La référence aux événements de 1938 dans le cadre du conflit syrien témoigne d’une méconnaissance des faits historiques de l’époque.
Dès que sur le plan international, il apparaît qu’une action énergique s’impose ou serait tout du moins la bienvenue, la classe politique française (mais pas que politique - et pas que française) se partage souvent entre les va-t-en-guerre, les pacifistes et les sceptiques. Pour fouetter les deux dernières catégories, il n’est pas rare que la première leur attribue l’épithète de «Munichois», provoquant généralement des protestations vives et des demandes de démission.
Nous venons d’en avoir un récent exemple avec la déclaration d’Harlem Désir évoquant «l’esprit munichois» de l’UMP. Ce qui est d’autant plus drôle qu’en 1991, opposé à la guerre du Golfe, le même Désir avait été traité de «Munichois» par des fondateurs de SOS-Racisme et n’avait guère goûté la plaisanterie, comme le rappelle le chercheur Julien Salingue sur son blog.
Déjà utilisé pour la Libye et la Bosnie, parfois employé dans d’autres contextes (on se souvient de Philippe Séguin dénonçant un «Munich social» en 1993), le terme de «Munichois» fait naturellement référence à la conférence de Munich des 29 et 30 septembre 1938. Tenue entre la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne hitlérienne et l’Italie mussolinienne, elle avait pour objet de tenter de régler la «crise des Sudètes».
Hitler, poursuivant sa politique de réunion des «peuples germaniques» au grand Reich qu’il entend bâtir, et après avoir annexé l’Autriche, exige alors le rattachement de la partie occidentale de la Tchécoslovaquie, les Sudètes, à majorité germanophone. En vertu d’accords passés avec la Tchécoslovaquie, la France et la Grande-Bretagne font savoir que toute tentative d’invasion provoquera une guerre. Mussolini joue les messieurs bons offices.
Une conférence se tient, sans la participation du président tchécoslovaque Beneš. Les grandes puissances entérinent l’évacuation du territoire des Sudètes par la Tchécoslovaquie et son occupation par les troupes allemandes, en échange de promesses de règlement pacifique des conflits futurs. Bientôt, les Allemands passent la frontière, puis les Slovaques font sécession. La Tchécoslovaquie n’existe plus.
Le déshonneur, la guerre ou les deux ?
L’accord est honteux. À son retour au Bourget, Daladier, qui l’a signé pour la France, voit une foule immense. Il est persuadé qu’il va se faire huer. Il sort sous les acclamations. Il aurait alors laissé échapper à son conseiller diplomatique Alexis Leger (futur Saint-John Perse) un célèbre « Ah ! les cons ! »
Léon Blum écrira : « Je suis partagé entre un lâche soulagement et la honte. » Léon Daudet, dans un autre registre, avait écrit dans l’Action Française du 24 septembre 1938 : « Je ne me battrai ni pour les Juifs, ni pour les francs-maçons de Prague. »
Chamberlain est lui aussi acclamé par la foule en Grande-Bretagne, à qui il assure que la paix est garantie. Churchill lui répondra par une phrase demeurée célèbre :
« Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur ; et vous allez avoir la guerre. »
Le déshonneur, en tous cas, le général Louis-Eugène Fauché, chef de la mission militaire française à Prague, le refuse. Outré par la trahison dont vient de se rendre coupable la France, il démissionne de son poste et demande la nationalité tchécoslovaque.
La suite, nous la connaissons, hélas. Après les Sudètes, ce sera le corridor de Dantzig et le début de la Seconde Guerre mondiale. C’est après celle-ci que le qualificatif de «Munichois» va prendre son caractère insultant, désignant ceux qui préférèrent se coucher devant Hitler alors qu’il était encore temps de l’arrêter. Et voilà pourquoi ceux qui s’en voient affublés s’en insurgent.
Une comparaison qui ne tient pas
Mais pour l’affaire de Syrie, la comparaison avec Munich ne tient guère. En 1938, bien que se drapant dans le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’Allemagne nazie entend effectuer une pure et simple annexion. À cet effet, ses actions constituent une ingérence dans les affaires d’un État souverain, la Tchécoslovaquie.
On peut donc être partisan de la manière forte à l’encontre d’Hitler, qui n’en est pas à son coup d’essai. Les «Munichois» d’alors sont accusés d’avoir voulu la paix à tout prix, de s’être assis sur des traités dont la France était signataire et qui garantissaient les frontières tchécoslovaques et d’avoir pactisé avec le diable en personne. Le portrait est hélas aussi cruel qu’exact.
En France, les opposants à la guerre d’aujourd’hui n’entendent en rien pactiser avec Assad et la classe politique condamne assez unanimement les agissements du dictateur syrien. Si presque tout le monde s’accorde à dire qu’il faudrait faire quelque chose, l’impact de frappes plus ou moins symboliques apparaît débattable.
Le Munich de 1938 entendait régler un différent entre deux États afin d’éviter une nouvelle conflagration mondiale (et échoua). La question posée par la guerre qui se déroule en Syrie est bien plus complexe. La Syrie aurait utilisé des armes chimiques à l’intérieur de ses frontières, mais elle n’est pas signataire du traité en interdisant l’usage. Pour révoltant que cet acte soit, s’il est avéré, les motifs légaux à intervenir manquent. Si l’on voit bien quelles auraient pu être les objectifs d’une déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne en 1938 - mettre hors d’état de nuire un dictateur qui n’avait pas fait mystère de ses visées expansionnistes et de sa politique raciale - , on peine parfois à voir quels seraient les objectifs de frappes en Syrie.
L’autre Munich
Mais puisque l’on est à Munich, pourquoi ne pas y rester et comparer la situation actuelle avec un autre Munich ? Celui de 1972 et de la prise d’otage d’athlètes israéliens par un commando palestinien lors des jeux Olympiques d’été.
L’affaire fut mal gérée de bout en bout par les Allemands qui, malgré les moyens énormes dont ils disposaient, multiplièrent les erreurs. Ne sachant que faire, mal formés aux actions antiterroristes, ne disposant pas d’unités de tireurs d’élite au sein de la police (les tireurs embusqués sur l’aéroport étaient de simples policiers équipés de fusils sans lunette - l’armée avait des tireurs d’élite mais la Constitution allemande interdisant l’utilisation de militaires pour des opérations de police, ils n’eurent pas le droit d’agir), ils décidèrent malgré tout d’intervenir sur le tarmac de l’aéroport, pour une question de principe : il était hors de question que des preneurs d’otages, a fortiori d’otages israéliens, parviennent à quitter le sol allemand.
