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  • Mon royalisme : "politique d'abord" et sentiment par Jean-Philippe Chauvin

    Lorsque le royalisme est évoqué, rarement, dans les médias, il est ramené à quelques noms, soit issus du monde des artistes, soit tirés de l'histoire et, souvent, de la polémique autour des années trente et de la guerre de 39-45 : ce n'est pas exactement satisfaisant, même si Lorant Deutsch et Stéphane Bern me sont tous deux fort sympathiques et qu'ils banalisent (dans le bon sens du terme) l'idée de Monarchie, quand l'évocation de Maurras se fait plus grinçante et moins paisible... Mais limiter le royalisme à l'histoire ou à la popularité simplement médiatique me semble vain, ou insuffisant pour mener à la ré-instauration royale que je souhaite et pour laquelle je milite, année après année, en espérant bien « vivre en Monarchie, et non pas mourir royaliste en République »...

    Mais alors, comment définir le royalisme, et présenter sa pratique ? Il y a plusieurs approches possibles, et j'en privilégie une double, à la fois politique et « populaire » : un royalisme « politique d'abord », et un royalisme plus « sentimental », et c'est cette prise en compte des deux aspects qui me semble la plus efficace et la mieux compréhensible de nos concitoyens qu'il s'agit bien de convaincre ou, du moins, d'amadouer. Car, je le redis ici, si l'établissement d'institutions royales en France est bien nécessaire pour relever les défis contemporains dans les meilleures conditions, et qu'il peut être mené par un petit nombre, une « minorité énergique » qui sait ce qu'elle veut et où elle va, il n'est viable et crédible que si une part significative de la population civique française accepte et, même, désire cette « refondation » : pour s'enraciner, il faudra bien que la Monarchie royale soit, ou devienne, populaire près des Français.

    S'il est possible que cette popularité vienne après l'établissement royal, il ne faudrait pas, néanmoins, qu'elle tarde trop. Considérons qu'un délai maximal d'une décennie est raisonnable, et l'exemple espagnol peut nous renseigner sur ce point : le roi Juan Carlos, « enfant de Franco », a réussi en moins de six ans cette délicate opération de popularisation de la Monarchie, en jouant sur plusieurs terrains à la fois et en actionnant des leviers que seule sa position arbitrale pouvait lui assurer. La rédaction et la promotion d'une nouvelle Constitution démocratique, en 1978, puis son très bref discours d'une minute, en février 1981, pour condamner la tentative de coup d’État de quelques généraux égarés, ont « fait » la Monarchie aux yeux d'Espagnols encore largement sceptiques au sortir de quatre décennies de régime autoritaire. Comme l'expliquait le général de Gaulle, pour faire l'histoire, il faut « l'homme et l'événement », mais le roi Juan Carlos a aussi profité de cette position particulière qui était, comme roi, la sienne : héritier de la dictature, il n'en était pas le dépositaire, et, roi, il devait l'être de toute l'histoire comme de tous les Espagnols, même républicains. Il incarnait à la fois l’État et la nation, avec toutes leurs contradictions et tous leurs désirs et conflits : comme le résumait l'écrivain Marcel Jullian de façon poétique, il n'était pas « l'aile droite ni l'aile gauche, il était l'oiseau », tout simplement...

    Pour en revenir au royalisme, je le définis en « politique d'abord », et cela signifie que je n'en fais pas une cause religieuse, ni même la condition d'un hypothétique renouveau catholique, par exemple. Cela ne signifie pas que je sois indifférent à la question religieuse mais simplement qu'il ne faut pas attendre un miracle divin pour que la Monarchie s'accomplisse : en fait, c'est l'action politique, les hommes, les événements qui feront la Monarchie, et, peut-être, un peu de chance que les croyants pourront voir comme un signe de la Providence. D'autre part, la Monarchie royale est politique, avant tout, même si elle ne doit pas négliger une nécessaire « verticalité » et une forme de sacralité qui aident, l'une et l'autre, à sa légitimation sans en être, à mon sens, la légitimité même.

