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  • Entretien avec Jean-François Mayer « Les minarets de la discorde »

    Spécialiste des religions à la bibliographie abondante, directeur de l'Institut Religioscope et du site www.religion.info, Jean-François Mayer était tout désigné pour nous éclairer sur la dernière votation helvétique, d'autant qu'il est lui-même suisse. Décryptage.

    Le Choc du mois : L'ampleur du « non aux minarets » a surpris tout le monde, à commencer par ceux qui ont été à l'initiative de cette votation. Comment expliquez-vous cela ?
    Jean-François Mayer: J'ai été surpris moi aussi, même le gouvernement l'a été! Seuls quelques partisans chrétiens évangéliques de l'initiative semblaient y croire vraiment. Invité ces derniers mois à donner des conférences sur l'islam en Suisse, j'avais certes rencontré beaucoup de gens favorables à l'interdiction des minarets. Mais les sondages semblaient presque sans appel. Je ne crois pas à un retournement de dernière minute : la plupart des Suisses votent d'avance, par correspondance. Seule explication: les sondés n'avouaient pas leurs intentions de vote. Vote honteux ? Plus maintenant : depuis le vote, bien des gens ne font plus mystère de leur choix, même face aux médias.

    Quels sont les partis qui en ont été à l'initiative ?
    Au départ, pas des partis, mais quelques hommes politiques de deux partis : l'Union démocratique du centre (UDC), le plus grand parti de Suisse avec 64 députés (les socialistes suivent avec 50), et l'Union démocratique fédérale, un parti chrétien (évangélique) conservateur. L'initiative a eu pour source des tensions locales autour de projets de minarets. Des politiciens ont réfléchi ensemble et ont décidé de lancer cette campagne. Très habile du point de vue de la propagande : autour d'un symbole, le minaret, se sont cristallisées toutes les critiques, interrogations ou craintes face à l'islam. Il suffisait d'assister à des réunions organisées par les deux formations pour noter les différences de style. Du côté de la petite mais active UDF, la dimension religieuse transparaissait fortement : l'opposition à l'islam est liée à des convictions bibliques, et pour beaucoup d'entre eux à des croyances « chrétiennes sionistes ». L'existence de l’État d'Israël est interprétée comme la réalisation de prophéties bibliques. Mais cette motivation reste celle d'un petit milieu, pas de la population en général.

    Comment expliquez-vous ce décalage entre le discours des élites (y compris les Églises) et le peuple, entre cette Suisse d'en haut et la Suisse d'en bas ?
    Même si le taux de soutien semble avoir été plus élevé dans les milieux populaires, ils n'ont de loin pas été les seuls à voter pour l'initiative: cette vague traverse les classes sociales et les camps politiques, avec des nuances. L'analyse la plus pertinente est celle du journaliste Michel Audétat dans L'Hebdo (3 décembre) : on a trop fait peser sur les débats liés à l'islam une pression moraliste, écrit-il, avec « un puissant effet d'intimidation ». La notion d'islamophobie jouerait ici le même rôle que le mot de racisme pour jeter un discrédit sans appel sur des opinions ou des préoccupations. Celles-ci s'expriment avec d'autant plus de force dans le secret des urnes. Ce phénomène se manifeste ailleurs en Europe, mais sans exutoire de vote.
    D'un côté, des milieux, très relayés par les médias, qui chantent les vertus du multiculturalisme; d'autre part, des préoccupations qui montent sans trouver beaucoup d'occasions de s'exprimer de façon articulée dans le débat public, et dont les tenants ont l'impression d'être incompris et stigmatisés.
    Des mesures comme l'interdiction de l'affiche anti-minarets dans certaines villes ont probablement conforté plus d'un votant dans sa décision. Et assuré à l'affiche une publicité inespérée : il en a été question dans toute la presse, elle a été montrée de façon répétée dans les journaux télévisés.

    Cette affiche justement, qui a fait scandale, présente les minarets comme des symboles de conquête. Est-ce cela que les électeurs suisses ont sanctionné, la visibilité d'un islam envahissant dans le paysage suisse ?
    Pour l'instant, le paysage suisse n'est guère envahi, l'islam y reste quasiment invisible. Derrière la crainte symbolique de la transformation du paysage, c'est bien celle de toute la société qui est en jeu. Pour autant, d'autres tensions, non seulement dans l'affaire suisse, mais en Europe, sont en effet liées au développement de sa visibilité.

    C'est donc quelque chose de plus profond, non pas le minaret, mais la communauté qu'il abrite ?
    Les partisans de l'initiative ont pris soin de dire qu'ils n'avaient rien contre les musulmans eux-mêmes : leur problème est celui de l'islam, présenté comme idéologie de domination, avec le minaret transformé en symbole de pouvoir politico-religieux pour marquer l'occupation progressive et irréversible d'un territoire. (En réalité, les significations d'un minaret peuvent être multiples : pour ceux autour desquels la controverse a commencé, il s'agissait de donner une allure de mosquée à d'anciens locaux industriels ou commerciaux reconvertis.)
    L'opposition à la présence musulmane elle-même a joué un rôle. Nombre de gens s'inquiètent de la croissance de la population musulmane: 16000 musulmans en Suisse en 1970, environ 400000 aujourd'hui - un islam d'origine d'abord balkanique, puis turque, donc très différent de celui présent en France. Depuis des années, circule l'argument que, si rien n'est fait, l'Europe sera islamisée dans quelques décennies: des publicités de l'UDC avaient déjà utilisé ce thème dans le passé.

