L’efficacité politique de la victimisation n’est possible que dans les pays de marque chrétienne. Surprise ! Ces pays pratiquent avec tout autant d’allégresse la bonne vieille diabolisation. Diaboliser ou victimiser : dans ces deux verbes se tient le pouvoir des minorités.
C’est René Girard qui note souvent dans ses derniers ouvrages comment la christianisation du monde continue, malgré la lente dégradation de l'institution papale. Tout se passe comme si la chrétienté progressait et continuait à marquer le paysage social, alors même que le christianisme est actuellement en déclin. De ce progrès social de l'idée chrétienne, je donnerais deux exemples saisis immédiatement dans l'actualité de notre France la lutte contre les féminicides, qui correspond à la valorisation chrétienne de la femme qui jouit d'une dignité égale à celle de l'homme et la méfiance quasi-générale vis-à-vis du voile islamique qui traduit une relation de soumission des femmes vis-à-vis des hommes que nos Français ne veulent pas admettre. L’exemple que donne Girard lui-même de ce progrès constant de la christianisation des mentalités, malgré la crise de l'institution est plus délicat à interpréter, mais il est central : il s’agit du processus de victimisation. Pour Girard, c'est le Christ mort sur la croix, le Christ et personne d'autre qui manifeste, jusque dans sa propre personne, l'innocence des victimes et la culpabilité des lyncheurs.