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L'extrême droite ? Un faux problème...
La fantasmagorie politique n'est plus une invention. Elle intervient au quotidien par le biais de ceux-là même qui sont censés gouverner dans l'intérêt - à défaut du trop peu démocratique « bien commun » - du peuple qui leur a délégué la souveraineté.
« On est en train de réinventer, de réintroduire dans le débat public l'extrême droite telle qu'on a pu la connaître dans les années 1930. » Le propos n'émane pas de l'un quelconque de ces politiques ou intellectuels classés trop à droite, mais bien du député UMP des Yvelines et ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, Henri Guaino.
Il ne s'agit pas là d'une banale considération provocatrice, ni même d'une formule destinée à faire mouche pour réveiller un interlocuteur particulièrement sujet au bourrage de crâne. L'élu le justifie pleinement, en répondant à une question sur le positionnement du Front national. Une question sur laquelle il s'est exprimé à plusieurs reprises ces derniers temps.
Qu'en ressort-il ? Que le Front national, explique-t-il, est « un parti comme les autres », dont l'ascension actuelle résulte simplement du malaise de la société et du discrédit qui frappe actuellement l'institution politique, et les partis qui l'incarnent habituellement.
Extrémiste, le FN ? S'il faut préciser, Henri Guaino ne va pas jusque-là. Ou, plus exactement, d'une façon dont la nuance échappera sans doute aux habituels débatteurs publics : le député des Yvelines veut bien parler, à son sujet, d'un parti extrême, en ce qu'il s'est « construit sur des apportas de la droite et de la gauche », et non pas en ce qu'il serait « l'extrême de la droite qui s'opposerait à l'extrême de la gauche ».
On atteint là à une notion particulière, celle d'une espèce d'extrême relativisé. Parce que, explique encore Henri Guaino, « le FN n'est pas L’extrémité de la droite mais l'extrême du débat public, de la pensée politique ». Autrement dit, si l'on veut essayer de comprendre ce qu'il nous dit, le Front national n'a pas d'idées extrémistes, mais une expression extrémiste d'idées qui, par ailleurs, sont répandues.
Cohérence en nuances
C'est même, pour lui, une question de logique. « Il faut être cohérent, affirme-t-il. Si le Front national est dans la République, il est autorisé, il concourt aux élections et il peut avoir des élus. »
Ce qui lui permet, très clairement, d'enfoncer le clou : « Vous ne pouvez pas rendre le Front national responsable tout seul de l'état de la société. Si le Front national a autant d'écho aujourd'hui, s'il rencontre autant d'adhésion chez autant de Français qui sont tout sauf des fascistes, c'est peut-être qu'il y a un problème dans la société française. »
La critique d'Henri Guaino à l'égard de François Hollande n'est pas nouvelle. Mais elle a pris, au cours des semaines, au cours des mois, une constance, une régularité qui la font dépasser de loin l'habituel critique de l'opposition à l'égard de la majorité. Celle-ci, habituellement, se garde en effet d'être fondamentale, et erre sur quelques épiphénomènes - effets de manches ou d'expressions - sans grande conséquence. Droite et gauche savent bien, depuis au moins l'avènement de la Ve, que l'alternance ne peut être compromise par quelque jugement définitif qui, en laminant l'adversaire de façade, verrait demain s'écrouler tout le système.
C'est donc en marchant sur des œufs, afin de préserver cette fonction du président qui « incarne la Nation », que le député s'en est pris à François Hollande au lendemain du 11 novembre. Pas de manifestation contre cette statue institutionnelle, et donc opposition affichée à tout quolibet, tout sifflet, le jour où le président salue les « morts pour la France ». Même si le jacobinisme étalé ce jour-là par François Hollande n'a sans doute rien à voir avec ce qui faisait battre le cœur de nos poilus ? La question, pour l'heure, demeurera sans réponse...
Constat de faiblesse
Une chose est sûre cependant. La façon qu'a François Hollande d'exercer le pouvoir conduit, selon Henri Guaino, « à un affaiblissement terrible de l'autorité de l’État ».
Et lorsqu'il évoque « l'absence totale de consentement à l'impôt », le député touche à un point crucial. Point n'est besoin d'être érudit, ni historien pour se rappeler que nos révolutions ont toujours eu un principe pécuniaire.
On est loin, très loin, d'on ne sait trop quel extrémisme...
Olivier Figueras monde & vie 3 décembre 2013 -
Syrie la solution Poutine
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Leurs mensonges habituels, nos valeurs traditionnelles
« Nul ne ment plus qu’un homme indigné » notait Nietzsche. Une remarque parfaitement applicable aux manœuvres judiciaires actuelles de M. Mélenchon. Lui et ses amis crient au scandale et visent à rendre inéligible Marine Le Pen (ils en seront pour leur frais), dans l’affaire abracadabrantesque du tract distribué à Hénin-Beaumont lors de la dernière législative. Celui-ci reproduisait une citation du patron du Front de Gauche en faveur de la poursuite de l’immigration. Bref, les diversions habituelles pour couvrir la voix du FN, notamment lorsqu’il prévient nos compatriotes, comme vient de le faire Marine, de tractations autrement plus inquiétantes pour leur avenir que sont les tous derniers accords de l’OMC à Bali… Indignations, diversions toujours, hypocrites et mensongères elles aussi, de quelques journalistes et militants d’extrême gauche qui ont fulminé à propos de notre article consacré à l’Afrique du Sud post Mandela. Tout à leur volonté (leur rêve) de pointer des failles qui n’existent pas au sein du FN, ils ont tenté d’y voir la preuve de la divergence politique majeure entre le « nouveau Front » et Bruno Gollnisch, qui, comme de bien entendu, multiplierait « les provocations » pour exister, l’antienne est connue !
