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  • La préfecture n'a jamais communiqué les vidéos du 24 mars

    Dans Présent, Olivier Figueras dénonce l'opacité de la Préfecture de police. A prendre en compte à la veille d'une nouvelle manifestation :

     

    "Attendu que ma demande de consulter les documents concernant la manif du 24 mars – photographies et films – proposés aux journalistes intéressés, me soient effectivement communiqués. Ce n’est pas faute, contrairement à ce que certains, lecteurs ou proches, ont pu supposer, d’en avoir fait la demande. D’ailleurs, en date du 27, un communiqué de presse, non signé, mais émanant du « cabinet du préfet », « service de la Communication », m’y invitait. Dès le 28 au matin, j’ai donc saisi mon téléphone. Et appelé le numéro indiqué sur ledit document. A l’autre bout, manifestement « on » ne savait pas de quoi je parlais. Après un certain temps d’attente, on m’a redirigé vers le service de presse…

    Y ayant demandé à accéder aux documents, et notamment aux films, indiqués, « on » m’a répondu que je m’y prenais un peu tard, et que les journalistes avaient déjà été contactés. Je me suis alors référé au communiqué évoqué plus haut. Pour me heurter à un mur d’ignorance. Manifestement, ledit communiqué n’avait pas été mis à disposition du service de presse – du moins pas dans son entier.  « On » m’a alors demandé de patienter. Histoire, sans doute, de se renseigner. Un certain temps d’attente. Et ensuite, sans que j’aie pu déterminer s’il s’agissait du même interlocuteur, mais sur un ton visiblement agacé, avis m’a été donné que rien n’était faisable en l’état. Pour compenser, un conseil : adresser un mail à la préfecture. L’adresse m’en a – tout de même – été fournie. J’ai expédié, peu après, ladite demande par mail. J’attends toujours la réponse.

    Je n’ai pas repassé de coup de fil. Certains confrères, l’ayant fait après moi, m’ont averti qu’il n’y avait rien de plus à en attendre… Evidemment, à en croire certains, les photos fournies à quelques-uns par ladite préfecture (ne parlons pas des films inaccessibles) ne correspondent pas à la réalité. Elles ont été « retouchées ». Ce qui est gênant ! Je sais ! Dans son communiqué, la préfecture souligne qu’il est inacceptable de mettre « encore une fois directement en cause la neutralité des méthodes de travail des fonctionnaires de la préfecture de police ». C’est parce que c’est inacceptable que le préfet de police a fait publier ledit communiqué, pour apporter toutes précisions utiles. Et notamment préciser que « la préfecture de police tient l’intégralité de ces enregistrements à disposition des journalistes intéressés ».

    Que M. le préfet se rassure. Je ne mets absolument pas en cause « la neutralité des méthodes de travail des fonctionnaires de la préfecture de police ». Je mets en cause la façon dont « on » nous en transmet – ou plutôt : « on » ne nous transmet pas – les résultats de ce travail. Car je suis – et je reste ! – un journaliste « intéressé » par ces enregistrements. Mais « on » ne me les a pas fournis. Et lesdits fonctionnaires, dont je ne remets pas en cause le travail, n’étaient pas même au courant que, « intéressé », je pouvais en demander communication. [...]"

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • La stratégie des nouvelles routes de la soie – un modèle de paix pour l’Eurasie

    Pour que les Européens ne restent pas à la traîne du courant de l’histoire – au sujet de l’analyse brillante de la situation géopolitique par Franz Betschon

    Ex: http://www.horizons-et-debats.ch/

    Pendant que les Etats-Unis titubent d’une crise à l’autre, et que l’Europe n’arrive pas à détourner son regard de son ancienne puissance protectrice dans l’espoir de ne pas être entraîné dans l’abîme, il règne en Asie et en Amérique latine une atmosphère de renouveau. Des auteurs comme Kishore Mahbubani essaient depuis un certain temps de démontrer aux contemporains de l’hémisphère occidental qu’on se trouve de toute évidence devant un tournant historique. Mais que faire, surtout en Europe? Avec qui coopérer si ce n’est pas avec la puissance guerrière en déclin?
    Ne serait-il pas tout naturel de tourner le regard vers l’Est? Puisque l’Europe se trouve bien au bord de la grande île mondiale de l’Eurasie. Un regard, cependant pas dans le sens impérialiste de Bismarck qui a localisé «son Afrique» en Europe de l’Est, et pas non plus dans le sens du cliché de la guerre froide, qui appartient heureusement au passé depuis plus de 20 ans. Mais pourquoi pas un rapprochement en partenariat, en amitié et avec considération des mérites des peuples des pays respectifs?
    Si nous ne voyons pas comment l’Asie se développe, l’Asie se développera aussi sans nous en un nouveau centre de gravitation de l’économie mondiale: c’est ce qu’un analyste ayant beaucoup voyagé, ouvert au monde, formé et ancré dans la meilleure tradition suisse, nous soumet à réfléxion: «Das eurasische Schachturnier» [Le tournoi d’échec eurasien], c’est le titre que Franz Betschon donne à son livre, qui sera présenté ci-dessous. Avec ce titre il fait allusion à un livre de Zbigniew Brzezinski qui porte un titre semblable. Mais son ton, le fondement de son analyse et sa perspective sont heureusement en totale contradiction avec l’ouvrage de référence négatif de la géostratégie impériale et de l’outrecuidance de la puissance mondiale.

