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culture et histoire - Page 1720

  • [Marseille] Cercle : Le lexique maurrassien

    A Marseille, le cercle d’Estienne d’Orves vient de démarrer ses activités. Ce cercle d’études permet de donner aux jeunes adhérents et sympathisants de l’Action Française-Provence une formation aux idées maurrassiennes.

    Samedi 18 octobre, Michel Franceschetti, assisté de Jacques Saint-Pierre, a axé la première réunion sur le thème du "LEXIQUE MAURRASSIEN".

    L’AF emploie parfois un vocabulaire qui peut paraître obscur pour les non-initiés et dont le sens est souvent transformé par nos adversaires. Pour avoir une pensée politique claire, il faut être clair sur les définitions de base. Maurras avait bien compris ces risques quand il déclarait en janvier 1945 :

    "Rendez-moi ma personnalité. Ne vous amusez pas à fabriquer un mannequin que vous appelez Charles Maurras. J’ai, moi, ma vie, mes livres, ma doctrine, mes idées, mes disciples".

    Dans ce cercle, furent donc présentées et expliquées les expressions :

    - nationalisme intégral

    - tout ce qui est national est nôtre

    - compromis nationaliste

    - divine surprise

    - coup de force

    - par tous les moyens

    - politique d’abord

    - pays légal, pays réel

    - tout désespoir en politique est une sottise absolue

    Pour chaque définition, l’exposé était suivi d’une discussion avec les participants. L’application de la théorie à l’actualité récente fut chaque fois précisée.

    Et encore une fois, les jeunes royalistes n’oublient pas qu’il n’y a pas d’action sans doctrine et pas de doctrine sans action.

    Action francaise Provence

  • Les Russes n’aiment pas l’art… du viol !

    Vous dites viol ? Vous dites IIe Guerre mondiale ? Ce ne peut donc être que Le Vieux fusil, ce film franco-allemand de Robert Enrico sorti en 1975, magistralement interprété par Romy Schneider et Philippe Noiret, dans lequel des soudards SS violent l’épouse du médecin avant de la trucider, comme tous les autres habitants du village… Un film dont le manichéisme ne peut que forcer l’admiration, mais qu’importe ! Car qui oserait ensuite reprocher près de 2 millions de femmes violées par l’Armée rouge à la même époque ? Dont plusieurs milliers en Pologne ? Hein ? Qui ? Peut-être des historiens allemands et polonais… et un jeune étudiant des beaux-arts de Gdańsk, au nord de la Pologne, qui vient de mortifier les autorités russes !
    Bogdan Szumczyk n’a pourtant voulu exprimer que ses opinions pacifistes et n’y a pas été de « main morte » (c’est le cas de le dire) en représentant avec un réalisme cru le viol d’une femme enceinte par un soldat de la glorieuse Armée rouge.
    « C’est un message de paix », clame le jeune sculpteur qui a exposé sa sculpture, baptisée « Komm Frau » (« Viens, femme »), de nuit, le week-end dernier, sur l’avenue de la Victoire à Gdańsk. Tout un symbole. La police n’a certes mis que quelques heures pour l’en faire disparaître, mais trop tard ! L’outrage était connu de Moscou.
    « Je suis profondément choqué par cette incartade de l’étudiant des beaux-arts de Gdańsk qui a insulté avec son pseudo-art la mémoire de plus de 600.000 soldats soviétiques, morts pour la liberté et l’indépendance de la Pologne », s’étrangle d’indignation Alexandre Alekseev, l’ambassadeur de Russie à Varsovie qui attend « une réaction appropriée » des autorités polonaises. Quant à l’œuvre, elle est jugée carrément « vulgaire » et « ouvertement blasphématoire » : un soldat cramponne la victime, sur le dos, les jambes écartées, lui tirant les cheveux d’une main et de l’autre lui plaquant un revolver dans la bouche. Ainsi est mis en scène l’un des glorieux « libérateurs » de la patrie de Chopin.
    « À Gdańsk, c’étaient surtout des femmes allemandes, ainsi que des prisonnières déportées polonaises ou russes, qui ont ainsi été violées par des soldats soviétiques lors de la libération de la ville en mars-avril 1945. En Russie, le sujet est très sensible. Le rôle de “libérateur” de l’Armée rouge reste un élément-clé de la doctrine de l’État et une question de fierté nationale. Le thème des atrocités commises par des soldats soviétiques en Pologne et en Allemagne à la fin de la guerre n’a jamais été vraiment débattu en Russie où il reste largement tabou », lit-on dans les colonnes de la version française du Huffington Post, dirigée par Anne Sinclair.
    Ce média n’est pas le seul à commencer enfin à relater les crimes de l’Armée rouge – et notamment la pratique du viol explicitement encouragée par Staline comme moyen de terreur contre les populations –, mais c’est sans doute moins par honnêteté historique que pour ternir l’image de la Russie, et surtout celle de son actuel président Vladimir Poutine.
    Quoi qu’il en soit, l’on ne peut que se réjouir d’une vision un peu moins manichéenne des horreurs qui ont eu lieu à l’époque… sans monopole aucun.