    Mais, au-delà de la dimension politique du royalisme, il lui faut une dimension sentimentale, de celle qui fait vibrer les cœurs et les âmes : Alexandre Dumas, au travers de ses mousquetaires et de leur fidélité au roi, a bien montré la force du sentiment qui permet à l'autorité exécutive de mobiliser les énergies pour elle, et pour le service de l’État et du pays. Que la Monarchie soit une affaire familiale marque aussi la particularité d'un régime qui se perpétue par « les voies naturelles » et qui vit au rythme de l'existence des êtres, de la naissance à la mort, entre événements joyeux et drames, mariages et deuils, rires et larmes...

    Ainsi, le royalisme doit s'adresser à la raison tout autant qu'au sentiment : s'il ne s'adressait qu'à la raison, il ne serait qu'une sèche doctrine ; s'il ne parlait qu'au sentiment, il ne serait qu'un doux phantasme. Toute « l'alchimie » monarchiste, avant que d'être monarchique le jour venu, tient dans cette subtile combinaison entre les forces du sentiment et les nécessités du politique...

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1484:mon-royalisme-qpolitique-dabordq-et-sentiment&catid=52:2018&Itemid=63

  • Maurras : censure républicaine

    Maurras est censuré ! Comme du temps des Boches ! Le livre des commémorations nationales de l’année 2018 a été expédié au pilon pour avoir comporté l’annonce du 150e anniversaire de la naissance de l’écrivain et poète martégal : 20 avril 1868.

    Mme Nyssen, ministre de la Culture, a obtempéré sur le champ à l’ordre venu de politiciens en mal de célébrité et d’officines stipendiées qui sont, comme on ne le sait que trop, les hauts lieux magistériels de la République. Question de foi et de morale : un citoyen n’a pas le droit de penser en dehors du dogme défini et encore moins d’oser regarder au-delà de la règle que lui assigne ledit Magistère.

    L’index est là qui maintient en Enfer ceux qui ne doivent pas en sortir. Non, même pas le purgatoire dont ils risqueraient de se libérer ! Là, c’est définitif. Maurras, c’est le Mal absolu. Comment et pourquoi a-t-il été possible de seulement envisager une telle célébration ? Voilà donc que le Comité des célébrations avec ses sommités a été convoqué à comparaître devant la haute autorité ministérielle pour répondre d’une telle négligence ou, pire, de l’audace d’un tel crime. Nous sommes en 2018 ! Il faut le faire.

    Rappelons, pour les sots qui jouent à l’autorité religieuse et qui prétendent nous régenter, que François Mitterrand plaçait Charles Maurras parmi ses auteurs préférés. Il l’écrit à Anne Pingeot, lettre intéressante que personne n’a jamais citée et où il exprime ses préférences littéraires : de Barrès à Montherlant, en passant par Chardonne et en n’oubliant pas Maurras dont il avait fréquenté l’œuvre, et plus que fréquenté ! Evidemment ! Mitterrand était tout, sauf un cuistre.

    Pompidou, l’un de nos présidents cultivés, non seulement citait Maurras, mais, à la grande fureur des butors de la Gauche salonnarde, lui rendait hommage : dans Le nœud gordien, dans son dernier discours à Sciences-Po. Il considérait le Kiel et Tanger de Maurras comme un livre majeur pour la compréhension de la politique extérieure française. Lequel de nos censeurs ignares en connaît même le titre ? Charles de Gaulle avait dans sa bibliothèque les œuvres de Maurras et n’a pas manqué avant guerre de lui dédicacer ses livres. André Malraux, jeune homme, donnait une préface chaleureuse à Mademoiselle Monk de Charles Maurras.

    Avant-guerre, pas un écrivain, pas un homme d’esprit, à l’exception de quelques envieux, qui ne se flattât d’avoir une relation avec l’écrivain de style puissant et le penseur de haute volée : de Barrès à Anatole France, de Proust à Apollinaire. Il avait pour compagnon Léon Daudet et Jacques Bainville.

