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  • L’OMC sauve les apparences… en décidant de ne pas décider grand-chose !

    La 9e conférence ministérielle de l’OMC a débouché in extremis sur un accord sur le « paquet de Bali » le 7 décembre 2013, soit un jour plus tard que prévu, qui représente 10% de l’Agenda de Doha pour le développement défini en 2001 à Doha.

    Ce premier accord commercial multilatéral depuis la création de l’institution en 1995 permet à l’OMC de sauver la face avec un accord portant sur dix points en négociation depuis de nombreuses années. Les deux dossiers qui créaient le blocage, la facilitation des échanges et la sécurité alimentaire, se soldent par des engagements… à conclure un accord ultérieurement, suite à un compromis négocié par l’Inde et les Etats-Unis.

    La stratégie de l’« ambigüité constructive » du nouveau directeur de l’OMC, Roberto Azevêdo, a ainsi permis d’éviter à l’OMC une profonde crise existentielle, mais sans affronter les problèmes en profondeur et en renvoyant leur résolution à plus tard.

    Le compromis obtenu sur la sécurité alimentaire est tout particulièrement ambigu. Face à la demande légitime des pays en développement, menés par l’Inde, de financer des programmes de sécurité alimentaire pour protéger les populations pauvres de la volatilité des prix alimentaires, l’Inde a annoncé avoir obtenu des Etats-Unis le droit de pérenniser les programmes de sécurité alimentaire existants, tout en s’engageant à aboutir à un accord dans les quatre ans.

    La formulation de cet accord est suffisamment floue pour permettre à l’Inde et aux Etats-Unis de crier victoire, mais l’accord contient plusieurs conditions susceptibles de remettre en cause certains acquis et ne concerne que les programmes existants, ce qui rend impossible leur mise en œuvre à terme par les dizaines de pays en développement qui n’en disposent pas, et qui n’ont pas hésité à qualifier de trahison le compromis négocié en tête à tête par l’Inde avec les Etats-Unis dans la dernière ligne droite.

    Le compromis sur la facilitation des échanges, qui vise à simplifier la circulation des marchandises, stipule quant à lui qu’un accord contraignant est postposé au 31 juillet 2015. Il sera adopté aux deux-tiers des voix et appliqué aux seuls Etats membres qui l’auront accepté, mais une majorité des trois-quarts pourrait rendre contraignant cet accord pour tous les Etats membres, ce qui implique que ce compromis rompt pour la première fois avec la tradition du consensus à l’OMC.

    Les négociations ont notamment vu Cuba, soutenu par les pays de l’ALBA (Venezuela, Bolivie, Nicaragua), revendiquer que l’accord concerne l’embargo des Etats-Unis à son égard, en vue de le démanteler. Les négociations n’ont ainsi pu être débloquées que suite à un compromis adopté le 7 décembre et intégrant le principe de non-discrimination dans le transit des marchandises.

    Selon Arnaud Zacharie, Secrétaire général du CNCD-11.11.11 : « L’OMC sauve les meubles par un accord a minima et l’Inde peut pérenniser son programme de sécurité alimentaire, mais les pays pauvres ont été sacrifiés dans l’aventure et devront se contenter d’un meilleur accès aux marchés des pays riches : seul les programmes de sécurité alimentaire existants sont concernés, ce qui exclut de nombreux pays pauvres qui ne pourront pas lancer de nouveaux programmes pour protéger leurs populations contre l’instabilité des prix alimentaires. L’accord de Bali ne permettra pas de faire l’économie d’une réorientation fondamentale de l’OMC, centrée sur le développement durable, inscrit dans ses objectifs depuis sa création, et le renforcement de la cohérence des règles commerciales multilatérales en faveur du développement ».

    CNCD

    http://fortune.fdesouche.com/337057-linde-enfonce-un-peu-plus-le-clou-dans-le-cercueil-de-lomc#more-337057

  • Des Sentinelles veillent sur la France

    Bordeaux :

    BAngoulême :

    AParis, place Vendôme, avec une croix de lumière qui s'échappe du ministère :

    VMichel Janva

  • Payer ses impôts est un devoir glorieux !

    Il est glorieux de payer près de 2 milliards pour faire bénéficier de notre système carcéral une population pénale à 70 % d’origine étrangère.

    « Payer ses impôts est un devoir glorieux ». La formule est du regretté président Mao-Tsé-toung. Et c’est vrai !