Le blog du député européen frontiste rend pourtant hommage, sur la même longueur d’onde que la présidente du FN, à la figure exceptionnelle que fut Mandela. Ce fut sa présence qui empêcha pour beaucoup la RSA de plonger dans une guerre civile totale lorsque cessa l’hégémonie politique de la minorité blanche. Qui peut le contester ?
Notre article expliquait aussi les raisons objectives pour lesquelles le FN ne sombra pas à l’époque dans l’admiration pour l’ANC marxiste, condamna le terrorisme de son aile militaire approuvé par Mandela ; ce que beaucoup de médias ont également rappelé mais sans replacer la position du FN dans la perspective historique qui permet de la comprendre.
Il constatait aussi que les successeurs de Mandela n’ont à l’évidence ni sa hauteur de vue, ni son intelligence, ni son charisme. Mais derrière les postures et les faux-procès des indignés, ce qui est reproché à Bruno Gollnisch c’est de ne pas communier dans l’extatisme de rigueur sur la nouvelle société arc-en-ciel en place depuis vingt ans en RSA.
Nous renvoyons ceux qui sont intéressés par ce sujet aux travaux érudits de l’africaniste Bernard Lugan et à l’article étayé qu’il a publié sur son blog vendredi 6 décembre…Une lecture qui ne peut pas faire de mal non plus aux pitres sentencieux, comme le père la morale professionnel du Parti de Gauche, le sans-culotte Alexis Corbière.
Alors oui, confessons-le, nous ne sommes pas des nostalgiques de l’apartheid (« une utopie » comme le notait déjà Jean-Marie Le Pen) ; alors oui, la gestion de ce pays ravagé par la misère, le sida, la corruption, les haines interethniques et l’ultra violence, maux qui n’ont cessé de s’aggraver au détriment de tous les sud-africains depuis 1994, n’est pas non plus notre modèle politique. Est-il permis de le dire ?
Au rayon des procédés pour le moins tendancieux notons encore celui, souvent employé, consistant à donner à un article un titre ne correspondant pas à la réalité qu’il décrit. Une méthode dont le FN et ses personnalités font souvent les frais. Un exemple nous en a été donné par le site de l’Express le 4 décembre avec un entretien intitulé « Pourquoi les catholiques résistent aux sirènes du FN ».
Or, il ressort de celui-ci, en l’espèce les questions posées par la journaliste Marie Caroline Missir au politologue Philippe Chriqui, président de l’institut Paradoxe Opinion, que les préventions contre le FN sont plutôt en net recul chez les catholiques.
Le sondage publié jeudi dans le magazine La Vie et réalisé par Paradoxe Opinion démontrerait que seulement 7 % des catholiques pratiquants en France -contre 13 % des Français- se sentent proches du Front National, alors que 42 % se disent proches de la droite «pro européenne » et ouverte à la mondialisation.
Il est souligné ici, mais cela reste globalement vrai pour les autres catégories de la population, que le FN souffre encore «d’un manque de crédit économique». Un constat qui a poussé Marine ces dernières années à mettre l’accent dans ses interventions sur notre programme économique alternatif à l’euromondialisme. Projet frontiste dont de larges pans, faut-il le redire, sont validés et inspirés par les travaux d’économistes de tout premier plan.
Pour autant, le FN marque bien des points au sein de l’électorat catholique car est-il déploré,« sur le terrain des valeurs sociétales, les catholiques se caractérisent par une crispation identitaire, notamment face à l’islam, mais elle est aussi celle de l’ensemble des Français. A la question, l’islam menace-t-il l’Occident ?, ils étaient 30% à répondre tout à fait en 2012, une proportion qui atteint 41% aujourd’hui. 37% sont tout à fait d’accord avec l’idée qu’il y a trop d’immigrés en France contre 25% en 2012. Il y a évolution, mais surtout radicalisation. »
Or cette radicalisation va s’accentuer indique M. Chriqui, car « si on regarde les clivages générationnels, les jeunes catholiques sont plus sensibles que leurs aînés à la banalisation opérée par Marine Le Pen. Le véritable risque est là : que la digue cède face à cette stratégie de banalisation développée par (le FN) ».
Bruno Gollnisch avait déjà relevé le décalage grandissant entre les positions idéologiques d’un clergé français vieillissant et les pratiquants, notamment au sein des nouvelles générations.
Pour preuve, au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2012, le sondage Harris-Viadeo pour l’hebdomadaire La Vie, indiquait que les jeunes catholiques avaient voté à 37 % pour Nicolas Sarkozy, mais aussi à 27% pour Marine Le Pen, en deuxième position devant François Hollande.
Or, abstraction faite des questions migratoires, la ligne de « défense des valeurs traditionnelles » qui est celle du FN séduit aussi les Français, bien au-delà des six millions de catholiques pratiquants réguliers ou occasionnels.
Nous évoquions sur ce blog l’enquête d’opinion publiée peu avant le premier tour de la présidentielle de 2002 dans Le Monde qui fut corroboré par le sondage TNS Sofres de décembre 2006. Celle-ci indiquait déjà que la «défense des valeurs traditionnelles» par le FN et Jean-Marie Le Pen était l’aspect thématique le plus approuvé par les Français, avec 39 % d’avis favorables (53 % d’avis contraires).
