisme sous toutes ses formes, n'est pas libre de ses actes. Il dépend à la fois de la tutelle des marchés qu'il doit d'abord rassurer et des oukases de Bruxelles auxquels il doit se conformer étant entendu que les seconds sont sanctionnés par les premiers ! En outre, il doit tenir compte des contraintes de l'euro, monnaie unique qui n'est pas spécifiquement adaptée à l'économie française mais à l'économie allemande, l'euro étant une sorte de duplication du mark.
    Il doit aussi composer avec un régime politique intérieur podagre dont il est à la fois l'émanation et le garant, ce qui signifie qu'il dispose d'une faible marge de manœuvre pour agir en vue de lui rendre quelque santé car il ne peut le bousculer sous peine de se suicider.
    Aussi, la première solution qui consisterait à rétablir la souveraineté monétaire et financière de la France, puis d'organiser une banqueroute lui est interdite par définition puisqu'il est au service du système. Pourtant, sortir de l'euro et rétablir le franc, tout en proposant une monnaie commune aux Etats constitutifs de la zone continentale de civilisation européenne lèverait bien des contraintes, à commencer par le fait de ne plus supporter une monnaie trop forte pour son économie et retrouver ainsi naturellement un espace de compétitivité qui lui manque. Rétablir la souveraineté monétaire permettrait en outre de ne plus faire dépendre le financement de l'économie des seules banques commerciales, cause naturelle de déficits, ne serait-ce que par les montants des intérêts qu'il engendre. L'enchaînement du gouvernement - à supposer qu'il y pense - ne lui permet même pas de procéder à un audit de l'endettement des pouvoirs publics de France et de répudier une partie de celle-ci, comme a pu le faire en Equateur le président Correa.

    RIGUEUR ET AUSTÉRITÉ
    Il lui faut donc passer sous les fourches caudines du système et se conformer aux recettes à la mode dans les milieux financiers. En ce moment, la mode est à l'austérité et à la rigueur. Il est vrai qu'après avoir mené une vie désordonnée, l'état de santé d'un débauché laisse à désirer et il lui est nécessaire de recourir à des mesures pour retrouver une bonne hygiène de vie. En fait, la rigueur doit être de tout instant, sans pour autant être austère, car sans rigueur, toute construction est vite menacée d'écroulement, de même qu'un artisan travaillant sans rigueur ne réalise jamais un travail de qualité. Bref, il s'agit d'agir avec sérieux, tout simplement.
    Toutefois, de nos jours, parler de rigueur est un mot inapproprié lorsque la société prône le laxisme dans ce qui constitue le fondement de toute société, à savoir le domaine spirituel, moral, étant entendu que le spirituel informe le matériel. Aussi, la rigueur ne peut que concerner la pierre angulaire du système actuel, à savoir les finances et la comptabilité qui en est la servante. Ainsi, actuellement, lorsque l'on parle de rigueur, il faut traduire par : « politique économique qui préconise la hausse de la fiscalité et la baisse des finances publiques pour réduire le déficit public », autrement dit de faire payer à la population les errements des dirigeants.
    Ce faisant, le gouvernement ne s'attaque pas, ou peu, aux causes qui provoquent ce déficit mais à leur conséquence : le déficit lui-même. Car le but de la réduction du déficit n'est pas tant de rétablir la santé économique de l'Etat et du pays que de rassurer les banquiers et leur permettre d'espérer rentrer dans leurs fonds, dont nous savons qu'ils n'ont aucune autre réalité que scripturale, autrement dit qu'il s'agit d'ectoplasmes. Mais, plus encore, le but de la réduction du déficit consiste à rassurer les "marchés" pour continuer à emprunter avec des taux qui ne soient pas usuraires. Bref, tout se passe comme s'il s'agissait, pour un ivrogne, de racler le fond de ses poches ou vendre à perte ses biens pour mieux continuer à boire.
    Ainsi, les augmentations d'impôt ne serviront qu'à payer un tribut qui sera vite jugé insuffisant par ce Baal contemporain que sont les marchés ; ces 30 milliards supplémentaires de racket ne sont d'ailleurs pas grand-chose comparé aux milliards créés en pure perte par les Etats et la BCE pour renflouer des banques que l'on n'a pas osé déclarer en faillite à cause du « risque systémique » qu'elles représentent, eu égard à leur taille gigantesque. Ne soyons pas dupes.

    UNE POLITIQUE SUICIDAIRE
    Ainsi, la politique de rigueur appliquée aujourd'hui en France, à la suite de celle pratiquée en Grèce, au Portugal et en Espagne, consiste à ponctionner la population pour donner l'impression que l'on va renflouer les caisses de l'Etat en augmentant ses recettes.
    Or, lorsqu'un gouvernement pratique une hausse des impôts, il expose son pays à entrer dans une spirale infernale, celle d'ailleurs qui se déroule en Grèce : en réduisant le revenu disponible des agents économiques, particuliers et entreprises, il réduit d'autant la demande solvable et les investissements ce qui provoque une diminution de l'activité économique et par suite de ses recettes fiscales. Le déficit incriminé, non seulement ne se réduit pas mais bien souvent augmente, aggravant la charge de la dette. Il faut alors augmenter les taux d'imposition en donnant un nouveau tour de vis fiscal lequel, bien évidemment, provoquera un nouvel étranglement de l'activité économique et, ainsi de suite, jusqu'à ce que mort s'ensuive. En Grèce, actuellement, le pays ne se redresse pas économiquement mais la population s'enfonce dans la misère, de plus en plus de Grecs en étant réduits à fouiller les poubelles ! Doit-on rappeler l'adage selon lequel « les hauts taux diminuent les totaux » ? Cela revient à soigner le patient en le tuant.
    Or le seul moyen de réduire les déficits mécaniquement et durablement est d'augmenter les recettes fiscales par le développement de l'économie en accroissant ainsi la richesse globale et par suite les revenus disponibles.
    L'actuel plan d'austérité Hollande -Ayrault n'échappe pas à ce travers. Il met l'accent sur l'augmentation de la fiscalité sur les ménages, autrement dit pour l'essentiel les classes moyennes toujours plus ponctionnées depuis des décennies, mais aussi et surtout sur les entreprises, toujours considérées sans distinction comme des profiteurs.
    Ce faisant, il ignore cet enseignement, fruit de l'expérience, selon lequel le coût en termes de développement économique est bien plus élevé lorsque la tentative de rétablissement des équilibres budgétaires passe par une taxation accrue des agents économiques plutôt que par une diminution de la dépense publique. Les hausses d'impôt provoquent un effondrement de l'investissement des entreprises de l'ordre de 10 à 15 pour cent. Les résultats qui découlent de l'étude des cas de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal montrent que les multiplicateurs budgétaires, autrement dit les effets de la réduction du déficit public sur le PIB sont plus élevés que ne le prévoyaient les modèles économétriques et provoquent une contraction importante de l'activité économique importante. Et les
    effets sont très vite spectaculaires. Avec un multiplicateur budgétaire de 1,2, l'activité économique se contracte d'autant ; mais avec un multiplicateur de 1,5, le PIB se contracte de près de 2 %. Il faut donc s'attendre à une récession en France au cours de l'année 2013, toutes choses égales par ailleurs qui aggravera le mal au lieu de contribuer à le faire disparaître.
    Or l'économie française est fragile et son industrie est sinistrée : son secteur industriel (en dépit du développement certain de « nouvelles technologies » qui ne sont nécessairement pas comptabilisées comme activités industrielles dans les statistiques officielles) est en diminution continue dans la part de la richesse comptabilisée en France et nombre d'entreprises n'ont pu résister qu'en baissant leurs prix pour conserver un minimum de compétitivité, réduisant ainsi leurs bénéfices et par suite leur capacité d'investissement. En augmentant fortement la fiscalité des entreprises, le gouvernement court de grands risque de porter le coup de grâce à nombre d'entreprises.
    L'absurdité d'une telle politique est patente et le gouvernement a lui-même admis que des aménagements seront apportés au cours de la rédaction des décrets d'application de la loi de finances à venir. Cela, d'autant plus que s'est développée une fronde fiscale parmi les chefs d'entreprise dite « révolte des pigeons », peu violente certes mais surtout bien mise en scène pour avoir un impact certain. Ce faisant, par les allégements qu'il va consentir, il va rendre aux entreprises, voire à certaines catégories de particuliers, ce qu'il leur prend par ailleurs. Nous sommes en pleine incohérence.
    En outre, le redressement de l'industrie ne s'effectuera pas par l'augmentation discrète mais réelle de la CSG pour les retraités ou de la TVA sur la consommation. De même, ce n'est pas en taxant les revenus les plus élevés à 75 %, et en spoliant les patrimoines avec l'ISF que l'on remettra de l'ordre dans les finances de la France. Certes, cela adoucira l'aigreur vengeresse des nouveaux sans-culottes du parti de Mélenchon (lequel est soumis à l'ISF !) mais le rendement de ces impôts nocifs, surtout le second, est dérisoire, surtout lorsqu'il est comparé au Tonneau des Danaïdes des déficits publics et n'atteindra que ceux qui n'auront pas pris à temps des mesures pour y échapper.
    Par ailleurs, ce n'est pas le gouvernement actuel, pas plus que ses prédécesseurs, qui remettra en cause le poids de l'immigration incontrôlée et des charges énormes qu'elle entraîne à travers toutes les aides accordées, à commencer par FAME, l'aide médicale d’État.