Ce fut une boucherie : onze athlètes, cinq preneurs d’otages et un policier allemand furent tués. Le drame de Munich 1972, c’est celui d’une réponse maladroite à un problème humain terrible, celui d’une puissance occidentale désarmée et ne sachant que faire face à un problème nouveau (l’action terroriste) et qui décide d’employer la manière forte pour le régler.
Le 6 septembre prochain, cela fera 41 ans. Comparaison n’est pas raison, bien sûr, et il est certes aussi artificiel de comparer Munich 1972 (le choix de la force - un fiasco) que Munich 1938 (le choix de la négociation - un fiasco) à la situation actuelle. Mais malgré cela, ces deux Munich ont au moins une vertu, utile en cette période : ils nous rappellent que le choix d’utiliser la violence - ou pas - est un choix compliqué qui ne doit jamais être pris à la légère, mais aussi qu’il est bien facile de juger un événement quand on en connaît les suites. L’histoire sert en l’espèce à prédire le passé, pas l’avenir.
Antoine Bourguilleau
Slate.fr, 5/09/2013
http://www.polemia.com/arretez-de-vous-traiter-de-munichois/
culture et histoire - Page 1762
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Arrêtez de vous traiter de «Munichois» !
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Concert: Hôtel Stella - Tours - 14/09/13
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Racisme et capitalisme
Le racisme est une question souvent très mal abordée, à la fois par ceux qui s’en revendiquent que par ceux qui le combattent ou combattent l’hostilité à l’Autre. Autre phénomène assez déroutant, les mouvements ou écoles de pensées se revendiquant de l’anti-capitalisme sont très souvent anti-racistes et globalement imperméable à tout discours ethniciste et à l’inverse on constate de nombreux mouvements ethnistes et identitaires ou certains penseurs de l’identité qui professent un catéchisme libéral.
L’anti-capitalisme serait le monopole d’une gauche « ouverte et tolérante » alors que toute volonté de préservation ethnique serait de facto dans le camp du capitalisme, de cette odieuse volonté de l’homme blanc de dominer les peuples bigarrés, forcément opprimés. On ne sait pas bien sur quelles bases repose cette vision des choses mais on se doute bien qu’il s’agit d’une fine analyse bâtie sur des références extrêmement solides…
Depuis le XIXe siècle nous pouvons considérer que le racisme, entendu comme la domination d’une race par une autre, repose sur deux éléments : le capitalisme et la science, l’un nourrissant l’autre.
Le capitalisme est la face économique du libéralisme et sa valeur centrale est le progrès. Ainsi le progrès technique, généré par le capitalisme industriel, a permis à l’Europe d’effectuer un véritable bond en avant scientifique. Le positivisme, le scientisme, le darwinisme sont des enfants de ce XIXe siècle où l’Europe allait de l’avant et dominait les 5 continents. Machines de plus en plus puissantes, outils de plus en plus perfectionnés, ouvertures de laboratoires, de sociétés scientifiques diverses, exploration de contrées méconnues, augmentation des échanges inter-continentaux, le XIXe a opéré un véritable bouleversent économique, technique et scientifique qui s’est traduit par le sentiment chez certains européens de leur supériorité. Cette supériorité, associée au christianisme, était le Fardeau de l’homme blanc de Rudyard Kipling, alors qu’associée à la franc-maçonnerie elle était le « devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures » de Jules Ferry. Cette domination sans partage de l’Europe, principalement celle des deux grands empires coloniaux, le britannique et le français, a progressivement pris fin au XXe siècle, lorsque l’Europe s’est suicidée par deux guerres civiles et a laissé place aux Etats-Unis d’Amérique dont elle n’est aujourd’hui qu’un valet servile.
Ce court exposé de la révolution induite par le libéralisme ne nous dit pas tout. Si le capitalisme a effectivement engendré le racisme scientifique, il n’en demeure pas moins que le discours anti-raciste repose sur un odieux mensonge et surtout un odieux simplisme opposant des Blancs unilatéralement racistes à des non-Blancs unilatéralement dominés. Je ne reviendrais pas sur la complicité des élites indigènes dans les colonies aux différentes activités menées par les Européens, en revanche je rappellerai que les grandes entreprises capitalistes dominaient probablement bien plus les millions d’ouvriers européens qui s‘entassaient dans nos usines que les populations rurales des colonies dans des territoires difficilement maîtrisables malgré les progrès logistiques. Le capitalisme a bien plus détruit l’Europe qu’il n’a détruit les autres continents : paysans déracinés et jetés dans les haut-fourneaux et les usines textiles, artisans concurrencés par la production en série, enlaidissements des villes, pollution des eaux, du sol, de l’air, développement des maladies respiratoires, des cancers, de la syphilis, travail des enfants, … Les premières victimes du capitalisme furent des Européens. Quant aux guerres du capitalisme, elles tuèrent et mutilèrent de jeunes hommes européens, créèrent des déficits de naissance et détruisirent nos villes. Si l’armée fut utilisée par des politiques, eux-mêmes financés par des industriels, pour administrer certains territoires coloniaux, elle fut aussi utilisée pour réprimer les révoltes populaires, comme ce fut le cas de La Commune en 1871.
Ainsi le racisme induit par la domination capitaliste, qui induisait une domination d‘une race sur un autre légitimée par la science n’était en réalité qu’un racisme produit par une classe de dominants réunissant franc-maçons, intellectuels divers, scientifiques ou hommes politiques. Le peuple, constitué d’ouvriers, mais encore et surtout majoritairement de paysans n’avait aucunement les moyens de dominer d’autres races. Ainsi la majorité des Français n’ont pas à se sentir coupables des agissements d’une hyper-classe. Cette même hyper-classe qui insulte désormais l’ouvrier français frontiste de « raciste » quand il se plaint des agissements de certaines populations immigrés, qu’il n’a pourtant aucun moyen de dominer et avec qui il partage des espaces de vie, alors que dans le même temps l'hyper-classe ne rechigne pas à employer des jardiniers marocains, des vigiles congolais ou des femmes de ménage philippines, qu’elle paye une misère pour entretenir et surveiller ses résidences de luxe dans des quartiers fermés entièrement peuplés de Blancs sociaux-démocrates ou ultra-libéraux. Le racisme voyez-vous, ce serait établir le constat de l’échec cuisant des politiques migratoires instaurées entre autre par Bouygues ou s‘inquiéter de la démographie galopante des populations allogènes, ce n’est pas d’exploiter des immigrés sans-papiers miséreux dans des abattoirs si on en croît la doxa officielle. Le racisme, ce serait vouloir préserver son cadre de vie, ce n’est pas lorsque l’Etat hébreu dresse des murs entre lui et les palestiniens ou lorsqu’il traite les noirs en sous-hommes, ça c’est l’avant-poste de la démocratie.
