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  • La machine à exclure

    La République n'est pas un système de gouvernement, c'est une idée. Et cette idée a littéralement pris possession de la France depuis le XVIIIe siècle, produisant ce que l'on peut appeler non une démocratie mais une Idéocratie. Une idée... Mais quelle idée ? demande Hubert Champrun... L'idée d'un nouveau commencement... qui périme tout ce qui n'est pas lui.

    Le projet républicain fiançais est d'emblée universaliste. C'est bien la France qui change, mais cette transformation se veut radicale au point d'être une métamorphose; ses promoteurs entendent qu'elle soit fondatrice d'un ordre nouveau qui doit étendre son empire sur toutes les nations. Le nouvel État qui naît est sans doute français, mais l'adjectif désigne bien plus ce qui vient de naître - et bien plus sûrement ce qui va advenir qu'une quelconque continuité historique. On pourrait débattre de la proclamation effective de la Première République, de la Convention nationale, etc. : retenons que le projet républicain tel qu’il est immédiatement mis en œuvre est fondé sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (un des textes fondamentaux de notre actuelle Constitution), avec fameux premier article, « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », qui abolit, il la suite du 4 août, quelques siècles de vie commune et quelques millénaires de civilisation: clergé, noblesse, métiers, villes et provinces ne sont plus rien. La Déclaration universelle des droits de homme, de 1948, reprendra la formule dans son :1e premier: « Tous les êtres humains naissent et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués raison et de conscience et doivent agir les uns les autres dans un esprit de fraternité. »

    Le premier Empire, agent révolutionnaire du dépassement des nations

    Ce que pose la déclaration de 1789 est valable déjà, pour toute l'humanité, et les révolutions ont bien en tête de prêcher à tout l'univers.

    les nations demeurent dans les discours, c'est qu'elles paraissent alors être les formes naturelles et insurpassables du vivre ensemble, les corps intermédiaires que sont les provinces étant déjà balayés et les formes d'organisation politique étrangères (principautés et autres duchés) déjà condamnées. Le premier empire, puis l'expansion coloniale du XDC% sauteront aisément le pas et dépasseront le cadre national pour proposer d'étendre un empire raisonnable sur tous les territoires qui accepteraient, volens nolens, d'être illuminés. Le territoire n'est donc plus une réalité traditionnelle mais une contingence historique : la France est un projet salvateur de l'humanité, et ses frontières ne sont pas tant celles qu'un long usage a plus ou moins consacrées, au hasard des guerres et des alliances, que le théâtre administratif de son gouvernement éclairé; mieux, ses peuples ne sont pas forcément ceux qui résident en ces territoires mais la collection des individus qui adhèrent au projet républicain. On pourrait bien sûr examiner la xénophobie évidente des révolutionnaires et de leurs épigones de plus en plus lointains : c'est oublier que la nation est d'abord un projet purement contractualiste, et que la destruction des Français et les massacres opérés par les armées révolutionnaires et impériales sont d'abord des opérations politiques nécessaires d'épuration. Ce que proclame la République nouvelle, c'est l’abolition de tous droits préexistants à ceux qu'elle reconnaît: les frontières n'ont pas d'existence, le vocabulaire n'est pas fixé, les langues doivent disparaître, les coutumes s'abolir, les êtres se réincarner en d'autres eux-mêmes, transfigurés par la foi républicaine, transmutés de sujets en citoyens, etc.

    Tout est déjà là qui animera toute la vie politique française : ne jamais réellement reconnaître au passé la moindre valeur que celle qui, ponctuellement, permet de légitimer la disparition de tout ce qui n'est pas purement républicain - toutes traditions (des manières de se tenir à table aux dogmes du catholicisme, de l'enseignement du latin au maintien d'une armée) confondues dans une même détestation.

    Et cette exigence d'adaptation permanente n'a jamais quitté la pensée des républicains qui ont gouverné la France et son empire - et encore moins les intentions de ceux qui ont jeté la France, logiquement, et avec ferveur, sur la voie de l’européanisation et de la mondialisation. La république française veut que chacun porte le projet républicain : le règne universel d'un individu parfaitement égal à tous les autres, absolument indifférencié, quitte à être perpétuellement redéfini et requis d'adhérer à sa redéfinition, sous peine d'être... au mieux exclu, au pire éliminé. Le rêve réel de la République française n'est pas l'empire mondial qu'elle régenterait mais la dissolution absolue de la France une fois obtenue l'unanimité planétaire. Cas unique, et prodigieux ! d'un régime qui ne poursuit que son anéantissement et ne consent à exister que comme moyen subordonné à sa cause.

