Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 67

  • Contre la « Casa Pound », tout contre… par Lionel PLACET

    L’engouement que suscite l’expérience transalpine de la Casa Pound au sein du mouvement nationaliste français au sens large n’a curieusement jamais suscité d’analyse. Il va de soi, semble-t-il, que certains veuillent l’imiter servilement dans notre pays et que d’autres, souvent sans même réfléchir aux différences idéologiques profondes qu’ils ont avec elle, se rendent en pèlerinage à son siège romain et s’en glorifient ensuite dans leurs médias. Si deux ouvrages apologétiques la concernant sont parus ces derniers mois chez des éditeurs français, si on ne compte plus dans la presse nationaliste de notre pays les interviews de son leader Gianluca Iannone et les articles louangeurs traitant de ses diverses activités, il n’existe par contre aucun texte de réflexion stratégique et politique concernant la Casa Pound.

     

    Et pourtant, il est normal de s’interroger : est-ce que la Casa Pound est un modèle transposable hors de l’Italie ? Est-ce réellement une réussite politique ? Comment expliquer cet engouement des natios français pour une expérience étrangère ?

     

    Qu’est-ce que la Casa Pound ?

     

    Comme a pu l’écrire Gabriele Adinolfi : « C’est quelque chose de très particulier : un mouvement politique, un mouvement social et un mouvement culturel à la fois ». Pour faire simple on peut résumer la situation ainsi : à Rome pendant l’hiver 2003, à l’initiative d’un groupe musical, ZetaZeroAlfa, qui gérait aussi un pub, le Cutty Sark, est organisée l’occupation d’un bâtiment afin d’offrir une solution concrète à la crise du logement et de réagir à une très importante hausse des loyers. Ce sera Casa Pound. Elle deviendra un symbole et de cette expérience naîtra un réseau d’« occupations non conformes » (O.N.C.) qui s’étendra sur tout le territoire italien. Autour de cette dynamique, ses animateurs produisirent des projets de loi pour empêcher les spéculations typiques du secteur de l’immobilier, pour favoriser la natalité, etc.; et en parallèle développèrent des structures organisant des activités sportives, culturelles et de solidarité, ainsi qu’un syndicat étudiant.

     

    Un phénomène purement italien

     

    La Casa Pound ne s’explique et se comprend que si elle est mise en perspective avec l’histoire de la droite radicale italienne.

     

    En soit, elle n’est pas réellement une idée nouvelle mais la reprise d’idées et de stratégies qui furent développées à la fin des années 1970 dans l’aile la plus révolutionnaire du Front de la jeunesse et dans ses fameux Campo Hobbit.

     

    Or cette continuité explique beaucoup de chose. La Casa Pound n’a été rendue possible que par une longue succession d’amitiés militantes et de sympathies idéologiques. En effet, le ralliement de Fini à Berlusconi a eu comme conséquence, ce qu’on n’a guère perçu en France, que nombre d’ex-militants radicaux n’ayant jamais réellement renié leurs rêves de jeunesse se sont soudains trouvés à des postes de responsabilité où ils ont pu rendre moult services.

     

    Pour ne citer que Rome, son maire, Gianni Alemanno, est à la fois l’ancien dirigeant charismatique du Front de la jeunesse et le beau-fils de Pino Rauti, le leader historique des radicaux italiens (et, last but not least, son fils milite à la Casa Pound!). Quant à son maire-adjoint à la culture, amené de par ses fonction à être en contact direct avec Casa Pound, ce fut pendant longtemps Umberto Croppi, qui dans une vie précédente avait été un activiste frénétique des réseaux N.-R. italiens. On comprend donc mieux qu’en 2011, la ville de Rome ait racheté, près de douze millions d’euros, la Casa Pound à son légitime propriétaire et l’ai laissé à la disposition des amis de Gianluca Iannone. Un Iannone qui après avoir milité au Mouvement social – Flamme tricolore fut membre de La Destra. Ce qui n’est pas neutre quand on sait que ce très petit parti participa au gouvernement Berlusconi IV.

     

    Tout ceci explique que la Casa Pound put, durant toute l’ère berlusconienne, développer ses activités sans problèmes. Tout ceci explique aussi qu’à Rome, dont Alemanno est toujours le maire, son existence ne soit nullement remise en cause ni contrariée.

     

    Est-ce réellement une réussite ?

     

    Cela étant on est en droit de se demander si la Casa Pound et le mouvement qui en dépend sont véritablement la réussite que l’on nous décrit.

     

    Pour en juger, il faut différencier deux choses : la réussite politique et la réussite communautaire.

     

    Au niveau politique, soyons clair, c’est un échec patent et cuisant. En effet, rien de politiquement concret n’est ressorti de la Casa Pound et les partis qui lui ont été liés n’ont nullement profité de ce lien en terme électoral, leurs scores ayant variés depuis sa création entre 2,40 % et 0,40 %.

     

    Au niveau communautaire, par contre, la Casa Pound est incontestablement une réussite avec ses pubs, ses clubs sportif et culturel. Mais dans le même temps, cette réussite explique sa faiblesse : le mouvement poundiste se vit dans l’entre soi et s’est développé comme un ghetto pour natios. Pire, la Casa Pound donne raison à une des plus déprimantes analyse du sociologue William Bainbridge : tout mouvement radical visant une illusoire prise de pouvoir commence comme une structure politique et finit comme une association de loisirs à connotation idéologiques… Ce qui est bien ce qu’est devenu la Casa Pound, si on la juge avec lucidité.

