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culture et histoire - Page 1763

  • Spinoza est-il moniste ?

    Puisque la scission entre monothéistes - principalement catholiques - et païens dans la mouvance est fait avéré, le point de vue alternatif du monisme spinoziste.
    [in : Spinoza : puissance et ontologie, Editions Kimé, Paris 1994, p. 39-53]
    Au nombre des étiquettes qu’on a coutume d’attacher à la démarche de Spinoza, - athéisme, matérialisme, panthéisme, etc -, il y a le “monisme” : Spinoza, dit-on, est moniste, il est “un” moniste; il est même celui qui, dans le champ de la philosophie moderne, incarne à la perfection ce courant ou cette tendance. Il serait ainsi “le” moniste intégral, philosophe du tout un qui est un tout seul ou un seul tout, tout seul un tout qui est tout un parce qu’il est un tout un, comme un seul tout un, bref le philosophe de l’un seul qui s’en tient tenacement à l’accomplissement de son unicité, celle-ci constituant à la fois la condition et la marque de sa perfection, donc de son absolue réalité. Mais Spinoza est-il bien ce philosophe-là ? Professe-t-il aussi uniment cette unicité du tout seul un seul du tout tout un qui donnerait son contenu au message moniste, pour autant que ce message ait été jamais proféré par aucun vrai philosophe, ancien ou moderne, et pour autant qu’il vaille d’être ou d’avoir été proféré ? Alors Spinoza est-il vraiment un philosophe moniste ? Spinoza est-il moniste ?
    Commençons par l’énoncé de l’évidence, vraie ou fausse, telle qu’elle définit une certaine vulgate spinoziste. Cet énoncé est clairement formulé, d’une manière tellement claire qu’elle peut paraître brutale ou simpliste, dans le chapitre que Russell a consacré à Spinoza dans son HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE :
    “Le système métaphysique de Spinoza appartient au type inauguré par Parménide. Il n’y a qu’une seule substance, “Dieu ou la nature”; rien de fini ne subsiste en soi... Les choses finies sont définies par leurs limites physiques ou logiques, c’est-à-dire par ce qu’elles ne sont pas : “toute détermination est une négation”. Il ne peut y avoir qu’un seul Etre qui soit entièrement positif et il doit être absolument infini. Ici, Spinoza est amené au panthéisme complet et pur.” (B. Russell, HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE (en relation avec les événements politiques et sociaux de l’Antiquité jusqu’à nos jours), trad. fr. H. Kern, éd. Gallimard 1952, p. 582)
    Dans ces quelques lignes sont accumulées, en vue d’expliquer le fond de la pensée spinoziste, deux fausses citations, - les formules Deus sive natura et omnis determinatio est negatio qui, sous cette forme et avec cette valeur de propositions apodictiques, ne se trouvent nulle part dans le texte de Spinoza, dont elles ont été artificiellement “extraites”-, un néologisme, -le terme “panthéisme” qui a été forgé au XVIIIème siècle en vue de propager une certaine interprétation du spinozisme, en rapport avec la thématique de la religion naturelle -, et la référence mythique à un philosophe dont Spinoza ne connaissait sans doute qu’à peine l’existence, si même il la connaissait, Parménide. Russell ne fait ici que reprendre une tradition, dont il donne une version particulièrement concentrée, en la présentant comme la leçon véritable de la pensée de Spinoza, ainsi ramenée dans le système étroit d’un monisme intégral, système auquel il a été fait allusion pour commencer. Il est amusant de constater que les éléments de cette tradition se trouvaient déjà chez Hegel, que Russell, qui n’en voulait pas comme maître de philosophie, semble ainsi avoir suivi assez aveuglément dans le domaine de l’histoire de la philosophie.
    Hegel explique en effet, dans des passages bien connus de sa SCIENCE DE LA LOGIQUE, que Spinoza est par excellence le philosophe de la substance qui est “l’indifférence absolue” (die absolute Indifferenz) à ce qui n’est pas elle (SCIENCE DE LA LOGIQUE, I, III, chap. 3, remarque au par. B, éd. de 1812 trad. fr. Labarrière et Jarczyk, éd. Aubier 1972, p. 358) : son concept développe la définition de l’unité à soi de l’être qui est tout uni à soi-même, comme un tout un, qui n’est rien d’autre que ce qu’il est. Mais, n’étant précisément rien d’autre que ce qu’elle est, ce qui fonde son identité à soi, cette chose absolue qu’est la substance, à laquelle fait défaut, selon Hegel, le fait d’être un sujet, ou plutôt d’être sujet, se trouve d’emblée installée dans un rapport négatif, sinon à soi, du moins à ce qu’elle n’est pas, à ce qui n’est pas soi au sens où la substance est soi, sans l’être, puisqu’elle n’est pas sujet, mais est seulement cette chose qui est absolument ce qu’elle est, et rien d’autre : elle rejette l’altérité radicale du monde, suivant la logique propre à son point de vue d’une sorte de Verneigung, dénégation non moins absolue qu’est aussi absolue l’absence de contenu propre à la négation affirmative ou à l’affirmation négative de son panthéisme acosmiste :
    “Spinoza était par son origine un Juif et c’est en somme l’intuition orientale selon laquelle tout être fini apparaît simplement comme un être qui passe, comme un être qui disparaît, qui a trouvé dans sa philosophie son expression conforme à la pensée... La substance comme elle est appréhendée par Spinoza, sans médiation dialectique antérieure, immédiatement, est, en tant qu’elle est la puissance universelle négative, en quelque sorte seulement cet abîme sombre, informe, qui engloutit en lui tout contenu déterminé, comme étant originairement du néant, et ne produit rien qui ait en soi-même une consistance positive” (ENCYCLOPEDIE DES SCIENCES PHILOSOPHIQUES, I, additif au par. 151 (trad. fr. B. Bourgeois, Vrin 1970, p. 584 -586)
    Avec cette énonciation d’un tout qui est soi dans la mesure où il n’est rien d’autre que soi, se referme la boucle d’une logique de l’être-un qui, commençant par Parménide (SCIENCE DE LA LOGIQUE I, I, chap. 1, par. C, remarques 1 et 2, trad. Labarrière et Jarczyk p.60 et sq.) et finissant par Spinoza, est aussi une logique du un, ou logique de l’Un : être qui est et n’est pas, dans la mesure où, qualifié, quantifié ou mesuré, il reste privé de détermination intrinsèque, puisqu’il ne peut être déterminé que de l’extérieur, en rapport avec le principe d’une altérité radicale, altérité que, par la dialectique qui lui est propre, il pose en l’excluant, en la déportant, comme un non-être, au dehors de ce qu’il est. Jusqu’au bout, cet être absolument présent et comme abîmé en soi semble condamné à une sorte d’absence, identique au néant : il est “un” être qui n’est que formellement, abstraitement, distingué du néant, néant que, de fait, il est, et est condamné à demeurer, comme un en soi qui est tout en soi, et comme (un) un qui (n’)est (que) cet un qu’il est.
    Cette analyse de l’onto-logique moniste est celle qui inspirait le commentaire de Russell. C’est elle encore qu’on retrouve au passage chez Rorty, lorsqu’il évoque “le monisme métaphysique commun à Parménide et à Spinoza” :
    “Le monisme a toujours rencontré des difficultés pour rendre compte de l’apparence de pluralité. L’apparence, après tout est aussi irréelle que la pluralité elle-même. Mais des monistes comme Spinoza voudraient parvenir à une possibilité de décrire la relation des modes finis à l’unique substance infinie. Ils voudraient aller au-delà de la seule insistance, froide et rebutante, qui fait dire à Parménide que le non-être n’est pas. L’ambition de Spinoza serait de dire qu’il sait tout des modes finis et qu’il est à même d’en décrire la nature dans un langage certain. On ne voit malheureusement pas très bien comment on pourrait saisir avec certitude ce qui n’est pas réel. Au reste, être certain d’une chose, en donner une représentation exacte, suppose manifestement une relation entre deux choses. Or toute la question, pour le monisme, c’est qu’il n’existe qu’une seule chose.” (R. Rorty, “Deconstruction and Circumvention”,1984), trad. fr. J.P. Cometti in SCIENCE ET SOLIDARITE, la vérité sans le pouvoir, éd. L’éclat 1990) p. 91)
    Malgré l’“ambition” qui est la sienne de tout dire au sujet du monde, dans la forme d’une science dont la rationalité exhaustive ne laisse subsister aucun résidu d’inconnaissable, Spinoza ne serait donc pas parvenu à échapper aux limites du monisme selon le modèle qu’en aurait une fois pour toutes fixé Parménide. Mais Parménide lui-même était-il, en ce sens étroit, “moniste” ? On laissera cette question pour une autre occasion. Et on se contentera ici de souligner ce que comporte de rituel cette référence emblématique, qui semble représenter magiquement la circularité imputée à la pensée du tout un, accusée par Rorty de ne pouvoir penser “une relation entre deux choses” : car comment celui qui pense un, et pense un comme un, pourrait-il penser deux, c’est-à-dire précisément ce que, pour le différencier de l’être qui est (seulement) être, Hegel nomme essence ?
    Les choses ne sont toutefois pas si simples : et cela, il revient à Hegel, sinon à Russell ou à Rorty, de l’avoir compris. Car, pour lui, Spinoza, penseur par excellence de l’être, est aussi, si surprenant que cela puisse paraître, le penseur de l’essence, que sa logique du Un a entraîné dans le mouvement qui l’a finalement amené à penser Deux, ou la figure par excellence de la relation négative à soi qui définit l’essence. On ne l’a pas assez remarqué (et moi-même, en rédigeant mon HEGEL OU SPINOZA, éd. Maspéro 1979, rééd. La Découverte, 1991), je reconnais n’y avoir pas porté alors suffisamment attention), la figure de Spinoza développée par Hegel est complexe, divisée, dialectiquement contradictoire : d’une part elle s’expose sous les traits de l’Oriental, dont la parole initiatique semble sourdre des origines d’où toute pensée rationnelle est issue, - et ce philosophe-là est bien d’une certaine manière le penseur de l’être-un saisi au plus près de son élan immédiat ; mais elle se présente aussi, à l’intérieur du système de la philosophie moderne, dont les critères de légitimité sont ceux de la rationalité du pur entendement, asservie aux modèles que lui impose la méthode géométrique, comme celle, non de l’initiateur, mais du successeur voire même du sectateur, dont les références sont à chercher du côté de Descartes, et non de celui de Parménide. Or cet autre Spinoza, dont la place se situe en plein milieu du développement de l’histoire de la pensée, comme celle d’un médiateur ou d’un intercesseur, et non en son absolu commencement, est précisément le penseur de ce qui constitue par excellence le moment médiat du développement logique de la pensée elle-même, et c’est ainsi qu’il est le philosophe, non de l’être, mais de l’essence, dont la spéculation, au lieu de se fixer sur la considération obsessionnelle du Un, procède au mouvement analytique de la division, qui exploite sous toutes ses formes le modèle rationnel de la dualité, c’est-à-dire du rapport à soi.
    Il est tout à fait significatif à ce point de vue que la remarque suivante faite par Hegel au sujet de la substance spinoziste :
    “Ce concept est l’ultime détermination de l’être avant qu’il ne parvienne à l’essence, mais il n’atteint pas l’essence elle-même”
    Figure seulement dans l’édition de 1812 de la DOCTRINE DE L’ETRE, mais ait été effacée de la version finale préparée par Hegel en 1831. Hegel, qui avait lui-même commencé par envisager la pensée de Spinoza dans sa figure commençante, du côté de l’être et au seuil de l’essence, en est en effet venu à retrouver cette pensée, comme décalée par rapport à elle-même, dans l’ordre de l’essence, qu’elle devait finir effectivement par atteindre dans son effort de réfléchir intellectuellement l’absolu.
    En effet, réfléchie dans son rapport à soi, qui fait qu’elle n’est plus simplement donnée mais posée, la substance spinoziste, sans du tout renoncer à sa massivité de chose, de substance qui n’est pas encore sujet, projette sa réalité dans l’ordre de l’effectivité qui la soumet à un principe fondamental de relation. C’est ce qu’explique la longue remarque consacrée à un parallèle entre la philosophie de Spinoza et celle de Leibniz qui se trouve à la fin de la DOCTRINE DE L’ESSENCE :