    «The Empire is over.» L’empire américain, la suprématie de la seule puissance mondiale serait du passé, un ordre mondial centré sur l’Eurasie serait en train de s’installer, uniquement centré sur l’Asie, si l’Europe ne s’avance pas vers l’Asie. C’est la quintessence de ce livre éclairant qui mérite d’être lu: «Das eurasische Schachturnier. Krisen Hintergründe und Prognosen» de Franz Betschon1. Ce citoyen suisse est docteur en sciences techniques et ingénieur mécanique diplômé de l’EPFZ, en plus diplômé de la Harvard Business School à Boston, colonel d’état-major de l’aviation à l’armée. Un scientifique formé dans la meilleure tradition suisse, ouvert au monde et économiste disposant d’une intelligence analytique aigüe. En tant que personne ayant vu du pays et qui, entre autre, a été conseiller d’administration d’une entreprise high-tech israélienne, qui, construite avec de l’aide suisse, appartient actuellement aux entreprises de pointe de son genre dans le monde, l’auteur essaie de comparer et d’approfondir ses expériences et ses observations au moyen de l’étude de sources publiquement accessibles pour comprendre l’actualité et pour ne pas rester en arrière du développement. Betschon a recours à des sources de beaucoup de pays, car dans son activité, il s’est aperçu que le regard européen sur le monde s’est pas mal rétréci pendant les décennies de la guerre froide, et que dans d’autres parties du monde, les mêmes problèmes sont considérés sous un autre jour. Reconnaître les signes du temps veut dire également s’adapter à temps aux nouveaux développements pour mieux contrer des dangers éventuels.
    Comme grand modèle, qui manque dans le monde moderne, surtout en Suisse, et cela douloureusement, Betschon évoque Jean Rodolphe von Salis. Ce que ce citoyen du monde suisse a réussi lors de la Seconde Guerre mondiale depuis la Suisse, et ce qui lui a procuré ainsi qu’à la Suisse l’estime mondiale, c’est-à-dire un jugement cohérent de la situation de guerre, von Salis n’avait pu le faire que sur la base d’un large réseau. Avec des conversations téléphoniques avec ses connaissances dans différents pays, il s’est procuré un grand savoir et cela malgré l’écoute des services secrets.
    Pour nous, c’est plus facile aujourd’hui. Aux temps du World Wide Web, un clic de souris nous amène des journaux de l’espace asiatique, africain, et de l’Amérique latine.

    À partir de quel moment les Etats-Unis sont-ils devenus tellement violents ? Mot-clé : «QDR»

    L’analyse de Betschon sur 200 pages, culminant dans la citation ci-dessus, est passionnante et met de l’ordre dans les idées qui, dans les flots du «tittytainment du mainstream», ont tendance à être incohérents.
    Lorsque l’auteur arrive à la conclusion que les jours de la dominance américaine sont définitivement passés, ce n’est pas sur un fond de ressentiments antiaméricains comme on pourrait le penser. Tout au contraire, l’auteur rend hommage à l’engagement désintéressé des Etats-Unis en Europe pendant les heures les plus noires de la Seconde Guerre mondiale – mais pas sans se poser la question de savoir à partir de quel moment l’Amérique est soudain devenue si violente: qu’elle ait rendu la torture de nouveau acceptable, qu’elle ait mené des guerres préventives sans penser aux principes de Nuremberg, dans lesquels une guerre d’agression est déclarée comme le pire des crimes et à l’occasion desquels le procureur principal Robert ­Jackson avait exigé publiquement qu’à l’avenir les USA veuillent aussi être jugés à la même aune.
    Il est devenu évident que les choses vont mal aux Etats-Unis lors de la publication du plan de 5 ans du Pentagone, le «Quadrennial Defence Review Report (QDR)» des années 2001 à 2006. A l’encontre du droit international, ce rapport exige le droit à la guerre préventive. Afin que le lecteur puisse comprendre cette monstruosité, l’auteur transpose cette mentalité dans la cohabitation de voisins qui s’exprimeraient de la façon suivante: tu peux fusiller ton voisin sans autre s’il te dérange. Tu ne dois remplir que deux conditions: tu dois prétendre que tu t’es senti menacé et viser de telle sorte qu’il ne puisse ensuite plus témoigner.» (Betschon, p. 52) L’auteur donne à réfléchir que, si ce mépris sans pudeur de toutes les valeurs pour lesquelles l’Occident s’est battu pendant des décennies, porte préjudice aux êtres humains au Moyen-Orient en premier lieu, mais à moyen et long terme aussi à la société civile des agresseurs.

    Le principe des États souverains versus le principe du «Diviser pour régner !»

    L’auteur classe cette politique étrangère de l’Empire, agressive et méprisante pour le genre humain, sur la base de deux principes: le principe d’Etats souverains et le principe du «diviser pour régner». Ce que la génération ayant vécu la guerre froide ne pouvait jamais tenir pour possible, et ce qui rend si difficile un regard clair sur notre présent, c’est le fait que le premier des deux principes, le principe des Etats nations souverains, établi après la guerre de Trente Ans lors de la Paix de Westphalie, ne soit plus représenté aujourd’hui par la démocratie des USA autrefois louée, mais par la Russie autrefois proscrite, pendant que le principe machiavélique du «diviser pour régner», est brandi par George W. Bush et aujourd’hui par le Prix Nobel de la paix Obama. Même si l’auteur ne peut pas vraiment ce réjouir de ce résultat surprenant, il faut reconnaître qu’il présente les faits comme ils sont sans œillères et sans égard pour ses préférences personnelles.
    Ce qui avait déjà été visible en 2007, lors de la Conférence de Sécurité de Munich, à savoir que la Russie sous Poutine n’était plus ce pays postsoviétique faible et à exploiter, mais de nouveau une grande puissance, capable et décidée à se défendre, et cela aussi bien économiquement que militairement, est devenu saisissable pour tout le monde lors de la même conférence en 2008: le Premier ministre russe, Sergueï Ivanov, a présenté un pays sûr de lui tout en soulignant que cela ne signifiait pas de nouveaux blocs et confrontations, mais une cohabitation pacifique d’Etats souverains. Alors qu’au camp opposé, le ministre de la Défense des USA, Robert Gates, a présenté le point de vue d’une hégémonie agressive. Avec cela Gates s’est positionné selon le modèle de l’Empire britannique à la Churchill et pas selon celui de Franklin Delano Roosevelt. Ces deux conceptions opposées de la politique, Betschon les fait très bien ressortir: alors que l’Empire britannique présente une politique de conflits et de manipulation, donc le «diviser pour régner», le président des USA d’avant et pendant la guerre a répondu de l’autre modèle de la coopération, celui des nations souveraines. En raison du décès prématuré de Roosevelt, le pur et dur Truman a rejoint la ligne britannique, et ainsi il a déployé, sans aucun égard, la bombe nucléaire.

