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culture et histoire - Page 1817

  • Croire, obéir et combattre

    Cette semaine, j’ai réussi à réveiller la conscience d’un ami sur certaines réalités. Pas toutes les réalités, mais disons certaines réalités assez dérangeantes. Ce n’était pas une tâche facile, loin de là. L’esprit humain a une capacité de résilience énorme lorsqu’il est bousculé. En abordant des sujets épineux, je percevais dans son regard troublé comme une sorte d’angoisse existentielle mélangée à de l’espoir mystique. À travers lui, je me revoyais, quelques années plus tôt, avec le même regard, et cela apaisait mon âme. Mais pas le temps de me reposer sur mes lauriers, car la marche de l’histoire n’attend pas. Pour quelques brebis sauvées, combien de vaines paroles perdues dans le désert ?

    Gare à l’autosatisfaction primaire, le militant nationaliste n’est pas un prophète. Pas encore. Il n’en a pas le pouvoir, et pourtant devenir prophète doit être notre objectif. Nous sommes tout au plus une lanterne légèrement plus éclairée que les autres, qui tente, avec ses maigres moyens, d’étendre la portée de sa lueur. Notre but doit être tourné vers la recherche de la perfection et la propagation de la Vérité.

    Ce constat m’a fait réfléchir sur la complexité de la psychologie humaine. Je ne vais pas vous parler ici de la psychologie moderne déviante des coreligionnaires de Freud. Ce genre de procédé finit toujours par les mêmes conclusions. À savoir qu’au final on vous ressort la même réplique rédhibitoire, qui consiste à faire croire aux individus, qu’ils veulent inconsciemment pénétrer leur parent de sexe opposé, pour mieux tuer celui de leur propre sexe. Navrant de stupidité. Et dire que ces préceptes sont à la base de la psychologie moderne et gonflent abondamment les portefeuilles de ces gourous malicieux que sont les « psys ».

    Ici s’arrête ma digression. Je vais être plus consensuel. L’idée est juste d’établir une sorte de classification, volontairement simplifiée, des différentes catégories psychologiques dans lesquelles s’enferment les hommes. Le but est simple : combattre plus efficacement nos deux principaux ennemis que sont le déni et l’ignorance.

    Vous êtes arrivé sur cet article avec vos convictions, vos doutes, votre expérience et vos connaissances. Lorsque l’on prétend chercher la vérité, il convient généralement de se servir de ces attributs (peu importe qu’ils soient des forces ou des faiblesses, seule la volonté de s’améliorer importe) pour augmenter son érudition. La mauvaise méthode consiste à s’appuyer uniquement sur ses acquis, ou à nier une évidence qui pourrait raviver nos doutes, ou nous plonger dans une situation intellectuelle inconfortable. Aussi, je ne peux que conseiller au lecteur que vous êtes, d’essayer au maximum de faire le vide dans son esprit. Ce n’est pas une chose facile, j’en conviens, mais c’est primordial.

    De la même manière, prenez aussi en compte que votre interlocuteur n’est pas forcément aussi ouvert que vous l’êtes. Beaucoup de personnes sont prêtes à refuser des réalités criantes pour conserver leur confort intellectuel ou leur routine. Les gens ne se remettent pas en question, ou très peu. Quelle hérésie de croire que l’autre est prêt à douter, pour caresser un espoir de vérité, diront certains.

    À vrai dire, que ce soit lors d’échanges privés, de correspondances diverses ou même de débats sur des réseaux sociaux, j’ai pu répertorier grossièrement 3 types de personnalités typiques. Il en existe bien d’autres.

    Le premier type d’individu est celui qui ne se pose aucune question. De nature individualiste et égocentrique, il se complaît dans son train-train quotidien et ne cherche simplement qu’à jouir comme il peut de l’instant présent. Lorsqu’il est amené de force à un débat qu’il aurait volontiers refusé, il répète machinalement les dogmes de la pensée unique. Il prêche aveuglément sans prendre le temps de mesurer la portée de ses paroles ou privilégiant la passion à la raison. Pour information, l’attitude qui consiste à faire passer son cœur avant son cerveau est le terreau fertile sur lequel repose le sophisme destructeur.

    Qu’on se le dise, la proportion de ce fragment de la population n’est pas aussi élevée que ce que l’Engeance voudrait nous faire croire. Verre à moitié plein ou verre à moitié vide, notre perception des choses ne dépend que de notre pugnacité à vouloir inverser la tendance. Pour être parfaitement honnête, j’affirme sans aucun détour, ni aucun calcul, qu’une orientation guidée vers les contradictions énormes qui pullulent dans ce système pourri, peut suffire à bousculer leurs consciences. D’ailleurs, au départ, ne sommes-nous pas tous passés par cette étape douloureuse avant d’entrevoir la lumière ? Je ne connais personne qui, dès la naissance, a eu le culot d’affirmer connaître tous les pièges que nous tend l’Engeance. Le Système tente de nous décourager et de nous faire croire que notre extinction est une fatalité immuable. Pourtant, ôter les masques est possible, puisque nous l’avons fait. Là où il y a une volonté, il y a un chemin.

    Le second stéréotype, plus rare, mais très dangereux, est celui de l’éclairé calculateur. Lui a compris les pièges qui découlent du Système, par expérience ou par intelligence. Son vécu l’a poussé à reconsidérer ses positions, non dans le but de parfaire son érudition, mais pour profiter malicieusement des failles d’un système, uniquement à des fins personnelles. Comprenant que, dans son intérêt matériel, par volonté de conserver son intégration sociétale ou par aspiration d’une élévation sociale, il est préférable de tenir des faux discours ou de répandre des semi-vérités (donc des semi-mensonges), il ne cherche surtout pas à détruire les inepties républicaines, car il en vit. Il pousse parfois le bouchon jusqu’à se présenter comme un dissident intellectuel persécuté, galvaudé par le surplus d’égo que lui procure le fait de se présenter comme rebelle, alors même que sa doctrine n’est en rien anticonformiste. Il s’agit au mieux d’une façade éphémère destinée à attirer les égarés non avertis, ou, au pire, d’un conformisme politique avoué, destiné à rehausser son désir de respectabilité. Inutile de dire qu’il est pratiquement impossible de raisonner ces derniers. Ils n’agissent que pour leurs aspirations personnelles et sont prêts à valider toutes les compromissions, même les plus folles, afin de prolonger leur présence publique agréable.

    Le troisième et dernier comportement est de loin le plus intéressant. Je veux bien sûr parler de l’homme érudit et intègre. Lui, ne cherche pas à satisfaire ses envies personnelles ou à briller sur les plateaux de télévision. Seule la quête éternelle de la Sainte Vérité le préoccupe. Et c’est cette force qui l’a amené à démystifier les attrape-nigauds déversés volontairement par le pouvoir, sur la route qui mène à la connaissance. La perfection n’étant pas de ce monde, il se peut tout de même qu’il n’ait pu éviter, dans son passé, de glisser sur toutes les peaux de banane qu’on lui a jetées. Mais, à chaque fois qu’il s’est rendu compte de la supercherie, il a pris ses distances.