    Philippe Randa http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlkVEpkVVMzExagfm.shtml

  • Les mentions de l'œuvre de Christoph Steding dans les écrits d'Evola

    Christoph Steding (1903-1938), jeune érudit issu d'une très ancienne famille paysanne de Basse-Saxe, reçoit en 1932 une bourse de la Rockefeller Foundation pour étudier l'état de la culture et les aspirations politiques dans les pays germaniques limitrophes de l'Allemagne (Pays-Bas, Suisse, Scandinavie). Cette enquête monumentale prendra la forme d'un gros ouvrage, posthume et inachevé, de 800 pages. La mort surprend Steding, miné par une affection rénale, dans la nuit du 8 au 9 janvier 1938. Un ami fidèle, le Dr. Walter Frank (1905-1945), classe et édite les manuscrits laissés par le défunt, sous le titre de Das Reich und die Krankheit der europäischen Kultur (Le Reich et la maladie de la culture européenne). Le thème central de cet ouvrage : l'effondrement de l'idée de Reich à partir des traités de Westphalie (1648) a créé un vide en Europe centrale, lequel a contribué à dépolitiser la culture. Cette dépolitisation, pour Steding, est une pathologie qui s'observe très distinctement dans les zones germaniques à la périphérie de l'Allemagne. Toutes les productions culturelles nées dans ces zones sont marquées du stigmate de cette dépolitisation, y compris l'œuvre de Nietzsche, à laquelle Steding adresse de sévères reproches. 

     

     

    L'Europe n'est saine que lorsqu'elle est vivifiée par l'idée de Reich. Les traités de Westphalie font que la périphérie de l'Europe tourne le dos à son noyau central, qui l'unifiait naturellement, par l'incontournable évidence de la géographie, sans exercer la moindre coercition. La Suisse se replie dans sa « coquille alpine » ; la Hollande amorce un processus colonial qu'elle ne peut parachever par manque de ressources ; la France devient grande puissance en pillant ce qui reste du Reich, en annexant l'Alsace, en ravageant la Franche-Comté comme le Palatinat et en ruinant la Lorraine ; l'Angleterre tourne résolument le dos au continent pour dominer les mers. Ce processus d'extraversion contribue à faire basculer toute l'Europe dans l'irréalisme politique. Commencée dans la violence par les colonisateurs anglais et hollandais, cette extraversion, qui disloque notre continent, se poursuit dans la défense et l'illustration d'un libéralisme politique, culturel et moral délétère, qui corrompt les instincts. Ce phénomène involutif s'observe dans les littératures ouest-européennes du XIXe et du XXe siècles, où le psychologique et le pathologique sont dominants au détriment de tout ancrage dans l'histoire. Les énergies humaines ne sont plus mobilisées pour la construction permanente de la Cité mais détournées vers l'inessentiel, vers la réalisation immédiate des petits désirs sensuels ou psychologiques, vers la consommation.