    L’Europe et l’Asie se soudent économiquement

    Même si la politique étrangère avant Truman n’a pas toujours été exemplaire comme présenté ci-dessus, il est tout de même bienfaisant que l’auteur se soustraie au dénigrement antirusse de l’Occident et ouvre de nouvelles manières de voir. Car c’est seulement en remettant en question le spectre russe que la voie se libère pour une coopération des pays européens avec les grandes nations du Proche et de l’Extrême-Orient nécessaire depuis longtemps.
    Dans le chapitre «megatrends» [tendances mégas], l’auteur ose émettre quelques pronostics extrêmement passionnants et au fait très convaincants du développement futur: sans se fixer sur une date et un ordre, on pourrait s’attendre aux développements suivants:
    1.    L’Europe et l’Asie se souderont économiquement sans retour.
    2.    L’Eurasie développera une politique fédéraliste de commerce, d’extérieur et de sécurité.
    3.    La notion d’«Occident» deviendra superflue: L’Europe de l’Ouest, l’Amérique du Nord et Israël ne formeront plus une unité.
    4.    L’Europe continentale s’orientera vers l’Est. L’Amérique du Nord ne sera intéressante plus que pour le commerce.
    5.    L’UE et l’OTAN devront être reconsidérés et remplacés par quelque chose de nouveau.
    Et qu’est-ce qui se passerait si les institutions de Bretton Woods et l’ONU étaient transférées vers le nouveau centre de gravité du monde économique, par exemple à Shanghai? Ou bien si les pays asiatiques arrivaient à la conclusion de ne plus avoir besoin de ces institutions dominées par les Etats-Unis et de pouvoir très bien vivre sans elles et même mieux? Et avec l’Europe, on a déjà cohabité depuis 2000 ans – longtemps avant que le double continent américain ait été défiguré par les Anglo-Saxons? Il a fallu beaucoup de temps dans le soi-disant nouveau monde avant que les blancs se soient arraché une excuse concernant le génocide de la population locale.
    Betschon n’est pas sûr que les Européens aient vraiment déjà reconnu les signes du temps et se dirigeront vers l’Asie – néanmoins les Asiatiques viendraient déjà à notre rencontre. Il ne parle pas seulement du tourisme et des boutiques de montres en plein essor à Lucerne et Interlaken, volontiers fréquentées par la classe moyenne chinoise en hausse, mais aussi des investisseurs de Chine et d’Inde qui sauvent de la ruine en Europe de plus en plus d’anciennes marques, comme par exemple le groupe de sociétés indien Tata, qui a repris en 2007 le groupe d’acier britannique Corus, mais aussi les usines d’automobiles Jaguar et Landrover.

    Le monde de demain : L’Amérique latine, l’Asie, l’Europe et à part les États-Unis, sur la touche

    Que nous sommes au beau milieu d’un tournant d’époque est évident notamment en Afrique, où de plus en plus d’entreprises chinoises font ce qui a été réservé aux Européens: établir des relations commerciales, effectuer des investissements, exploiter des matières premières – à la différence près que les Chinois sont capables de lier leurs profits à de vrais bienfaits pour les populations locales. Un fait qu’on n’a jamais rencontré dans le colonialisme européen, dans l’impérialisme et dans le néocolonialisme actuel.
    Alors que l’Occident fixe plein de méfiance le dragon chinois et se demande s’il fonctionne comme l’aigle américain – sur la base d’un militarisme agressif –, nous ne voyons pas que ce monde s’est mué en un monde rectangulaire: aujourd’hui, il est composé de l’Amérique latine, l’Asie, l’Europe et à part encore les Etats-Unis, sur la touche. A part? Nos médias occidentaux omettent volontiers de nous le dire: de plus en plus de décisions importantes sont prises sans l’unique ancienne superpuissance. Horizons et débats a parlé récemment de cette humiliation à Phnom Pen2. Comme cet événement s’est avéré tout simplement inexistant dans les médias du mainstream occidental, on a dû avoir recours à un article de l’«Asia Times» qui a montré clairement que l’Occident à une longueur de retard sur le développement actuel réel. Il y a eu Obama, qui a été décommandé d’une rencontre des Etats Asean. Les USA qui voulaient créer une fissure entre les Etats asiatiques, avant tout entre les petits et la Chine, se sont retrouvés mis à l’écart. Le monde est devenu autre, tout comme Kishore Mahbubani tente de nous l’expliquer depuis longtemps – aimablement, mais avec fermeté. Et si l’Occident ne veut pas en prendre connaissance, la rupture sera irréversible. Cependant, il serait meilleur pour tous d’avancer ensemble vers le futur. Mais pour cela, l’Occident devrait vivre réellement ses valeurs, en haute estime dans le reste du monde, au lieu de faire une politique d’intérêts impitoyable sous couvert de valeurs affichées.