    Oui, il est glorieux de payer des impôts pour effacer les dettes (4 millions) du journal L’Humanité. Et apporter 2 milliards de subventions (directes et indirectes) à la presse écrite car il faut bien aider les miséreux à se faire entendre : Le Point (Pinault propriétaire), Les Échos (Arnault), Le Monde (la banque Lazard et Pierre Bergé), Libération (Rothschild), la PQR (les banques mutualistes et le Crédit agricole).

    Oui, il est glorieux de payer des impôts pour subventionner à hauteur d’un milliard des syndicats de moins en représentatifs, et de plus en plus inutiles, sinon nuisibles.

    Oui, il est glorieux de subventionner (État et collectivités territoriales) à hauteur de près d’un milliard des associations politiquement correctes : SOS Racisme, France terre d’asile, la LICRA, le CRAN, la LGBT et tant d’autres qui le valent bien ; et ils en ont bien besoin pour nous formater et nous censurer.

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  • Christiane Taubira s’exprimera devant le Grand Orient le 17 décembre

     

    TAUBIRA-Grand-Orient-MPI

    Les connivences entre de nombreux membres du gouvernement et la franc-maçonnerie sont de notoriété publique. Un élément de plus vient l’avérer. La Garde des Sceaux, a accepté l’invitation de Daniel KELLER, « Grand Maître » du Grand Orient (GODF), d’intervenir pour une conférence au siège de cette obédience maçonnique.

    Cette conférence publique sur le thème : « Crise des valeurs de la République : Analyse et Perspectives » se déroulera le 17 décembre à 20 heures au Temple Groussier du GODF, rue Cadet, à Paris.

    « L’invitation de Madame Christiane Taubira est naturellement liée aux attaques indignes qu’elle a subies. Nous voulions lancer le débat, provoquer une réflexion, sur les difficultés profondes que traverse la République

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  • Mort de Mandela

     

    Je ne suis pas un spécialiste de l’Afrique du sud et à ce sujet de nombreux auteurs, parmi lesquels l’inestimable Bernard Lugan, peut nous en dire beaucoup plus et mieux. Du reste les informations que ce dernier livre dans sa dernière communication, nous empêchent de céder aux lamentations hystériques entonnées par toute la presse.

     

    Mandela était un homme qui a livré un combat , lequel , au bout du compte a amorcé la chute de l’Afrique du sud.

    Pour autant, et en toute humilité, je me risque à livrer quelques observations en partant des informations qui sont accessibles par voie de presse à tous les citoyens lambda et en me rappelant à toutes fins utiles que le bon larron gagna le paradis le soir de sa mort. Si je ne me trompe, les principaux habitants de ces grands territoires, avant l’arrivée des Européens, étaient les Zoulous, peuple guerrier et colonisateur dans l’âme, qui offrit une âpre résistance aux envahisseurs. Avec la colonisation, cette terre agricole se développa, les mines furent exploitées et l’économie du pays se modernisa et devint la plus forte du continent. Il y avait déjà des descendants d’esclaves datant des Hollandais et des Anglais et on laissa venir de la main d’œuvre bon marché des régions plus au nord. L’Afrique du sud vit naître et croître un prolétariat noir qu’elle ne put contenir et qui vint s’installer dans les town schips, tandis que les Blancs, qui étaient, rappelons-le, de culture anglo-saxonne, n’hésitèrent pas à installer sans état d’âme, une doctrine inventée en 1934 par « des anthropologues et des linguistes de l’université de Stellenbosch comme Werner Max Eiselen, un nouveau concept social et politique qui donnera naissance à l’idéologie de l’apartheid : ils proposèrent de séparer géographiquement, politiquement et économiquement les Noirs et les Blancs d’Afrique du Sud ainsi que les différentes ethnies entre elles, afin de maintenir et renforcer leurs identités ethniques et linguistiques et de lutter contre les effets qu’ils estimaient acculturant de l’urbanisation et du travail migrant sur les structures traditionnelles africaines ».

    Et puis vinrent, à la fin du siècle précédent, les grandes « prises de conscience » de l’Occident qui organisa l’asphyxie économique de l’Afrique du sud. Le dernier chef d’Etat blanc en titre, Frédéric De Klerk mit fin à l’apartheid et libéra Nelson Mandela, leader de l’ANC après 27 ans de prison, qui lui succédera à la présidence comme premier président noir.