    “Certes la substance est unité absolue du penser et de l’être ou de l’étendue, donc absolument pas comme déterminer et former ni non plus comme le mouvement faisant retour et commençant à partir de soi-même. Pour une part manque par là à la substance le principe de la personnalité, - un manque qui plus que tout a soulevé l’indignation contre le système spinoziste; - pour une part le connaître est la réflexion extérieure qui ne comprend pas et ne déduit pas à partir de la substance ce qui apparaît comme fini, la déterminité de l’attribut et le mode, tout comme aussi en général elle-même, mais est active comme un entendement extérieur, assume les déterminations comme données et les reconduit à l’absolu, mais ne tire pas de celui-ci leurs commencements.” (SCIENCE DE LA LOGIQUE II, III, chap. 1, par. C (trad. fr. Labarrière et Jarczyk, éd. Aubier 1976, p. 239)
    Demeurant enfermée en soi-même dans sa totalité une, la substance ne peut donc être réfléchie qu’en se partageant, à la manière d’une masse qui éclate lorsque qu’on cherche à la pénétrer : elle est alors pensée comme unité de la pensée et de l’être, une unité qui prend nécessairement la forme d’une relation extérieure passant entre les deux termes qu’elle identifie abstraitement. Cette idée donne son fil conducteur à l’étude de la notion d’attribut qui est longuement développée par ailleurs dans le chapitre des LECONS SUR L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE consacré à Spinoza :
    “Sur le rapport de la pensée et de l’être, il dit : c’est le même contenu qui est une fois sous forme du penser et ensuite sous celle de l’être... Tous deux, penser et être sont la même totalité. En effet, la même substance, sous l’attribut de l’étendue, elle est la nature; nature et penser, tous deux expriment la même essence de Dieu.” (LECONS SUR L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE, trad. fr. P. Garniron, t. VI, éd. Vrin 1985, p. 388 )
    Ici, un se divise littéralement en deux, puisque c’est la même totalité qui s’appréhende simultanément sous deux formes, comme identité à soi de l’être : l’être alors, par l’effet de cette réflexion qui lui a fait découvrir son autre en lui, et non au dehors, s’est métamorphosé en essence.
    On passera ici rapidement sur les difficultés de lecture que soulève cette interprétation. Signalons en quatre principales : la réduction de l’intellect (intellectus) à l’entendement (Verstand) ; l’assimilation, au point de vue de la logique de l’essence, de l’être (Sein) à l’étendue (Ausdehnung) ; la confusion entretenue entre les déterminations modales et les attributs, qui résulte de l’interprétation de l’attribut comme détermination négative, donc nécessairement finie, de la substance ; enfin la représentation en vis-à-vis de la pensée et de l’étendue, qui élimine la thèse de l’infinité des attributs pour pouvoir mieux analyser leur rapport en termes de réflexion. L’essentiel passe finalement ailleurs : il se trouve dans la logique irrésistible d’une lecture, lecture indiscutablement philosophique, qui bascule d’une affirmation moniste, - le Spinoza de la DOCTRINE DE L’ETRE - , au dualisme, - le Spinoza de la DOCTRINE DE L’ESSENCE -, en démontrant que la vérité de Parménide, pour autant qu’on s’efforce de suivre l’élan interne de sa pensée, se trouve chez Descartes, au sens où, comme le dit Hegel par ailleurs, “la vérité de l’être est l’essence” (SCIENCE DE LA LOGIQUE, II, introduction, trad. fr. Labarrière et Jarczyk, Aubier 1976, p. 1), vérité négative de réflexion, propre à la réalité essentielle d’un posé, mais non moins vérité pour autant. Plus hégélien qu’on ne pourrait s’y attendre, J. Bennett, reprend à son compte l’interprétation dualiste de Spinoza, qu’il lit aussi comme un philosophe post-cartésien : cf A STUDY OF SPINOZA’S ETHICS (Cambridge University Press , 1984), p. 41 - 50 et 143-149. Plus hégélien qu’on ne l’attendrait, mais quand-même moins hégélien que Hegel, puisqu’il ne voit pas, ne veut pas ou ne peut pas voir, la conversion logique du monisme en dualisme qui est au coeur de la lecture hégélienne de Spinoza.
    Alors, Spinoza est-il moniste ? Oui, pour autant qu’il est aussi dualiste : au point de vue de Hegel, il est en quelque sorte celui qui a perçu l’arrière-fond moniste de toute pensée abstraite d’entendement, ou la postérité dualiste de la pure spéculation de l’Un. Mais cette dialectique encore balbutiante du un et du deux, qui s’arrête au seuil du concept et de ses syllogismes rationnels, ne parvient pas à réconcilier les figures de l’immédiateté et celles de la médiation dans le mouvement d’une pensée authentiquement ternaire ou trinitaire : et c’est pourquoi Spinoza n’a plus sa place dans le troisième et dernier volume de la SCIENCE DE LA LOGIQUE.
    Mais il serait temps peut-être d’en finir avec ces décomptes d’apothicaire, qui ne sont après tout que des jeux de l’imagination, car au point de vue de Spinoza c’est l’imagination qui compte : un, deux, trois, comme pourrait le faire un comptable ou un maître de danse. Il faudrait donc à présent en revenir à ce que Spinoza lui-même a pu dire à ce sujet. Or il se trouve qu’il a commencé à s’expliquer sur ce point dans les COGITATA METAPHYSICA qu’il a placés en appendice de ses PRINCIPIA PHILOSOPHIAE CARTESIANAE. Ces COGITATA, ou PENSEES METAPHYSIQUES, publiés en 1663 au moment où Spinoza était engagé dans ses premiers essais de rédaction de l’ETHIQUE, sont d’ailleurs moins des pensées de métaphysique que des pensées sur la métaphysique, sur la métaphysique des Métaphysiciens (Metaphysici), soumise dans ce texte au crible d’un examen critique particulièrement serré. Cet examen s’applique d’abord, dans la première partie des COGITATA, à des questions générales, au nombre desquelles celle de l’Un (Unum), associé au Vrai et au Bien (COGITATA METAPHYSICA, I, chap. 6, “Du Un, du Vrai et du Bien”, De Uno, Vero et Bono). Pour commencer, Spinoza s’interroge sur “ce qu’est l’unité” (quid sit unitas), dont, se plaçant d’emblée dans la tradition nominaliste, il fait une simple désignation abstraite qui, en elle-même, ne correspond à aucune réalité :
    “ Tandis que, selon nous, l’unité n’est en en aucune manière distincte de la chose même (qu’elle caractérise), ou n’ajoute rien à ce qui est; mais elle n’est seulement qu’une manière de penser par laquelle nous séparons la chose d’autres qui lui sont semblables ou conviennent de quelque manière avec elle.” (Nos autem dicimus unitatem a re ipsa nullo modo distingui, vel enti addere; sed tantum modum cogitandi esse, quo rem ab aliis separamus, quae ipsi similes sunt, vel cum ipsa aliquo modo conveniunt).
    Dans le paragraphe suivant, Spinoza explique que l’unité, ainsi définie comme une simple manière de penser privée de toute réalité propre, ne se comprend que replacée dans le cadre de l’alternative formelle entre unité et pluralité, cette dernière notion correspondant également à une manière de penser abstraite opposée à la précédente. Ceci signifie qu’il est impossible de penser l’unité en soi, ou la pluralité en soi, comme si chacune représentait quelque chose de réel, les termes “unité” et “pluralité” n’ayant une valeur rationnelle que relativement l’un à l’autre. C’est pourquoi, poursuit Spinoza, l’affirmation traditionnelle selon laquelle “Dieu est un” n’a d’autre fonction que de faire comprendre la distinction entre Dieu qui est “un” et les autres choses qui sont représentées sur le mode de la pluralité : l’unité ayant ainsi, à l’exclusion de tout autre, le sens de l’unicité. “Dieu est un” : cela ne veut en aucune façon dire que Dieu est en soi un, un au sens de l’Un considéré lui-même comme un être réel ; mais cela veut seulement dire que Dieu, à la différence des autres êtres, est unique, en ce sens qu’il n’est pas plusieurs, parce que “nous concevons qu’il ne peut en être plusieurs (entendons : plusieurs Dieux) de même nature” (concipimus ejusdem naturae plures esse non posse).
    C’est ici que Spinoza, par un de ces extraordinaires artifices de mise en scène dont il a le secret, glisse incidemment une réflexion pour le moins troublante :
    “A la vérité, si nous voulions examiner la chose plus précisément, nous pourrions peut-être montrer que Dieu n’est qu’improprement nommé un et unique ; mais la chose n’est pas d’une telle importance, elle n’en a même aucune au point de vue de ceux qui sont attachés aux choses et non aux mots. C’est pour quoi, laissant cela de côté...” (At vero, si rem accuratius examinare vellemus, possemus forte ostendere Deum non nisi improprie unum et unicum vocari; sed res non est tanti, imo nullius momenti iis qui de rebus, non vero de nominibus, sunt solliciti. Quare hoc relicto...)
    Autrement dit, unité et unicité, appliquées à Dieu, ne sont que des noms ou des appellations, et ces noms pourraient d’une certaine manière être considérés comme impropres, ce qui semble laisser entendre qu’une autre manière de parler serait peut-être plus exacte. Mais Spinoza laisse aussitôt tomber cet aspect de la question, et renonce à procéder à la rectification suggérée : car, n’est-ce pas ?, ce sont les choses qui comptent pour le philosophe, et non les noms qu’on leur donne, d’une manière qui, sans doute, doit rester jusqu’au bout abusive, car il y dans le fait de nommer les choses quelque chose qui continue à faire problème pour le philosophe ; et c’est pourquoi, ayant éveillé notre curiosité sur ce point sans la satisfaire, il préfère ne pas s’attarder davantage et passe à la suite.
    Le lecteur des COGITATA, qui, rappelons-le représentent la seule partie de sa philosophie que Spinoza a publiée de son vivant sous son nom, ne peut alors manquer d’être surpris en rencontrant dans la seconde partie de ce texte, consacrée à l’examen des parties spéciales de la métaphysique, un développement qui porte sur le problème de “l’unité de Dieu” (COGITATA METAPHYSICA II, chap. 2, “De l’unité de Dieu”, De unitate Dei). Spinoza attache tellement peu d’importance aux questions de mots qu’il n’hésite pas à reprendre une forme de désignation ou manière de parler traditionnelle, “Dieu est un” (Deum esse unum), alors même qu’il en a précédemment évoqué les ambiguïtés. Aussi bien, ce qui l’intéresse ici, c’est le fond du problème, à savoir la façon dont est usuellement démontrée rationnellement cette unité qui, ne l’oublions pas, est et est seulement une unicité. Or cette démonstration, dans ses formes communes, qui, font intervenir le principe de finalité, et reviennent à dire qu’un seul Dieu suffit pour expliquer la création du monde et la production des choses, étonne, déclare Spinoza, par sa futilité ; et il ajoute : les arguments sur lesquels elle s’appuie sont “tirés de relations ou de dénominations extrinsèques” (a relationibus aut denominationibus extrinsecis petita). C’est pourquoi il propose d’y substituer une autre preuve, à laquelle il donne la forme d’un raisonnement par l’absurde : s’il y avait plusieurs Dieux, et non un seul, ceux-ci se connaîtraient les uns par les autres, donc relativement, ce qui altèrerait leur caractère d’absolue perfection. Il se contente d’exposer le schéma de cette démonstration, qui lui paraît plus correcte que celles dont usent les Métaphysiciens, ici appelés ironiquement “les auteurs” (Authores).
    Ajoutons qu’en 1664 a été publiée une traduction hollandaise des COGITATA, due aux soins de P. Balling. Cette édition comporte, en marge du texte, un certain nombre d’annotations dont on ne sait si elles doivent être attribuées à Spinoza lui-même ou à son traducteur. Le texte qui vient d’être résumé est accompagné d’une remarque, ainsi conçue :
    “Cette preuve (il s’agit de la démonstration par l’absurde dont le schéma a été esquissé) peut nous convaincre de l’unicité de Dieu, elle ne peut cependant pas l’expliquer. Je conseille donc au lecteur que nous tirions l’unicité de Dieu de la nature de son existence. Existence qui n’est pas distinguée de son essence ou qui suit nécessairement de son essence.”