    « Le rêve réel de la République est la dissolution de la France »

    Le pur et délirant amour d'une humanité théorique conduit ainsi la France républicaine, aujourd'hui, à nier les genres après avoir aboli ses frontières, renoncé à sa monnaie, abandonné sa législation, dissous son peuple, détruit sa religion, bref réalisé la tabula rasa la plus radicale qui soit, en pouvant avec orgueil mettre en avant qu'elle n'en tire réellement aucun profit, sinon d'être encore et toujours le phare d'une humanité nouvelle. La République française n'est ni une tyrannie, ni un totalitarisme, ni un absolutisme - même si elle en a tous les traits roides, intolérants et brutaux : elle est ce régime singulier porté par une chimère dont seuls les communistes ont rêvé, l'annihilation de toute différence, au prix de sa propre disparition. Aucun moyen n'est immoral rapporté à cette fin - et la République française s'attache donc à disparaître totalement, et son peuple avec elle. Héroïque vertu.

     

    Hubert Champrun monde & vie   10 juin 2015 

  • L'Etat islamique choisit la Bosnie pour installer son premier cap d'entraînement en Europe

    BoQue fait l'UE? que fait François Hollande?

    Se souvient-on seulement que la Bosnie est à 900 kms et 10h de voiture de la France et qu'elle a une frontière quasi-commune avec la Hongrie (via la Croatie), membre de l'espace Schengen?

    "L’ennemi est dans nos murs. Selon le Daily Mirror, l’Etat islamique possède désormais son premier bastion sur le sol européen, en Bosnie plus précisément. Toujours selon le quotidien britannique, le groupe djihadiste acquière en ce moment, et de manière secrète, des propriétés dans un village situé à 100 km de Sarajevo. But de l’opération immobilière : établir un camp d’entrainement en Occident.

    Le village en question, qui porte le nom d’Osve, est idéalement placé puisqu’il est proche de la mer Adriatique et, par conséquent de la mer Méditerranée. De plus, la Bosnie est à un carrefour qui convient parfaitement aux djihadistes : proche de la Serbie et donc de la Turquie, pays par lesquel circulent les terroristes.

    Difficile d’accès, le village n’est pas marqué sur les cartes GPS. 12 combattants de l’EI y ont déjà été formés avant de rejoindre la Syrie, 5 d’entre eux auraient été tués. "Nous entendons régulièrement des coups de feu provenant des bois, à chaque fois pendant des périodes prolongées. Cela arrive chaque semaine", a déclaré un villageois au journal.

    L’un des propriétaires des habitations d’Osve serait un dénommé Harun Mehicevic, sympathisant de l’EI vivant sur le territoire australien. Jasin Rizivic, Osman Kekic et Izet Hadzic, tous proches du groupe djihadiste, feraient également partie des acquéreurs (suite).

    Lahire

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • L’euro-mondialisme mobilise Philippe de Belgique, Elisabeth II d’Angleterre et le Cardinal Marx

    Les monarchies européennes sont mobilisées pour voler au secours des institutions européennes de plus en plus impopulaires.

    En cette veille de fête nationale du Royaume de Belgique, son roi Philippe a prononcé un discours télévisé validé par le Premier ministre belge, discours qui fit la part belle à l’Union Européenne et au « projet européen » qui « permet un enrichissement mutuel unique des peuples et des cultures« , « grâce à une foi commune dans l’être humain et dans la plus-value qui naît de la mise en commun de nos talents« . Blablabla.

    Lors de son voyage en Allemagne le 23 juin dernier, Elisabeth II, reine d’Angleterre, avait également lancé un appel à ne pas mettre en péril le fruit de nos efforts communs en sapant notre unité européenne.

     

    Au lieu de vanter les bienfaits du patriotisme et de la souveraineté nationale, voilà deux monarques mis au service d’une Union européenne aux pouvoirs supranationaux qui donnera bientôt naissance à un gouvernement européen, comme l’a appelé de ses vœux François Hollande, prélude à l’émergence d’un gouvernement mondial.

    Même discours européiste et mondialiste de la part de la Commission des Conférences épiscopales de l’UE (COMECE) et du Jesuit European Office. Du Cardinal Reinhard Marx, président de la COMECE, au Père Patrick Daly, secrétaire général de la COMECE, les communiqués de ces dernières semaines multiplient les louanges pour les institutions européennes et appellent à les soutenir ainsi qu’à ouvrir les frontières de l’UE aux migrants. Le Cardinal Marx s’est ainsi « réjoui » que « l’Europe et la zone euro ne s’étiolent pas » à la suite de la crise grecque !