    Mais voilà, Mandela ne voulut pas faire comme Boumédiene qui chassa 1 million et demi de pieds-noirs d’Algérie après les accords d’Evian. Il prêcha le pardon en vrai homme d’Etat qu’il était, car il savait que la nation avait besoin des Blancs, ce qui lui valut une certaine défiance puis l’hostilité à peine retenue de cadres de l’ANC. Les mêmes qui aujourd’hui sont en deuil et versent des larmes de crocodile.

    Aujourd’hui, rien ne va plus, et comme le faisait remarquer un article de Slate .com : Les départs seraient en constante progression, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Jacob Zuma. Alors que Mandela faisait de la réconciliation avec les Blancs une priorité absolue, Zuma considère qu’il a avant tout été élu pour défendre la cause des Noirs. D’ailleurs, l’électorat blanc a massivement porté ses suffrages sur les candidats de l’opposition. Selon Johan Van Rooyen, auteur d’une enquête pour l’Unisa (Université sud-africaine), « 60 % des Sud-africains quittent le pays en raison du fort taux de criminalité : dans les années 90, près de 250 000 personnes ont été assassinées ». Autre cause de départ, la mise en place de l’affirmative action (la discrimination positive). Des milliers de Blancs ont été licenciés. “Nous avons dû former des Noirs. Et, après nous avons été licenciés” affirme Steve, la cinquantaine, ancien employé des chemins de fer devenu SDF. »

    Des témoignages ahurissants montrent que les Blancs (et surtout les plus pauvres) font l’objet de persécutions, d’agressions, voire d’assassinats, avec la complicité passive du pouvoir. D’un autre côté les Blancs tiennent encore en partie l’économie et se concentrent encore sociologiquement dans les classes dominantes.

    Aujourd’hui l’Afrique du sud, malgré ses richesses minières, est un pays en proie, non seulement à la crise économique, mais à une profonde crise d’identité. Il eût peut-être fallu que la sagesse de Mandela soit transmise à ses successeurs. On ne crée pas une nation sur une seule génération.

    Esprit de vengeance, racisme inversé, course aux mandats électoraux, mépris de l’Histoire et des identités, il ne faut pas être grand clerc pour prédire la chute inexorable de cette nation victime de la sacro-sainte idéologie de la démocratie. Les Capétiens , si on y réfléchit eurent aussi à unifier des contraires, mais ils avaient avec eux la durée et la patience. Deux vertus que l’idéologie du nombre et de la rentabilité immédiate ignore.

    Olivier Perceval

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Mort-de-Mandela

  • Le laxisme chez les socialistes : une affaire de famille

    Après les casiers judiciaires des fistons Fabius, Taubira et Touraine, la presse s'intéresse à celui d'un rejeton Trierweiler. Vierge et pourtant :

    "l'un des fils de Valérie Trierweiler a été interpellé à plusieurs reprises par les forces de l'ordre en flagrant délit pénal sans qu'une poursuite judiciaire soit décidée. La plus édifiante de ces arrestations, selon le compte rendu de la brigade anti-criminalité en date du 23 octobre 2012 que Le Point.fr a pu consulter, s'est déroulée à Saint-Ouen (93), en pleine zone de sécurité prioritaire (ZSP), mise en place par Manuel Valls afin de concentrer les moyens policiers pour démanteler l'économie parallèle. En Seine-Saint-Denis, il s'agit essentiellement de s'attaquer aux trafics de stups. Le jeune homme s'y était rendu avec deux camarades, selon sa déclaration faite aux gardiens de la paix, pour acquérir du cannabis en vue de fêter un anniversaire."

    De là à imaginer que c'est la raison pour laquelle Christiane Taubira envisagerait de dépénaliser la consommation de cannabis...

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Jean Sévilla dédicace son "Histoire passionnée de la France"

     

    HpIdée de cadeau le jeudi 12 décembre de 17h à 19h à la librairie de l'avenue Duquesne : 

     

    "Jean Sévillia conjugue la profondeur de l'historien et l'esprit de synthèse du journaliste pour nous raconter la grande histoire de la France, des origines à aujourd'hui.

