culture et histoire - Page 1953
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1er Régiment Etranger de Parachutistes
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La bonne Mémoire de Marion
Le Front National prend l’Histoire de France dans son entier, ses pages sombres comme ses pages lumineuses. Jean-Marie Le Pen, Marine, Bruno Gollnisch, ses dirigeants l’ont expliqué et répété à de nombreuses reprises. Au discours de Valmy prononcé en 2007 par l’actuel président d’honneur du FN et célébrant cette bataille symbole de la Révolution en arme, faisait écho quelques mois auparavant l’hommage rendu par le Menhir aux Vendéens « victimes du génocide révolutionnaire, aux hautes figures de la chouannerie, les Charette, La Rochejaquelein ou Lescure », « aux étendards éternels de la vieille France catholique et royale… »
Une Révolution française qui fut aussi un drame pour notre pays avec sa fureur destructrice entraînant la perte de joyaux inestimables de notre patrimoine, les meurtres, les exécutions de masse de 90 000 Français dont des milliers de prêtres, une immense majorité d’ouvriers et d’artisans qui ont été guillotinés.
Sans oublier bien sûr les 200 000 victimes civiles de l’épuration ethnique des Colonnes infernales républicaines, paysans vendéens et bretons , hommes, femmes et enfants exterminés. Comme le proclamait fièrement à l’époque le bourreau du peuple vendéen, le général Westerman : « il n’y a plus de Vendée, elle est morte sous notre sabre, libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer ».
Bruno Gollnisch se félicite donc que Marion Maréchal-Le Pen, qui fait de nouveau pleinement honneur au mandat que lui ont confié ses électeurs, et au nom d’un Devoir de Mémoire bien légitime, même s’il est hélas trop souvent mis à toutes les (mauvaises) sauces, ait déposé une proposition de loi demandant « la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794 ». Celle-ci a été enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale mercredi.
Il est heureux que plusieurs députés aient cosigné ce texte. Non seulement Véronique Besse et Yannick Moreau, députés « non-inscrits » de droite, élus du département de Vendée, mais aussi les UMP Dominique Tian, Alain Leboeuf , Philippe Vitel, le chef de file de la Droite populaire Lionnel Luca et l’ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants puis à l’Intérieur et aux Collectivités territoriales, Alain Marleix.
En février 2008, Marguerite Lussaud, candidate FN dans le canton de Bourgneuf dans le pays de Retz, avait souhaité que « la mémoire des enfants victimes du génocide vendéen de 1793-1794 soit honorée de la même manière dans les écoles des territoires concernés ». « La République doit désormais reconnaître ses crimes, elle qui n’est jamais en retrait pour reconnaître ceux des autres (shoah, génocide arménien, etc.) ». Les victimes de cette terrible guerre civile doivent être « réhabilitées, réintégrées dans la mémoire nationale » affirmait-elle.
Son vœu fut alors méprisé par les élus et les exécutifs de « droite ». Bruno Gollnisch le relevait lors d’un colloque de l’AEMN au Japon en 2010, les indignations des défenseurs des droits de l’homme et autres humanistes républicains sont souvent à géométrie variable : « Il y a les bons et les mauvais criminels de guerre».
« Les bons criminels de guerre, ceux-là qui sont pardonnés, sont les vainqueurs. C’est ceux qui ont bombardé et fait éclater sous des chaleurs de trois mille degrés les femmes, les vieillards, les enfants, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde ou d’ailleurs. Ca, ce sont les bons. Et puis il y a les mauvais, qui sont dans le camp des vaincus. »
Le Front National lui, se situe résolument dans le camp de la liberté et de la vérité. Dans tous les domaines.
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[Paris] Hommage à Louis XVI en présence de Mgr le Comte de Paris
PARIS – Lundi 21 janvier, 12 h 15, église Saint-Germain-l’Auxerrois, messe célébrée à la demande de l’Œillet Blanc par le révérendissime père-abbé de Kergonan, Dom Piron, en présence de Mgr le comte de Paris, duc de France, et des princes de la maison de France.
o ALPES-MARITIMES – Nice, 27 janvier, 10 heures, chapelle de la l’archiconfrérie de la Très-Sainte-Trinité, 1 rue du Saint-Suaire.
o ARIÈGE – Saint-Paul-de-Jarrat, lundi 21 janvier, 18 heures, église paroissiale.