    Le FMI et l’hégémonie du dollar proches de leur fin

    Betschon cite plusieurs événements qui illustrent ce tournant :
    Les dix États de l’Asie du Sud-Est de l’ASEAN – comme on ne les connaît que très peu en Occident, ils seront cités ici: le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam –, ces dix États ont créé avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud l’Asian Monetary Fund avec les RMB/Yen comme monnaie centrale – un processus qui rendra superflu le FMI dominé par les États-Unis.
    La même chose se passe en Amérique du Sud: la fondation du Latin American Monetary Fund a pour résultat que le FMI doit fermer ses bureaux dans les États l’un après l’autre. Le Venezuela donne aux membres les crédits nécessaires pour pouvoir désintéresser le FMI.
    En Europe, l’euro, prévu comme alternative au dollar, vit une attaque massive et cela pas depuis la Chine ! Mais il y a aussi la Russie, qui ne danse plus aux sons de Washington : là-bas, peu à peu se font les adieux au FMI et à l’hégémonie du dollar en se fiant davantage aux propres ressources et à l’or.
    Ce sont ces processus qui, à long terme, empêcheront les États-Unis, à l’aide de leur planche à billets, de mettre leurs propres dettes sur le dos des autres pays du monde. Avant tout parce que les dépenses pour l’armée doivent être réduites, et que par la suite leur bonne vieille diplomatie de canonnière à la mode des bandes de brigands ne fonctionnera plus.
    Une année centrale pour la diminution de l’influence des USA a été l’année 2008: C’est en même temps que l’effondrement de Lehman Brothers qu’ont eu lieu les événements suivants, sans la contribution des États-Unis, trop occupés par leurs propres problèmes :
    •    À Lima, environ 60 nations se sont rencontrées pour un sommet mondial sur l’alimentation, avec la présence d’Angela Merkel, la Chine, mais sans les USA.
    •    En même temps se sont réunis les ministres des Affaires étrangères des Etats BRICS à Iekaterinbourg en Russie. Étaient invités le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Mais pas les USA.
    •    Fin mai, le nouveau président russe a effectué son premier voyage à l’étranger. Jadis on allait d’abord aux USA, mais cette fois, la Chine a été la première destination.
    •    En même temps un sommet important a eu lieu entre le Japon et la Chine – et cela sans les USA, ce qui aurait été impensable auparavant.

    Europe : sortir de l’étau des États-Unis, retour aux propres valeurs

    Dans cette situation d’un monde s’organisant sans problèmes sans l’Empire, l’Europe se retrouve devant la question de savoir si elle ne devrait pas renouer avec ses valeurs éprouvées, lesquelles avaient été désignées avec mépris par les néoconservateurs américains comme celles d’une «vieille Europe»: cela signifierait, d’un côté, abandonner les idées colonialistes tardives, ensuite respecter la souveraineté des autres Etats et la non-ingérence dans leurs affaires internes – donc faire preuve d’un refus de la stratégie douteuse du R2P, ce concept de «Responsability to protect», en effet, cette responsabilité de protéger, comme Hans-Christof von Sponeck3 l’a démontré, a toujours été utilisée comme prétexte pour intervenir dans d’autres pays pour s’assurer les matières premières et pour garder la Chine à l’écart, comme par exemple au Soudan, en Libye, et presque aussi en Syrie, si la Russie et la Chine n’avaient pas déposé leur «niet» courageux. Ou bien, comme l’a expliqué très clairement le politologue russe Fursov:4 en Syrie, les Croisés occidentaux se sont heurtés au Mur chinois !
    Finalement, Betschon conseille à l’Europe de ne pas utiliser de doubles critères de qualité au niveau des valeurs. Il y en aurait déjà assez d’exemples, énumérés dans le livre de Kishore Mahbubani,5 mais aussi dans les exposés du spécialiste en droit international, Hans Köchler,6 qui a entre autre sévèrement critiqué la pratique d’accusation dominée par l’Occident de l’International Criminal Court (ICC).

    Des corridors de développement avec des centres de développement en chaîne perlée

    L’Europe, sur cet ancien et nouveau sol des meilleures traditions occidentales, aurait un allié à l’Est qui comprend déjà aujourd’hui environ un quart de la population mondiale: la Shanghai Cooperation Organisation (SCO). Ses membres que sont la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan se rencontrent régulièrement dans ce cadre avec des Etats au statut d’observateur, comme la Mongolie, l’Inde, le Pakistan et l’Iran. Celui en Europe qui croit que rien ne peut là se souder ni ne s’accorder devrait reconsidérer sa façon de voir le monde, remontant à l’antiquité euro-centrée. Une frontière intérieure de l’Eurasie n’existe pas réellement du point de vue géographique et géologique, elle n’est qu’historique et culturelle. Mais là aussi, les frontières s’estompent déjà très tôt, rappelons-nous les interdépendances russes avec l’Europe occidentale en ce qui concerne les échanges d’art artisanal, de scientifiques et de gens au sang bleu. Et derrière la Russie, il y a la Chine qui œuvre déjà depuis le milieu des années 1990 à la création de cinq corridors d’infrastructure qui devront relier l’Asie à l’Europe : les chemins de fer en constitueront seulement l’épine dorsale. Betschon souligne que ces corridors de développement, semblables aux anciennes routes de la soie, créent des centres de développement en chaîne perlée avec un fort rayonnement.

    Pékin – Hambourg : les trains plus rapides que les bateaux

    Mais qui, dans cette Europe au regard toujours fixé sur les États-Unis, s’en est aperçu ? Le 9 janvier 2008 par exemple, un train pionnier a été mis en route pour la première fois avec des biens pour l’Europe, et cela depuis Pékin. Destination Hambourg ! Un trajet de 9800 km à travers six pays. Le résultat? Arrivée à Hambourg au bout de 18 jours – pour la même destination par voie maritime avec des porte-conteneurs on aurait mis presque 40 jours! Un événement qui ouvre de toutes nouvelles dimensions – et un regard sur la carte de l’Eurasie le montre : qu’est-ce qu’il y a de plus naturel que le renforcement des voies terrestres depuis la Chine vers l’Europe ? L’Eurasie est un continent en soi, une masse territoriale naturellement faite pour constituer une seule et même superficie – ce que l’on ne peut vraiment pas dire de la relation entre l’Europe et les Etats-Unis, séparés par deux océans.
    Naturellement, pour l’historien, il y a aussi des souvenirs sombres en ce qui concerne un corridor transeurasien: les pays de l’Europe continentale ont déjà une fois essayé d’établir un lien par voie terrestre avec l’Orient. Qu’on se rappelle le projet du «chemin de fer Berlin-Bagdad». Comme le démontre l’historien Daniele Ganser dans son livre «Europa im Erdölrausch» [L’Europe dans la fièvre pétrolière], on aurait pu transporter de façon peu coûteuse du pétrole depuis l’Irak jusque dans les centres économiques de l’Europe centrale. Et cela sans dépendre de la flotte britannique, donc de l’Empire mondial britannique. Nous savons tous, ce qui est arrivé alors: un petit bout de pays n’était pas intégré dans le pont terrestre germano-habsbourgeois-ottoman: la Serbie. Qu’il y ait eu par la suite ce coup de fusil dans le Sarajevo occupé par l’Autriche – qui devait assurer à la puissance maritime de la Grande-Bretagne le monopole pétrolier au Proche-Orient, et l’on parle là aussi de la Première Guerre mondiale – cela est connu, certes mais peut-être moins connu avec ladite toile de fond sus-mentionnée.
    Les pays européens, la Russie et la Chine doivent se tenir sur leurs gardes et empêcher puissance maritime encore numéro 1, les États-Unis, mettent en scène là quelque chose de semblable à ce que firent les Britanniques en 1914. Des essais de déstabilisation par le passé en Ukraine, en Azerbaïdjan, dans les républiques centrasiatiques pourraient être classifiés en prolongement de cet arrière-fond.

