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  • Les complotistes l’ont mauvaise!

    cinema.jpgPas question de plier,  d’entendre le ras-le-bol populaire: face aux gilets jaunes Edouard Philippe se veut  Droit dans ses bottes,  pour reprendre la formule restée célèbre  de son son mentor Alain Juppé  lors des grèves monstres de 1995. Mais ici point  de syndicats pour encadrer la colère  d’un mouvement qui a pris tout le monde de court par son ampleur  et qui se poursuit aujourd’hui par de nombreux blocages. La grande journée de mobilisation du 17 novembre a été quantifiée par le ministère de l’Intérieur : environ 2000 rassemblements ou drapeaux tricolores  et Marseillaise étaient souvent de mise (les quelques farceurs qui ont voulu entonner l’Internationale n’ont pas été  à la fête!) ,   283 000 manifestants, dont de nombreux cadres, élus, militants  de l’opposition nationale qui comme Bruno Gollnisch, ont été souvent chaudement félicités par les automobilistes. Il  est vrai aussi  que  certaines actions ont donné lieu à des violences forcément dommageables et condamnables : une manifestante retraitée est morte renversée par une voiture samedi à un barrage filtrant à Pont de Beauvoisin, 409  blessés et  282 interpellations  (dont 157 gardes à vue) sont à déplorer. Toutes choses qui ne parviennent pas à ternir l’incontestable succès de cette réaction  de la France périphérique devant l’oppression fiscale et les promesses trahies…qui  certes n’ont pas débuté avec le quinquennat Macron.

    De l’europhobe  François Asselineau au bruxellois Jean Quatremer, des  grandes centrales syndicales  aux  godillots de  LREM, des voix se sont élevées pour dénoncer cette jacquerie. Mépris, incompréhension, dégoût  devant le bas peuple qui à le front de ruer dans les brancards  que résument ces quelques lignes sur twitter de Bernard-Henri Lévy, relais officieux de l’idéologie macroniste,  qui a voulu voir dans l’action des gilets jaunes samedi l’« échec d’un mouvement qu’on nous annonçait massif» (sic) , un infâme «poujadisme» qui contrecarre la «fiscalité écolo» et le noble  «combat (d’Emmanuel Macron)  contre les populismes

    Gilets jaunes dont le populisme a été rattaché par BHL à celui qui a bouleversé la donne électorale et la vie politique italiennes ces derniers mois, et que le philosophe pipo (le) analyse en conseillant la lecture du livre de Maurizio Molinari, journaliste  de sensibilité euromondialiste  comme il se doit,  directeur de la Stampa.  Il   explique «Pourquoi l’Italie est devenue le laboratoire du haut mal politique contemporain», «Pourquoi ce qu’on appelle populisme, souverainisme, néofascisme s’y trouve-t-il en position de primauté ou, pour mieux dire, en pole position.» M Molinari nous apprendrait ainsi   que « l’improbable tandem de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles est tout sauf une surprise, et moins encore une aberration, pour un observateur averti de la scène italienne. On y verra les gueulards, soiffards et autres soudards des deux mouvements se renifler l’un l’autre depuis des années, exactement comme, en France, le font les Insoumis et les lepénistes – et on les verra, d’alliances tactiques en réflexes partagés, de glissements subtils et imperceptibles en partenariats honteux, finir par clamer au grand jour que ce qui les unit compte plus que ce qui les divise (…). » Notamment  écrit-il  le refus commun de « la  bureaucratie bruxelloise » «constituée en bouc émissaire» par «les conjurés de la nouvelle alliance rouge-brune.» Alliance immonde affirme Molinari,  qui là aussi rejoint les obsessions et la paranoïa de  M.  Lévy , rendue possible par  «Poutine», » activiste de l’ombre, plus redoutable encore que l’ancien KGB (…)  devenu, ici comme ailleurs, le suprême agent pathogène du cancer populiste : n’est-il pas attesté qu’il est, par le biais des réseaux sociaux, intervenu dans les élections italiennes au moins autant que dans celles des Etats-Unis ? et n’a-t-il pas trouvé en Matteo Salvini une sorte de semblable, de double raté, de frère faible et fasciné ?»

