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Chronique de livre : Michel Pastoureau "Le roi tué par un cochon. Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?"
Michel Pastoureau
Le roi tué par un cochon ; Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?
(Seuil, 2015)
Le succès qu’obtiennent les parutions de Michel Pastoureau est amplement mérité. Ses thèmes d’étude sont originaux et permettent de combler nombre de lacunes d’une historiographie qui a longtemps fait l’impasse sur une grande part du symbolisme moyenâgeux. Lire Pastoureau, c’est comme entrer dans une bibliothèque remplie de secrets. On en apprend à toutes les pages tant son érudition est impressionnante et, surtout !, bien employée. Ses livres sont d’une rigueur toute universitaire en étant d’une grande clarté car écrits d’une plume des plus agréables. S’il est l’un des médiévistes les plus en vue aujourd’hui, on ne peut que s’en féliciter. Au C.N.C., nous avons toujours été très friands de ses travaux et cette chronique viendra s’ajouter à celles de son maître-ouvrage L’Ours, histoire d’un roi déchu ainsi qu’à l’étude d’une couleur qui nous est chère : Noir, histoire d’une couleur.
Dernier ouvrage de l’auteur, Le roi tué par un cochon intrigue dès que l’on a lu son titre. Sous-titré Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?, le lecteur se voit plongé dans une sorte d’inconnu : aucun de nos rois n’est pourtant mort à cause d’un cochon… Eh bien si ! Et toute la présente étude s’articule autour de cet événement longtemps oublié : son déroulement, ses conséquences ainsi que la décortication de tout ce qui y touche de près ou de loin.
Le 13 octobre 1131 meurt à Paris le jeune Philippe, fils aîné du roi Louis VI le Gros. Agé de 15 ans, le garçon décède des suites d’une chute de cheval causée en pleine rue par un cochon qui s’est jeté dans les pattes du destrier royal. Royal oui… car Philippe est déjà roi lui aussi depuis 1129. Associé au pouvoir de son père selon l’usage des premiers Capétiens, il est une sorte de second roi. Cette mort horrible et tragique pour une dynastie capétienne encore contestée est, selon Michel Pastoureau, un événement fondateur de l’histoire de France.
Le décès de Philippe apparaît aux contemporains comme bien plus qu’un simple accident. C’est une mort infâme, ignoble, honteuse écrivent les chroniqueurs. Pourquoi ? Parce qu’elle a été causée par un cochon, considéré au Moyen Âge comme une bête impure, vile, symbole de saleté, de gloutonnerie et de péché en général. Le cochon est un animal qui figure en bonne place dans le bestiaire de Satan. En témoigne bien cette désignation : « porcus diabolicus ». Michel Pastoureau consacre évidemment un gros chapitre à cet animal devenu impur par héritage biblique et explore sa place dans la société et les mentalités médiévales ainsi que le rejet qui est le sien dans les religions monothéistes. La mort de Philippe étant causée par un animal diabolique, elle pose un énorme problème à la dynastie capétienne : elle la souille. Cette mort infâme (étymologiquement, qui nuit à la fama, c’est-à-dire au renom ou à l’honneur d’une personne ou d’un groupe de personnes) salit les Capétiens dans leur ensemble, eux et leur légitimité…
Louis VI et ses conseillers (Suger, Saint Bernard) agissent sans tarder pour laver cette mort qui pourrait être considérée comme un acte divin… Dieu punirait-il par-là les Capétiens ? Ceux-ci ont-ils trop péché ? Il est vrai qu’ils ont souvent eu maille à partie avec l’Eglise et la papauté (plusieurs ont d’ailleurs été excommuniés)… Nous sommes à une époque où le pouvoir de l’Eglise se renforce considérablement et réussit à imposer ses systèmes de valeurs qui rentrent bien souvent en conflit avec les usages antérieurs. Pastoureau, comme toujours, explore ces bouleversements et il est passionnant de constater jusqu’à quel point ils furent profonds, que ce soit de manière directe ou symbolique (la partie consacrée à la corpulence des rois est à cet égard fort révélatrice ; c’est aussi à ce moment que l’ours est détrôné de sa place de roi des animaux…).
