Face à la motion de l'aile gauche, Jean-Christophe Cambadélis est parvenu à rallier Martine Aubry en vue du congrès de Poitiers, en juin.
La fumée blanche est enfin sortie. Comme il est de coutume au Parti socialiste, c'est à la toute dernière minute que les motions ont été finalisées vendredi soir. La date limite du dépôt a finalement été reportée à samedi, avant la tenue du conseil national du parti à 14 heures. Premier secrétaire du PS sortant et candidat à sa réélection au congrès de Poitiers (5-7 juin), Jean-Christophe Cambadélis a déposé son texte programmatique après d'ultimes et longues tractations avec Martine Aubry et l'aile droite du parti. Menaçant de faire sa propre motion si elle n'obtenait pas des «signes forts» de l'exécutif, la maire de Lille est finalement rentrée dans le rang, choisissant de rejoindre la motion à vocation majoritaire du patron du PS, prête vendredi après-midi.
«Nous avons reconstruit un texte dans lequel nous trouvons un accord sur le fond. On a débattu sur chacun des points», s'est réjouie Martine Aubry lors d'une conférence de presse tenue en début de soirée après la réunion avec ses proches. «C'est un texte conçu ensemble qui part des préoccupations des Français», a-t-elle déclaré, avant de préciser un peu plus tard: «On n'a pas rallié la motion de Jean-Christophe Cambadélis et il ne nous a pas ralliés. Nous ne sommes pas en train de rechercher des postes.» L'ancienne candidate à la primaire a par ailleurs réaffirmé son soutien à François Hollande. «Je veux faire gagner la gauche et François Hollande.» Martine Aubry, qui a dit «préférer être dedans pour se battre de l'intérieur», n'a pas caché les difficultés rencontrées lors des négociations avec le premier secrétaire du PS qui a jusqu'au bout tenté d'arracher une difficile synthèse. «Ce n'était pas évident de se retrouver avec Jean-Christophe Cambadélis», a souligné la maire de Lille, qui avait reporté à vendredi sa réunion initialement prévue mardi afin d'attendre les annonces de Manuel Valls sur l'investissement dévoilées mercredi.
«On a toujours une motion sous le coude, même si ce n'est pas notre intention de la déposer»
Si Martine Aubry et une partie de ses soutiens ont décidé de signer la motion de Jean-Christophe Cambadélis, le «Pôle des réformateurs», lui, hésitait encore dans la soirée avant d'arrêter sa position.
«Jean-Christophe Cambadélis a intégré les amendements de Martine Aubry», lâchait à la mi-journée le député de Paris Christophe Caresche, l'un des réformateurs. «On a toujours une motion sous le coude, même si ce n'est pas notre intention de la déposer», rappelait-il alors. Un peu plus tard, après avoir consulté la motion, le compte n'y était pas pour l'aile droite du parti. «On ne s'attendait pas à ça. On ne peut pas accepter la remise en cause des 41 milliards du pacte de responsabilité», affirmait Caresche. «Pour nous, ça sera difficile de signer ce texte même si par ailleurs il comprend beaucoup de choses qui sont très bien.» Deux heures plus tard, après «une vraie discussion» avec Cambadélis, la donne avait changé. «Ce qu'il propose lève les principales ambiguïtés», se réjouissait l'un des chefs de file du courant, évoquant notamment le pacte de responsabilité, qui sera «évalué» mais dont «le montant sera préservé». «On a intérêt à être dans la motion et ne pas trop laisser la place aux autres», estimait à titre personnel Caresche. Pour le maire de Lyon Gérard Collomb, le texte «demande un certain nombre de corrections pour être signé».
Pour tenter de réussir au mieux une motion de synthèse décrite comme «un vaste gloubi boulga» par le frondeur François Kalfon, le premier secrétaire a constitué une «task force» chargée de sa rédaction. À la manœuvre pour le camp «Camba», le député de Seine-Maritime Guillaume Bachelay, l'ancien député européen Henri Weber ou encore l'historien Alain Bergounioux.
Si la gauche du PS s'était déjà mise d'accord sur une motion commune et un chef de file, le frondeur Christian Paul, la rédaction de la motion a, là aussi, pris du temps. Vendredi soir, l'aile gauche du parti s'est longuement réunie pour finaliser son texte. «Il sera définitivement prêt samedi lors de notre réunion à l'Assemblée en fin de matinée», précise-t-on du côté de «Vive la gauche». Au même moment, les soutiens de la motion de Cambadélis se réuniront eux aussi au Palais Bourbon. Un peu plus tard, le conseil national du PS, organisé à l'Assemblée, entérinera le dépôt des motions.
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