En février 2010, ce même institut publiait les résultats de son enquête dans le cadre du «grand débat sur l’identité nationale». Il était relevé qu’au sein des 65% de Français qui considèrent que l’identité française a tendance à «s’affaiblir», les raisons principales dudit affaiblissement citées en premier étaient « la perte des valeurs » (29%), devant « l’immigration » (25%) et « la diversité culturelle et ethnique » (18%).
Enfin, un sondage opinion way paru en mars 2011 indiquait qu’en tête des appréciations élogieuses, 38% des personnes interrogées considéraient Marine Le Pen comme la candidate «d’une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles ».
Ce sont aussi ses valeurs là qui fondent l’engagement politique de Bruno Gollnisch, qui expliquent notamment son combat actuel contre le rapport Estrela au Parlement européen. Valeurs civilisationnelles qu’il défend et promeut dans l’exercice de ses mandats électoraux, dans sa campagne municipale à Hyères comme il le fera dans la campagne européenne qui s’annonce.
http://www.gollnisch.com/2013/12/09/leurs-mensonges-habituels-nos-valeurs-traditionnelles/
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Qui a peur de Malika Sorel-Sutter ?
Malika Sorel-Sutter ne cesse de dénoncer l'intrusion massive et destructrice d'une culture radicalement opposée à la nôtre.
Qui a peur de Malika Sorel-Sutter ? Les médias, assurément, qui lui ménagent un temps de parole inversement proportionnel à l’intérêt grandissant que les Français portent aux problèmes liés à notre immigration, majoritairement musulmane.
Elle était invitée au « Grand Soir 3 », le 27 novembre, suite aux rebondissements judiciaires dans l’affaire de la crèche Baby Loup.
Que cette femme remarquable – qui fut membre du Haut Conseil à l’intégration – ait été conviée à venir s’exprimer sur une grande chaîne publique en dit long sur le malaise qu’engendre, dans notre société, le voile islamique sous toutes ses formes.
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« La Nation Frankenstein/ Un plaidoyer pour s’en libérer » de Antonin Campana
La République doit reconnaître le peuple autochtone de France !
À l’égard de l’immigration, les concepts officiels ont évolué, passant de l’assimilation à l’intégration, puis à l’insertion, en attendant l’adaptation du pays d’accueil à l’accueilli. Le « modèle républicain » continue pourtant d’être promu verbalement par la classe politique (toutes tendances confondues). Mais un nombre croissant d’intellectuels (Camus, Tribalat, Millet, Juvin, notamment) prennent conscience qu’il serait plus exact de parler d’illusion républicaine. Le très officiel Commissariat général à la stratégie et à la prospective préconise d’ailleurs « d’adapter le modèle républicain à la société plurielle » (*). Cela conduit naturellement à poser la question des droits collectifs des autochtones. Pourquoi n’auraient-ils pas le droit de voir leur identité reconnue au même titre que les Kanaks en Nouvelle Calédonie ? Voilà ce qui se trouve au cœur du livre iconoclaste d’Antonin Campana, « La Nation Frankenstein ». Le cycle des Lumières approcherait-il de sa fin ?
Polémia.
Après le « coup d’Etat » de 1789, la République définit frauduleusement le peuple français comme un « corps d’associés vivant sous une loi commune » (Sieyès).
Le peuple français ? Un corps d’associés : du pur intellectualisme
Cette définition absurde, intellectualisme pur, réduit le peuple qui habite alors la France, peuple de lignée européenne, de culture européenne et de religion chrétienne, à une sorte de club constitué d’adhérents sans identité reconnue, soumis à un règlement intérieur qui se veut désamarré de toute référence identitaire particulière. Deux objectifs sont poursuivis :
– d’une part, rendre possible le projet républicain d’associer, par la grâce des « valeurs universelles » de la République, « tous les hommes de la terre » (Saint-Just), les « musulmans, les Chinois même, les hommes de toutes sortes » (Duport), jusqu’à constituer une véritable « République universelle ». Ce projet prendra corps à travers la politique républicaine de colonisation, puis d’immigration, d’intégration et de naturalisation, politiques qui découlent directement du « principe d’universalité » de la République, qui sont donc dans la « nature » de cette dernière et n’ont aucunement un caractère « accidentel » ;
– d’autre part, et comme à titre d’essai, «intégrer » pour commencer les quelques milliers de membres de la « nation juive » résidant alors au milieu du peuple français.
Cette intégration des juifs est révélatrice du schéma général, extensible à l’humanité entière. Clermont-Tonnerre donne le principe de base : « Il faut tout refuser aux juifs comme nation, et tout accorder aux juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens. »
En fait, la République ne reconnaît aucun « corps intermédiaire » entre elle-même et l’individu judicieusement esseulé. Elle disloque les ordres, les corps de métier comme les peuples pour ne considérer que des citoyens qu’elle veut sans appartenances.
Ce qui est valable pour la « nation juive » l’est donc aussi pour le peuple français autochtone. Autrement dit, la République va tout accorder aux autochtones comme individus, tout leur refuser comme peuple particulier.
En 1789, cela n’a aucune importance et paraît sans doute bien théorique à nos ancêtres. Peuple autochtone de France et « corps d’associés » se recoupent parfaitement : tous les associés, ou peu s’en faut, sont des autochtones de lignée européenne, de culture européenne et de religion chrétienne.