    LES RÉFORMES QUI NE SERONT PAS FAITES
    Si déficit de l'Etat il y a, c'est dira-t-on, parce que l'Etat vit au-dessus de ses moyens. Mais c'est aussi et surtout parce que l'Etat et, plus généralement l'ensemble des pouvoirs publics, avec l'empilement des régions, des départements, des communes et autres intercommunalités ont des coûts de fonctionnement toujours plus élevés, sans pour autant apporter à la société française les services qu'il est supposé rendre. A ce problème, il est bien mal répondu. Depuis quelques années a été entreprise la RGPP (Révision générale des politiques publiques) qui vise à rationaliser les services de l’État sans pour autant repenser le rôle de l’État, si bien que peu à changé en dépit de l'effet d'annonce du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
    À l'échelon des administrations territoriales, il existe de nombreux doublons. Et le transfert statutaire de fonctionnaires d’État à la fonction publique territoriale à la suite de celui de services d’État aux collectivités territoriales n'explique pas de loin l'augmentation de 60 pour cent des effectifs des fonctionnaires territoriaux depuis 1997.
    Bien entendu, le gouvernement, expression de ce système, n'a pas les moyens de remettre cette organisation à plat. Il ne faut pas minorer la lenteur de la diminution du poids du personnel de l’État car, même par une diminution drastique, et possible si l'on rend l’État à ses fonctions régaliennes naturelles, ne réduira pas rapidement les charges salariales ; de ce point de vue, il est totalement contre-productif de repousser l'âge de la retraite des fonctionnaires car c'est augmenter d'autant la masse salariale qu'ils constituent. Il ne faut pas non plus sous-estimer les problèmes humains que provoquerait une réorientation de la population active des secteurs improductifs vers les secteurs productifs mais, plus le temps passe, plus cela sera difficile. N'ignorons pas que nombre de personnes ont été embauchées dans l'administration territoriale, à l'échelon communal, comme solution de facilité pour tenter de régler le problème du chômage de personnes victimes d'un manque de formation mais aussi de débouchés locaux. Outre le problème sans cesse aggravé du déséquilibre économique et humain qui caractérise le territoire de la France, cela touche un point essentiel : celui de la première richesse d'une nation qui est son savoir-faire.
    Or, pas plus qu'à la refonte de l’État, le gouvernement ne s'attaque à cette faiblesse grandissante de la France qu'est la perte de son savoir-faire industriel, principal créateur de richesses. En effet, faut-il le rappeler, la richesse d'une nation repose d'abord sur le savoir-faire de sa population et sur les secteurs de l'agriculture et de l'industrie, celui des services ne pouvant utilement se développer qu'en liaison avec les deux premiers.
    Or cela nécessite de remettre en cause le système scolaire actuel largement déficient, l'étatisation de la formation professionnelle qui serait bien plus efficace si elle était laissée à la gestion des premiers intéressés, à savoir les corps de métiers et d'industrie. Le gouvernement, là encore, pas plus que ceux qui l'ont précédé, n'est en mesure de le faire.
    Cela induit aussi l'aide à l'investissement productif et à la recherche fondamentale, notamment dans le domaine militaire car, par l'impératif vital de défense nationale, c'est dans ce domaine que le meilleur de la nation est mobilisé. Le secteur de la défense est, faut-il le rappeler, celui à partir duquel bien des innovations majeures en matière civile ont pu apparaître et continuent d'apparaître. L'actuel gouvernement en est loin puisque dans le budget de l’État, celui de la défense sert toujours de variable d'ajustement, à la baisse !

    UN AVENIR SOMBRE
    La politique menée par le gouvernement Hollande-Ayrault, qui d'ailleurs ne diffère que sur des points secondaires de ce qu'aurait fait un Sarkozy réélu, ne résoudra aucun des problèmes de la France mais au contraire contribuera à les aggraver. La société française actuelle est bloquée, à la manière de la société d'ancien régime. L’État, irréformable et podagre, va constituer plus un poids pour la France qu'un outil de redressement.
    Une telle situation, devons-nous le répéter, ne peut qu'être lourde de lendemains douloureux et révolutionnaires, par nature.
    André GANDILLON, Président des Amis de Rivarol. Rivarol du 30 novembre 2012

  • Santé au travail : « Nous sommes face à une forme de crime organisé »

    Du cynisme des industriels à l’inaction des pouvoirs publics, Annie Thébaud-Mony, directrice de recherches au CNRS, dresse un état des lieux sans concession de la santé au travail…

    Moyenâgeuse et cynique. C’est en ces termes qu’Annie Thébaud-Mony qualifie l’attitude de certains industriels vis-à-vis de la santé et de la sécurité des salariés. Attitude qui, selon elle, expliquerait que l’on déplore encore chaque jour en France deux morts par accidents du travail et plus de dix des suites d’une exposition à l’amiante.

    Une situation archaïque que cette spécialiste des questions de sécurité au travail dénonce depuis près de 30 ans en parlant non pas de négligence mais d’une authentique forme de “crime organisé” de la part de certains dirigeants qui, depuis longtemps, ont appris à sous-traiter non seulement les risques qu’ils génèrent mais aussi les responsabilités qui les accompagnent.

    Face à cette manifestation de “pur cynisme industriel” dont les pouvoirs publics n’ont jusqu’alors pas pris la mesure, Annie Thébaud-Mony entend opposer deux mesures : l’interdiction d’avoir recours à la sous-traitance sur tout site dangereux et l’introduction des notions de crime industriel et de désastre volontaire dans le droit pénal. Seuls moyens, selon elle, d’en finir avec une situation qui persiste à placer l’intérêt économique au-dessus de la préservation de la vie humaine.

    “Je viens de refuser la Légion d’honneur parce que ce n’est tout simplement pas le type de reconnaissance que j’attends au terme de toutes ces années d’engagement et de recherche scientifique sur les questions de santé au travail et de santé environnementale. Ce que j’attends, c’est que mon travail soit pris en compte et reconnu ; autrement dit, qu’il incite les pouvoirs publics à adopter un certain nombre de dispositions, ne serait-ce que pour faire respecter la loi.

    Car pour l’heure, en ce qui concerne la santé et la sécurité, le code du travail n’est pas appliqué. Il pose un certain nombre de principes qui ne sont pas respectés, à commencer par le principal : l’obligation faite depuis plus d’un siècle aux employeurs de garantir la santé de leurs salariés. Cette obligation a pourtant été rappelée à l’occasion du drame de l’amiante en 2002, l’affaire ayant débouché sur une certaine prise de conscience en montrant qu’il existait un réel problème de prévention face à un risque qui, pourtant, était identifié depuis longtemps. En prenant la mesure de cette catastrophe sanitaire, la Cours de cassation a réactivé cette obligation des employeurs d’assurer la santé des salariés au quotidien.

    Or je constate chaque jour que, sur ce plan, rien n’a changé. Que nous restons face à une situation d’urgence sanitaire qui n’est absolument pas prise en compte par les politiques. Voilà pourquoi j’ai refusé la décoration qui m’a été proposée. Parce qu’elle aurait dû intervenir au terme de mon travail ; en marquer l’aboutissement. Et comment parler d’aboutissement alors que perdure cette situation d’urgence, que l’on attend encore que des décisions soient prises et des mesures adoptées ? Tant qu’il en sera ainsi, je ne pourrai ni me reposer, ni recevoir une médaille.”

    Sécurité versus rentabilité

    Non seulement il n’y a aucune amélioration mais l’on voit s’installer chez les entreprises un discours fataliste fondé sur l’argument de la crise économique et consistant à dire : vu la situation catastrophique, nous avons d’autres priorités que d’améliorer les conditions de travail. Ce raisonnement prouve que la sécurité des salariés est perçue comme une dépense, non comme un investissement et que, dans un contexte tendu, elle devient une sorte de luxe que les entreprises estiment ne pas avoir les moyens de s’offrir.

