culture et histoire - Page 1723
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frakass l'ame de nos peres
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RACE ET PHENOMENOLOGIE
Une phrase souvent énoncée par "certains" scientifiques est celle-ci : « les races n'existent pas ». On peut être surpris lorsqu'on a pratiqué la philosophie par cette sentence. On définit ainsi une chose par sa non existence ? L'essence de la race serait de ne pas être ? On ne dit donc strictement rien puisque la chose "en soi", le noumène kantien n'a jamais existé, la race comme le reste. « La chose en soi ne mérite qu'un rire homérique » (Nietzsche). II n'y a plus que les scientifiques (excepté peut-être quelques physiciens modernes en mécanique quantique perpétuellement confrontés à des problèmes de fond sur l'existence de la matière) pour peut-être encore y croire, puisque leur formation suppose le monde comme donné par hypothèse et qu'on essaie d'atteindre par la connaissance de façon la plus rapprochée ; le monde réel étant une limite que l'on chercherait à dévoiler par les différents moyens et méthodes de la démarche scientifique.
On a là la vision encore naïve de la science du XIXe siècle qui croyait être la vérité ou le réel alors que la science est une construction axiomatique de l'esprit qui se sur-ajoute au monde perçu qui est premier et dans le quel baignent tous les individus depuis leur naissance. La science même si elle le nie a comme fondements ultimes des postulats métaphysique.
Pour la phénoménologie, stade ultime de la pensée philosophique occidentale, nouvelle science créée par Husserl et prolongée avec un biais par Heidegger, une chose est la somme de ses apparitions ou phénomènes. Tout n'existe en fin de compte que par la relation qu'entretient l'homme entre les choses et ses organes des sens du corps, c'est-à-dire sa perception.
L'homme donc distingue des différences physiques entre les différents individus, et y voit des ressemblances pour certains. Un dénominateur commun pouvant être appelé race ou autre chose, tous les discours moraux égalitaristes ou autres ne pourront jamais s'opposer à cette donnée toute simple que l'homme a des sens et distingue les formes, les couleurs ...
Les ressemblances, différences et leur perception étant profondément enracinées dans l'inconscient collectif des peuples.
Une autre question qui se pose bien sûr, étant la conséquence morale ou politique à donner à cette constatation. Être attaché affectivement, esthétiquement, culturellement à certains groupes plus qu'à d'autres sera considéré par l'idéologie dominante actuelle comme répréhensible. Ceci n'a de sens que dans une certaine représentation culturelle du bien et du mal qui n'est pas partagée par tous. On a là une des causes du conflit majeur qui pointe à l'aube du XXIème siècle avec les différences de taux démographiques sur la planète et les nouvelles migrations massives de population qui vont en résulter.
Patrice GROS-SUAUDEAU -
L'Action française appelle à manifester pour la sauvegarde de la civilisation française
Retrouvons-nous ensemble ce dimanche 20 octobre pour une Marche contre l’antichristianisme et la politique antifamiliale. Le rendez-vous est fixé à 14h30 devant la Brasserie Prunier située au 16 avenue Victor Hugo dans le 16e arrondissement de Paris. De nombreuses organisations seront présentes à cette manifestation organisée par France jeunesse CIVITAS.
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L’extraordinaire bataille des Helvètes contre César
Causerie prononcée par le lieutenant-colonel Mourey le samedi 30 janvier 1993 devant les membres de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. Cette causerie est dédiée à la mémoire des 368 000 Helvètes qui se sacrifièrent au pied de la colline de Sanvignes, pour une certaine idée de la Gaule (extraits).
Mesdames et Messieurs,
... Je suis, devant vous, dans une vieille ville de la vieille Europe, dans une Bourgogne qui faisait rayonner sa pensée sur le monde, autrefois. Et je viens vous parler du passé. Je viens vous parler de ces Éduens qui furent nos ancêtres...
... Au début, je ne pensais pas écrire… seulement une courte notice historique sur le château de Taisey... Comme je m'intéressais aux comtes de Chalon et à l'énigmatique comtesse Béatrice, j'ai étudié d'assez près leur forteresse de Mont-St-Vincent. C'était leur repaire et leur refuge. Les bases cyclopéennes des murailles, le mystère qui planait sur ses noms antérieurs, tout cela m'intriguait beaucoup. En outre, je me rendais bien compte des avantages tactiques et stratégiques de la position... J'ai retraduit les Commentaires que Jules César a écrits sur la guerre des Gaules vers l'an 52 avant J.C. et j'en suis arrivé à la conclusion formelle que Bibracte, capitale de notre pays éduen, n'était pas au Mont-Beuvray, mais au Mont-St-Vincent...