     

    Evola, dans une recension parue dans la revue La Vita italiana (XXXI, 358, janvier 1943, pp. 10-20 ; « Funzione dell'idea imperiale e distruzione della “cultura neutra” » ; tr. fr. : P. Baillet, in J. Evola, Essais Politiques, Pardès, 1988), n'a pas caché son enthousiasme pour les thèses de Steding, pour sa critique de la culture « neutre » et dépolitisée, pour son plaidoyer en faveur d'un prussianisme rénové renouant avec l'éthique impériale, pour sa volonté de redonner une substance politique au centre du sub-continent européen. Evola formule 2 critiques : il juge Steding trop sévère à l'encontre de Bachofen et de Nietzsche.

     

    « Certaines critiques de Steding, on l'a vu, pèchent par leur côté unilatéral : pour dénoncer l'erreur, il en vient parfois à négliger ce que certains auteurs ou certaines tendances pourraient offrir de positif à ses propres idées. Lorsqu'il évoque les “divinités lumineuses du monde du politique” opposées à la religion obscure des mythes, des symboles et des traditions primordiales, il court par ex. le risque de finir, à son corps défendant, dans le rationalisme, alors qu'il conçoit parfaitement la possibilité d'une exploration du monde spirituel qui aurait les mêmes caractères d'exactitude et de clarté que les sciences naturelles. Nombre des accusations portées contre Bachofen par Steding sont carrément injustes : on trouve au contraire chez Bachofen bien des éléments susceptibles de conforter, précisément, l'idéal “apollinien” et viril d'un État “romain” opposé au monde équivoque du substrat naturaliste et matriarcal. Et, au bout du compte, Steding subit en fait souvent l'influence salutaire des conceptions de Bachofen » (Essais politiques, op. cit., p. 155).
    « À l'égard de Nietzsche, 'attitude de Steding est pareillement unilatérale. Il est extrêmement discutable que la doctrine nietzschéenne du surhomme exprime réellement, comme le croit Steding, une révolte contre le concept d'État. Ce serait plutôt le contraire qui nous paraîtrait exact, à savoir qu’État et Empire ne sont guère concevables sans une certaine référence à la doctrine du surhomme, celle-ci exaltant une élite, une race dominatrice porteuse d'une autorité spirituelle précise. De fait, seule une élite ainsi conçue peut fonder cette primauté que revendique Steding pour l’État en face de ce qui n'est que simple “peuple” » (pp. 155-156).

     

    Evola conclut :

     

    « …l'ouvrage de Steding constitue un pas en avant digne d'être noté — surtout en Allemagne — sur le plan d'une clarification des idées, d'un alignement des positions, d'une reprise consciente de cette idée impériale qui, Steding l'a précisément montré, s'identifie à la réalité de la meilleure Europe » (p. 156).

     

    Dans Sintesi di dottrina della razza, Evola avait déjà, dans un sens proche de la pensée de Steding, appelé à un dépassement de la conception neutre de la culture. Nous lisons, p. 25 :

     

    « Est également combattu le mythe des valeurs “neutres”, qui tend à considérer toute valeur comme une entité autonome et abstraite, alors qu'elle est en premier lieu l'expression d'une race intérieure donnée et, en deuxième lieu, une force qu'il convient d'étudier à l'aune de ses effets concrets, non sur l'homme en général, mais sur les divers groupes humains, différenciés par la race. Suum cuique : à chacun sa “vérité”, son droit, son art, sa vision du monde, en certaines limites, sa science (dans le sens d'idéal de connaissance) et sa religiosité... ».