Devant se racheter et se rapprocher de Dieu pour effacer la souillure qui les tache, Louis VI et son successeur (son fils, Louis VII) utiliseront tous les moyens possibles pour retrouver les grâces divines et renforcer la légitimité de leur pouvoir. Selon l’hypothèse de l’auteur, c’est ce qui aurait amené la dynastie capétienne à l’adoption de deux symboles fondamentaux comme emblèmes royaux : le lis marial et le bleu céleste. Pastoureau revient en détail sur l’histoire symbolique de ces deux emblèmes qui ont la particularité de symboliser la pureté et de se rattacher à la Vierge. Sous le patronage de la mère du Christ, la monarchie française pouvait se différencier des autres et, surtout, se considérer désormais comme la fille aînée de l’Eglise, montrer sa pureté et effacer à jamais la souillure apportée par la mort de Philippe…
L’hypothèse est séduisante car sérieusement documentée. On saura surtout gré à l’auteur d’avoir sorti une nouvelle fois un ouvrage passionnant (dont je n’ai fait qu’effleurer la richesse) qui contribue une fois encore à mieux comprendre notre passé et les mentalités anciennes.
Rüdiger / C.N.C.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/
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[Éditorial de L’Action Française 2925] Vers l’élection présidentielle
Le moindre des paradoxes de nos institutions n’est pas que l’élection qui devait permettre de neutraliser les défauts inhérents à la république est finalement devenue, au cours des décennies, celle qui les aggrave. Nous voulons évidemment parler de l’élection du président de la république au suffrage universel.
Le général De Gaulle, en l’inscrivant dans la Constitution en 1962, n’avait-il pas voulu en finir avec le régime tout puissant des partis en créant, entre un exécutif ayant recouvré à la fois toute son efficience et sa réalité symbolique, et le peuple français, un lien quasi-charnel que l’assassinat du Roi, en 1793, avait rompu et qu’une Restauration, certes bénéfique pour les Français, mais malheureusement éphémère, avait été impuissante, au XIXe siècle, à renouer en profondeur ? Le président, en étant directement élu par les Français, devenait, en quelque sorte, leur « souverain », et la Ve République une monarchie républicaine. Assurément, les partis continuaient de jouer leur rôle, mais dans l’esprit des réformateurs de 1962, leur jeu se trouvait raisonné, voire neutralisé par une élection qui inscrivait dans la politique nationale la prééminence de la continuité de l’Etat et du Bien commun, incarnés par un président « au-dessus des partis », sur le jeu des intérêts particuliers et des groupes de pression.
Certes, dès 1965, c’est-à-dire dès la première élection du président au suffrage universel, les partis se rappelèrent au souvenir du général en le mettant en ballotage. La cuirasse institutionnelle avait un défaut... celui du déni de réalité : en république, il n’est pas facile de faire rentrer dans sa « besace », comme disait Boutang, des partis qui monopolisent le système électoral lui-même. La crise algérienne passée, le général était redevenu le simple porte-parole d’une majorité politique, voire politicienne. La médiocrité croissante de ses successeurs n’allait que rendre encore plus évidente l’impossibilité à faire de la république une monarchie comme une autre. Oui, le président de la république n’est que le chef d’un clan et, entre l’ambition personnelle du candidat et l’intérêt du ou des partis — et des lobbies, souvent étrangers — qui le soutiennent, s’instaure une dialectique savante, où chacun doit trouver son compte, le peuple français étant le grand perdant d’un régime qui non seulement demeure, mais réussit le tour de force d’être chaque jour davantage à la fois celui des partis et de l’étranger — la soumission à l’ordre européen allant aujourd’hui de pair avec une politique migratoire visant à la dissolution du peuple français.