    Presque toute la jeune génération littéraire de l’entre-deux guerres a reconnu devoir son initiation intellectuelle à l’homme qui avait offert son génie à la postérité : de Maulnier à Boutang, de Bernanos à Brasillach. Combien d’académiciens lui sont restés fidèles : de Massis à Lévis-Mirepoix, de Bordeaux à Déon, de Gaxotte à Michel Mohrt ! L’Académie française s’est honorée en refusant de le remplacer de son vivant. Et les Français se laisseraient dicter leur goût, leur choix par une petite bande de corniauds incultes. C’est donc ça, la République ? Celle qui envoie Chénier et Lavoisier à l’échafaud !

    Pourquoi tant de haine ? C’est la vraie question. Question bien connue des honnêtes gens et il en reste en France malgré tout. La bêtise et la méchanceté n’ont qu’un seul talent : déceler, sentir leur adversaire, sorte d’hommage que le vice rend à la vertu.

    Charles Maurras est trop haut pour eux, trop profond aussi, trop vrai surtout. Le mensonge ne peut supporter la lumière. « C’est un abri et un bouclier que la lumière ; elle est impénétrable aux curiosités du commun. Les mystères qu’elle recouvre ne seront jamais divulgués. Je lui ai confié les miens » écrivait Charles Maurras en 1894 dans la préface à son Chemin de Paradis.

    Puisse cette lumière jaillir quelque jour pour nous sortir de l’Enfer où la satanique imbécillité à l’intention de nous enfermer pour toujours, et pour nous entraîner sur son chemin de gloire jusqu’aux portes du Royaume.  

    Hilaire de Crémiers

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Éric Zemmour : “40 ans après, enfin la mise à mort du pédagogisme à l’école ?”

    Le rapport Villani a été présenté lundi 12 février pour restaurer le niveau en mathématiques des élèves français. Et jeudi 15 février, on en saura plus sur la prochaine réforme du baccalauréat.

    Chaque jour est un jour de souffrance. Chaque jour est une torture quotidienne. À Chaque jour sa catastrophe. À chaque jour son offense, son humiliation. Un jour, c’est la méthode syllabique, le bon vieux b.a-ba, qui revient en majesté. Un autre jour, la dictée. Et maintenant les quatre opérations. Même la division, dès le cours préparatoire !

    Demain, peut-être la fin du Bac dans une pochette surprise ? Et pourquoi pas la sélection à l’université ? C’est trop de douleur. Entendre un membre de la commission Villani dire : “L’objectif de la mission est de rompre l’engrenage dans lequel l’enseignement est plongé depuis quarante ans”. C’est plus qu’ils n’en peuvent supporter.

    L’engrenage, c’est eux. Quarante ans, c’est la durée de leur règne sur l’école. Depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui. Presque aussi long que le règne de Louis XIV. Au temps de leur splendeur, on les appelait les “pédagogistes”.

    Ils auraient du se méfier. Dans l’école d’avant, on apprenait que la roche Tarpéienne était proche du Capitole. La chute du sommet. Blanquer est leur bourreau. Blanquer est leur tortionnaire.

    Il les oblige à démissionner de tous leurs lieux de pouvoir. Il reconstruit pierre après pierre l’école d’avant qu’ils ont tant haïe. Il habille ce projet authentiquement réactionnaire des oripeaux de la modernité scientiste.

    https://fr.novopress.info/209574/eric-zemmour-40-ans-apres-enfin-la-mise-a-mort-du-pedagogisme-a-lecole/

  • La Russie comme vous ne l'avez jamais vue

    On les dirait sortis des plus beaux contes de la vieille Russie, et en même temps, ces clichés semblent avoir été pris hier. Ils nous montrent la réalité de ce qu'était la Russie avant 1917. Ils sont en couleurs, dès leur origine, et ils traduisent le génie tant artistique que scientifique de leur auteur : Sergueï Prokoudine-Gorski. Pour en savoir plus sur ce photographe d'exception, vous trouverez des détails en français ici. Pour vous émerveiller de ce reportage complet dans tout l'Empire au début du XXè Siècle, vous pouvez consulter ces sites, dont certains proposent des vues comparées entre la photo d'origine et ce que les lieux sont devenus aujourd'hui : 123. Ces sites sont en langue russe, il faut donc naviguer au hasard, et utiliser le traducteur de votre navigateur pour vous y retrouver. Allez-y, vous ne le regretterez pas: bon voyage dans l'espace et dans le temps !