    A l'heure où certains semblent avoir honte de notre passé, il fait le choix d'insister sur ce qui nous honore et ce qui nous unit, même dans les pages difficiles de notre histoire, afin de souligner le caractère exceptionnel de notre pays, si riche en événements et en figures de proue, de Clovis à Charles de Gaulle, en passant par Charlemagne, Saint Louis, Henri IV, Richelieu, Louis XIV et Napoléon.

    Le plaisir d'apprendre en élevant l'esprit insuffle la conviction de la permanence d'un destin français, et partant, les raisons d'espérer".

     

  • Le procès Fouquet décrypté

    Le Figaro Magazine - 29/11/2013
    Un épisode de la prise de pouvoir par Louis XIV
         Le 5 septembre 1661, alors qu'il fête ses 23 ans, le roi Louis XIV, venu assister aux Etats de Bretagne, tient conseil au château de Nantes. Il y a là Colbert, Le Tellier et Fouquet. A l'issue de la réunion, le souverain fait passer des petits papiers par lesquels il donne ses ordres. Les scellés seront posés chez Fouquet. La veille, Louis XIV a prévenu d'Artagnan, le capitaine-lieutenant des mousquetaires : dès que ce dernier aura reçu le billet que Le Tellier lui remettra en mains propres, il devra procéder à l'arrestation du surintendant des finances. A la suite d'un imprévu, toutefois, Le Tellier est retenu et Fouquet quitte le château sans se douter de ce qui l'attend. Ce n'est que place Saint-Pierre, à côté de la cathédrale de Nantes, qu'il est intercepté. Emprisonné à Angers puis à Amboise, inculpé pour « péculat » (c'est-à-dire concussion), le ministre disgracié devra attendre plusieurs mois avant que s'ouvre son procès, qui durera presque trois ans.
         Alexandre Dumas, dans Le Vicomte de Bragelonne, brossera de Fouquet l'image d'une victime. On a beaucoup évoqué la jalousie que Louis XIV aurait ressentie au sortir d'une fête à Vaux-le-Vicomte, où Fouquet, maître des lieux, aurait voulu l'éblouir. Simone Bertière, à qui rien de ce qui concerne la France des Bourbons n'est étranger, relativise cet épisode devenu un mythe. L'historienne a repris le déroulement du procès Fouquet (dont le dossier original a été détruit) afin de remettre en lumière le cas de celui qui, condamné au bannissement, peine commuée en détention perpétuelle, finira sa vie, près de vingt ans après, dans la forteresse de Pignerol.
         Le procès met en scène un souverain novice découvrant les limites de son pouvoir, un magistrat (Lefèvre d'Ormesson) que la défense du droit transforme en opposant, et l'accusé Fouquet qui sauve sa tête, mais qui n'a rien d'un innocent.
    Simone Bertière analyse l'affaire comme une phase d'un processus visant à rétablir les finances de l'Etat mises à mal par le recours systématique à l'emprunt. La fuite en avant par l'emprunt ? Cela rappelle quelque chose... Hélas ! Louis XIV nous manque.
    Jean Sévillia
    Le Procès Fouquet, de Simone Bertière, Fallois, 334 p., 22 €.
    http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=304

  • Qu'est-ce que l'aliénation capitaliste?

    Le capitalisme n’est pas seulement un système économique, il est la matrice qui a engendré le monde moderne et aussi un type humain, que certains ont appelé Homo Oeconomicus, fruit d’une véritable transformation anthropologique. Il a réalisé ce que les régimes totalitaires du XX° siècle avaient rêvé de faire sans pouvoir le réaliser: donner naissance à un homme nouveau et cela à l’échelle mondiale. Armé de sa technique et de son dieu unique, l’Argent, il a conquis le monde, c’est-à-dire qu’il l’a transformé en désert. Désert autour des hommes mais désert aussi en l’homme. Pour comprendre ce nouveau monde et ce nouvel homme, pour savoir comment une telle chose a pu se produire, il faut revenir à un concept fondamental mis en lumière par Karl Marx dans son analyse du capitalisme: l’aliénation.

    L'aliénation comme une dépossession

    La définition que l’on trouve dans le dictionnaire du mot aliénation nous dit que c’est «l’état de l’individu qui, par suite des conditions extérieures (économiques, politiques, religieuses) cesse de s’appartenir, est traité comme une chose, devient esclave des choses et des conquêtes même de l’humanité qui se retournent contre lui». Le seul mot français aliénation traduit deux termes allemands utilisés par Marx: Entäusserung (v. entäussern: se défaire de; adj. äusser: extérieur, externe) et Entfremdung (v. entfremden: éloigner, détacher, détourner; adj. fremd: étranger). Ce terme traduit donc un sentiment d’extériorisation, de dépossession de soi et d’étrangeté face au monde et à soi-même. Mais pour Marx il ne peut se comprendre qu’au sein du processus de domination du capital qui passe par l’exploitation, l’aliénation, la réification.