    (Cette annotation, qui n’est pas reproduite dans l’édition Van Vloten, ne se trouve pas non plus dans le texte présenté par Appuhn. Elle est ici citée d’après l’édition de la Pléiade (Gallimard 1954, réed. 1984), dans la traduction de R. Caillois, p. 268. En voici la texte original, tel qu’il figure dans l’édition Gebhardt : “Maar schoon dit bewijs t’eenemaal overtuigt, echter zoo verklaart het d’einheit Ghodts niet; derhalve vermaan ik de Leezers, dat wy Ghodts eenheit, rechtsweegs uit de natuir van zijn wezendlijkheit besluiten, die namelijk, van de wesentheit Ghodts niet werdt onderscheiden, of die nootzaat lijk nyt zijn wezenheyt volgt.” (Spinoza, OPERA, Heidelberg 1925 t. I p. 253)
    Remarquons que l’auteur de cette annotation se contente ici de suggérer la possibilité d’une autre démonstration, dont la version développée doit se trouver ailleurs. Mais, dans ce cas précis, cette démonstration existe effectivement, et nous savons où en chercher le texte complet : dans l’ETHIQUE, et plus précisément dans le corollaire 1 de la proposition 14 du DE DEO, qui explique causalement la nécessité de ce “propre” de Dieu qu’est l’unicité. Il reste pourtant qu’ainsi démontrée nécessairement l’unicité de Dieu maintient le caractère d’un “propre”, qui ne définit pas la réalité divine, comme seuls peuvent le faire les attributs de cette réalité, mais reste d’une certaine façon une détermination ou une dénomination extrinsèque à cette réalité, à laquelle elle ne peut en aucune façon se substituer.
    Cette accumulation d’allusions et de repentirs, authentiques ou simulés, laisse perplexe. Il est au moins un lecteur de Spinoza qui a souhaité en savoir un peu plus sur le problème qui vient d’être évoqué: c’est J. Jelles qui, une dizaine d’années plus tard, a demandé à Spinoza des éclaircissements sur certains points de sa doctrine qui lui restaient obscurs. Les réponses de Spinoza à ces questions, contenues dans la Lettre 50 (datée de juin 1674), concernent : le rapport de sa pensée politique à celle de Hobbes, leur “différend” (discrimen ) portant sur la manière de traiter la relation entre droit naturel et droit civil ; la conception selon laquelle, dans le cas de la figure géométrique, “la détermination est négation” (determinatio negatio est); et la question de l’unité ou de l’unicité de Dieu qui retient ici notre attention. Voici l’explication donnée par Spinoza à ce sujet :
    “En ce qui concerne la démonstration que je soutiens pour mon compte dans l’Appendice de mes démonstrations géométriques appliquées aux Principes de Descartes, à savoir que Dieu ne peut être qu’improprement dit un et unique, je réponds ceci, qu’une chose peut seulement être dite une ou unique au point de vue de l’existence, mais non à celui de l’essence: en effet nous ne concevons les choses dans une perspective numérique que sous la condition de les avoir ramenées sous un genre commun. Pour prendre un exemple, celui qui tient dans sa main une sesterce et un écu ne pensera pas au nombre deux s’il ne peut désigner cette sesterce et cet écu d’un seul et même nom, celui de pièces ou de monnaies : en effet alors il peut affirmer qu’il possède deux pièces de monnaie, puisqu’il désigne du terme de pièce de monnaie non seulement la sesterce mais également l’écu. A partir de là il est donc manifestement évident qu’aucune chose n’est nommée une ou unique si ce n’est sous la condition qu’ait été conçue une autre chose qui, selon la formule, convient (est en accord de convenance, convenit) avec elle. Mais puisque l’existence de Dieu est son essence même, et que nous ne pouvons former de son essence une idée universelle (quoniam... de ejus essentia universalem non possimus formare ideam), il est indiscutable que celui qui appelle Dieu un ou unique n’a pas de Dieu une idée vraie, c’est-à-dire qu’il s’exprime improprement à son sujet.”
    Cette argumentation extraordinairement serrée se développe simultanément sur deux plans : elle analyse la structure intellectuelle de la représentation d’une chose comme une ou unique ; et elle applique les leçons de cette analyse à l’énoncé qui fait spécialement de Dieu un être un ou unique.
    D’une part, Spinoza explique donc que d’un point de vue général, représenter une chose quelconque comme une ou unique, c’est la ranger sous une catégorie numérique, ce qui n’est possible que par comparaison, donc relativement, exactement comme dans le cas où, au lieu de penser une chose comme une on la pense comme deux, dans le cadre du rapport de convenance supposé entre deux choses de même genre ou de même espèce, qui implique qu’on les désigne d’un nom commun. Ce raisonnement se décompose lui-même de la manière suivante : premièrement, toute pensée de type numérique procède par abstraction, en se plaçant au point de vue formel des universaux ou des genres ; deuxièmement, cette procédure ne s’applique qu’à des choses considérées dans leur existence, et en rapport avec les modalités de leur existence ; troisièmement, elle ne concerne en rien les essences de choses en tant qu’il est possible de former de ces essences des idées vraies, c’est-à-dire en tant que ces essences sont des essences singulières, donc ne sont pas des abstractions de choses, ou de simples représentations identifiées par l’intermédiaire de noms, mais sont elles-mêmes des choses, qui ne pourraient être exactement désignées que par leur nom propre et non à l’aide de noms communs, parce qu’elles s’offrent à l’intellect en dehors de toute perspective de comparaison. D’où il se conclut que le mécanisme mental qui fait penser une chose comme une est exactement le même que celui qui fait penser deux choses comme deux, ce qui suppose qu’elles soient désignées d’un nom commun qui en fait les représentantes d’une même espèce de choses : représenter une chose comme une ou unique, c’est la comparer idéalement à une autre chose, ou à une infinité d’autres choses, dont l’existence, posée comme possible, est simultanément niée.
    On comprend alors que l’exemple des pièces de monnaies n’a pas été pris au hasard : compter ses sous, opération dont la logique est typiquement soumise aux critères fixés par l’imagination, c’est mesurer à l’aune du possible les sesterces réelles qu’on a dans sa poche, en les comparant idéalement à toutes les autres qu’on souhaiterait avoir, qu’on regrette de ne pas tenir en main mais qu’on ne désespère pas de posséder un jour. L’argent, ça se décompte, qu’on l’enterre au fond du jardin, comme Harpagon, ou que, comme Perrette, on le répande au fil de cette rêverie numérique. Moralité : bien mal acquis ne profite jamais ; disons plutôt : les nombres, dont la signification est imaginaire valent toujours pour ce qu’on n’a pas, ou pour ce qu’on a sans l’avoir, c’est-à-dire pour ce qui existe sans exister, en vertu d’une nécessité qui n’est pas celle de son essence.
    Ceci amène à considérer l’autre aspect du raisonnement de Spinoza, qui applique ces considérations sur le fait de compter des choses en général au cas spécifique de Dieu, ou de ce qui se range sous le nom de Dieu, nom qui n’est pas un nom commun mais un nom propre, puisqu’il est attaché, non à ce qui est reconnu comme étant commun à plusieurs existences, mais à une essence singulière: c’est pourquoi, sans hésitation aucune, il faut traduire Deus par “Dieu”, et non par “le Dieu” ou par “un Dieu”, le titre de la première partie de l’ETHIQUE, De Deo, signifiant “de Dieu” et non “du Dieu” ou “d’un Dieu”. Peut-on compter Dieu ? On ne le peut évidemment pas, parce que Dieu n’est pas une chose comme les autres. Dieu est la chose absolue dont l’essence est d’exister, qu’il n’est pas possible en conséquence de concevoir comme non-existante : il est en quelque sorte l’existence considérée en soi, dans son essence dont elle ne peut être détachée. Il n’est donc pas une existence, qui existerait sans exister, en vertu d’une nécessité extérieure à son essence. Il n’est pas non plus quelque chose qu’on a sans l’avoir, et qu’on pourrait acquérir ou perdre, ou enterrer au fond du jardin. Mais il est la substance conçue comme telle, “en soi” (in se), dans sa nécessité intrinsèque qui, pour reprendre les catégories hégéliennes, n’est ni de l’ordre du donné ni de celui du posé, c’est-à-dire de l’ordre d’une existence qui ne serait qu’existence ou de celui d’une essence qui ne serait qu’essence. Car ce que Spinoza a voulu comprendre, à travers son concept de Dieu, c’est cette coïncidence absolue des deux ordres de l’essence et de l’existence qui interdit en principe de penser leur rapport à partir de l’un ou l’autre de ses termes, en raisonnant de l’essence à l’existence ou de l’existence à l’essence, comme si, dans le réel ou dans la pensée, l’une précédait l’autre ou l’autre l’une : et c’est pourquoi, soit dit en passant, en Dieu, c’est-à-dire au point de vue de l’en soi de la substance, il n‘y a plus de place pour la considération de la durée, puisqu’essence et existence ne sont en aucune façon “avant” ou “après” l’une par rapport à l’autre.
    Comment, dans ces conditions, penser Dieu comme une essence singulière, c’est-à-dire comme une essence de chose ? Qu’est-ce qui autorise à parler de Dieu comme d’une chose ? Or Spinoza semble tenir énormément à cette appellation, à laquelle il se réfère sans cesse. On comprend aisément pourquoi : si Dieu n’était pas une chose, il perdrait son caractère absolu de réalité, et deviendrait une pure relation, c’est-à-dire une abstraction ; il serait représenté comme ce qui est commun à toutes les choses composant la réalité. Au mieux, il deviendrait une notion commune, un concept géométrique, dont on étudie les propriétés générales : c’est précisément ce qu’on fait quand on lui attribue l’unicité, qui est, comme l’éternité ou la liberté, l’un de ses propres et non le déterminant de sa substance. Or, au point de vue de la connaissance rationnelle, connaître une chose par ses propriétés, c’est renverser l’ordre de la nature, en y réintroduisant un élément de finalité et de contingence. Ce qui fait donc difficulté, c’est bien le fait de penser Dieu comme “une” chose, comme si, dans cette désignation, l’article indéfini avait valeur de détermination, réintroduisant ainsi la représentation de l’unité ou de l’unicité dans le concept de la substance. Dieu n’est qu’improprement nommé une chose parce qu’il n’est pas une chose comme les autres, et à côté ou au-dessus des autres choses, pouvant leur être comparée, voire donnant les éléments ou les conditions de leur comparaison : mais il est la réalité même en tant qu’elle se situe en dehors de toute perspective de comparaison. En dehors : non pas au-delà, au sens d’un incomparable transcendant, qui serait l’Absolu ou le tout autre ; mais plutôt en-deçà : en ce point où la chose est pensée absolument comme chose, et cesse du même coup d’apparaître comme une chose, mais devient Chose, sans article défini ou indéfini, c’est-à-dire sans pouvoir être ramenée au statut de sujet grammatical d’une proposition, que celle-ci soit générale ou particulière. En ce sens il faut dire, au point de vue il est vrai d’une connaissance rationnelle qui relève davantage des normes de la science intuitive que de celles de la démonstration géométrique, que Dieu se nomme Chose, pour autant que le nom de chose puisse avoir valeur d’un nom propre. On comprend du même coup que le nom de Dieu, qui ne correspond pas à la désignation d’un genre, soit un nom propre sans être pour autant un nom de personne, le nom de quelqu’un, ou même de quelque chose en particulier, puisqu’il est ce nom de Chose, et rien d’autre.
    De ce raisonnement, retenons ceci : l’unité, ou unicité, appliquée à Dieu, c’est-à-dire à Chose, n’a en aucune façon le statut d’un déterminant qui ferait comprendre ce qu’est Dieu, ce qu’est Chose. Tout au plus peut-elle être représentée comme une conséquence, comme un aspect dérivé de sa réalité absolue, c’est-à-dire qu’elle est seulement, comme Spinoza s’était évertué à le dire dés le début de ses COGITATA, une manière de penser, une appellation plus ou moins propre ou impropre, comme l’est d’ailleurs peut-être toute appellation, qui est d’abord un effet de l’imagination et de la mise en perspective que celle-ci effectue vis-à-vis de la réalité. Le “monisme” attribué à Spinoza ne serait ainsi qu’une manière de parler, un déguisement de sa pensée, qu’on ferait aussi bien de ranger dans le placard aux accessoires , pour l’y oublier.