     

    Vouloir imiter la Casa Pound évite de réfléchir

     

    Une analyse, même rapide et peu approfondie comme celle que nous venons d’effectuer, permet de s’apercevoir sans peine que vouloir imiter la Casa Pound en France est illusoire.

     

    Tout d’abord le climat politique n’est pas le même, les complicités dans l’appareil d’État, importante dans un cas sont nulles dans l’autre. Ensuite, il n’existe pas en France de culture contestataire de droite radicale du type de celle qui a pu se développer en Italie et qui, intégrant aussi bien Mishima que la famille Simpson, a un impact réel dans une fraction importante de la jeunesse.

     

    Alors, vouloir copier la Casa Pound est aussi vain qu’inutile. Mais il faut avouer que le copiage à un avantage : il évite de se compliquer la vie à réfléchir à ce qui est, hic et nunc, et à ce qui pourrait être fait…

     

    Lionel Placet http://www.europemaxima.com/

     

    • D’abord paru dans Salut public, n° 9, octobre 2012, puis mis en ligne sur Vox N.-R., le 26 novembre 2012.

  • Programme nucléaire iranien : nouvelle « guerre des mots » américaine ?

    PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation)Selon un document de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) rendu public hier à Vienne, l’Iran déclare avoir l’intention de moderniser ses équipements sur le site de Natanz.

    Dans une lettre datée du 23 janvier, l’Iran a informé l’AIEA que des centrifugeuses de type IR2m seraient utilisées dans l’unité A‑22 du site d’enrichissement d’uranium de Natanz, au centre du pays. A priori, rien de scandaleux dans cette annonce, totalement compatible avec la détermination affichée de la République islamique d’enrichir de l’uranium à des fins pacifiques, jusqu’à 5% pour produire de l’électricité, ou jusqu’à 20% afin d’alimenter un réacteur fabricant des isotopes utilisés pour la recherche médicale.

    La Maison Blanche a néanmoins qualifié jeudi cette annonce « De nouvelle escalade »

    Lors d’un point presse, le porte-parole du président Obama a estimé « Que cette annonce de l’installation de nouvelles centrifugeuses avancées traduit la violation continuelle des obligations internationales de Téhéran vis-à-vis des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Le porte-parole a néanmoins admis que l’administration américaine ne dispose d’aucun indice permettant d’évaluer le nombre de centrifugeuses que l’Iran prévoit d’installer, ni de détails sur le programme de cette installation. D’ailleurs, dans sa réponse datée du 29 janvier, l’AIEA demande plus d’informations sur l’annonce iranienne. Avant même la réponse de Téhéran, Washington jugeait la république islamique coupable d’une « nouvelle violation ».

    Parallèlement au raid israélien mercredi sur la Syrie, l’administration américaine se livre-t-elle à une « guerre des mots » pour justifier une prochaine attaque préventive contre l’Iran ?

    C’est en effet la question qui se pose. Israël peut, sans crainte de représailles, lancer un raid aérien contre la Syrie, très affaiblie par des mois d’une guerre civile sans merci. En revanche, seuls les Etats-Unis ont la puissance de feu nécessaire pour mener à bien une attaque contre les sites nucléaires iraniens. Encore faut-il que l’hyperpuissance gagne préalablement la bataille des mots auprès de l’opinion publique mondiale. Autre explication de la réaction américaine : calmer les ardeurs belliqueuses de l’allié israélien en lui montrant, par de mâles déclarations, que Washington saura se montrer intraitable avec les intérêts de l’Etat hébreu.

    http://fr.novopress.info

  • Culture ou Cul-ture ? La Gauche et les Tartuffe au Conseil Régional Rhône-Alpes

    Communiqué de Bruno Gollnisch, président du groupe FN au Conseil régional Rhône-Alpes – 31 janvier 2013

    Au Conseil Régional de Rhône-Alpes, où l’on gaspille à tout va l’argent du contribuable, la Gauche socialo-écolo-communiste subventionne grassement des sites informatiques classés comme pornographiques ou incitant à « montrer son cul » (sic).
    Tout cela sous prétexte de culture…

    Mais quand une élue Front National leur lit en séance les paroles des auteurs qu’ils subventionnent les Tartuffe en sont choqués !
    Trop c’est trop. Pour leur faire honte, j’ai esquissé le geste rabelaisien auquel ces élus incitent les citoyens. Horreur !

    J’espère qu’aux prochaines élections, les électeurs scandaleusement plumés feront de même en les renvoyant, à poil, dans leurs foyers.