La réduction à cinq ans du mandat présidentiel n’aura fait qu’aggraver les défauts de ce qui n’est plus et n’a peut-être jamais vraiment été le dialogue d’un homme avec ses concitoyens. D’autant que le quinquennat aura réduit la durée utile du mandat à trois ans et demi. Le spectacle offert par la classe politique depuis le second tour des régionales, qui ont lancé la campagne pour 2017, est, de ce point de vue, aussi révélateur qu’affligeant. A droite comme à gauche, on ne parle plus que de primaires, et le fait que des voix toujours plus nombreuses, à gauche, veuillent y inclure le président en exercice indique combien la fonction présidentielle a perdu de son aura — mais Hollande, en se voulant « président normal », a participé de la désacralisation de sa fonction. La généralisation des primaires elles-mêmes montre combien le candidat est devenu l’homme d’un parti et ne cherche plus à se revendiquer l’homme de la nation. Que la gauche les ait la première instituées peut se comprendre : elle n’a jamais accepté le caractère à ses yeux bonapartiste de l’élection du président de la république, même si, avec Mitterrand, elle a su en jouer. Mais que la droite s’y soit résolue prouve que celle-ci a définitivement abandonné toute teinture gaullienne et finalement seul le FN — c’est peut-être sa force, qui ne préjuge d’aucune victoire — conserve l’esprit originel des institutions en ne laissant pas des primaires désigner son candidat : Marine Le Pen s’impose, dans ce qu’elle croit être le lien qu’elle a tissé avec les Français — la réalité de ce lien est une autre affaire : le jeu électoral repose sur des semblants, qui ne sont pas tous faux pour autant.
Ce dialogue direct du candidat avec les Français n’avait pas seulement pour objectif — trop ambitieux — de court-circuiter les partis. Comment ne pouvait-il pas en finir, par la même occasion, avec une République comme règne de l’étranger, dont les partis ont été bien souvent et demeurent les courroies de transmission ? Ruse de la république : le tout récent voyage de Juppé en Algérie démontre que, là aussi, l’élection au suffrage universel n’a fait qu’aggraver ce vice inhérent à la république. Que la visite d’un présidentiable français en Algérie soit devenu un passage obligé suffit à lui seul à démontrer combien le peuple français est devenu autre depuis des décennies : seraient-ce donc les binationaux, c’est-à-dire des citoyens dont l’allégeance est double, qui désormais décident de notre destin ? Quel sens peut avoir un dialogue entre un homme et son peuple quand ce peuple ne se définit plus seulement comme français ? « Il y a une diaspora algérienne très importante en France, qui représente une clientèle électorale de plusieurs millions de voix. Aujourd’hui, ils s’abstiennent, mais en 2012 ils ont voté massivement en faveur de François Hollande », rappelle Benjamin Stora (Le Figaro du 1er février). On comprend pourquoi Juppé lors de son voyage a déclaré que « les binationaux sont une passerelle entre nos deux pays. La France est riche de sa diversité. » Dire que De Gaulle prétendait avoir bradé l’Algérie pour que Colombey-les-deux-Églises ne devienne pas Colombey-les-deux-Mosquées. Se doutait-il que, cinquante ans plus tard, les candidats à l’élection présidentielle française devraient, pour avoir une chance de l’emporter, se fait adouber par Alger ? Et les binationaux franco-algériens sont loin d’être les seuls. Oui, dans ce contexte, la querelle sur la déchéance de nationalité paraît bien dérisoire. La question est devenue : qu’est-ce qu’un citoyen — et subsidiairement un électeur — français ?
Un sursaut est évidemment nécessaire pour empêcher la république de poursuivre jusqu’ à la dissolution de la France sa politique mortifère. Oui, en 2017 il faudra choisir. Choisir un candidat qui soit intraitable sur la question de la survie non seulement des fondements de notre société mais de la nation elle-même, puisque nous en sommes là. Non que nous nous illusionnions sur la capacité du régime à susciter un recours, puisque, précisément, c’est pour pallier les insuffisances criminelles du régime que des recours se sont révélés nécessaires dans l’histoire — et nous ont presque toujours déçus. Royalistes, nous connaissons le nom de celui qui rendrait vaine jusqu’à la nécessité même d’un recours. Tout en agissant pour son retour — et dans l’espoir qu’il le désire autant que nous —, il nous faudra bien en l’attendant semble-espérer dans un candidat suffisamment patriote à la fois pour ne pas ressentir le besoin d’aller chercher à l’étranger sa (contre-)légitimité et pour rassembler tous les Français désireux que notre pays continue, simplement, d’exister. Nous le désignerons, le moment venu, mais il fallait bien, à l’aube de ces quinze mois de démagogie politicienne, rappeler le combat essentiel. Afin d’y prendre toute notre part.
François Marcilhac - L’Action Française 2925
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Editorial-de-L-Action-Francaise,10063
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Lire par exemple le numéro de Noël 2016: interview de Monseigneur Aillet
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Trump, ou la riposte du Renseignement US contre la corruption saoudienne des Etats Unis
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Réponse à Jacques Sapir sur la stratégie du Front national
Vous ne pouvez pas critiquer la mondialisation financière sans en critiquer toutes ses œuvres et toutes ses pompes.