    Pierre Macherey http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFZluyZZFFoUiWHZyw.shtml

  • Le bel hommage rendu à Dominique Venner par Bastien VALORGUES

    Le 21 mai dernier disparaissait volontairement dans la cathédrale Notre-Dame de Paris l’historien Dominique Venner. Quelques semaines plus tard, à l’initiative de l’éditeur militant Roland Hélie, Lionel Muresan sollicitait un certain nombre de personnes afin d’évoquer Dominique Venner et de saluer la mémoire de ce grand Européen de France.

    En dépit de la brièveté des délais imposés, quinze personnes ont accepté de donner soit des articles, soit des entretiens, soit parfois les deux… Le recueil s’achève par une note de lecture de Robert Spieler d’Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis.

    Quitte à bousculer sa modestie habituelle, signalons la grande part prise par Georges Feltin-Tracol dans ce volume. En plus de son texte, « Dominique Venner ou la fondation de l’avenir », déjà mis en ligne le 23 mai, le « guide suprême » d’Europe Maxima ouvre l’ouvrage par un excellent essai biographique et propose au lecteur « Une introduction bibliographique » qui n’est nullement une bibliographie générale exhaustive. Ce n’est qu’une simple esquisse avec des oublis. Francis Bergeron signale par exemple l’existence d’une publication des Éditions Saint-Just écrite par Dominique Venner sous un pseudonyme qui, par conséquent, ne figure pas dans cette liste.

    Certains rédacteurs sont chrétiens. S’ils ne cachent pas l’effroi que leur a inspiré la mort volontaire de Dominique Venner, au contraire de tant de détracteurs pathétiques et pitoyables, ils la respectent sans toutefois nier leurs désaccords. Pour Francis Bergeron, « c’est la contradiction majeure du geste de Venner et des valeurs qu’il entend souligner. Le réveil des peuples d’Europe ne peut passer que par une vision conquérante, optimiste, entrepreneuriale de notre communauté de destin. Ce que semble contredire un suicide ». L’abbé de Tanoüarn pense que « son acte n’est pas médiatique, il est symbolique. […] Je crois que ce suicide – avertissement, que Dominique a voulu comme une sorte d’analogie frappante avec le suicide de notre civilisation, était aussi, pour lui, la seule manière qu’il ait trouvée de passer par l’Église une dernière fois sans se renier ». En païen conséquent, Dominique Venner savait que le catholicisme médiéval n’était pas judéo-chrétien, mais plutôt pagano-chrétien, ce qui le singularise par rapport aux formes postérieures de catholicisme, tridentine, puis conciliaire. Ces états suivants ont éliminé leur propre tradition si bien que le catholicisme actuel, y compris dans sa version « traditionaliste », ne correspond pas au catholicisme médiéval d’esprit européen.

    Alors pourquoi ce suicide ? Guillaume Faye estime que « pour nous faire comprendre la mort possible de l’Europe millénaire, il s’est donné la mort, en victime exemplaire ». « Il n’est pas exagéré de dire que, si Dominique Venner s’est donné la mort, relève Alain de Benoist, c’est parce qu’il voyait sa propre culture se suicider sous ses yeux. Il ne supportait plus de voir l’Europe sortie de l’histoire, vidée de son énergie, oublieuse d’elle-même. » Quant à Renaud Camus, il s’agit d’une ultime protestation contre « le faussel, ce règne du faux, [qui] est percé, troué, déchiré, tous les jours un peu avantage par la crise, par la violence, par la guerre ethnique… ».

    En fin connaisseur de la civilisation nipponne, Bruno Gollnisch explique la signification du seppuku, de la mort volontaire des samouraï, dans le Japon ancien. Ce geste peut être, « de la part d’un vassal, la volonté de suivre un suzerain dans la mort. […] [ou bien être] un mode “ honorable ” de condamnation à mort. […] [Ou encore un] suicide “ de protestation ” ». Dominique Venner a ainsi souhaité par cet acte s’élever contre le déclin de l’Europe en se donnant la mort. « Dominique Venner s’est donné ce pouvoir en quittant un monde qu’il ne sentait pas sien, écrit Bruno Favrit, le pouvoir par son sacrifice d’édifier les consciences, d’inspirer une conduite en accord avec un formidable héritage, mais aussi de bonnes pensées, des actes justes aux femmes et aux hommes de bonne et grande volonté. » Ancien président de Jeune Nation et vieux compagnon de combat de Dominique Venner, François Sidos, considère que « son geste correspond à son caractère. Il avait l’habitude des ruptures brutales ». On pourrait continuer les citations des divers contributeurs qui sont en revanche unanimes sur la nécessité de poursuivre et d’approfondir le combat d’abord mystique avant d’être politique de Dominique Venner.

    D’autres intervenants qui l’ont connu à son époque militante, préfèrent témoigner du personnage. Nicolas Tandler rappelle que « dans les actions de rue, son courage entraînait. Il ne reculait jamais, malgré les coups et les risques ». Gilbert Sincyr garde, lui, de cette période intense le souvenir d’avoir rencontré « des hommes de haut niveau qui, tels Dominique Venner, vivaient au quotidien les règles éthiques qu’ils rappelaient dans leurs écrits ». Le militant nationaliste anonyme rapporte qu’à l’occasion d’une pause d’une session de formation, il fume quand Dominique Venner lui lance : « – Ami, fumer est oriental ! ». Il est vrai qu’il ne fumait pas ou, plutôt, ne fumait plus. Or, en couverture du Livre des armes, pistolets et revolvers, on peut voir une photographie de l’auteur en train de nettoyer une arme de poing, la cigarette à la bouche !

    Que faire de cette fin ? Avec un regard extérieur nationaliste-révolutionnaire italien influencé par Julius Evola, Gabriele Adinolfi en prend acte, juge que nous vivons au milieu des ruines et se trouve au sol brisée en mille morceaux la tradition chère à Dominique Venner. C’est la raison pour laquelle « la réponse, déclare-t-il, tient plus dans le défi de briser des cycles, c’est-à-dire que la lutte contre cette subversion est plus dans la révolution que dans la tradition ». Il importe donc de « faire son devoir, conclut François-Philippe Galvane, militer contre l’invasion et le grand remplacement, pour l’indépendance face aux différentes oligarchies mondialistes et pour le maintien de notre identité ethno-culturelle, c’est s’inscrire dans la continuité de l’acte fondateur de Dominique Venner ».

    L’ancien chef d’Europe-Action a montré une voie qui n’est pas celle du nihilisme suicidaire, mais plus sûrement d’une insurrection totale des esprits contre l’abrutissement symbolique, l’ahurissement mental, la colonisation spirituelle et la submersion migratoire démographique afin de préparer « ce qui est notre espérance : une révolution sociale-identitaire, détruisant le système capitaliste-mondialiste (Pierre Vial) ».

    Bastien Valorgues http://www.europemaxima.com/

    • Lionel Muresan présente, Dominique Venner. Présent ! Un parcours militant. Un ultime message d’espoir pour l’Europe, Les Bouquins de Synthèse nationale, 2013, 161 p., 18 € (à commander au 116, rue de Charenton 75012 Paris).

  • Premiers baptêmes depuis un siècle dans l'église d'Akdamar en Turquie

    AkdCar il y a aussi des bonnes nouvelles :

    "Les Arméniens de Turquie a célébré dimanche pour la première fois depuis un siècle des baptêmes dans l'église de l'île d'Akdamar, dans une région de l'est du pays à la population arménienne autrefois importante, ont rapporté les médias.

    Six personnes, dont un bébé, ont été baptisées dans les eaux du lac de Van après une cérémonie religieuse dans l'église Sainte-Croix de l'île d'Akdamar (Akhtamar en arménien), un édifice du Xe siècle restauré entre 2005 et 2007 par les autorités turques, a affirmé la chaîne d'information NTV.

    Parmi les adultes baptisés figuraient des personnes issues de familles islamisées voulant renouer avec la religion de leurs ancêtres arméniens, a indiqué l'agence de presse Anatolie.

    Il s'agissait des premiers baptêmes célébrés dans cette église depuis 100 ans, a affirmé Mgr Aram Atessian, qui assume l'intérim du patriarcat arménien et qui a présidé la cérémonie religieuse, selon Anatolie.

    L'église Sainte-Croix a été ouverte en tant que musée après sa restauration. Une première messe y a été célébrée en 2010 après un intervalle de 95 ans. Cette église est un des très rares témoignages dans la région de ce que fut l'importante communauté arménienne de la Turquie ottomane, victime de massacres et de déportations entre 1915 et 1917, que l'Arménie considère comme un "génocide", terme récusé par Ankara.

    La communauté arménienne de Turquie (environ 70.000 personnes) est aujourd'hui concentrée à Istanbul, où elle dispose de plusieurs églises.

    La Turquie et l'Arménie ont signé en 2009 des textes visant à établir des liens diplomatiques et rouvrir leur frontière commune, fermée depuis plus de dix ans. Mais le processus s'est enlisé dans des accusations mutuelles".

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • CMRDS 2013 : le reportage

    En doublant le nombre de campeurs de son UDT, qui a réuni 150 participants , l’Action française n’a fait, du 25 au 31 août au Château d’Ailly près de Roanne, que recueillir les fruits légitimes d’une année militante très riche ...

    ... — merci Taubira ! —, tout en amplifiant par un saut quantitatif plus qu’appréciable la dynamique observée depuis trois ans et que la vingtaine d’adhésions enregistrées parmi les nouveaux campeurs sur six jours seulement — les filles un moment surpassant les garçons — n’a fait que vérifier.

    Première chose : la montée du drapeau devant lequel, chaque matin, aura lieu le rassemblement, à 8h10, et sera chantée La Royale.

    Le château d’Ailly Quelques tentes... ...et une bonne ambiance permanente.

    C’est que l’Action française, conformément à sa tradition, sait allier l’action et la raison : délaissant un activisme et un intellectualisme également stériles, préférant mettre l’intelligence au service du bien commun, elle a toujours refusé la démagogie, faisant confiance aux compétences diverses de ses militants, mais exigeant toujours d’eux le maximum. Le stand des livres, dans la salle de conférence

    C’est pourquoi elle sait marier — un mariage, celui-là, qui n’est pas contre-nature — l’enseignement d’une doctrine forte et toujours réactualisée à la préparation physique aux luttes à venir, l’un ne pouvant aller sans l’autre. D’où un programme de travail — oui de travail, mais toujours dans la bonne humeur — sur plusieurs plans.