...La bataille d'Alésia, telle que je l'ai reconstituée, les champs de bataille que j'ai découverts, les théories bien assises que j'ébranle, les horizons fabuleux que j'ouvre, tout cela, on ne veut pas le voir ni en parler. On ne prend en considération que ma contestation de Bibracte au Mont-Beuvray...
...Mesdames et messieurs, je vous invite à grimper avec moi par la pensée, jusque sur le sommet de la colline de Sanvignes. Dans la plaine de Montceau, dans ce couloir de la Dheune au relief peu accentué, la colline de Sanvignes se dresse un peu comme un cône, magnifique poste d'observation.
Du haut de cette hauteur, portons notre regard en direction de la Suisse. 368 000 Helvètes avaient quitté leur patrie pour émigrer. Avec leurs très nombreux chariots, ils se dirigeaient vers le pays des Eduens.
Ils s'arrêtèrent au pied d'un mont. Stoffel et Jullian ont pensé à la colline de Sanvignes. Et comme par hasard, ils sont tombés juste.
C'est ici, à Sanvignes, qu'il faut bien comprendre le déplacement de la migration. Il est absurde de croire que les Helvètes aient coupé au plus court à travers les monts du Chalonnais. Il est évident qu'ils ont remonté la vallée de la Saône, puis celle de la Dheune. Ils progressaient par des étapes d'environ 15 km, d'un point de ravitaillement à un autre, d'un oppidum éduen à un autre oppidum éduen, d'une station à une autre station. Migrants pacifiques, ils bivouaquaient au pied de ces oppidum et achetaient leur ravitaillement aux Eduens qui s'y trouvaient. Chaque journée de marche était certainement suivie d'une journée de repos.
Les Helvètes au pied de l'oppidum de Sanvignes, c'est bon, c'est logique.
Quant à César, il faut bien comprendre qu'il poursuivait les Helvètes en se déplaçant de position défensive en position défensive.
César sur le point fort de l'oppidum de Gourdon, c'est bon, c'est logique. Entre Sanvignes et Gourdon, il y a 11 km 800. Entre les camps helvètes et les camps romains, César écrit dans ses Commentaires qu'il y avait une distance de 11 km 800 : il y a concordance. Bref, il ne peut y avoir aucun doute sur ce point : lors de leur avant-dernier camp avant la bataille, les Helvètes se trouvaient à Sanvignes, César se trouvait à Gourdon.
Le Commandant Stoffel voit ensuite les Helvètes se diriger vers l'Arroux. Il a raison. La direction de marche des Helvètes n'a pas changé. Mais c'est à l'Arroux que sa théorie devient complètement incohérente. Normalement, il aurait dû arrêter les Helvètes au pied de la hauteur de Toulon-sur-Arroux, comme il les avaient fait s'arrêter auparavant au pied de la hauteur de Sanvignes. Une distance d'environ 15 km sépare ces deux points. C'est une étape normale et maximum pour des femmes et des enfants qui marchent à pied. On sait que les légionnaires romains pouvaient faire des étapes de 30 km ; aujourd'hui, nos soldats entraînés font la même chose. Mais dans leurs premiers mois d'instruction, nos recrues du Service des essences ne faisaient pas plus de 20 km à la fois. 15 km avec des femmes et des enfants, c'est un maximum...
Première erreur de la thèse Stoffel : il fait franchir l'Arroux aux Helvètes... On dirait qu'il ne se rappelle plus les problèmes que le défilé du Jura avait posés aux Helvètes : un seul chariot pouvait à peine passer. Il ne se souvient plus de leur désastre quand ils ont franchi la Saône. Il a oublié la lenteur de leur progression de la Saône à Sanvignes. Dans son désir de prouver, face à ses détracteurs d'Autun, que Bibracte est au Mont-Beuvray, Stoffel franchit l'Arroux. Il s'engage dans une région sauvage et montagneuse. Il s'en va, tout seul, sur les mauvais chemins qui mènent à Montmort...