    Voici les textes des chansons téléchargeables sur l’ « espace M’RA » financé par la Région Rhône-Alpes à destination des jeunes publics, et dénoncé par l’élue frontiste Liliane Boury :

    Poil : « Tronche à cul »
    Tronche à cul,
    Cul qui brille,
    Brillamment abandonné,
    Né à nu,
    A nu sa tron…, tronche à cul.
    Brice et sa pute : « Supervice »
    Je ne prends pas de risques avec les acteurs connus,
    Si tu es écrivain célèbre, par contre,
    Je te montre mon cul : cul simple, cul double, cul triple [avec photos à l’appui]. (…)
    J’ai beaucoup de mérite à envisager comment jouir : en bas, à droite, tout droit.
    Nique ta mère même si c’est froid, je te montre le pas.
    Mange-moi ! Couche-moi ! (…)
    Appelle-moi comme ta maman, ou amène-moi ton p’tit papa, tu ne le sentiras pas.(…)
    Vas-y, glisse ton pénis, c’est moi qui « supervice ».

    http://www.gollnisch.com

  • L'ECOFOLIE ET LA PERVERSION DU LANGAGE

    Tout pouvoir dictatorial arrive par sa propagande à pervertir le langage, cette perversion ajoutant à la pression générale. La dictature du pouvoir écologiste ne se différencie pas des autres à cet égard. C'est ainsi que l'écofolie se manifeste ces jours-ci par la semaine du développement durable qui se déroule en France du premier au sept avril. Il y a beaucoup à dire sur la vogue de ces « semaines » ou de ces « journées » : ce sont surtout l'occasion d'innombrables parlottes et de fêtes adjacentes, qui se déroulent bien entendu avec l'argent du contribuable générant la ruine en conséquence.
    Il faut dire et répéter, pour ceux qui ne le savent pas, que si le socialisme détruit toutes les industries ou les chasse ailleurs, il est une fabrication qu'il n'arrête pas et c'est la fabrication des phrases idiotes : nous avons à ce sujet des listes mémorables. Avec l'écofolie que nous connaissons, il se produit un autre phénomène : c'est la généralisation de véritables fables conduisant à la perversion du langage.

    LE MOT « DURABLE »
    Au premier rang des fables, se trouve en quelque sorte la fable suprême qui est l'usage et l'abus du mot « durable ».
    Si l'on a échappé à l’illettrisme organisé officiellement par la prétendue éducation prétendue nationale, il est facile de savoir que l'adjectif « durable » désigne quelque chose qui est « de nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance ». Tel est l'usage commun du vocable.
    Cette conviction des honnêtes gens est tout à fait balayée par la logomachie officielle actuelle. Le terme « durable » s'attache désormais à ce que la secte des écolos accepte par ses décrets de désigner comme tel. Le décret est sans appel dès lors que des grands prêtres de la nouvelle religion ont rendu leur verdict ; parmi eux se trouvent Jean-Louis Borloo et Nicolas Hulot. Les décrets sont parfois surprenants et contradictoires. C'est ainsi que l'électricité est devenue une ennemie publique pour des raisons tout-à-fait incompréhensibles : la « fée électricité » qui avait aidé les hommes à vivre en mettant de la clarté dans l'obscurité sans se confier au hasard des chandelles se trouve bannie et condamnée.
    La fable se reflète au niveau des gouvernements. Nous avons une dame, Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, qui est ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement et se désigne fièrement comme l'organisatrice de la fameuse semaine. La perversion du langage a fait son œuvre ; un des prédécesseurs de cette dame avait dit que son premier travail serait de savoir ce qu'est un « développement durable ». La dame en poste aujourd'hui ne semble plus avoir d'incertitudes, la coalition des intérêts et la naïveté générale étant passées par là. Il existe dans beaucoup d'autres pays des ministères semblables car serait trop triste de camper seule dans la fable. Remarquons d'ailleurs en passant que le terme même de développement a une signification tout à fait incertaine sur le plan économique dans la langue française telle qu'on la connaît ; l'ajout de l'adjectif « durable » ne fait qu'augmenter l'intensité de la fable et la perversion du langage.
    Le business se baigne dans ces eaux troubles tout simplement parce que le public est tellement conditionné par la presse et les médias aux ordres que n'importe quel produit se vend mieux s'il est qualifié de « durable ». Si les gouvernements ont des ministres du développement durable, les grandes firmes s'engagent dans la même direction avec très souvent un directeur du développement durable (DDD pour les intimes) qui appartient au comité de direction. Les écoles s'y mettent et une école de commerce a ouvert une filière « gestion et développement durable » justement pour offrir une chance de décrocher un job dans la filière des DDD.
    La firme Renault pour vanter une nouvelle gamme de voitures indique dans un grand journal : « le développement durable n'est pas une simple posture, c'est une nécessité pour préserver l'avenir de notre planète ». Nous pensions humblement qu'une voiture était un objet destiné à vous porter sans trop de danger en temps et en heure d'un lieu à un autre : la voici chargée d'assurer l'avenir de la planète !