    Si l'on s'en tient aux forums, commentaires et autres sondages à chaud sur le Net, en France ou en Allemagne, on retrouve la même réaction de rejet. Un sondage réalisé par l'IFOP pour Le Figaro vient de montrer que 41 % des Français se prononcent, non pas contre l'édification de minarets, mais de mosquées (et seulement 19 % pour). Cela vous surprend-il ?
    Oui, parce que l'interdiction de la mosquée est quelque chose de bien plus sérieux : elle implique de dire aux musulmans qu'ils n'ont tout simplement pas de place en France. Peu de monde en Suisse, même parmi les partisans de l'initiative, ne proposerait d'interdire les mosquées - ce qui n'empêche pas qu'un projet de construction soulèverait des vagues d'opposition locale, comme autour de mosquées en Allemagne.

    Peut-on comparer le non suisse aux polémiques récurrentes sur le voile en France ?
    En partie. Plusieurs politiciens suisses (y compris socialistes) voudraient d'ailleurs surfer sur la vague de l'initiative pour proposer localement des mesures sur le voile dans les écoles, ou sur la burqa, décalque des débats français. Avec des accents locaux qui varient, les controverses suivent des arguments qui se retrouvent d'un pays à l'autre : d'autant plus que, à travers Internet, des réseaux internationaux de critiques de l'islam se constituent et s'épaulent.

    Jamais la crispation autour de l'islam n'a semblé aussi forte ? Y aurait-il un « problème musulman » en Europe ?
    Difficile de ne pas le penser après le vote du dimanche 29 novembre... Mais un « problème » ne se joue pas seulement autour d'éléments objectifs, factuels : les perceptions, exactes ou erronées, sont cruciales. Je voyage à travers le monde pour mes recherches: je constate que, partout ou presque, les mouvements migratoires suscitent des réactions. Mais les questions autour de l'islam vont plus loin que les débats autour des flux migratoires. Ils sont liés à une image de l'islam et des musulmans. Impossible de ne pas mentionner l'impact du 11-Septembre et de ce qui l'entoure: le vote suisse n'aurait pas été le même avant 2001. Toute analyse de la question devrait, pour aller au fond des choses, examiner aussi les motivations et le rôle des réseaux de critiques de l'islam, qui peuvent se trouver liés à des intérêts politiques ou géopolitiques variés.

    Concrètement, comment les choses vont se passer dans les mois et les années qui viennent ?
    Une intensification des controverses et débats autour de la présence musulmane, mais peut-être aussi des réponses plus articulées de celle-ci face au choc du vote. En Suisse, dans l'immédiat, presque tous les partis s'empressaient dès le soir du vote de vouloir récupérer une partie de cette vague : le président du Parti démocrate chrétien reprenait ses idées d'interdiction de la burqa (le niqab, en fait, guère porté en Suisse que par les riches touristes saoudiennes qui viennent dépenser leur fortune dans des palaces et magasins genevois), le président du Parti socialiste insistait sur la nécessité de s'affirmer plus sur les droits des femmes musulmanes...
    Pas sûr que l'UDC ou des formations proches engrangeront un nombre beaucoup plus élevé de voix lors de prochaines élections : le vote anti-minarets ne représentait pas un simple vote UDC.
    Quant aux musulmans, dans la pratique, le vote ne change rien pour eux. Les quatre minarets existants resteront en place, la pratique du culte musulman ne connaîtra aucune entrave. Et le gouvernement encouragera sans doute plusieurs projets dirigés vers les communautés musulmanes, en pensant à la fois aux répercussions internationales et aux préoccupations que le vote a exprimées.
    Propos recueillis par François-Laurent Baissa LECHOCDU MOIS janvier 2010
    À lire : Les minarets de la discorde. Éclairages sur un débat suisse et européen, sous la direction de Patrick Haenni et Stéphane Lathion, éditions Infolio-Religioscope, 2009,112 p., 8 euros.
    À consulter : www.religion.info

  • Jacques Auxiette (PS) s’en prend au bricolage… juste au mauvais moment

    NANTES (NOVOpress Breizh) – Quelques jours avant que le président de la République ne vante sa boîte à outils, celui de la région des Pays de la Loire, Jacques Auxiette (ci-dessus), s’en était pris au bricolage des notables de la République.

    « Monsieur Bricolage », tel est le nouveau surnom de François Hollande depuis son interview télévisée du 28 mars au journal de France 2. Le monde politique et le web font des gorges chaudes de la « boîte à outils » invoquée plusieurs fois par le président de la République dans ses réponses à David Pujadas.

    Jacques Auxiette, le président de la région des Pays de la Loire, est assez réputé pour ses formules malheureuses. Dans un libelle en faveur du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes publié le mois dernier, il écrit, s’en prenant aux élus d’Europe Écologie : « Quelle pantalonnade : (…) voilà une ribambelle de notables de la République se découvrant soudainement une passion pour le bricolage ! »