...Quatrième erreur de la thèse Stoffel... dans sa théorie, tous ces chariots auraient fait un demi-tour en marchant tout en obliquant pour se rendre au mont Beuvray, c'est impossible... il fallait comprendre que : les Helvètes, le plan de mouvement ayant été modifié en conseil (commutato consilio), décidèrent (durant la nuit évidemment) d'inverser leur cheminement (itinere converso). Il s'ensuit donc que les Helvètes n'ont pas fait un demi-tour absurde en marchant et qu'ils n'ont pas livré bataille contre César dans les montagnes de Montmort. C'est au départ de leur camp de Toulon-sur-Arroux, qu'ils sont revenus vers l'est, alors que la veille, il marchait en direction de l'ouest...
...Les Helvètes n'ont pas franchi la rivière. Venant de Sanvignes, et après avoir parcouru une distance raisonnable de 15 km, ils se sont arrêtés au pied de l'oppidum de Toulon-sur-Arroux, de la même façon qu'ils s'étaient arrêtés au pied de l'oppidum de Sanvignes. César est à 4 km 400 du camp helvète...
...Lorsque César écrit dans ses Commentaires qu'il voulait se rendre à Bibracte qui ne se trouvait pas à plus de 27 km de sa position, il fallait comprendre, mesdames et messieurs, à 27 km du Mont-St-Vincent et non à 27 km du Mont-Beuvray.
Ce n'est donc pas en allant de Toulon-sur-Arroux vers le Mont-Beuvray qu'il faut rechercher le champ de bataille des Helvètes, c'est en allant de Toulon-sur-Arroux vers le Mont-St-Vincent. Ce champ de bataille, il se trouve au pied de la colline de Sanvignes. Le terrain s'accorde parfaitement avec le texte des Commentaires.
Ce champ de bataille de Sanvignes a été le théâtre de deux actions de combat.
Première action de combat : un coup de main manqué que César a tenté sur les camps des Helvètes, le matin de leur départ de Sanvignes vers Toulon-sur-Arroux — itinéraire aller.
Deuxième action de combat : cette fameuse bataille entre les Helvètes et les Romains lorsque quittant l'Arroux et Toulon-sur-Arroux, les deux armées revinrent sur leurs pas — itinéraire retour...
Voici ci-dessus le dispositif de César pour le coup de main manqué. Voici les noms de baptême qu'il a donnés au terrain...
Voici ci-dessous le dispositif de César pour la bataille. Voici les noms de baptême qu'il a donnés au terrain. Ce sont les mêmes. Mons, c'est la colline de Sanvignes, proximus collis, c'est le mont Maillot.
Il y a concordance. Comme c'est écrit dans les Commentaires — itinere converso, le cheminement ayant été inversé — César et les Helvètes sont revenus sur leurs pas. Ils ont fait demi-tour, Ils tournaient le dos au Mont-Beuvray. Ils marchaient en direction du Mont-St-Vincent… Bibracte.
Après avoir réétudiée, une fois de plus, cette fameuse bataille pour les besoins de cette causerie, je me demande si César a vraiment gagné sur le plan militaire comme il le dit
J'ai expliqué dans mon ouvrage l'habile manœuvre de César, la nasse dans laquelle il espérait écraser les Helvètes, en les rejettant dans les fonds et en les prenant en tenaille (croquis ci-dessous).
J'ai expliqué la non moins habile manœuvre des Helvètes qui ont balayé sans difficulté les légions du mont de Sanvignes en les prenant par derrière et en s'y installant. Dans une position défavorable, dominées par ceux qu'elles poursuivaient, violemment attaquées sur leur flanc gauche, les lignes de bataille romaines se trouvaient dans une position particulièrement critique. (croquis ci-dessous).
Pris à partie sur deux fronts et peut-être plus, presque totalement encerclé dans un fond de terrain et alors que la nuit tombait, j'affirme que César était perdu et qu'il n'a trouvé son salut que par un coup de génie.
Ce coup de génie, c'était une action/coup de poing. Perdu pour perdu, il a lancé sa deuxième ligne de bataille à l'assaut des femmes et des enfants qui se trouvaient en attente avec leurs chariots à Dornand.