Il faut donc bien comprendre qu'aujourd'hui c'est l'anti-racisme qui est le véritable racisme car il vise non seulement à humilier les "Blancs" par la culpabilisation de leur Histoire et de leurs opinions, mais parce qu'il légitime le néo-colonialisme en Afrique au nom du "développement" et de la "démocratie" et l'exploitation de milliers d'Africains sur notre sol au nom du "vivre-ensemble".Le peuple n’est pas raciste car il n’en a pas les moyens. En revanche il est beaucoup plus volontiers ethno-différentialiste, c'est-à-dire conscient de sa spécificité et cherchant à mettre à distance l’Autre pour ne pas perturber la cohésion de son propre groupe. Cet ethno-différentialisme est la condition du maintien de la "décence commune" et de la solidarité. En effet, si il possible d'assimiler des individus dans un groupe social, deux groupes ne peuvent pas s'assimiler sans perdre leur nature propre. L'ethno-differentialisme est différent du racialisme socialiste d’un Vacher de Lapouge fortement marqué par les espérances dans le progrès scientifique de son temps. Le racialisme se base principalement sur la biologie et l'anthropologie. L’ethno-differentialisme est une démarche d’altérité et de maintien des différences produites par la nature autant que par la culture. Le racisme une démarche de domination économique et sociale sur d’autres races ou d’autres groupes ethniques.
Dans l’Antiquité, l‘appartenance à la cité était fondamentale pour l’ordre du monde et l’universalisme qu’il soit celui d’Alexandre ou celui des empereurs romains fut porteur de désordre. Rien ne rapproche la vieille Rome républicaine du paysan-soldat-citoyen de la Rome orientalisée et tyrannique qui s’est développée sous l’Empire, particulièrement au IIIe siècle. De nos jours, les grandes luttes de libération nationale se sont toutes fondées sur deux piliers : le socialisme et l’indigénisme, comme c’est le cas par exemple en Amérique latine avec le zapatisme mexicain ou le bolivarisme venezuelien mais aussi en Europe avec le nationalisme basque ou irlandais, fortement marqués par le marxisme-léninisme. Nous ne voyons pas pourquoi les Français, harassés par deux siècles de domination du capitalisme devraient faire exception à cette règle.
Ainsi à travers le monde dominé par l’Occident, la volonté de lutter contre le capitalisme va de pair avec la préservation de son identité particulière. Le peuple français est dominé depuis longtemps par une hyper-classe manipulant les sentiments patriotiques quand cela l’arrange mais en réalité celle-ci est très fortement adepte du nomadisme, du cosmopolitisme et des professions de foi apatrides. Le peuple français, dominé par les grandes firmes qui lui imposent le voisinage de nouveaux français quelque peu exotiques, doit entreprendre la lente construction de sa libération à la fois ethnique et anti-capitaliste. Ainsi, pas d’anti-capitalisme sans ethno-differentialisme, pas de socialisme sans enracinement préalable. C’est pour nous une conviction et il faut balayer l’extrême-gauche du Capital, sans –frontieriste, apatride et cosmopolite, autant que l’extrême-droite du Capital, raciste et libérale. Jean
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/08/29/racisme-et-capitalisme-5135477.html
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Vae Victis - Hors la loi
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Charte de la Laïcité: une pitoyable diversion
Il vient d’être annoncé qu’une nouvelle coupe sombre, très conséquente de vingt à trente heures selon la classe concernée, allait être opérée dans les heures dévolues à l’apprentissage de l’histoire de France en classe de Troisième et de Terminale. Cet effacement programmé de pages entières de notre roman national, s’inscrit dans l’offensive plus générale, constante et méthodique, visant à couper les jeunes générations de leurs racines, de notre plus longue mémoire. Une perte des repères historiques en complément duquel s’effectue un brouillage des repères anthropologiques au moment ou la théorie du genre s’immisce à l’école. Cette théorie élaborée par la gauchiste américaine Judith Butler qui prône l’indifférenciation des «modèles» familiaux et des « comportements sexuels », a inspiré la récente loi sur le mariage et l’adoption pour les coupes homosexuels. Elle est relayée sous la pression du lobby LGBT et appuyée par Najat Vallaud-Belkacem, le ministre du droit des femmes et porte-parole du gouvernement.
Sur son site Internet, Radio-Notre-Dame relève que « Quoi qu’en dise Vincent Peillon », «les programmes scolaires ont bien été modifiés. Et ici et là commencent à fleurir des livres sur le sujet, destiné au public le plus jeune. « Papa porte une robe », « Tango a deux papas », « Familles arc-en-ciel. Un extrait : « Que veut dire se décider ? Tu te décides pour ton goûter, tu te décides entre fille et garçon ». Tous ces livres sont disponibles sur Internet… »
Tel n’était pas le sujet de la présence ce lundi matin de Vincent Peillon au lycée pluriel de la Ferte-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) située une zone urbaine défavorisée. Après la Charte de la Laïcité édictée par Dominique de Villepin en 2007 pour les services publics, M. Peillon présentait la sienne. Elle sera affichée dans tous les établissements scolaires publics et rappelle en 15 articles « dans un langage adapté aux enfants », les « principes de la Constitution », de la Déclaration des droits de l’homme et de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
La Charte précise notamment que « les personnels ont un strict devoir de neutralité », que le port de signes religieux ostentatoires est interdit ( interdiction déjà stipulée par la loi de 2004), qu’ « aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme ».
Sont clairement visés ici les incidents à répétition qui ont lieu dans de nombreux établissements scolaires babelisés, intervenant lors des cours abordant la reproduction, l’ histoire des religions ou les persécutions anti-juives lors de la Seconde Guerre Mondiale…
Président du Conseil français du Culte musulman (CFCM) , Dalil Boubakeur a appelé à respecter la Charte mais a perçu dans celle-ci « un regard oblique sur l’islam, notamment le passage sur l’interdiction du port de signes ou de vêtements ».
« On voit très bien à qui il (le texte de la charte, NDLR) s’adresse, je crains – comme c’était le cas pour la loi de 2004 de voir les musulmans de France stigmatisés dans leur ensemble et que cette interdiction ne soit perçue comme trop brutale ».
Valérie Marty de la fédération de parents d’élèves Peep déplore pour sa part, sans les nommer explicitement, que certains types de pressions sur l’école opérées par des familles islamistes n’aient pas été évoquées par cette charte puisque des sujets comme ceux « du sapin de Noël ou de la cantine » ne sont pas mentionnés. Mme Marty sans citer le cas du hallal, souligne que parfois, « il y a un scandale parce qu’il y a du poisson à la cantine le vendredi »!