    Le Cardinal Marx reste par contre bien silencieux sur tous les tourments causés par les institutions européennes auxquelles on doit une participation très active aux offensives contre la Famille. Même silence assourdissant du Cardinal Marx à propos du mépris de ces institutions européennes pour le christianisme.

    Hélas, depuis le Concile Vatican II il ne fait plus aucun doute que la subversion a envahi l’Eglise catholique. Et il en va de même dans de nombreux palais royaux dont les têtes couronnées préfèrent les réunions du Bilderberg au souvenir de leurs ancêtres.

    Lu sur MPI

    http://www.contre-info.com/leuro-mondialisme-mobilise-philippe-de-belgique-elisabeth-ii-dangleterre-et-le-cardinal-marx#more-38802

  • Incendie de Berre-l'Etang : les drôles de coïncidences d'un "acte malveillant"

    Le 14 juillet 2015, deux événements se sont télescopés, l'incendie d'un site d'hydrocarbures à Berre-l'Etang et le discours présidentiel. Ils ont pourtant un point commun "l'acte malveillant" à Berre-l'Etang et le "nouvel ennemi" n'ont pas été clairement définis par les autorités. L'actualité géopolitique et l'histoire nous donnent des clefs de compréhension pour comprendre cet incendie.

    Des coïncidences troublantes

    Le 14 juillet, à 3 heures du matin, deux cuves d'hydrocarbures sur le site de Lyondellbasell à Berre-l'Etang prennent feu. Toute la journée du 14 juillet, les autorités évoquent un "acte malveillant". Les éléments de langage ne feront jamais allusion à "un attentat", alors que cette hypothèse n'est pas à exclure. Cet incendie se situe dans la continuité de l'attaque du site gazier d'Air Products à Saint-Quentin Fallavier du 26 juin. Les sites d'hydrocarbures français constituent désormais des cibles pour les terroristes islamistes, comme l'ont été la raffinerie de Baïji en Irak, en avril 2015 ou le site d'exploitation de gaz à In Amenas en Algérie, en janvier 2013. La région marseillaise représente le tiers des capacités de raffinage français, les deux cuves de Berre-l'Etang éloignées de 500 mètres ont été touchées simultanément. On sait qu'un troisième dispositif de mise à feu rudimentaire a été trouvé sur une cuve. Les doubles ou triples attentats sont pourtant la marque de fabrique de l'Etat islamique et d'Al Qaeda. L'incendie se déroule le matin du 14 juillet, jour de la fête nationale. Or les terroristes cherchent des dates symboliques, religieuses ou nationales, pour commettre un attentat et créer un effet de sidération sur l'opinion publique.

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  • Exploités agricoles

    Dans l'élevage, beaucoup a été fait en termes de mécanisation, mais il sera plus difficile de s'y passer de l'homme.

    Des ouvrages de science-fiction nous laissent entrevoir des mondes où les processus de production sont totalement automatisés, et où les hommes n’ont plus qu’à se laisser vivre ; ce qu’ils font avec plus ou moins de bonheur, généralement plutôt moins. C’est sans doute ce monde dont rêvaient ceux qui ont mis en place les 35 heures.

    Il faut dire qu’on peut aujourd’hui, grâce aux progrès techniques, envisager que les tracteurs partent seuls dans les champs, fassent le travail programmé, sans doute avec plus de précision et d’efficacité qu’un chauffeur moyen, et revienne « à la ferme » pour y rapporter la récolte, faire le plein ou subir réparation ou entretien.

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  • Pourquoi l'Occident ne met-il pas tout en œuvre pour faire reculer l'Etat Islamique ?

    Le député du parti chrétien-démocrate des Yvelines Jean-Frédéric Poisson a rencontré le président syrien Bachar Al-Assad. Interrogé sur Sud Radio, il déclare:

    XVM28d34e12-28b2-11e5-98e7-a0ee10f69b01"La Syrie est un lieu-clé des conflits actuels au Moyen-Orient. Si on veut faire reculer Daech, il faut se battre avec tous ceux qui sont prêts à affronter Daech. Je constate que Bachar Al-Assad est prêt et se bat tous les jours contre l'Etat Islamique en Syrie. Je ne vois pas pourquoi on ne rediscuterait pas avec lui.Discuter, ça ne veut pas dire lui donner des satisfecit ou des bons points, ça veut dire mettre dans son camp toutes les possibilités, tous les moyens pour lutter contre l'Etat Islamique."