    Tout d’abord, le matin, une double série de conférences : une première, axée sur les fondamentaux de la doctrine, sans cesser d’être en lien avec les révolutions nihilistes en cours, la seconde développant le thème retenu pour l’UDT 2013 : « Reprendre le pouvoir ». Un auditoire attentif

    C’est ainsi que, le lundi matin, après un questionnaire de niveau et une première revue de presse — créée par Maurras pour l’AF quotidienne avant la première guerre mondiale —, l’africaniste Bernard Lugan a ouvert la première série de conférences par la géopolitique — une autre tradition de l’AF —, en l’occurrence celle des Printemps arabes. Bernard Lugan évoquant les printemps arabes

    Le lendemain, François Marcilhac, directeur éditorial de L’AF 2000, traita à fond la question du mythe révolutionnaire de l’égalité, au nom duquel l’actuel gouvernement prétend imposer une « réforme » totalitaire de civilisation. Le mercredi, ce fut au tour de Stéphane Blanchonnet d’évoquer différentes figures de la légitimité — notamment Jeanne d’Arc et Antigone —, s’appuyant sur des textes fondamentaux de Maurras dont l’actualité est saisissante. N’oublions pas que pour Maurras, c’est Créon l’anarchiste car sa démesure dissout l’Etat quand Antigone, qui respecte les lois non écrites, est la « petite légitimiste ». Une légitimité avec laquelle Hollande a rompu... Le jeudi, le jeune philosophe Paul C. a abordé la question de la rupture anthropologique, démarche nihiliste qu’il n’a pas hésité à faire remonter à la révolution française et qui aujourd’hui atteint son paroxysme avec le mariage homo, la théorie du gender, la PMA et la GPA, sans oublier la réduction des embryons humains au statut de matériau pour la recherche scientifique ou, bientôt, la légalisation de l’euthanasie... Vendredi, enfin, Léo G. et Pierre B., jeunes intellectuels d’Égalité & Réconciliation Rhône-Alpes venus au camp animés par une saine curiosité politique, abordèrent la question des racines catholiques du courant social d’Action française, ainsi que l’histoire du Cercle Proudhon. Léo G. et Pierre B.

    La seconde série de conférences tourna plus spécifiquement autour du thème du camp, Reprendre le Pouvoir : Philippe Mesnard, rédacteur de l’ancienne revue Les Epées, évoqua, après une année de contestation qui se cherche un second souffle, l’Extension du domaine de la lutte,... Philippe Mesnard

    ... tandis que Sylvain Roussillon, un des responsables historiques de la Génération Maurras des années 90 fit l’histoire des tentatives insurrectionnelles notamment royalistes afin d’en tirer des enseignements. Sylvain Roussillon

    Le sociologue Michel Michel évoqua les conditions du coup d’Etat,... L’auditoire durant la conférence de Michel Michel

    ... avant que, clôturant la semaine, François Marcilhac ne reprenne la parole pour mettre en valeur la confluence des deux séries de conférence, en traitant de l’ouvrage majeur de Pierre Boutang Reprendre le pouvoir : reprendre concrètement un pouvoir confisqué par l’oligarchie ploutocratique suppose en effet préalablement de reprendre la question même du pouvoir en montrant à nos concitoyens combien la démocratie est une imposture car elle est le règne du mensonge.

    François Marcilhac commentant Reprendre le Pouvoir

    OUI, IL FAUT DÉLÉGITIMER LA RÉPUBLIQUE AUX YEUX DE NOS CONCITOYENS, en leur faisant perdre ce réflexe, acquis à l’école et entretenu par les media, de la considérer comme synonyme du bien commun et de la liberté, alors qu’elle n’est dans les faits que la dictature des ploutocrates et le règne de l’étranger. La république ne va-t-elle pas jusqu’à nous rendre étrangers à nous-mêmes via notamment une immigration galopante ou des lois sociétales qui sapent les fondements de notre civilisation gréco-latine et chrétienne en sapant l’identité du peuple, de la société, jusqu’à celle des personnes (théorie du gender) ?

    Faire perdre toute légitimité à la république, c’est engager cette contre-révolution des esprits et des cœurs comme étape préalable à la contre-révolution politique. Créer un état d’esprit royaliste, comme disait Maurras...

    Car il s’agit bien de reprendre le pouvoir. Les ateliers politiques de l’après-midi sur les fondamentaux de la doctrine maurrassienne (politique naturelle, égalité et progrès, démocratie et libéralisme, nationalisme, politique et morale, royalisme, les institutions et la décentralisation) précédaient des ateliers pratiques (tracter, afficher, animer une section, faire face à la répression, communiquer, animer les réseaux sociaux, etc.) plus concrets, avant que la pratique sportive (mens sana in corpore sano) ne termine, ou presque, une journée de formation bien remplie, car chaque groupe devait préparer à tour de rôle une revue de la presse sur les événements politiques de la journée et la lecture qu’en faisaient les media. L’échauffement Une partie de balle au pied Initiation à la boxe anglaise La revue de la presse concilie information, analyse critique et prise de parole.

    Notons aussi la venue de deux invités de marque, le vendredi, pour clore la trop courte semaine du CMRDS au château d’Ailly. Alain Soral, président d’Egalité et Réconciliation, prononça une allocution sur le thème « La Révolte des nations », suivie d’un débat approfondi : où comment la nation demeure le seul rempart contre la dictature de l’oligarchie mondiale. Stéphane Blanchonnet, président du Comité directeur de l’AF, annonçant l’intervention d’Alain Soral, président d’Egalité et Réconciliation

    Quant à Maître Pichon, fondateur du Collectif des Avocats Contre la Répression Policière (CARP) , il évoqua la répression d’un gouvernement qui, ne se contentant plus d’être illégitime, flirte avec l’illégalité dans les méthodes employées pour réprimer un mouvement national historique de refus d’un totalitarisme d’un nouveau ...genre. Et dire que certains benêts de droite regardent encore Manuel Gas avec les yeux de Chimène ! Maître Pichon s’opposa également avec virulence à la guerre américaine dans laquelle Hollande veut nous embarquer... avant de joindre sa voix aux chants d’AF qui ponctuent les repas et lancent la veillée. Un indispensable outil de travail...

    Le dernier soir, Antoine Desonay, secrétaire général des étudiants, dresse le bilan du camp... ...et suscite l’enthousiasme général.

    Non contents de participer activement à la semaine de formation la plus exigeante du paysage politique étudiant, nos militants ont terminé samedi 31 en encadrant la manifestation du Printemps des Libertés (voir la vidéo ici) au cours de laquelle Olivier Perceval, Secrétaire Général, a pris la parole au nom de l’Action française.

    Olivier Perceval s’exprimant au Printemps des libertés

    Si le déroulement du camp préfigure celui de l’année militante, alors celle-ci fera date. La qualité des interventions et des participants nous permet d’afficher un optimisme et une confiance dont nous aurons besoin tout au long de l’année : « Au nom des résultats acquis, en vue des résultats possibles, l’Action française demande à tous les royalistes, anciens ou nouveaux, un concours ardent, dévoué, incessant. » (Charles Maurras, Si le coup de force est possible)

    ET POUR QUE VIVE LA FRANCE, VIVE LE ROI !

    L’ÉQUIPE DU CMRDS

    Merci à FiX pour le reportage photos.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?CMRDS-2013-le-reportage

  • Le billet du Prince : Dialogue avec Platon (Philosophe de la Grèce antique)

    Le "Maître". venait de débarquer de la trirème en provenance d’Alexandrie. Sur le quai du Pirée ses disciples, ses amis étaient venus l’accueillir. Tous avaient hâte de dialoguer avec lui. Parvenus à l’Académie, fondée par lui, ils s’installèrent sur l’herbe, à l’ombre des oliviers, pour écouter Platon.

    Son ami Archytas de Tarente lui dit :

    — Cher Maître et ami raconte nous ton voyage en Egypte.

    Assis sur un banc, Platon commença son récit.

    — Dès mon débarquement à Thèbes, je fus accueilli par une délégation qui me conduisit auprès des "Prophètes", les Grands Prêtres d’Amon-Ré. Ces initiés me parlèrent d’une île-continent qui avait disparu il y a plus de 20.000 ans, l’Atlantide.

    — Pourquoi avait-elle disparue, demande Eudoxos, un de ses disciples ?

    — Il faut, tout d’abord, que je vous explique ce que fut l’Atlantide, répondit Platon. Grâce à leur haute connaissance en mathématique, géométrie, astrologie, en sciences et technoligie, les Atlantes avaient édifié une civilisation très développée, riche et puissante. Avant la disparition de ce continent, les Atlantes étaient gouvernés par la classe des oligarques qui se partageaient le pouvoir, tous les cinq ou sept ans, tous les pouvoirs.

    — Et les individus, le peuple, quelle place a-t-il dans ce schéma, demande Aristote, son disciple préféré ?

    — Le peuple, répondit Platon, avait été réduit, non pas en esclavage mais pire que cela. En effet la Gouvernance avait mis au point un petit cristal que l’on introduisait dans la fontanelle de la plupart des nouveaux nés. Ainsi ces ilotes, dont la responsabilité et la volonté avaient été annihilées, obéissaient aux stimulations d’une machine que la caste des oligarques programmait à volonté. et pour mieux maintenir cette masse sous obédience on les abrutissait de musique ou plutôt de sonorités bruyantes et incohérentes qui décuplaient leurs instincts de bestialité, et uniquement, surtout lorsqu’ils étaient autorisés à danser lors des grands rassemblements, sorte de bacchanales hideuses. Leur temps était employé à des travaux obligatoires qu’ils n’avaient pas le pouvoir de contester, et pour cause.

    Pour détendre l’atmosphère et la tension ambiante, Eudoxos dit : " Maître, parle nous de la danse" !

    Platon réplique :

    — Par delà la parole il est un autre langage, car la où la parole devient pauvre naît alors la danse sacrée. Regarde la parade nuptiale des grandes grues, des colibris ou encore des tétras- lyre. Cet hymne à la vie est à la fois intégration de la spirale, car tu virevoltes comme une toupie, mais aussi contrôle et équilibre dans l’espace où tu te meus. Le bon de la danse te permet de retrouver l’unité première, où corps et âme, créature et Créateur se retrouvent, se soudent hors du temps en une extase unique. La danse clame l’identification à l’impérissable. Cela n’a rien à voir avec les sauts d’une masse conditionnée pour n’être que des kangourous ivres et en rut.

    Un disciple dit : "Dans cette civilisation dont tu nous parle, Maître, quels sont les rôles de l’éducation et celui de l’enseignement" ?

    Platon dit : — Habituellement dans notre civilisation, l’éducation est réservée aux familles, choisies choisies pour devenir l’élite de demain. Les anciens forment les jeunes au respect des valeurs, de l’éthique, le beau, le bien et le vrai, base de notre civilisation. L’enseignement est le but que se fixe notre Académie où sont dispensées toutes les matières nécessaires pour forger des "personnalités" afin d’acquérir les connaissances permettant d’affronter la vie, et non pour accumuler des données sans rapport les unes avec les autres. Dans ce sens l’enseignement fait appel à la nature humaine dans sa diversité, comme je vous l’ai enseigné, car l’être humain est composé d’un corps, d’un esprit et d’une âme qu’il est nécessaire de forger pour affronter une vie à continuer de construire.

    Dans le cas de l’Atlantide, d’après ce que m’ont rapporté les Grands Prêtres d’Amon-Ré, éducation et enseignement des masses consiste à éradiquer l’âme des castes, condamnées à leur insu à demeurer inférieures. Plus d’aspiration à une quelconque liberté, plus de prise de conscience grâce aux technologies et manipulations génétiques. La déséducation nationale ne forme plus qu’un conglomérat coupe des réalités de la vie, où le mot âme est devenu tabou, car c’est un espace infini qui donne peur aux oligarques.

    — Mais alors Maître, ces Atlantes ne gouvernent-ils pas dans la perspective du bien commun, d’une éthique, d’un respect de chacun et des uns envers les autres ?

    — Chacun de vous, rétorque Platon, sait que la véritable politique est au service du plus grand bien commun, pour l’unité de la cité. En abolissant les lois qui fondent la famille, les Atlantes ont détruit le corps social. Alors nous pouvons conclure à la fin du politique. Pour y parer les Atlantes ont d’abord créé une démocratie qui excluait les "sans cervelle" devenus esclaves. Cette démocratie fondée sur l’égalité (une inégalité jamais nommée) considérée comme un symbole. Au fil des siècles cette notion devint la perversion d’un idéal conformiste institutionnalisé. Puis elle se transforma en une tyrannie éthique et intellectuelle, un totalitarisme implacable exercé par les oligarques qui tolèrent les actions et les jugements d’autrui à une seule condition : qu’ils répondent à leur propre critère. C’est ainsi que la démocratie des Atlantes s’est transformée en tyrannie fondée sur la soif du pouvoir et de l’or. En résumé le bien commun est supposé être fondé sur la justice et sur des lois qui devraient se référer aux valeurs et à l’éthique de la civilisation.