Le mondialisme républicain
En 2013, le mondialisme républicain a rendu les choses bien différentes. Des millions d’individus extra-européens ont adhéré au club conformément au projet de 1789. « Corps d’associés » et peuple autochtone sont devenus deux réalités physiques complètement différentes qui ne recouvrent plus le même périmètre, d’autant que le peuple autochtone est en passe de devenir minoritaire au sein du « corps d’associés ».
Cet écart grandissant entre peuple autochtone et « corps d’associés » pose un sérieux problème de démocratie et de droit : les élus républicains sont, et se veulent, les représentants du « corps d’associés » et non du peuple autochtone, dont par ailleurs ils ne se privent pas de nier l’existence. Autrement dit, le peuple autochtone ne jouit pas du droit à disposer de lui-même puisque son destin dépend de plus en plus largement d’individus qui n’en font pas partie.
Alors de deux choses l’une : soit le peuple qui habitait la France avant 1789 a été exterminé, véritablement disloqué, et la République doit répondre de ce crime ; soit il ne l’a pas été et alors il faut convenir que ce peuple est aujourd’hui prisonnier d’un « corps d’associés » artificiel et instable qui l’étouffe, le masque et constitue une menace grandissante pour ses libertés et même son existence.
Si notre peuple n’a pas été disloqué, et des millions d’autochtones conscients de leur appartenance sont là pour le prouver, alors la République doit le reconnaître officiellement. Elle doit le reconnaître et le doter d’un statut particulier qui le protège et lui permette de jouir de droits spécifiques en tant que peuple autochtone, sur le modèle de ce qui a déjà été concédé au peuple kanak. La République n’est-elle pas égalitaire ?
Correspondance Polémia, 5/12/2013
Antonin Campana, La Nation Frankenstein/ Un Plaidoyer pour s’en libérer, éd. Oghama (oghama.fr), 150 pages.
Note :
(*) http://www.strategie.gouv.fr/blog/wp-content/uploads/2013/09/Synthese-FR10A-modelerepublicain.pdfhttp://www.polemia.com/la-nation-frankenstein-un-plaidoyer-pour-sen-liberer-de-antonin-campana/
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Paris : Des SDF au coeur du temple de l’art contemporain
Alors que la gentrification galopante du centre de Paris repousse toujours plus loin les classes populaires, et que certains espaces publics comme la gare du Nord sont volontairement aménagés dans le but de chasser les SDF, les sans-abris se mélangent paisiblement aux étudiants et aux chercheurs entre les rayonnages de la bibliothèque publique d’information (BPI).
Ils sont une cinquantaine au moins. Peut-être deux fois plus. Ils viennent au centre Pompidou quasiment tous les jours, comme de nombreux chômeurs ou retraités précaires. Pourquoi ici ? Pour quoi faire ? Reportage au cœur d’un des derniers bastions de la mixité sociale dans la capitale. La pluie tombe à gouttes épaisses sur le pavé parisien. L’humidité redouble les morsures du vent. Je traverse en trottant la place Georges-Pompidou, contourne le musée, m’engouffre sous les tuyauteries multicolores, et prends place dans la petite file qui se forme déjà devant l’entrée de la bibliothèque.
Nous sommes une vingtaine à faire le pied de grue: étudiants, sans-abris, chômeurs… tous regroupés dans l’ombre, pareillement morts de froid. L’horloge indique 11h. Les portes ouvrent à midi. L’attente risque d’être longue. Pas de quoi décourager le premier dans la queue, champion invétéré de la pole position. Lui est arrivé à « 10h07 » pétantes. « Et le week-end, faut carrément arriver à 8h pour rentrer. Y a un monde ! » lâche-t-il en soufflant dans ses paumes pour tenter de les réchauffer.
Baskets brunies par la crasse, jean râpé, manteau sale. L’homme aux cheveux grisonnants porte sur ses vêtements les stigmates de la rue. Pourtant, il ne dort pas dehors, mais dans un foyer Adoma. Il travaille un peu. Pas souvent. Sur des marchés où il transporte des caisses de légumes. Ça rapporte juste assez pour se payer un toit et pas crever la faim.
Acheter de nouvelles fringues, c’est le luxe. Il vient à la BPI « tous les jours depuis six ans », parce qu’il « a besoin de sortir », qu’il ne supporte pas de « rester enfermé » toute la journée au foyer. Son dada : lire des biographies de gangsters. Son héros: Mesrine. Les seules choses qu’il n’aime pas ici, ce sont les gardiens « fainéants » et le café « dégueulasse » de la cafétéria.Au bout d’une demi-heure, je lui serre la main et lui donne mon prénom. J’espère avoir le sien, mais il ne le dit pas. Puisqu’il n’enlève jamais son manteau rouge et noir, je le surnomme *Stendhal.
Tandis que nous discutons, la file grossit à vue d’œil. Les derniers arrivés commencent à faire la queue au-delà des limites prévues par la bibliothèque. Au fil de la journée, 5 500 personnes en moyenne emprunteront le même chemin. Débarque un toxico, titubant et hagard. Je l’appelle *Doudoune à cause de son blouson qui fait deux fois sa taille. Seul à se promener de l’autre côté de la barrière, il erre dans le no man’s land qui s’étend entre ceux qui attendent et l’enceinte de verre.
Il s’approche des étudiants proprets, demande un peu de monnaie, obtient d’un type avec un sandwich de lui laisser la fin. Son butin à la main, le pauvre bougre part d’une démarche traînante se cacher derrière un pilier. Là, à l’abri des regards, il mange une à une les tomates, la salade et les petits bouts de pain, qu’il porte lentement à sa bouche édentée, puis déglutit en réprimant une grimace douloureuse. Je le recroiserai plus tard, dans la cafétéria.