    Un nouvel  exemple de la thèse  qui voudrait que  la main de Moscou manipule  les masses naïves qui se jetteraient  alors  dans les bras de crétins démagogues et fascisants.  Une explication complotiste de bas étage  qui permet de passer sous silence les échecs des partis européistes au pouvoir. Or, ce sont lesdits échecs   qui expliquent plus prosaïquement que les électeurs se tournent vers des formations politiques porteuses d’une alternative et réceptives à leur demande de protections... Même hémiplégie intellectuelle de BHL quand il approuve M. Molinari qui évoque chez les Italiens   « le fantasme d’une identité qui, dans ce pays ontologiquement morcelé, a moins de sens encore qu’ailleurs : y a-t-il plus identitairement éloigné qu’un Vénitien d’un Milanais ? un Romain d’un Napolitain ? un guépard lampedusien d’un Florentin fils de Dante ?»  Et bien  il y a  à l’évidence beaucoup plus identitairement éloigné: un Romain, un Napolitain,  Vénitien, un Milanais, un Sicilien partagent  en commun une italianité qu’ils ne partagent pas a contrario avec un  Yorouba, un Bambara un Asharaf, un Muhadjir ou un Hazara…

    La  crise migratoire  a justement pour effet d’agir comme un révélateur  de cette identité commune qui lie les membres d’une même entité cultuelle, civilisationnelle.  Et cela se constate en Italie comme dans les autres pays européens confrontés à  l’immigration massive. Il fut un temps ou M. Molinari en avait (un peu) conscience. En 2013, alors correspondant de la Stampa à New York,  Maurizio Molinari relayait dans un article  les témoignages de juifs français qui avaient quitté la France pour les Etats-Unis  avançant pour expliquer leur migration  des raisons  liées à la crise économique, mais aussi leur désir de  vivre leur foi de manière plus simple et  surtout  d’ échapper aux «agressions physiques, aux« violences, à «l’intolérance musulmane.» Ce qui serait vrai pour les juifs de France ne le serait pas pour les autre  Français qui entendent rester sur la terre de leurs ancêtres,  confrontés à la même situation  de déréliction  économique, identitaire, sécuritaire?

    Ce refus de voir le réel et/ou l’incapacité à s’y colleter, explique l’inéxorable (?) descente de la cote de popularité d’Emmanuel Macron. Le dernier baromètre Ifop pour le JDD indique que le locataire de l’Elysée atteint son plus bas niveau depuis son élection et  ne recueille plus que 25% d’opinions favorables (contre 29% le mois dernier). Une même pente descendante qu’emprunte Edouad Philippe, le  Premier ministre enregistrant  une baisse de 7 points en novembre, soutenu seulement par un Français sur trois  (34% de satisfaits).  Dix-huit mois après  leur élection,  MM.  Hollande et Sarkozy obtenaient  respectivement 20%  et 44%  d’opinions favorables. Sans surprise,  la dégringolade est particulièrement  sévère dans les catégories les plus impactées par la politique du gouvernement. M. Macron  perd ainsi neuf points chez les ouvriers, les artisans et commerçants…

    Une désaffection qui explique pareillement les résultats de l’enquête Ifop pour atlantico sur les intentions de vote de nos compatriotes aux élections européennes de mai prochain. Le RN gagne cinq points en trois mois et est désormais crédité de 22% des intentions de vote. La liste LREM-MoDem perd elle deux points avec 19%.  Tous les autres partis chutent également ou stagnent. La liste LR obtiendrait 13%, LFI 10%, EELV 7%, DLF 6% et  le PS 6% chacun, l‘UDI 4%, la liste du mouvement de Benoit Hamon 3%,  celle de Jean Lassalle 2%, les listes Asselineau et Philippot 1% chacune. Les  nationaux ont connu des campagnes qui s’annonçaient sous des auspices moins favorables, mais ce score  annoncé oblige impérativement à garder la tête froide, à redoubler de vigilance et d’efforts car traquenards, coups bas  et embûches ne nous serons pas épargnés par ce Système aux abois.