Il est vrai, et nous l’avions déjà évoqué sur ce blog que pour Vincent Peillon, la laïcité ce n’est pas la neutralité religieuse mais l’instauration d’une nouvelle religion. Le futur ministre de l’Education l’a écrit noir sur blanc dans son livre Une religion pour la République: la Foi laïque de Ferdinand Buisson : « A l’école de dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines et de l’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est ainsi seulement que la laïcité deviendra la religion de toutes les religions, de toutes les confessions, la religion universelle ».
Ce matin, pour présenter sa charte, le ministre de l’Education était entouré par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, de l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter, mais aussi du footballeur Lilian Thuram membre du Haut conseil pour l’intégration (HCI) et du collectif Devoirs de mémoires. Ce choix de M. Thuram pour l’accompagner est lui aussi symbolique, indépendamment du fait que le livre que ce dernier a fait paraitre sous son nom en 2010, Mes étoiles noires, de Lucy à Barack Obama , « devrait figurer en bonne place dans les établissements scolaires » selon la journaliste de L’Humanité Mina Kaci…
En effet, en novembre 2007 à l’occasion du match de foot France-Maroc au stade de France où notre hymne national avait été copieusement sifflé par un public majoritairement maghrébin, Lilian Thuram, alors capitaine de l’équipe de France, avait déclaré que « les sifflets, ( ne le choquaient) pas plus que ça, il faut se poser la question Pourquoi? Ce sont des raisons d’ordre historique, il y a un mal-être dans la société. Et c’était peut-être le moment, inconsciemment, de faire passer un message. »
« Message » dont M. Thuram avait précisé les contours en août 2006 en invitant dans ce même stade pour la confrontation entre la France et l’Italie, 70 immigrés expulsés d’un squat à Cachan dans le Val-de-Marne . Immigrés qui à l’instar de l’ équipe de France, symbolise cette « république métissée que nous aimons, » confiait alors les amis de ce dernier, le Réseau Education sans frontières (RESF)…
Bref les postures républicano-laïcardes s’accommodent parfaitement d’un immigrationnisme échevelé. Cette Charte de la laïcité est un leurre, une pitoyable diversion affirme Bruno Gollnisch qui modéré en tout est modérément laïc. Il sait aussi que le concept de laïcité est resté dans l’esprit de beaucoup d’idéologues ce qu’il fut historiquement, à savoir surtout une arme de guerre contre le christianisme, religion autochtone de l’immense majorité des Français.
N’en déplaisent à MM. Peillon, Thuram et aux docteurs Folamour de l’UMPS, l’école ne souffre pas tant d’un problème de religion que d’un problème d’immigration. Quand la France comptait un million de musulmans sur son sol, l’islam n’était pas un problème. C’est la poursuite d’une politique de substitution de population qui empêche toute assimilation au modèle dominant du pays d’accueil et qui génère fatalement les revendications communautaristes.
http://www.gollnisch.com/2013/09/09/charte-laicite-pitoyable-diversion/
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Notre époque ne peut que favoriser le conspirationnisme…
Complot jésuite, complot franc-maçon ou « judéo-maçonnique », complot synarchique, complot bolchevique, complot néonazi, complot islamiste, ne mettrait-on pas le complot à toutes les sauces ? Et d’où viennent toutes ces théories du complot ?
A. de Benoist Il n’y a pas de théories du complot. Il y a d’une part une mentalité conspirationniste et, de l’autre, une série d’interprétations complotistes d’un certain nombre d’événements. J’avais publié, en 1992, une étude sur la psychologie du conspirationnisme. Depuis lors, Pierre-André Taguieff a consacré à ce sujet une série d’ouvrages qu’on peut considérer comme définitifs. La mentalité conspirationniste consiste d’abord à considérer de manière systématique que tout discours officiel est mensonger, que tout ce qui est important est dissimulé, bref que « la vérité est ailleurs ». Et, dans un deuxième temps, à affirmer que les vrais auteurs des événements sont des puissances malignes, des « forces obscures » tapies dans l’ombre, qui « tirent les ficelles en coulisses » et agissent de façon souterraine pour parvenir à des fins inavouables. On désigne ainsi un bouc émissaire intemporel, transhistorique, omniprésent – « Ils sont partout ! » –, qui poursuit son intérêt particulier au détriment de l’humanité. Ces puissances ténébreuses s’incarnent généralement dans une catégorie d’hommes qu’il suffirait d’éliminer pour que les choses retrouvent leur cours normal. Cette catégorie répulsive correspond à ce que Claude Lefort appelle très justement les « hommes en trop ».
Il n’est pas difficile d’apercevoir les soubassements religieux de cette mentalité. Ces « hommes en trop », quelle que soit l’étiquette qu’on leur attribue, sont une figure du Diable, dont ils ont d’ailleurs tous les attributs. Mais dans la mentalité conspirationniste, on observe aussi l’écho du mythe de la « Caverne » chez Platon : ce que nous voyons autour de nous, et que nous croyons bien réel, n’est qu’illusions et tromperie. C’est un théâtre d’ombres. D’où cette coupure dualiste qui double le monde réel, décrété illusoire, d’un arrière-monde où s’activent les « chefs d’orchestre invisibles ». Le discours conspirationniste est un discours de l’apparence et du masque.
S’interroger sur le conspirationnisme, ne serait-ce pas d’ailleurs déjà prêter le flanc à l’accusation de complotisme ?
Critiquer le conspirationnisme vous fait en effet placer immédiatement au nombre des complices ou des idiots utiles. Pour la mentalité conspirationniste, rien n’est neutre. Il y a d’un côté les agents du complot, de l’autre les affidés et les crédules. Toute contradiction, tout démenti, devient alors une preuve supplémentaire de l’existence du complot. Les thèses conspirationnistes, autrement dit, font un usage systématique du soupçon freudien : la dénégation confirme le symptôme. C’est bien connu, la ruse suprême du Diable est de faire croire qu’il n’existe pas ! De même, dans l’histoire, rien pour les conspirationnistes ne relève du hasard. L’action sociale-historique est débarrassée de tous ses aléas grâce à une théorie linéaire de la causalité qui est censée tout expliquer : les événements sont produits mécaniquement par des agents cachés, qui manipulent les hommes comme on appuie sur un bouton pour obtenir l’effet désiré. Ni marge d’erreur ni zone d’incertitude : tout a été prévu, tout a été « orchestré ». Ce simplisme fait bon marché de ce que Jules Monnerot appelait l’hétérotélie, les « effets pervers », l’accident, l’exception, les dynamiques systémiques, etc., bref tout ce qui fait la complexité de la vie sociale-historique réelle.