    "Quand je compare avec ce que l'Occident a mis en œuvre il y a 15 ans pour dézinguer Saddam Hussein, je me dis que tout n'est pas fait aujourd'hui pour faire reculer et pour anéantir l'Etat Islamique. Je reviens d'une tournée au Moyen-Orient, le sentiment des Chrétiens qui sont là-bas et auxquels j'ai rendu visite est exactement celui-là. Pourquoi l'Occident ne met-il pas tout en œuvre pour faire reculer et supprimer l'Etat Islamique ?"

    "Il ne s'agit pas de soutenir un dictateur, de la même manière que quand le président Hollande reçoit le président chinois en France, en visite officielle, il ne soutient pas le régime chinois, il discute avec un interlocuteur. Lorsque l'on discute avec les Saoudiens qui coupent la main des gens qui volent, on ne soutient pas le régime saoudien, on discute avec un interlocuteur. Pour Bachar Al-Assad, c'est pareil. S'il est coupable d'exactions et si le régime de Damas a fait des choses horribles pendant la guerre, il y a des tribunaux pénaux internationaux qui le jugeront. Pour l'instant, on en est à tout mettre en œuvre pour discuter avec ceux qui sont prêts comme nous à se bagarrer contre l'Etat Islamique et, pour l'instant, je constate que tout n'est pas fait."

    Michel Janva

  • Aris Chatzistefanou : « Si la rébellion contre l’austérité persiste, ils joueront la carte du fascisme »

    Le réalisateur a signé les documentaires « Debtocracy », « Catastroïka » et « Fascism Inc. ». Il est aussi cofondateur du magazine critique Unfollow. Retour sur une défaite grecque aux conséquences incertaines.

    Comment jugez-vous l'accord imposé à Alexis Tsipras par les créanciers et ratifié par la Vouli malgré le « non » massif exprimé par le peuple grec lors du référendum du 5 juillet ?

    Aris Chatzistefanou. Pour moi cet accord est une capitulation totale, je n'ai pas d'autre mot. Pour la première fois depuis quarante ans, le peuple grec avait enfin la possibilité de s'exprimer, de décider de son futur et ce gouvernement a finalement décidé de tourner le dos à l'expression de la volonté populaire en reprenant des négociations menant à la même impasse qu'avant le référendum. C'est à se demander s'ils voulaient vraiment gagner ce référendum, s'ils n'espéraient pas un résultat plus serré pour se revendiquer d'un mandat trop confus pour aller à la confrontation. Cela crée une situation de danger, pas seulement pour la Grèce, mais pour toute la gauche en Europe. Walter Benjamin disait du fascisme qu'il prospère sur les décombres des révolutions perdues. En ce sens, si la gauche grecque perd cette bataille, cela enverra un message négatif à tous les partis progressistes et à tous les militants de gauche en Europe mais surtout, cela libèrera l'espace pour les nazis d'Aube dorée, qui sont les héritiers en ligne directe des collaborationnistes grecs durant l'occupation allemande. Ils auront l'opportunité de se présenter comme les seuls représentants d'une ligne anti-système, anti-austérité. Dans la nuit de la ratification de l'accord, leur chef, Nikolaos Michaloliakos, s'est approprié un vocabulaire de gauche pour critiquer le capitalisme, l'Union européenne, la zone euro. Nous sommes face à un sérieux danger.

    Cette capitulation tient-elle seulement à la volonté du Premier ministre grec, du gouvernement Syriza ? Que dites-vous de l'odieux chantage des créanciers, des institutions européennes, des autres chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro ?