    C’est la catégorie à laquelle nous devons tous aspirer, si ce n’est pas encore le cas. Si vous êtes sur propagandes.info, c’est probablement votre cas. En effet, il n’y a rien à gagner physiquement en adoptant une doctrine radicale et pure. Les seules récompenses que récoltent généralement les plus intègres sont les diffamations, les coups et le mépris. Tel est le prix de la réelle dissidence. Mais de ces considérations ils n’ont que faire, puisqu’ils savent qu’ils sont dans le vrai, ou très proche de ce dernier.

    Lorsque l’on pense appartenir à cette catégorie, il est de notre devoir de tout faire pour élever au maximum son niveau de conscience ainsi que celui de son entourage, tout en gardant une humilité exemplaire. C’est d’ailleurs la maxime qui anime l’Œuvre Française : « militer est un devoir au service de notre idéal ». Ne dit-on pas qu’il n’y a rien de plus dangereux pour le Système qu’un homme sûr de ses convictions ?

    C’est aussi la position que partage Hervé RYSSEN dans son dernier ouvrage de très grande qualité, La Guerre eschatologique. Et puisque l’on parle de son essai, notons aussi que l’auteur explique pourquoi il est important de garder les pieds sur Terre. Je m’explique. Il met judicieusement en garde ceux qui pêchent par excès d’orgueil ou par frustration et qui traitent avec mépris ceux dont le niveau est plus modeste, voire carrément faussé. Voici un court extrait de sa pensée qui force le respect :

    « Tous les espoirs sont permis, à condition d’avoir une foi absolue dans la victoire. Dans cette perspective, le mitant nationaliste n’est pas un « initié » qui « médite » seul en « haut des cimes », mais un prêtre, dont le devoir est d’aller au peuple, d’instruire le peuple, de trouver dans le peuple celles et ceux qui vont comprendre le monde, rayonner autour d’eux et marcher avec nous en entraînant les autres. Il est certes beaucoup plus simple de mépriser son prochain que de l’affranchir de ses servitudes. Mais nos compatriotes méritent un peu d’indulgence : ce ne sont que des pauvres goys trompés par une propagande insidieuse et omniprésente, et non pas des « veaux » comme on l’entend trop souvent, dans la bouche de tous ceux qui ont déjà renoncé à la victoire. » (1)

    Je sais combien il est difficile des fois de garder la tête froide, surtout lorsque l’on se confronte au déni le plus évident. Moi-même, je l’avoue honteusement, mon manque de patience m’a amené à adopter la mauvaise réaction (que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre). Pourtant, il est de notre devoir de multiplier en toutes circonstances les révolutions intellectuelles, aussi difficile que cela soit à mettre en œuvre.

    Je voudrais terminer là-dessus, car c’est peut-être ça le militant parfait : inaltérable dans sa soif de perfection, intraitable sur les principes, infatigable dans sa volonté de convaincre. C’est peut-être aussi la solution à une énigme dont un internaute m’a fait part il y a quelques jours. Pour replacer dans le contexte, mon interlocuteur, conscient du fait que les Européens disparaîtront dans peu de temps si rien n’est fait, me demandait de choisir entre deux positions : agir dans la hâte ou prendre le temps de planifier. Ma réponse l’a quelque peu étonné. Je lui ai répondu : « les deux ! ». Puisque nous ne pouvons rien contre la course du temps, déployons toutes nos énergies et nos forces pour utiliser ce temps précieux au service de notre idéal. Soyons des soldats politiques parfaits, formés idéologiquement, présents sur le terrain et dans les consciences, partout où nous le pouvons. À ceux qui tremblent devant le fait qu’une journée ne dure que 24 heures, cessez de contempler passivement la course du sablier. Utilisez votre âme et vos tripes pour faire qu’à chaque grain de sable écoulé, cela se concrétise par une victoire pour la Cause. Si chacun adopte cette stratégie, notre idéal triomphera vite et avec un éclat sans précédent.

    Haut les cœurs ! La victoire est à portée de main. Tout ce que nous avons à faire, c’est la saisir !

    Pierre Petrus http://pierrepetrus.wordpress.com/

    (1) Hervé RYSSEN, La Guerre eschatologique, Éditions Baskerville, p.175.
    Si vous désirez le commander, voici le lien : http://herveryssen-leslivres.hautetfort.com/. Il s’agit du livre le plus radical et le plus authentique du moment. Un vrai régal !

  • Mieux vaut en rire ! : ne dites plus... mais dites....

    ane-qui-rit.jpgIls sont 85% dans les médias, les journalistes "de gauche et d'extrême gauche"; ils ont inventé leur sabir, leur nov'langue, alors, pour les comprendre, apprenez à parler (!) comme eux ! On ne disait déjà plus "un aveugle " mais un mal voyant, un "sourd" mais un malentendant,  un "handicapé", mais une personne a mobilité réduire, une caissière, mais une hôtesse de caisse, un balayeur mais un technicien de surface etc... Mais maintenant...
    * Ne dites plus ... "clandestin" mais "candidat à l'immigration" (Figaro)
    * Ne dites plus ... "Gitans, rôdeurs, Monte en l'air", mais "gens du voyage" (Tous les médias)
    * Ne dites plus ... "clandestin, immigré illégal, ni même sans-papiers", mais "privés de papiers" (La Dépêche)
    * Ne dites plus ... "quartier à majorité immigrée" mais "quartier populaire" (Tous les médias)
    * Ne dites plus ... "crimes, agressions, violences" mais "actes de délinquance", "incivilités", "bêtises" (Le Parisien) ou "faux-pas" (France 2), et plus récemment "les inconduites" (CNRS)
    * Ne dites plus ... "émeutes" ou "guerre des gangs" mais "incidents" (Partout)
    * Ne dites plus ... "immigration" mais "mobilité européenne" (Frattini, commissaire européen)
    * Ne dites plus ... "bandes" mais "identités de quartier" (LCI.fr)
    * Ne dites plus ... "Des bandes de noirs et d'arabes" mais "Des jeunes qui se regroupent souvent sur des considérations ethniques"
    * Ne dites plus ... "enfants d'immigrés" mais "enfants issus de familles d'éducations éloignées"
    * Ne dites plus ... "attraper les voleurs" mais "lutter contre les délits d'appropriation" (Midi Libre)
    * Ne dites plus ... "des vauriens font des graffitis" mais des "graffeurs habillent la ville de couleurs"
    * Ne dites plus ... "un voyou notoire" mais "un individu défavorablement connu de la justice"
    * Ne dites plus ... "mosquée" mais "centre culturel et religieux"
    * Ne dites plus ... "fusillade" mais "bagarre par balles" (TF1)
    * Ne dites plus ... "invasion" mais "excès d'immigration" (Claude Guéant, notre ministre de l'intérieur)

    * MAIS SURTOUT, ne dites plus "un Français attaché à son Pays, à sa Culture, à ses Traditions et Fier de son Drapeau" ... mais dites " un RACISTE  " ...

    Et, si possible, avec un "sale", devant, ce sera encore plus apprécié chez les bobos/gauchos/trotskos....

    http://lafautearousseau.hautetfort.com
  • Un nouveau livre sur Vercingétorix, réhabilitant le chef gaulois

    tumblr_inline_mpd0s5KaFs1qz4rgp.jpgIl vient de sortir aux éditions Ellipses. 528 pages, 24,4 €, disponible ici.