    https://gollnisch.com/2018/11/19/les-complotistes-lont-mauvaise/

  • De la démocratie au totalitarisme

    De la démocratie au totalitarisme

    Le Journal de la peste décrit l’histoire d’une nation, le Canada, mais ce pourrait être la France, qui verse silencieusement dans le totalitarisme, mou puis de plus en plus dur, à tel point que la population endormie ne s’en rend pas compte, et où le personnage principal est l’une des dernières voix médiatiques à tenter de dire l’entière vérité sur ce qui se passe. Ce roman d’anticipation raconte la lutte d’un homme profondément moderne éprouvé dans ses dernières ressources spirituelles et psychologiques, qui, en se perdant, se trouve lui-même.

    Et que dire de la nourriture sociopolitique qui est devenue notre quotidien ? Nous nous sommes habitués aux projets et aux platitudes produits en masse, aux concoctions mi-cuites, douces sur la langue, mais pas nourrissantes. Et que dire de ces commentaires journalistiques intelligents qui mélangent des vérités choisies avec des ingrédients bizarres ? On nous programme pour avaler nombre de gâteaux dans lesquels un cuisinier ou un autre a mêlé des punaises, des boulons et des clous. Doit-on être rassuré quand ils nous disent qu’ils sont diplômés des meilleurs écoles de cuisine ? Faut-il être soulagé lorsqu’ils nous assurent que ce gâteau contient d’excellents ingrédients, aussi bien que d’autres plus discutables ? Et s’ils nous avertissent que depuis quelques temps notre alimentation manque de minéraux, faut-il faire confiance à leur jugement juste parce que c’est vrai que les boulons, les clous et les punaises sont constitués de minéraux ? Oui, nous sommes très affamés. Le gâteau a l’air bon, sent bon et a même bon goût jusqu’à ce qu’on commence vraiment à mastiquer. Mais si nous faisons trop longtemps confiance à ce genre de cuisinier, notre foyer sera plein de dents cassées et d’estomacs en vrac. et à la fin, nous aurons véritablement très faim. Peut-être serait-il plus sage de notre part de chercher un vieux cuisinier qui sait ce que sont la faim et la vraie nourriture.

    Michael O’Brien, également auteur du best-seller Père Elijah, sera en France du 19 au 24 novembre pour promouvoir son dernier roman (le 22 à Port-Marly).

    https://www.lesalonbeige.fr/de-la-democratie-au-totalitarisme/

  • Edition Spéciale Gilets jaunes – Journal du lundi 19 novembre 2018

    Edition Spéciale Gilets jaunes
    La France s’était vêtue de jaune pour la fin de semaine. Partout dans le pays, des rassemblements étaient organisés pour protester contre la baisse générale du pouvoir d’achat. Impôts, taxes sur le carburant et mépris d’Emmanuel Macron, les gilets jaunes entendaient provoquer un signe de l’exécutif. Résultat : Un président parti en Allemagne et un premier ministre qui fait la sourde oreille… Des réactions politiques qui devraient susciter une prolongation du mouvement citoyen, malgré des gros écarts d’organisation.