o BAS-RHIN – Strasbourg, samedi 19 janvier, 16 h 30, cathédrale Notre-Dame.
o BOUCHES-DU RHÔNE – Marseille, lundi 21 janvier, 18 h 30, église Saint-Pie X, 44 rue Tapis Vert, 1er
o BOUCHES-DU RHÔNE – Marseille, lundi 21 janvier, 19 heures, basilique du Sacré-Cœur, 81 avenue du Prado, 8e, messe célébrée par Mgr Jean-Pierre Ellul, avec chants grégoriens, orgues et chorale.
o CALVADOS – Caen, lundi 21 janvier, 18 h 30, chapelle Saint-Pie X.
o CHARENTE – Roullet-Saint-Estèphe, lundi 21 janvier, 18 h 30, église de Roullet.
o CORRÈZE - Brive, dimanche 20 janvier, 10 h 30, église du Christ-Roi, rue d’Espagnac.
o CÔTE-D’OR – Fontaines-les-Dijon, samedi 19 janvier, 11 heures, basilique Saint-Bernard, rite extraordinaire,
o DORDOGNE – Périgueux, dimanche 20 janvier, 16 heures, église Notre-Dame-de-Toutes-Grâces, 19 rue du 34e Régiment d’Artillerie.
o EURE - Le Planquay, 19 janvier, 11 heures, église du Planquay.
o GARD – Nîmes, samedi 26 janvier, 11 heures, église Sainte-Perpétue, messe suivie d’un déjeuner à 12 heures à la brasserie Le Place, sur l’Esplanade (angle rue Régale), à l’issue duquel François-Marin Fleutot évoquera « Clovis et les origines de la monarchie » (20 euros, inscription au 06 83 71 67 70).
o GIRONDE – Bordeaux, lundi 21 janvier, 19 heures, église Saint-Bruno (tramway ligne A).
o HAUT-RHIN – Mulhouse, lundi 21 janvier, 19 h 30, église Saint-Étienne.
o HAUTE-LOIRE – Ceyssac, 21 janvier, 18 h 30, église paroissiale.
o HAUTE-VIENNE – Limoges, lundi 21 janvier, 11 h 15, église Saint-Michel-des-Lions, messe suivie d’un déjeuner (inscription auprès d’Hervé Riou au 05 55 34 57 64).
o HÉRAULT – Béziers, lundi 21 janvier, 18 heures, église des Pénitents, rue du 4 Septembre.
o HÉRAULT – Montpellier, lundi 21 janvier, 18 heures, chapelle des Pénitents bleus, rue des Étuves.
o HÉRAULT – Fabrègues, lundi 21 janvier, 18 h 30, prieuré Saint-François de Sales, 1 rue Neuve des Horts.
o ISÈRE - Grenoble, 21 janvier, 18 heures, collégiale Saint-André.
o LOIRE – Saint-Étienne, lundi 21 janvier, 19 heures, chapelle Saint-Bernard.
o LOIRE-ATLANTIQUE – Nantes, dimanche 20 janvier, 12 h 30, dépôt de gerbe en hommage à Louis XVI et aux victimes de la Révolution ; 13 h 15, déjeuner à la Taverne du Château, 23 allée du commandant Charcot (23 euros, inscription par courriel à urbvm@hotmail.fr) ; 15 heures, conférence de Gérard Bedel, « Louis XVI ou la tragédie de la vertu » (2 euros pour ceux qui ne déjeunent pas sur place).
o MAINE-ET-LOIRE – Chemillé, 27 janvier, 10 h 30, chapelle Saint-Joseph, 14 rue du Presbytère.
o MEURTHE-ET-MOSELLE – Nancy, dimanche 20 janvier, 9 h 25, église Saint-Pierre, avenue du maréchal de Lattre de Tassigny, messe suivie d’un déjeuner à 12 heures conclu par la galette traditionnelle, restaurant Chez Maître Marcel, au coin des rues Raymond Poincaré et de l’Armée Patton, (inscription au 06 19 19 10 69).
o NORD – Lille, lundi 21 janvier, 19 heures, chapelle Notre-Dame-de-la-Treille, 26 rue d’Angleterre.
o OISE – Belloy, dimanche 20 janvier, 11 heures, église paroissiale.
o PARIS – Dimanche 20 janvier, marche aux flambeaux, départ à 18 heures (voir p. 15).
o PARIS – Paris, lundi 21 janvier, 18 heures, église Saint-Nicolas du Chardonnet.