    De quoi se faire taper sur les doigts à coups de marteau…

    http://fr.novopress.info

  • La Révolution française de Pierre Gaxotte

    Voici un livre indispensable pour libérer à tout jamais les esprits bourrés par "l'école de la République". Plus possible de voir dans la "glorieuse" Révolution dite française l'irrésistible mouvement de révolte d'un peuple opprimé et de croire que les massacres de 1793 n'ont été que des bavures dans un élan sublime et spontané... Les faits sont connus, les textes abondent, les témoignages s'imposent.
    Pierre Gaxotte les a méticuleusement étudiés : dès la première édition de sa Révolution française en 1928, l'ouvrage fut salué par Léon Daudet comme un « livre-bombe », et la critique historique de l'événement de 1789 s'en trouva transformée, mais l'auteur, sans cesse à l'affût des progrès de la recherche, a retravaillé son texte, et c'est un livre amplement remanié et richement argumenté qui parut sous le même titre en 1962 chez Fayard dans la collection des Grandes Études historiques (1). Depuis lors, si la science historique s'est encore enrichie, elle n'a nullement contredit les conclusions de Pierre Gaxotte.
    Situation difficile non insoluble
    À lui tout seul déjà, le premier chapitre, tableau à la fois précis et très vivant des institutions monarchiques, envoie dans les poubelles de l'Histoire toutes les idées reçues. D'abord il faut bien savoir que « ce n'est pas dans un pays épuisé, mais dans un pays florissant et en plein essor qu'éclata la Révolution ». Le pays le plus peuplé d'Europe respirait à pleins poumons au rythme de ces républiques aristocratiques ou populaires que constituaient les provinces, les villes, les métiers, et que fédérait, tout en respectant leurs usages, la personne du Roi. Existaient aussi depuis Louis XV les grands services publics « que Napoléon n'aura qu'à relever pour faire figure de créateur »...
    Toutefois Gaxotte n'idéalise pas l'Ancien régime : certaines parties de l'édifice menaçaient ruine, d'autres, devenues pesantes, étaient ressenties comme inutiles et vexatoires, tels les droits féodaux. Et surtout, si le pays était riche, l'État, lui, était pauvre ; la misère existait, quoique moins qu'ailleurs en Europe, mais le plus grave résidait dans un système fiscal devenu aberrant dont beaucoup avaient des raisons de se plaindre et que les privilégiés n'entendaient pas laisser réformer. Tel était le grand problème qui se posait à la monarchie ; il n'était nullement insoluble.
    Seulement voilà : « une crise intellectuelle et morale » avait atteint « l'âme française jusqu'en ses profondeurs ». Là est le vrai drame du XVIIIe siècle : non « dans la guerre, ni dans les journées de la Révolution, mais dans la dissolution et le retournement des idées. Émeutes et massacres n'en seront que la traduction éclatante et sanglante. Quand ils auront lieu, le mal sera depuis longtemps accompli. »
    Crise de l’autorité
    Gaxotte expose alors la "doctrine" révolutionnaire dont Fénelon, en inspirant aux rois le dégoût de leur propre pouvoir, avait été le précurseur (« Le roi de Fénelon est condamné au ciel et à la guillotine, après avoir, la main sur la conscience, fait le malheur de ses sujets et conduit son peuple à la défaite et à l'anarchie. ») Ce fut ensuite la prédication individualiste des "Philosophes" insinuant le doute sur toutes les traditions, propageant la naturalisme et l'athéisme, se gargarisant d'abstractions et de formules déclamatoires, exaltant la vertu telle qu'elle devrait parler en chaque homme dépouillé de l'acquis de la civilisation et revenu au merveilleux "état de nature"... Il fallait en somme « régénérer » le citoyen, au besoin l'y contraindre, car alors « sa mauvaise volonté est un crime contre la Vertu ». Outre le fait que ces apprentis-sorciers justifiaient dès 1750 la Terreur de 1793-94, Gaxotte, à la suite de Taine, montre que ces "beaux esprits" étaient organisés : loges, sociétés littéraires, académies, plus tard les clubs, fabriquaient sans cesse des initiés inventant la dynamique de groupe et "faisant" l'opinion.
    Ainsi bien vite, les détenteurs de l'autorité, et jusqu'au roi lui-même, se mirent à douter de l'utilité du commandement et dès lors la crise financière de l'État était devenue, à la veille de la Révolution, insoluble. Une réforme s'imposait ; on préféra l'aventure d'une révolution... Le mélange de prétentions archaïques chez les privilégiés et d'inepties philosophiques chez les intellectuels ne pouvait que devenir explosif. Dure réalité qui éclata dès l'ouverture des fameux États généraux où les représentants du peuple - des phraseurs, des idéologues, des hommes de salon, des avocats sans cause, des curés athées - élus hors des réalités vivantes, s'érigeant bientôt en représentants de la nation face au roi qui en a avait toujours été la tête, mirent en moins de six semaines tout l'édifice financier par terre. Ils avaient bien d'autres soucis...
    L’enchaînement des conséquences
    Les chapitres suivants, impeccablement charpentés, toujours précis, jamais rébarbatifs, ne font que révéler de 1789 à 1799 l'inexorable enchaînement des conséquences du dévergondage intellectuel et moral. De l'émeute en quelque sorte légitimée par le roi lui-même qui par bonté se lia lui-même les mains en saluant le Paris révolté trois jours après le 14 juillet, aux déclamations sentimentales et larmoyantes des orateurs de la Constituante qui allaient devenir des bêtes assoiffées de sang sous la Convention..., Pierre Gaxotte, au rythme des Journées où s'enterraient les illusions, montre que la terreur et ses atrocités ont été, non seulement en 1793, mais dès juillet 1789, le développement implacable des idéologies désincarnées ayant toute liberté pour fondre sur le peuple démoralisé, dès lors que son protecteur naturel, le Roi, était ligoté, paralysé, avant d'être immolé sur l'autel du "peuple souverain" ; « Sur le grand peuple qui se tait, règne le petit peuple qui parle, les Jacobins. »
    On peut lire et relire ces pages sans jamais se lasser ; nous les recommandons tout spécialement aux étudiants en ce début de vacances. Elles sont un modèle de clarté, de concision, parfois d'ironie mordante, car l'auteur ne craint pas de tremper sa plume dans l'encre de Voltaire (pour le style seulement, bien sûr...) Quand à la fin du cataclysme, survint le 18 brumaire, début de la dictature napoléonienne visant à concilier le besoin (enfin revenu) d'autorité et l'idéologie démocratique, ce fut, dit Gaxotte, un « expédient de théoriciens aux abois ». C'est, hélas, sur cet expédient que la France vit depuis plus de deux siècles, titubante et jamais satisfaite, faute d'avoir eu le courage de chasser définitivement les idéologies mortelles et de revenir à son Roi.
    Michel FROMENTOUX L’Action Française 2000 – du 21 au 27 juillet 2005
    * Pierre Gaxotte : La Révolution française, Texte de 1962, présenté, annoté et rééd. par Jean Tulard.