    Russie

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    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • CSG / CRDS : LE SCANDALE N’EST PAS QU’ELLES AUGMENTENT, MAIS QU’ELLES EXISTENT

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    Voici quelques temps qu’une certaine droite française cherche quelques poux à la désormais célèbre « augmentation de la CSG ». Ironie de l’histoire, les ex-partisans de Nicolas Sarkozy, ancrés au vaisseau amiral englouti des Républicains, s’acharnent sur un semblant d’opposition. En vérité, cette opposition sur la CSG est bien la seule qu’ils assument de porter, ayant fièrement renoncé à défendre la France, trop embourbés dans leur marotte européenne. Le bobo de droite aussi a ses valeurs, et finalement si peu éloignée d’Emmanuel Macron qu’il se fourvoie dans une bagatelle. Mais écoutons-le s’égosiller sur des pouièmes d’euros de CSG que perdent désormais les retraités.

    Je ne cherche pas particulièrement à excuser notre président, mais le comportement de cette droite là n’est pas seulement agaçant ; il est foncièrement hypocrite. D’une part, on aura beau me faire pleurer sur 20 euros par mois en moins de retraite, je ris avec Dieu des gens qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. Notre système de retraite, dans son bordélique, inégalitaire et spoliateur fonctionnement ne peut nécessairement qu’aboutir à des retraites de misère. Parions pourtant que ceux qui geignent sur la perte de ce pouvoir d’achat ne toucheront jamais à ce mastodonte archaïque. D’autre part, le zèle à défendre un lopin n’est que l’aveu d’échec à conquérir un empire. La droite, cette droite-là, a échoué et elle gagnerait à faire profil bas plutôt que de simuler des estocades.

    Aussi souhaite-t-elle parler de la CSG ? Allons-y… Car si les Français n’aiment pas les voleurs, ils se taisent pourtant quand il s’appelle « État Français ». Rappelons que la CSG est un impôt inventé pour venir compenser des « cotisations » (nom emprunté au monde des assurances bien que fort dévoyé) qui ne produisent pas les résultats attendus. En effet, la sécurité sociale est censée fonctionner grâce à vos volontaires contributions dans un système assurantiel, qui exige un certain équilibre. Il devrait exister une certaine équivalence entre ce qu’il nous coûte individuellement (« cotisations »), et collectivement (« protection sociale »). Cela s’appelle de l’argent public, et comme il est préférable d’avoir une économie réelle face à l’économie spéculative, il est bon de privilégier l’imposition réelle (un euro d’impôt pour un euro de mission de l’État) à l’imposition spéculative (un euro, qui peut ou pourrait peut-être aller hypothétiquement ici ou là). Or la CSG vient simplement vous expliquer que vos cotisations sont insuffisantes, et qu’il faudrait laisser l’État vous ponctionner davantage. Intéressant aveu d’échec du « meilleur système de protection sociale », d’autant que cette contribution qui finance la Sécurité sociale n’ouvre aucun droit à en bénéficier… En simple, c’est du vol.

    Parlons maintenant de la CRDS, car l’État n’est pas avare d’idées quand il s’agit d’inventer de l’impôt. Comme vous cotisez tous les mois et que cela ne suffit pas, on invente la CSG. Mais comme vous payez (sans droit en retour) la CSG un peu partout mais que cela ne suffit pas, il demeure un déficit chronique inhérent à notre « meilleur système de protection sociale ». Cela s’appelle une dette (voire une gabegie). On a donc inventé la CRDS. Cette merveille, inventée par M. Juppé (heureusement recalé à la présidence), sert à rembourser la dette que vos cotisations et vos impôts ne jugulent toujours pas. Là encore, cet impôt supplémentaire n’ouvre à aucun droit de protection sociale. Répétez après moi : c’est toujours du vol.