    La 4e de couverture est explicite :

    « Alésia, 52 av. J.-C. Un pays se soulève à l’appel d’un jeune homme. Moins de dix mois de lutte. La réussite, si proche… et la célèbre reddition du vaincu.
    Les études sur Vercingétorix et César sont nombreuses. Pourtant la controverse actuelle sur l’emplacement d’Alésia pourrait remettre en cause bon nombre d’idées reçues sur le jeune Arverne. Entre les tenants de l’Alésia bourguignonne (Alise-Sainte-Reine) et les défenseurs d’une Alésia jurassienne, une âpre guerre s’est déclenchée.
    Il ne s’agit pas là d’une simple affaire de spécialistes car l’appréciation que l’on peut porter sur Vercingétorix est intimement, absolument, irrévocablement liée à la question de l’emplacement d’Alésia. Dès lors qu’il n’est plus gibier mais chasseur, Vercingétorix acquiert une autre envergure, ses desseins une autre profondeur, sa lutte juvénile et généreuse une plus grave autorité. Et ce nouveau personnage mérite la découverte.
    Dans un style alerte et savoureux, l’auteur examine une à une les pièces du dossier, en commençant par une relecture attentive de la Guerre des Gaules confrontée à des observations géographiques, archéologiques et stratégiques. Elle nous livre la biographie d’un Vercingétorix audacieux, énergique et fin stratège, qui aurait pu vaincre Rome. »