    Car cette dépossession est le résultat de l’exploitation capitaliste, c’està-dire du fait que dans l’entreprise capitaliste les salariés produisent une valeur équivalente à celle de la force de travail (travail concret qui leur est versé sous forme de salaire) mais aussi une valeur additionnelle (travail abstrait qui donne la plus-value, la valeur, que gardent les capitalistes). Le travail vivant (concret) est transformé en abstraction (la valeur), c’est à dire en argent. Dans le monde capitaliste l’immense majorité des individus ne possèdent pas leur outil de travail, ils sont obligés de rejoindre des entreprises qui leur fournissent les moyens de travailler. Ils en sont réduits à vendre leur seul bien, leur force de travail, c’est-à-dire eux-mêmes, pour fabriquer des marchandises. Dés lors leur travail n’est plus qu’une marchandise parmi d’autres et ils doivent agir comme des capitalistes: pour survivre ils doivent impérativement vendre leur marchandise-force de travail sur un marché du travail où les salariés du monde entier sont mis en concurrence.  Le salarié est celui qui extériorise sa propre puissance subjective (sa force de travail) en lui donnant, sous la forme d’une marchandise, une existence objective et cela dans le but de gagner un salaire lui permettant d’acquérir d’autres marchandises.

    Elle n'est pas une fatalité

    Ce que Marx a critiqué ce n’est pas le travail en lui-même mais la forme spécifique qu’il a pris dans le monde capitaliste, la forme-marchandise. Le travail n’était pas aliéné, il l’est devenu à la suite d’une transformation sociale dont on peut faire l’histoire (ce que Marx a fait dans le livre I du Capital).  Cette forme d’aliénation n’est pas une conséquence inéluctable de l’histoire humaine et elle n’a pas toujours existé comme voudraient nous le faire croire les idéologues du système. Alors que le travail avait permis à l’individu de s’affirmer en tant qu’homme, de dépasser l’animalité, la seule nécessité, pour agir sur son milieu et le maîtriser, il est devenu une forme de servitude.  Il n’est plus un but en lui-même, il est devenu un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. Ce qui devrait permettre l’affirmation de soi est devenu l’instrument de la négation de soi. Le travail qui était liberté et indépendance devient servitude et enfermement dans un processus abstrait et technique que personne ne maîtrise plus. L’individu aliéné perd toute conscience de sa force, de son pouvoir d’agir et de transformer le monde.  Il est dépossédé de la maîtrise du monde qu’il habite et de son destin.  De la naissance à la mort, en passant par l’enfance, l’école, le travail, la sexualité, la politique, les loisirs, la vieillesse, tout est laissé aux mains des experts, des techniciens, des gestionnaires.  Tout ce qui reste à l’homme, c’est vendre et acheter, c’est se vendre et consommer. La loi du commerce a remplacé les valeurs du travail. Et cette servitude est appelée à ne pas connaître de fin car dans le système capitaliste la production, rebaptisée croissance, est un moyen qui n’a d’autre fin qu’elle même.

    L’aliénation capitaliste ne touche pas seulement ceux qui travaillent, elle s’est étendue à tous les humains et au monde entier à travers la domination absolue de l’argent. L’argent est la marchandise- reine, celle qui permet d’avoir toutes les marchandises, celle qui est là pour remplacer tous les liens traditionnels que le développement du capitalisme et l’atomisation des individus ont détruits. L’argent, comme le travail dans le système capitaliste, réduit l’individu à n’être qu’une abstraction.  On ne travaille que pour en gagner car il est le signe de la puissance, qui s’appelle aujourd’hui «le pouvoir d’achat». Celui qui en possède n’a aucun pouvoir mais il offre tous les moyens d’en obtenir. L’argent est l’objet absolu de tous désirs, le Désir objectivé, matérialisé. En posséder permet de consommer, d’acquérir tous les objets techniques qui s’offrent comme le moyen d’échapper à cette solitude, à cette angoisse face à un mode devenu étranger et incompréhensible. Mais le sentiment de puissance que procurent ces objets n’est qu’éphémère et, tout comme la production de marchandises, il ne peut avoir de fin car il renforce ce qu’il est censé combattre: l’aliénation et la réification. Ce qui se présente comme un remède n’est que le renforcement du mal et ceux qui le possèdent sont tout autant aliénés que ceux qui n’en ont pas.

