Ce sont des jeunes gens incorrects : racistes, violents, semeurs de troubles. En 24 heures ils ont fait parler deux fois d’eux, poignardant à Barcelone, quant à la profanation d’un cimetière dans le Nord de la France. Présents internationalement, mais en faible nombre, les skinheads paraissent tant à la marge que l’on ne prend guère la peine de chercher à savoir qui ils sont et pourquoi… Ils ont pourtant une histoire, comme eux foutraque en diable. Si on prend la peine de la comprendre, on saura qu’elle éclaire non seulement un phénomène sociologique marginal moins simpliste qu’il n’y paraissait, mais aussi qu’elle est un révélateur des transformations sociales de ces dernières décennies.
Une jeunesse prolétaire et du folklore nazi
Le phénomène skinhead provient des banlieues ouvrières anglaises de la fin des années 1960. Les premiers skins surgissent des Mods, un mouvement de jeunesse totalement apolitique, avide de rythm n’ blues, soul music et de scooters vespa garnis de rétroviseurs. Ces premiers skins portent fièrement des vêtements alors usuels. Ils peuvent faire le coup de poing contre des groupes de Pakistanais, mais il s’agit de violences de bandes, non d’actes politiques, de même que leur agitation autour des stades de football correspond simplement à une tradition du lumpenprolétariat anglais, radicalisée depuis les années 1950 mais remontant au début du siècle.
Atone durant quelques années, le mouvement skinhead trouve une nouvelle génération en 1977, en réaction au punk. Cela mène le National Front, parti raciste en plein déclin électoral, à s’orienter vers celui-ci en même temps qu’il se met à prospecter la mouvance hooligan. La scène musicale skin se structure avec sa nouvelle musique (variante du punk, la « Oï », selon un mot formé par la contraction de « Hey, you ! », pour peu que l’on ait l’accent cockney). Apparu en Angleterre en 1982, en réaction au mouvement Rock Against Fascism, le Rock Against Communism (R.A.C.) est une courroie de transmission du National Front au sein de la jeunesse skinhead, lancée par Ian Stuart, le leader du groupe oï Skrewdriver, tous deux mythiques chez les skinheads européens. Le mouvement s’autostructure ensuite en faisant scission (1985) du White Noise Club lancé par le National Front pour créer Blood and Honour, qui reprend dans son intitulé une devise nazie. La structure en appelle à l’unité des skins et est proche de "l’internationale" skinhead Combat 18. Cette dernière représente bien l’univers skin. Son logotype est la Totenkopf S.S., le fameux crâne des S.S. en charge des camps de concentration, et « 18 » fait référence aux première et huitième lettres de l’alphabet pour « A.H. », c’est-à-dire « Adolf Hitler ». Blood and Honour n’est pas un mouvement internationalement structuré mais une sorte de chaîne de franchises.
L’importation du phénomène en France
De son émergence en France (1979-1980) jusque vers 1984, la scène skin française est de forme apolitique. En 1984, est fondé le groupe de Oï Légion 88 (soit « H.H » pour « Heil Hitler ») qui se donne explicitement pour objectif de politiser les skinheads à l’extrême droite. En 1985, se crée le premier « skinzine » (fanzine skinhead) politisé, Bras tendu. C’est aussi l’année où le groupe Evilskins signe l’un des plus grands tubes skins dont les paroles sont un summum de provocation (« Le Führer est de retour / On va rallumer les fours / Dérouler le barbelé / Et préparer le Zyklon B »), et d’autres titres du même acabit (« Les communistes, il faut les tuer / Dans la rue, les rattraper, les crucifier / ils n’auront pas le temps de dire une phrase / Ils se retrouveront tous dans la chambre à gaz »).
Deux ans plus tard, Gaël Bodilis, ouvrier à l’Arsenal de Brest, fonde le label de R…A.C. Rebelles Européens, d’obédience néo-nazie, qui devient rapidement le second label de musique skinhead d’Europe. Il milite au Front National de la Jeunesse, au groupuscule néo-fasciste Troisième Voie, puis se lie au très néo-nazi Parti Nationaliste Français et Européen (le logotype devient alors la Totenkopf), témoignant de manière révélatrice de la difficulté de la scène skinhead française à se stabiliser dans une structure politique. C’est en effet une clientèle nouvelle pour l’extrême droite juvénile, structurée jusque là par des enfants de la bourgeoisie.