    Les textes prévoyaient de faire disparaître la CRDS en 2009. Mais, vous savez comme moi que vos cotisations et votre double impôt n’ont rien endigué. La dette sociale a survécu, malgré le maintien et l’augmentation de la CSG et de la CRDS.

    Ne cherchez plus, la CSG ou la CRDS ne financent pas la protection sociale, mais les incapables que l’on coucoune à produire la dette de demain, qu’une nouvelle contribution de leur cru viendra légèrement compenser. Les retraités d’aujourd’hui peuvent pleurer, ce sont des larmichettes face aux épleurés de demain.

  • La sagesse biblique de Montaigne et notre actualité

    par Nicolas Bonnal

    Ex: http://www.dedefensa.org

    Fatigué des nouvelles du jour, je me remets à glaner dans tout Montaigne. Sur nos guerres protestantes, américaines, notre choc des civilisations, j’y trouve ceci :

    3962840158.jpg«… je trouve mauvais ce que je vois en usage aujourd’hui, c’est-à-dire de chercher à affermir et imposer notre religion par la prospérité de nos entreprises.

    Notre foi a suffisamment d’autres fondements pour qu’il ne soit pas nécessaire de fonder son autorité sur les événements. Car il y a danger quand le peuple, habitué à ces arguments plausibles et bien de son goût, voit sa foi ébranlée par des événements qui lui sont contraires et défavorables. Ainsi en est-il des guerres de religion dans lesquelles nous sommes plongés. »

    Sur la société d’abondance et de consommation qui produit satiété et dépression, j’y trouve cela :

    « Pensons-nous que les enfants de chœur prennent vraiment du plaisir à la musique ? La satiété la leur rend plutôt ennuyeuse. Les festins, les danses, les mascarades, les tournois réjouissent ceux qui ne les voient pas souvent, et qui désirent depuis longtemps les voir ; mais pour celui dont ils forment l’ordinaire, le goût en devient fade et même déplaisant : les femmes n’excitent plus celui qui en jouit autant qu’il veut… Celui qui n’a pas l’occasion d’avoir soif ne saurait avoir grand plaisir à boire. »

    Montaigne ajoute, comme s’il pensait à nos comiques :

     “Les farces des bateleurs nous amusent, mais pour eux, c’est une vraie corvée. »

    La société d’abondance ? Il la définit ainsi Montaigne :

    « Il n’est rien de si ennuyeux, d’aussi écœurant que l’abondance. Quel désir ne s’émousserait d’avoir trois cent femmes à sa disposition, comme le Grand Turc dans son sérail ?

    Quel désir et quelle sorte de chasse pouvait bien avoir celui de ses ancêtres qui n’y allait jamais qu’avec au moins sept mille fauconniers ? »

    Sur l’espionnage par l’Etat profond, Montaigne nous rappelle tout simplement que les Grands sont plus espionnés que les petits, mais qu’ils y ont pris goût (pensez à son pessimiste ami La Boétie):

    « Tout le monde redoute d’être contrôlé et épié ; les grands le sont jusque dans leurs comportements et leurs pensées, le peuple estimant avoir le droit d’en juger et intérêt à le faire. »

    Pensons au harcèlement de nos pauvres peoples. A son époque c’est pire :

    « Et il ne m’est jamais venu à l’idée que cela puisse constituer un quelconque avantage, dans la vie d’un homme cultivé, que d’avoir une vingtaine d’observateurs quand il est sur sa chaise percée… »

    Deux siècles avant Montesquieu, Montaigne dénonce les caprices de la mode :

    « La façon dont nos lois tentent de régler les folles et vaines dépenses de table et de vêtements semble avoir un effet contraire à son objet. Le vrai moyen, ce serait de susciter chez les hommes le mépris de l’or et de la soie, considérés comme des choses vaines et inutiles. Au lieu de cela, nous en augmentons la considération et la valeur qu’on leur attache, ce qui est bien une façon stupide de procéder si l’on veut en dégoûter les gens. »