Ni portable ni monnaie à sortir de ses poches
« Et voilà ! 12h01 ! Tous les jours c’est comme ça. Hier, ils ont ouvert avec deux minutes de retard ! » grogne *Stendhal, l’air de se demander où va le monde. L’heure semble être chez lui un grand sujet de préoccupation. Il l’a commentée régulièrement pendant notre discussion, ponctuant nos échanges de son compte à rebours : « Plus que vingt-cinq minutes… Un quart d’heure… cinq minutes s’ils ouvrent à l’heure, mais ça… » Un agent de sécurité vient finalement ouvrir les portes.
Pour me remercier de lui avoir tenu compagnie, *Stendhal m’invite à le rejoindre. « Allez, passe. Je te donne le visa ! » plaisante-t-il en écartant les cordes métalliques qui nous séparent. Je passe derrière lui dans les portes tournantes, en sentant dans mon dos la foule méprisante. Mon nouvel ami passe en un éclair les détecteurs de métaux. Il n’a ni portable ni monnaie à sortir de ses poches. Pendant qu’il va s’asseoir à un poste internet pour regarder des sketches de Bill Cosby, je reste avec l’un des gardes.
Aki travaille à la BPI depuis plus de trois ans. Il connaît parfaitement les SDF qui fréquentent la bibliothèque. « Ce sont toujours les mêmes. Ils sont souvent au premier étage, là où il y a les télés. Ils cherchent de la chaleur, un peu de présence humaine. Ils savent que les gens laissent des restes de nourriture à la cafétéria, donc ils trouvent aussi à manger. »
Pointant l’index vers le salon de lecture du rez-de-chaussée, où s’entassent mangas et bandes-dessinées, l’agent désigne des poufs vert fluo : « Vous voyez ? Ils viennent là, ils s’allongent, et ils dorment. Personne ne vient les déranger ici. » Comme c’est un lieu public et que l’accès est gratuit, tout le monde a le droit d’entrer, ou presque : « Tant qu’ils sont propres et qu’ils sentent pas mauvais, on les laisse. Par contre, on refuse ceux qui sont en état d’ébriété. Ça nous arrive d’intervenir pour des bagarres, du chahut ou des cas de racket. Mais c’est rare. Globalement, ils ne posent pas beaucoup de problèmes. »
« La bibliothèque de Beaubourg constitue un espace de résistance collective sur un principe d’égalité citoyenne. » Serge Paugam
Je prends l’escalator, direction le premier étage. L’espace « TV du monde » et sa dizaine d’écrans vieillots est le coin favori des marginaux de la BPI. Il suffit de compter le nombre de sacs en plastiques au sol pour constater que de nombreux SDF viennent tuer le temps ici. Loin de l’ambiance studieuse du reste du bâtiment, le carré télé prend parfois des allures de cour de récré.
Comme aujourd’hui, avec ce bonhomme qui gesticule dans tous les sens au milieu de ses camarades. Je l’observe se lever, aller à l’oreille d’une personne, s’esclaffer en faisant des moulinets avec les bras, puis repartir s’asseoir. Il répète ce manège pendant cinq bonnes minutes avant que je me décide à aller le voir. Je prends place à côté de lui, et lui montre la télé devant laquelle nous sommes assis. Une pancarte est accrochée sur l’écran : « hors-service ». Devant mon air perplexe, il gargouille dans un mélange de français, d’italien, et d’espagnol : « C’est ouna tévé espécial ! »
Puis il mime le bruit d’un avion, s’agrippe tout à coup à un volant imaginaire comme s’il se retrouvait au milieu d’une course-poursuite, et se trémousse sur sa chaise en émettant des borborygmes loufoques. Quand il se tourne vers moi, il éclate de rire, très content de sa blague. Je rentre dans son jeu.
On communique tant bien que mal, dans un sabir mélangeant toutes les langues qui nous passent par la tête. J’arrive tout de même à comprendre qu’il a bossé dans le bâtiment quand il était plus jeune, qu’il est maintenant retraité et n’a pas de papier. Il ajoute être venu en France à bord d’un sous-marin. Mais son sourire me dit qu’il me mène en bateau. Puisqu’il faut lui trouver un nom, ce sera *Zavatta.
Les 400 coups
« Hé, tu joues au tiercé ? », me lance-t-il sans prévenir. Je lui réponds que non. À nouveau il se marre, et se met à héler tous les gens de l’espace télé en braillant : « Il joue pas au tiercééé ! Il joue pas au tiercééé ! » Tout le monde me regarde. *Zavatta est debout, il me montre du doigt. Arrive une documentaliste avec un air sévère. Le trublion est prié de faire moins de bruit. Je profite de la diversion pour trouver une nouvelle place.
J’atterris à côté d’Abdel, qui connaît bien le clown : « C’est un type simple. On le voit pas souvent. Mais quand il vient, il parle toujours à tout le monde. C’est bien, ça met un peu d’ambiance. » Abdel est un habitué. Il fréquente la bibliothèque depuis son adolescence. Après avoir fait les 400 coups ici avec ses potes, il y a trouvé refuge quand il était SDF.
C’était il y a longtemps, mais la bibliothèque reste une source de réconfort pour lui, maintenant qu’il est au chômage. Comme *Stendhal, il préfère passer ses journées à la BPI plutôt que d’être seul à la maison. « Ça me change les idées, ça m’aère un peu l’esprit », dit-il en embrassant du regard ses compagnons assoupis.