Ici les mœurs sont plus agitées. Ainsi le suivi des concerts peut-il amener à des « bastons » d’anthologie, telle celle qui se déroule à Argelès-sur-Mer à la fin des années 1980. Dans la station balnéaire, une troupe de skinheads effectue une "descente", batte de base-ball à la main, qui les mène à l’affrontement avec quelques dizaines d’autres jeunes, des Maghrébins et des antifascistes. La bagarre est violente, des coups de feu impactent les murs, et l’événement crée localement une extrême tension. 17 skinheads sont interpellés, tous militants de Troisième Voie, tous passés les jours précédents par un camp d’été musclé avec entraînement à balles réelles. Les nationalistes partent ensuite pour LLoret del Mar pour un rassemblement européen de skinheads où doivent avoir lieu aussi bien des échanges politiques que des concerts, Evilskins étant présent. Suite à la rixe d’Argelès, les autorités espagnoles interdisent l’événement, mais celui-ci se déplace à Barcelone, ce qui donne lieu à des affrontements avec des punks locaux…
L’impossible organisation politique
La mouvance skinhead est très rapidement devenue un enjeu pour l’extrême droite française : comment l’utiliser sans en souffrir médiatiquement ? Pour user d’une mouvance il faut encore que celle-ci s’auto-organise un tant soit peu, ce qui n’est guère du goût des skinheads. L’une des rares figures à avoir émerger est Serge Ayoub alias « Batskin » (qui ne provient nullement du prolétariat). Outre le talent de gérer des troupes turbulentes il sait s’exprimer médiatiquement, est un temps un habitué des mass media, des talk-shows télévisés (débattant ainsi chez Christophe Dechavanne). Il dispose d’une troupe de fidèles, liée à Evilskins. Il parvient à inscrire l’agitation skin dans une perspective historique et politique, en mettant en avant des parallèles entre skinheads et Section d’Assaut du parti nazi. Ces hommes font alors aussi des service d’ordre pour le F.N. Ce dernier propose même aux élections municipales de 1995 une tête de liste à Serge Ayoub. Celui-ci la refuse en protestant que le service d’ordre frontiste a collaboré avec la police pour l’arrestation des skins ayant tué Brahim Bouarram en marge d’un défilé du premier mai.
Cependant, la violence n’est plus un instrument de construction du politique comme dans l’entre-deux-guerres. Après des "ratonnades de masse" réalisées par des skinheads à Rouen et à Brest, les skinheads sont politiquement isolés tant même les groupuscules de l’extrême droite radicale craignent leurs débordements. L’isolement et la répression (forte après des meurtres racistes commis en 1988 et 1995) ont mené nombre de skinheads a raccroché les Docs, d’autres préfèrent passer au hooliganisme. « Batskin » lui-même disparaît de la scène. Il n’est réapparu que récemment, partageant la tribune de l’université d’été d’Egalité et Réconciliation, groupe mené par Alain Soral, écrivain jadis communiste devenu proche de Marine Le Pen, en compagnie de l’ex-humoriste Dieudonné et du néo-fasciste Christian Bouchet.
Les thèmes idéologiques centraux apparus dans la mouvance skin sont la guerre ethnique à mener et la dénonciation d’un complot juif mondial de métissage des races Malgré le poids du néo-nazisme folklorique, c’est une nouvelle culture de jeunesse qui s’élabore, avec des rituels et un a-dogmatisme qui ne sont pas le décalque, loin s’en faut, des formations de jeunesses fascistes de la première moitié du XXe siècle, dans un flux caractéristique de la mondialisation culturelle.
Quelles que soient leurs références à des régimes totalitaires, il est patent que les skinheads valorisent bien plus le désordre que l’ordre. Ces éléments sociologiques, fruits d’un mouvement de jeunes prolétaires en rupture, dont la référence nazie est d’abord plus provocatrice que construite, se cristallisent en grande part grâce à l’apport du néo-nazisme américain.
