
Le parler beau d’Emmanuel Macron fait de mots façon grand siècle, un tantinet désuets, comme pour montrer son enracinement dans une langue française des plus classiques : « galimatias », « poudre de perlimpinpin », « croquignolesque »… « Mais oui, ma chère, je connais tout cela, voyez ma culture, voyez mon côté terroir, attendez, j’en ai d’autres, je consulte mon dictionnaire… » Bref, tout cet attirail et ces pincées de vieux françois saupoudrées ici et là laisseraient place, dès les micros débranchés, à un franc-parler de bistrot révélé par le livre d’Ava Djamshidi et Nathalie Shuck Madame la Présidente, dont le magazine Gala livre quelques extraits à ses lecteurs.




Charles Maurras est un illustre méconnu. On retient de son œuvre des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs. Quelques formules suffisent à l'intellectuel qui se targue de culture générale. Il parlera d'empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d'antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l'inanité de l'œuvre. Ces méthodes expéditives, que l'on applique également à Gobineau et qui trahissent l'inculture croissante de nos contemporains, n'expliquent rien de l'influence profonde que l'œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, - auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce, de l'Action française.