    http://www.contre-info.com/

  • LE PHILOSOPHE, LE VOYOU ET LE LEGIONNAIRE

    Un parallèle risqué est-il possible ?
    Michel Lhomme*
    Ex: http://metamag.fr/
    "Le guerrier est grand non parce qu’il tue, mais parce qu’il meurt. Ou parce qu’il sait qu’il va mourir et y consent, et que ce n’est pas si simple que cela, d’accepter de mourir".
    Charles Péguy.
    Pour trop d’éducateurs formatés, il y aurait une incompatibilité entre l’institution militaire et l’enseignement philosophique et l’image commune de l’enseignant de philosophie demeurerait celle d’un libertaire crasseux ou d’un anarchiste névrosé, réprouvant l’ordre et la discipline et enseignant à ses élèves la révolte et l’insoumission. Pourquoi ?
    La philosophie en appelle à la pensée et comme aimait à le répéter le vieux radical Alain, "penser, c’est dire non". On imagine le philosophe nihiliste, ami des délinquants et copain des voyous. Disons-le de suite, au risque de déplaire, il y a un peu de vrai dans l’image. Le premier acte mythique d’Apollon, dieu de la parole, fut de cracher dans la bouche de son premier devin. L’attitude philosophique consiste à s’arrêter en face de faits qui vont apparemment de soi et à les remettre en question.
    Remettre tout en question, ce n’est pas, on le comprendra aisément, la tasse de thé des officiers, fussent-ils anglais, comme des policiers d'ailleurs ! Le nouvel enseignant de philosophie qui débarque dans un lycée militaire, semble demeurer une source d’inquiétude pour son proviseur. Pourtant, on imagine mal s’en prendre dans les lycées à la philosophie alors que tout à l’extérieur conspire à anéantir l’esprit critique des étudiants. La philosophie risque même d’être, dans le désarroi général des pédagogies de la compétence, des psychologies de la résilience, et des accompagnements personnalisés, le seul espace, l’unique espoir de stimuler le désir d’en savoir plus, par l’aiguillon de la parole et le retour sur soi, une primitive méditation qui ferait découvrir, au seuil de chaque classe franchie, l’émerveillement de l’intellect et la stupéfaction de la connaissance. Une fois sorti de la tourmente de l’interrogation et du refus, le regard du jeune sceptique s’illumine en comprenant que toute l’éducation ne vise qu’à bien savoir conduire sa vie, à faire percevoir ce que nous sommes destinés à devenir, à combattre.
    On pourrait rédiger une longue étude sur cette puissance formatrice de la formation littéraire classique, mise au sommet de notre éducation au moment précis de la déthéologisation révolutionnaire. Pour instaurer l’école laïque, on introduisit l’enseignement philosophique comme une rhétorique moralisatrice qui prétendait se substituer à la religion. Une éloquence conceptuelle supplanta l’éloquence jésuitique devenue trop littéraire et latine. Les professeurs de philosophie endossèrent alors sans le dire le manteau des grands prédicateurs et des grands prêcheurs pour éduquer et moraliser les apprentis citoyens.
    Pourtant, face à face, sur l’échiquier de la vie et au fond de la classe, on retrouvait, souvent, côte à côte le voyou et le futur légionnaire. Le voyou se plonge dans le refus et la négation parce qu’en réalité, il n’acquiesce qu’à lui-même. Le légionnaire se sacrifie, il passe Noël loin des siens et même pour certains, - requiescat in pace, pax animae suae - ne finissent pas l’année parce qu’ils obéissent sur le front en se refusant à eux-mêmes. Le voyou et le légionnaire posent le plus fort des dilemmes qui se pose à un homme : devons- nous supporter ou nous surmonter et comment ? Par les sens, ou par la transcendance ? En fait, nous n’avons rien d’autre à tester que cette double possibilité : peser et penser par les sens ou par la transcendance ! Supporter ou se surmonter comme méthodologie de la liberté, doigt militarisé sur la couture du pantalon avec le sens canaille de la magnanimité et de la gâchette ou l’esprit rebelle du règlement de compte au pied d’une barre d’immeuble désaffecté de Marseille.
    Le travail philosophique est artisanal.
    Il n’a rien du professionnalisme des armées. Pour le voyou, la philosophie n’apporte rien d’autre que l’art de retrouver la bonne voie, la rectitude c’est-à-dire la joie même du refus initial. Cette notion de liberté fondamentale qu’est la liberté de vouloir est le plus souvent un mot galvaudé. Généralement pour l’homme non-philosophe, la « vraie » liberté, celle qui a un sens, c’est l’ensemble des libertés d’agir. Et, l’éducation n’est devenue justement que cela, une somme de libertés d’agir, de revendications stridentes, de droits affichés au détriment des devoirs, des politiques éthiques construites au gré de lois mémorielles qui muent les oublis en délits véritables ? Quand allons-nous enfin nous « surmonter », apprendre à chevaucher des cavales rétives et des étalons sauvages, réentendre le bruit de sabots d’une horde de chevaux qu’on rentre au haras, après un pari européen victorieux ?
    Dans ses Principes de la Guerre, le maréchal Foch écrivait qu’"être discipliné ne veut pas dire encore se taire, s’abstenir ou ne faire que ce que l’on croit pouvoir entreprendre sans se compromettre, l’art d’éviter les responsabilités, mais bien agir dans le sens des ordres reçus, et pour cela trouver dans son esprit, par la recherche, par la réflexion, la possibilité de réaliser ces ordres ; dans son caractère, l’énergie d’assurer les risques qu’en comporte l’exécution" (Maréchal Foch, Des principes de la guerre, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1903, p. 94).
    Le voyou, la caillera qui fuit la peur au ventre avec son scooter dans les parkings de la cité pour échapper aux flics après un larcin, le militaire engoncé dans son char ou son matériel sur une route cabossée et poussiéreuse de Kapisa, connaissent quelque chose de la vie, cette correspondance si étroite entre le corps et l’âme, ce mariage si problématique qu’on ne saurait sous la peau distinguer l’un de l’autre puisqu’il faut bien, au final, ramener l’âme au corps comme on ramène à la caserne son camarade blessé pour lui sauver la peau, oui, et, risquer sa peau. Dans la peur, le jugement se perfectionne et l’âme se raffermit. Quand le choc des armes brise le corps et paralyse les membres, la raison chancelle, l’esprit et la langue s’embarrassent. Tout s’affaisse à la fois et manque sa cible.
    La philosophie n’enseignerait que la force du refus et mesurerait par cette force de résistance aux penchants du corps les degrés variables de la qualité des âmes. C’est l’image d’Alexandre le Grand : à la traversée d’un désert, l’empereur macédonien, mourant de soif reçoit un casque plein d’eau. Boire, tremper ses lèvres, avaler une gorgée, tel est le désir d’Alexandre le plus naturel et le plus pressant. Or, Alexandre ne boit pas, ne boira pas. Il n’aura pas l’indécence d’étancher sa soif devant son armée, tout autant assoiffée que lui. Il est empereur et seul peut être autorisé à gouverner celui qui se gouverne lui-même. Ce fut d’ailleurs la leçon indirecte de l’affaire DSK : la providence écarte naturellement l’homme injuste. Alexandre s’interdit de boire car il sait qu’on ne peut pas légitimement demander aux autres plus qu’on ne se demande à soi-même. Ainsi, Alexandre, formé par Aristote, peut-il être conducteur d’hommes, ainsi pourra-t-il obtenir d’eux le courage de marcher malgré les affres de la soif et de la chaleur, des vapeurs et des mirages du désert. Le geste d’Alexandre force l’estime des soldats mais aussi l’estime qu’Alexandre peut avoir pour lui-même. Dans ce déploiement de la force d’âme formée philosophiquement, l’empereur fait resplendir les valeurs morales au nom desquelles s’effectue la vertu. Alexandre, c’est la vertu du légionnaire.
    Reste la racaille, la "caillera", la petite frappe, le bouffon. Il se laisse aller, il n’est heureux ou malheureux que selon que les choses qui lui surviennent, selon qu’elles sont, pour lui, agréables ou déplaisantes. Il a l’esprit du système du corps pas celui de corps. Finalement, il est conformiste dans l’art du consommable malgré la force de refus que nous avions cru pouvoir déceler en lui un peu plus tôt, au début, lorsqu’il se mettait au fond de la classe. On comprend que tous les hommes ont cette force de refus mais que tous n’ont pas le même courage et n’en font pas du tout le même usage. Il y a ceux qui l’exercent avec droiture et ceux qui, par lâcheté ou pour n’avoir pas reçu d’enseignement philosophique, manquent d’âme. On n’a pas par nature une âme de lâche ou de courageux mais on fait preuve dans l’acte de courage ou de lâcheté. Et cela ne va pas sans une éducation nécessaire de la volonté, sans l’apprentissage par des exercices spirituels et moraux.  La volonté n’est pas un effet de mère nature mais elle est une conquête de la volonté raisonnable et réfléchie, une conquête intellectuelle par l’action et pour l’action. En ce sens, la formation philosophique de l’âme est pragmatique et non pas imaginaire, comme si elle aurait pu être, telle la position critique et bien naïve des déconstructeurs postmodernes, qu’un rapport imaginaire à soi-même, l’effet d’affects morbides ou le résultat de stratégies sociales de pouvoir, acharnées à discipliner et à réprimer l’énergie désirante.
    L’expérience du philosophe, du voyou et du légionnaire est une attention équivoque au terrain des expériences de la vie, à toutes ces expériences bigarrées qui ne se vivent que comme un affrontement de tensions contradictoires, de déchirements internes entre des postulations opposées, horizontales ou verticales, descendantes ou ascendantes. Tout homme parce qu’il a forcément, un jour, un peu trop bu, a eu l’expérience de ce genre de débat interne, il a connu les affres du désir et c’est peut-être pour en rendre compte que toute une tradition orale et vivante de la transmission philosophique ne cesse de se dérouler, dans certains cours, à la fois comme une transmission psychique et une tradition somatique. Concevoir le vrai de l’homme dans l’unité de forces physiologiques contradictoires, de dimensions psychiques hétérogènes résumerait alors en soi tout le projet philosophique. Mais alors comment puis-je être à la fois le voyou et le légionnaire, celui qui a soif et celui qui s’interdit de boire, celui qui s’irrite et celui qui garde son sang froid ? Il y a là, pour le philosophe et l’officier commandeur d’hommes, une étrangeté typique de l’humanité. De fait, sous l’empire de la soif, l’animal boit ou meurt ; sous l’empire de la peur, il fuit. Le courageux, au contraire, met en œuvre une force qui domine la peur, contrôle le tremblement nerveux et s’avance fermement au devant du danger, fut-il légal ou illégal.
    Finalement, le voyou  incarne, par son absence de contrôle, la figure déchue du commerçant, le légionnaire, celle noble du guerrier, du templier fondateur d’empires européens.  Le philosophe porte trace du clerc célibataire et inutile, dernier témoin de l’école de la discipline civique, bouclier ultime contre la rébellion que la "caillera", au contraire du légionnaire, n’hésitera pas à poignarder, dans une scène hallucinée, comme un pistolet pointé contre tous les manuscrits en menace de l’agonie littéraire. L’agonie, l’agôn, le mot signifie, originellement, lutte et combat. Ce peut être un combat hilarant mais aussi un ring déchirant contre les mots et les choses qui s’enfuient. La leçon du voyou et du légionnaire : il n’y a pas de compréhension possible du monde ;  il n’y a qu’un usage sans cesse recommencé et aléatoire du monde. La connexion entre les deux ne tient que de l’antagonisme, dans l’aveuglement du rêve qu’ils poursuivent gaiement.
    Le philosophe souffre parfois de terribles maux de têtes. Il ne peut ni dormir ni écrire, expérimentant pendant quelque temps la douleur de l’incompréhension de nombreux textes à déchiffrer. Cette douleur mentale, faite aussi de migraines médicales, lui permet de parvenir à séparer sa tête de soi-même. Platon, Hegel et Marx ont souvent ironisé sur cette tête à l’envers du penseur mais cette douleur devient indissociable de ce qui lui arrive dans la vie comme une sorte d’instinct paranoïaque. Le voyou exhale dans le crime une forme de puissance alors que la meilleure chose à faire est de s’offrir à l’action aussi pure que possible.
    Nous ne saurions pardonner à toute la classe politique d’avoir engendré de la boue pour des générations à venir. La rébellion et le sacrifice sont des distorsions mais ils continuent de tenir du beau et du vrai alors que les politiques ne produisent que du chagrin, de la déception, de l’injustice et de la cruauté. En face, la philosophie est militante dans son exigence à la fois héroïque et sacerdotale de poser la destinée humaine comme ouverte et tragique.
    *Professeur de philosophie
    Ce texte de notre collaborateur a été publié sur le site "Théatrum Belli"
    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Un récit parvulesquien par Georges FELTIN-TRACOL

    Arnaud Bordes anime avec brio les excellentes éditions Alexipharmaque dont la production d’ouvrages constitue toujours une belle administration de contre-poison idéologique aux toxines mortifères installées dans nos esprits. On sait moins que c’est aussi un écrivain de grand style, un romancier influencé par l’ambiance fin-de-XIXe siècle et le romantisme gothique. Déjà auteur de quatre romans, le voici qui vient de publier chez Auda Isarn, la maison d’édition du camarade Pierre Gillieth, Pop Conspiration.