La greffe américaine
Dans les années 1950, le néo-nazi National Renaissance Party voit dans le gouvernement des Etats Unis un simulacre dissimulant un pouvoir « sioniste ». Moins que de l’Amérique, il parle de l’émergence d’une conscience raciale blanche et réclame l’alliance des USA avec l’URSS, le monde arabe et des alliances régionales avec les pays de l’ancien Axe. Le nazisme est également modernisé par des emprunts faits au satanisme et à l’ésotérisme.
Dans les années 1970 non seulement le lien s’intensifie avec le satanisme (entre autres de par l’impact de la personnalité de Charles Manson, le célèbre gourou criminel), mais il cherche à se tisser avec tous les bouillonnements alors connus par la société américaine, qu’ils soient conservateurs ou révolutionnaires. En 1968, le candidat raciste à l’élection présidentielle George Wallace a obtenu 13,5% des voix, le plus fort score d’un candidat indépendant depuis 44 ans. Les jeunes qui le soutiennent forment la très radicale National Alliance. En 1969, les néo-nazis déclarés que sont Joseph Tommasi et William Pierce fondent le National Socialist Liberation Front dans l’espoir de fusionner un néo-nazisme mystique avec la contre-culture et opérer la jonction avec les révolutionnaires de gauche (Tommasi a été d’ailleurs exclu du National Socialist White People’s Party pour frasques sexuelles et consommation de marijuana dans le siège du parti). En 1971, Pierce prend la tête de la National Alliance. Il entretient des liens avec les groupes néo-nazis anglais qui vont travailler le milieu skinhead. Il est conscient de cette nécessité de présenter la politique autrement. Il est en 1978 l’auteur du best seller mondial dans la mouvance nazie : les Turner’s diaries.
L’ouvrage narre la lutte finale des races avec le soulèvement des suprémacistes blancs contre le pouvoir sioniste. On y trouve force détails sur l’art de créer une bombe (dont la recette utilisée par un militant d’extrême droite dans l’attentat d’Oklahoma City en 1995) et force fantasmes sur le fait d’en lancer de nucléaires, chimiques ou bactériologiques sur les populations non aryennes. La fin voit le héros mourir dans un attentat nucléaire contre le Pentagone. Le livre exalte internationalement l’imagination des skinheads, tant il donne une toute autre perspective que celle de la simple rixe raciste. Adeptes de l’ouvrage, de jeunes militants de la National Alliance passent au terrorisme en créant The Order en 1983. L’un des leurs, David Lane invente « la phrase de 14 mots », appelée à être traduite et adoptée par les divers skinheads européens : « Nous devons assurer l’existence de notre race et un futur pour les enfants blancs » (David Lane purge actuellement une peine de 150 ans de prison pour meurtre).
Au niveau musical, c’est le groupe RAHOWA (pour « Racial Holy War ») qui retient l’attention. En 1994, il crée sa maison de disque, Resistance records, dont la production est exportée dans toute l’Europe, et un journal, Resistance, qui est à l’origine de l’essor de l’acronyme Z.O.G. (Zionist Occupation Government), entité face à laquelle il appelle au passage au terrorisme, s’inspirant pour cela des Turner’s diaries. Le label est finalement rachetée par la National Alliance qui le redirige vers le Black Metal, mais c’est toujours la même visée qui est à l’œuvre. Resistance a en effet eu pour originalité de renouveler l’approche du rapport musique-politique en arguant que la première devait amener des personnes a priori non racistes à s’engager politiquement auprès de la mouvance, et non seulement consolider des convictions d’auditeurs déjà conquis.