    L'ENVIRONNEMENT
    A la suite de la fable suprême du « développement durable » se déclinent une foule d'autres expressions. Celle de « sauver la planète » est l'une d'entre elles et également l'invitation à être « eco-responsables ». Il nous est demandé maintenant d'être « eco-responsables » au bureau. Cela veut dire par exemple de réduire le nombre de pages d'un rapport en écrivant recto-verso ; également, il faut faire baisser le besoin de climatisation et, sans rire, une association propose dans le cadre de la vie professionnelle de développer les réunions téléphoniques ou les conférences Internet et également de privilégier le train à la voiture, toujours pour sauver la planète.
    Le mot « environnement » est aussi l'un des nouveaux vocables. La constitution comporte une charte de l'environnement qui s'efforce d'une façon pathétique de définir l'indéfinissable. Telle quelle est, cette charte est surtout un moyen offert aux écolos d'étendre leur influence au nom du monopole de l'amour de la nature qu'ils se sont attribués.
    Nous lisons : « les grands groupes s'éloignent parfois de leur métier pour promouvoir l'environnement ». Il est fort inquiétant pour les actionnaires grands, moyens ou modestes que de voir les grands groupes s'engager ainsi dans une promotion pour une sorte de fantôme.
    Voici d'ailleurs que « la bourse se veut aussi de plus en plus éco responsable » et il y a des fonds « socialement responsables ». Le terme « socialement » s'ajoute à la panoplie. Dans la même ligne nous lisons que la finance investit « pour un monde meilleur ». Or vendre des produits ou services convenant à la clientèle semble la seule action pour un monde meilleur qu'un entrepreneur peut et doit engager, sans que les écolos interviennent en quoi que ce soit. Le bonus-malus écologique est un autre exemple célèbre de la perversion du langage ; qui peut vraiment prétendre que tel ou tel modèle de voiture est bon ou mauvais pour l'environnement, sinon ceux qui se saissisent du monopole abusif de la parole. Signalons le bilan carbone qui prétend mesurer les émissions de CO2 dont les personnes ou les groupes sont responsables. Ce CO2 est devenu aussi de son coté un ennemi public !

    LE GESTE CITOYEN
    Parmi les fables qui se répandent se trouve le qualificatif de « citoyen ». C'est faire un geste citoyen que d’éteindre l'électricité que nous retrouvons ici. Plus généralement et dans la foulée se trouvent les calculs « d'empreinte écologique ». Cela revient à exprimer la surface nécessaire pour qu'une personne ou un groupe n'épuise pas la planète. C'est ainsi que les prêtres de la nouvelle religion, voulant « mettre du sang à la une », ont démontré qu'il faudrait bientôt une deuxième planète, à cause de cette terrible empreinte.
    Terminons par le conte assez désopilant des taxis verts et des taxis bleus. Si vous commandez à Paris un taxi vert, une voix suave vous dira que vous allez avoir un taxi vert car les taxis bleus participent à la lutte pour l'environnement. Soit. Un peu perplexe vous attendez votre taxi vert et vous voyez arrivez une mercédès tout noire. Dialogue avec le chauffeur : « Je m'attendais à une voiture de couleur verte » « Vous n'y êtes pas ; le point important est que mon taxi respecte l'environnement » « Fort bien. Mais que viennent faire les taxis bleus ? » « Cher Monsieur, c'est la maison-mère des taxis verts et leurs propres taxis sont différents! » On ne peut que conclure que la flotte immense des taxis bleus ne respecterait pas l'environnement. Nous savions bien, de toute façon, que le verdissement du langage n'a aucune importance et que personne ne pourra jamais savoir ce qu'est l'environnement. !
    Michel de Poncins  http://libeco.net/

  • L'Allemagne est otage de la zone euro et victime d'un « chantage à l'Holocauste »

    Le titre donné par la rédaction à l’article qui suit s’inspire du thème principal du dernier livre de Thilo Sarrazin paru le 22 mai dernier, L’Europe n’a pas besoin de l’euro. Cette publication a provoqué un tollé général et les gardiens du temple Euro se sont répandus en indignation. Mais l’auteur n’en est pas à son coup d’essai : en septembre 2010, avec son L’Allemagne court à sa perte, il s’était attaqué à l’immigration et déjà les réactions à son encontre avaient été violentes, allant jusqu’à son éviction de la Deutsche Bundesbank dont il était membre du directoire.

    Il n’est jamais bon, en Europe et par conséquent en Allemagne, de toucher aux tabous. Cette fois-ci, l’auteur s’attaque à la monnaie unique en faisant un lien entre la culpabilité allemande vis-à-vis de l’Holocauste et les eurobonds : « Ils [les partisans allemands des obligations européennes] sont poussés par ce réflexe très allemand selon lequel nous ne pourrions finalement expier l'Holocauste et la Deuxième Guerre mondiale qu'une fois transférés en des mains européennes l'ensemble de nos intérêts et de notre argent. »
    Philippe Simonnot, pour Nouvelles de France, livre ses réflexions sur cette révolte de Thilo Sarrazin.
    Polémia

    Thilo Sarrazin a encore frappé avec son gros marteau. Cette fois ce n’est plus l’islamisme qu’il a mis sur son enclume comme l’année dernière, mais l’euro. Cet ancien dirigeant de la Bundesbank, dont il a dû démissionner en septembre 2010 après avoir été accusé de racisme et d’antisémitisme, a trouvé les chemins fortunés des best-sellers en disant tout haut ce que maints Allemands n’osent même pas penser tout bas. En quelques jours son L’Europe n’a pas besoin de l’euro est en tête des gondoles et des ventes. « Soit Sarrazin parle et écrit par conviction des sottises révoltantes, soit il le fait par calcul méprisable ». Cet anathème a été lancé sur sa tête par Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, qui n’est pas connu pour faire dans la dentelle.

    Que dit donc de tellement sot ou méprisable l’ancien banquier d’obédience socialiste ? Qu’Angela Merkel a tort de dire que « si l’euro échoue, l’Europe échoue ». Thilo Sarrazin nous donne pourtant un message de raison et d’espoir en ne liant pas le sort du Vieux Monde à une monnaie condamnée.