    Le faible nombre de pages de cette histoire n’en fait pas un roman. S’agisserait-il plutôt d’une nouvelle ? Pas exactement, à moins que cela soit une longue nouvelle… C’est en réalité un kaléidoscope de points de vue, d’impressions instantanées, de personnages à différentes dates (le récit délaisse toute chronologie stricte). La plupart se préoccupent d’une jeune fille de mère normande et de père roumain, ancien militant de la Garde de fer de Codreanu, Annemarie Pop, née sous le signe du Scorpion, qui se révèle être une terrifiante meurtrière.

    Oui, Annemarie Pop tue, mais en service commandé, car elle obéit à une très antique organisation secrète, Murcie, à laquelle appartinrent jadis Jeanne d’Arc, Rabelais, le duc de Guise, Henri IV, Louis XIV, Simon Bolivar, Louis-Auguste Blanqui, Charles de Gaulle… Depuis des temps lointains, Murcie affronte une autre organisation secrète, Morvan, dont les membres les plus brillants s’appellent les Albigeois, Jean Calvin, Ulysse S. Grant, Léon Trotski, Winston Churchill ou Nikita Khrouchtchev. Ces deux entités cachées, qui combattent pour le contrôle du monde, sont parfois désignées sous le terme générique de Ménestrels.

    Après un Moyen Âge dominé par Murcie, Morvan « en ce XXe siècle, l’emporte. En deux guerres mondiales, il a réussi à liquéfier – à tous les sens du terme – l’Europe, lui substituant l’Occident, qui en est le spectacle, la hantise (pp. 47 – 48) ». Pis, dans ce recul général, Murcie doit aussi compter avec la défection de l’agent d’élite Pop ! Si elle n’a pas rallié Morvan, ce qui aurait été impensable, elle préfère suivre son propre destin, fatal à coup sûr parce qu’elle devient un obstacle qu’il faut éliminer.

    En ces quelques lignes brièvement résumées, on relève l’ascendance intellectuelle marquée du théoricien de la guerre occulte, Jean Parvulesco, sur Arnaud Bordes. Jean Parvulesco ! Après avoir longtemps intégré dans ses romans les personnes réelles qu’il rencontrait, il était justifié que ce partisan de l’Empire eurasiatique de la Fin devînt lui aussi un personnage de fiction. Il apparaît donc dans un des courts chapitres du livre, en pleine opération hautement clandestine à visée géopolitique majeure…

    Dans Pop Conspiration, l’ami Bordes montre qu’il ne mésestime pas la géopolitique mystique du Puy-en-Velay, carrefour géomancique entre l’antique château solaire voisin des Polignac, La Chaise-Dieu, l’énigmatique massif du Mézenc et l’étrange plateau du Vivarais – Velay. La préfecture de Haute-Loire célèbre, une fois par an fin septembre, le Roi de l’Oiseau. C’est aussi l’un des points de départ du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle possède enfin une magnifique cathédrale romane de style byzantin qui accueille une mystérieuse Vierge noire. Non loin de la basilique se dresse sur un piton d’origine volcanique l’église Saint-Michel d’Aiguilhe dont les couloirs inconnus conduiraient à une des écoles de formation de Murcie. Or, pendant les Guerres de religion, la cité ponote résista longtemps avant de reconnaître la légitimité d’Henri IV…

    Dans une atmosphère de polar gothique cadencée par des groupes musicaux de la Cold Wave des années 1980, le lecteur est à son insu plongé au milieu de quelques arcanes (légèrement) dévoilés. Coruscant Arnaud Bordes !

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

    • Arnaud Bordes, Pop Conspiration, Auda Isarn, 2013, 62 p., 12 €.

  • Délire logique

    Comprendre l'univers est une tâche que Dieu n'a pas explicitement assignée à l'homme mais qui l'occupe depuis un certain temps (d'après les meilleures sources). Cet effort incessant pour illuminer la nuit est une aventure formidable, d'autant que chaque avancée épistémologique, depuis les constructions mythiques jusqu'à l'astrophysique contemporaine, se double systématiquement d'une face sombre, l'histoire curieuse et navrante des aberrations scientifiques, des fausses voies, des physiciens désespérés et des mathématiciens fous.
    La quête d'un sens purement rationnel aboutit forcément à l'irrationnel, depuis Platon exigeant que tout soit construit sur la forme du cercle (déclenchant des siècles de délires astronomiques) jusqu'à Russell croyant pouvoir asseoir la vérité mathématique sur un fondement absolu - avant que Gôdel et son théorème d'incomplétude ne prouve la radicale inanité de l'entreprise. Koestler retraçant l'histoire de l'astronomie des Grecs à Newton dans Les Somnambules et Logicomix, bande dessinée exposant l'histoire de la logique contemporaine (du XIXe au XXe siècle, en tout cas), nous proposent à chaque fois un voyage fascinant (les deux livres se lisent "comme un roman") dans l'histoire des sciences mais surtout dans l'imaginaire des scientifiques, aussi fous en fait que les poètes ou les tyrans. Résumer l'un ou l'autre ouvrage n'aurait pas de sens mais on est frappé (et les auteurs le soulignent avec force) par le côté proprement délirant de la recherche, par l'inévitable folie monomane qui double chaque entreprise scientifique, depuis la franche démence de ceux qui ont essayé de penser l'infini (comme le mathématicien Cantor), les divers stades de paranoïa et de dépression des grands mathématiciens (y compris Russell et Gôdel). Cette quête si nécessaire, échouant toujours à élucider simplement* son objet, a la grandeur tragique d'une épopée, surtout quand on confronte la vie parfois misérable des grands éclaireurs avec la hauteur, la profondeur et la largeur de leurs vues. On reste confondu par l'ingéniosité de l'esprit humain comme par les péripéties admirables ou grotesques des vies des chercheurs : Russell vivant avec les amants de sa femme au nom d'on ne sait quelle avant-garde ou Kepler rédigeant l'Harmonie des mondes pendant que sa mère est accusée de sorcellerie (en Allemagne protestante), c'est presque aussi surprenant que le Tractatus de Wittgenstein ou la mécanique newtonienne.
    Les auteurs de Logicomix, bande dessinée inclassable redoutablement bien construite, comme Koestler, dans son essai magistral, concluent de la même façon : « ce mélange d'inspiration et d'illusion, de prophétique clairvoyance et d'aveuglement dogmatique, d'obsessions millénaires et de dédoublement de la pensée, dont j'ai essayé de retracer l'histoire, nous préviendra peut-être contre l'hybris de la Science, ou plutôt de la conception philosophique que l'on fonde sur elle. »
    HC le Choc du Mois
    *Car c'est cette simplicité élégante qui est le Graal de la recherche : inventer une théorie qui paraisse aussi évidente que le monde.
    » Arthur Koestler, Les Somnambules - Essai sur l'histoire des conceptions de l'Univers, Les Belles lettres, 2010.
    » A. Doxiadis et C. Papadimitriou (scén.), A. Papadafos (dessin), Logicomix, 352 p., Vuibert.