    La mode va vite comme la télé (cf. Virgile-Ovide) :

    « Il est étonnant de voir comment la coutume, dans ces choses de peu d’importance, impose si facilement et si vite son autorité. À peine avions-nous porté du drap pendant un an à la cour, pour le deuil du roi Henri II, que déjà dans l’opinion de tous, la soie était devenue si vulgaire, que si l’on en voyait quelqu’un vêtu, on le prenait aussitôt pour un bourgeois. »

    La Fontaine dira que le courtisan est un ressort. Montaigne :

    « Le reste de la France prend pour règle celle de la cour.

    Que les rois renoncent à cette vilaine pièce de vêtement qui montre si ostensiblement nos membres intimes, à ce balourd grossissement des pourpoints qui nous fait si différents de ce que nous sommes et si incommode pour s’armer, à ces longues tresses efféminées de cheveux… »

    Montaigne vit au présent perpétuel, les ridicules qu’ils dénoncent sont donc ceux de la cité grecque d’Alan Bloom et Platon :

    « Dans ses Lois, Platon estime que rien n’est plus dommageable à sa cité que de permettre à la jeunesse de changer ses accoutrements, ses gestes, ses danses, ses exercices et ses chansons, en passant d’une mode à l’autre, adoptant tantôt tel jugement, tantôt tel autre, et de courir après les nouveautés, adulant leurs inventeurs. C’est ainsi en effet que les mœurs se corrompent, et que les anciennes institutions se voient dédaignées, voire méprisées. »

    Oui, il n’est pas trop réformateur, Montaigne.

    Parfois il divague gentiment et il nous fait rêver avec ce qu’il a lu dans sa bibliothèque digne de Borges (voyez Guénon, Règne de la Quantité, les limites de l’histoire et de la géographie) :

    « On lit dans Hérodote qu’il y a des peuples chez qui les hommes dorment et veillent par demi années. Et ceux qui ont écrit la vie du sage Épiménide disent qu’il dormit cinquante-sept ans de suite. »

    Bon catholique, homme raisonnable surtout, Montaigne tape sur la Réforme, rappelant que deux siècles avant la révolution on a voulu changer les noms :

    « La postérité ne dira pas que notre Réforme d’aujourd’hui a été subtile et judicieuse ; car elle n’a pas seulement combattu les erreurs et les vices, et rempli le monde de dévotion, d’humilité, d’obéissance, de paix et de toutes les vertus. Elle est aussi allée jusqu’à combattre ces anciens noms de baptême tels que Charles, Louis, François, pour peupler le monde de Mathusalem, Ézéchiel, Malachie, supposés plus imprégnés par la foi ! »

    Sur ce sujet lisez son disciple Rothbard et son texte sur l’idéal communisme-millénariste des protestants, en particulier des anabaptistes.

    Lire Montaigne (il dénonce le rustre son temps et sa mode efféminées !), qui nourrit Pascal, Cervantès et Shakespeare, c’est retomber dans l’enfance de la sagesse de la grande civilisation européenne aujourd’hui engloutie. Une sagesse biblique un rien sceptique, héritée de Salomon, plus sympathique que celle du sinistre Francis Bacon, qui triompha avec son Atlantide scientiste et son collège d’experts en folles manipulations psychologiques, génétiques et même agronomiques (lisez-le pour ne pas rire). Montaigne a moins voulu nous prévenir contre la tradition que contre cette folle quantité de coutumes, de modes et de snobismes qui s’imposeraient dans notre monde moderne déraciné.

    On le laisse nous remettre chrétiennement à notre place (apologie de Raymond Sebond) :

    « Le moyen que j’utilise pour combattre cette frénésie, celui qui me semble le plus propre à cela, c’est de froisser et fouler aux pieds l’orgueil et la fierté humaine. Il faut faire sentir à ces gens-là l’inanité, la vanité, et le néant de l’homme, leur arracher des mains les faibles armes de la raison, leur faire courber la tête et mordre la poussière sous le poids de l’autorité et du respect de la majesté divine. Car c’est à elle, et à elle seule qu’appartiennent la connaissance et la sagesse… »

    Voilà pour le paganisme aseptisé de nos couillons de nos manuels scolaires !