Quant aux conspirationnistes, ils se posent d’emblée comme une élite d’initiés, d’experts autoproclamés, titulaires d’un savoir qui surplombe le savoir caché de ceux contre lesquels ils se dressent. Magiquement exemptés de l’aliénation où baignent leurs contemporains, ils sont ceux qui « savent » (on ne sait par quel miracle), dès lors fondés à regarder de haut les « naïfs » qu’on « mène par le bout du nez ».
L’histoire de l’humanité abonde néanmoins en vrais complots. Il y a d’abord les assassinats politiques, réussis (Henri IV, John Fitzgerald Kennedy ou Anouar el-Sadate) ou manqués (Ronald Reagan, Jean-Paul II ou Jacques Chirac). Mais comment faire la part des choses entre « vrais » et « faux » complots ?
Bien sûr qu’il y a de vrais complots. Tout comme il y a des secrets d’État, des mensonges d’État, des actions secrètes menées par les services de renseignement, des lobbies, des groupes d’influence, des attentats sous « faux drapeau », etc. Si le conspirationnisme se bornait à vouloir faire toute la lumière sur tel ou tel événement, ou à s’interroger sur ce qui se passe à l’arrière-plan de la vie politique et sociale, il n’y aurait rien à lui reprocher. Ce qu’on peut en revanche critiquer, c’est son systématisme obsessionnel, sa « logique » paranoïaque, ses interprétations fantasmatiques, ses bouffées délirantes.
À propos des attentats du 11 septembre 2001, Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, assure ne pas croire en la version officielle des événements pas plus qu’à son avatar conspirationniste. Y aurait-il une sorte de troisième voie, fondée sur le principe d’opportunité ?
La position de Roland Dumas me paraît assez sage. Il n’y a pas besoin d’être conspirationniste pour constater que la version officielle des attentats du 11 septembre laisse pour le moins à désirer, ou pour penser que Lee Harvey Oswald n’était sans doute pas le seul homme impliqué dans le complot pour tuer Kennedy. Il y a une vertu du doute, et le « dubitationnisme » va souvent de pair avec l’esprit critique. Mais ce qui frappe chez les conspirationnistes, c’est qu’ils ne sont capables de douter que d’une manière unilatérale. Hypercritiques vis-à-vis des « versions officielles », ils sont d’une crédulité sans bornes pour toutes les « versions alternatives ». Or, comme l’esprit critique ne se partage pas, il faut examiner les unes et les autres avec la même rigueur. Cela dit, nous sommes à une époque qui ne peut que favoriser le conspirationnisme : à un moment où les gens « ne comprennent plus ce qui se passe », parce que leurs repères se sont effondrés, les « explications » simplistes, qui prétendent rendre intelligible ce qui paraît incohérent, ne peuvent que trouver une oreille complaisante chez un public toujours plus grand. -
Cellules de base de la société, les familles forgent l'avenir d'un pays
Editorial de Jeanne-Emmanuelle Hutin dans Ouest-France :
"Cellules de base de la société, les familles jouent un rôle irremplaçable : ce sont elles qui forgent l'avenir d'un pays, par le renouvellement et l'éducation des adultes de demain. Certains pays l'ont bien compris et, par exemple, assurent aux femmes un niveau de retraite qui prend en compte, de manière conséquente, le nombre d'enfants qu'elles ont élevés.
Mais en France, à l'inverse, la politique familiale actuelle fragilise les familles en les imposant davantage en pleine crise économique. Une pluie de hausses d'impôts continue de s'abattre sur elles : après une nouvelle baisse du plafonnement du quotient familial, on parle aujourd'hui de supprimer la réduction d'impôts pour frais de scolarité dans le secondaire et pour les étudiants.
L'Union Nationale des Associations familiales (UNAF) s'insurge : « Ces mesures sont injustes car plus les enfants sont grands, plus les dépenses relatives aux études augmentent. Et plus les familles ont d'enfants, plus elles seront sanctionnées par ces mesures. ».
« Comment expliquer que pour équilibrer les retraites, on touche aux avantages accordés aux familles et pas à ceux des régimes spéciaux ? » - interroge Laurent Clévenot, responsable de l'UNAF.
Pour beaucoup, c'est d'autant plus injuste, que la branche famille a été mise à contribution pour financer les retraites. Les Associations familiales dénoncent « le tour de passe-passe » car « on transfère 4,4 milliards de majoration de pensions pour charge d'enfants de la branche vieillesse sur la branche famille ».
Mais, en plus, a-t-on mesuré les conséquences de ces mesures conjuguées à la crise ? Sur la natalité par exemple ? Si elle diminuait, le financement des retraites n'en serait-il pas encore plus difficile ? Ne regrettera-t-on pas de ne pas avoir assez protégé les familles pendant la crise ?
Et puis, cette recherche de recettes à court terme, est-elle de nature à sortir de la dangereuse impasse actuelle ? « Il ne suffit pas de grignoter des économies ministérielles, d'amender le droit du travail, de taxer les riches, pour borner les inégalités... » explique Eric Le Bouchee pour qui « les réformes ne sont pas des remèdes pour corriger et remettre en ordre le modèle cassé du XXe siècle, elles doivent être des outils de transformation profonde de ce modèle. L'État n'a pas seulement besoin d'être allégé et simplifié, il faut le repenser non pas pour redistribuer mais pour enrichir les dynamismes. » De cette manière et en protégeant les familles, il sera possible d'assurer demain la solidarité entre les générations, l'indépendance du pays et la liberté de ses citoyens."
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La bibliothèque de Francis Bergeron
Berrichon d'origine et de cœur, âgé de 35 ans, plusieurs fois candidat malheureux à diverses élections sous une étiquette qui nous est chère, Francis Bergeron collabore depuis une dizaine d'années à divers journaux et revues de droite. Il est en particulier rédacteur du quotidien Présent depuis son numéro 0. Après quelques pérégrinations qui ont conduit du côté de l'URSS, puis du Liban, il s'est spécialisé dans les questions de politique étrangère.
Il est l'auteur ou le co-auteur (avec notre collaborateur Alain Sanders ou avec Philippe Vilgier) d'une dizaine de livres. Citons en particulier l’album « Les droites dans la rue : nationaux et nationalistes sous la IIIe République » (1985) « De Le Pen à Le Pen nationaux et nationalistes sous la Ve République » (1986), « Le goulag avant le goulag » (1987), « Les héros de l’Alcazar » (1987), « Paris by right : guide de l'homme de droite à Paris » (1987), « Le Pen : le livre blanc d'un phénomène » (1988).