  • JACQUES BAINVILLE Un maître de l’Action française

    Au fur et à mesure que sa vie avançait, Jacques Bainville a vu grandir sa notoriété personnelle comme journaliste politique, chroniqueur littéraire et artistique, économiste, et, bien sûr historien. Il ne collaborait pas seulement à L’Action Française, mais aussi au Capital, à la Liberté, et à la Revue Universelle, etc. La précision de son information, la sûreté de son le faisaient apprécier d’un très vaste public bien au delà des disciples de Charles Maurras.
    D’où la tentation de certains de présenter Bainville comme un écrivain indépendant qui se serait forgé lui-même sans se soumettre à une quelconque influence extérieure. Certains admirent volontiers Bainville et goûtent ses écrits mais rejettent Maurras, trop compromettant avec son Action française.
    Pourtant Jacques Bainville est demeuré royaliste toute sa vie durant. Malgré ses nombreuses relations parmi le personnel républicain, il a été jusqu’au bout aussi royaliste que Maurras. Et puis, après son élection à l’Académie française, le 28 mars 1935, il a rendu cet hommage à Maurras : « Hormis le jour, je lui dois à peu près tout ». L’expression est forte ! Il n’est pas permis de séparer Jacques Bainville de l’Action française. Il fut et demeure aujourd’hui l’un de ses maîtres.
    Une illumination
    Comment Jacques Bainville a-t-il rencontré Maurras ? Au printemps 1899, il a vingt ans. Revenant d’Allemagne, il achète à la gare frontière d’Igney-Avricourt, en Lorraine annexée, la Gazette de France. Il y découvre un article de Maurras qu’il lit ardemment. En effet, il vient d’effectuer son second séjour en Allemagne où il a recueilli des informations pour l’ouvrage qu’il prépare sur Louis II de Bavière. Il est attiré par la vie de ce monarque qui a mal supporté la centralisation prussienne qui s’est abattue sur son pays après la proclamation de l’empire allemand en 1871. Le roi s’est réfugié dans la musique en soutenant son ami Richard Wagner qui compose à cette époque ses grands opéras inspirés de la mythologie allemande et il s’est mis à construire des châteaux fantastiques. Inquiet de ses dépenses, le gouvernement bavarois lui retira ses pouvoirs jusqu’à ce qu’il mourût dans des circonstances mystérieuses en 1886. Il n’empêche, les châteaux du roi Louis II font aujourd’hui la fortune touristique de la Bavière !
    Bainville publie son ouvrage sur Louis II de Bavière en 1899. Il s’est plu en Allemagne.
    La vie à Berlin, notamment, lui a paru agréable. Cependant, alors que d’autres jeunes Français se rendent outre-Rhin comme dans la patrie de la philosophie, Jacques Bainville, lui, est frappé par le contraste politique entre l’Allemagne et la France. L'Allemagne monarchique bénéficie d’un régime d’ordre qui contraste avec la République française secouée au même moment par l’Affaire Dreyfus et qui laisse se développer une campagne de dénigrement de l’Armée. Bainville revient donc royaliste en France, alors qu’il a été élevé dans une famille républicaine radicale installée à Vincennes.
    L’Action française vient alors de se fonder autour d’Henri Vaugeois et Charles Maurras. Depuis juillet 1899, elle possède sa revue à laquelle Bainville envoie des chroniques bibliographiques. Il a découvert chez les bouquinistes du théâtre de l’Odéon Trois idées politiques publiées par Maurras en 1898 et sa lecture lui fait l’effet d’une révélation. Il y trouve la condamnation du romantisme politique, de la perversité de Chateaubriand et de Michelet et l’exposé de l’empirisme organisateur, que Maurras a puisé chez Sainte-Beuve et qu’il préconise d’appliquer à l’analyse des faits politiques. C’est une illumination pour Bainville, comme c’en sera une pour beaucoup de jeunes de l’époque. Maurice Pujo a raconté la révolution mentale que provoqua Maurras chez les intellectuels de sa génération. Maurras faisait découvrir le réel à leur esprit embrumé par l’idéalisme allemand et le romantisme. Les fondateurs de l’Action française dépassaient la droite et la gauche par une nouvelle façon de concevoir et de traiter les problèmes politiques.
    Cependant Bainville tardait à rencontrer Maurras. L’occasion s’en présente fin mars 1900
    Naissance d’une amitié
    Lucien Moreau, ami de Maurras, donne une conférence au café « Le Procope » sur l’empirisme organisateur. Maurice Barrès y a invité Jacques Bainville. Après la conférence, Henri Vaugeois entraîne Bainville au Café de Flore où Maurras a ses habitudes et qui a vu la naissance de l’Action française l’année précédente. Maurras est frappé de la jeunesse et en même temps, de la maturité de la nouvelle recrue de l’A.F. Maurras, qui fait le récit de cette rencontre dans son ouvrage Au signe de Flore, ajoute : « C’est par Henri Vaugeois que commencèrent six grands lustres de collaboration incessante et, à travers les biens et les maux de la vie une amitié vive et fidèle entre Bainville et moi. »
    Entre Maurras et Bainville, il n’existe pas pourtant d’affinités naturelles. Maurras est provençal. Il a commencé son engagement politique par la Déclaration des Félibres fédéralistes en 1892. Il est venu à la Monarchie par le souci de retrouver et de défendre les libertés locales et provinciales. Bainville, lui, est un homme du Nord de la France. Ses attaches familiales sont dans le Valois et la Lorraine. Il est avant tout conscient du rôle de l’État dans la formation de la nation française. Il se rallie néanmoins à la formule maurrassienne : « l’Autorité en haut, les libertés en bas ».
    Par ailleurs, Maurras et Bainville sont de tempéraments très différents. Bainville n’est pas un polémiste et ne sera jamais un militant. Il laisse parler les faits lesquels, pour lui, ont une charge de conviction suffisante. Il ne désavouera pas pour autant les actions des Camelots du Roi.
    Tous au service de la France
    En 1900, Jacques Bainvillle vient donc agrandir le cercle des fondateurs de l’Action française. Comme ils sont divers ! Divers par les tempéraments et, aussi par la formation intellectuelle. Charles Maurras, c’est le dialecticien implacable, formé à la philosophie de saint Thomas d’Aquin. Henri Vaugeois, lui, est venu de la philosophie idéaliste allemande qu’il a rejetée en même temps qu’il se déclarait contre le clan dreyfusard. C’est un homme exalté qui a la passion de convaincre ; il a entraîné avec lui Maurice Pujo, de huit ans son cadet, imprégné lui aussi de philosophie allemande et en réaction contre les menées dreyfusardes. Maurice Pujo est de tempérament placide mais obstiné. Il y a aussi Léon de Montesquiou, venu du positivisme, dialecticien rigoureux, Frédéric Amouretti, provençal, historien, confident de Fustel de Coulanges. Amouretti est l’auteur de la meilleure démonstration des bienfaits de la monarchie capétienne : « Citoyens, on vous a raconté que nos rois étaient des monstres. Il y eut parmi eux, il est vrai, des hommes faibles, peu intelligents, plusieurs médiocres, débauchés, et peut-être deux ou trois méchants. Il y en eut peu qui fussent des hommes remarquables. La plupart furent des hommes d’intelligence moyenne et consciencieux. Regardez leur œuvre : c’est la France ». Ce propos sera illustré par l’Histoire de France que Bainville publiera en 1922. Frédéric Amouretti mourut dans la force de l’âge en 1903. Il avait transmis à Bainville le message de Fustel.
    Parmi les fondateurs de l’A.F., il y a encore Lucien Moreau, venu du protestantisme ; c’est-à-dire de l’un des « quatre États confédérés » qui, selon Maurras tenaient la République. Il appartient à la famille qui possède la Librairie Larousse.
    Léon Daudet ne rejoindra l’A.F. qu’en 1905 avec sa forte personnalité, son tempérament chaleureux et truculent, sa verve de polémiste.
    Tous ces jeunes hommes, dans leur diversité, auraient pu former un mélange détonnant et le groupe des fondateurs de l’.A.F. aurait alors éclaté rapidement. Il n’en fut rien. Leur collaboration dura des décennies, et seule la mort y mit fin. La supériorité intellectuelle de Maurras ne suffit pas à expliquer le maintien de leur cohésion. Chacun d’entre eux, quels que fussent ses origines, son tempérament, n’avait qu’une pensée directrice : le service de la France en diffusant la seule doctrine qui pût assurer son avenir. Ils avaient tous un esprit d’abnégation qui les faisait s’effacer devant l’œuvre de salut public qu’était l’Action française.
    Vers le Roi
    À ce moment, les fondateurs de l’Action française n’ont pas encore rallié la Monarchie, même Henri Vaugeois, qui est le directeur de l’A.F. Seul Maurras est royaliste. Il accueille avec enthousiasme Jacques Bainville qui, lui, l’est déjà.
    Bainville répond en août 1900 à L’Enquête sur la Monarchie que Maurras a lancée dans La Gazette de France. Il est d’accord avec Maurras sur le caractère de salut public que représente l’institution d’une monarchie héréditaire, traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée. Mais il estime que les Français ne sont plus royalistes et que pour les convertir au royalisme il faut leur montrer comment la Monarchie pourrait leur apporter la réforme judiciaire et décentralisatrice qui leur rendrait leurs libertés confisquées par la République au nom d’une Liberté abstraite.
    Dans son commentaire, Maurras souligne le prix fort attaché à l’adhésion de Bainville au projet monarchique :
    « M. Jacques Bainville personnifie pour moi, écrit-il, l’une des toutes premières fleurs du vaste, lent et profond travail opéré dans la sève philosophique française, depuis la Révolution, contre la Révolution. L’esprit critique, les méthodes pensives de la science, un naturalisme dépouillé de tout dessein antireligieux, en même temps que de tout dessein religieux, voilà les causes essentielles des derniers événements intellectuels. » Et Maurras estime que bientôt la concordance entre « les traditions mystiques » et « la tradition positive » devra se manifester car elle est dans la logique des choses.
    Maurras va confirmer Bainville dans son royalisme. Bainville avouera publiquement trente ans plus tard qu’il était royaliste avant de l’avoir rencontré, « mais sans vous je ne le serais pas resté. À l’âge que j’avais, expliquait-il, on s’emballe facilement. Le tout est de tenir. Maurras m’a maintenu. »
    La communion d’esprit entre Charles Maurras - qui a trente-deux ans - et son cadet - qui en a vingt et un ñ se fonde sur leur commune adhésion à la méthode de l’empirisme organisateur et aux idées positives que Bainville a commencé à découvrir en lisant Trois idées politiques. Ce qui intéresse Bainville, c’est de découvrir les rapports nécessaires qui découlent de la nature des choses. Il s’attachera dans ses articles et ses ouvrages à souligner les relations de causes à conséquences, les enchaînements entre les faits. Cependant, il ne pratique pas un déterminisme sans réserves. Il admet, comme Maurras, que la volonté d’un homme, ou un sursaut national, peuvent empêcher un pays d’être plongé dans le malheur. Ce sera tout l’effort de l’Action française d’entreprendre d’« inverser la mécanique de nos malheurs ». Et, à la fin de son discours de réception à l’Académie française, en novembre 1935, alors qu’il est dans l’antichambre de la mort, Jacques Bainville proclame : « Pour les renaissances il est encore de la foi ».
    Pierre PUJO L’Action Française 2000 du 2 au 15 mars 2006