L’influence néo-nazie étasunienne en France
En 1993, par le biais d’Hervé Guttuso, skinhead de Troisième Voie qui a rejoint le P.N.F.E., Resistance et son label intègrent le paysage nationaliste français, tandis que les thématiques et vocabulaires étasuniens se diffusent amplement via le net. Tout en étant lié, comme The Order, à Combat 18, Guttuso crée un skinzine et un label (88 Diffusion), chargés de dénoncer Z.O.G. et de promouvoir les « 14 mots ». Il met en place la section française du mouvement américain Hammer Skins (né en 1986 à Dallas), qui souhaite fédérer mondialement la mouvance skinhead, sous le nom de Charlemagne Hammer Skins (en référence à la division S.S. française baptisée Charlemagne). Il publie le skinzine Terreur d’élite en tant qu’organe officiel des C.H.S., dénonçant le Front National comme « le dernier bastion de la juiverie française », titrant « Mort à ZOG ! » , etc. Il crée ensuite Wotan (Will of the Aryan Nations) mais est arrêté fin 1997 pour des menaces de mort adressées à des personnalités juives. Quelques semaines après, les polices anglaises et françaises effectuent un coup de filet dans les Hammers skins, ceux-ci s’étant fait remarquer entre autres par la mise en-ligne du mode de création de bombes et par des profanations de sépultures.
L’intrusion des contre-culture sataniste ou mixant ésotérisme et nazisme folklorique ont mené au développement de ce phénomène. Il frappe les imaginaires. En France la profanation du cimetière de Carpentras, réalisée par des skinheads du P.N.F.E. est suivie d’une manifestation rassemblant près d’un million de personnes dont le Président de la République ; elle donne lieu à des années de rumeurs complotistes qui sont autant de vecteurs de diffusion de la vision du monde extrême droitière. Des jeunes gens membres des C.H.S. et liés au milieu Black Metal ont ainsi été interpellés pour profanations de tombe et de cadavre en juillet 1996. Au cimetière de Toulon, ils avaient déterré le corps d’une femme et lui avait planté un crucifix dans le thorax après lui avoir défoncé le crâne, provoquant un vif émoi dans l’opinion publique. Néo-nazisme, Black Metal et satanisme : on est là dans un signe extrêmement net de l’influence montante de l’extrême droite américaine dans les années 1990.
Les Turner’s diaries sont également fort lus en France. L’ouvrage a certes été interdit le 29 octobre 1999 par arrêté du ministère de l’Intérieur le considérant « de nature à causer des troubles à l’ordre public en raison de l’apologie du racisme, de l’antisémitisme et du recours à la violence qu’elle fait ». Toutefois, ce qui a fait du livre un succès mondial de l’activisme raciste, c’est la mise à disposition on-line de versions traduites, et cela vaut aussi pour la France. L’ouvrage finit d’ailleurs par être édité en 2003 par l’un des dirigeants du parti alors animé par Bruno Mégret, passant outre et sans dommage l’interdiction.
Paradoxalement, l’influence américaine ressort également dans la naissance d’une évolution du R.A.C. visant à le sortir du ghetto naziskin. C’est le groupe Fraction (d’abord nommé Fraction Hexagone, intitulé abandonné pour cause de promotion d’une Europe des régions démembrant les Etats-Nations) qui est emblématique de cette évolution et y a en grande part contribué. A l’origine, Fraction s’adonne à la Oï, mais évolue concomitamment vers le hard-core et vers une redéfinition du sigle R.A.C., devenant « Rock Against Capitalism ». Les paroles des chansons ont pour thèmes l’Europe, le Chiapas, l’anticapitalisme, le refus de l’esprit bourgeois, le négationnisme, l’écologie radicale, le combat contre « l’impérialisme américano-sioniste ». Dans une scène skinhead où le néo-nazisme et la Oï sont monopolistiques, le pari est provocateur et audacieux. Il s’agit de s’adresser à la mouvance skin pour lui proposer une idéologie plus élaborée que la sienne.
Le groupe participe au lancement de la scène du « Rock Identitaire Français » (le terme apparaît en 1997), un mot qui est un faux-ami puisque le R.I.F. recouvre la totalité des genres musicaux, n’ayant peur ni du rap ni de la techno. L’objectif affiché du R.I.F., loin de la provocation du R.A.C., est d’amener de nouvelles personnes aux idées nationalistes, devant être à l’extrême droite ce que des groupes comme les Béruriers noirs ou Zebda sont à l’extrême gauche. Le R.I.F. est, en ce sens, aussi un moyen d’ouvrir l’esprit des jeunes radicaux à la réalité sociale qui les entoure, et à les sortir eux-mêmes du "ghetto" où ils tendent à s’installer. Bref, l’influence des tactiques de Resistance records est manifeste mais elle s’exprime pour et par une idéologie qui vise cette fois à sortir la mouvance radicale des références provocatrices nazifiantes.