Changement de décor. Dans la cafétéria, *Doudoune inspecte les tables dans l’espoir de trouver des miettes de biscuits. Ses yeux fouillent le sol à la recherche de l’éclat d’une pièce de monnaie tombée à côté des distributeurs. Quand il a assez d’argent, il s’achète un Fanta. Entre chacune de ses rondes, *Doudoune parle dans le vide. Mes tentatives pour l’amadouer avec un café ou une clope ne prennent pas sur lui. Trop sauvage. Mais elles me valent de faire la connaissance de Jean, un vieil homme au crâne dégarni et à la barbe épaisse.
Il le dit sans détour : « Je suis un SDF. Je dors sur le trottoir. » Bien qu’il n’en soit pas fier, il n’en a pas honte non plus. Bientôt sexagénaire, Jean est à la rue depuis presque cinq ans. Cet ancien employé des postes a accepté de quitter son travail contre une prime de départ. Quand sa petite retraite n’a plus suffit à payer le loyer, il s’est retrouvé sans abris. Sa demande de logement social a selon lui peu de chances d’aboutir : « Je suis au bout de la liste. La priorité est donnée aux familles avec enfants, puis aux couples, et enfin aux personnes handicapées. Alors quand on est célibataire et qu’on a la santé… »
Une quinte de toux secoue son corps malingre. Pour se maintenir à flot, Jean investit son énergie dans une association. Il est directeur d’une bagagerie dans le centre de Paris. Réservée aux SDF, elle propose des casiers à ceux qui veulent y laisser leurs affaires : « La nuit, il ne vaut mieux pas garder ses papiers importants sur soi. On risque de se les faire voler. Et puis c’est plus facile de se déplacer sans avoir à traîner ses sacs. » Fidèle à ce principe, Jean voyage léger. Son sac de sport fatigué contient le casse-croûte, des stylos et un carnet. Rien d’autre.
« Saviez-vous que l’Inde compte 300 000 avocats ? »
Ses activités de directeur lui laissant du temps libre, Jean vient « quatre à cinq fois par semaine » à la bibliothèque. Il commence souvent la journée par la lecture de la presse. Les journaux lui permettent de rester au contact de la réalité, de se sentir partie prenante du monde : « Autrement, on a vite fait de décrocher. » Il aime également regarder des films au deuxième étage, mais se plaint de « tout connaître par cœur ». « Ils pourraient renouveler leur stock plus souvent », note-t-il avec une pointe de reproche. Enfin, plusieurs heures par jour, Jean utilise les postes d’autoformation qui se trouvent au premier étage pour apprendre à manier Excel. Notre café terminé, chacun retourne à ses occupations.
« Il faut faire attention quand on manipule les lettres, parce qu’un jour, leur ayant droit naturel viendra réclamer son dû, flanqué d’un bataillon de juristes indiens. »
Sur une table où sont alignés plusieurs ordinateurs, un type en veste et bonnet beiges copie-colle compulsivement des phrases dans un document Word. Ses yeux écarquillés semblent vouloir absorber le flot d’informations qui défile à l’écran. D’un ton docte et pénétré, il explique effectuer des recherches sur l’ADN. Il parle « processus biochimique », « chaîne protéique », « enzymes » et « liaison amide ». De ses longs ongles jaunis, il peigne sa barbe hirsute tout en administrant sa leçon pseudo-scientifique.
Le *Savant passe du coq à l’âne, jongle simultanément avec toutes les idées qui lui traversent l’esprit. Sa maison est bourrée d’écrans tactiles. Bientôt il publiera un livre sur la philatélie. « Saviez-vous que l’Inde compte 300 000 avocats ? Il faut faire attention quand on manipule les lettres, parce qu’un jour, leur ayant droit naturel viendra réclamer son dû, flanqué d’un bataillon de juristes indiens, et il vaudra mieux ne pas être dans les parages quand cela arrivera. »
Les mots se dressent entre nous comme un écran de fumée. Impossible de voir qui se cache derrière. Protégé par une carapace mythomane, le *Savant parle de tout sauf de lui. La conversation tourne court lorsqu’il me quitte brusquement au milieu d’une phrase.
Gare du Nord : terminus pour les SDF
Si la BPI offre l’un des derniers refuges des clochards parisiens, c’est que le mobilier urbain dissuasif a peu à peu gagné chaque centimètre carré de l’espace public. L’agencement de la gare du Nord témoigne de cette politique de l’inconfort urbain. Ouvert à tous, mais « à certains plus qu’à d’autres », dirait Orwell, l’espace public n’est pas un choix mais une réalité imposée pour les clochards qui arpentent encore le lino glacé de la gare.
Et ce, en plein cœur de ce temple de la mobilité. Gare du nord, lieu de passage, début ou fin d’un voyage. Tout en son ventre incite à circuler : impossible de se coucher sur ces bancs entravés par des barres de fer ; pas de repos possible non plus sur le parvis, où des piques hérissent chaque recoin et empêchent les SDF de venir s’y blottir ; on ne peut poser son fessier plus de cinq minutes sur les barrières, toutes trop inconfortables ; et 504 caméras de vidéosurveillance pèsent d’un œil inquisiteur sur celui qui rêverait de solitude apaisante.
Certains trouvent alors des parades dérisoires. Comme cette vieille dame qui chaque jour fait la manche assise sur sa propre chaise en plastique, dans le couloir du métro. Pour ceux qu’on appelle « les toxicos », qui vivent dans la rue à quelques encablures de là, les toilettes de la gare étaient autrefois « un haut-lieu de la piquouze » aux dires de Natacha, agent de la sûreté SNCF. Depuis qu’ils sont devenus payants, 70 centimes le passage sur le trône, la dame pipi assure qu’elle trouve « beaucoup moins de seringues à la fin de la journée ».