    Pire, elle est perçue comme une option alors qu’encore une fois, il s’agit d’une obligation. Résultat, ceux qui, comme moi, militent pour une autre gestion des risques sont uniquement perçus comme cherchant à alourdir les charges de l’entreprise. Pourtant on oublie une chose essentielle : c’est que l’assurance maladie – et par conséquent le contribuable – finance la négligence des industriels. Il faut savoir que dans le domaine des pathologies lourdes liées à l’environnement de travail, certains médicaments valent 1 000 euros la dose. Ce qui explique que les maladies professionnelles représentent chaque année des dépenses de plusieurs milliards d’euros.

    A défaut de parvenir à se faire entendre sur l’aspect humain de la situation, je n’hésiterai pas à avancer cet argument économique auprès des pouvoirs publics pour dénoncer l’attitude moyenâgeuse de certains industriels pour qui les gains escomptés de certaines réductions de coûts d’exploitation légitiment tout, y compris la mise en danger de la vie d’autrui.

    Impunité

    Cette situation est d’autant plus révoltante qu’elle s’est jusqu’à maintenant accompagnée d’une impunité totale. Celle-ci vient d’être remise en question il est vrai avec le jugement rendu contre AZF mais il aura fallu une catastrophe exceptionnelle et onze années d’un procès exceptionnel pour y parvenir, alors qu’on dénombre chaque jour en France deux morts par accident du travail, une dizaine des suites d’un cancer lié à l’amiante et, chaque année, des milliers d’autres décès liés au cocktail de cancérogènes et toxiques en tous genres que les travailleurs respirent et, au-delà, les riverains des usines, des centrales nucléaires, des lignes à haute tension, etc.

    Pour illustrer la dangerosité de certains lieux de travail, il y a ce cas récent de deux salariés partageant un même bureau sur le site d’une centrale nucléaire et atteints tous deux d’une tumeur au cerveau. Ce type de concordance est fréquent et lorsque l’on commence à enquêter, il n’est pas rare que l’on découvre d’autres cas atteints de la même pathologie, ce qui rend le lien avec l’environnement de travail évident. Comme c’est le cas chez les dockers. Parmi les 130 dockers du port de Nantes – qui manipulent en continu et sans protection les caisses de bois traitées aux pesticides, les bananes traitées au chlore et la ferraille qui dégage de l’oxyde de fer – 35 cas de cancers du rein ont été dénombrés. Je ne vois pas comment, avec une telle proportion, on peut encore parler de hasard.

    Travail de lobbying

    Pour établir des liens entre environnement de travail et cancers, nous avons mené un travail dit de systématisation face à l’exposition, en nous appuyant sur des données chiffrées. C’est essentiel pour établir ce qu’on appelle des présomptions d’imputabilité permettant au salarié qui développe une pathologie correspondant à une exposition propre à l’entreprise dans laquelle il travaille de la voir instantanément reconnue comme maladie du travail. Notre retard dans ce domaine s’explique par le fait que, pour établir ce type de tableau des maladies professionnelles, il faut un accord entre patronat et syndicat, ce à quoi, en France, un conflit d’intérêts évident nous empêche de parvenir.

    Et pour cause : les experts du patronat emploient toute leur énergie à nier l’évidence. Exemple : on n’a toujours pas pu faire inscrire le cancer du larynx dans le tableau des maladies professionnelles alors qu’on le sait directement lié à une exposition à l’amiante et qu’il a été reconnu comme tel par d’autres organisations sanitaires il y a dix ans déjà. Dans ce domaine, nous nous heurtons à un véritable travail de lobbying qui, pour moi, justifie de parler de crime organisé de la part des grands industriels et des experts, doublé d’une situation de non-assistance à personne en danger.

    L’amiante

    Le traitement de l’amiante, qui est le plus connu des cancérigènes, est révélateur de cet état de fait. Les premiers cas sont identifiés à la fin du XIXe siècle et, dès 1930, les industriels disposent de toutes les données scientifiques attestant de sa dangerosité. Trente ans plus tard, un chercheur américain rend ces données publiques et en 1971 les entreprises du secteur s’organisent pour entreprendre une véritable campagne de désinformation sur les effets sanitaires de l’amiante, le tabac devenant un formidable alibi invoqué pour expliquer les maladies contractées par les salariés et la notion d’“usage sécuritaire” de l’amiante étant avancée pour empêcher une réglementation sévère de son usage, ce qui n’est rien de plus qu’un slogan de propagande industrielle puisqu’il a été établi qu’une fois l’amiante extraite de la mine et réduite en poudre, il n’existait aucune possibilité de limiter sa dangerosité.

    Et le déni continue. Pour preuve, cette véritable bataille judiciaire qui, de 1997 à 2012, a opposé mouvements associatifs et pouvoirs publics dans une affaire de déconstruction d’une ancienne usine de transformation d’amiante, à Aulnay-sous-Bois. Tout ce que demandaient les associations, c’était l’application stricte de la réglementation de 1993 sur l’enlèvement d’amiante, à savoir : le confinement total du site durant les travaux afin de limiter la poussière au maximum et donc, les risques de contamination. Pour obtenir qu’il en soit ainsi, autrement dit pour que la loi soit respectée et appliquée, il a fallu plusieurs procédures judiciaires et surtout, il a fallu que la société civile se mobilise. Sans cela, on aurait démonté l’usine sans aucune précaution, ce qui aurait mené à une contamination des populations environnantes.

    La sous-traitance du risque

    Les secteurs présentant le plus de risques pour la santé des salariés sont connus. Il s’agit de la chimie et du nucléaire, bien sûr, mais aussi du BTP, de la réparation automobile, du travail des métaux, de l’imprimerie et de toutes les formes de maintenance industrielle. Le point commun étant que, dans l’ensemble de ces secteurs, on sous-traite les risques. La situation est simple : les entreprises considèrent que, à partir du moment où une activité est sous-traitée, la gestion des risques qui y est liée ne relève plus de leur responsabilité mais de celle de l’entreprise sous-traitante.

    Et c’est là que l’on se heurte à un vide juridique. Le travail étant prescrit aux employés d’une autre entreprise avec laquelle le donneur d’ordres entretient une relation client-fournisseur, cela modifie les relations de travail entre le dirigeant de la première entreprise et les salariés de la seconde et, de ce fait, déplace les responsabilités. A cette situation déjà pernicieuse s’ajoute le fait que, bien évidemment, le sous-traitant en charge de cette activité de maintenance aura obtenu le marché parce qu’il aura répondu à un appel d’offres qui, au final, privilégiera toujours l’entreprise pratiquant les tarifs les plus avantageux. Et où les entreprises qui pratiquent ces tarifs avantageux parviennent-elles à faire des économies pour réduire leurs coûts d’exploitation ? Toujours sur les mêmes postes : la prévention et la sécurité des salariés.

    AZF

    Le drame d’AZF est un parfait exemple des situations parfois hallucinantes que l’on peut rencontrer dans l’univers de la maintenance industrielle. Le site utilisait des dérivés chlorés après avoir eu recours, des années plus tôt, à des engrais. Or il existe une incompatibilité totale et bien connue entre les nitrates contenus dans les engrais et le chlore. Ces produits n’auraient donc jamais dû être en contact. Mais l’entreprise ayant sous-traité la gestion de ses déchets sans alerter les personnes en charge sur la nature des produits et résidus qu’elles manipulaient, nitrates et chlore ont fini par se retrouver dans un même hangar, ce qui a abouti à l’explosion dans les minutes qui ont suivi.

    On sait que, au cours de l’enquête, Total a tout fait pour éviter que cette piste chimique soit retenue ; c’est pourquoi le fait que le procès ait finalement abouti à la condamnation de l’industriel pour ne pas avoir géré les risques liés à ses activités de maintenance – activités qu’il a sous-traitées sans donner aucune consigne de sécurité ni même aucune information – est essentiel.

    Pour moi, cela fait d’AZF le premier procès de la sous-traitance qui, j’espère, servira d’avertissement à tous les industriels qui se montrent totalement irresponsables dès lors qu’il s’agit de gérer leurs déchets. Tant qu’on est dans la production, ils s’en tiennent à leurs obligations légales : ils protègent leurs salariés et leur outil de travail. Mais dès lors qu’il est question de déchets, ils ne veulent plus dépenser un euro en prévention et gestion du risque car pour eux, la gestion des déchets, c’est typiquement ce qui coûte et ne rapporte pas. Résultat : 80 % de la dose collective d’irradiation, en France, sont supportés par des salariés du secteur de la sous-traitance.

    C’est pourquoi je m’apprête à présenter à Mme Duflot un cahier intitulé “Etat des lieux et propositions” dans lequel figure, entre autres, une demande de voir interdire le recours à la sous-traitance sur tout site dangereux, afin que le risque ne soit plus sous-traité mais géré en interne.