    Aris Chatzistefanou. Il ne s'agit pas seulement de chantage. Nous avons assisté à un coup d'État. De la même façon, la Banque centrale européenne était intervenue en 2011 pour renverser le gouvernement Berlusconi en Italie. Peu importe ce qu'on pense de Berlusconi : c'était un coup d'Etat financier. La BCE s'était alors employée à faire monter délibérément les taux d'intérêts de la dette, pour faire tomber un gouvernement élu. George Papandréou a subi le même sort, il a été remplacé par un banquier non élu, Lucas Papademos, incarnation d'une dictature de la finance. Je ne le nie pas : le gouvernement Tsipras a été pris au piège et s'est retrouvé dans une position très dangereuse. Mais cela tient aussi à leurs erreurs. Ces vingt dernières années, au sein de Synaspismos, puis de Syriza, il y avait cette confusion entre attachement à l'Europe et tabou de l'euro. Exprimer de la méfiance vis à vis de l'euro faisait de vous, à leurs yeux, un nationaliste tournant le dos aux autres peuples d'Europe. Mais l'Union européenne, ce n'est pas une famille de nations ! C'est juste un instrument au service des grandes puissances financières. La direction de Syriza n'a jamais voulu ouvrir les yeux là dessus. Si vous allez à des négociations sans être prêt à envisager le défaut, la sortie de la zone euro et la nationalisation des banques, il n'y a aucun espace de négociation pour vous. Il était évident que dans cette position, sans autres options, les négociateurs grecs se mettaient à la merci du chantage. Il y avait à la fois ce terrible chantage et les erreurs fatales du gouvernement Tsipras.

    Vos films décrivent le saccage démocratique qui a accompagné les politiques d'austérité imposées au peuple grec. La dette est-elle devenue un régime politique ?

    Aris Chatzistefanou. Absolument. Leur stratégie n’est plus celle de l’intervention militaire. Ils se contentent de dicter leurs choix en contrôlant, via la Banque centrale européenne, les flux de capitaux en direction des pays endettés. Pour l'instant, nous n'avons pas d'armes pour répondre à ce genre d'agression. C'est la même chose que d'envoyer des chars ou des troupes au sol. Vous n'avez pas besoin de tuer des gens, quoique... On le voit en Ukraine, l'UE n'a aucun problème à coopérer avec des fascistes qui tuent mais ça, disons que c'est le dernier stade. Avant, il y a tout une panoplie de mesures de coercition, ils les ont utilisées en Grèce. Dans les années 70 et 80, la dette est devenue le mécanisme principal par lequel ils ont pris le contrôle de nombreux pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine. Pour la première fois nous voyons, depuis cinq ans, que ce mécanisme s'applique à des pays de l'Union européenne.

    Dans cet accord, quels aspects vous paraissent les plus préoccupants, les mesures d'austérité ou les abandons de souveraineté?

    Aris Chatzistefanou. Ces deux aspects sont indissociables. Ils savent que ces mesures d'austérité, que ces privatisations ne pourront s'imposer sans perte de souveraineté, sans attaque directe contre la démocratie, contre la liberté de la presse. Pour rappel, nous avons perdu, au gré des programmes d’austérité, cinquante places dans l'indice établi par Reporters sans frontières, ce qui nous ravale au rang des dictatures ou des pétromonarchies du Golfe.

    Pourquoi le choix de la Grèce comme terrain d'expérimentation de ce néolibéralisme autoritaire?

    Aris Chatzistefanou. Bien sûr ce sont les failles architecturales de la zone euro qui ont crée et aggravé le problème de la dette mais les défauts structurels de l'économie grecque ont fait du pays un maillon faible. Peut être aussi la Grèce a-t-elle été prise pour cible parce que son peuple est enclin à la rébellion. En détruisant l'économie de la Grèce, ils tentent aussi de réduire au silence l'une des sociétés les plus politisées d'Europe.

    D'où vient cette tradition de délibération et de résistance?

    Aris Chatzistefanou. Peut-être que la guerre civile n'a jamais vraiment pris fin. Nous sommes le seul pays d'Europe où les collaborateurs des nazis ne se sont pas retrouvés dans la position des vaincus. Ils ont gagné la guerre civile et sont devenus l'armature de l'appareil d'Etat et de la classe bourgeoise, ils ont pris part à la dictature des colonels. Désormais leurs enfants, leurs petits-enfants sont les complices les plus loyaux de cette dictature financière. La gauche, elle, même réprimée, a su entretenir l'esprit de résistance et garder sa clairvoyance : nous devions survivre dans cet Etat contrôlé par les vieux ennemis de la Grèce.

    Quelles seront les conséquences de cette défaite sur le peuple grec? Est-ce qu'elle annihile ses capacités de résistance ?