  • La loi salique : une mystification

     

     

     

    Si la parité peine à progresser, c'est parce que la France a toujours refusé le pouvoir aux femmes ? En raison d'une loi du Ve siècle, léguée par les Francs saliens, qui a écarté la gent féminine de la succession au trône ? Élire une femme à la présidence de la République mettrait donc fin à 1500 ans d'ostracisme ? Faux, faux et faux ! Des vérités sont à rétablir d'urgence.
    Une femme au pouvoir, ce serait nouveau, prometteur ou renversant. Et ce serait justice après des siècles d'obscurantisme et de patriarcat misogyne... Et bien non, car invoquer la loi salique pour expliquer la faible représentation féminine dans le corps politique aujourd'hui revient à accréditer un mensonge colossal. Et à effacer d'un trait reines et régentes qui exercèrent réellement le pouvoir sur nos terres, sans craindre la comparaison avec leurs homologues masculins.
    Las ! la légende de la loi salique, une création du XVe siècle, soit mille ans après les premiers Francs saliens, a prospéré. Elle alimente encore aujourd'hui l'analyse politique et le discours sur la parité : « Cette situation s'explique [...] par des raisons historiques : la loi salique a écarté les femmes de la succession au trône de France » (Corinne Deloy, Les Femmes en politique, Fondation pour l'innovation politique) ; « Mon hypothèse est que fonctionne encore la loi salique, cette loi française, d'abord française, qui interdit la transmission de la couronne à une femme » (Geneviève Fraisse, colloque La Démocratie « à la française » ou les femmes indésirables).