Toute cette froideur urbaine glace peu à peu les habitants marginaux de la gare. Depuis une vingtaine d’années, la SNCF a développé un plan de « lutte contre l’errance » dans 80 gares en France. Des travailleurs sociaux sont chargés de réorienter les personnes à la rue vers des lieux où dormir pour la nuit. Sophie, agent commercial, est passée des files de clients aux gens à la rue en intégrant le service « Solidarités » de la SNCF. Mais pour la solidarité, on repassera.
Chaque soir, elle arpente les rames assoupies et propose aux clochards de les accompagner jusqu’aux centres d’hébergements les plus proches. « Enfin ça, c’est quand il y a de la place », soupire-t-elle. Parce qu’ils sont encore nombreux à rester à quai chaque soir gare du Nord.
Otis Redding, Aretha Franklin et le King
Avant de repartir, il me reste un dernier endroit à aller visiter. Le deuxième étage de la BPI abrite lui aussi un haut-lieu de ralliement pour les SDF, connu sous le nom d’ « espace musique ». Préposé au guichet Économie, Aleksander analyse : « Cet espace attire essentiellement un public précaire. De nos jours, on trouve la musique partout gratuitement, alors pourquoi venir l’écouter à la bibliothèque ? Seuls les gens qui n’ont pas d’ordinateur et pas d’internet vont là-bas. »
En chemin, j’aperçois un immigré albanais qui recharge son téléphone à côté des escalators. Tête posée sur son sac à dos, il lit tranquillement ses textos, sans payer attention au mouvement incessant des gens qui vont et viennent.
Le coin musique est séparé physiquement du reste de l’étage par de hautes vitrines, contrairement à celui des télévisions. Des silhouettes avachies se dessinent entre les autocollants qui décorent les parois. Casques sur les oreilles, les SDF se laissent bercer par les mélodies stockées sur les serveurs de la bibliothèque. Sophie tient le guichet.
Parmi les auditeurs, elle observe « les mêmes profils chez les personnes précaires que chez le reste du public : les érudits et ceux qui viennent sans trop savoir ce qu’ils cherchent. » Parmi les premiers, elle connait un clochard qui vient ici depuis dix ans pour écouter exclusivement du rock. « C’est merveilleux de le voir passer en revue les pochettes de CD. Il te dit : ce groupe, je l’ai vu en 96, celui là en 98. Il connait tout. Il a tout vu », piaffe-t-elle.
Au bout d’une rangée de cabines, une vieille connaissance fait son apparition. *Stendhal monte ici pour se rincer les oreilles à grands renforts de soul. Il écoute du Otis Redding, des chansons d’Aretha Franklin. Dans un autre registre, il voue un culte sans borne au King Elvis. Alors quand les hauts-parleurs grésillants se mettent à diffuser l’annonce de la fermeture imminente de la bibliothèque, *Stendhal ne cache pas sa déception. Jetant un coup d’œil à l’horloge, il bougonne : « Ahhh, ça ! Quand il s’agit de fermer, ils sont toujours à l’heure ! »
* Les noms marqués d’une astérisque sont des surnoms inventés
Notes
- Les sociologues Serge Paugam et Camila Giorgetti ont publié en début d’année une enquête sur le public pauvre de la BPI ;
- dans Paris sans le peuple, Anne Clerval analyse les effets de la gentrification sur la géographie sociale de la capitale ;
- les habitués de la BPI sont célèbres. Jean-Michel Cretin leur a consacré un documentaire et un livre. Marion Guénard a réalisé quelques portraits d’eux pour France Culture.
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La Manif Pour Tous ne peut survivre qu'en devenant un authentique lobby
Le bruit court que Nicolas Sarkozy veut créer un nouveau parti, pour se passer de l'UMP. Réaction de Guillaume Bernard :
"Alors que Charles de Gaulle avait espéré la Ve République comme un régime où le jeu des partis serait restreint par les institutions, l’élection du président de la République au suffrage universel direct leur a rendu un rôle déterminant : la sélection d’un candidat présidentiable et l’investiture des candidats aux législatives chargés de former la majorité parlementaire soutenant le gouvernement désigné par le chef de l’État. Les partis politiques sont donc devenus des écuries présidentielles. Il est donc assez probable que si Nicolas Sarkozy se lance dans la création d’un parti politique, ce sera pour porter sa candidature à la prochaine élection présidentielle. [...]
S'agirait-il d'un parti réellement nouveau avec une offre politique différente ou d'un mouvement plus large essentiellement destiné à faire oublier l'image écornée de l'UMP ?
Étant donné que l’UMP ne semble pas profiter de la baisse de popularité de l’éxécutif socialiste, les deux objectifs ne sont pas contradictoires ; ils convergent : renouveler, à la fois, l’offre électorale et l’image personnelle de l’ancien président de la République.
Il est certain qu’il y a une aspiration dans l’opinion publique d’un renouvellement politique. Mais, s’il lance vraiment son parti politique, Nicolas Sarkozy sera confronté à un certain nombre d’embûches. L’une d’entre elles n’est pas mineure : il devra trouver le moyen de faire oublier à une partie de son électorat la déception qu’il a suscitée en raison du décalage entre son discours de 2007 (ou du moins la manière dont il a été perçu car il a, en fait, toujours défendu l’idée du multiculturalisme dans son positionnement sur l’identité nationale) et l’orientation de sa politique pendant son quinquennat. Une partie de ses électeurs sont partis au FN au premier tour de la dernière présidentielle et il n’est pas certain qu’ils reviennent pour la prochaine. S’ils l’ont fait au second tour de 2012, c’était moins par enthousiasme que par opposition à François Hollande.