    Aris Chatzistefanou. Si vous observez l'humeur des gens dans la rue, vous êtes tentés de dire que le fatalisme va l'emporter. Un tel enthousiasme a accueilli la victoire du « non » au référendum ! Et quelques jours plus tard seulement, découvrir ce nouveau mémorandum était totalement déprimant... Mais je reste optimiste. En fait, je viens de vivre le meilleur mois de ma vie. J'ai découvert un peuple qui, même sous la menace, avec les banques fermées, avec une propagande médiatique lui promettant la mort, a eu le courage de dire « non ». C'est le plus important pour moi. L’autre fois, à Athènes, une jeune couple m’a demandé sa route. L’itinéraire était un peu compliqué. Ils ont réagi en disant, avec humour : « Nous renonçons ! C’est plus simple de retourner à la drachme ! » Peu importe ce que fait la direction de Syriza, je suis sûr à 100% que ce nouveau paquet austéritaire ne pourra être appliqué en pratique. Même le FMI admet que c'est un plan fou. En fait, si je devais garder un instant de ce mois si dense, ce serait le « non » du 5 juillet, qui nous rend fiers et heureux. Ce « non » du peuple grec marquera durablement les consciences, quoi qu’il arrive.

    Comment expliquez-vous la résistance des Grecs à l'austérité, sur une si longue durée?

    Aris Chatzistefanou. Il n'y a pas d'autre choix ! Ce n'est pas seulement la posture de la Pasionaria, « mourir debout plutôt que vivre à genoux ». Certains parlent de « dignité », pour moi ce n'est pas une affaire de dignité, simplement il n'y a pas d'autre solution. Nous avons subi ces cinq dernières années deux mémorandums qui ont détruit l'économie grecque. Nous avons commencé avec une dette à 115% du PIB et après la période dite de « sauvetage », elle est montée à 180% du PIB. Les nouvelles projections évoquent une dette à 200% du PIB avec ce troisième mémorandum. Nous avons perdu un quart du PIB. Il n'y a aucun précédent historique dans un pays qui n'est pas en guerre. Nous avons 1,5 millions de chômeurs. Plus de la moitié de la jeunesse est privée d'emploi. Dire « stop », ce n'est pas une histoire de dignité, c'est une affaire de survie.

    L'opposition entre le « oui » et le « non » au référendum a mis au jour un fort clivage de classe. Cela laissera-t-il des traces ?

    Aris Chatzistefanou. Il est toujours bon de revenir aux fondamentaux, à la lutte des classe. La cartographie électorale du « non » et du « oui » révèle une claire conscience de classe. Mais ceci posé, je crains que la droite et l'extrême-droite ne tirent avantage de cette situation. Le système lui même, s'il constate que cette rébellion du « non » ne s'éteint pas, sera tenté d'instrumentaliser le fascisme pour dévoyer le mouvement populaire. Nous en sommes à ce point très critique. Bien sûr, l'histoire ne se répète pas, si ce n'est sous forme de farce, mais cela me rappelle 1923 lorsqu’Hitler, après l'échec du putsch de la Brasserie, a été mis en prison pour quelques mois. Au fond nous sommes dans la même position, avec toute la direction d'Aube dorée en prison ou en procès.

    Cette victoire des usuriers de la Grèce va-t-elle entraver la montée des forces anti-austérité ailleurs en Europe, en Espagne en particulier ?

    Aris Chatzistefanou. Nous devons attendre et observer la suite des évènements. La montée de Podemos était, c'est vrai, indexée sur celle de Syriza, jusqu'aux élections législatives du 25 janvier. Ils ont aussi profité de la victoire du « non », avant que l'adoption du nouveau mémorandum ne se traduise pour eux par une chute dans les sondages. Personnellement, j'attends de Podemos quelque chose de plus radical. Je ne suis enthousiasmé ni par leurs propositions ni par leur stratégie. Ils sont bien plus modérés que Syriza qui, déjà, est un parti de gauche modéré. Mais c’est une évidence, ce qui se passe en Grèce est déterminant pour le devenir du mouvement contre l'austérité partout en Europe. J'espère que les militants de Syriza, majoritairement opposés à cet accord, ne s'en tiendront pas là et, surtout, que le peuple grec trouvera les ressources pour réagir.

    Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

    source : humanite.fr :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuFZupZFuyAnhqAsQR.shtml

  • Droit du sol, un sujet résolument tabou ?

    Pourquoi ne pas enfin donner la parole au peuple de France et lui demander qui sont véritablement ses compatriotes ?

    Un projet de loi relatif aux droits des étrangers entre en discussion à l’Assemblée. Sous le signe de la canicule, les débats devraient être très chauds, tant le sujet est sensible, même – et probablement surtout – pour des Français incomplètement avertis des enjeux véritables.

    L’Élysée présentait ce projet en 2014 en l’éclairant d’une pompeuse et solennelle déclaration : « L’immigration peut être une opportunité pour la France, si elle est maîtrisée, si l’accueil des talents est encouragé et si l’intégration est favorisée. »

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