     

    En évoquant le suum cuique, principe de gouvernement de la Prusse frédéricienne, Evola se place dans une optique très ancrée dans la Révolution conservatrice. En refusant l'autonomisation des valeurs, c'est-à-dire leur détachement du tout qu'est la trame historique du peuple ou de l'Empire, Evola est sur la même longueur d'onde que Steding, qui combat les mièvreries de la culture « neutre », psychologisante et dépolitisante, et que Bäumler qui voit, dans le mythe, la sublimation des expériences vécues d'un peuple, mais une sublimation qu'il attribue à l'action des valeurs telluriques/maternelles, contrairement à Evola.

     

     

    ► Robert Steuckers, 1991. http://robertsteuckers.blogspot.fr/

     

  • Le Rouge et le Noir : “Nous désirions entrer en croisade intellectuelle avec ferveur au moment de notre création”

    PARIS (NOVOpress) - Victime d’une attaque qui le rend encore indisponible, le Rouge et le Noir est l’un des acteurs de la réinformation qui a été particulièrement en première ligne lors du printemps dernier lors des manifestations pour la défense de la famille. Entretien avec Carol Ardent, son rédacteur en chef.

    Pouvez-vous nous présenter le Rouge & le Noir, L’origine de son nom, les conditions de sa création, ses contributeurs, ses ambitions, etc. ?
    Le Rouge & le Noir est une gazette-en-ligne, collaborative et catholique. Le Rouge y figure la couleur militaire ; et le Noir, la couleur sacerdotale. Autant dire notre que nous désirions entrer en croisade intellectuelle avec ferveur au moment de notre création, en octobre 2011 ! Les troupes se sont peu à peu constituées, remportant victoires sur victoires sur les réseaux sociaux, et nous aurions aujourd’hui reconquis toujours plus d’esprits, n’était ce coup bas de l’ennemi…

    Vous venez d’être victime d’un piratage de votre site Internet. Par qui et pourquoi ?
    Oui, nous avons d’abord été agressés dans la nuit de vendredi à samedi, puis mis définitivement “hors d’état de nuire” samedi soir. A l’heure où nous parlons, le site est toujours indisponible. Nous avons bon espoir de le recouvrer sous peu, du moins partiellement. Il est pour l’instant impossible de déterminer l’identité de notre agresseur. En revanche, il est très vraisemblable que ce soit l’article de Bernard Lugan, repris immédiatement par des collègues et amis encore plus détestés que nous le sommes (comme Fdesouche et le Salon Beige), qui lui a donné envie d’ouvrir le feu.

    Partagez-vous les observations de Bernard Lugan ?
    Son appel à l’unité, en exergue, fera vibrer tout catholique authentique qui lira cette entrevue quand nous pourrons la diffuser.

    Cette attaque intervient alors que vos confrères du Salon Beige sont visées par plusieurs plaintes. Quel est votre regard sur la situation du journaliste catholique français en 2013 ?
    On reconnaît souvent la vérité à ce qu’elle est mise en croix. Cet acharnement est signe que nous “tenons le bon bout” : l’ennemi se révèle progressivement par sa fureur, les lignes sont de plus en plus claires. A nous l’offensive maintenant !

    Plus largement, est-il encore possible d’être catholique de nos jours ?
    Oui, en lisant régulièrement le R&N ! (Rires). A mon avis, cette année nous a beaucoup aidé à “faire corps”, à “faire Eglise”. Nous ne devons pas délaisser Notre Seigneur Jésus pour autant, ni négliger le cœur à cœur avec Lui.

    Comment peut-on aider le Rouge & le Noir ?
    En temps normal, en lisant nos articles évidemment, en contribuant financièrement à la vie du site, et en priant pour nos rédacteurs. A l’heure des tribulations, adhérer à notre page de soutien sur Facebook ou nous encourager sur Twitter aura l’intérêt de réchauffer les cœurs de nos rédacteurs les plus découragés.