    Stratégie de contournement

    Chaque grande filière industrielle – la chimie, le nucléaire, la métallurgie… – a développé sur la gestion des risques une même stratégie de contournement par la sous-traitance, laquelle se traduit par une délégation du danger et de la responsabilité. Ceci, tout en incitant les entreprises de sous-traitance à réduire leurs coûts – et donc, à rogner sur la sécurité – afin de remporter leurs appels d’offres. Ce qui prouve que, pour l’heure, l’intérêt économique l’emporte sur la préservation de la vie humaine et confirme qu’en matière de santé et sécurité des salariés, nous sommes face à une forme de crime organisé.

    Prenons l’exemple des centrales nucléaires qui sous-traitent des opérations à très hauts risques comme la décontamination des piscines où l’on refroidit les réacteurs – piscines qui, une fois vidées, restent tapissées de poussières radioactives. Il existe des robots capables de retirer une partie importante de ces poussières mais ils coûtent cher et c’est pourquoi beaucoup de responsables du secteur refusent de les utiliser, préférant sous-traiter ce travail à des ouvriers qui se retrouvent à genoux au fond de la piscine avec un chiffon ! Bien sûr ils portent une combinaison mais la combinaison protège contre l’inhalation de la poussière.

    Pas contre l’irradiation. Même chose chez France Telecom qui, durant des années, a installé un peu partout – sur les lignes, les poteaux, chez les abonnés… – des millions de parasurtenseurs contenant des sources radioactives. Lorsque l’utilisation des sources radioactives a été interdite, en 1978, rien n’a été fait pour les retirer et les salariés n’ont pas été avertis de leur dangerosité, si bien que beaucoup ont été irradiés. La situation a été dénoncée à plusieurs reprises et à plusieurs reprises France Télécom est parvenu à étouffer l’affaire.

    Cynisme

    Lorsque j’ai été auditionnée au comité sur la transparence du nucléaire sur la question de la sous-traitance, j’ai livré toutes ces informations en m’appuyant sur les différentes études attestant de l’exposition des travailleurs de ce secteur à un risque avéré. A la fin de la séance, les industriels ont expliqué que, si tout allait bien, ils seraient en mesure de réduire la sous-traitance dans quelques années ; ce qui n’est rien d’autre que la manifestation d’un cynisme intolérable. La preuve qu’une fois de plus, ils pensent et agissent dans un sentiment d’impunité total. Paradoxalement, ils sont plus prudents sur les questions environnementales – sans doute parce que plusieurs cas récents, comme le procès de l’Erika, ont prouvé qu’ils s’exposaient dans ce domaine à un véritable effet boomerang – que sur celles de la préservation de vies humaines et même de la protection de certaines populations. Le comble étant que, pour économiser sur la prévention et la sécurité, ils sont prêts à engager des sommes folles dans des études scientifiques censées apporter la preuve qu’il ne se passe rien.

    Crime industriel et désastre volontaire

    Le fait que les industriels soient conscients des risques liés à leur activité et qu’en toute connaissance de cause ils y exposent certains salariés fait qu’il ne s’agit plus seulement de négligence mais d’une véritable organisation de la déresponsabilisation. Cela fait trente ans que je cherche à dénoncer cette réalité ; à rendre visible une situation que, côté industriels, tout le monde s’emploie à dissimuler et dont, de toute évidence, les pouvoirs publics n’ont toujours pas pris la mesure. C’est pourquoi je m’apprête à adresser au gouvernement des propositions très concrètes dont une visant à modifier le code pénal pour y introduire les notions de crimes industriels et de désastre volontaire sur lesquelles un tribunal italien a récemment condamné deux industriels de l’amiante, non seulement à verser de fortes indemnités mais aussi à des peines de prison fermes.

    Introduire ces deux notions dans le code pénal français, voire européen, impliquerait que, dès lors qu’un risque est connu, y exposer qui que ce soit fasse l’objet de sanctions pénales. Cela permettrait d’aller au-delà de la notion déjà existante de mise en danger de la vie d’autrui – qui doit être démontrée pour chaque plaignant – en plaçant d’emblée la plainte sur un niveau collectif. Comme cela a été le cas en Italie où la notion de désastre volontaire a été instruite pour quelque 6 000 parties civiles et où le procureur en personne a ouvert l’instruction, permettant à la justice italienne de s’autosaisir de ce drame de l’amiante. Alors qu’en France, cela fait quinze ans que le procès contre les industriels de l’amiante attend d’être ouvert.

    Le nouvel Economiste  http://fortune.fdesouche.com

  • L’erreur de Darwin sur l’adaptation d’espèces invasives

    Une équipe de chercheurs australiens s’est intéressée au devenir des espèces introduites dans un milieu par l’homme, afin de bien comprendre les succès de ces expériences dans un contexte écologiste marqué par le souci de la biodiversité (Tingley et al. The American Naturalist, 177, 382-388, (2011)). Mais cette étude menée sur les amphibiens répond aussi aux interrogations scientifiques des évolutionnistes, permettant de trancher entre deux hypothèses sur l’aptitude d’une espèce à s’intégrer dans un milieu. La première de ces hypothèses fut formulée par Darwin, génial savant, inventeur d’une théorie de l’évolution bien ficelée, mais aussi fin observateur ayant émis bien des hypothèses qui souvent, ont été confirmées par la suite. Sauf quelques unes dont cette thèse assez centrale sur les succès dans l’introduction d’une espèce par l’homme. Selon Darwin, une espèce aura quelques difficultés à se développer dans un milieu si celui-ci est occupé par une espèce concurrente très proche selon les critères taxinomiques. A l’inverse, une autre hypothèse énonce carrément le contraire. Une espèce introduite dans un milieu aura de bonnes chances de prospérer si elle co-existe avec une espèce très proche. Cette solution alternative est connue comme hypothèse pré-adaptative. Ainsi, une étroite parenté de traits physiques et physiologiques entre l’espèce nouvelle et son homologue autochtone permettra à l’envahisseur de trouver facilement sa place. Soulignons ce détail. Darwin a proposé son hypothèse en observant les végétaux qui, s’ils sont introduits dans un milieu où une espèce parente est présente, peinent à s’insérer et se disséminer, alors qu’un végétal n’ayant pas d’étroite parenté avec les espèces du biotope pourra trouver matière à se développer et prospérer. La raison invoquée étant facile à comprendre. Une espèce très différente ne sera pas en compétition vitale avec les espèces présentes et trouvera ainsi plus aisément les substances et autres conditions pour s’étendre et occuper sa place. Les quelques tests menés sur des cas d’implantation de végétaux ont fourni des résultats contrastés, preuve s’il en est qu’il est difficile de trancher en faveur de l’hypothèse axée sur la concurrence face à celle supposant la préadaptation, reconnue aussi comme plausible par Darwin.

    Bien évidemment, cette alternative risque bien de livrer des conclusions distinctes si l’on étudie des cas d’introduction d’espèces animales, celles-ci ayant d’autres degrés de liberté pour s’adapter, se déplaçant notamment. Peu d’études ont été réalisées, sauf sur une les poissons, mentionnée par ces chercheurs australiens qui livrent leurs conclusions après avoir étudié, aux quatre coins du monde, plus de 500 cas d’introduction d’amphibiens entre 1700 et nos jours. Les grenouilles et salamandres introduites dans des milieux déjà occupés par des congénères voient leur développement facilité car elles disposent d’une compatibilité forte avec le milieu. Ce constat serait le premier permettant d’invalider la thèse darwinienne sur les espèces invasives censées être contrariées en rencontrant des proches congénères. C’est donc la thèse de la préadaptation qui explique le devenir des espèces invasives qui, dotés des mécanismes vitaux adéquats, montrent une aisance à se déployer dans un milieu déjà occupé par des espèces dotées de mécanismes similaires.

    Cette expérience est d’une grande importance pour la théorie de l’évolution puisqu’elle permet de penser à un rôle limité de la sélection naturelle, comme le pensait le naturaliste Lucien Cuénot, oublié des livres d’histoire de la biologie, et pourtant auteur de propos très savants renversant en quelque sorte les hiérarchies causales héritées de Darwin et un peu trop facilement acceptées par la communauté des évolutionnistes. Selon Cuénot mais aussi Bateson, la sélection naturelle n’explique pas la genèse des propriétés vitales des espèces et c’est plutôt l’inverse, une espèce bien formatée et dotée en mécanismes vitaux sera plus apte à s’adapter (H.C.D. de Wit. Histoire du développement de la biologie, p. 274, 1993). C’est ce sillon que j’ai du reste suivi dans mon essai où j’explique qu’il faut penser la sélection naturelle et l’adaptation réussie à partir des propriétés vitales de l’espèce et non l’inverse. Le vivant doit expliquer l’évolution et la sélection et non pas l’inverse (Dugué, le sacre du vivant, ouvrage en quête d’éditeur)

    Ainsi, hormis l’intérêt pratique de ces résultats dans un contexte de politique de biodiversité, nous avons dans ces constats de précieux éléments pour réfléchir à cette équivoque pour ne pas dire cet impensé de la théorie de l’évolution. Quel est le rôle exact de la sélection naturelle ? Une expérience de pensée fut réalisée par Darwin pour envisager le sort d’une espèce lorsqu’elle est introduite dans un milieu. Si elle rencontre une espèce très proche, cette dernière sera dotée des mécanismes vitaux adéquats et efficaces, car acquis dans un milieu sélectif. D’où les chances réduites d’adaptations pour les « envahisseurs ». Or, Tingley et ses confrères ont constaté que ce n’est pas le cas en étudiant 500 cas concernant l’introduction d’amphibiens. Une préadaptation permet ainsi à une espèce de vivre avec succès dans un milieu où elle rencontre un proche compétiteur censé être « mieux sélectionné ». Ces résultats vont donc dans le sens d’un découplage entre la pression sélective et la « logique du vivant », rejoignant ainsi, avec des liens lointains mais avérés, le propos de Motoo Kimura sur le découplage entre fixation des allèles et pression sélective.