o PYRÉNÉES-ATLANTIQUES - Bayonne, mardi 22 janvier, 18 h 30, cathédrale de Bayonne, messe célébrée par Mgr Aillet, évêque de Bayonne, suivie d’un dîner à 19 h 45 au restaurant Le Cheval Blanc, 68 rue Bourgneuf, en présence de Mgr Aillet (25 euros).
o PYRÉNÉES-ORIENTALES – Perpignan, lundi 21 janvier, 18 h 30, prieuré du Christ-Roi, 113 avenue du maréchal Joffre.
o RHONE - Lyon, lundi 21 janvier, 18 h 30, église Saint-Denis de la Croix-Rousse, messe suivie d’une galette des rois (voir p. 15).
o SARTHE – Louailles, samedi 19 janvier, 11 heures, église paroissiale, messe suivie d’un déjeuner-débat à 12 h 30, salle polyvalente de Vion, animé par Christian Franchet d’Espèrey, sur « Louis XV, une politique étrangère française, une leçon pour le temps présent ».
o SEINE-ET-MARNE - Fontainebleau, lundi 21 janvier, 18 h 45, église du Carmel, 6 bis boulevard du général Leclerc (Fraternité Saint-Pierre).
o SEINE-MARITIME – Dieppe, lundi 21 janvier, 9 h 30, église Saint Jacques.
o SEINE-SAINT-DENIS - Saint-Denis, lundi 21 janvier, 12 heures, basilique Saint-Denis ;
o SOMME – Amiens, dimanche 20 janvier, 10 h 30, chapelle, 195 rue Léon Dupontreué.
o VAR – Toulon, lundi 21 janvier, 18 h 30, église Saint-François de Paule, messe célébrée par Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon.
o VAR – Toulon, 18 h 30, église Sainte-Philomene, 125 boulevard Grignan, Le Mourillon.
o VENDÉE - La Gaubretière, lundi 21 janvier 10 h 30, chapelle de Ramberge.
o BELGIQUE – Rixensart, lundi 21 janvier, 11 heures, château.
o BELGIQUE – Bruxelles, lundi 21 janvier, 19 heures, église conventuelle du couvent Sainte-Anne, avenue Léopold Wiener, 26 B.
Merci pour La Faute à Rousseau pour la recension des messes pour Louix XVI
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Culte et mythe de la déesse-mère
Analyse: Manfred Kurt EHMER, Göttin Erde. Kult und Mythos der Mutter Erde. Ein Beitrag zur Ökosophie der Zukunft, Verlag Clemens Zerling, Berlin, 1994, 119 p. (format: 20 cm x 20 cm), nombreuses illustrations, DM 36, ISBN 3-88468-058-7 (l'ouvrage comprend un glossaire mythologique et une bonne bibliographie).
L'écologie philosophique constitue une lame de fond en Allemagne depuis longtemps et renoue, c'est bien connu, avec le filon romantique et son culte de la nature, bien capillarisé dans la société allemande. Aujourd'hui, la sagesse qui découle de ce culte de la nature ne se contente plus de déclarations de principe écologistes un peu oiseuses et politiciennes, mais se branche sur la mythologie de la Terre-Mère et entend développer, pour le siècle à venir, une “écosophie”, une sagesse dérivée de l'environnement, de l'écosystème, capable de mettre un terme au progressisme moderne qui clopine de catastrophe en catastrophe: pollutions insupportables, mégapoles infernales, produits agricoles frelatés, névroses dues au stress, etc. M. K. Ehmer nous offre dans ce volume, abondamment illustré, une rétrospective solidement étayée des cultes que l'Europe a voués depuis des temps immémoriaux à la Terre-Mère et à ses multiples avatars. La déesse Gaïa est dans l'optique de tous ces cultes successifs dans l'histoire européenne, à la fois un être vivant, le symbole archétypal de la féminité/fécondité et l'objet des cultes à mystères de l'Europe et de l'Inde. Les sites préhistoriques et protohistoriques de Hal Tarxien à Malte, de Carnac en Bretagne, de Stonehenge et d'Avebury en Angleterre l'attestent. Pour Ehmer, ces lieux de culte doivent être considérés comme les réceptacles géomantiques de forces numineuses et fécondantes que la tradition chinoise appelle les forces chi et que le Baron von Reichenbach (1788-1869), à la suite de 13.000 expériences