    Une marchandisation de l'humain

    Ainsi la particularité de l’aliénation et de la réification capitalistes ne peuvent se comprendre qu’au sein de l’exploitation.  D’un travail qui dans les sociétés traditionnelles était intégré dans la vie, le capitalisme a fait quelque chose d’extérieur, une marchandise comme une autre. L’individu aliéné en arrive à considérer le monde, les choses, les autres comme il considère son travail: un moyen pour autre chose. Le monde, la nature ne sont plus que «l’environnement», le décor plus ou moins naturel dans lequel il évolue; les choses ont acquis une vie propre: les objets techniques et les machines qui devaient le servir et l’aider l’emprisonnent toujours davantage en se transformant en prothèses indispensables entre lui et la réalité; les autres sont au mieux des amis virtuels avec qui on n’a de lien que par écran ou téléphone portable interposés mais le plus souvent ils ne sont que des objets vivants mais insignifiants pour lesquels on ne ressent ni haine, ni amour, ni aucune sorte d’empathie, juste de l’indifférence.  Enfin «libéré» des devoirs et des obligations traditionnels perçus comme des liens entravant sa liberté, persuadé de n’avoir aucun pouvoir sur ce monde où de toute façon il se sent étranger et qu’il accepte passivement tel qu’il est, il ne reste à l’individu aliéné que lui, que cet ego que la publicité flatte pour mieux l’exploiter.  Il cultive sa différence et son originalité, qui ne sont rien d’autre que le produit de l’aliénation.

    Il ne se préoccupe que de son «développement personnel» en exploitant de son mieux son entreprise: lui-même. Il considère son corps, ses capacités, ses sentiments, ses relations comme des investissements qu’il pense pouvoir gérer rationnellement, en bon manager. Il n’est plus soumis à la dictature de la marchandise, il est devenu marchandise. Il a fait siennes les lois du système capitaliste dont il n’est que le produit et il reproduit à son échelle, envers lui-même et les autres, les mécanismes de domination: exploitation, aliénation, réification. Dés lors le monde ne peut avoir comme seul sens que celui d’un grand marché où tout se vend, où tout s’achète, où tout le monde est en concurrence avec tout le monde, où rien n’est vrai et où tout est permis.

    Retour à l'essentiel

    On rejoint alors la deuxième définition du mot aliénation donnée par le dictionnaire: «trouble mental passager ou permanent qui rend l’individu comme étranger à lui-même et à la société où il est incapable de se conduire normalement». Dans le système capitaliste les hommes ne contrôlent pas leur propre activité productive mais sont dominés par les résultats de cette activité. Cette forme de domination prend l’aspect d’une opposition entre les individus et la société, qui se constitue en tant que structure abstraite.  Cette domination abstraite est exercée sur les individus par des structures de rapports sociaux quasiment indépendantes, médiatisées par le travail déterminé par la marchandise.  Le système capitaliste c’est cette société individualiste où se sont constitués des rapports sociaux tellement objectivés qu’ils ont pris une indépendance complète à l’égard des individus.  C’est cette domination abstraite qui amène à la domination de classe et non le contraire. Dénoncer les banques et les oligarchies financières, prendre l’argent aux riches pour le donner aux pauvres, ne changeront en rien les structures du système de domination capitaliste et ne mettront donc pas fin à l’aliénation. Comprendre l’aliénation ce n’est pas en sortir car personne n’est en dehors de ce système et ne peut s’en faire le critique en prenant une position extérieure. Mais la comprendre c’est déjà faire un effort pour en prendre conscience, comprendre que cette domination a une histoire et chercher les voies permettant de la dépasser. Car il ne s’agit pas de revenir à «un bon vieux temps» d’avant l’aliénation, il s’agit de s’approprier ou de se réapproprier ce qui s’est constitué sous une forme aliénée.

    Texte paru initialement dans le #54 de la revue Rébellion.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/12/03/temp-58a67d81167c90e76aa67d9422692a7e-5237484.html