    On regrettera qu’il n’y ait pas plus d’études de ce type. L’imposante hégémonie de la génétique, adossée au mythe de l’ADN, a laissé en friche la biologie naturaliste qui, en se dotant d’un appareil conceptuel adéquat, aurait encore beaucoup de choses à découvrir en observant finement les espèces vivantes. Une piste de réflexion découle de ces observations sur l’introduction d’une espèce potentiellement concurrente pour les ressources naturelles dans un milieu. Si cette espèce peut se développer, c’est que sans doute, ses concurrents autochtones sont loin d’avoir proliféré au point d’épuiser les ressources en maximisant leur prolifération. Cela étant, le degré d’évolution d’une espèce peut certainement jouer et il n’est pas sûr que chez les insectes, on trouve ce souci inné et mystérieux (qui lèvera le mystère ?) de ne pas proliférer jusqu’aux limites de l’épuisement naturel. Vaste méditation sur une « sagesse innée » des espèces évoluées et sur cette folie de l’humain qui lui, a transgressé les « lois naturelles » pour un pari assez fou, celui de conquérir la planète, sans se mettre des bornes démographiques, quitte à épuiser les ressources naturelles. Mais bien avant la modernité et le néolithique, l’homo sapiens a peut-être déjà transgressé les lois naturelles en éliminant un compétiteur, l’homme de Neandertal, chose impensable pour une espèce animale. Cette remarque anthropologique effectuée, on ne peut que louer à nouveau l’intérêt de ces études menées sur des populations introduites dans un milieu. L’équivoque sur la sélection naturelle et l’adaptation mérite largement la réalisation de ces observations écologiques comme celle récemment publiée par Tingley. L’ouverture vers une nouvelle compréhension du vivant et des forces vitales se confirme. Evolution et dévolution sont sans doute présentes en filigrane dans le propos théorique surplombant ces observations. par Bernard Dugué    http://www.agoravox.fr

  • Mondialisation et guerre économique vues par Gustave Le Bon

    Les écrits de Gustave Le Bon, dans son livre Psychologie du socialisme, paru en 1898, il y a 111 ans, se révèlent d’une singulière actualité. Psychologie du socialisme, dans la version de sa 3e édition de 1902, est téléchargeable en format P.D.F. depuis le site de la B.N.F. : http://gallica2.bnf.fr.

    Gustave Le Bon
    Gustave Le Bon.

    Extraits des pages 200 à 207 de l’édition numérisée :

    « Le problème que nous allons aborder dans ce chapitre [...] nous montrera une fois de plus combien sont superficielles et irréalisables les solutions de bonheur universel proposées par les socialistes.

    Ce problème, [...] est celui de la lutte économique qui se dessine plus nettement chaque jour entre l’Orient et l’Occident. Le rapprochement des distances par la vapeur, et l’évolution de l’industrie, ont eu pour conséquence de mettre l’Orient à nos portes et de transformer ses habitants en concurrents de l’Occident. Ces concurrents, auxquels nous exportions jadis nos produits, se sont mis à les fabriquer dès qu’ils ont possédé nos machines. Et, au lieu de nous acheter, ils nous vendent maintenant. Ils y réussissent d’autant plus facilement qu’étant, par leurs habitudes séculaires, à peu près sans besoins, les prix de revient des objets fabriqués par eux sont très inférieurs à ceux des mêmes objets fabriqués en Europe. La plupart des ouvriers orientaux vivent avec moins de dix sous par jour, alors que l’ouvrier européen ne vit guère avec moins de quatre à cinq francs. Le prix du travail réglant toujours celui des marchandises, et la valeur de ces dernières sur un marché quelconque étant toujours déterminée par leur valeur sur le marché où elles peuvent être livrées au plus bas prix, il s’ensuit que nos fabricants européens voient toutes leurs industries menacées par des rivaux produisant les mêmes objets à des prix 10 fois moindres. L’Inde, le Japon, et bientôt la Chine, sont entrés dans la phase que nous prédisions jadis, et ils y progressent rapidement. Les produits étrangers affluent de plus en plus en Europe, et les produits fabriqués en sortent de moins en moins.

    Pendant longtemps la concurrence est restée localisée sur le terrain des produits agricoles, et, par ses conséquences, nous pouvons pressentir ce qui arrivera lorsqu’elle se sera étendue aux objets fabriqués.

    Les premiers résultats de la concurrence ont été, comme l’a fait remarquer monsieur Méline, à la Chambre des députés, de faire baisser de moitié en 20 ans la valeur des produits agricoles (…). Beaucoup d’économistes, et je suis du nombre, considèrent ces baisses comme avantageuses, puisque c’est en définitive le public, c’est-à-dire le plus grand nombre qui en profite. Mais il est facile de se placer à des points de vue où l’on puisse contester que de telles baisses soient avantageuses. Leur plus grave inconvénient est de mettre l’agriculture dans une situation précaire et d’obliger quelques pays à y renoncer, ce qui à certains moments pourraient avoir des conséquences graves.

    Cette hypothèse de contrées obligées de renoncer à l’agriculture n’a rien de chimérique puisqu’elle se réalise de plus en plus aujourd’hui pour l’Angleterre. Ayant à lutter à la fois contre les blés de l’Inde et contre ceux de l’Amérique, elle a renoncé progressivement à en cultiver, malgré la perfection des méthodes anglaises [...].

    Bornée d’abord aux matières premières et aux produits agricoles, la lutte entre l’Orient et l’Occident s’est étendue progressivement aux produits industriels. Dans les pays d’Extrême-Orient, l’Inde et le Japon par exemple, le salaire des ouvriers d’usine ne dépasse guère 10 sous (0 fr. 50) par jour, et leurs chefs n’en reçoivent pas beaucoup plus. Monsieur de Mandat-Grancey cite une usine, près de Calcutta, occupant plus de 1.500 ouvriers, et dont le sous-directeur indigène reçoit un traitement de moins de 20 frs. par mois. Avec des prix de revient aussi faibles, les exportations de l’Inde ont passé en dix ans de 712 millions à plus de 4 milliards. (…) Les Orientaux se sont mis à fabriquer successivement tous les produits européens, et toujours dans des conditions de bon marché rendant toute lutte impossible. Horlogerie, faïence, papier, parfumerie, et jusqu’à l’article dit de Paris, se fabriquent maintenant au Japon. [...] En 1890, les Japonais vendaient pour 700frs. d’ombrelles et de parapluies, ils en vendaient pour 1.300.000 francs 5 ans après, et de même pour tous les produits qu’ils se mettent à fabriquer. [...] la Chine n’est pas encore entrée dans le mouvement industriel, mais nous voyons venir le moment où elle va s’y lancer. On peut alors prévoir qu’avec son immense population sans besoins, ses colossales réserves en charbon, elle sera en peu d’années le premier centre commercial du monde, le régulateur des marchés, et que ce sera la Bourse de Pékin qui déterminera le prix des marchandises dans le reste de l’univers. On peut déjà apprécier la puissance de cette concurrence en se souvenant que les Américains, se reconnaissant incapables de lutter contre elle, n’ont trouvé d’autre procédé que d’interdire aux Chinois l’accès de leur territoire. [...]

    Il est de toute évidence que l’Europe est destinée à perdre [...] la clientèle de l’Extrême-Orient [...]. Non seulement elle la perdra, mais elle sera de plus, condamnée [...] à acheter à ses anciens clients sans pouvoir rien leur vendre. [...]

    Les luttes entre l’Orient et l’Occident, dont nous venons de tracer la genèse, ne font que commencer, et nous ne pouvons qu’en soupçonner l’issue.

