Henri Hude sur Liberté politique, 2e partie :
"La théorie postmoderne de la justice (celle de John Rawls) postule que la décision juste est celle que prendrait un individu méthodiquement sans identité (la théorie prévoit qu’il fera une loi ne brimant aucune des identités – voir article précédent). La théorie prévoit que cet individu sera neutre, impartial, intéressé à l’équité et à l’égalité entre les identités. Malheureusement, l’expérience contredit la théorie. Voici ce qui se produit en fait : la diversité postiche devient une monoculture libertaire [1].
L’INDIVIDU qui se veutméthodiquement« sans identité » devient un individusystématiquementanti-identité. Plus encore, il se retrouve bientôtdoté d’une identité négative.
Il voulait,par méthode, être neutre, impartial, équitable entre tout, pour être juste. Il en vient,par principe, non plus à tolérer n’importe quoi, mais àfavoriser LE n’importe quoi.
Il se voulait au-dessus des partis et voilà que nous le découvrons a priori du parti de la négation de tout ce qui est, du côté de l’affirmation de la destruction et du néant.
En un mot, comme il est impossible à l’homme de ne pas avoir d’identité et de ne pas décider par identité, cet individu qui voulait être méthodiquement neutre entre tout se retrouve systématiquement partisan de l’anti-tout. Il se retrouve muni d’une identité dont le contenu est de vouloir différer de toutes les autres et de les nier toutes.Et le seul contenu positif de cette absurdité, c’est le néant.
Le nom d’un tel système, c’est le nihilisme.
L’évacuation des diverses identités (non-nihilistes) a donc juste laissé la place à une unique identité nihiliste. Et l’imposition de la monoculture nihiliste se fait sous couvert d’une méthode impartiale et sous prétexte de respecter la diversité. Mais de diversité, il n’y en a pas. Nous sommes tous unis dans une diversité postiche. Il n’y a qu’une seule pensée, nihiliste ; une seule culture, nihiliste ; un seul ordre moral, nihiliste. Et vous avez le droit de penser absolument n’importe quoi, à condition de penser que ce n’est que n’importe quoi. Par conséquent, vous n’avez pas le droit de croire à quelque chose, mais seulement le droit de croire à N’IMPORTE QUOI, c'est-à-dire en RIEN.
Lire la suite "La machine à broyer les identités : quand la tolérance finit en intolérance (II/VI)"
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