À quelques jours d’un séminaire qui déterminera les orientations stratégiques de Marine Le Pen dans la perspective des présidentielles de 2017, vous posez vos conditions à un éventuel ralliement.
Pour faire court, vous sommez madame Le Pen d’abandonner certains fondamentaux sociétaux – je dirai, pour ma part, civilisationnels -, de clarifier sa position sur la sortie de l’euro et, enfin, de mettre en veilleuse ses critiques sur l’islamisme conquérant.
Cependant et en premier lieu sur un plan stratégique, il serait suicidaire que Marine Le Pen abandonne les fondamentaux du Front national sur les thèmes de l’immigration et de l’insécurité identitaire qui sont, qu’on le veuille ou non, le ressort premier de l’électorat du Front, et ce, au profit d’une ligne chevènementiste qui ferait de la sortie de l’euro l’alpha et l’oméga de la pensée politique. -
Éric Zemmour : « David Cameron épluche les oignons, Donald Tusk pleure »
Un compromis a été trouvé à Bruxelles entre les Anglais et les Européens pour éviter une sortie de l’Angleterre de l’Union européenne. Mais il ne semble satisfaire personne.
« C’est la rencontre du sadique et du masochiste : l’un dit “fais-moi mal”, l’autre lui répond “pas question” ! », lâche Éric Zemmour. « Entre Londres et Bruxelles, les deux compères sont de mèche : c’est David Cameron qui épluche les oignons et Donald Tusk qui pleure », poursuit-il. Le journaliste note que « quand le Premier ministre anglais fait semblant de vouloir quitter l’Europe, le président du Conseil européen fait semblant de supporter toutes les offenses pour le retenir ». Il parle d’une « alliance de deux faibles » : d’un côté l’Anglais, « parce que son parti et son peuple veulent quitter l’Union européenne » ; de l’autre Bruxelles, « car la crise grecque et celle des migrants sont en train de saper un édifice européen déjà branlant ».
Éric Zemmour enfonce le clou :
Les oligarques européens ont sapé eux-mêmes des principes qu’ils jugeaient éternel. Comme l’URSS de jadis, cette construction impériale sans empire est en train de se désagréger. Tout acharnement thérapeutique serait contraire à sa mort dans la dignité.
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Marine Le Pen sur le Brexit
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François-Henri de Bourbon et le schisme sévillan
Pour la légitimité en 1883, à la mort d’Henri V, comte de Chambord, nul ne doute que les descendants de don Carlos V d'Espagne, ce frère du très libéral Ferdinand VII, ne soient pas les héritiers au trône de France. Et il importe peu que le comte de Paris, Philippe VII d'Orléans, revendique également ses droits à la couronne. Mais à la fin de ce XIXème siècle, légitimisme et orléanisme vont devoir affronter un troisième courant inattendu. Une minorité de légitimistes ne reconnaît plus les droits au trône de Charles XI de Bourbon. C'est le schisme sévillan !
Du duc de Madrid, Henri d'Artois, avait dit qu'il était de ces princes « taillés dans le bois dont on fait les grands rois » veillant particulièrement à son éducation. Charles de Bourbon fera pourtant peu d'empressement à revendiquer ce trône de France dont il a hérité, lui qui avait été brièvement un roi d'Espagne sous le nom de Carlos VII durant la troisième guerre carliste (1872-1876). D'ailleurs n'avait-il pas écrit à son représentant en Espagne, le 3 septembre 1883, « cette force des liens indissolubles qui l’attachaient sa chère Espagne, à elle seule à qui il appartenait et pour toujours » !?
Pourtant, il avait balayé toute idée de renonciation au trône de France et avait renvoyé poliment les envoyés du comte de Paris à la veille de l'enterrement d'Henri V, venus le sonder discrètement sur ce sujet. La succession ennuie suffisamment la république pour que le ministre Waldeck -Rousseau commande alors une enquête sur les mouvements monarchistes, craignant qu'une nouvelle tentative de fusion ne menaça les institutions en place. Le boulangisme n'allait pas tarder à entrer en action et avec lui, monarchistes comme bonapartistes allaient soutenir en vain le « Général revanche ».