    Les rêveurs de paix perpétuelle et de désarmement universel, s’imaginent que les luttes guerrières sont les plus désastreuses. Elles font périr en bloc, en effet, un grand nombre d’individus mais il semble bien probable que les luttes industrielles et commerciales qui s’apprêtent seront plus meurtrières et accumuleront plus de désastres et de ruines que n’en firent jamais les guerres les plus sanglantes. Elles détruiront entièrement peut-être de grandes nations ce que n’ont jamais pu réaliser les armées les plus nombreuses. [...]

    Le socialisme ne se préoccupe guère de tels problèmes. [...] Ce sera pour les nations où il [le socialisme] aura pris le plus de développement, que la lutte commerciale avec l’Orient sera le plus difficile et l’écrasement du vaincu le plus rapide. [...] Ce n’est pas le collectivisme, avec son idéal de basse égalité dans le travail et les salaires, qui pourra fournir aux ouvriers les moyens de lutter contre l’invasion des produits de l’Orient. Où prendra-t-il les fonds nécessaires pour payer les travailleurs quand les produits n’auront plus d’acheteurs, que les usines se seront progressivement fermées, et que tous les capitaux auront émigré vers des pays où ils trouveront une rétribution facile et un accueil bienveillant au lieu de persécutions incessantes ? »

    Le Post  http://histoire.fdesouche.com

  • Holodomor

    Alors que les contours d’une catastrophe, aussi imminente qu’inéluctable, se dessinent, tout se passe comme si, à l’abri d’un écran protecteur, aussi invisible qu’impénétrable, le chaos à venir se mettait en place, dramatiquement – chaos dont ne pouvons pour l’instant saisir que des fragments en ordre dispersés, inintelligibles parce que sa terrifiante cohérence intérieure se trouve occultée, rigoureusement maintenue en dehors de toute attention étrangère au secret central des choses qui s’y font et s’y défont et qui décident du sort de ce monde dans une obscurité extrême.

    Les forces régressives et désertificatrices à l’œuvre, suractivées, engagées en avant avec les glissements politiques négatifs opérés par le pouvoir en place, et qui imposent ainsi, dans les termes même de la terreur mondialiste régnante, leur loi de renversement et de prise de possession négative, satanique. Car tel est le signe de haute provocation qui sont les nôtres, l’obligation devant laquelle on se trouve tenu d’utiliser ce terme aux résonances bien anciennes, étrangères à nos actuelles habitudes de discours.

    Désormais, seul l’inconcevable doit nous commander. Et l’inconcevable, en l’occurrence, c’est l’action du petit nombre de ceux qui, ayant réussi à franchir, pour eux-mêmes, pour leur propre compte, clandestinement, la ligne de passage entre l’être et le non-être, et qui se trouvent en état d’assumer la tâche de veiller sur un nouveau retour, d’un nouveau recommencement révolutionnaire – recommencement se situant déjà au-delà de la fin de l’Histoire.

    Dans ce contexte, deux articles de Dedefensa.org, publiés ces derniers jours, nous semblent absolument indispensables – raison pour laquelle nous en reproduisons de larges extraits.

    Mecanopolis

    Holodomor aux USA

    Le mot Holodomor (“extermination par famine”) est employé pour la Grande Famine d’Ukraine, des années 1930, qui reste une des plus terribles périodes du stalinisme, avec un bilan qui se compte en millions de morts. Comme on a vu par ailleurs (notre F&C du 26 novembre 2012), un chercheur et historien russe, également économiste et démographe, Boris Borisov, développa une thèse, en 2008, traçant un parallèle entre cet événement tragique de la Grande Famine d’Ukraine et celui de la Grande Dépression aux USA, du point de vue des pertes humaines attribuées aux pressions de la situation économique (Borisov recense 7,5 millions de morts aux USA, entre 1932 et 1937, qu’il attribue à la crise économique).

    On l’a déjà écrit, dans notre texte référencé, combien cette thèse de Borisov constitue une affirmation extrêmement audacieuse, sinon sacrilège par rapport aux conceptions économiques et historiques, par rapport à l’approche idéologique exigée dans l’historiographie du bloc BAO. Le passage auquel nous faisons allusion, portant à la fois sur cet aspect “sacrilège” d’une telle comparaison pour l’historiographie conforme du bloc BAO, et d’autre part sur l’actualité indirecte de cette comparaison par rapport à la situation économique, sociale, humaine et aussi idéologique présente est celui-ci :

    «Il y a toute une école, qu’on qualifierait de complotiste pour faire bref mais sans nécessairement de nuance péjorative dans cette occurrence, pour estimer que le Système, sous la forme de l’une ou l’autre officine ou organisation globaliste du genre, prépare, ou réalise déjà, une forme de génocide, notamment par l’alimentation restreinte ou hors de prix et la forme de l’alimentation, pour diminuer radicalement la population et ainsi ne mettre aucunement en péril grave la marche de la doctrine économique dominante. On comprend combien cette comparaison entre la Grande Dépression et la Grande Famine d’Ukraine des années 1930 constitue pour ce genre de thèses un argument de premier choix. D’autre part, cette même comparaison constitue évidemment, pour la bonne réputation du Système une idée monstrueuse, abominable, sacrilège, etc. Par ailleurs, il faut observer que la logique et les développements de Borisov laissent en général une grande impression de sérieux. Le fait que l’économiste et démographe russe et sa thèse aient pratiquement disparu des références (notamment, référence-Système dites sérieuses) lorsqu’on consulte Google, avec ce qu’on sait de Google et de ses liens avec le Système, n’est pas particulièrement rassurant. On sait que le silence est la meilleure arme du Système lorsqu’il s’agit d’écarter une forme de pensée gênante.»

    Il faut également préciser que la thèse de Borisov est apparue alors que la polémique centrale à propos de la Grande Famine d’Ukraine était née et faisait rage. Cette polémique porte moins sur le crime lui-même que sur la cause et l’objet du crime. L’Ukraine estime que la Grande Famine, événement favorisé et même organisé par l’OGPU (ex-Tchéka), était destinée à détruire la nation ukrainienne, tandis que le courant général officiel en Russie est de nier cette dimension génocidaire spécifique : selon ce second point de vue, la Grande Famine d’Ukraine s’inscrit dans le vaste mouvement de “dékoulakisation”, ou “industrialisation forcée”, entrepris par Staline à la fin des années vingt, et qui conduisit effectivement à des victimes par millions, dont ceux de la Grande Famine. (Voir, par exemple, Russia Today du 12 décembre 2008, sur ce sujet de la polémique. Sur le sujet de la “dékoulakisation” incluant la Grande Famine d’Ukraine selon la thèse russe, avec un total de pertes humaines de 8,5 millions pour l’ensemble, voir l’analyse de l’historien Krill Alexandrov, le 22 novembre 2008.)

    Cette polémique n’est certes pas le centre de notre propos, mais elle confirme combien ces famines “artificielles” ont en grande partie à voir avec une conception et une doctrine économique, ce qui rend encore plus pertinente l’initiative de Borisov de faire un parallèle avec la Grande Dépression. Il est évident qu’il y avait, du côté des forces capitalistes et idéologiques US, une attaque contre la population déshéritée et pauvre, notamment au nom de conceptions suprématistes et social-darwinistes, qui a largement alimenté les terribles conditions faites à cette population, et les pertes humaines allant avec. Le climat à cet égard était très extrémiste dans les années 1920 et 1930 aux USA. L’intérêt du propos est bien entendu que l’on retrouve aujourd’hui cette même tendance, dans les mêmes USA (avec extension dans le monde, comme cadeau pour la modernité), avec l’opposition fameuse des “1% versus les 99%”.

    Dans cette perspective, il nous paraît intéressant de mettre en ligne ce qui semble être le texte original de Boris Borisov, en date du 4 avril 2008. Il s’agit ici de l’édition par Russia Today, le 15 octobre 2012. Les détails donnés par Borisov, notamment les efforts faits par les autorités diverses aux USA pour masquer les disparités importantes dans les décès, – tout cela rappelle les élections démocratiques aux USA, – contribuent à renforcer l’idée qu’on doit avoir de la complète virtualisation, ou “potemkinisation” des USA, pour cette période comme pour toutes les autres. Les USA ne sont pas pour rien l’“empire de la communication”. Le texte de Borisov, qui est présenté par Russia Today sous la seule responsabilité de l’auteur, permet, à notre sens, d’explorer plusieurs domaines à la fois historiques, sinon métahistoriques, et à la fois d’une complète actualité, – simplement en considérant le fait, selon nous tout à fait acceptable, de la validité de la thèse présentée.

    • La puissance que peut éventuellement prendre l’entreprise faussaire générale des USA, et, d’une façon plus générale, de la modernité& et du Système. A partir de là, on doit pouvoir mesurer l’extraordinaire puissance éventuelle, et même assurée à notre sens, des falsifications de l’histoire courante, notamment et essentiellement sous l’empire du Système, c’est-à-dire depuis le phénomène du “déchaînement de la Matière.