    — Maître, dit Archytas de Tarente, lorsque la justice transgresse à volonté et impunément les racines fondamentales de l’humain, ne serait-ce pas la cause principale de la disparition du continent Atlantide englouti par les flots ?

    — La justice, dit Platon doit être simple. Elle ne doit pas être un spectacle. Gardons nous de cette justice théâtrale qui se transforme en parodie, en comédie et en mensonge systématique. celle qui ne recherche pas les torts et ne console pas les victimes. Il n’est bon ni souhaitable de soustraire les biens des gens de bien, pour gaver les gens de peu. Les lois ne sont ni ne doivent être élastiques. une loi ne doit pas être interprétée sinon c’est la non loi, celle du puissant qui se croît tout pouvoir parce qu’il le détient par des votes soi disant démocratiques d’une multitude de bonne foi. Pour toutes ces raisons, en effet, manipulation génétiques, euthanasie, distorsion de l’éducation et de l’enseignement, éradication de l’âme, enterrement du bien commun, justice partisane, ajoutez à cela la colère de la nature, l’Atlantide fut effacée de la carte engloutie par les flots... C’était une civilisation qui se croyait parfaite.

    De nos jours certains réussirent à se débarrasser de "l’ancien cristal" enfoncé dans la fontanelle. Ils se réunissent pacifiquement, sans violence, la nuit avec leur veilleuse pour lire des textes de nos grands écrivains, prier ou chanter. Cela dérange la gouvernance qui les pourchasse, les bastonne, les emprisonne et les fiche. Ils sont porteurs de l’Amour, l’amour de leur terre, l’amour du beau, du bon et du vrai, ils disent l’amour du travail bien fait et l’écoute de l’autre. Ils ont repris leur dignité en main. Ce sont les Hommes de demain avec leur courage et leur vérité.

    Henri Comte de Paris Duc de France - IMRF

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Le-billet-du-Prince-Dialogue-avec

  • La stratégie du chaos

    De Jean-Yves Le Gallou :

    "Chaos en Afghanistan, chaos en Palestine, chaos en Égypte, chaos au Liban, chaos en Irak, chaos en Syrie. Ce n’est évidemment ni le fruit du hasard, ni de quelconques maladresses mais d’une volonté machiavélique : « Diviser pour régner. » C’est une catastrophe humanitaire avec des centaines de milliers de morts et des millions de personnes déplacées. C’est aussi une catastrophe politique.

    La politique traditionnelle de la France, monarchique comme républicaine, aux échelles du Levant était la protection des minorités chrétiennes. Nous nous acharnons à détruire les régimes qui les protégeaient en Irak, en Syrie, en attendant les répercussions au Liban.

    Nous avons le plus grand mal à contenir l’immigration et le flux de réfugiés à nos frontières et nous conduisons des politiques qui multiplient leur nombre en provoquant le déplacement des populations.

    Nous avions des intérêts pétroliers et économiques en Iran (qui était le premier acheteur de voitures Peugeot), nous les avons sacrifiés car, dans la guerre ethnico-religieuse entre les chiites et les sunnites, nous avons choisi, sans raison valable, les sunnites. Et la guerre contre la Syrie apparaît de plus en plus comme un simple préalable à une agression contre l’Iran. Dans la logique de Kerry et Netanyahou, la Syrie n’est qu’un simple domino à faire tomber avant de s’attaquer au gros morceau perse.

    Nous nous alignons ainsi sur la position d’Israël mais aussi de l’Arabie saoudite et du Qatar, ces monarchies obscurantistes qui financent avec l’argent du pétrole des mosquées et des prédicateurs fondamentalistes en France.

    Nous prétendons combattre le terrorisme islamiste mais nous soutenons les Frères musulmans et armons des séides d’Al-Qaïda. [...]"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Du cœur rebelle à l’âme insoumise. Le magistral présent de Dominique Venner

    Dans l’après-midi du 21 mai 2013, Dominique Venner se donnait la mort près de l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Des commentateurs peu avisés ont réduit ce geste ultime à une protestation contre la légalisation du « mariage » homosexuel. Ils n’ont rien compris à cet acte, car en homme méthodique, précis et rigoureux, Dominique Venner avait depuis longtemps pensé et arrangé son départ. Il a aussi tenu à préparer les esprits réceptifs à la sortie de son ouvrage capital, Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis.

     

    Dédié à son épouse Clotilde et terminé au solstice d’hiver 2012, ce livre paraît dès juin. Il comprend un prologue, six chapitres, un épilogue, une biographie succincte et une série de conseils pratiques destinés aux plus jeunes des lecteurs. Plus qu’un témoignage, cet essai se veut didactique. « Ce Bréviaire a été écrit par un Européen pour des Européens (p. 289). »

     

    La couverture reproduit la partie centrale de l’admirable gravure d’Albrecht Dürer Le Chevalier, la Mort et le Diable, un chef-d’œuvre devant lequel le fondateur de La Nouvelle Revue d’Histoire médita longuement. Entouré du Diable et de la Mort, le Chevalier n’en poursuit pas moins son chemin, ce qui fait de lui l’« incarnation d’une figure éternelle en cette partie du monde appelée Europe (p. 16) ». Nullement professoral ou sentencieux, le propos tranche par un solide optimisme parce que Dominique Venner croît au réveil des peuples albo-européens. Certes, il constate que l’Europe pour l’heure demeure « un ensemble veule, amnésique, informe et culpabilisé (p. 290) ». Tout semble perdu et pourtant il réside toujours dans le tréfonds de l’âme européenne le potentiel d’une renaissance historiale. Mais, pour cela, il importe à la fois d’examiner sans aucune complaisance le passé, plus ou moins immédiat, et de renouer avec un héritage délaissé.

     

    Faire son devoir : un savoir-être

     

    Fort logiquement, et ses fidèles lecteurs le savent, Dominique Venner insiste sur l’intemporalité des écrits d’Homère qui forment « nos poèmes fondateurs (p. 167) » et dont les thèmes traversent toute notre littérature. « Aux Européens, le poète fondateur rappelle qu’ils ne sont pas nés d’hier. Il leur lègue le socle de leur identité, la première expression parfaite d’un patrimoine éthique et esthétique qu’il tenait lui-même en héritage et qu’il a sublimé de façon que l’on dirait divine. Les principes qu’il a fait vivre par ses personnages n’ont pas cessé de renaître jusqu’à nous, montrant que le fil secret de notre tradition ne pouvait être rompu. Ainsi l’avenir prend-il racine dans la mémoire du passé (p. 232). » Il précise qu’« aux Européens de l’avenir, Homère a légué des modèles et des principes de vie sous forme d’une triade : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon. Les Européens modernes sont restés sensibles à la vision poétique de la Nature portée par Homère (p. 220) ». Moins éloigné que l’œuvre homérique, le stoïcisme représente « une école de vie très actuelle (p. 240) ». « Par le souci de la tenue, le stoïcisme s’apparente à une sorte d’idéal aristocratique (p. 270) » qui resurgit au fil des âges. Ainsi salue-t-il le néo-stoïcisme présent dans La Princesse de Clèves dédaigné par un médiocre président hexagonal originaire de Neuilly. Il découvre même du stoïcisme – un sens élevé du devoir – dans le film de Stephen Frears The Queen (2006).

     

    Sous d’autres formes, l’esprit stoïcien peut exister ailleurs, en particulier au Japon, pas celui des manga, des sushi et du karaoke, mais du Bushido, de l’Hagakure et de l’éthique samouraï. « Le comparatisme modifie l’angle de vue, il élargit la vision et donne à penser autrement (p. 97). » Comprendre l’altérité du Japon traditionnel lui permet de mieux saisir l’unité sapientielle européenne et ses spécificités. Dominique Venner pense en effet en Européen de langue française. Il n’oppose pas la France à l’Europe, il les intègre plutôt dans le même continuum. Afin de bien dépasser cette opposition faussée et fallacieuse, il préfère employer le néologisme boréen « pour éviter les équivoques sur le mot “ européen ”, mis parfois parfois à des sauces douteuses. “ Boréens ” désigne les Européens de souche ancienne. Ce terme a un sens plus ample que “ Indo-Européens ”, employé surtout en linguistique (p. 187) ».

     

    L’usage de ce néologisme n’est pas neutre. En habile combattant des idées qu’il fut toujours, Dominique Venner sait que « choisir le nom par lequel on désigne un adversaire, le nommer, c’est déjà s’imposer à lui, le faire entrer sans qu’il le sache dans son propre jeu, préparer son anéantissement ou, à l’inverse, se libérer de son emprise (p. 28) ». Employer le bon vocabulaire est déjà en soi un atout majeur dans la guerre culturelle dans laquelle les Boréens jouent leur avenir. « La fin de la guerre d’Algérie a fait sortir de la France de l’histoire. […] Dès la conclusion de cette petite guerre, ressentie par les Français comme la fin pour eux de toutes les guerres, le pays fut livré aux seules perspectives de l’économie marchande, du régime de l’argent, des loisirs de masse et de la consommation comme seul destin (p. 43). » Il s’en prend ouvertement à la « métaphysique de l’illimité » et développe des analyses proches de la décroissance. « Les sociétés modernes et techniquement développées ne sont pas seulement dépendantes des puissances financières. Elles sont prisonnières de leur croissance économique, condition de leur existence et aussi de leur survie dans la compétition des puissances. La croissance est une nécessité vitale pour ces sociétés, dont elle est le moteur. Sans croissance, perdant leur principal justification, ces sociétés s’effondreraient. Or la croissance est elle-même dépendante de la consommation de biens inutiles, autrement dit du gaspillage des ressources de chaque pays et de la planète en général (p. 61). » Loin d’un idéal viril, sobre et frugal d’existence authentique, la course échevelée à la production et à la consommation dans un cadre pacifié détraque les comportements traditionnels. « L’effacement de la guerre à l’horizon de notre histoire a entraîné la disparition de la masculinité dans les sociétés ouest-européennes (p. 44) » si bien qu’il considère le féminisme comme une régression notable de la féminité boréenne au profit de l’idéologie marchande. Quant à la fumeuse théorie du genre, il en pense le plus grand mal. Ajoutons pour notre part qu’il s’agit d’une incroyable escroquerie intellectuelle et d’un nouveau lyssenkisme venu, cette fois-ci, de l’Ouest.

     

    Décroissance et tradition

     

    La « métaphysique de l’illimité », la religion du progrès et l’impératif économiste ruinent les peuples et leur âme, et dévastent leur habitat naturel. Chasseur confirmé et promeneur dans les sous-bois et dans les forêts, Dominique Venner déplore la dénaturation du monde et tient le seul véritable discours écologiste qui vaille. Or les excès de la modernité risquent à moyen terme de provoquer une catastrophe gigantesque, voire une convergence des catastrophes. Le traumatisme des populations, suite à ces bouleversements, sera si fort que se produira alors chez les Boréens une révolution des esprits, des représentations mentales et des attitudes. Il en devine déjà les prémices tant au sujet de l’inique loi Taubira de 2013 que des conséquences effrayantes d’une immigration massive de peuplement extra-européenne sur notre sol.