Alors que la République fête le centenaire de la révolution française,Charles XI de Bourbon nomme le tonitruant Henri de Valori, son représentant officiel en France. Issu d'une famille d'origine italo-provençale, l'homme s’est surtout caractérisé par l'édition de livres à petit succès, orientés sur le catholicisme ou la légitimité. Croyant et monarchiste, de Valori l'était. Il n'hésite cependant pas à railler ce Pape qui suggère fortement aux monarchistes de rallier la république. Charles de Bourbon apprécie peu cette sortie politique de son représentant et se croit obligé de le désavouer immédiatement. L'antagonisme entre le prince Bourbon et son représentant va s'accentuer quand le premier lance son champion contre le comte de Paris qui revendique alors les armes de France. Le 23 Mai 1892, Charles XI avait protesté contre ce qu’il appelait « l’usurpation des pleines armes de France par la branche des Orléans (..) » Un combat qui allait en préfigurer un autre, un siècle plus tard.
Peine perdue, le comte de Paris ne renonce à rien. Enfin, il y a l'affaire Naundorff qui va précipiter la chute de Valori. Ce dernier affirme à qui veut l'entendre que le prétendant au trône semble émettre peu de doutes sur les revendications saugrenues de ce Louis-Charles de Bourbon et dont le père affirmait être le dauphin Louis XVII dont la mort au Temple restait un mystère. S’il est un fait que le duc de Madrid s’intéressa à cette affaire de près, le manque de preuves apportées par les partisans de Naundorff acheva de le convaincre que Karl-Wilhelm Naundorff n'était qu'un vil imposteur. Et d'authentifier le petit cœur du dauphin retrouvé, conservé par le docteur Pelletan et qui sera remis à son secrétaire, Urbain de Maillé.
Henri de Valori est congédié et Charles de Bourbon lui retire toute accréditation officielle le 20 juillet 1892. Avec le conflit avec le prétendant, s'ajoute une rancune tenace de Valori à Urbain de Maillé...qui prendra sa place. Toute cette coterie autour du prince nuit à la légitimité qui se déchire autour du cas Naundorff. Henri de Valori se répand en calomnies et publiera un article dans la « Nouvelle » revue au titre évocateur : « François de Bourbon, duc d'Anjou ».
En un trait de plume, Henri de Valori présente aux monarchistes déçus de l'inaction de Charles de Bourbon, un nouveau prétendant. François de Paule de Bourbon (Francisco de Paula de Borbón y Castellví) est né à Toulouse le 29 mars 1853, français par droit du sol. C'est un cadet de la famille royale d'Espagne, un cousin germain d'Alphonse XII. Son père, le duc de Séville, fut assez atypique et marqua les esprits en 1848 en appelant les espagnols à se soulever alors que Paris détrônait au même moment le Roi Louis-Philippe Ier d'Orléans. Entre de multiples pardons et autres intrigues éphémères au côté du prince Antoine d'Orléans- Montpensier qui complote pour obtenir le trône de Madrid, le duc de Séville se veut résolument révolutionnaire. François de Paule de Bourbon est issu du mariage morganatique entre son père et d'Elena María de Castellví y Shelly et de facto a été exclu de la succession au trône. Un prétendant parfait pour de Valori. Il est français et respecte les conditions du traité d'Utrecht qui stipule qu'un prince Bourbon ne peut régner à la fois sur deux couronnes. Le jeune duc de Séville a d’ailleurs été sensible aux arguments que lui présente de Valori le 30 juillet 1894 dans un brillant raccourci juridique.
Lors de la chute de la monarchie qui provoque la fuite d’Isabelle II (1868), le jeune prince avait proposé ses services au duc de Madrid, don Carlos et reçu le commandement d’un régiment qui allait s’illustrer à Alcora en 1873. Rallié finalement à Alphonse XII, ce dernier lui confiera en retour le poste de général de brigade en 1875 à Cuba avant d’être nommé à l’infanterie à Saragosse puis enfin dans la cavalerie à Madrid avant de se voir nommer général de division en 1891. Autant dire que Charles de Bourbon n’avait pas apprécié cet opportunisme politique.