  • Les Femen contre les femmes

    Les Femen contre les femmes
    Les années trente, avec leur atmosphère politique pourrie, leurs affaires tordues, leurs suicides suspects et un ressentiment populaire qui a pu se traduire par la journée du 6 février 1934 ou les grèves festives de juin 36, ont été largement évoquées pour rendre compte de la montée en puissance actuelle des frustrations collectives et du discrédit d’une caste politique qui semble avoir fait son temps. Mais qui eût cru que les années 68 allaient se rappeler à notre mémoire ? Les temps se télescopent, et c’est bien là peut-être l’un des traits du postmodernisme, dont le mode de fabrication événementielle, bien qu’éphémère et crispé vers l’injonction novatrice, s’apparente à un patchwork, à un montage de signes historiques. L’éclatement sociétal a entraîné un jeu idéologique bariolé plein de réminiscences, comme si ce vintage performatif était susceptible d’engendrer autre chose qu’une répétition dérisoire. C’est ainsi que la faillite d’un Etat annoncerait quelque divine surprise, quand elle n’est qu’une volatilisation, une vaporisation dans la brume opaque de la mondialisation marchande, et, de ce fait, un fantôme irréductible à toute résurrection, du moins nationale, et que les mouvements contestataires miment, même ironiquement, l’agitprop et les grandes manifs, que l’on croyait remisés dans les greniers de l’Histoire récente.

    Les Femen se présentent apparemment comme un archaïsme. Le mouvement féministe, au sortir des années soixante, avait pris des formes provocatrices et festives. Puis il n’avait eu d’autre ambition, dans les années quatre-vingt, que la femme devînt un homme comme les autres. Les revendications, attachées au corps et aux enjeux spécifiquement féminins, ou du moins concernant les femmes au premier chef, comme la contraception, l’avortement, la sexualité etc., paraissaient avoir été entendues, et s’étaient déplacées sur d’autres terrains, comme le travail ou la violence. Cependant, ce qui demeurait, c’était le statut victimaire, commun à d’autres catégories présentées comme des martyrs de la société patriarcale, blanche, occidentale, hétérosexuelle, les immigrés, les homosexuels, les gens de couleur, les enfants etc.

    Le resserrement du maillage planétaire a rapproché les ressentiments, qui ont constitué une espèce d’internationale informelle des frustrations. La revendication fédératrice de tous ces mouvements à caractère identitaire est paradoxalement l’individu. En effet, ces groupes, souvent associés en lobbies ou en minorités agissantes et médiatiques, ont moins pour ambition de transformer solidairement la société que d’octroyer à chacun la liberté absolue dont il serait censé être doté de droit. Le « mariage pour tous » est de fait une noce pour chacun, tant traditions et arguments anthropologiques sont balayés au nom du désir sacré de l’individu.

    C’est peut-être, du reste, ce qui sépare les Femen des féministes des années héroïques, qui se plaçaient volontiers sur un terrain civique, collectif et politique. L’agitation de ces « guerrières » qui nous viennent de l’Est, à l’origine manipulées pour nuire à la Russie et à l’Ukraine, coupables de porter ombrage à la stratégie conquérante des USA, reprend des mots d’ordre anciens, comme la libre disposition de son corps, mais sans la perspective d’ensemble qui donnait à leurs devancières un but apparemment hautement politique, mû par la dynamique réformatrice de la gauche de l’époque.

    Quoiqu’en fait les Femen actuelles soient la vérité des féministes d’antan, et qu’elles achèvent leur trajectoire dans une sorte de cul de sac nihiliste, elles n’affichent pas une appartenance politique bien certaine, sinon, celle, partagée aussi bien par la droite que par la gauche libérale, du mouvement à tout prix. Leur seule logique n’est plus l’avènement d’une société juste, mais l’attribution d’une juste place, c’est-à-dire entière, à ce qu’elles considèrent être leur identité, si tant est que la liberté absolue puisse en être une.

    L’action entreprise dernièrement par trois Femen - deux Françaises et une Tunisienne – devant l’ambassade de Tunisie à Paris, où elles ont brûlé un drapeau prétendument « salafiste », en réalité un drapeau noir barré de la «chahada», la profession de foi des musulmans, en soutien à une jeune Tunisienne, Amina, qui a tenté témérairement d’imiter ces amazones sur la terre africaine, dévoile sans doute plus que ce qu’une telle frénésie provoque sur le moment. Certes, des « répliques » ont eu lieu un peu partout en Europe devant des mosquées ou des représentations diplomatiques tunisiennes, à Berlin, devant la mosquée Ahmadiyya, où six Femen ont scandé "Freedom for women", ou "Fuck islamism", à Kiev, à Milan, à Bruxelles, où cinq Femen, devant la Grande Mosquée, ont crié "Fuck your morals!". L’une de ces dernières a peint sur son corps l’inscription d’Amina : "Mon corps m'appartient, il n'est l'honneur de personne".