    – Société / La vague jaune citron contre Macron
    – Politique / L’exécutif entre déni et défiance
    – Société / Gilets jaunes : et après ?
    – L’actualité en bref

    Serveur TVL

    Lien dailymotion
    https://www.tvlibertes.com/2018/11/19/26833/edition-speciale-gilets-jaunes-journal-lundi-19-novembre-2018

  • Terres de Mission n°101 : Pèlerinages aux quatre coins du monde

     “Terres de mission” reçoit Sophie Magerand, collaboratrice de l’agence de voyages Odeia. Cette agence, filiale d’un groupe familial, organise des voyages culturels et des pèlerinages dans divers endroits de la planète, de la Terre sainte à l’ancienne Indochine, en passant par la Russie.
    Puis, la séquence “Eglise en marche” est dédiée à la présentation du projet de série vidéo produite par Saint Louis Studios: “Un dîner aux chandelles”, mettant en scène une famille aristocratique au début du XXe siècle.
    Site Saint-Louis Studios : www.saintlouistudios.com

    https://www.tvlibertes.com/2018/11/18/26808/terres-de-mission-n101

  • Éric Zemmour : « Le 17 novembre, la révolte des Français qui voient jaune »

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    Éric Zemmour donne sa vision de la révolte des gilets jaunes : révolte de la France périphérique - dont Christophe Guilluy nous dit qu'elle reste majoritaire - contre la France mondialisée des grandes métropoles, minoritaire. Éric Zemmour y voit une forme nouvelle de la lutte des classes, fil rouge de la présidence Macron [Figaro magazine du vendredi 16 novembre]. Pourquoi pas ? Ou un affrontement Pays Réel / Pays Légal, à la maurrassienne ? Sans-doute les deux. Christophe Guilluy dit encore que la classe dirigeante actuelle parce qu'elle représente et sert la France mondialisée minoritaire est de ce fait condamnée. Si tel était le cas, nous dirions, comme Houellebecq, que nous n'aurions rien à regretter.  LFAR

    C'est une révolution ? Non, sire, c'est une révolte. On pourrait ainsi retourner le célèbre dialogue qui annonça au roi la prise de la Bastille. Non, la manifestation des « gilets jaunes » ne sera pas une révolution. Le 17 novembre 2018 ne sera pas le 14 juillet 1789. Le monarque élyséen n'a rien à craindre, en dépit des cris poussés par les sans-culottes de La France insoumise et du Rassemblement national. On pourrait même dire que cette révolte n'est qu'une jacquerie, c'est-à-dire une rébellion de manants sans perspective politique ; mais cela la rend d'autant plus grave.

    La protestation contre la hausse du prix de l'essence est aussi vieille… que l'automobile. Pendant longtemps, elle fut provoquée par celle du prix du pétrole. Au moins, il y avait une certaine logique. Et puis, le prix de l'essence est devenu une arme au service des idéaux écologiques. C'est en tout cas ainsi que nos gouvernants habillent leurs décisions. Le diesel, voilà l'ennemi ! Il y a quelques années, pourtant, les mêmes nous disaient: le diesel, voilà l'ami ! Allez comprendre. En vérité, les Français ne consomment pas plus d'essence (diesel compris) mais moins. C'est même pour cette raison que l'Etat en augmente le prix. Cela paraît complexe mais c'est simple pour un technocrate de Bercy : plus on achète de l'essence à la pompe, plus on paie de taxes : pour compenser la baisse des recettes fiscales provoquée par la baisse de la consommation d'essence, il faut augmenter son prix ! C.Q.F.D.

    Les technocrates de Bercy sont d'autant plus inquiets que la première année du mandat de Macron a vu les dépenses publiques s'envoler de nouveau. On est loin des promesses du candidat de réduire les effectifs de la fonction publique ; mais on est au plus près des électeurs du candidat Macron: les fonctionnaires d'un côté et surtout, de l'autre, les habitants des métropoles qui n'ont pas besoin d'automobile pour se déplacer, bien pourvus en métros, bus, tramways ou encore vélos, voire trottinettes.