    L’empire marche à reculons – à lire quotidiennement dans les journaux

    Franz Betschon a publié son analyse en 2009. Tout comme von Salis, qu’il vénère, il n’a pas besoin de corriger quoi que ce soit. Au contraire, beaucoup de points problématiques qu’il a cités sont devenus encore plus évidents après trois ans. Que le président Obama ait pu faire admettre Hagl comme ministre de la Défense en dit long: qu’un ministre de la Défense des Etats-Unis mette en garde contre le lobby pro-Israël et aspire à des négociations avec l’Iran, qu’un ministre des Affaires étrangères, John Kerry, visite le Caire, Riad et Doha, mais laisse de côté Tel Aviv, c’est quelque chose. Que maintenant des négociations avec l’Iran soient possibles avec la présence des Etats-Unis, et en même temps aussi la Chine et la Russie, c’est encore autre chose. Que le Premier ministre turc mette sur le même plan le sionisme, le fascisme, l’antisémitisme et l’antiislamisme et les condamne, et se fasse vivement critiquer dans les médias israéliens,7 mais qu’il reste quand-même un allié étroit des Etats-Unis et qu’il veuille, malgré ou bien justement à cause de ces déclarations, adhérer à l’UE, est encore un troisième élément. Qu’un Kenneth Waltz veuille accorder, dans Foreign Affairs de juillet/août 2012,8 la bombe à l’Iran, parce que le monde deviendrait ainsi plus sûr, surtout le Proche-Orient, parce que la puissance nucléaire d’Israël aurait ainsi un adversaire – Israël qui, d’après ce «Grand old man» des sciences politiques américaines, représenterait le danger principal pour la paix dans la région –, voilà qui nous fait dresser l’oreille! Cela sonne un peu comme une stratégie d’échiquier d’un Brzezinski, auquel Betschon se réfère plusieurs fois, mais alors une stratégie de retrait des joueurs d’échec de l’Empire.

    Renouer avec le concept de Roosevelt du respect de la souveraineté des Etats-nations

    Il serait souhaitable pour les habitants de l’Eurasie, mais aussi du Proche-Orient, et cela de quelque nationalité et de quelque appartenance religieuse fussent-ils, que la stratégie chinoise des nouvelles routes de la soie puisse se réaliser et ainsi la cohabitation pacifique économique et politique, et cela sans manœuvres déstabilisatrices transatlantiques. Quels paysages florissants pourraient en résulter, si ce grand continent pouvait se ressouder, comme Kishore Mahbubani ne cesse de répéter. Si les anciens ennemis mortels, Japon et Chine, après les affres de la Seconde Guerre mondiale et après les plus de 30 millions de Chinois tués par les Japonais, peuvent aujourd’hui coopérer paisiblement, pourquoi cela ne devrait-il pas être possible au Proche-Orient? Et pourquoi les Etats-Unis ne devraient-ils pas s’orienter selon le modèle de Roosevelt du respect de la souveraineté des Etats-nations? Vu l’endettement exorbitant, c’est une nécessité de l’heure – et aussi celle du bon sens. Une tâche qui siérait bien au Prix Nobel Obama. Mais l’UE également pourrait se rendre digne de son prix Nobel et enterrer son hostilité en direction de l’Est. La population suisse pourrait alors, dans cette situation confuse et complexe, s’investir comme nation des bons services et vivre son fédéralisme comme exemple d’une cohabitation édifiante et pacifique, et cela sans lorgner du côté des grandes puissances.
    Si le livre de Franz Betschon peut diriger pensée, réflexion et action dans cette direction, il s’avérera riche en effets bénéfiques. On lui souhaite un large lectorat, et bien sûr pas seulement en Suisse.     •

    Tobias Salander, historien  http://euro-synergies.hautetfort.com/

    1    Franz Betschon: Das eurasische Schachturnier. Krisen, Hintergründe und Prognosen. Frankfurt/Main, 2009. ISBN 978-3-8301-1234-1.
    2    David P. Goldman: Un monde sans dominance des USA, né à Phnom-Penh. In: Horizons et débats no 53 du 28/12/12
    3    Hans-Christof von Sponeck: La tentative d’appliquer la responsabilité de protéger a lamentablement échoué en Libye. In: Horizons et débats no 18/19
    du 7/5/12
    4    Frappe contre la Syrie – cible: la Russie. Interview d’Andrej Iljitsch Fursov. In: Horizons et débats no 37 du 10/9/12
    5    Kishore Mahbubani: Die Rückkehr Asiens. Berlin 2008. ISBN 978-3549073513
    6    Hans Köchler: Weltgericht ohne Weltstaat. Strafjustiz unter dem Diktat der Realpolitik? Kommentar zu Idee und Wirklichkeit des Internationalen Strafgerichtshofes zehn Jahre nach dem Inkrafttreten des Römer Statutes. Vienne, 1/7/12.
    http://i-p-o.org/Koechler-ICC-Weltgericht-ohne-Weltstaat-IPO-OP-1July2012.htm
    7    At UN conference, Erdogan calls Zionism «crime against humanity». In: Haaretz du 28/2/13.
    www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/at-un-conference-erdogan-calls-zionism-crime-against-humanity.premium-1.506392
    8    Kenneth N. Waltz: Why Iran should get the bomb. Nuclear balancing would mean stability.
    In: Foreign Affairs July/August 2012. Ed.: Council on Foreign Relations. Traduction française in:
    Horizons et débats no 43/44 du 22/10/12