    Ce qui frappe d’emblée n’est pas tant un « érotisme », dont on saisira vite les limites, non seulement parce que les seins nus sont devenus, par le truchement de l’industrie pornographique, pour ainsi dire monnaie courante, mais parce que les femmes qui les brandissent en guise d’arme médiatique efficace ont perdu le sens de l’humour qui animait les féministes des années « héroïques », et manifestent une agressivité, qui n’est somme toute que le reflet de la violence dépressive qui s’est emparée de l’ensemble de la société libérale.

    Un autre phénomène, hautement emblématique, est l’usage majoritaire qui est fait de slogans en langue anglaise. Nous l’avons vu avec les exemples d’agitprop cités plus haut. D’autres slogans sont tout aussi symboliques : « Poor because of you » (pauvres à cause de vous); « In gay we trust » (aux gays, nous croyons) ; « nudity is freedom » (la nudité, c’est la liberté) ; « Saudi Arabia take off your clothes » (Arabie saoudite, déshabille-toi). Ce trait linguistique seul suffirait à désigner dans quelle sphère s’enchâsse le mouvement. Un autre slogan attire l’attention d’un Français : « laïcité, liberté ». Il n’est sans doute pas fortuit que le troisième terme de la trinité républicaine : « fraternité », soit absent, comme le premier, « égalité », pour être remplacé par « laïcité », c’est-à-dire, par la haine de la religion et de la tradition sacrée.

    Le déplacement, ou pour mieux dire, le dénivellement du combat politique qui, du terrain sociale, a glissé sur celui des mœurs et des questions sociétales au sens large : écologie, consommation, sexualité, conflits de générations etc., a accompagné, propulsé le nouveau capitalisme, et en a extrait, du moins dans sa modalité spectaculaire, tout ce qui portait la marque de la lutte de classe et des utopies révolutionnaires. La marchandise est devenue le seul horizon pensable, et tout doit s’y adapter, à savoir le désir individualiste et l’intérêt désinhibé. Les distinctions traditionnelles n’ont plus cours, les rôles complémentaires dévolus aux hommes et aux femmes, la différence hiérarchique entre enfants et adultes, entre élèves et maîtres, et l’autorité même du politique sont mis en cause. Reste cette monade contractualisée, prétendument autogérée, libre, alpha et oméga de son sens, s’engendrant seule, se construisant et se déconstruisant.

    Avec une certaine distance, les esprits critiques ont saisi ce qu’avait de perverse la « libération des femmes », comme du reste celle des « jeunes », et de tous ceux qui croyaient détenir quelque légitimité à être un monde à soi-seul. L’ironie a voulu que les femmes, devenant ainsi des hommes comme les autres, eussent à le montrer, c’est-à-dire à partager l’exploitation que subissaient leurs conjoints, et tout ce contre quoi leur condition d’antan, ainsi qu’une législation appropriée, les prémunissaient. La liberté s’est payée bien cher, et tous les tracas, toutes les angoisses, les tribulations abjectes d’une société de plus en plus fondée sur le travail et la consommation se sont abattus sur leurs épaules. La « libération » du corps s’est aussi achetée par le triomphe de la publicité aliénante, de la pornographie envahissante, de la multiplication des viols, des agressions en tous genres, dont les femmes, délivrées des codes, des conventions, des normes qui, malgré tout, les garantissaient généralement, font les frais.

    Cette liberté amère, transformée en aliénation, en domination certes différente de celle d’antan, mais sans doute plus hypocrite, est une revendication stérile, car elle ne débouche que sur les impératifs marchands et individualistes. Le slogan "Mon corps m'appartient et il n'est l'honneur de personne" est un non-sens absolu. Tous les anthropologues, les sociologues, les ethnologues, les psychologues auraient vite fait de démolir une telle prétention à s’appartenir, à être maître et possesseur de son corps, pour peu que le concept de « corps » signifie encore quelque chose. Il serait trop long d’analyser toutes les acceptions d’une notion fluctuante, relative, dépendante des visions de l’homme et du monde qui ont guidé la perception que les hommes, depuis l’aube des temps, avaient de leur moi physique et psychique. Mais une chose est certaine, c’est que nulle part, et quand bien même la supercherie publicitaire laisserait croire le contraire, le corps et l’être des membres d’une société ont correspondu au rapport que voudrait légitimer ce slogan. Si la société actuelle considère qu’il en est autrement, sous couvert d’un « progrès » hautement problématique, c’est qu’elle est l’aboutissement d’une dissolution qui a détruit tout lien viable entre les personnes, et n’a réussi qu’à isoler, comme les déchets qui subsistent quand l’océan pollué s’est retiré, des individus qui se crispent agressivement sur ce qui leur paraît leur seul bien, leur pauvre chair travaillée par les pulsions les plus animales.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • COLLOQUE "IMMIGRATION ET ÉLECTIONS" : LA DROITE PEUT-ELLE ENCORE GAGNER ?

    L’association NCI (Nationalité Citoyenneté Identité), en partenariat avec l’IGP (Institut géopolitique des populations) vous convie à un colloque, le samedi 13 avril 2013, de 9h à 18h, dans le VIIe arrondissement parisien.

    Le titre du colloque, volontairement provocateur ("immigration et élections : la droite peut-elle encore gagner ?") invite les participants et les orateurs à réfléchir sur les graves menaces qui pèsent aujourd’hui sur la société française.

    Du droit de vote des étrangers aux naturalisations massives, en passant par l"ouverture des frontières et l’explosion démographique liée essentiellement aux populations extra-européennes, la droite a elle encore un avenir en France ?