    Quoi encore ? Que les pays qui violent continuellement le pacte de stabilité doivent quitter la zone euro. Logique ! Si l’on ne respecte pas les règles d’un club, ne doit-on pas le quitter ?

    Encore ceci : Thilo Sarrazin s’insurge contre les eurobonds, prônés par la France, mais aussi par une grande partie de l’opposition allemande de gauche et écologiste. Et il accuse cette dernière d’être motivée par ce réflexe « très allemand » de penser que « l’on aura définitivement expié l’Holocauste et la Guerre Mondiale quand nous aurons mis toutes nos affaires, et aussi notre argent, entre des mains européennes ». Là, il est allé trop loin pour la bonne pensée des deux côtés du Rhin ou des Alpes. Halte-là !

    Déjà, en 1969, Franz Joseph Strauss, leader bavarois en culotte de peau, avait déclaré : « Un peuple qui a engrangé de tels succès économiques a le droit de ne plus rien entendre à propos d’Auschwitz ».

    Eh bien ! Il faut regarder les choses en face.

    La France est en ce moment bercée par les douceurs du hollandisme entre deux campagnes électorales, la présidentielle et la législative ; elle vogue dans une sorte d’apesanteur où il n’est plus question que de concertation des partenaires sociaux, de modération des loyers, de coup de pouce au SMIC, d’embauche de nouveaux fonctionnaires, de limitation des inégalités et d’imposition des « mauvais riches ». Cette France autiste est bien représentée par le portrait officiel que l’on vient de dévoiler à nos yeux ébahis. Le président est à l’ombre des grands arbres du parc élyséen, comme s’il redoutait la lumière trop crue de l’Histoire, les bras ballants alourdis par des mains enflées – une séquelle des bains de foule ? Monsieur Fraise-des-Bois est parti à la cueillette, le Palais est loin derrière, surexposé, comme dans un rêve, au moins pour cinq ans !

    Cette France qui se met à l’ombre voit moins que jamais que l’Allemagne est en train de prendre sa revanche. Une revanche séculaire.

    La puissance économique de notre voisin n’a jamais été aussi manifeste que depuis que la dernière crise du capitalisme a éclaté, et elle est en train de se muer en puissance politique. On évoque de plus en plus l’avènement d’une Europe du Nord dans laquelle la France jouerait un rôle de second rang si elle n’en est pas exclue et déclassée dans l’Europe du Sud. Le but poursuivi par Bismarck dès 1860 serait enfin atteint – cette fois, sans coup férir, et donc durablement. Comment en est-on arrivé là ?

    A force d’être obnubilé par le désastre absolu qu’a été l’hitlérisme, on a réécrit l’histoire de l’Allemagne comme si elle devait conduire fatalement au nazisme et aux camps d’extermination et comme si l’Allemagne, à jamais coupable, ne pourrait plus prétendre au rang de grande puissance. Redevenu un géant économique – depuis longtemps déjà et avec quelle rapidité – elle serait toujours un nain politique entravé par les chaînes du remords de crimes imprescriptibles. Même la réunification des deux Allemagnes a été acceptée bon gré mal gré alors que la division de la nation allemande avait été considérée depuis 1945 comme un gage de paix. On a imaginé harnacher cette nouvelle puissance par l’euro – ce plat de lentilles, qui a finalement permis à l’Allemagne, par une ruse monétaire de l’Histoire, de franchir le dernier échelon de sa marche vers le sommet européen, on le constate aujourd’hui.

    « Peut-il y avoir trop de mémoire ? » se demande Charles Maier, historien américain dans son excellent Unmasterable Past (1). Faut-il faire écho aux avertissements de Henri Heine : les Allemands ruminent des vengeances à travers les siècles ? Ne faudrait-il pas dénazifier l’histoire de l’Allemagne ? C’est à quoi nous invitent aujourd’hui Thilo Sarrazin et ses succès fracassants de librairie. L’Allemagne profonde s’exprime à travers lui.

    Les douze années de Hitler au pouvoir nous empêchent de voir que le génie allemand domine les scènes culturelle, artistique et scientifique mondiales depuis deux cents ans. Ce génie aurait dû autoriser l’Allemagne à diriger le monde au XXe siècle, mais ce destin manifeste a été contrarié par des circonstances qu’il faut expliquer par la volonté farouche de l’Angleterre de conserver ses privilèges impériaux. Si l’on se reporte un siècle plus tôt, au tout début de la Première Guerre mondiale, la supériorité allemande était évidente aux yeux des intellectuels allemands, y compris sur le plan moral, et devait lui permettre de triompher, en cette épreuve décisive pour le destin du monde, de soi-disant démocraties qui, pour lui barrer la route, s’étaient alliées avec l’un des régimes les plus réactionnaires de l’époque, la Russie tsariste, ensanglantée de pogroms à répétition et expansionniste. Même les juifs allemands considéraient l’empire de Guillaume II comme un nouvel Israël et se portèrent les premiers au front pour repousser ses ennemis.