     

    Dans le chapitre «megatrends» [tendances mégas], l’auteur ose émettre quelques pronostics extrêmement passionnants et au fait très convaincants du développement futur: sans se fixer sur une date et un ordre, on pourrait s’attendre aux développements suivants:
    1.    L’Europe et l’Asie se souderont économiquement sans retour.
    2.    L’Eurasie développera une politique fédéraliste de commerce, d’extérieur et de sécurité.
    3.    La notion d’«Occident» deviendra superflue: L’Europe de l’Ouest, l’Amérique du Nord et Israël ne formeront plus une unité.
    4.    L’Europe continentale s’orientera vers l’Est. L’Amérique du Nord ne sera intéressante plus que pour le commerce.
    5.    L’UE et l’OTAN devront être reconsidérés et remplacés par quelque chose de nouveau.

  • Lettre ouverte des 67 «salopards» au Gouvernement

    Exclusif. Incarcérés pour rien…

    Nous étions soixante‐sept. Des jeunes aux casiers intacts, des jeunes dont la politesse dispute l’honnêteté, des jeunes qui ne vont dans les commissariats que pour recourir à la protection des forces de l’ordre contre les malfaiteurs.

    Nous étions la France enfermée parce qu’elle veut exprimer calmement son opposition à la loi Taubira. Détention de tentes, baisers de fiancés révoltés par la répression policière, réveil citoyen ? Nous cherchons encore l’intitulé factuel qui motiva ce qu’il convient d’appeler une rafle. Dix‐sept heures, dix-sept longues heures à attendre dans un commissariat étriqué, dix‐sept heures dans la puanteur, la chaleur, l’exaspération. Incarcérés pour rien.

    Justice à la carte ! Comment décrire ce que nous avons subi ? Des larmes de jeunes filles épuisées, la tension, l’attente. Comment concevoir que soixante‐sept étudiants soient raflés en France ? Comment concevoir que les Femen soient libérées à l’œil quand leur violence répond à notre pacifisme ? Comment concevoir que la Police charge tandis qu’un sénateur est parmi nous ? Comment concevoir cette violence de l’État contre des jeunes qui s’engagent pour leur pays ? [...]

    La suite sur Nouvelles de France

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  • Jean Mabire AUX SOURCES DE L’ÂME

    L'on ne peut que se réjouir de la parution du Que lire ? de Jean Mabire regroupant les portraits d'écrivains présentés au long des dernières années dans National Hebdo.
    C'est d'autant plus une heureuse initiative que « cette promenade sentimentale dans le jardin des lettres » est complétée par l'heureuse bibliographie réalisée par Anne Bernet.
    Il faut se féliciter aussi que les chroniques, qui n'excèdent pas trois pages, sont précédées d'un texte bref de présentation, toujours alerte et accrocheur, et généralement conclues par une de ces chutes dont Mabire a le secret.
    Celui-ci a du style comme il a du caractère. Ce Viking écrit d'une plume d'acier trempée dans la meilleure forge de Thor.
    Il est évidemment impossible de commenter ici les quelques soixante-quinze stations de la promenade que nous offre ce premier volume de Que lire ?
    Mais, à partir des jugements de Jean Mabire, chacun pourra faire son bouquet, allant à la découverte ou à la redécouverte d'auteurs dont certains sont à juste titre tirés de l'oubli dans lequel voudraient les enfoncer les censeurs du « politically correct ».
    Jean Mabire est un homme de clan comme il le rappelle souvent, ce qui ne doit pas être confondu avec le sectarisme. 
    Sa critique littéraire ne vise donc pas à réfréner sa subjectivité.
    Si bien qu'en se promenant avec lui à travers les œuvres, c'est aussi l'écrivain et l'homme Mabire que l'on découvre, fidèle à lui-même, à ses élans et à ses rêves, tel que je l'avais perçu quand, il y a bien longtemps, j'étais militant convaincu du journal l'Esprit Public qui réunissait jadis les meilleurs plumes du combat pour l'Algérie française.
    Mabire chante toujours « sa belle Europe aux longs cheveux d'or », une Europe aux cent drapeaux qui rassemblerait : les Celtes et les Germains, les Vikings, les Slaves et les Latins.
    Son optimisme est entier puisque parlant de Romain Rolland qui fut pour lui un « indo-européen exemplaire » bien plus qu'un militant communiste, il regrette qu'il soit régulièrement oublié alors que « les Etats-Unis de notre continent, Est et Ouest retrouvés, vont sans doute naître avant la fin du siècle. »
    Mabire ne s'étonnera pas de ce que je ne partage pas ce que je crois être une illusion sinon une tragique utopie. Ne pensant pas pour ma part que l'on puisse rassembler l'Europe sur une base régionaliste et en effaçant les grandes nations qui la constituent, je ne partage pas son enthousiasme pour le constructionnisme européiste d'un Pierre Gripari, par ailleurs délicieux écrivain.