En entendant les cris de leurs femmes et de leurs enfants que les Romains égorgeaient, les Helvètes cessèrent le combat. Ils n'avaient failli ni à l'honneur, ni à la gloire.
Au premier chapitre des manuels scolaires suisses, figure la bataille des Helvètes. Je dédie cette causerie à leur mémoire.
(1993, cela va faire bientôt vingt ans.) (son site)
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-extraordinaire-bataille-des-125313
Pour une explication plus détaillée :
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
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Fraction - Ne Rien Renier
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Albert Camus et le refus du terrorisme [MàJ]
Jean Monneret, historien, spécialiste reconnu de la guerre d’Algérie, a décidé, lui aussi, d’apporter sa pierre à l’année Albert Camus en proposant un Camus et le terrorisme qui fait le point sur la position mesurée du philosophe-résistant sur le drame algérien, drame qui le touchait au plus profond de lui-même, puisqu’il appartenait de toutes ces fibres à cette terre qui l’avait vu naître, le 7 novembre 1913, dans le Constantinois.
Jean Monneret, Camus et le terrorisme, Michalon Editeur, 2013, 190 pages, 16 euros.
EN VENTE À LA LIBRAIRIE DE FLORE
Albert Camus, penseur grec ? Oui, si on comprend que son refus de la violence pour la violence, c’est-à-dire des « noces sanglantes du terrorisme et de la répression » n’était pas le signe, chez lui, d’une quelconque tiédeur, mais d’un rejet de ce que les Grecs nommaient l’hybris, cette démesure dans la prétention ou, en l’occurrence, dans la haine qui conduit l’homme à sa perte. Du coup, cet ancien membre éphémère du Parti communiste et vrai résistant — contrairement à Sartre, adepte de la « violence confortable » —, qui avait, très tôt, milité pour une émancipation, sans indépendance, de la population algérienne arabo-kabyle, fut, en raison de sa demande, qui échoua, en janvier 1956, d’une trêve civile à Alger, un traître aux yeux d’une gauche anticolonialiste par idéologie qui cautionnait, Sartre en tête, « le plus grave mensonge de la rébellion : la prétendue unanimité du peuple algérien à la soutenir ». Mais, traître, il le fut également aux yeux de ceux des pieds-noirs qui n’avaient pas compris la nécessité d’une évolution de leurs rapports avec la population musulmane.
Avec une mesure — toute grecque, elle aussi —, que nous avions déjà signalée, notamment dans sa Tragédie dissimulée (sur le massacre d’Oran du 5 juillet 1962), Jean Monneret, lui-même pied-noir, s’efforce de restituer toutes ses nuances à la lutte d’un homme qui avait retenu d’un père à peine connu cette leçon qu’on lui avait transmise : « Un homme ça s’empêche », qui ne fait que traduire celle de Thucydide selon laquelle il y a des choses qui ne se font pas. On connaît son refus du refus de toute morale en politique. Le théâtre en porte la marque (Les Justes). Et L’Homme révolté, publié en 1951, où Camus montre « qu’il n’y a pas de violence émancipatrice », sous peine de voir la révolte légitime sombrer dans l’autodestruction, annonce la rupture avec Sartre, l’année suivante. L’Homme révolté où figure encore cette dénonciation du meurtre de Louis XVI : « C’est un répugnant scandale d’avoir présenté comme un grand moment de notre Histoire l’assassinat public d’un homme faible et bon », Camus établissant une filiation de la terreur de 1793 à celle du bolchevisme. Jean Monneret rétablit aussi la véritable portée de cette phrase que Camus prononça à Stockholm en décembre 1957, où il était venu recevoir le prix Nobel de littérature, et qui allait faire le tour du monde, mais tronquée : « Je crois à la justice, mais je préfère ma mère à la justice ». Il a dit « quelque chose de plus précis et de plus fort : “A l’heure où nous parlons, on jette des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans l’un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère” ». Ce qui n’a pas du tout le même sens. En clair, contrairement à ce que proclamaient des intellectuels complices, ceux que Boutang dans le Terreur en question appellera l’année suivante « les moralistes de sac et de corde », loin d’en avoir le monopole, le FLN, organisation terroriste, souillait toute idée de justice.