Est-ce à dire que les skins sont entrés en politique ? Pas exactement, ce n’est qu’une fraction d’entre eux, mais celle qui a supportée la répression des années 1990, qui s’est soudée de bagarres en garde à vues, fournit dorénavant des cadres politiques à l’extrême droite. Fabrice Robert ainsi, animateur de Fraction, s’est considérablement investi pour organiser la jeunesse radicale de droite et est aujourd’hui, avec entre autres Philippe Vardon (chanteur de Fraction), à la tête de la mouvance des Identitaires.
Bilan et perspective
Le skinhead d’extrême droite se distingue par quelques caractéristiques générales : a) le racisme ; b) la conscience prolétarienne ; c) l’aversion pour l’organisation, délaissée au profit d’un fonctionnement en bandes ; d) une formation idéologique entamée par ou reposant sur la musique. Il n’est pas obligatoirement néo-nazi, mais le néo-nazisme est hégémonique dans les groupes skins. Il n’est pas forcément physiquement violent, mais il participe à un groupe qui loue la violence et la pratique. Son engagement est d’abord affectif, d’où parfois des passages de la zone naziskin aux groupes skin antifascistes selon les circonstances, les amitiés, etc.
Le mouvement skinhead est, dans l’ère post-industrielle, le seul réel mouvement prolétarien d’extrême droite et une rarissime structuration internationale du politique par le biais d’entreprises (maisons de disques, réseaux de distribution) et du secteur non-marchand (les skinzines). Non seulement, il est un des rares lieux où l’extrême droite parvient à créer un discours de contestation sociale sans avoir à emprunter à la rhétorique de gauche, mais encore il est son unique cas de réussite de diffusion de ses schèmes en la matière : l’accoutrement skinhead est en effet devenu un symbole d’auto-marginalisation répandu jusqu’à l’ultra-gauche et, phénomène signifiant s’il en est dans les démocraties de marché de la fin du XXe siècle, a fini par être à peu prêt totalement récupéré et dépolitisé par la société marchande.
Ces jeunes prolétaires ne se tournent ni vers la gauche, selon eux plus encline à défendre le « délinquant immigré » que « le petit blanc travailleur », ni vers la droite, dont le conservatisme n’a rien à voir avec leurs propre mentalité et mode de vie. Pour eux, « le système » a laissé tombé les petites gens et la bande constitue une contre-société de plaisir et de solidarité. Leur provocation nazifiante est aussi une forme de réponse à une sacralisation de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, appelée en rescousse pour tout et n’importe quoi (du débat lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen à la légitimation de chaque guerre menée). En somme, derrière leur violence, se posent de vraies questions. La moindre n’est pas l’hypocrisie qui entoure parfois leurs activités.
A l’Est, le phénomène skinhead est parvenu avec la déstabilisation totale de la classe ouvrière induite par le passage au capitalisme. La violence raciste qui a marqué l’actualité intérieure russe depuis 2001 rencontre des aspirations populaires : 58% des sondés russes estimaient en 2002 que les skinheads faisaient le "sale boulot" en lieu et place des forces étatiques. En Allemagne, les violences racistes de Rostock se firent durant la fin août 1992 sous des applaudissements des voisins, et avec la bienveillante neutralité des forces de répression. Aux côtés des skinheads, ce sont des citoyens ordinaires qui lynchent alors les travailleurs immigrés, tout ce petit monde agissant sous les applaudissements des passants…
En chaque pays, le « White Power » démontre que lors de l’abandon de franges entières de la population à la pure violence économique, en l’absence d’un mouvement social apte à arracher une amélioration des conditions de vie, c’est la rationalisation raciale qui prend le dessus et la violence raciste qui se déploie.
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