    Un dernier mot pour les lecteurs de Novopress ?
    Nous avons eu l’occasion de rencontrer et de travailler avec de nombreux lecteurs de Novopress au cours du Printemps de France. Ils avaient tous quelques qualités en partage : la lucidité d’esprit et la générosité de cœur. Voilà une occasion de les féliciter de “vive plume”.

    http://fr.novopress.info/142597/rouge-noir-desirions-entrer-en-croisade-intellectuelle-ferveur-au-moment-notre-creation/#more-142597

  • [Paris] 20 octobre 2013 : L’Action française manifeste contre la christianophobie

    "France, Jeunesse, Contre-révolution !"

    Dimanche 20 octobre, une centaine de militants parisiens d’Action Française ont manifesté contre l’antichristianisme, rejoins par quelques 300 sympathisants à mesure que le cortège évoluait dans les rues de la capitale. De l’avis général, le cortège d’Action Française était le plus réussi : nombreux participants, nombreux slogans, nombreux drapeaux et beaucoup d’énergie.

     

    "Chassons le Grand Orient du gouvernement !"

    L’Action Française n’est pourtant pas un mouvement confessionnel, notre pensée est catholique, la plupart de nos membres sont catholiques mais nous ne pouvons enlever la France, donc le combat nationaliste et royaliste, à nos compatriotes qui ne sont pas croyants ou qui croient autrement. Comprenez-le bien, étions tous présents dimanche, croyants ou non. Il s’agit de s’ériger contre les attaques de l’Etat et de la nomenklatura, bafouant notre héritage chrétien. Car un français, quel qu’il soit, est au minimum culturellement catholique et retirer cette partie chrétienne du français équivaudrait à retirer le surnaturel de notre société et de notre Histoire.

    "La république est anti-catholique !" Aperçu du cortège d’AF.

    Non messieurs du pays légal, vous ne pouvez plus appliquer le "deux-poids deux-mesures" en vous offusquant lorsqu’une synagogue ou une mosquée est vandalisée tout en restant muets voire dédaigneux lorsqu’une église est profanée. Vous ne pouvez plus cautionner une politique locale avantageuse à outrance vis à vis de certains cultes, surement dans une démarche clientéliste, tout en cautionnant la démolition d’églises, faute de moyens mis en œuvre pour les restaurer. Non messieurs du pays légal, vous ne pouvez nous enlever Sainte Geneviève qui protégea la capitale, ce grand Roi Saint Louis, Sainte Jeanne d’Arc héroïne de la nation et tant d’autres figures françaises de la chrétienté qui procèdent du caractère catholique de l’Histoire de France. Non messieurs du pays légal, vous ne pouvez mépriser impunément la religion des français ou diluer notre pays dans des croyances très fraîchement importées et minoritaire à des fins électoralistes.

    "Bergé, nos ventres ne sont pas à louer !"

    Croyants ou non, nous étions tous, camarades et amis, présents dimanche contre l’antichristianisme et derrière la banderole d’Action française !

    Antoine Desonay Secrétaire Général des étudiants d’AF

    Plus de photos :
    - Reportage de Nouvel Arbitre http://nouvelarbitre.com/reportage-...
    - Reportage Citizen Side http://www.citizenside.com/fr/photo...

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Paris-20-octobre-2013-L-Action