    Est-il encore possible d’inverser aujourd’hui le cours des choses ? Pour avoir le programme détaillé du colloque, cliquez ici Pour vous inscrire, cliquez-ici

    Association Nationalité Citoyenneté Identité (NCI) BP17 - 30127 Bellegarde www.nationalite-citoyennete-... nationalite.nci@gmail.com

  • Les lobbies et la santé : le profit, toujours le profit…

  • L’invasion silencieuse de l’Afrique et les mensonges de Hollywood

    Une invasion à grande échelle est en train de se dérouler en Afrique. Les Etats-Unis sont en train de déployer des troupes dans 35 pays africains, en commençant par la Libye, le Soudan, l’Algérie et le Niger. Signalée par l’agence de presse Associated Press le jour de Noël, cette information était absente de la plupart des médias anglo-américains.

    L’invasion n’a pratiquement rien à voir avec « l’Islamisme », et presque tout à voir avec la mainmise sur les ressources, notamment les minerais, et une rivalité croissante avec la Chine. Contrairement à la Chine, les Etats-Unis et leurs alliés sont prêts à employer la violence, comme démontré en Irak, Afghanistan, Pakistan, Yémen et Palestine. Comme lors de la Guerre Froide, une certaine division du travail stipule que c’est au journalisme occidental et à la culture populaire de fournir une justification à la guerre sainte contre « l’arc de menace » islamiste, semblable en tous points à la soi-disant « menace rouge » d’une conspiration communiste mondiale.

    A l’instar de la Ruée vers l’Afrique à fin du 19eme siècle, l’African Command (Africom) des Etats-Unis a créé un réseau de partenaires parmi les régimes africains compréhensifs et avides de pots-de-vin et d’armes américains. L’année dernière, Africom a organisé l’opération African Endeavor, commandée par l’armée US, avec la participation des forces armées de 34 pays africains. La doctrine « de soldat à soldat » d’Africom consiste à placer des officiers US à tous les échelons de commandement, du général au sous-officier. Il ne manque plus que les casques coloniaux.

    C’est comme si le fier passé historique de libération de l’Afrique, de Patrice Lumumba à Nelson Mandela, était condamné à l’oubli par une nouvelle élite coloniale noire dont la « mission historique », avait averti Franz Fanon il y a un demi-siècle, était de servir de courroie de transmission à « un capitalisme acculé au camouflage ».

    Un exemple frappant est celui du Congo occidental, une région stratégique en minerais, contrôlé par un groupe atroce connu sous le nom de M23 et qui est lui-même contrôlé par l’Ouganda et le Rwanda, tous deux à la solde de Washington.

    Planifié depuis longtemps comme une « mission » pour l’OTAN, sans parler des zélés Français dont les causes perdues coloniales sont restées à travers de la gorge, la guerre en Afrique est devenue urgente en 2011 lorsque le monde arabe semblait se libérer des Moubaraks et autres serviteurs de Washington et de l’Europe. L’hystérie provoquée dans les capitales impériales ne doit pas être sous-estimée. Des bombardiers de l’OTAN furent expédiés non pas à Tunis ou au Caire mais en Libye, où Kadhafi régnait sur les plus grandes réserves de pétrole en Afrique. Une fois la ville de Sirte réduite en poussière, les commandos d’élite britanniques ont dirigé les milices « rebelles » dans une opération qui depuis a été révélée et qualifiée de « bain de sang raciste ».

    Le peuple indigène du Sahara, les Touaregs, dont les combattants berbères étaient protégés par Kadhafi, se sont enfuis à travers l’Algérie vers le Mali, où les Touaregs réclament depuis les années 60 un état indépendant. Comme l’a fait remarquer Patrick Cockburn, toujours attentif, c’est ce contentieux local, et pas al-Qaeda, que l’Occident craint le plus dans cette région de l’Afrique… « bien que pauvres, les Touaregs sont souvent assis sur d’immenses réserves de pétrole, de gaz, d’uranium et d’autres minerais précieux ».

    Comme conséquence de l’attaque France/US contre le Mali le 13 janvier, une attaque contre un site gazier en Algérie s’est terminée dans un bain de sang, provoquant chez (le premier ministre britannique) David Cameron des réactions aux relents de 11 Septembre. L’ancien chargé des relations publiques de la chaîne de télévision Carlton s’est emporté sur une « menace globale » qui requiert « des décennies » de violences occidentales - c’est-à-dire la mise en place du modèle économique prévu par l’Occident pour l’Afrique, ainsi que le viol d’une Syrie multi-ethnique et la conquête d’un Iran indépendant.

    Cameron a envoyé des troupes britanniques au Mali, et un drone, tandis que son chef des armées, l’expansif Général Sir David Richards, adressait « un message très clair aux djihadistes du monde entier : ne venez pas nous chercher des noises. Nous riposterons avec vigueur. » - exactement ce que les djihadistes avaient envie d’entendre. La trainée sanglante laissée par les victimes (toutes musulmanes) du terrorisme de l’armée britannique, et les affaires de torture « institutionnalisée » qui sont portées devant les tribunaux, apportent la touche d’ironie qui manquait aux propos du général. J’ai eu un jour à subir la « vigueur » de Sir David lorsque je lui ai demandé s’il avait lu la description faite par la courageuse féministe afghane Malalaï Joya du comportement barbare dans son pays des occidentaux et leurs alliés. « Vous êtes un défenseur des Taliban » fut sa réponse. (Il s’en excusa plus tard)