    Ou bien (Essais, I, L) :

    « Je ne pense pas qu’il y ait en nous autant de malheur que de frivolité, autant de méchanceté que de bêtise ; nous sommes moins remplis de mal que d’inanité, nous sommes moins malheureux que vils. »

    A transmettre à Davos. Et comme on parlait du roi Salomon, on citera ses proverbes :

    « La gloire de Dieu est de cacher une chose, et la gloire des rois est de sonder une chose. »

    Enfin pour  faire lire et relire Montaigne je prends plaisir à recommander l’édition-traduction de Guy de Pernon, que j’ai trouvée juteuse et agréable, presque autant que le légendaire texte original (ebooksgratuits.com).

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2018/02/12/la-sagesse-biblique-de-montaigne-et-notre-actualite-6025746.html

  • Réforme de l’islam: le passif d’une illusion

    par Jérôme Blanchet-Gravel

    Malgré toute sa bonne volonté, Emmanuel Macron ne parviendra pas à réformer véritablement l’islam de France. Sauf s’il parvient à lui faire accepter trois importantes concessions. 

    La violence commise au nom de l’islam est l’un des plus graves problèmes dans le monde. Non seulement la religion musulmane est liée à la guerre et au terrorisme, mais elle favorise la montée de tensions intercommunautaires un peu partout en Occident. En annonçant qu’il travaillait activement à la structuration d’un islam de France réformé, le président Emmanuel Macron semble reconnaître cette réalité.

    Les trois piliers de l’islam républicain

    Mais quelle forme pourrait-elle prendre cette réforme tant attendue ? Comment faire pour fonder un islam plus spirituel et culturel que politique et idéologique ?

    Lire la suite sur Causeur

  • La politique de M. Blanquer. Partie 1 : Une inquiétude chez les lycéens ?

    Sous la neige, les pavés ? Les conditions climatiques de la semaine en cours d'achèvement ont, il est vrai, occulté nombre d'autres informations et quelques débats que, pourtant, il ne serait pas inutile d'ouvrir et de mener. Ainsi, celui sur le baccalauréat et sur les réformes en préparation, autant sur le lycée que sur l'entrée en université, en attendant ceux sur l'Université elle-même et sur le système et l'organisation de l’École au sens large du terme. Car si quelques entrées seulement de lycées ou d'amphithéâtres ont été bloquées ces jours derniers, il n'en est pas moins vrai qu'une partie des lycéens, peut-être pas si minime que cela, s'inquiète des conséquences d'un changement des « règles » du baccalauréat et d'une possible sélection à l'entrée de l'université : après tout, l'on peut entendre ces craintes sans céder à la facilité de hausser les épaules ou, au contraire, de hurler avec les loups d'une certaine extrémité politique, plus prompts à dénoncer qu'à proposer ou à fonder.

    J'ai été longtemps étudiant et, en ces temps qui s'éloignent de plus en plus, j'ai pu observer de l'intérieur le fonctionnement de l'Université, non seulement en tant que simple auditeur mais aussi au sein de quelques Conseils (de gestion en Droit, d'administration à Rennes-2, d'UFR en département d'histoire), et il m'est arrivé de participer à nombre de débats, y compris dans des amphis surchauffés lors de mouvements estudiantins de contestation : j'en ai retiré l'impression que l'Université, petit monde passionnant et plein de contradictions, ne jouait pas forcément le rôle qui devrait être le sien, celui de « la recherche et la discussion », se contentant parfois du conformisme et de « l'émeute » dérisoire de quelques uns, brandissant le drapeau d'une révolution dont, pour la plupart, ils ne souhaitaient pas vraiment autre chose que l'apparence, bien plutôt que la réalisation... Bien sûr, il y avait des idéalistes, de vrais révolutionnaires, et nombre de jeunes, au moins pour quelques années, s'engageaient de bon cœur et de bonne foi (et ce dernier terme n'est pas de trop) dans des causes qui, parfois, peuvent faire sourire aujourd'hui. Il y eut des espérances certaines et le film-témoignage « Mourir à trente ans » nous le rappelle utilement, à travers l'histoire de Michel Recanati, ce militant d'une extrême-gauche qui voulait « faire la révolution » et, au-delà, la « vivre », passionnément. Je ne m'en moque pas, et je les prends même au sérieux, les ayant beaucoup combattues mais me reconnaissant une certaine nostalgie de ces confrontations de jeunesse...