    Mystique du paganisme
    Pour être éclectique, Jean Mabire ordonne ses jugements autour de ce que je n'oserais pas appeler une hiérarchie de valeur mais plutôt une hiérarchie d'humeur. Il écrit dans sa préface : « J'estime davantage les libres-penseurs que les conformistes, les aventuriers que les pantouflards, les anarchistes que les dévots, les instinctifs que les intellectuels, les enracinés que les cosmopolites, les enthousiastes que les sceptiques, les écrivains populaires que les auteurs hermétiques, mais j'aime autant les romantiques que les classiques et les révolutionnaires que les conservateurs. »
    Ce sont les écrivains « telluriques », « panthéistes », ceux du « sang et du sol » ceux qui pratiquent « la religion de la forêt », les «polythéistes» que Mabire préfère, exécrant les « bigots hypocrites » (les bigots sont en effet toujours hypocrites comme le garde-à-vous est figé et la Marseillaise vibrante... ).
    Je ne pense pas exagéré de dire que Mabire est un mystique du paganisme. Entendons-nous bien, il ne rejette certes pas tous les écrivains chrétiens. Mais il préfère ceux, qui sont comme il dit, de type « moyenâgeux », aimant la nature comme François d'Assises, ne comprenant peut-être pas que c'est la louange du Créateur que celui-ci a chantée en aimant et en célébrant comme il se doit la beauté et la bonté de la Création.
    Mabire peut en effet trouver beaucoup de paganisme chez les meilleurs écrivains chrétiens s'il confond simplement celui-ci avec l'amour du Réel ! Mais, quelle vision du christianisme a-t-il donc ? Ne confondrait-il pas celui-ci avec je ne sais quel catharisme repoussant la Création comme l'œuvre du mal, ce catharisme qu'exalte pourtant, par ailleurs, sans crainte des paradoxes, son ami Saint-Loup, au demeurant magnifique romancier qui mériterait largement le prix Goncourt que lui subtilisèrent les méchants, les policiers de la pensée. Mabire aime la réincarnation méridionale de Nietzsche chez Antonin Artaud, les hymnes païens aux paysages du Dauphiné chez Henri Béraud, et chez Théophile Briand « la celtique antithèse à la religion du désert ».
    Il se plaît à noter qu'Alphonse de Chateaubriand marqué par la tradition chrétienne et royaliste est, par plus d'un trait, panthéiste et révolutionnaire, et que Joseph Conrad a écrit sa détestation de la religion chrétienne et de « l'absurde conte oriental sur lequel elle se fonde ».
    S'il admire que, chez Xavier Grall, « barde de révolte », la même ferveur mystique et sans culte, puisse unir paganisme et christianisme, il observe que les paysans de Maurice Genevoix sont « tranquillement païens et ne se plient pas aux habitudes de la masse crédule des campagnes » ...
    Après cinquante réflexions du même genre, disons tout net, que l'ami Mabire ne se contente pas d'un anticléricalisme que l'on peut quelque fois partager mais qu'il s'efforce de capter principalement dans les écrivains ce qui peut aller, ou être interprété, dans le sens de son franc militantisme païen.
    Ainsi, Le solstice de juin d'Henry de Montherlant est pour lui « le livre le plus féroce sur l'été 40 ». Tellement féroce ajoute-t-il « par son opposition constante de la force païenne germanique et de la chrétienne démission française. »
    Je ne sais si cette expression est de lui ou de Montherlant. Quoi qu'il en soit, elle relève d'une prodigieuse injustice, et Mabire, qui n'aime pas les tièdes et les hypocrites, acceptera donc que je m'insurge contre cette évidente contre-vérité ! 
    La France de 1940, en effet, héritait de deux siècles d'antichristianisme véhément, des massacres de la Révolution, des persécuteurs maçonniques, de l'école laïque de principe mais antichrétienne de fait, de la boucherie effroyable de 14/18 exterminant principalement les masses rurales «crédules». Elle était celle de la Chambre des députés du Front populaire, communistes, radicaux et socialistes, aimant bouffer du lard le vendredi saint.
    Par contre, il y eut ensuite beaucoup de chrétiens pour sauver l'honneur français : sur les champs de bataille du Nord comme dans l'œuvre de la Résistance menée par le maréchal Pétain, et dans celle de l'armée d'Afrique comme dans la Résistance soutenue par Londres. Et il y en eut aussi pour choisir héroïquement d'affronter sur le front de l'Est les armées rouges de Staline.

    Fraternelles prières
    Après ce coup de gueule, qu'il me pardonnera avec sa générosité coutumière, je veux dire aussi ma sympathie pour le Viking de National Hebdo. Et d'abord, puisqu'il aime montrer ce qu'il y a de païen chez les chrétiens qu'il aime, il ne me tiendra pas rigueur d'exprimer qu'il y a aussi chez lui, de chrétien.
    Observons ce regret émouvant qui pointe quand il rappelle que, par la voix du cardinal Feltin, la bénédiction de l'Église lors de son enterrement fut refusée à cette païenne de Colette que j'aime d'ailleurs autant que lui.
    Je ne pense pas que pour l'heure, Mabire souhaite à sa mort la bénédiction de l'Église. Mais je suis persuadé que, même si je ne suis plus de ce monde, que mes amis sauront lui offrir de fraternelles priêres afin que lui soient ouvertes les portes du paradis qu'il mérite, pour avoir tant aimé la Création d'un Créateur qu'il s'est peut-être dissimulé derrière les dieux antiques de ses forêts. Car, comment ne pas observer que le polythéisme, les cultes farouches du sang et du sol, l'attachement au clan, sont les caractéristiques communes de toutes les sociétés pré-chrétiennes, aussi bien des Bédouins d'Arabie que des Indiens d'Amérique.
    La fidélité à nos lointains ancêtres doit-elle exclure tout ce que le christianisme, au-delà des erreurs des péchés et des infidélités a apporté de vrai progrès aux sociétés ?
    Certes, je puis comprendre combien la complaisance d'une grande partie de l'Église pour les idéologies communistes et autres a pu révulser, particulièrement en ce siècle, des hommes refusant la décadence contemporaine.
    Mais d'où vient cette décadence ?
    Nous aimons pour notre part méditer cette parole de Chesterton: « Chassez le surnaturel, il ne reste plus que ce qui n'est plus naturel ». Et force est de constater aussi que les sociétés de moins en moins chrétiennes deviennent de plus en plus inhumaines.
    Faudra-t-il alors, comme dans le roman de Raspail, se réfugier dans les dernières forêts ?
    Le débat avec Mabire vaut d'être mené.
    S'il admire chez Curzio Malaparte le fait de passer avec désinvolture d'un parti à un autre comme la marque d'un esprit supérieur, je sais qu'il aime aussi ceux dont l'honneur s'appelle fidélité.
    La considération et l'amitié que je porte à Jean Mabire ne sauraient me conduire à le jouer sans discernement.
    Au fond de lui, il n'apprécierait pas. Et c'est ainsi que je continuerai à le lire, avec plaisir parce qu'il écrit bien, avec attention parce que nous sommes embarqués sur le même navire et qu'au fond, nous contemplons la mer et les étoiles avec le même regard émerveillé et interrogateur.
    Bernard ANTONY National Hebdo du 13 au 19 octobre 1994

  • Caroline Fourest vs Béatrice Bourges : « Vous êtes négationniste en plus d’être homophobe »

    Fourest pète les plombs, comme d’hab :

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  • Conférence d’Olivier Delamarche : La guerre des monnaies

    Conférence d’Olivier Delamarche : “La guerre des monnaies” réalisée lors du point trimestriel FXCM du 12/04/2013 au palais Brongniart à Paris.