    Ces sordides personnages sortent tout droit d’un roman d’Evelyn Waugh et nous font ressentir tout le souffle de l’histoire et l’hypocrisie. Le « terrorisme islamique » qui est leur excuse pour perpétuer le vol des richesses africaines est une de leurs propres inventions. Il n’y a plus aucune excuse pour avaler les histoires débitées par BBC/CNN et ne pas connaître la vérité. Lisez le livre de Mark Curtis, Secret Affairs : Britain’s Collusion with Radical Islam (Serpent’s Tail) [affaires secrètes : la collusion de la Grande-Bretagne avec l’islam radical – NdT] ou celui de John Cooley Unholy Wars : Afghanistan, America and International Terrorism (Pluto Press) [guerres impies : afghanistan, amérique et le terrorisme international – NdT] ou The Grand Chessboard [en français « le grand échiquier », chez hachette – NdT] par Zbigniew Brzezinski (HarperCollins) qui joua le rôle de sage-femme dans la naissance du terrorisme fondamentaliste moderne. En effet, les moudjahidin d’Al-Qaeda et des Talibans ont été créés par la CIA, son équivalent Pakistanais l’ISI, et le MI6 britannique.

    Brzezinski, qui fut le Conseiller à la Sécurité Nationale du Président Jimmy Carter, décrit une directive présidentielle secrète de 1979 qui devint le point de départ de ce qui est aujourd’hui présenté comme une « guerre contre le terrorisme ». Pendant 17 ans, les Etats-Unis ont délibérément formé, financé, armé et lavé le cerveau de djihadistes qui « entrainèrent toute une génération dans la violence ». Le nom de code de l’opération était Operation Cyclone, et faisait partie du « grand jeu » destiné à faire tomber l’Union Soviétique mais qui a fait tomber les tours jumelles.

    Depuis, l’information que des gens intelligents et éduqués ingurgitent et régurgitent est devenue une sorte de journalisme de parc d’attraction, épaulée comme jamais par Hollywood et son permis de mentir, et de mentir encore. Il y a le film en préparation sur Wikileaks de Dreamworks, un tissu de mensonges inspiré par le livre perfide de deux journalistes du Guardian devenus riches ; et il y a le film Zero Dark Thirty, qui promeut la torture et l’assassinat, dirigé par l’Oscarisée Kathryn Bigelow, la Leni Riefenstahl des temps modernes, qui diffuse la voix de son maître comme le faisait jadis le metteur en scène chéri du Führer. Tel est le miroir sans tain qui donne à peine un aperçu de tout ce que le pouvoir commet en notre nom.

    John Pilger  http://www.voxnr.com

  • Cahuzac et l'actuelle crise institutionnelle française

    « Les institutions sont la garantie du gouvernement d’un peuple libre contre la corruption des mœurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement ». Saint Just

    A l’heure où l’affaire Cahuzac ébranle d’une manière peu commune le frêle gouvernement socialiste et bien au-delà du seul procès fait à l’ex-ministre du budget, il semble bon de se rappeler ces propos de Saint Just, emblématiques et révélateurs des véritables enjeux de la lutte contre la corruption des élus.

    L’erreur fondamentale est de croire à l’absolue probité d’un pouvoir, démocratique ou non. « Le pouvoir corrompt », répétait Machiavel en son temps. Vouloir faire croire l’inverse au pays réel ne relève même plus de l’utopie mais de l’absurdité même. Ainsi, « la République irréprochable » brandie par le candidat Hollande fait aujourd’hui face à la triste réalité politique, l’échec de cette promesse devant apporter dans son sillage une véritable ira populaire. Et face à cette légitime colère, rejeter la faute sur l’outrecuidant Cahuzac en s’abritant derrière l’implacable sanction « d’outrage à la République », ne pourra suffire. Le président Hollande le sait. [...]

    Augustin Debacker - La suite sur Politique Magazine

    http://www.actionfrancaise.net

     
  • Français mal-logés : parce que des millions d'immigrés sont prioritaires !