empiriques, nomme “forces Od”. La Terre-Mère, dans ces cultes, est fécondée par l'astre solaire, dont la puissance se manifeste pleinement au jour du solstice d'été: la religion originelle d'Europe n'a donc jamais cessé de célébrer l'hiérogamie du ciel et de la terre, de l'ouranique et du tellurique. L'Atharva-Veda indien est la trace écrite de cet hymne éternel que l'humanité européenne et indienne a chanté en l'honneur de la Terre-Mère, explique Ehmer. Ensuite, il relie l'idéal chevaleresque des kshatriyas indiens et le culte du dieu du Tonnerre Indra à la mystique du calice contenant le nectar Soma, source tellurique de toute vie et breuvage revigorant pour les serviteurs spirituels ou guerriers de la lumière ouranienne. Des kshatriyas indiens aux chevaliers perses et de ceux-ci aux cavaliers goths, cette mystique du Soma est passée, immédiatement après le début des croisades, dans l'idéal chevaleresque européen-germanique, sous la forme du Graal et dans le culte de Saint-Michel (qui ne serait qu'un avatar des dieux indo-européens du Tonnerre, tueurs de dragons, dont Indra en Inde ou Perkunas chez les Baltes et les Slaves). Pour Ehmer, le Graal est un calice contenant un breuvage surnaturel qui donne des forces à l'homme-guerrier initié, tout en échappant, par l'abondante plénitude qu'il confère aux compagnons du Graal, à l'entendement humain trop humain.
En Grèce, le culte de Gaïa/Demeter/Perséphone a été bien présent et s'est juxtaposé puis mêlé pendant l'Empire romain au culte latin-italique de la Terra Mater, aux mystères d'Attis et de Kybele (originaires d'Asie Mineure) et au culte d'Isis, déesse de la Terre et Reine du Ciel (dont les avatars se mêlent en Germanie, le long du limes rhénan et danubien, à des figures féminines locales, notamment à cette jeune fille audacieuse descendant les rivières, debout sur un bloc de glace, sur lequel elle a dressé un mât porteur d'une voile, pour s'élancer, disent certaines légendes, vers l'Egypte; cf. Jurgis Baltrusaitis, La Quête d'Isis, Champs-Flammarion, 1997). A cette Isis nordique qui part seule à l'aventure pour l'Egypte, correspondent des Isis sur barque ou sur nef, dont celle de Paris, l'Isis Pharia, honorée à Lutèce pendant la tentative de restauration de Julien (d'où la nef des armoiries de Paris). Ou cette superbe Isis en ivoire alexandrin, sculptée sur la chaire de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Isis a connu un très grand nombre d'avantars en terre germanique où, souvent, elle n'a même pas été christianisée (voir les nombreux “Isenberge”, ou “Monts-d'Isis”). L'humaniste suédois Olav Rudbeck (1630-1702), exposant d'une origine hyperboréenne des civilisations, déduit dans sa mythographie parue en 1680, qu'Isis-Io est fille de Jonatör, un roi “commérien”, régnant sur un peuple du nord noyé dans les ténèbres d'une lointaine “Hyperborée”. Isis-Io, fille aventureuse, descend vers l'Egypte et le Nil en traversant les plaines scythes en compagnie de Borée (est-il un avatar de ce “jeune homme” couronné de feuilles, debout sur une barque à proue animalière, que l'on retrouve dans les plus anciennes gravures rupestres de Scandinavie et dans le mythe de Lohengrin?). Rudbeck avançait des preuves archéologiques: l'Isis lapone sort des neiges, porte plusieurs paires de mamelles (elle est une “multimammia”); son culte se retrouve à Ephèse et en Egypte. L'élément glace se retrouve même dans la proximité phonique entre “Isis” et “Iis” (“glace” en gothique) ou “Eis” (“glace” en allemand). Baltrusaitis écrit: «La cosmogonie hyperboréenne est aquatique par excellence. La terre, la vie procède de l'eau. Or l'eau provient de la glace, première substance solide de l'univers».