    Les cibles de la politique de Bercy sont les habitants de cette France périphérique des petites villes qui ont besoin de leurs voitures (souvent au diesel) pour se rendre à leur travail ou conduire leurs enfants à l'école. Comme par hasard, cette France-là n'a pas voté Macron. Elle lui a préféré l'abstention ou Marine Le Pen. Ou, pour les plus âgés d'entre eux, François Fillon. Cette France-là, ce sont ceux qui « fument des clopes et qui roulent au diesel », que brocardait récemment un ministre, à la manière d'Hillary Clinton se gaussant des « déplorables » qui votaient pour Donald Trump. Ce « mépris de classe », qui traduit le retour de la «lutte des classes», est le grand non-dit de cette manifestation des « gilets jaunes »: une « lutte des classes » remise au goût du jour par la mondialisation, qui s'exprime géographiquement, socialement, et électoralement. Une lutte des classes qui est le fil rouge de la présidence Macron, quels que soient les efforts de celui-ci pour le dissimuler.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/11/19/d-accord-avec-eric-zemmour-le-17-novembre-la-revolte-des-fra-6106407.html

  • Macron : après le carton des gilets jaunes, le carton rouge des sondages

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    Moins 4. En cette saison, c’est peut-être un détail pour vous, une baisse de température normale. Mais, pour lui, ça veut dire beaucoup. La pente n’était pas bonne, mais il nous disait que la route était droite – c’était son côté Raffarin. Et il comptait sur son « itinérance mémorielle » du 11 Novembre pour la remonter. Selon le dernier sondage IFOP pour Le JDD, Emmanuel Macron chute donc de 29 à 25 %. Parti de 64 % au lendemain de son élection il y a seulement dix-huit mois, encore à 50 % en janvier, il est aujourd’hui à 25 %.

    Pire : sa courbe est exactement superposable à celle de François Hollande en 2012-2013, dans la rapidité de la chute comme dans son ampleur. Macron rejoint Hollande : le retour des origines – et du refoulé. L’un avait eu les cortèges de la Manif pour tous, l’autre a les gilets jaunes. Deux mouvements complètement inattendus, improbables. Deux mouvements à la sociologie et aux motivations complètement différentes mais qui ont ce point commun : partis de franges très hostiles au pouvoir, diabolisés et caricaturés pour leur ringardise (bourgeois cathos coincés homophobes d’un côté, beaufs fumeurs et adeptes du diesel de l’autre), ils ont réussi à organiser une mobilisation populaire en dehors des appareils traditionnels et à affaiblir un pouvoir qui se croyait tout permis. Hollande ne s’en remit pas. Et Emmanuel Macron avait perçu son erreur vis-à-vis de ce mouvement conservateur lui reprochant d’avoir « humilié » ses manifestants. Aujourd’hui, le Président se retrouve à son tour dans cette situation.

    Si l’on regarde le détail du sondage, le repli du Président qui mordait sur plusieurs électorats et plusieurs catégories sociales est généralisé. Mais le décrochage est le plus net chez les commerçants-artisans-chefs d’entreprise et les ouvriers (-9 points par rapport à octobre), mais aussi chez les moins de 34 ans et les salariés du public. Faut-il rappeler que ce sont ces classes moyennes et populaires les plus concernées par la fiscalité sur les carburants ? Du point de vue politique, les électeurs LR ont fait le tour du personnage et de la politique d’Emmanuel Macron qui les avaient séduits le temps d’un printemps. Ils ne sont plus que 18 % à exprimer leur soutien. Il leur a fallu dix-huit mois pour se rendre à l’évidence. Chacun son rythme. En fait, Emmanuel Macron n’est plus que le Président des macronistes du premier tour de la présidentielle : ils sont encore 84 % à le soutenir. Le soufflé est retombé.

    Encore deux éléments pour apprécier le sondage : le Premier ministre Édouard Philippe subit, lui aussi, une chute spectaculaire de 11 points, atteignant son plancher et cette enquête a été réalisée avant le 17 novembre et le début effectif du mouvement des gilets jaunes. Autant dire que l’impopularité de l’exécutif risque de s’aggraver.