    Fruit de la Révolution française, l’invention de la « nation » allemande avait érigé en mythe un anti-Vercingétorix en la personne d’Arminius, alias Hermann, vainqueur des armées romaines en l’année 9 de notre ère à la bataille de Teutberg (2). Corrélation : la langue allemande vierge de toute corruption latine, authentique langue du peuple, est seule capable de reprendre l’héritage grec : Herder, Fichte, Thomas Mann, Heidegger – seule capable d’exprimer l’être. On a même pu parler d’une tyrannie exercée par la Grèce sur l’Allemagne (3) – ce qui paraît risible aujourd’hui. Les juifs allemands, qui considéraient l’Allemagne comme un « nouvel Israël », n’étaient pas les derniers à opposer la Kultur à la méprisable « civilisation ». Mais cette nation privilégiée, élue (4), sainte, vraie, Urvolk, douée, animée d’un Volksgeist, « protestante » après Luther, est d’abord une nation sans Etat, et cela à cause de la France qui pourtant lui « sert » le modèle de l’Etat-nation.

    Auparavant, faut-il le rappeler aux bonnes consciences françaises, l’Allemagne avait été victime de l’impérialisme français :

    • – l’émiettement de l’Allemagne en une multitude d’Etats et de principautés (5), fut consacré par les traités de Westphalie, qui concluent la guerre de Trente Ans – « paix » qui n’empêchera pas les armées françaises de ravager le Palatinat par deux fois, en 1674 et en 1689, pour ne rien dire des ravages des conquêtes napoléoniennes ;
    • – Versailles, obsession allemande, d’abord comme modèle politique et culturel (le Sans-Souci de Frédéric II, entre autres), puis comme symbole de l’oppression française, ensuite comme lieu de consécration du 2e Reich en 1871 dans la Galerie des Glaces ;
    • – Versailles, enfin maudit comme le Traité de 1919 qui porte son nom. Versailles, comme lieu du mensonge qui a consisté à faire de l’Allemagne la seule coupable de la Première Guerre mondiale (article 231 du Traité) et à bâtir sur ce mensonge les fameuses Réparations. Le Boche paiera. Eh bien ! Non. L’Allemagne ne paiera pas – pas plus aujourd’hui qu’hier. C’est ce que nous dit Thilo Sarrazin.

    Au XIXe comme au XXe siècle, du IIe au IIIe Reich en passant par la République de Weimar, l’ambition allemande a été de disputer le sceptre du monde à une Angleterre déjà sur le déclin, une fois l’Allemagne réunifiée et modernisée.

    D’où la peur récurrente de la réunification allemande, qu’un François Mitterrand a essayé de retarder (6), en vain, puis d’apprivoiser avec la création de l’euro – en vain aussi, comme nous pouvons le constater aujourd’hui. Déjà au Congrès de Vienne, en 1815, Talleyrand se demandait : « Qui peut calculer les conséquences si les masses en Allemagne devaient se combiner en un seul tout et devenir agressives ? » Là encore, Thilo Sarrazin doit être écouté.

    La supériorité économique allemande qui obnubile de nouveau les Français (7) est en fait une vieille histoire qui remonte au moins au XIVe siècle. Elle tient à la structure non centralisée de l’Etat allemand, quand il existe, et à l’anarchie allemande, quand cet Etat n’existe pas, par opposition multiséculaire à l’Etat français tentaculaire et prédateur. Colbert, qui a ruiné la France de son temps, est impensable de l’autre côté du Rhin. La fameuse « discipline » allemande, qui est le secret de sa réussite, est en fait une autodiscipline que s’impose une nation née sans État. Cette supériorité économique a permis à Bismarck d’inventer l’état providence qui, transposé sous d’autres cieux, conduit immanquablement à la faillite ou à la guerre, du Welfare State au Warfare State

    Le génie allemand, toujours vivant, pousse aujourd’hui l’Allemagne à prendre sa revanche, au moins en Europe, et de reprendre sa marche drang nach Osten, cette fois jusqu’en Chine, sans que ni la Grande-Bretagne ni les États-Unis ne puissent l’en empêcher comme en 1905-1918 ou 1933-1945.

    Trop tard pour le salut du Vieux Monde ? Le monde a changé. Des forces nouvelles gigantesques se sont levées en Asie… La nouvelle Allemagne permettra-t-elle de sauver l’Europe aux anciens parapets ? Là est la question que nous devons nous poser. A condition de relire l’histoire avec d’autres lunettes que celles que nous avons chaussées depuis des dizaines d’années.

    « Le monde veut plus d’Allemagne », tel était le titre de l’éditorial qui s’étalait à la  Une  du Monde, daté des 5-6 février 2012. Titre que l’on pouvait lire dans l’autre sens : « L’Allemagne veut plus de monde ! » Et surtout ne plus payer pour les autres.

    Philippe Simonnot,  Tribune libre
    Nouvelles de France
    6/06/2012

    Titre original : L’Allemagne ne paiera pas

    Notes :

    1. The Unmasterable Past: History, Holocaust, and German National Identity, Harvard University Press, 1988.
    2. La célèbre pièce de Kleist, La Bataille d’Herman, Die Heramnnsschlacht, date de 1809.
    3. E. M. Butler (1935), The Tyranny of Greece over Germany, en particulier sur Lessing, Goethe, Schiller, Höderlin, K. F. Schinkel, C. G. Langhans, Schliemann, Nietzsche, Stefan George. À l’époque, l’Allemagne apparaissait comme composée d’une multitude d’États comme l’ancienne Grèce, avec une culture supérieure à celle de son éventuel conquérant (Rome). La Porte de Brandebourg (que l’on doit à Langhans), a eu comme modèle les Propylées de l’Acropole athénienne.
    4. Terme employé par Jörg Lanz von Liebenfels dans sa Théozoologie (1905).
    5. « Je ne peux m’imaginer un peuple qui serait plus divisé que les Allemands », Höderlin, Hyperion.
    6. Mais aussi Jacques Delors et Laurent Fabius.
    7. L’Allemagne enregistre trois fois plus de brevets que la France – un indice parmi beaucoup d’autres.