Ma bibliothèque est à double fond. Je m'explique : il y a les livres « présentables », ou supposés tels. Ils forment les rangs de devant. Et puis, il y a les autres, ceux que les fréquentations politiques de ma très chère épouse m'obligent à cacher.
Car, voyez-vous, ma femme est giscardienne, ou plus précisément léotardienne, tendance Malhuret (sic !) Ce n'est pas une foucade, un simple gag, une plaisanterie de bistrot.
Ma bibliothèque - notre bibliothèque - est le fruit d'un savant compromis. Les sept à huit mille volumes sont rangés sur deux épaisseurs.
Il y a la partie visible et la partie invisible. Dans la partie visible, figurent les rayons chargés d'ouvrages sur le monde communiste. À côté de Soljénitsyne, Glucksmann, Annie Kriegel, Patrick Wajman, Jean-Marie Benoist... il y a de nombreux volumes, plus rares, parus avant guerre, sur le goulag, les famines en Ukraine, les persécutions religieuses ou ethniques. Dès 1918, les occidentaux pouvaient tout savoir sur ce qui se passait réellement en URSS, et des témoignages comme ceux de Joseph Douillet « Moscou sans voiles » (1928) ou de Serge de Chessin « L’apocalypse russe » (1921) disaient déjà l'essentiel. Je possède ainsi plusieurs centaines de livres et de brochures, parus avant 1940, sur la réalité soviétique. Dans les années vingt et trente, les associations qui ont beaucoup publié militaient activement pour la libération de la Russie. Elles avaient pour nom ; Les amis de la Russie nationale, l'Entente internationale contre la IIIe Internationale, Pro Deo, etc. Elles expliquaient déjà que l'avenir de l'Europe était étroitement lié au devenir de la Russie soviétisée - ce qui n'était pas si mal vu pour l'époque - alors que le pacte germano-soviétique, Yalta et les euromissiles étaient encore à venir !
Une mention particulière doit être faite pour le témoignage de Joseph Douillet : « Moscou sans voiles ». Cet ancien consul belge à Rostov-sur-le-Don avait été en poste avant et après la révolution bolchevique. Pour lui, aucun doute : la Russie des tsars était infiniment plus libre et plus développée que la « Russie nouvelle ». Joseph Douillet finira d'ailleurs par être interné dans les geôles soviétiques.
Il est amusant de savoir que c'est ce témoignage de Joseph Douillet qui a inspiré le dessinateur Hergé pour son premier album « Tintin au pays des soviets ».
Les grandes BD de la Belle époque
Une autre partie visible de ma bibliothèque est constituée précisément par les livres pour enfants. Livres du début du siècle, d'abord : beaux livres à la couverture polychrome, reliés de percaline rouge, magnifiquement illustrés : Jules Verne, Paul d'Ivoi, Hansi, Job, le colonel Danrit, des illustrateurs et des auteurs dont les noms ont enchanté l’enfance de nos grands-parents.
Au rayon des livres pour enfants, mentionnons aussi un important rayon de bandes dessinées (un millier d’albums), Mais attention : rien de ces productions modernes, au dessin hideux, qui mélangent sans remords le cochon et le sanguinolent. Uniquement de la ligne claire, de l'école d’Hergé, dans leur édition d'origine : Hergé lui même (près d'une centaine d'albums Tintin en noir et blanc et en couleur), Jacobs (Blake et Mortimer) dans la célèbre collection du Lombard à dos dit « peau d’ours » pour les connaisseurs - Martin (Alix, Lefranc), Cuvelier (Corentin) et tous ces héros qui ont bercé l'enfance de ceux de ma génération : Astérix, jusqu'à la mort de Gosciny, Bob et Bobette, Fripounet et Marisette, Oscar et Isidore, Blueberry, Buck Danny, la Patrouille des Castors, tous les héros des journaux Tintin, Spirou, Cœurs Vaillants - Bob Morane, la collection des Signes de Piste, les aventures de Biggles, ne sont plus du domaine de la bande dessinée, même si les couvertures de ces livres sont souvent superbement illustrées. On pense d'abord, bien entendu, aux dessins de Pierre Joubert - mais ce sont des livres,de l'adolescence qui n'ont pas pris une ride, et qui méritent de figurer dans toute bonne bibliothèque, de même que certains classiques du roman policier (Conan Doyle, Maurice Leblanc ou Nestor Burma).
Pour en finir avec la partie visible de ma bibliothèque, je dois avouer le faible nombre d'ouvrages dits de littérature - quelques Musset, Stendhal, Péguy, Flaubert, etc. sans ordre, au hasard des achats, mais toujours dans des emboîtages ou des reliures de qualité. Des auteurs latins et grecs dans la célébrissime collection Budé. Des livres régionalistes sur le Berry. Mais peu de romans en fin de compte. Ceux des amis, plus Marcel Aymé et Jacques Perret. C'est suffisant pour satisfaire un appétit qui, chez moi, est peu développé.
Déplaçons maintenant ces bandes dessinées, ces romans et ces livres antisoviétiques, et découvrons les rangées d'ouvrages habituellement cachés. Voici mon « enfer », ces livres maudits qui ne doivent jamais voir la lumière du jour.
En cet enfer-là….
De quoi s'agit-il ? D'ouvrages politiques, parus sous la IIIe République ou pendant l'Occupation. Ouvrages rares, écrits le plus souvent par des auteurs maudits. Quelques auteurs pioches au hasard : Toussenel, Lucien Pemjean, Jules Guérin, Dutrait-Cruzon, Drumont, Brasillach, Drieu ou Rebatet, pour citer des noms plus connus, Ploncard et Coston (déjà !) De livres et de brochures édités par les ligues antimaçonniques, le Grand Occident, l'Action française, le PPF, les Francistes et toutes sortes d'autres ligues et partis d'avant 14, d'avant 40 ou les années d'Occupation, aux appellations qui sonnent bien à l'oreille.
Ce n'est pas que ces ouvrages conservent un quelconque intérêt politique. Ils ont essentiellement valeur historique. Mais surtout, ils gardent toute la saveur, la verve, la rumeur des combats menés par les droites d'autrefois.
Ce sont des milliers de destins individuels et collectifs qui sont ainsi ressuscites, l'espace d'une lecture : Mores, l'aventurier tricolore, Déroulède, Maurras, le gros Daudet, les Cagoulards, le parfumeur Coty, l'instable Valois, Rochefort et Xavier Vallat, et tant d'autres dont les noms me viennent à l'esprit en se bousculant.