     

    Dominique Venner pressent à moyenne échéance de grands événements qui pourront être salvateurs aux autochtones boréens à la condition toutefois qu’ils renouent enfin avec leur tradition. « La tradition telle que je l’entends n’est pas le passé, mais au contraire ce qui ne passe pas et qui revient toujours sous des formes différentes. Elle désigne l’essence d’une civilisation sur la très longue durée, ce qui résiste au temps et survit aux influences perturbatrices de religions, de modes ou d’idéologies importées (p. 122). » Il n’adhère pas à la vision du monde « traditionaliste-intégrale » de René Guénon ou « traditionaliste-radicale » de Julius Evola. Pour Venner, les Européens n’ont pas à se référer à des coutumes exotiques ou à une Tradition primordiale métaphysique occultée. Pour lui, « la tradition n’est pas une addition composite. La tradition est la source des énergies fondatrices. Elle est l’origine. Et l’origine précède le commencement (p. 25) ». Cette source régénératrice protégera les Boréens des inévitables bouleversements et leur assurera une base éthique pour la reconstruction d’une vraie communauté organique. Apparaît ici en filigrane les ombres de Shiva et de Dionysos. Il est inutile de conserver « l’actuel système cosmopolite [qui] est un produit du déclin européen, de l’hégémonie américaine et du capitalisme de marché. Il ne s’identifie en rien à notre civilisation pérenne (p. 122) ».

     

    Sur les pas de l’Italien Jean-Baptiste Vico, de l’Espagnol Juan Donoso Cortès, de l’Allemand Oswald Spengler et du Britannique Arnold Toynbee, Dominique Venner se fait philosophe de l’histoire. Revenant sur une distinction célèbre et hautement polémique, il énonce que « la culture est première dans l’ordre chronologique de la fondation. Elle se rapporte à la permanence des mentalités profondes. Elle est créatrice de sens. La civilisation est une culture qui a reçu une forme historique, créatrice d’un ensemble de qualités propres dans l’ordre matériel, intellectuel, artistique et moral. Le tradition est l’âme d’une culture et d’une civilisation (p. 127) ».

     

    Réfléchissant devant la superbe gravure de Dürer, Dominique Venner rappelle que « l’image du stoïque chevalier m’a souvent accompagné dans mes révoltes. Il est vrai que je suis un cœur rebelle et que je n’ai pas cessé de m’insurger contre la laideur envahissante, contre la bassesse promue en vertu et contre les mensonges élevés au rang de vérités. Je n’ai pas cessé de m’insurger contre ceux qui, sous nos yeux, ont voulu la mort de l’Europe, civilisation, peuple et puissance, sans laquelle je ne serais rien. Ma vie s’est en partie confondue avec une époque de régression pour les Français et les Européens, précipitée par les catastrophes du Siècle de 1914, les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la guerre d’Algérie, en attendant la globalisation américaine. En dépit des illusions fanfaronnes entretenues en France et ailleurs, il était déjà clair pour le très jeune homme que j’étais que les deux puissances hégémoniques réunies à Yalta en 1945, Amérique et Russie stalinienne, avaient arraché aux Européens la conduite de leur destin, ce qui se répercutait dans leur vie quotidienne et leurs représentations. Cela s’est amplifié au-delà de 1990, après la fin de l’U.R.S.S., quand les États-Unis, devenus hyperpuissants, ont imposé leur mondialisation financière aux autres nations et aux peuples transformés en consommateurs de produits inutiles et jetables (pp. 16 – 17) ». Il se refuse cependant à l’inéluctabilité du déclin. Cet esprit libre et altier salue le Prix Nobel de médecine 1913, le Dr. Alexis Carrel, auteur d’un ouvrage remarquable en 1934, L’homme cet inconnu, qui a été diabolisé par quelques larves humaines. Alexis Carrel personnifie au contraire « une sagesse supérieure (p. 284) ». Inspiré par ce précédent marquant, Dominique Venner s’arrache du pessimisme ambiant et affirme que « les dérives décadentes actuelles n’auront qu’un temps, comme toutes les utopies, y compris celle du communisme, pourtant la plus puissante et la plus meurtrière du XXe siècle. À l’inverse, les enseignements de Carrel conserveront une valeur constante (p. 287) ».

     

    Pourtant, la tâche, le défi est immense. L’historien Venner se doute bien que « la puissance […] n’est pas tout. Elle est nécessaire pour exister dans le monde, être libre de son destin, échapper à la soumission des impérialismes politiques, économiques, mafieux ou idéologiques. Mais elle n’échappe pas aux maladies de l’âme qui ont le pouvoir de détruire les nations et les empires (p. 22) ». Il sait en outre que « les Européens, contrairement à d’autres peuples, sont dépourvus de mémoire identitaire et de la conscience de ce qu’ils sont. Un vieux fond très enraciné de culture universaliste, religieuse ou laïque, les prédisposait à subir l’invasion comme une chose normale que les oligarchies dirigeantes ont elles-mêmes proclamée désirable et bienfaisante (p. 21) ». Que s’est-il donc passé dans leur psyché ? Dominique Venner apporte sa explication. « En réfléchissant à ce grand retournement qui s’accompagne d’une immigration de peuplement et d’une conquête islamique de l’Europe, j’en suis arrivé à la conclusion que, si les Européens avaient pu accepter si longtemps l’impensable c’est parce qu’ils avaient été détruits de l’intérieur par une très ancienne culture de la faute et de la compassion. C’est aussi pour avoir été culpabilisé au nom de péchés qu’on ne cesse de leur enfoncer dans la tête (p. 17). »

     

    Les mythes comme recours

     

    En homme réaliste et lucide, il ne fait pas mystère de son ethno-différencialisme, car « dans leur diversité, les hommes n’existent que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures, civilisations, et non par ce qu’ils ont superficiellement en commun. Seule leur animalité est universelle (p. 292) ». Malheureusement, dans son histoire, l’Europe a souvent voulu effacer ces différences notables. « La croyance en notre vocation universelle est erronée et dangereuse. Elle est erronée parce qu’elle nie les autres cultures et les autres civilisations qu’elle voudrait anéantir au profit d’une prétendue culture mondiale de la consommation et des “ droits de l’homme ” qui ne sont que les droits de la marchandise (pp. 293 – 294). » À la suite de Georges Sorel, Dominique Venner perçoit la violence fondatrice, destructrice et restauratrice, inhérente, aux mythes qui « sont en fait les paroles de l’origine (arché), des images puissantes et des énergies, non des concepts. Ce sont des images polysémiques, incitant à une interprétation multiple du monde souvent plus riche et profonde que celle véhiculées par les philosophies (p. 243) ». Mais il faut au préalable briser la vieille gangue incapacitante qui enserre l’esprit européen, le christianisme. Il observe qu’il y a entre Athènes et Jérusalem « deux visions du monde en conflit (p. 92) » et assène avec raison que par ses prises de position répétées en faveur de l’immigration extra-européenne, l’Église catholique combat les Boréens. Et ce ne sont pas les joyeux participants aux J.M.J., rejetons de l’homo festivus, qui répondront aux enjeux civilisationnels de leur temps.

     

    Dans les jours qui suivirent la disparition de Dominique Venner, des sots à l’esprit étroit et rabougri s’offusquèrent de l’endroit de son suicide. Ils auraient souhaité qu’il le fît sous l’Arc de Triomphe près de la tombe du Soldat inconnu, symbole de cette folle guerre civile européenne – ils ignorent Le Siècle de 1914 -, aux Invalides, bâtiment érigé sous Louis XIV et aménagé par Napoléon Ier, deux grands étatistes alors que l’auteur de Baltikum avouait sa sympathie pour les peuples frondeurs de France, voire à l’Élysée (une fois le cordon de sécurité franchi, où aurait-il accompli son geste fatidique ? Dans la cour d’honneur ou dans le salon où mourut l’exquis Félix Faure ?) (1).

     

    D’autres eurent l’espoir qu’à l’instant final, il aurait rejoint la communauté chrétienne. Un samouraï d’Occident démontre tout le contraire. Dominique Venner convient que le christianisme est « l’héritière incongrue de l’ancienne Rome (p. 150) ». De ce fait, l’esprit européen est désormais double, schizophrène même. Son intérêt pour le Pays du Soleil levant se comprend aussi par le désir de cerner une société dont les racines essentielles, « les trois sources spirituelles […], shintoïsme, bouddhisme zen et confucianisme (pp. 110 – 111) », n’ont pas été tranchées ou en partie substituées par d’autres, plus délétères. « Au Japon, le shintô animiste et païen balaie [… la création, la vie, la mort] par son immanence. Il n’y a pas de principes transcendants, extérieurs à nous, écrit le géographe Philippe Pelletier. Il existe des déités, certes, mais agitées de passions, de désirs, de colères et de caprices, exactement comme les êtres humains, avec quelques pouvoirs en sus, mais pas davantage que cela. Le bouddhisme complique le schéma en s’attribuant la gestion des funérailles, mais le Bouddha ne peut être assimilé au Créateur des monothéismes et il n’est pas parvenu à supprimer le substrat dionysiaque du shintô. Découvrir qu’une société moderne peut fonctionner et se doter d’une éthique du vivre ensemble sans recourir à un Dieu omnipotent, omniscient et ubiquiste constitue une révolution (2). »

     

    Les méfaits du monothéisme

     

    Citant le philosophe espagnol Adolfo Muñoz Alonso, l’essayiste Arnaud Imatz écrit que « nier le christianisme, c’est […] renoncer à l’Europe historique et à l’Europe possible (3) ». Dominique Venner ne nie pas le christianisme. L’historien avisé qu’il est note que la « métaphysique de l’illimité » procède de cette religion et, pour le prouver, n’hésite pas à citer un prêtre catholique fort mal vu en cour vaticane, Eugen Drewermann. Venner n’ignore pas que le christianisme est ambivalent dans l’histoire et ce, jusqu’à nos jours. D’un côté, il y a le discours énergique de Benoît XVI à Ratisbonne en 2006 et, de l’autre, le pape François qui, pour le Jeudi saint, un 28 mars 2013, visite une prison de femmes à Rome et lave les pieds de quelques détenues dont une musulmane de Serbie. Outre cette action qui a sûrement ravi la Oumma ravie et dont le caractère scandaleux est bien plus grave que l’acte soi-disant profanateur de Dominique Venner, pourquoi le nouveau souverain pontife est-il allé dans ce centre de détention alors qu’il existe d’autres lieux de souffrances humaines (orphelinats, hôpitaux, maisons de retraite) ? Et puis, on est en droit d’imaginer que ces détenues n’ont pas été condamnées par les lois liberticides. Par cette visite, le chef de l’Église romaine a sciemment offensé les victimes de ces prisonnières. Le Saint-Siège a dorénavant sa Taubira, c’est le pape François.

     

    Dominique Venner admet volontiers que « le christianisme était lui-même profondément composite, mêlant de façon parfois conflictuelle l’héritage biblique et celui de la pensée grecque (p. 154) ». C’est une évidence : la religion chrétienne a bénéficié dans l’histoire des deux derniers millénaires d’une grande plasticité morphologique. Le christianisme orthodoxe oriental n’est ni le christianisme celtique malheureusement disparu, ni le catholicisme romain qui a lui-même régulièrement changé au cours des siècles. Le christianisme antique du Bas-Empire n’est pas le catholicisme puritain, rigoriste et bigot du XIXe siècle, le catholicisme de la théologie de la libération marxisante du XXe siècle ou le catholicisme romain solaire et syncrétique du Moyen Âge. À cette époque, « soutenue par le pouvoir politique qui lui était associé, l’Église s’était appliquée à raser ou à rebaptiser les anciens sites païens, inventant souvent de nouveaux saints pour supplanter les divinités archaïques. […] Les noms changeaient mais la dévotion populaire pour les sites sacrés était rarement abandonnée (pp. 161 – 162) ». L’Europe fut le creuset d’une riche fusion pagano-chrétienne qui, malgré les réformations successives, persiste encore à travers le culte mariale et la permanence des lieux de prière. « La construction des églises romanes ou gothiques répondait encore aux anciens symbolismes. Bâties sur d’antiques sites sacrés, elles en assuraient la perpétuation. Elles continuaient d’être “ orientées ” par rapport au soleil levant, et leurs sculptures étaient toutes bruissantes d’un bestiaire fantastique. Dans son impressionnant jaillissement, la futaie de pierre des nefs romanes et gothiques restait la transposition des anciennes forêts sacrées (p. 68) (4). »

     

    Dominique Venner ne rejette pas le christianisme, il souhaite simplement le dépasser, car le moment chrétien de l’Europe s’achève même si l’on relève une saturation d’idées chrétiennes sécularisées (5). Par ailleurs, l’Église catholique romaine œuvre désormais au service des ennemis de l’Europe. Que pensent donc les contempteurs de la mort volontaire de l’auteur du Blanc Soleil des vaincus des déclarations récents du pape Bergoglio sur ses « frères musulmans » (6) ? Quand vont-ils prononcer leur chahada ? Qu’on ne s’étonne pas ensuite des centaines de conversions par semaine d’Européens de souche désenchantés. Le concile Vatican II ne porte pas seul l’écrasante responsabilité de ces fuites. Le mal remonte au moins au concile de Trente et à la Contre-Réforme catholique ainsi qu’à la non-application des mesures prises au lendemain de la résolution du Grand Schisme d’Occident entre 1417 et 1422.