    Au lendemain de la manifestation réussie des gilets jaunes, le pouvoir avait délégué M. de Rugy pour montrer qu’il existait encore et réaffirmer sa position : « Nous poursuivrons la trajectoire prévue. » En tout cas, la courbe d’Emmanuel Macron poursuit la sienne. Toujours dans le même sens. Il y a, décidément, du Raffarin dans cette équipe.

    http://www.bvoltaire.fr/macron-apres-le-carton-des-gilets-jaunes-le-carton-rouge-des-sondages/

  • GUERRE DES VIDÉOS ENTRE MARINE LE PEN ET EMMANUEL MACRON

    Guerre des vidéos entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron

    « Macron utilise l’argent des Français pour faire de la propagande. Nous lui proposons une autre version ! », clame le Rassemblement national, qui vient de réaliser une contre-vidéo en réponse à celle diffusée par le gouvernement français pour les européennes.

    Des migrants arrivant par la mer sur une côte non identifiée, d’autres essayant de monter dans un camion – pour gagner l’Angleterre, imagine-t-on –, d’autres encore qui se révoltent dans un camp qui pourrait être « la jungle » de Calais, puis ce slogan : « Immigration – Stop ou encore ? » : ainsi débute la vidéo d’une trentaine de secondes que le Rassemblement national de Marine Le Pen a réalisée en réponse à celle diffusée par le gouvernement français et qui a fait polémique.

    Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) ont été saisis, afin que ses frais de création et de diffusion soient imputés à la liste de La République en marche. «  Décidément, Macron a un problème avec les règles de financement des campagnes !  », s’était indignée Marine Le Pen. 

    Sous couvert d’inciter les Français à aller voter aux européennes de mai prochain, le clip mis en ligne par le gouvernement sous le titre « Elections européennes : faites changer l’Europe ! » exprimait une vision de l’enjeu tellement proche de celle d’Emmanuel Macron qu’elle avait été qualifiée, à gauche comme à droite, de « clip de propagande » et avait suscité des réactions indignées de la quasi-totalité de la classe politique. Même le président du MoDem François Bayrou, toujours proche d’Emmanuel Macron, avait fini par concéder : « Présenter une position politique comme une communication de l’État, ce n’est pas très fin. »

    Le message propagé par cette vidéo était celui qu’Emmanuel Macron ne cesse de marteler depuis son discours de la Sorbonne  : les électeurs vont avoir le choix entre l’Europe de l’« union » et celle de la « division », cette dernière étant représentée par Viktor Orban et Matteo Salvini – et, donc, en France, par Marine Le Pen. Le vice-président du conseil italien avait d’ailleurs réagi, ironisant sur Twitter : « Le gouvernement français publie, avec l’argent des contribuables, un clip officiel pour les européennes en m’utilisant comme un épouvantail. Macron et ses amis doivent avoir très peur. En 2019, un printemps des peuples qui va les balayer les attend. »

    Réalisée sur le même modèle et avec la même musique angoissante, la contre-vidéo du Rassemblement national pose le débat en ces termes  : «  Europe – Démocraties nationales ou dictature de l’UE  ?  »Avec pour thèmes, selon un décalque parfait du clip gouvernemental  : «  Immigration – Stop ou encore  ?  », «  Climat – France durable ou écologie politique  ?  », «  Emploi – Patriotisme économique ou travailleurs détachés  ?  ». Elle se conclut ainsi  : «  En mai 2019, l’Europe changera.A vous de décider dans quel sens.  » «  Rassemblement national ou La République en marche  ?  »

    S’il est un point sur lequel Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’accordent par vidéos interposées, c’est que le scrutin se jouera entre eux deux, et les études d’opinion leur donnent pour l’instant raison.

    A six mois du scrutin, une projection réalisée par EuropeanElectionsStats.eu donne la liste du Rassemblement national et celle de La République en marche à égalité de sièges(dix-neuf chacun) à l’issue des élections européennes de mai prochain, mais le corps électoral semble évoluer très vite. 