  • La raison d’État

    « L’’homme, dit Spinoza, est quelque chose en soi, alors que l’’État ne doit son existence qu’’à l’’action concertée de la collectivité. De même que les parties sont avant le tout, ainsi l’’individu est avant l’’État. » Voilà la formule commentée et justifiée. Par un sophisme, il est vrai ; mais c’’est sur un tel sophisme que repose la Révolution, et tout ce qui en découle.
    Comment ? un sophisme ! s’’exclamera-t-on. Prétendriez-vous qu’il n’est point juste de dire que les parties soient avant le tout. Il est juste de le dire, mais seulement si vous parlez d’’un ouvrage fait de main d’’homme. Il est clair que pour faire un “tout”, l’’homme doit travailler à chaque partie de ce tout. Le statuaire ne peut faire une statue qu’’en sculptant successivement chaque partie de la statue… Mais la nature ne procède pas ainsi. Or l’’homme et la société ne sont pas l’’ouvrage de l’’homme mais l’’ouvrage de la nature. Aussi l’’ordre se trouve-t-il renversé, et si nous reprenons la classification de cause, moyen, effet, nous dirons : cause, la nature ; moyen, la société ; effet, l’’homme… Or la famille, c’’est une société, société embryonnaire, il est vrai, mais déjà société… Réunies, les familles forment ce qu’’on appelle véritablement la société.
    Léon de Montesquiou

    Dans La Raison d’’État, livre de 1902 dédié à Paul Bourget, Léon de Montesquiou ne parle pas essentiellement de cette raison d’’État qui justifie des mesures exceptionnelles par la sûreté de l’’État, il montre avant tout la raison de l’’existence de l’’État. Il s’’adresse aux bons Français de son temps, aux Français patriotes qui ont accepté la République, pour leur montrer que cette acceptation entraînera inéluctablement chez eux une altération de la notion d’’État. Ils finiront dans le désordre en utilisant des mots qui donneront l’’illusion de l’’ordre. Il leur dit que « les principes révolutionnaires, en hypnotisant sur l’’Homme, ont fait perdre de vue la notion de l’’État. » Il ajoute : « Les besoins de la lutte électorale vous ont obligés à vous affirmer républicains. Et comme vous n’’êtes pas arrivés, et pour cause, à affirmer la République au nom de la raison d’’État, et comme la République ne se peut affirmer qu’’au nom de principes révolutionnaires, vous avez été obligés de recourir à ces principes. »
    Ainsi, des Français qui voulaient avant tout le salut de la France furent amenés à parler avant tout de Liberté, de Démocratie, de Droits de l’’Homme. « Je n’’hésite pas à dire qu’’à partir de ce moment le nationalisme avait perdu tout son sens fécond. C’’est ce sens fécond que je veux reprendre en disant la raison d’’État. » Ces pages sont toujours d’’une brûlante actualité. Les bonnes élections, la bonne République sont, en France, une illusion, en 2006 comme en 1902.
    Les démocrates posent la question de l’’État d’une manière faussée par l’’idéologie. La pensée classique et réaliste constate que la société passe avant l’’homme, mais que l’’accomplissement terrestre de l’’homme est le but de la société tandis que l’’État n’’est qu’un moyen, mais un moyen indispensable.
    La loi du Nombre
    En raisonnant sur un Homme abstrait, la Révolution inverse les perspectives. Elle proclame les Droits de l’’Homme mais aboutit à un résultat complètement différent : en faisant éclater les cadres naturels, les hiérarchies, toutes les cellules essentielles, en posant comme principe la liberté première de l’’individu, la conception révolutionnaire de la société livre les hommes isolés à la collectivité divinisée. L’’homme démocratique est fait pour la Société.
    De la viennent toutes les formes du totalitarisme, dont celle dans laquelle nous vivons est la plus subtile : l’’esclavage dans l’’illusion de toutes les permissivités. L’’État-Providence écrase ses esclaves d’’impôts, de taxes, de lois et de règlements qui organisent jusqu’’à leur vie privée tout en les berçant dans le paupérisme hédoniste du supermarché, des loisirs de masse, de la sous-culture vulgaire et abrutissante. Il cherche même à organiser l’’éradication de la vie intérieure parce qu’elle échappe à son contrôle. La pensée, la vie morale ne sauraient être que collectives.
    En posant comme premier l’’ordre de l’’État, en respectant les hiérarchies naturelles, on respecte des espaces de liberté pour les familles, pour les particuliers, à l’’intérieur d’’une société que cet État protège. En mettant l’’Homme en premier, on pose le principe démocratique et révolutionnaire et les particuliers se retrouvent écrasés sous l’’aveugle tyrannie de la loi du Nombre.
    Il faut le répéter et le démontrer inlassablement : seul l’’ordre naturel, politique et social, assure aux hommes leurs libertés légitimes. Le Nombre ne mène qu’’à l’’asservissement total, puisque, comme le montre le livre prophétique de Maurras, le triomphe de la démocratie pose le problème de l’’Avenir de l’’Intelligence.
    À bas la tyrannie, à bas la République, vivent les libertés, et donc vive le Roi !
    Gérard Baudin L’’Action Française 2000 – du 2 au 15 novembre 2006
    * Léon de Montesquiou : La Raison d’’État, Plon, 1902.