     

    Les ecclésiastiques sont en revanche guère diserts concernant les conditions de vie sordides des derniers Français d’origine boréenne dans les banlieues de l’immigration de l’Hexagone. Ce traitement discriminatoire pratiqué tant par des religieux que par des laïques a « fait de [Dominique Venner] un insoumis (p. 14) ». « J’ajoute aussitôt que j’ai bien d’autres motifs de révolte et d’insoumission dans ce monde que l’on nous a fabriqué : sex, fun and money. Je confesse mon dégoût pour l’imposture satisfaite des puissants et impuissants seigneurs de notre décadence, corrompus jusqu’à l’os, asservis aux vraies puissances et aux nouvelles mafias. Oui, les arrogants ou pitoyables seigneurs des médias et de la pub, des religions, de la politique ou de la finance m’inspirent plus de mépris que de vraie révolte. Se révolter serait leur reconnaître une épaisseur qui leur fait défaut. […] Aujourd’hui, devant ces nains prétentieux et malfaisants, je suis un insoumis (p. 14). » Le terme est important car, on l’a vu, « les mots sont des armes. Se donner à soi-même ses propres mots, et d’abord se donner un nom, c’est affirmer son existence, son autonomie, sa liberté. Ainsi pouvons-nous assumer le nom d’insoumis. En langage clair, je ne “ marche ” pas (p. 29) ».

     

    Avec de telles saillies, Dominique Venner ne retombe pas dans l’action politique, l’activisme qu’il pratiqua naguère avec ardeur et jubilation. Il prévient toutefois ceux qui seraient tentés par le militantisme qu’« une action politique n’est concevable sans le préalable d’une mystique capable de la diriger et de riposter au “ nous ne sommes rien ”. Quelle mystique ? Celle de clan, bien sûr, des sources et des origines, autrement dit de notre tradition et de notre identité (p. 25) », d’où la nécessité impérieuse de retrouver son identité propre. L’insoumission est un combat majeur, une quasi-« guerre sainte », d’abord en son for intérieur avant d’être extériorisée. « Exister c’est combattre ce qui me nie. Être un insoumis ne consiste pas à collectionner des livres impies, à rêver des complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Carpates. Cela signifie être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre. Dans les revers, ne jamais se poser la question de l’inutilité de la lutte. On agit parce qu’il serait indigne de baisser les bras, et mieux vaut périr en combattant que se rendre (p. 28). » Mais pourquoi insoumis ? Parce que « l’insoumis est en rapport intime avec la légitimité. Il se définit contre ce qu’il perçoit comme illégitime. Face à l’imposture ou au sacrilège, il est à lui-même sa propre loi par fidélité à la légitimité bafouée. L’insoumission relève d’abord de l’esprit avant de recourir aux armes (p. 29) ». Par conséquent, l’insoumission fermente l’insurrection qui est d’abord morale et intellectuelle avant d’être, dans une seconde phase, physique et militaire. Et les motifs d’insurrection ne manquent pas. « Dans nos pays d’Europe, notre époque est […] saturée de tyrannies masquées. Contre elles, je me suis insurgé (pp. 27 – 28). » Par ailleurs, Dominique Venner s’insurge « contre l’invasion programmé de nos villes et de nos pays, […] contre la négation de la mémoire française et européenne (p. 291) ».

     

    Une nouvelle pensée autochtone

     

    Contre ce délitement programmé, Dominique Venner en appelle au sursaut et à « une nouvelle Réforme (p. 294) » qui « donnerait toute leur place aux multiples visages de la Vierge protectrice, Notre Dame, la Madone, déjà présente dans l’Antiquité la plus ancienne, sous la forme apaisante des fées bienfaisantes du monde celtique ou des grandes figures d’Athéna ou d’Artémis dans la Grèce ancienne (p. 296) ». Il invite par conséquent les Européens réveillés, « différenciés » ?, à « une Antiquité vivante que nous avons pour tâche de réinventer. Ainsi avons-nous entrepris de recomposer notre tradition pour en faire un mythe créateur. Cela ne peut se faire seulement par des écrits et des paroles. L’effort intense de refondation doit être authentifié par des actes ayant une valeur sacrificielle et fondatrice (p. 298) », ce qui implique de payer de sa personne.

     

    « Sans la mort, il n’y aurait pas de vie, pas d’enfantement, pas d’éveil, pas de renouvellement, pas d’accomplissement (p. 222). » Déjà « chez Homère, la vie, cette petite chose éphémère et si commune, n’a pas de valeur en soi. Elle ne vaut que par son intensité, sa beauté, le souffle de grandeur que chacun – et d’abord à ses propres yeux – peut lui donner (p. 197) ». Dans l’ancien Japon, « le seppuku n’était pas seulement pour les bushi une façon d’échapper à un déshonneur. C’était aussi le moyen extrême d’afficher leur authenticité par un acte héroïque et gratuit (p. 113) ». Construire sa mort reste paradoxalement le plus beau témoignage de vitalité. « Seule la mort subie n’a pas de sens. Voulue, elle a le sens qu’on lui donne, même quand elle est sans utilité pratique (p. 115). » La gratuité tend souvent à l’héroïsme, ce que ne comprendront jamais bourgeois et frustrés de l’existence. S’« il n’y a que deux manières sérieuses de vivre, proclame José Antonio Primo de Rivera : la manière religieuse et la manière militaire, ou plutôt une seule, parce qu’il n’y a pas de religion qui ne soit une milice ni une milice qui ne soit animée par un sentiment religieux (7) », il existe une multiplicité de manières de mourir. Celle de Dominique Venner est probablement en temps de paix la plus digne.

     

    Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis prône la révolte tranquille des Boréens de notre temps. En attendant la révolution des jeunes mâles blancs, l’heure sonne pour l’insoumission. L’appel de Dominique Venner a déjà été entendu. Le 23 juin 2013, lors d’un grand rassemblement unitaire de soutien, place Dauphine à Paris, au prisonnier politique anti-« mariage pour tous » Nicolas Bernard-Buss, le député F.N. du Vaucluse, Marion Maréchal – Le Pen, concluait son discours par une invitation à l’insoumission. L’auteur du présent texte ne peut que s’en réjouir, lui qui lançait dès 1999 Insumisioa ! en basque (8). Par ce don magistral, Dominique Venner nous indique la voie libre, indépendante et souveraine d’un autre destin continental. En avant donc pour l’insoumission contre le monde moderne, ses robots et ses clones !

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

    Notes

     

    1 : Pour comprendre le choix déterminant de Notre-Dame de Paris, il faut se reporter à l’excellent article de Jean-Yves Le Gallou, « Dominique Venner. Pourquoi avoir choisi Notre-Dame de Paris ? », mis en ligne sur Polémia, le 23 mai 2013.

     

    2 : Philippe Pelletier, « Le dépouillement par le Japon », dans Libération, 17 juillet 2013, souligné par nous.

     

    3 : Arnaud Imatz, « Introduction » dans Juan Donoso Cortès, Théologie de l’histoire et crise de civilisation, introduction, textes choisis et bibliographie de Arnaud Imatz, Cerf, coll. « La nuit surveillée », Paris, 2013, p. 88.

     

    4 : Dominique Venner se réfère à la découverte sous le chœur de Notre-Dame de Paris en 1711 de quatre piliers païens celtiques, dits « des nautes ». Cf. le bel hommage de Robert Steuckers, « En souvenir de Dominique Venner », mis en ligne sur Euro-Synergies, le 1er juin 2013.

     

    5 : La théocratie totalitaire des droits de l’homme est une transposition flagrante, séculière et profane, de principes chrétiens « devenus fous » (G.K. Chesterton). Sur ce sujet, cf. Carl Schmitt, Théologie politique I et II 1922 – 1969, Gallimard, coll. « N.R.F. – Bibliothèque des sciences humaines », Paris, 1988, et Augusto Del Noce, L’époque de la sécularisation, Éditions des Syrtes, Paris, 2001, et du même auteur, « Le marxisme meurt à l’Est parce qu’il s’est réalisé à l’Ouest », pp. 124 – 129, dans Krisis, « Mythe ? », n° 6, octobre 1990.

     

    6 : Le 8 juillet 2013, le nouvel évêque de Rome se rend à Lampedusa, l’une des principales portes d’entrée de l’immigration extra-européenne, et déclare se « tourner en pensée vers les chers immigrés musulmans qui commencent le jeûne du Ramadan, avec le vœu d’abondants fruits spirituels. L’Église vous est proche dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles », cité dans Le Figaro, 9 juillet 2013. À Lyon, le cardinal Philippe Barbarin a autorisé l’ouverture des locaux paroissiaux aux clandestins délinquants car sans-papiers… L’ethno-masochisme fait-il maintenant partie du dogme catholique ?

     

    7 : cité par Arnaud Imatz, op. cit., note 1, p. 133.

     

    8 : cf. Georges Feltin-Tracol, « Insumisioa ! », dans Roquefavour, n° 12, août 1999, repris ensuite dans Orientations rebelles, Les Éditions d’Héligoland, Pont-Authou, 2009.

     

    • Dominique Venner, Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, Pierre-Guillaume de Roux, Paris, 2013, 317 p., 23 €.

  • Gironde : Les surprenants mécènes du Parti communiste

    BORDEAUX (NOVOpress via Infos Bordeaux) – A l’instar de tous les mouvements politiques, le Parti communiste possède un bulletin de liaison qui informe les adhérents des actualités du parti.

    Peu connu du grand public, et possédant un tirage confidentiel, « Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest », publie un numéro spécial à l’occasion de la fête de l’humanité.

    La lecture de ce journal dirigé par Frédéric Mellier réserve une surprise de taille. La publicité est y omniprésente. Mais pas celle de sociétés appartenant à des sympathisants communistes, souhaitant se faire connaître et apporter leur obole, mais celle d’institutions ou de sociétés telle que Régaz-Bordeaux (qui assure la gestion du réseau de distribution de gaz et dont un certain nombre de collectivités territoriales sont actionnaires) ! [En Une, l'une des 2 pleines pages de publicité de Régaz-Bordeaux ]

     

    Les villes de Bordeaux, Pessac, Ambarès, Lormont, Bassens et Floirac, la région Aquitaine, l’entreprise Régaz-Bordeaux, le château Haut-Marbuzet (également partenaire de la Licra), la CUB, Suez Environnement… sont fiers de s’afficher dans le journal local d’un parti qui a soutenu des régimes sanguinaires dans le monde entier.

    Contacté par Infos-Bordeaux, Eric Destarac, directeur de la communication de Régaz-Bordeaux, semble très gêné par les demandes d’explications, et apporte des réponses confuses. « Cet état de fait est historique et pratiqué depuis de nombreuses années, mais je comprends que cela puisse surprendre ».

    Quand on lui demande si Régaz-Bordeaux est prêt à acheter des encarts publicitaires dans l’hebdomadaire local de l’UMP et du Front national, celui répond tout d’abord par la négative, puis rajoute « C’est une très bonne question, mais il faudrait demander à nos dirigeants ». On imagine déjà la réponse !

    http://fr.novopress.info/141249/gironde-les-surprenants-mecenes-du-parti-communiste/#more-141249