    Les associations à prétention caritative, dont sans-logis et sans-papiers sont le fonds de commerce - Fondation Abbé Pierre, Enfants de Don Quichotte, Droit au Logement, Comité des sans-Logis ou les étudiants petits bourges de « Jeudi Noir », chers à TF1 et France 2, etc. -, tapent bruyamment sur la table en cet hiver glacial. Les media ordinaires servent de caisse de résonance et aboient avec eux. Mais observez comme tous ont en tête, d'abord, la promotion et la défense de l'immigré. Lequel oriente toute la stratégie de subversion de la civilisation européenne définie par le pouvoir dominant. Relayé par les corps constitués et les laquais associatifs.
    D'où le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre (FAP) sur l'état du logement précaire dans ce pays. Ses dirigeants, Raymond Etienne et Patrick Doutreligne, modernes saints François d'Assise, ont mobilisé l'attention. Tandis que Christophe Robert, sociologue, délégué général de la Fondation, ouvre la voie par ses propos incendiaires et la violence de ses inflexions, aux futures guérillas urbaines des milices immigrées.
    « Il se crée, affirme Doutreligne, 330 à 350 000 ménages par an ; si vous ne faites pas 330 à 350 000 logements par an, c'est aussi mathématique que ça, vous n'arriverez pas à répondre aux besoins. » Et le rapport de souligner que, depuis le début de la crise, il y a 700 000 chômeurs de plus, un million d'autres arrivant en fin de droit. Du fait qu'il manquerait 900 000 logements, chaque année entre 2,5 et 3 millions de personnes cherchent un toit, les demandes de logements sociaux atteignent 2,5 millions, 100 000 personnes sont sans domicile. En cinq ans les loyers ont crû de 23 %. 1,8 million de ménages paient difficilement le leur. 600 000 enfants connaissent des conditions d'existence déplorables.
    Mais d'où viennent ces 350 000 ménages qui chaque année postulent pour un logement ? L'INED, l'Institut National des Etudes Démographiques, en a une petite idée.
    Depuis 1999, la population française - au 1er janvier 2009, 64,3 millions, dont 2 millions dans les TOM-DOM - augmente de 500 000 unités par an. Chiffres ne prenant en compte ni les clandestins ni ceux qui refusent d'être sondés dans les banlieues, personnes qui occupent pourtant des logements. Sur ces 500 000, le solde migratoire représente 165 000 personnes par an. Le solde naturel - naissances sur décès 335 000. Or les régions à forte natalité, Ile-de-France, Rhône-Alpes et PACA, sont celles à immigration massive, la natalité étant en berne dans tous les départements à dominante souchienne, Vendée mise à part. Les 500 000 "Français" annuels de plus sont donc bien des immigrés et issus d'immigrés.
    Chaque année, de surcroît, on observe une hausse des naissances d'environ 10 000, du solde migratoire de 5 000 et des décès de 13 000. De sorte que si l'augmentation de la pression immigrée est constante, la population autochtone, elle, ne cesse de se réduire. La croissance démographique de la France - plus de 4 millions de plus entre 1999 et 2008 - est donc due essentiellement à l'immigration. Cela veut dire des logements en plus, des places d'hôpitaux, de crèches, d'écoles, de lycées, de grandes écoles, d'universités. Des centres commerciaux, des terrains de sport, des salles polyvalentes, des axes autoroutiers des dessertes ferrées et aériennes, bref, une pression écologique dont les Verts sont complices, au seul bénéfice de quelques marchands de casseroles, de voitures et d'appareils électroménagers.

    CONSTRUIRE POUR LES ALLOGÈNES

    Des millions de logements sont ainsi occupés par des immigrés et leurs descendants au détriment des Français-autochtones exclus des programmes contrôlés par l'État, les régions ou la mairie de Paris. Même le media servile ne peut se taire.
    Dans le domaine social, ce processus est flagrant. Le rapport de la FAP ne peut le masquer. Sur les 100 000 places de logement d'urgence dont dispose l'État, 32 000 sont réservées aux demandeurs d'asile, les Gaulois ne bénéficiant d'aucune priorité sur les 68 000 autres. La Cour des Comptes rappelle même les quelque 60 000 places des Foyers de Travailleurs Migrants.
    La plupart de ceux qui ne disposent pas de logement, qui vivent dans des cartons, des tentes, des caravanes, sont des Français autochtones. En revanche les "mal-logés" sont surtout des immigrés. Ainsi 10 000 places d'hôtels sont réquisitionnées pour eux à un coût annuel de 321 millions d'euros. Les 124 Kurdes débarqués en Corse ont immédiatement été dispersés dans des hôtels. Quel silence médiatique en revanche sur les 100 000 Français de souche qui vivent dans des campings dans des conditions précaires et l'indifférence générale !
    Dès la parution du rapport de la FAP, le gouvernement annonça le "déblocage" de 5 milliards d'euros pour la construction de 140 000 logements sociaux en 2010. Où va-t-on construire ? Sur quels terrains ? Avec quels aménagements quand, chaque année, 60 000 hectares de terres arables disparaissent ? Les régions ciblées seront justement l'Ile-de-France, Rhône-Alpes et la PACA où l'on trouve les plus fortes implantations immigrées.
    Il entend également mettre en œuvre dans la région capitale le Plan Apparu, « vaste programme de rachat de logements vacants » disséminés dans les centre-villes. Transformés en logements sociaux, ils « permettront de favoriser l'intégration des populations en difficultés ». Vocabulaire à peine codé pour désigner des familles immigrées. N'est-ce pas ce que sous-entend le Rapport FAP ? « Le logement est producteur d'exclusion et peut être considéré comme le creuset des inégalités », À contrario il peut être producteur d'intégration et devenir un creuset multiracial.
    Il existe une connexion directe entre le lobby de l'immigration et celui du mal-logement. D'un côté on organise le déferlement de populations clandestines ou non, on manifeste à la moindre expulsion, on défile dans le plus petit village où des enfants d'illégaux sont scolarisés, on exige pour eux des logements "décents". Et de l'autre on proteste d'autant plus bruyamment contre la pénurie dont souffrent en nombre croissant les Français-autochtones que la plupart des logements sociaux libérés sont distribués prioritairement aux étrangers par l'État, les régions ou la Ville de Paris qui vient ainsi d'offrir un superbe quatre-pièces de 72 m² situé dans la prestigieuse île Saint-Louis à l'Algérienne Fatiya et à ses deux rejetons, Asmaa et Muhammad (1).
    Les Enfants de Don Quichotte d'Augustin Legrand illustrent bien cette hypocrisie. Alertant la planète sur le sort des sans-logis "français" mais ne ratant pas une manifestation de solidarité avec les sans-papiers qui rafleront à leur détriment tous les logements accessibles sur le marché.

    René BLANC RIVAROL 19 FÉVRIER 2010

    (1) ,Voir le Parisien du 3 février, qui précise que 23 appartements ont été livrés à d'autres Fatiya dans le quartier de Passy, 75 derrière la place des Vosges, d'autres avenue Pierre 1er de Serbie, et même rue de Varenne, « à deux pas de l'hôtel Matignon ». Rien n'est trop beau ni trop coûteux pour la "diversité" !