C’est pourquoi il ne signera pas en 1960 le manifeste des 121 (intellectuels) soutenant la désertion (appelée « insoumission »), car il refusait de cautionner la lutte du FLN, comme d’approuver l’instrumentalisation du refus de la torture — qu’il dénonce effectivement — au profit d’un camp qui la pratiquait lui-même abondamment. Tout simplement, il refusait le simplisme d’une opposition entre Européens chrétiens et Arabes musulmans qui n’était pas celle que les militants armés de l’indépendance algérienne voulaient faire croire, car « il ne savait que trop qu’un des plateaux de la balance contenait les Pieds-Noirs et nombre de musulmans fidèles, immolés d’avance à l’ordre nouveau. » D’où le terrorisme, à la fois contre ces musulmans fidèles et contre les Français d’Algérie, ce « peuple de trop ».
Contre toutes les idéologies totalitaires, qui cherchent à instaurer un homme nouveau pour un nouvel enfer terrestre, Camus rappelle dans L’Homme révolté que « la révolte, elle, ne vise qu’au relatif et ne peut promettre qu’une dignité assortie d’une justice relative. »
Axel Tisserand - L’AF 2871
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Albert-Camus-et-le-refus-du
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Paris Violence - Le Crepuscule Des Idoles
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Guerre guerre, vent devant
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Bagadou Stourm - Avalon
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Une démocratie qui doit la vie à un roi
Au matin du 21 janvier 1993, les Parisiens étaient venus par milliers place de la Concorde commémorer dans la dignité et la prière le deuxième centenaire du meurtre du roi Louis XVI. Parmi eux, fendant la foule, l’ambassadeur des États-Unis venait déposer un coussin de fleurs de lys sur le lieu où les révolutionnaires avaient jadis planté la guillotine ; il rendait ainsi hommage à celui sans qui les États-Unis d’Amérique n’auraient peut-être jamais dépassé le stade d’un joli rêve.
Une leçon donnée aux Anglais
Dès son avènement en 1774, le petit-fils de Louis XV brûlait de venger la France du funeste traité de Paris (1763) par lequel, entre autres, le Canada avait été cédé aux Anglais. Mais il fallait à tout prix éviter la guerre sur le continent européen déjà épuisé par trop de conflits armés. Or l’opinion publique en France, surtout dans la jeune noblesse, commençait à s’enfiévrer pour les colons d’Amérique, lesquels, refusant de payer les trop lourdes taxes réclamées par leur mère-patrie l’Angleterre, étaient entrés en rébellion. Or voici que, le 4 juillet 1776, ces derniers poussaient l’audace jusqu’à proclamer la déclaration d’Indépendance américaine ! Les soutenir pouvait être pour la France l’occasion d’arracher à la « perfide Albion » sa suprématie sur les mers...
Dans les salons, les cafés, les cercles philosophiques, les loges maçonniques, on ne jurait plus que par les « Insurgents » américains ; le mythe rousseauiste du « bon sauvage » aidant, on se mit à dénoncer l’Angleterre pourrie de richesses et de vices... En décembre 1776 débarquait à Nantes sur une frégate américaine l’inventeur du paratonnerre, Benjamin Franklin. Porté en triomphe jusqu’à Paris, le beau patriarche eut vite fait de conquérir la jeunesse, les milieux financiers, les clubs, la loge des Neuf sœufs et, dit-on, les dames... Les vocations germaient : en 1777, n’y tenant plus, le jeune marquis de La Fayette partit tenter la gloire à Philadelphie, siège du gouvernement de la colonie ; incorporé dans l’armée rebelle il devint major général, puis George Washington lui demanda de retourner en France pour convaincre Louis XVI d’envoyer un corps expéditionnaire au secours de ces révoltés bien incapables par eux-mêmes de sortir de l’improvisation.
Le roi ne prit pas spontanément sa décision. Peut-être considérait-il que seize ans plus tôt ceux qui étaient devenus les Insurgents avaient participé à l’invasion de Canada... Peut-être craignait-il que l’esprit d’indépendance contaminât les cervelles légères des troupes qui n’étaient que trop portées à l’insubordination... Peut-être aussi s’inquiétait-il de la situation financière du royaume, plus que délicate... Mais pourtant les efforts de modernisation de la marine française, voulus par le ministre Vergennes et par le roi lui-même, permettaient tous les espoirs. Et puis la France pouvait compter sur le soutien ou au moins la neutralité, de la Hollande et de l’Espagne… Voilà donc signé, dès le 6 février 1778, entre Louis XVI et Franklin un traité d’amitié et d’alliance : de l’aide plus ou moins clandestine (dont profitait Beaumarchais...), on passait à l’engagement officiel du côté des révoltés.