Voilà donc la légitimité couronnée d’un nouveau prince sous le nom de François III et qui se pare du titre de duc d’Anjou. Le 16 septembre 1894, le nouveau prétendant écrit « (...) qu’il plie le drapeau d’Henri IV avec honneur, respectant les lois françaises et espagnoles, et saluant la France heureuse et tranquille avec sa République ». Etrange manifeste d’un prince qui reconnaît la primauté de la République sur l’héritage d’Henri IV. Une douzaine de jours, il tente de contacter Charles XI et son fils, leur enjoignant de se déclarer prétendants au trône de France. A ce quoi, il s’engageait lui-même à renoncer à ses propres prétentions. Il ne reçut aucune réponse de la part des deux princes Bourbons. D’ailleurs, Charles XI finit par déclarer le 17 Juillet 1895 « (...) que la candidature de Don François de Bourbon ne méritait pas d’être discutée (…) ».
Le schisme sévillan attire un certain nombre de monarchistes. Des déçus du légitimisme aux aventuriers, en passant par les perdus de cette cause. A cette époque, ce terme n’est pas utilisé. Cette expression est née de deux écrivains à la sensibilité légitimistes, Stéphane Rials (Que sais-je ? Le Légitimisme) et Stéphane Drouin (1983. Les non ralliés deux fois : les blancs d’Espagne de 1883 à nos jours –1997). François de Bourbon, élu député de Barcelone en avril 1896, décide de s’affirmer et attaque au tribunal le 7 juin suivant le duc d’Orléans pour « usurpation d’armes de France ». Il perdra l’affaire.
De Valori s’épuise et meurt subitement le 17 février 1898. Et avec lui les prétentions du prince. Le sévillanisme survit faiblement à son fondateur. Le prince François de Bourbon sera même incarcéré sur ordre de la régente Marie-Christine de Habsbourg- Lorraine qui voyait en lui un danger pour son pouvoir.
Le prince finira gouverneur des Baléares alors que la première guerre mondiale éclate. Ironie de l’histoire, Alphonse XIII le fera entrer au Conseil de guerre et de la Marine en 1917. Une décoration de la Toison d’or plus tard, la république tombe en 1931, il est autorisé à rester en Espagne. Lors de la guerre entre nationalistes et républicains, plusieurs de ses enfants et petits-enfants seront fusillés par ces derniers. Il se réfugiera alors à l’ambassade du Chili avec sa seconde épouse afin d’échapper à ce massacre. La chute de Madrid en 1939 sauvera le Prince d’une mort certaine.
Mais qui le rattrapera naturellement le 28 mars 1942.
Le mouvement sévillaniste survivra jusqu’en 1910 avec en 1903 la création d’un « Comité national du grand parti royal de France ». Une presse se développa même avec « La Royauté nationale » (1903-1904) ou « l’Union Nouvelle » (1904-1909). Un dernier Comité dit « Charles X » fut fondé (et dirigé par André Yvert 1895-1975) et placé sous le haut patronage du duc de Séville François de Bourbon, peu après la seconde guerre mondiale mais qui connut une vie toute aussi éphémère tant le duc ne se sentait pas concerné par cette prétention.
La légitimité pouvait retrouver son unité jusqu’au prochain schisme dans les années 1980 avec cette fois un prince de Parme. Mais ceci est encore une autre histoire.
Frédéric de Natal
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Julian Assange doit être accueilli !
Communiqué de Bruno Gollnisch, député européen et membre du bureau politique du Front National
La réclusion de Julian Assange vient d’être condamnée l’ONU. J’avais défendu son cas plusieurs fois au Parlement européen, y compris récemment devant Mme Merkel et M. Hollande.
Il est particulièrement scandaleux qu’une Europe qui laisse entrer sur son territoire des centaines de milliers voir des millions de personnes hâtivement qualifiées de « réfugiés politiques », refuse ce statut et l’asile à l’homme qui lui a révélé l’ampleur de l’espionnage de « l’allié » américain à notre détriment.
Monsieur Assange n’a trouvé refuge qu’à l’ambassade d’Equateur où il vit comme un prisonnier craignant, s’il met le pied sur le territoire britannique, d’être extradé aux USA par le biais d’une procédure odieuse et ridicule intentée contre lui en Suède.
Cette situation doit cesser. Julian Assange doit être accueilli sur le territoire de l’Union européenne, n’en déplaise au « Big Brother » de Washington.