    • La capacité de destruction, de déstructuration et de dissolution, qui caractérisent les doctrines économiques et, d’une façon plus générale, ce qu’on pourrait nommer l’“économisme”, en tant que tendance à tout considérer d’un point de vue économique et à tout faire évoluer selon le point de vue économique. Dans le cas envisagé, nous sommes avec deux doctrines économiques qui se font face, qui sont toutes les deux quasiment d’essence religieuse, ou plutôt de pseudo-essence religieuse, avec tous les vices possibles des religions (passion, aveuglement, intolérance, etc.), mais bien sûr sans leurs vertus fondamentales. Et voilà que ces deux doctrines se retrouveraient à agir exactement de même, dans la façon de faire évoluer les choses par l’élimination et l’extermination. Effectivement, le cas historique devient très actuel…

    Lire la suite de cet article sur Dedefensa.org

    La disette, stade ultime de la crise-Système

    L’évolution de la crise générale et d’effondrement du Système doit être prise dans sa globalité, c’est-à-dire touchant tous les domaines, même les plus primitifs, qu’on jugerait à première vue les plus inattendus. Il est absurde, sinon intellectuellement pervers, ou bien fait dans une intention tactique faussaire évidente, de “réduire” cette crise à ses composants divers en les étudiant séparément, avec le résultat d’occulter complètement la signification fondamentale de la crise.

    Il est essentiel d’envisager les phénomènes qui nous importent dans leur appartenance à la globalité et dans leur intégration dans la situation générale. Il importe donc de bien comprendre ceci que ces précision sur “la crise nutritionnelle” au Royaume-Uni, sujet de ce F&C, fournissent en fait un exemple de plus de l’extrémité dissolvante et entropique de la crise. Notre texte F&C du 23 novembre 2012 proposant l’idée que nous entrons, par analogie avec la Révolution, dans l’époque de la Terreur (1793), est largement conforté par ce que nous découvrons aujourd’hui de la situation de la nutrition, – la situation de la faim, ou de la disette potentielle, – dans un pays si complètement symbolique de la modernité, si conscient et si fer de l’être, qu’est le Royaume-Uni.

    • Le 18 novembre 2012, le Guardian annonçait, sous l’expression extraordinairement bureaucratique développée pour masquer la réalité tragique, que le Royaume-Uni se trouve dans une situation de “récession nutritionnelle”, selon le principe des vases communicants bien connu de nos doctrinaires entre le développement inégal des revenus et la catastrophe civilisationnelle que nous voyons s’étendre chaque jour, – «…nutrition recession as food prices rise and incomes shrink». («Austerity Britain is experiencing a nutritional recession, with rising food prices and shrinking incomes driving up consumption of fatty foods, reducing the amount of fruit and vegetables we buy, and condeming people on the lowest incomes to an increasingly unhealthy diet.»

    • Le 23 novembre 2012, toujours dans le Guardian, Ian Jack trouvait “choquant” (“shocking, indeed”) cette “crise nutritionnelle” et, surtout, le fait que le gouffre entre les riches et les pauvres, du point de vue de la nutrition, est pire aujourd’hui que dans les années 1930 (temps de la Grande Dépression), lorsque George Orwell écrivait The Road to Wigan Pier, où il dénonçait cette situation.

    (…)

    Il s’agit évidemment d’un aspect extrêmement peu abordé des crises économiques en général, dont l’appréciation est en général laissée dans le bloc BAO au seul domaine des économistes. Le coût humain des crises du à un affaiblissement fondamental de tous les facteurs de la subsistance est toujours perçu, – et d’ailleurs implicitement présenté dans ce sens, – comme extrêmement indirect jusqu’à ne plus guère avoir de lien avec les crises et, comme tel, tendant à être classé dans une catégorie démographique générale de l’évolution sociale où l’on ne signale aucune responsabilité particulière du Système… Le rapport de cause à effet, – dans ce cas, entre la crise fondamentale du Système, et par conséquent du capitalisme, et les problèmes humanitaires de nourriture de la population, – est toujours dilué dans la dialectique pseudo-scientifique des statistiques, allant du PIB au chômage. Cela permet d’éviter des polémiques désagréables pour la bonne tenue de la doctrine et de la religion capitalistes.

    Justement, voici une de ces polémiques oubliées… Nous avons retrouvé dans nos diverses archives une thèse particulièrement intéressante. Il y a quelques années, un peu avant la grande crise de l’automne 2008 et alors que les signes de crise se multipliaient, un chercheur russe, économiste et démographe, Boris Borisov, publia un article sur les pertes humaines durant la Grande Dépression aux USA, dues selon lui à la malnutrition, voire à la disette dans certaines parties du pays. La publication de la thèse engendra une polémique intéressante, d’après ce qu’il est suggéré. (Nous n’avons, de notre côté, aucune indication donnant une appréciation impérative à ce propos, mais le sérieux, le détail et la documentation des explications de Borisov sont remarquables.)

    Parmi d’autres, nous indiquons un article de l’époque qui en rend compte, ainsi, bien sûr, que des chiffres déterminés par le chercheur de 7 millions de personnes mortes aux USA des suites directes et indirectes de la Grande Dépression. L’article a paru sur le site Prava.ru, le 19 mai 2008.

    Les conséquences de notre système capitaliste conduisent d’ailleurs à une destruction de la population également par des voies supplémentaires, complétant la grossière disette, qui fait parfois désordre. Ces voies supplémentaires, plus modernistes, se situent dans l’accélération exponentielle de la consommation des aliments sordides de toxicité et totalement destructeurs de la santé que l’industrie alimentaire du Système développe avec un appétit proche de l’avidité. Il s’agit d’une autre méthode, plus moderne, plus sophistiquée, dont on connaît les ravages.

    (…)

    La Terreur continuée

    Quoi qu’il soit, les diverses considérations évoquées plus haut, d’ailleurs à partir des faits bien réels et statistiques au Royaume-Uni, renforcent bien entendu l’image de Terreur que le Système tend de plus en plus à prendre dans la phase terminale de sa crise. (Image d’un Système dispensateur d’une activité historique de mêmes fondements déstructurants et dissolvants que ceux de la Terreur, selon les référence de la Révolution française, comme on l’a proposé le 23 novembre 2012.)

    Comme il doit être bien entendu, ces divers problèmes d’alimentation pouvant déboucher sur une crise majeure, avec les termes de “génocide“ et d’“holocauste“ proposés, sont provoqués non par des questions de disposition des matières nécessaires à la nutrition, mais par des processus, des procédés et des comportements subversifs et déstructurants-dissolvant propres au Système : inégalité des revenues, spéculations, gangstérisme pur et simple (crime organisé) dans certains cas, gestion des flots de nourritures selon les seuls intérêts des producteurs, au mépris des besoins même urgents de la population.

    Il est vrai que les méthodes de l’OGPU entre 1932 et 1937, suscitant et accélérant la Grande Famine d’Ukraine, n’étaient guère différentes. Les intérêts économiques étaient aussi présents, ainsi que les diverses illégalités comme le gangstérisme. Quant à l’aspect idéologique, il était évidemment très visible en URSS, mais il n’est pas sûr qu’il ne soit pas aussi importants dans nombre de groupes extrémistes de l’idéologie du Système aux moyens d’action puissants dans notre Système. On ajoutera, toujours en ce qui concerne notre Système, l’ignominie des aliments produits industriellement, aux capacités nocives et toxiques dévastatrices, qui rendent compte directement, eux, d’une idéologie, consciente ou inconsciente c’est selon, d’entropisation de la personne humaine qui est sans précédent. (Situation qui rappelle certaines évocations d’auteurs de science-ficvtion, dont celle du fameux Soleil vert.)

    Il ne reste plus qu’à faire son choix, pour considérer l’hypothèse d’une destruction de la population par cette sorte de moyens. Sans qu’il nous faille nécessairement considérer un “plan” (“complot”), on peut bien envisager qu’il y a dans le chef de cette mécanique monstrueuse que constitue le Système une des ces “fatalités” d’anéantissement, qui est aussi un but logique, effectivement conçu mécaniquement comme tel, puisque  toutes les idées du Système tendent à la dissolution, à l’entropisation, donc à l’anéantissement.

    De ce point de vue différent du précédent (celui de notre F&C du 23 novembre 2012), qui était de type chronologique essentiellement, on retrouve la Terreur selon un autre point de vue qui est celui effectivement des hypothèses d’anéantissement. Chaque hypothèse, chaque spéculation, chaque observation considérées dans le cadre générale de la crise terminale du Système conduisent effectivement à cette évolution vers la Terreur totale et absolue, qui n’a strictement rien à voir avec les idées de “terreur” que dispense le Système (“guerre contre la Terreur”, terrorisme, etc.), qui constituent, elles, des faux nez et des camouflages complètement invertis pour tenter de nous dissimuler la vraie et profonde nature du Système. Tout, absolument tout chez lui, chez le Système, concourt à rejoindre l’idée qu’il constitue une entité activant la complète opérationnalité du Mal.