Le roi l’a voulu
Au cours de cette guerre, la France ne connut pas que des victoires ; longtemps même la situation fut incertaine, en dépit des audaces de l’amiral d’Estaing. Le marquis de Castries, nouveau ministre de la Marine, envoya De Grasse aux Antilles et Suffren aux Indes afin de harceler les Anglais dans leurs possessions à travers le monde. Enfin, en 1780, arriva en Virginie Rochambeau à la tête de 6 000 hommes : lui et Washington réussirent à encercler et à faire capituler le général britannique Cornwallis à Yorktown, le 17 octobre 1781. Ce jour-là l’Angleterre perdit définitivement l’Amérique.
Si les États-Unis entrèrent dans l’Histoire, ils le doivent donc essentiellement à Louis XVI, et non aux Américains eux-mêmes, lesquels, voyant arriver les troupes françaises, se dépêchèrent, dit Bernard Fay (1) de regagner leurs foyers, leurs terres et leurs commerces... Seul Washington avait la stature et la mentalité d’un soldat : c’est autour de lui que les jeunes nobles français illustrèrent avec bravoure ‘lidéal chevaleresque. Ce fut assurément la dernière guerre de gentilshommes que l’on vit dans le monde.
Action désintéressée
Quel profit en retira la France ? Si l’on sen tient aux termes du traité signé à Versailles le 3 septembre 1783, il n’y avait pas de quoi jubiler : nous récupérions le Sénégal, Tobago, Saint-Pierre-et-Miquelon, nous gagnions le droit de fortifier Dunkerque et les comptoirs de l’Inde, et l’Espagne reprenait la Floride. Nous avions porté un rude coup à la puissance maritime britannique, mais celle-ci avait eu la perfide habileté non seulement de reconnaître l’indépendance des treize colonies, mais d’accorder à celles-ci toutes les positions qu’elles voulaient au sud et à l’est du Mississipi, ce qui devait avoir pour effet de rendre moins nécessaire leur alliance avec la France. De fait, dès les années suivantes, le nouveau pays allait nouer avec son ancienne mère patrie - et non avec la France des relations commerciales privilégiées...
Plus grave : personne ne s’inquiéta sur le moment de l’aura que la victoire des rebelles donnait aux idées des Lumières... Curieusement l’engouement pour les États-Unis retomba tout de suite après le traité, mais bien des officiers partis se battre outre-Atlantique (la Fayette, le vicomte de Noailles...) allaient sentir en 1789 se ranimer en eux la flamme libertaire. Toutefois cette contagion n’était pas fatale ; certains anciens officiers allaient mourir sous la Terreur, et d’autres comme par exemple le marquis de La Rouërie allaient combattre héroïquement la Révolution. En 1783 tout laissait à penser que Louis XVI sortait auréolé pour toujours de cette aide totalement désintéressée apportée à un jeune peuple. La modestie même des gains retirés par la France rehaussait le prestige de celle-ci, qui redevenait l’arbitre de l’Europe. Le roi, peut-être sans le vouloir, avait aussi fortement ébréché l’anglomanie qui, depuis la régence et surtout depuis Montesquieu, cherchait outre-Manche des modèles politiques : tout le monde savait désormais qu’une nation pratiquant le parlementarisme pouvait être injuste et despotique... Et du même coup était apparue au grand jour par l’exemple des Insurgents eux-mêmes l’inaptitude dun régime démocratique à conduire les destinées d’un pays...
Nul en 1783 n’aurait prédit la Révolution six ans plus tard. Pourquoi alors Louis XVI ne sut-il pas profiter de ce regain de ferveur ? Tout simplement - et c’est ici la plus funeste conséquence de la guerre d’Amérique - parce que l’expédition avait coûté en cinq ans deux milliards de livres, « l’équivalent de dix années des dépenses ordinaires de l’État » signale Jean de Viguerie (2). Il s’ensuivit pour la France une instabilité ministérielle qui laissa l’État désarmé devant la fronde des privilégiés opposés aux réformes indispensables et accula le roi à rassembler en 1789 les états généraux. En ce sens on peut dire que cette guerre a causé la perte de la monarchie.