    Dans un sondage Elabe pour BFM TV réalisé les 6 et 7 novembrele Rassemblement national est donné vainqueur avec 20 % des voix(+ 0,5), tandis que La République en marche décroche brutalement : le parti du président de la République ne recueillerait plus que 19,5 % des suffrages, soit une chute de 4,5 points depuis la dernière étude de cet institut.

  • Les gilets jaunes fédèrent les oppositions à Macron

    Les gilets jaunes fédèrent les oppositions à Macron

    Jérôme Sainte-Marie dirige Pollingvox, une société d’études et de conseil spécialisée dans les enjeux d’opinion, fondée en 2013. Dans Le Figarovox, il analyse la contestation :

    Si l’on considère dans leur originalité radicale l’émergence de ce mouvement d’opinion puis la mise en place de modalités d’action déconcertantes, force est d’admettre la réussite de cette mobilisation. Il y avait un doute énorme avant le 17 novembre sur la concrétisation de ce mécontentement virtuel, il est désormais levé. Rappelons que ceux qui sont allés sur les ronds-points, les péages autoroutiers et autres lieux de rassemblement, ne savaient pas très bien qui ils allaient y trouver et comment les choses se dérouleraient. Ils étaient donc dans un contexte plutôt anxiogène, à l’inverse du confort qu’offrent les manifestations habituelles, depuis longtemps assujetties à un rituel bien connu de tous, organisateurs, participants et forces de l’ordre. Bien entendu, il existe un hiatus gigantesque entre le soutien déclaré au mouvement, de l’ordre de trois Français sur quatre, et la participation effective à celui-ci, mais comment pourrait-il en être autrement? Nous sommes donc confrontés à une mobilisation dont l’importance quantitative constitue un message encourageant pour tous ceux qui s’y sont peu ou prou reconnus.

    […] Quant aux participants eux-mêmes, les témoignages disponibles et les échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux attestent du caractère populaire, à tous les sens du terme, de la mobilisation. Rassemblés par des mots d’ordre portant sur des questions d’argent, ils sont avant tout des salariés, travailleurs indépendants ou retraités aux revenus situés autour ou en-deçà du revenu mensuel médian, qui se situe autour de 1700 euros après impôts. Ce n’est pas la France de la misère ou de l’exclusion, sans doute, mais bien celle dont le travail s’accompagne d’une insécurité financière permanente. Ajoutons que dans la circonstance les clivages sociaux supplantent les autres, et que se mobilisent ensemble des personnes aux origines variées. […]

    Rappelons un instant que l’accession au pouvoir par Emmanuel Macron s’est faite par la réconciliation d’électeurs issus du centre, de la gauche et de droite, mais que cette diversité politique s’est accompagnée d’une certaine homogénéité sociale. Il me semble que ce soit alors créé un «bloc élitaire», rassemblant l’élite proprement dite, ceux qui aspirent à en faire partie, et enfin, ceux qui lui délèguent volontiers la gestion des affaires publiques. Cette polarisation a mis en difficulté et le Parti socialiste et le parti Les Républicains, supplantés dans leur vocation gouvernementale. En face, le «bloc populaire» n’existait que sous une forme négative, partagé de manière irréconciliable entre lepénistes et mélenchonistes. L’existence de ces quatre oppositions sans aucune formule d’alliance concevable est la meilleure garantie de pérennité du macronisme. Cependant, le mouvement des «gilets jaunes» peut constituer une rupture décisive. Mobilisation surgie de la base même du pays, ignorant les identités politiques ou syndicales, elle produit sans même s’en soucier une forme de réunification sociale. De ce fait, la polarisation que tente Emmanuel Macron entre «progressistes» et «populistes» prend une dimension sociologique de plus en plus visible. Avec un bloc élitaire bien en place et représenté prioritairement par LREM et un bloc populaire en gestation, la transformation de l’ordre politique français se poursuit et s’accélère.

    https://www.lesalonbeige.fr/les-gilets-jaunes-federent-les-oppositions-a-macron/