    Mais il y avait, et il y a toujours, beaucoup de naïveté chez les manifestants étudiants et de sournoiserie chez ceux qui, disons-le crûment, les manipulaient sans vergogne pour consolider leur propre carrière politique. Une naïveté qui ne peut tout excuser, néanmoins, et en particulier une certaine paresse intellectuelle pour nombre de ceux qui criaient fort dans les rues tout en se contentant de quelques arguments souvent trop peu réfléchis pour être crédibles, mais néanmoins écoutés parce que déclamés par une « jeunesse » dont tous les gouvernements (surtout de Droite, d'ailleurs), depuis les années 1970, craignent la « révolte ».

    Qu'en est-il aujourd'hui ? Les projets encore incertains du gouvernement (tous les arbitrages ne semblent pas être encore rendus en haut lieu) sont-ils les marques d'une politique « réactionnaire » (« maurrassienne » peut-être, puisque c'est l'épouvantail du moment...) et de la nostalgie d'une « école du temps jadis » dans laquelle régnaient, dit-on, l'autorité et le mérite, forcément républicains, façon (Jules) Ferry ? Je n'en suis pas totalement sûr : s'il y a des velléités de remise en ordre de l’École qui peuvent m'être sympathiques, je crains que l'approche purement comptable de Bercy ne les remette rapidement en cause, au risque d'en ruiner tout le sens et la portée et, a contrario, de favoriser une logique libérale peu compatible avec la promotion d'une justice sociale scolaire pourtant éminemment nécessaire. Or, la politique de M. Blanquer, ministre de l'Education nationale, appelle des investissements financiers non négligeables et une confiance renouvelée des personnels éducatifs pour pouvoir réussir : sans l'une ou l'autre de ces conditions, il est à craindre que rien de bon ne pourra se faire et, surtout, s'inscrire dans la durée, cette dernière toujours nécessaire à toute politique digne de ce nom.

    Pour l'heure, l'idée d'une « sélection » (1) à l'entrée de l'Université ne me semble pas choquante en soi, et elle est toujours préférable à l'injuste égalité du tirage au sort ! Si le mot de sélection a mauvaise presse près de quelques lycéens de Terminale, c'est sans doute parce que certains (2) en donnent un sens trop restrictif et purement « éliminatoire » quand elle doit se penser plutôt comme une juste orientation, l'ouverture vers des voies possibles plutôt que l'engagement en des impasses. Qu'y a-t-il de scandaleux à considérer que tout le monde ne peut pas être médecin ou professeur, et que les souhaits d'un lycéen doivent parfois être, sinon contrariés, du moins raisonnés en fonction de ses compétences et aptitudes, mais aussi de son investissement dans le travail et dans la réflexion ?

    (à suivre) 

    Notes : (1) : Le mot de « sélection » n'a pas, à ma connaissance, était prononcé par le ministre dont l'intention, néanmoins, est transparente et, sur ce point, tout à fait, louable. 

    (2) : Quelques syndicats, aussi bien d'usagers de l’École que de personnels de celle-ci, s'insurgent contre une sélection qu'ils définissent, à tort ou malhonnêtement, comme une forme de discrimination : abus de langage évident, et impossibilité à penser le processus d'éducation autrement qu'à travers une grille de lecture idéologique qui fait de l'éducation une matrice de l'égalité obligatoire, y compris par le discrédit de l'excellence, inégalitaire par essence...

    Jean-Philippe CHAUVIN

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