  • Septembre 1792, le baptême sanglant de la République

    Un mois après la chute de la monarchie, le massacre des prisonniers annonce déjà la Terreur.

    Le dernier parti, qui est le plus sûr et le « plus sage, est de se porter en armes à l'Abbaye, d'en arracher les traîtres, particulièrement les officiers suisses et leurs complices, et de les passer au fil de l'épée. » Ces conseils sont prodigués par Jean-Paul Marat, le 19 août 1792.

    Neuf jours plus tôt, le 10 août, une bonne partie des gardes suisses a déjà été égorgée lors de la prise des Tuileries, qui a décidé du sort de la monarchie. Le 17 a été institué un tribunal spécial chargé de juger les serviteurs de la royauté, mais les milieux jacobins trouvent que le travail va bien lentement et leurs feuilles appellent au meurtre.

    La Commune insurrectionnelle de Paris s'impatiente elle aussi et demande que « justice » soit faite. L'ennemi, clame-t-elle, a passé les frontières ; laissera-t-on les traîtres qui conspirent contre la Révolution agir à leur guise aux arrières ? On dénonce un complot des prisons : les contre-révolutionnaires qui s'y trouvent enfermés se seraient alliés avec les condamnés de droit commun pour briser leurs fers, assassiner les familles des soldats absents et livrer Paris aux Prussiens.

    Car les troupes du duc de Brunswick approchent. Longwy est tombé le 26 août et le bruit court ce 2 septembre que Verdun a aussi capitulé. On s'attend à voir paraître l'ennemi devant Paris, les barrières de la ville sont fermées, le conseil général de la Commune lance une proclamation martiale : « Aux armes, citoyens, aux armes ! L'ennemi est à nos portes », la générale bat, le tocsin sonne. À la législative, Danton tonitrue : « De l'audace, toujours de l'audace, encore de l'audace, et la France est sauvée ! » Dans cette atmosphère enfiévrée, les fédérés qui partent aux frontières adressent le 1er septembre à l'Assemblée législative une pétition demandant « que tous les prévenus de conspiration, et leurs agents, contre lesquels il n'y aurait que des suspicions probables, soient condamnés à mort et exécutés sur le champ.»

    Le 2 septembre, en début d'après-midi, un groupe de 24 captifs, prêtres réfractaires pour la plupart, que des fédérés marseillais et des gardes nationaux conduisent à la prison de l' Abbaye, est massacré : cinq d'entre eux seulement échappent à la tuerie. Le même jour, aux Carmes, 115 autres prêtres réfractaires, dont les évêques de Saintes et de Beauvais, sont expédiés à coups de sabres et de piques.