Un grouillement d'humanité, de personnages grands et petits, motivés tous par une passion - parfois exprimée de façon totalement contradictoire - une passion pour la France et les Français.
Tous ces ouvrages ne supportent certes pas la relecture, cinquante ou cent ans après leur parution. Mais ils ont tout de même pour mérite de montrer que, par-delà les générations, l'« homo civicus», « l’homo politicus » reste confronté aux mêmes préoccupations, et finalement, au même enjeu essentiel : cette défense toujours recommencée d'une identité nationale, condition de notre survie collective dans l'espace et dans l'Histoire.
National Hebdo du 28 avril au 4 mai 1988 -
Le XXIe siècle, siècle du déclin européen ?
Tribune de Michel Geoffroy.
La XXIe conférence des ambassadeurs, réunie cet été, avait pour thème « La France puissance d’influence » : un choix bien symbolique qui renvoie à l’ambition de l’Union européenne de jouer les « soft power », posture dont on voit une nouvelle fois les piètres résultats dans la crise syrienne. MG.
Une manipulation sémantique
Le fait d’accoler les termes puissance et influence constitue une manipulation sémantique, comme le concept de « soft power ».
Les puissants sont influents en raison même de leur puissance et de leur capacité de nuisance. Les Etats-Unis et Israël sont donc des nations influentes par exemple.
Par contre, l’inverse se vérifie beaucoup plus rarement : l’influence ne peut produire les mêmes effets que la puissance, en particulier lorsque des enjeux vitaux se trouvent en jeu.
Car il en va de l’influence diplomatique comme des arts martiaux : il s’agit d’un succédané à l’emploi de la force, donc une technique à l’usage des faibles. Il n’y a qu’au cinéma que les arts martiaux triomphent des hommes d’armes : dans la vraie vie c’est un peu différent.
On veut donc nous faire croire que notre influence se maintiendrait quand notre puissance et celle de l’Europe diminuent. C’est une tromperie.
Le déclin européen
Car le XXIe siècle se caractérise, au contraire par la marginalisation rapide et profonde de la présence, de la culture, de la puissance et de l’influence européennes dans le monde : un déclin plus profond, en tout cas, que lorsque Oswald Spengler publia en 1918 son célèbre ouvrage Le Déclin de l’Occident. Car même après les hécatombes de la Grande Guerre et de la révolution communiste, l’Europe possédait encore de nombreux atouts. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Beaucoup de nos concitoyens n’ont cependant pas conscience d’avoir changé d’époque. On leur a, certes, beaucoup parlé de la mondialisation, mais sans en dévoiler la véritable nature.
La mondialisation ne se réduit pas à l’ouverture des marchés ni à Internet, en effet. Elle se traduit avant tout par une profonde modification des rapports de forces entre les continents et les civilisations, comme l’avait analysé, parmi d’autres, Samuel Huntington, dans son livre Le Choc des civilisations : une modification qui s’effectue à nos dépens.
Mais l’oligarchie européenne et française n’a eu de cesse de masquer cette dure réalité, afin de cacher sa propre responsabilité dans le déclin européen. Il est temps d’ouvrir les yeux.
Marginalisation démographique d’abord
Le XXIe siècle se caractérise d’abord par la réduction de la part relative des Européens – c’est-à-dire des Blancs caucasiens, comme disent les Américains – à l’échelle de la population mondiale et cela sur tous les continents, y compris l’Europe où se produit leur « grand remplacement » programmé du fait de l’immigration. La natalité et la fertilité des Européens ne cessent de chuter, au contraire des autres ethnies, y compris aux Etats-Unis.
Or, jusqu’au début du XXe siècle l’Europe restait une zone de forte croissance démographique, dans un monde en général moins peuplé (sauf en Chine et en Inde). L’exemple de l’Afrique est édifiant sur ce plan : hier vaste continent peu peuplé, aujourd’hui bombe démographique.
Ce déclin démographique signifie qu’à l’aune des Nations unies, la voix des Occidentaux se fait déjà et se fera de moins en moins entendre. En outre, le rayonnement d’une culture ne se dissocie pas de la fertilité de la population qui la porte. Comment les Européens peuvent-ils croire au maintien de leur « influence » et de leurs « valeurs » alors que leur régression démographique –tant absolue que relative – est rapide ?
Marginalisation économique ensuite
La croissance économique – c’est-à-dire l’augmentation des dépenses et des richesses globales – n’est plus l’apanage des Européens. La France s’enorgueillit d’un « rebond surprise de la croissance » au second trimestre (Le Monde du 15 août 2013) à… 0,5%. On a les succès que l’on peut !
Mais l’ascenseur social se bloque et les classes moyennes s’appauvrissent, inversant un mouvement bicentenaire, partout en Europe. Sans parler des taux de chômage structurels élevés que connaissent désormais les Européens et qui n’ont rien à envier à ceux de la Grande Dépression des années 1930, même si les systèmes de « traitement social » les masquent en partie.
Mais pendant ce temps les usines tournent en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Inde et encore en Amérique du Nord. On en vient à envier les taux de croissance de l’Afrique !
L’Europe n’est plus dans la course
Comme le soulignait le prix Nobel d’économie Edmund Phelps, ce déclin n’a rien d’accidentel car il recouvre un phénomène culturel plus profond : « L’histoire de l’innovation s’est arrêtée à la fin des années 1960 » en Europe (Le Monde du 29 août 2013), phénomène masqué par la bulle Internet et le développement exponentiel des télécommunications (dont les produits ne sont pas construits en Europe au demeurant).
E. Phelps relève que ces innovations ne concernent en réalité qu’un petit nombre d’industries. Car les grandes entreprises européennes ont axé leur développement sur l’ingénierie financière et la rentabilité à court terme et non pas sur l’innovation. La faible innovation provoque en outre une baisse de la productivité du travail. Il suffit d’ailleurs de voyager en Asie ou en Inde pour se rendre compte qu’il y règne une tout autre ambiance, un tout autre esprit et une tout autre activité que dans la vieille Europe, même si le niveau de vie y est différent.
Les Européens avaient jusqu’au début du XXe siècle le monopole de l’innovation et de la technique : ils l’ont perdu au profit de la côte Est des Etats-Unis, de l’Asie et de l’Inde, qui se trouvent aujourd’hui dans la même situation que le Japon au XIXe siècle. Après la phase d’appropriation – et de copie – des techniques utilisées par les « diables étrangers » viendra celle de leur développement propre et rapide.