Idéalisme américain
Les États-Unis, de leur côté, n’allaient cesser de s’agrandir vers le sud et vers l’ouest pendant tout le XIXe siècle. En 1803, Napoléon leur vendit pour 80 millions de francs l’immense Louisiane où la marque de la France est restée malgré tout indélébile.
Les États-Unis ne perdirent jamais de vue la conception moraliste et idéaliste qui avait inspiré leurs ancêtres les premiers migrants, certains d’avoir reçu de Dieu la mission de fonder en ce Nouveau Monde un État parfait aux antipodes de ceux de la vieille Europe, si souvent en guerre... Sans doute, si ce peuple neuf avait en devenant indépendant fondé une monarchie héréditaire, aurait-ils saisi de génération en génération les réalités concrètes qui fondent les civilisations. À défaut de cette communauté historique de destin, les Américains s’identifient dans l’idée toute messianique d’une mission au service de leur modèle infaillible de démocratie... Même les affaires purement matérielles de rendement, d’efficacité, d’enrichissement, sont pour eux signe d’élection divine...
Pour eux, comme la dit Jefferson (le deuxième président, de 1801 à 1809) les alliances et les conflits entre nations nexpriment que des « jalousies mutuelles » qui les condamnent à la « guerre éternelle ». Doù ce besoin américain de diffuser par l’économie, le commerce, la culture cet idéalisme internationaliste. Woddrow Wilson (président de 1913 à 1921) allait jusqu’à dire : « Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » On sait ce que fut le fameux traité de Versailles inspiré par lui en 1918 et dont Jacques Bainville avait aussitôt prévu quil népargnerait point à l’Europe une nouvelle conflagration vingt ans plus tard... Maurras reprochait à Wilson d’être un émule de Le Chapelier : comme celui-ci, supprimant les corporations, fit le malheur des ouvriers devenus libres de mourir de faim, l’idéologue d’Outre-Atlantique parlait d’un monde où les nations ne contracteraient plus d’alliances entre elles parce qu’elles seraient toutes soumises à une instance supranationale...
Cela dit, il n’est pas question pour nous de manquer de reconnaissance envers les Américains qui ont, par deux fois, apporté leur secours à la France. Entre les deux pays, l’histoire, la géographie et l’intérêt appellent la bonne entente. Mais nous nen n’affirmerons pas moins qu’en matière politique les États-Unis n’ont pas de leçon à nous donner. Certains Français gagnés par l’idéologie mondialiste, voient un modèle pour leur Europe des régions dans la constitution fédérale des États-Unis. C’est oublier que si pour des États sans aucun passé à sauvegarder, le fédéralisme a été un facteur d’union, il en serait tout autrement en Europe où les nations démantelées ne seraient plus qu’un magma informe.
Un modèle ?
Quant au modèle électif américain, on sait sur quels abus il débouche bien souvent (corruption, concusion, prévarication) Citons encore Maurras : « C’est malgré ces abus et malgré ces institutions, c’est malgré la politique, c’est parce que la politique est en réalité comme un organe insignifiant presque superflu de l’immense activité américaine, c’est parce que, durant un siècle, l’État, les hommes d’État et les institutions d’État n’ont presque jamais compté, emportés et noyés dans le torrent dune magnifique vitalité, c’est par sa production, c’est par son territoire, c’est par ses réserves naturelles, par son capital physique et économique accumulé à l’infini, que l’Union américaine est devenue ce que nous la voyons aujourd’hui. Ce colosse porte des parasites également colossaux et qui tueraient des États moindres mais dont il n’a même pas souci de se délivrer. Avant de proposer à la France de l’imiter, il faudrait donner à la France la taille, le poids et la force matérielle de l’Amérique. »
On ne saurait mieux juger le modèle américain.
Michel Fromentoux LAction Française 2000 du 5 au 18 octobre 2006
(1) Naissance dun monstre : l’opinion publique. Éd.Perrin, 1960.
(2) Louis XVI, le roi bienfaisant. Éd. du Rocher, 2003.