    Philippe Simonnot a publié en collaboration avec Charles Le Lien La monnaie, Histoire d’une imposture, chez Perrin.

    Correspondance Polémia – 7/06/2012

  • Entretien avec Jean-Claude Michéa

    Jean Cornil a rencontré le philosophe français Jean-Claude Michéa, chez lui, à Montpellier. Philosophe « inclassable », Jean-Claude Michéa a un parcours singulier. Venant d’un milieu communiste, anarchiste, penseur critique du libéralisme et singulièrement du libéralisme culturel qu’il assimile à la gauche. Dans cette émission, Jean Cornil ira à la rencontre de ce philosophe étonnant, très éloigné des schémas traditionnels de la pensée politique.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Revue de presse économique de Pierre Jovanovic

    Émission diffusée sur Radio Ici et Maintenant le 30 janvier 2013

  • Le Président islandais : penser davantage au peuple qu’aux banques, c’est bon pour l’économie

    DAVOS (NOVOpress) – A la grand messe du récent Forum économique mondial à Davos, au milieu des discours des grands patrons mondiaux et homme politiques souvent faits d’autocongratulations, un vilain petit canard est venu prendre le contre-pied des autres participants. Penser davantage au peuple qu’aux banques c’est bon pour l’économie a indiqué le Président islandais Olafur Ragnar Grimsson. Malgré la présence importante de journalistes français le silence a été presque complet dans les grands médias hexagonaux.
    Et en plus Olafur Ragnar Grimsson a osé justifier cette opinion par les résultats obtenus par son pays :

     

    Dans l’interview vidéo ci-dessus, fait à Davos, il déclare “Nous avons été assez sages de ne pas suivre les politiques traditionnelles qui ont prévalu normalement en Occident au cours des 30 dernières années. Nous avons introduit le contrôle des changes, nous avons laissé les banques faire faillite, nous avons soutenu les plus pauvres, nous n’avons pas adopté les mesures d’austérité comme ailleurs en Europe, et le résultat final, 4 ans plus tard, est que l’Islande profite de progrès et d’une relance très différents des autres pays européens qui ont souffert de la crise financière”.

    Déjà le 11 janvier 2013 il avait indiqué “Accepter de laisser les banques tomber en faillite fut l’acte le plus difficile qu’il m’ait été donné de prendre. Mais sans doute le meilleur. Il est l’une des raisons fondamentales de la forte reprise économique de notre pays au regard des autres pays européens.”

    “Pourquoi considère-t-on que les banques sont des saintes-chapelles de l’économie moderne, et pourquoi ne peuvent-elles pas faire faillite comme les compagnies aériennes ou les entreprises de télécommunication, si elles ont été gérées d’une façon irresponsable ? La théorie que vous devez payer pour sauver les banques est une théorie selon laquelle les banquiers peuvent jouir de leurs propres bénéfices et de leur succès, puis que les gens ordinaires payent pour leurs échecs au moyen des impôts et de l’austérité” poursuit-t-il dans l’interview ci-dessus (à 1min20).

    Il a ensuite développé (à 2 min dans la vidéo) une critique du développent exagéré des banques, pour la prospérité. “L’une des choses que nous avons apprises après l’effondrement des banques en Islande, c’est que les banques islandaises, comme les banques britanniques ou les banques américaines, sont devenues des entreprises de haute technologie, qui recrutent des ingénieurs, des mathématiciens et des informaticiens. Et quand elles se sont effondrées, le secteur innovant de notre économie, le secteur informatique, le secteur des technologies de l’information s’est mis à prospérer, et en fait, sur les trois dernières années, il a eu de bien meilleurs résultats que jamais auparavant dans son histoire. Donc la leçon à en tirer, c’est la suivante : si vous voulez que votre économie soit compétitive dans le secteur innovant du 21ème siècle, un secteur financier fort qui prend les talents de cet autre secteur, même un secteur financier qui marche bien, est en fait une mauvaise nouvelle”.