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  • Mariage pour tous : Marion Maréchal-Le Pen à l’Assemblée Nationale

  • Europe : Les épargnants ne sont plus protégés

    Par Philippe Herlin – Chercheur en finance, professeur au CNAM.

    Plus le temps passe, plus on doit se rendre à l’évidence : Chypre a constitué une répétition générale, l’expérimentation d’un plan qui sera reproduit ailleurs. La déclaration de Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, qui a parlé de “modèle”, avant de se rétracter, s’avère donc vraie.

    La Commission européenne, et plus spécialement Michel Barnier, le commissaire en charge des banques, prépare en effet une directive qui mettra à contribution les dépôts de plus de 100.000 euros en cas de sauvetage bancaire. L’intention de départ est louable puisqu’il s’agit de ne plus mettre à contribution les contribuables, mais cet argument ne constitue-t-il pas qu’un prétexte ?

    La directive prévoit qu’en cas de faillite d’une banque, les pertes seront d’abord épongées par les propriétaires et les actionnaires, suivis des créanciers “juniors” et “seniors” puis, en troisième rang, les déposants au-dessus de 100.000 euros. C’est seulement si l’ensemble de ces contributions s’avérait insuffisante qu’interviendrait l’argent public, à travers le fonds de secours européen, le MES.

    Voilà pour la théorie, qu’en est-il concrètement ? Lorsqu’une banque affiche de mauvais résultats, les actionnaires en ont déjà payé le prix depuis longtemps ! Les grandes banques européennes ont déjà perdu environ 90% de leur valeur boursière depuis la crise (l’action Société Générale cotait 170 euros en 2006, 25 aujourd’hui, par exemple), il ne reste donc plus grand-chose de ce côté-là.

    Les créanciers ont également fait en sorte de partir. La seule vraie richesse qui reste, ce sont les comptes bancaires. Ils prendront donc sur eux l’essentiel de la ponction, il ne faut pas se faire d’illusion.

    Mais les comptes de moins de 100.000 euros sont-ils bien à l’abri ? Certainement pas ! Il faut bien comprendre que les comptes bancaires chypriotes de moins de 100.000 euros ont été préservés parce que l’Europe et le FMI se sont engagés à apporter 10 milliards d’euros. Si la crise devait toucher un grand pays comme l’Espagne, l’Italie ou la France, ce n’est pas 10 milliards mais plusieurs centaines qu’il faudrait mobiliser.

    Qui peut croire que cela sera fait ? Qui peut croire que l’Allemagne fera exploser son endettement pour sauver les comptes bancaires des Espagnols, des Italiens ou des Français ?

    D’autant que ceux qui détiennent des comptes supérieurs à 100.000 euros vont se dépêcher de les vider pour les répartir sur plusieurs comptes, et leur nombre va diminuer comme neige au soleil. Cette directive va aussi favoriser le bank run dès les premiers signes sérieux de crise.

    En refusant de s’attaquer aux grands oligopoles bancaires et à l’opacité de leur fonctionnement, à cette logique du “too big to fail” qui encourage l’irresponsabilité, l’Union européenne évite les questions gênantes. Cette directive constitue surtout un aveu d’impuissance, et les épargnants en paieront le prix.

    Goldbroker   http://fortune.fdesouche.com

  • Dalongeville veut faire citer Hollande à son procès

     
    L'ancien maire PS d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) Gérard Dalongeville, jugé fin mai dans une affaire de fausses factures présumées, va envoyer "la semaine prochaine" une citation à destination de François Hollande. Sale temps pour le « président » !
    "La citation est prête, elle sera apportée à l'Élysée par l'huissier la semaine prochaine", a expliqué M. Dalongeville, qui souhaite que François Hollande soit entendu comme témoin, dans un entretien à France Bleu Nord. Encore un coup dur pour la "république exemplaire".
    Le procès doit se tenir du 27 mai au 14 juin. Gérard Dalongeville comparaît aux côtés de 20 autres personnes devant le tribunal correctionnel de Béthune. Il est poursuivi dans cette affaire pour "détournement de fonds publics", "faux et usage de faux" et "favoritisme".
    Pour M. Dalongeville, François Hollande, qui a occupé pendant 11 ans le poste de premier secrétaire du Parti socialiste, ne pouvait ignorer le fonctionnement de la plus importante fédération de France.
    La fédération du Pas-de-Calais est une "faiseuse de rois" et, à ce titre, "lorsqu'on reste 11 ans à la tête de Solférino, on connait parfaitement la première fédération, son fonctionnement et son financement", a estimé Gérard Dalongeville.
    L'ancien maire d'Hénin-Beaumont a rappelé la promesse de campagne de François Hollande lors de l'élection présidentielle, de répondre à toute convocation de la justice concernant ses fonctions antérieures.
    Le statut pénal du chef de l'Etat, réformé en 2007, prévoit que le président en exercice ne peut être ni mis en examen, ni interrogé comme témoin dans aucune affaire.
    Gérard Dalongeville a par ailleurs réitéré son souhait de se présenter de nouveau aux municipales d'Hénin-Beaumont, si la justice le lui permettait.
    "Je m'exprimerai en septembre sur les municipales pour lesquelles je souhaite être candidat", a-t-il indiqué.