    Le carnage s'étend aux autres prisons parisiennes : on massacre, après un simulacre de jugement, à l'Abbaye, à la Conciergerie, à la Force …

    En tout, du 2 au 5 septembre, à Paris, 1244 à 1411 personnes sont assassinées, soit 45 % à 51 % des prisonniers de la capitale. Les prêtres réfractaires, les Suisses et les serviteurs de la monarchie ne sont pas seuls frappés : 72 % des victimes sont des condamnés de droit commun. Le 3 septembre, à Saint-Firmin, on expédie des prêtres ; mais le lendemain, aux Bernardins, des galériens. À Bicêtre, on tue des enfants - « bien plus difficiles à achever que les hommes faits », précise un témoin ; et à la Salpêtrière, le 4 septembre, des jeunes filles en correction et des orphelines, les « justiciers » profitant de l'occasion pour en violer une trentaine. À la Conciergerie, une boutiquière du Palais-Royal condamnée pour avoir émasculé son amant, Marie Gredeler, est abominablement suppliciée… Les septembriseurs, commerçants, artisans ou volontaires partant aux armées, se rétribuent de leur « travail » sur les effets personnels de leurs victimes.

    « Je me fous bien des prisonniers… »

    Parmi les victimes figure Marie-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, amie intime de la Reine. On lui demande de jurer « la liberté, l'égalité, la haine du Roi, de la Reine, de la royauté », elle répond : « Je jurerai facilement les deux premières ; je ne puis jurer la dernière, elle n'est pas dans mon cœur ». Ses bourreaux lui coupent la tête, arrachent le cœur et vont exhiber ces trophées au bout de piques sous les fenêtres du Temple, où est emprisonnée la famille royale. Marie-Antoinette s'évanouit. Les feuilles parisiennes incitent les patriotes des provinces à imiter les sans-culottes parisiens. Membre du comité de surveillance de la Commune, Marat, par une circulaire du 3 septembre, informe « ses frères de tous les départements qu'une partie des conspirateurs féroces détenus dans les prisons a été mise à mort par le peuple » et conseille « à la nation entière » d'adopter « ce moyen si nécessaire du salut public ». Les jours suivants, on tue donc à Reims, à Meaux, à Lyon (dont le maire, Vitet, empêche un autre carnage à Roanne).

    À Versailles, le 9 septembre, sont immolés les « prisonniers d'Orléans », au nombre desquels se trouvent l'ancien ministre des Affaires étrangères, Claude-Antoine de Lessart et celui de la guerre, Charles d'Abancourt. Conduits d'Orléans à Versailles par une forte troupe envoyée par la Commune sous le commandement d'un aventurier, Fournier dit l'Américain, ces captifs devaient être jugés par la Haute-Cour nationale. En dépit des efforts héroïques déployés par le maire Richaud pour les sauver, 44 d'entre eux sur 53 sont massacrés. Leurs têtes coupées sont plantées sur les grilles du château, tandis que, ce « devoir » accompli, les tueurs se rendent à la maison d'arrêt de Versailles, où ils tuent encore une vingtaine de prisonniers de droit commun.

    Qui porte la responsabilité de ces tueries ? À l'évidence, la Commune y a une part essentielle : bénéficiant du soutien des sections, elle fait plier l'Assemblée qui la craint. Par ailleurs, deux membres au moins du Conseil provisoire de la Législative y sont impliqués : le girondin Roland, ministre de l'Intérieur - dont la femme montera dans quelques mois sur l'échafaud en s'écriant : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom » -; et Danton, ministre de la Justice, qui lance : « Je me fous bien des prisonniers, qu'ils deviennent ce qu'ils pourront ! ». Il déclarera un peu plus tard à Louis-Philippe d'Orléans, futur roi des Français : « Ces massacres de septembre sur lesquels vous délibérez avec tant de violence et de légèreté, voulez-vous savoir qui les a fait faire ?… C'est moi. » Il s'agissait, expliquera-t-il, de « mettre un flot de sang » entre les volontaires partant se battre et les émigrés.

    À ce titre, les massacres de septembre peuvent être considérés comme l'acte de baptême de la République, proclamée le 21 du même mois. Un baptême de sang.

    Hervé Bizien monde et vie. 20 septembre 2010