Comme hier la marine russe de 1905 se croyait à l’abri dans ses vieux cuirassés poussifs, les Européens vont tranquillement au devant d’un futur Tsushima technologique.
Marginalisation militaire et stratégique aussi
On aborde rarement ce sujet car il est au surplus masqué par l’activisme médiatisé des Occidentaux qui adorent aller bombarder de loin et de haut (on est « chef de guerre » courageux, que diable !), à des fins « humanitaires », des pays souverains mais démunis des moyens de riposte, sous l’œil attendri des caméras.
Mais le recours aux armes hightech et aux drones ne modifient pas durablement les données de la géopolitique et de la puissance, d’autant que le reste du monde s’en dote à son tour rapidement, comme le montrent la prolifération nucléaire ou celle des forces navales.
Plutôt que d’interroger les candidats à l’élection présidentielle française sur le nombre de nos sous-marins, il serait plus judicieux de leur demander de citer les armements dont dispose le reste de la planète, y compris sur le pourtour de la Méditerranée ! Mais les autruches préfèrent regarder ailleurs…
Les mains molles
Car plus que les armements, c’est la volonté et la détermination de les utiliser qui compte finalement. Or l’Union européenne ne sait pas se décider sur des enjeux vitaux. Elle reste à la remorque de tous les événements car elle cumule tous les inconvénients : une multiplicité d’Etats et un « machin » bureaucratique central qui détruit toute souveraineté sans la remplacer par quelque chose de solide.
En outre, qui, en Europe, voudrait mourir pour la Commission européenne ? ou pour le droit à l‘avortement et le mariage des homosexuels ?
Il n’y a pas plus de martyrs européens qu’il n’y a de guerriers européens, à quelques rares exceptions près : seulement des professionnels en uniforme qui considèrent maintenant le combat comme une sorte d’accident du travail qu’il conviendrait que le commandement empêche (cf. la plainte déposée par les familles des victimes françaises de l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan contre… la hiérarchie militaire).
Car les jeunes Européens ont désappris le sens du sacrifice et le métier des armes. On confie la défense désormais à des armées mercenaires car composées d’une part croissante issue des « minorités ». Les Européens n’osent même plus dire qu’ils font la guerre.
Rongée par l’individualisme, l’hédonisme, la repentance et la loi de Mammon, la génération européenne Peace and Love actuellement au pouvoir n’a en réalité plus rien à défendre sinon sa médiocre existence.
Il n’est que d’entendre les lamentations des bisounours européens devant la façon dont évolue la crise en Egypte pour se rendre compte de leur impuissance ridicule. Mon dieu, les militaires égyptiens ont violenté les islamistes en les expulsant de la Mosquée ! Mon dieu, le sang a coulé ! Peut-être, mais les islamistes paraissent mis hors d’état de nuire alors qu’ils prolifèrent en Europe.
Machiavel n’est plus italien mais égyptien, manifestement…
Marginalisation morale enfin
Les Européens ne savent pas non plus qu’ils se sont isolés du reste de la planète en se cramponnant à ce qu’ils nomment leurs « valeurs », un sport dans lequel l’oligarchie française excelle.
Les Européens présentent ces valeurs comme universelles mais de moins en moins de terriens les partagent ! D’ailleurs les Européens se révèlent déjà incapables de les faire respecter dans leurs propres banlieues et ils voudraient les imposer à toute la terre !
Car c’était une chose de prétendre incarner des « valeurs » et des « immortels principes » quand on possédait, seul, des canons et des machines à vapeur, c’est-à-dire quand l’idéologie s’accordait avec le nombre et la puissance. Mais lorsqu’on devient minoritaire, curieusement, le caractère « universel » desdites valeurs n’apparaît plus. Comme c’est bizarre…
Des valeurs méprisées
En fait, les valeurs que les Européens présentent toujours comme « universelles », pour se rassurer, sont incomprises par la majorité des terriens.
Par exemple, notre laxisme pénal étonne parce que la plupart des pays autres qu’européens punissent sévèrement les voleurs, les criminels et les délinquants, ce qui en général les dissuade de recommencer, n’en déplaise à Mme Taubira. Ils ne comprennent pas notre attitude bienveillante vis-à-vis de la drogue et des drogués. Pas plus qu’ils ne comprennent que nous gardions si mal nos frontières et notre nationalité : partout ailleurs qu’en Europe la police des frontières et les douaniers font leur travail scrupuleusement, même et surtout dans les pays touristiques. Ni que nous dégradions nos écoles et nos universités, alors qu’ailleurs on les respecte et que l’on conçoit l’accès au savoir comme un privilège.
Ils ne comprennent pas non plus notre lubie du mariage homosexuel, comme le montre le fait que la France ait dû renoncer à engager la révision des conventions matrimoniales la liant avec des Etats qui ne reconnaissent pas l’homosexualité comme un droit. Bref, ce mariage ne sera pas « pour tous », ce qui en dit long sur la réalité de la « puissance d’influence » dont se targue tant notre oligarchie ! Que dire aussi de la façon dont les pays musulmans et africains perçoivent notre féminisme obsessionnel…
Incomprises, ces valeurs apparaissent d’autant plus insupportables quand les Européens les invoquent pour s’ingérer dans la politique des Etats voire les agresser militairement. Et les militaires occidentaux de s’étonner de ne pas être accueillis en libérateurs dans ces pays !
Ces valeurs ne provoquent plus l’envie comme au XIXe siècle, mais au contraire le mépris : le mépris que l’on a pour la jobardise des Européens si généreux vis-à-vis de tous les étrangers, le mépris pour une Europe d’autant plus portée sur la « moraline » qu’elle est impuissante, le mépris que le tribunal de l’histoire a toujours eu pour les peuples décadents.
Europe, réveille-toi !
On pourrait multiplier les exemples de la dégringolade de l’Europe, mais rien n’y ferait.
Une conclusion s’impose : s’ils veulent continuer d’exister dans l’histoire, les Européens doivent percevoir le XXIe siècle comme un défi à relever et non pas comme la morne fatalité d’un déclin repeint aux couleurs du triomphe des « valeurs universelles ». Les bisounours officiels se trompent et nous trompent : le XXIe siècle sera dur et non pas « soft » pour l’Europe.
Beaucoup d’Européens ressentent les choses comme cela et enragent de voir dans quelle impasse l’oligarchie, l’œil dans le rétroviseur, les conduit.
Il est temps qu’ils se mobilisent pour réveiller la belle en dormition, avant qu’il ne soit trop tard.
Michel Geoffroy, 4/09/2013
http://www.polemia.com/le-xxie-siecle-siecle-du-declin-europeen/