     Lire l’intégralité de cet article sur Dedefensa.org

    http://www.mondialisation.ca

  • L’art de la guerre : Obama la préfère cachée

    Le président Obama n‘aime pas la guerre. Non pas parce qu’il est prix Nobel de la paix, mais parce que l’action belliqueuse ouverte découvre les cartes de la stratégie étasunienne et des intérêts qui en sont à la base. Il a ainsi lancé un grand plan qui, écrit le Washington Post, « reflète la préférence de son administration pour l’espionnage et l’action cachée plutôt que pour l’usage de la force conventionnelle ». Ce plan prévoit de restructurer et potentialiser la Dia (Agence d’intelligence de la défense), jusqu’ici concentrée sur les guerres en Afghanistan et Irak, de façon qu’elle puisse opérer à l’échelle globale en tant qu’ « agence d’espionnage focalisée sur les menaces émergentes, plus étroitement reliée avec la Cia et les unités militaires d’élite ». Le premier pas sera d’augmenter ultérieurement l’organigramme de la Dia qui, doublé pendant la dernière décennie, comprend environ 16.500 membres. Sera formée « une nouvelle génération d’agents secrets » à envoyer à l’étranger. La Cia s’occupera de leur entraînement dans son centre de Virginie, connu comme « la Ferme », où on élève des agents secrets : pour ceux de la Dia, qui constituent aujourd’hui 20% des élèves, seront créés de nouveaux postes.

    La collaboration de plus en plus étroite entre les deux agences est témoignée par le fait que la Dia a adopté quelques unes des structures internes de la Cia, parmi lesquelles une unité appelée « Persia House », qui coordonne les opérations secrètes à l’intérieur de l’Iran. Les nouveaux agents Dia fréquenteront ainsi un cours de spécialisation auprès du Commandement des opérations spéciales. Celui-ci est spécialisé, outre dans l’élimination d’ennemis, en « guerre non conventionnelle » conduite par des forces extérieures entraînées à dessein ; en « contre-insurrection » pour aider des gouvernements alliés à réprimer une rébellion ; en « opérations psychologiques » pour influencer l’opinion publique afin qu’elle soutienne les actions militaires étasuniennes. La formation terminée, les nouveaux agents Dia, au départ 1.600 environ, seront assignés par le Pentagone à des missions dans le monde entier. Le Département d’état s’occupera de leur fournir de fausses identités, en en introduisant une partie dans les ambassades. Mais, comme celles-ci sont remplies d’agents de la Cia, on fournira aux agents de la Dia d’autres fausses identités, comme celle d’universitaire ou d’homme d’affaires. Les agents Dia, grâce à leur expérience militaire, sont réputés être plus idoines pour recruter des informateurs en mesure de fournir des données de caractère militaire, par exemple sur le nouvel avion de chasse chinois. Et le développement de leur organigramme permettra à la Dia d’élargir la gamme des objectifs à frapper avec les drones et avec les forces spéciales. Ceci est la nouvelle façon de faire la guerre, qui prépare et accompagne l’attaque ouverte par l’action cachée pour miner le pays à l’intérieur, comme on l’a fait en Libye, ou pour le faire s’écrouler de l’intérieur, comme on tente de le faire en Syrie. C’est dans cette direction que va la restructuration de la Dia, lancée par le président Obama.

    On ne sait pas si le néo-candidat premier ministre Pier Luigi Bersani[1], qui a une grande estime pour Obama, l’a déjà félicité. En attendant il est allé en Libye pour « reprendre le fil d’une présence forte de l’Italie en Méditerranée ». Le fil de la guerre contre la Libye, à laquelle l’Italie a participé sous commandement étasunien.  Tandis que Bersani jouissait, en s’exclamant « à la bonne heure ».

    Manlio Dinucci, Géographe et journaliste

    Edition de mardi 4 décembre 2012 de il manifesto http://www.mondialisation.ca

    http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20121204/manip2pg/14/manip2pz/332665/

    Traduit de l‘italien par Marie-Ange Patrizio

    [1] Secrétaire du Partito democratico, élu dimanche 2 décembre aux élections primaires pour conduire les « listes progressistes » aux prochaines élections politiques dont sera issu le nouveau gouvernement, que Bersani se prépare à présider. NdT.

    Site de campagne :

    http://www.bersani2013.it/documenti/10idee/indice.htm

  • Syrie: les événements s’accélèrent…

    Les événements s’accélèrent en Syrie, et pas dans le bon sens, bien au contraire! La guerre est donc proche, et le risque est que d’ici Noël, le gouvernement syrien tombe! J’attends personnellement des confirmations et de quoi recouper les informations pour appuyer les articles qui suivent.

    Le dernier pays de l’UE évacue ses diplomates de Damas

    венгрия флаг венгрия

     © Flickr.com/Tracy Russo/cc-by-nc-sa 3.0

    Le 5 décembre le gouvernement de Hongrie a annoncé l’évacuation totale du personnel de son ambassade à Damas, communique Reuters. La décision a été prise face à la « situation critique » dans la capitale syrienne.

    La Hongrie demeurait l’unique pays de l’UE dont l’ambassade fonctionnait dans la capitale de Syrie.

    Deux jours plus tôt, la mission locale de l’ONU avait décidé d’évacuer son personnel technique.
    Ces dernières semaines la situation à Damas et dans les alentours s’est sensiblement détériorée : des opérations militaires sont menées presque quotidiennement par les rebelles et les forces gouvernementales ont du mal à contrôler le centre de la ville.

    La Russie déploie ses missiles « Iskandar », en Syrie !

    La Russie déploie ses missiles "Iskandar", en Syrie !    IRIB- Pour Elyas Ebrahim, expert des questions régionales, la Russie a déployé les missiles « Iskandar » (Alexandre), en Syrie, pour contrer la menace des « Patriot » turcs.

    « Les missiles « Eskandar » sont plus puissants que les « Patriot » et leur déploiement est une réaction à la décision de la Coalition de l’OTAN d’utiliser le sol turc, pour le déploiement de ses « Patriot »". « Ce sont des missiles sol-sol qui pourront être utilisés pour des cibles aériennes et leur ogive a une capacité destructrice plus prononcée que celle des « Patriot »". Selon cet expert, ces missiles ont été livrés à la Syrie, par des navires russes, accostés à Tartous.

    Source: french.irib.ir

    L’Allemagne prête à envoyer 400 soldats à la frontière turco-syrienne

    Le gouvernement allemand a approuvé jeudi un projet de mandat pour le Parlement pour la mise en place de batteries de missiles Patriot de l’armée allemande en Turquie, le long de la frontière syrienne, qui prévoit également le déploiement de 400 soldats maximum

    « L’Otan a décidé le 4 décembre de renforcer la défense aérienne intégrée de l’Alliance avec le stationnement de batterie de Patriot en Turquie. Dans ce cadre, jusqu’à 400 soldats et soldates de la Bundeswehr pourront être déployés », a annoncé le ministère de la Défense dans un communiqué.

    Le conseil des ministre allemand a tenu une réunion exceptionnelle pour valider ce projet de mandat, courant jusqu’au 31 janvier 2014, et qui reste soumis l’approbation des députés de la chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag.

    En Allemagne, l’armée est sous contrôle du Parlement qui doit se prononcer sur tous ses engagements à l’étranger. En l’occurence, le gouvernement allemand espère un feu vert entre le 12 et le 14 décembre, selon le communiqué.

    L’intervention allemande, dans le cadre de l’Otan, « n’a qu’un but exclusivement défensif » et de « dissuasion militaire pour éviter que le conflit interne en Syrie ne s’étende à la Turquie » voisine, a une nouvelle fois souligné le ministère dans son communiqué.

    Des sources militaires à l’Otan avaient indiqué mardi à l’AFP, qu’un total 300 à 400 soldats pourraient être stationnés en Turquie afin de faire fonctionner les quatre à six batteries qui pourraient être déployées à Malatya, Diyarbakir et Sanliurfa, selon des sources militaires.

    Les Patriot sont notamment capables en quelques secondes de détruire en vol d’éventuels missiles en provenance de la Syrie voisine.

    Mais ils ne pourront « en aucun cas servir à l’instauration ou à la surveillance d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire syrien ou à d’autres actions de type offensif », a souligné le ministère allemand de la Défense.

    Selon une ONG syrienne, plus de 41.000 morts, en majorité des civils, ont été recensés depuis le début de la contestation contre le régime de Bachar el-Assad il y a plus de 20 mois.

    Source: L’orient le jour

    http://lesmoutonsenrages.fr