    Un texte conçu à des fins purement militaires
    Au moyen d'une scrupuleuse enquête, Eliane Viennot, professeur à l'université de Saint-Etienne et présidente de la Société internationale pour l'étude des femmes de l'Ancien Régime, vient heureusement claquer le museau aux lieux communs. Son ouvrage, La France, les Femmes et le Pouvoir- L'invention de la loi salique (Ve - XVIe siècle), paru en octobre chez Perrin, met pour la première fois en perspective, sur le long terme, l'existence d'un partage du pouvoir entre hommes et femmes.
    Car, soulève-t-elle d'entrée, « dans un contexte où la doxa présentait la rupture révolutionnaire comme un "grand commencement" (certes difficile) pour les femmes, c'est bien plutôt les preuves de leurs pouvoirs au cours de la période précédente et l'ambiguïté (pour le moins) de la Révolution qui paraissent devoir être mises en lumière. [...] Non seulement nos ancêtres durant près de dix siècles n'ont pas connu de règle écartant les femmes du pouvoir, non seulement ils n'ont jamais vu d'inconvénient majeur à mettre l'une d'elles à leur tête, mais ils l'ont fait longtemps après l'invention de la "loi salique" [...]. A l'aune de cette histoire fort longue, les trois derniers siècles apparaissent comme une anomalie. »
    Suivons l'historienne dans son procès en réhabilitation. La « loi salique » a bel et bien existé. Elle fait partie de l'un des « codes barbares », dont les peuples germaniques (férus de droit, inventeurs des assemblées égalitaires d'hommes libres et bâtisseurs de royaumes) se dotèrent de concert à la fin du Ve siècle, c'est-à-dire peu après leur installation en Europe de l'Ouest sur les ruines de l'Empire romain.
    Burgondes, Bavarois, Wisigoths, Lombards, Francs ripuaires, Alamans et les fameux Francs saliens (sis entre Meuse et Escaut) couchèrent donc sur parchemin des ensembles de procédures pénales et civiles. Autrement dit, des textes relevant du droit privé, qui n'ont jamais rien eu à faire, et la nuance est importante, avec une constitution politique.
    L'article de loi qui servit plus tard à bâtir la fable de l'exclusion des femmes du trône de France traite des « alleux », terme qui désigne les biens propres. Voici ce qu'il indique : « concernant la terre salique, qu'aucune portion de l'héritage n'aille aux femmes, mais que toute la terre aille au sexe masculin. »

    Chez les Francs, la femme valait deux hommes !
    Non seulement il n'est pas question ici d'une quelconque transmission du pouvoir, mais l'adjectif « salique » ne désigne qu'une portion de l'héritage, celui de la terre ancestrale. Or, au Ve siècle, les premières terres « ancestrales » des Francs saliens à l'ouest du Rhin étaient des tenures militaires, concédées par le fisc impérial aux soldats frontaliers pour leur service armé, et donc, C.Q.F.D., réservées aux hommes. Conclusion sur le premier épisode de l'affaire, selon la formule d'Eliane Viennot : la « masculinité » invoquée dans l'article « n'est pas germanique mais militaire ».
    A l'occasion, l'historienne trouve bon de rappeler que les Francs eurent « sûrement une société plus égalitaire que celles qui suivirent », avec des coutumes qui favorisaient largement les femmes. « Non seulement, rappelle Jean-Pierre Poly (Le Chemin des amours barbares, Perrin), le sexe féminin n'est pas exclu de la succession descendante, mais lorsque les biens remontent, il est privilégié : la succession échoit à la femme la plus proche, la mère suivie de ses enfants, frères et sœurs du défunt, puis la tante maternelle, fille de la grand-mère... »
    Pour autre exemple, le « prix de la vie » (« le wergeld ») d'une femme, tel qu'il était alors réglementé, était toujours le double de celui d'un homme. Pour illustration encore, ces figures de reines des premières dynasties, qui furent épouses influentes - le rôle de Clotilde dans la conversion de Clovis au christianisme est attesté -, mères souveraines dans la minorité de leurs enfants - fracassantes Brunehilde et Frédégonde mais conformes à leur époque sans tendresse -, ou veuves héritières du royaume, comme Nanthilde, Bathilde, Bertrade, première reine carolingienne, ou Judith de Bavière, qui exercèrent seules le pouvoir suprême.
    Quelques siècles plus tard, l'âge des seigneurs et des dames ouvre la merveilleuse époque des lignages, quand se développent la mystique du sang et de l'héritage familial, portés par les femmes, et celle de l'amour courtois. Georges Duby s'était attaché à mettre en lumière la puissance féminine d'alors, qu'on pense simplement à Héloïse, Aliénor d'Aquitaine ou Marie de France, dans les trois tomes de ses Dames du XIIe siècle : « Au terme de l'enquête, écrivait-il, [elles] m'apparaissent plus fortes que je n'imaginais, si fortes que les hommes s'efforçaient de les affaiblir par les angoisses du péché. »

    Un faux en écriture pour conforter les Valois
    En effet, peut-être par un renversement de tendance, tout n'ira plus aussi bien pour les dames par la suite. La thèse que développe Eliane Viennot porte sur le rôle de la clergie, à partir du XIIIe siècle, comme véritable ennemie des femmes. La clergie, à ne pas confondre avec l'Église, désigne les savants, les clercs des universités, cohortes masculines en constante recherche d'ascension sociale et d'influence. Cette internationale d'intellectuels, abreuvée à des pères de l'Église violemment misogynes, imbue de son savoir, se met peu à peu au service des Etats - en clair, elle envahit les « administrations centrales » pour y imposer sa loi.
    La collusion entre le discours qu'elle diffuse pour saper l'ordre féodal et l'image de la femme à son seul profit - par tous les moyens de communication alors disponibles : disputatio publiques, pamphlets, romans... - et le pouvoir acquis par les ordres mendiants, bras armé de l'Inquisition, conduira aux bûchers des sorcières.
    Puis sa stratégie d'écrasement s'étendra à tous les rivaux gênants : « bonnes femmes » pratiquant la médecine et l'obstétrique, religieuses et monastères féminins trop indépendants, Juifs, Templiers qui étaient aussi les banquiers de la Couronne, sans oublier de réécrire l'histoire en occultant les reines de France ou en les traînant dans la boue - amnésie ou opprobres qui perdureront dans l'enseignement de la République...
    Cette prise de pouvoir de la clergie n'est pas spécifique à la France, mais à partir du moment où le royaume capétien fait ouvrir au XIIe siècle l'Université de Paris, notre pays devient pour plusieurs centaines d'années le centre de gravité de ce nouvel ordre technocratique,
    C'est dans ce contexte qu'un membre de la clergie, Jean de Montreuil, produit, en 1408 ou 1409, le faux en écriture : la loi salique nouvelle version, Elle lui permet de conforter la légitimité des Valois - contestée depuis qu'ils se sont emparé du trône au détriment de Jeanne de France, fillette de 5 ans et unique héritière en droite ligne de la Couronne. Et d'écarter juridiquement les femmes du pouvoir. En changeant simplement, dans le texte original, le mot « terre », par le mot « royaume » pour signifier que la disposition avait bien un sens politique. Puis, pour finir, d'imposer aux souverains une loi qui leur préexiste, sur laquelle ils n'ont donc pas prise.
    A partir de cette date lien n'arrêtera plus la légende en marche, même si son officialisation prendra encore du temps. Car la grande noblesse conservera, à la fois un mépris indicible pour la clergie et son estime pour ses femmes et ses reines. Comment aurait pu être acceptée, sans cela, la présence au pouvoir des Blanche de Castille, Anne de France, Louise de Savoie ou Catherine de Médicis ?
    L'ironie de l'histoire est que l'on doit à la Révolution française d'avoir, pour la première fois, avec sa première Constitution, paraphé la « loi salique » du XVe siècle. Un enregistrement que les monarques successifs avaient pris garde d'éviter. Et d'avoir écarté les femmes de la vie publique pour cent cinquante ans, en en faisant civilement des citoyennes mais en oubliant leurs droits politiques.
    Eléonore Pasquet Le Choc du Mois Janvier 2007