De manière générale, c’est la question du positionnement de ce parti et de Nicolas Sarkozy sur l’échiquier politique qui est en jeu. Tout le monde l’attend sur des positions « droitistes », celles de ses campagnes présidentielles. Et il est tout à fait possible qu’il en soit ainsi ne serait-ce que pour assurer une certaine cohérence de son image. Mais, cela n’est pas totalement certain. Car, si la « droite forte » s’occupe effectivement de ratisser à droite pour lui, un positionnement plus central (au sein de la droite) permettrait deux choses : d’une part, ne pas aller directement à la confrontation avec le FN qui est en cours de renforcement (l’objectif d’à peu près tous les partis est d’affronter le candidat du FN au second tour et au non au premier) et, d’autre part, occuper un créneau empêchant d’autres candidatures qui pourraient parasiter la sienne (notamment celle de son ancien Premier ministre). Il ne s’agit naturellement, là, que d’une hypothèse. Cela dit, le fait que Nicolas Sarkozy apporte son soutien à Nathalie Kosciusko-Morizet qui, c’est un euphémisme, est peu appréciée par le clan le plus droitier de l’UMP, pourrait corroborer cette interprétation. [...]
La crédibilité de ce nouveau parti dépendra, effectivement, de sa capacité à renouveler les visages de la politique. Il sera difficile de faire croire à du neuf en reprenant uniquement les mêmes personnes. Il faudra que l’ancien chef de l’État trouve de nouvelles têtes capables de renouveler la forme et le fond du discours.
Sans doute pourra-t-il fédérer un certain nombre de groupes déjà existants qui se sont sentis écrasés dans l’UMP (le PCD ?) ou qui n’ont pas réussi à trouver une place claire dans l’alliance UDI-MoDem (le CNI ?). Sans doute essayera-t-il aussi de récupérer les scories du MPF qui, si Philippe de Villiers ne faisait pas de retour en politique, ne semble pas avoir vraiment d’avenir. Mais, sans offense, il faut bien le dire, cela ne représente pas grand chose. Ce sont des appoints intéressants pour gagner une grande bataille politique, mais ce n’est pas le gros des troupes militantes ni des électeurs. C’est surtout de la « droite forte » et, peut-être, de la « droite populaire », deux courants internes à l’UMP, que Nicolas Sarkozy peut sans doute attendre le plus fort soutien.
Pour d’autres organisations non partisanes, c’est plus compliqué. Vous évoquez le cas de « La Manif Pour Tous ». Or, si celle-ci devait se rallier à un parti (quel qu’il soit d’ailleurs), elle perdrait l’essentiel de sa crédibilité (il est vrai que, depuis la fin des grandes manifestations, ses objectifs et modes d’action ne sont pas très clairement définis). Ce qui a fait la force de « La Manif Pour Tous », c’est qu’elle a su rassembler des personnes aux appartenances partisanes diverses qui ont mis leurs différences de côté pour, ensemble, interpeler et agir sur l’ensemble de la classe politique. Etant une organisation monothématique, « La Manif Pour Tous » ne peut survivre (mais elle peut aussi grandir) qu’en devenant un authentique lobby : par exemple, en constituant des réseaux, faire élire (ou faire battre) des candidats de différents partis en fonction des engagements pris ou refusés voire reniés. Si elle devait se transformer en une officine fournissant des candidats (dont l’objectif sera d’être élus, puis réélus…) à un parti politique, ce serait le signe qu’elle a perdu son âme (et que les efforts en temps et en argent de milliers de familles n’aura servi qu’à faire la carrière de quelques uns) : au lieu de ne rien lâcher (selon son propre slogan), elle aurait tout gâché !
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Au Pérou, la jeunesse défend le vrai mariage !
En réponse à une campagne intitulée «Couples imaginaires», dans lequel des hétérosexuels célèbres sont dépeints comme des duos homosexuels afin de promouvoir le « mariage » homosexuel, un groupe de jeunes Péruviens anonymes a lancé sa propre campagne de promotion du vrai mariage sur Facebook, campagne intitulée « Les vrais amoureux. »
La campagne sur Facebook, lancée le 25 novembre, a déjà rassemblé des dizaines de milliers de « j’aime ».
« Au Pérou, le vrai mariage n’est qu’entre un homme et une femme, et nous sommes de plus en plus nombreux à le défendre. Le nombre croissant de sympathisants qui nous envoient leur photo le démontre », a déclaré l’un des administrateurs de cette page Facebook.
Pour envoyer votre photo et joindre la campagne, visitez le page Facebook .
http://medias-presse.info/au-perou-la-jeunesse-defend-le-vrai-mariage/3505
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La jeunesse ne marche pas pour la République
Lu ici :
"Des organisations de jeunesse de gauche et du centre ainsi qu'une organisation de jeunes gaullistes sociaux appelaient à une "marche des Républicains" ce dimanche 8 décembre. Une initiative "transpartisane" qui n'a pas rassemblé les foules. (...) Selon Libération.fr, un à deux milliers de personnes ont défilé. Sur Twitter, un journaliste assistant à la marche a estimé qu'entre 400 et 500 personnes ont participé au défilé."