    Olafur Ragnar Grimsson aurait pu aussi évoquer l’idée que l’absence en Islande du fardeau de l’immigration extra-européenne (elle est presque nulle dans ce pays) a pu être un autre élément expliquant la rapidité de la récupération économique de son pays. Mais cela aurait été vraiment trop  politiquement incorrect, il ne faut pas exagérer…

    http://fr.novopress.info

  • 1883 : Des Bourbons aux Orléans

    Le comte de Chambord s'éteint le 24 août. Le comte de Paris semble s'imposer à la tête de la maison de France. Mais dans l'entourage de la comtesse de Chambord, certains contestent le droit des Orléans : pour eux la couronne de France doit revenir à l'aîné de tous les Bourbons.
    Cette année-là, Henri V comte de Chambord, soixante-trois ans, petit-fils de Charles X, de jure roi de France depuis le 2 août 1830, s'éteignit le 24 août en exil à Frohsdorf. Depuis l'échec de la restauration monarchique en 1873, il n'avait renoncé à rien et se tenait toujours très informé des affaires de France.
    Philippe VII
    Il avait appris avec peine les succès des républicains, lesquels, depuis la démission du maréchal de Mac-Mahon, président de la République, en 1878, accaparaient tous les pouvoirs. Jean-François Chiappe disait de ce roi éminemment chrétien : « Il se montre épris de modernité et souhaiterait reformer la France de saint Louis et de Philippe le Bel, créatrice des états généraux. [...] Il se passionne pour le monde ouvrier et se désespère de la condition de ces déracinés. » 1 Nous savons que, pour garder la liberté d'améliorer le sort des humbles, il refusa de régner avec le drapeau tricolore symbole à ses yeux de l'assujettissement de la couronne aux intérêts des capitalistes sans coeur.
    Le drame d'Henri V fut de ne pas avoir eu d'enfant de son épouse Marie-Thérèse de Modène. La succession n'était pourtant pas un souci pour les milliers de fidèles venus de toute la France assister aux obsèques de leur roi dans la ville de Gorizia, où reposait déjà Charles X (alors en Vénétie autrichienne, aujourd'hui en Slovénie). En leur nom le duc de La Rochefoucauld-Bisaccia adressa à Philippe, comte de Paris, un télégramme rédigé par René de La Tour du Pin, marquis de La Charce, et approuvé par le général de Charette, où tous les assistants saluaient en lui Philippe VII, nouveau chef de la maison de France. Quelques jours plus tard, à Paris, l'Association de la Presse monarchique et catholique, fondée l'année précédente, rendait un fervent hommage au roi défunt et saluait d'un seul coeur son successeur Philippe VII.
    Une dispute déplorable
    C'était là tout simplement s'inscrire dans la grande tradition capétienne qui voulait qu'en cas d'extinction d'une branche régnante de la famille, la succession revînt au chef de la branche la plus proche par ordre de primogéniture, à condition que celle-ci ne fît pas tomber la couronne dans des mains étrangères et donc ne rompît pas l'union d'âge en âge de la famille royale et de la France. C'est pour sauvegarder ce principe et empêcher la France de devenir anglaise que l'on dut exclure les femmes et leur descendance de la succession.
    Il se trouva hélas un petit nombre de royalistes, notamment dans l'entourage de la comtesse de Chambord, pour contester le droit des Orléans. Pour eux la couronne de France devait revenir à l'aîné de tous les Bourbons, donc à Jean de Bourbon, comte de Montizon, infant d'Espagne (1822-1887), fils de Charles de Bourbon, lequel, refusant à sa nièce Isabelle II le titre de reine d'Espagne, était à l'origine de la branche carliste. Le comte de Montizon, par ailleurs beau-frère d'Henri V (il avait épousé Marie-Béatrice de Modène) était évidemment l'héritier en droite ligne de Philippe V, roi d'Espagne, et par celui-ci de Louis XIV. Sans même s'attarder à des considérations juridiques et spécieuses sur la valeur des renonciations de Philippe V au trône de France (traité d'Utrecht, 1713), le fait est que, les générations passant, cette branche espagnole des Bourbons s'hispanisait et pouvait de moins en moins incarner la France. On ne se transplante pas roi de France, il faut être des entrailles de la France. Or les Orléans, bien que ne descendant que du frère de Louis XIV, avaient, eux, toujours servi la France seule.
    Souvenir douloureux
    Hélas le débat était passionnel. On rappelait toujours Philippe Égalité : il avait voté la mort de Louis XVI en 1793, son crime était horrible, mais on oubliait qu'il s'en était repenti avant sa mort, et que le fils de celui-ci, Louis-Philippe (futur "roi des Français") s'était réconcilié avec les Bourbons dès 1809 en épousant Marie- Amélie de Bourbon-Siciles, nièce de la reine Marie-Antoinette. Quant à l'épisode fâcheux de la monarchie de Juillet, il eut au moins l'avantage de reculer de dix-huit ans l'avènement de la IIe République : Louis-Philippe ne prétendit jamais remplacer les Bourbons et, à la fin de sa vie, souhaita un rapprochement entre les deux branches, ce à quoi la reine Marie-Amélie et ses fils, notamment le duc de Nemours, s'employèrent dès 1850, et surtout en 1873. Ils trouvèrent un accueil très affectueux de la part d'Henri V, lequel déclara peu avant sa mort à un journaliste de La Liberté : « Le principe que je représente m'interdit de choisir mon successeur. Puisque j'ai le malheur de n'avoir pas d'enfant, les princes d'Orléans sont mes fils. » 2
    Tout était dit, et cette parole aurait dû clore une dispute qui dure encore de nos jours, où s'engagent avec une foi monarchique indiscutablement vibrante des Français qui ne se rendent pas toujours compte que cette division risque tout simplement de rendre une fois encore impossible la restauration pourtant si nécessaire à la France...
    Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 18 novembre au 1er décembre 2010
    1 Jean-François Chiappe : Le comte de Chambord et son mystère ; éditions Perrin, 1990.
    2 Cité dans Xavier Vallat : Le Grain