Les cultes grecs de la Terre-Mère trouvent leur pendant en Europe centrale et septentrionale dans le culte germanique de Nerthus, dans le culte celtique de Brighid, mère du monde et gardienne de la Terre, et dans la figure d'Ilmatar, le mère originelle de l'épopée du Kalevala. Ensuite dans la tradition chinoise du Feng-Shui, qui est celle de la géomantie, du culte du genius loci, pour laquelle il fallait donner forme à l'habitat des vivants pour qu'il coopère et s'harmonise avec les courants traversant son lieu. Car, cite Ehmer, «chaque lieu possède ses spécificités topographiques qui modifient l'influence locale des forces chi». Ehmer débouche ainsi sur une application bien pratique et concrète du culte de la Terre-Mère, des sites sacrés ou du simple respect du site pour ce qu'il est: un urbanisme qui donne aux bâtiments la hauteur et la forme que dicte le topos, qui oriente les rues et les places selon sa spécificité propre et non d'après l'arbitraire du constructeur moderne et irrévérencieux, qui exploite la Terre sans vergogne. Après la disposition géomantique exemplaire de la Cathédrale de Chartres, la modernité occidentale a oublié et oublie encore ce Feng-Shui, qui n'a même plus de nom dans les langues européennes, malgré les recommandations d'un architecte britannique, Alfred Watkins (1855-1935), qui a redécouvert les lignes de forces telluriques, qu'il appelait les ley lines.
Pour Ehmer, le judéo-christianisme et la modernité prométhéenne sont responsables du “désenchantement” du monde. Mais son plaidoyer pour un retour à la géomantie et à l'écosophie ne s'accompagne pas d'une condamnation sans appel de tout ce qui a été dit et pensé depuis la Renaissance, comme le veulent certains pseudo-traditionalistes hargneux et parisiens, se proclamant guénoniens ou évoliens ou, plus récemment, “métaphycisiens de café” (mais qui ont mal digéré leur lecture d'Evola ou l'ont ingurgitée sans un minimum de culture classique!). Ehmer rappelle la cosmologie ésotérique de Léonard de Vinci, avec l'idée d'une “âme végétative”, où l'adjectif “végétatif” n'est nullement péjoratif mais indique la vitalité inépuisable du végétal et de la nature, et aussi l'idée d'une Terre comme “être vivant organique”. Ehmer rappelle également l'“harmonie” de Jean Kepler, avec l'idée d'un “soi planétaire de la Terre”, puis, la pensée organique de Goethe.
C'est donc sur base d'une connaissance profonde des mythologies relatives à la Terre-Mère et sur une revalorisation des filons positifs de la Renaissance à Goethe, sur une approche nouvelle de Bachofen et de Jung, qu'Ehmer propose une “nouvelle conscience gaïenne”. Celle-ci doit mobiliser les ressources de la sophia, pour qui l'esprit n'est pas l'ennemi de la vie, mais au contraire la vie elle-même; un tel “esprit” ne se perd pas dans la sèche abstraction mais reste ancré dans les saveurs, les odeurs et les grouillements de la Terre. C'est l'abandon de cette sophia qui a fait le malheur de l'Europe. C'est le retour à cette sophia qui la restaurera dans sa plénitude. -
État traditionnel et État totalitaire
« Le principe d’une autorité centrale inattaquable se « sclérose » et dégénère lorsqu’il est affirmé à travers un système qui contrôle tout, qui enrégimente tout et qui intervient partout selon la fameuse formule « Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État ». Si l’on ne précise pas en quels termes on doit concevoir cette inclusion, une formule de ce genre ne peut valoir que dans le cadre d’un étatisme de type soviétique, étant donné les prémisses matérialistes, collectivistes et mécanicistes de celui-ci : non pour un système de type traditionnel reposant sur des valeurs spirituelles, sur la reconnaissance du sens de la personnalité et sur le principe hiérarchique. C’est pourquoi, dans la polémique politique, on a pu concevoir un commun dénominateur en parlant d’un totalitarisme de Droite et d’un totalitarisme de gauche : ce qui est une véritable absurdité.
L’État traditionnel est organique, mais non totalitaire. Il est différencié et articulé, il admet des zones d’autonomie partielle. Il coordonne et fait participer à une unité supérieure des forces dont il reconnaît cependant la liberté. Précisément parce qu’il est fort, il n’a pas besoin de recourir à une centralisation mécanique : celle-ci n’est réclamée que lorsqu’il faut contrôler une masse informe et atomique d’individus et de volontés, ce qui fait, d’ailleurs, que le désordre ne pourra jamais être vraiment éliminé, mais seulement contenu provisoirement. Pour reprendre une heureuse expression de Walter Heinrich, l’État authentique est omnia potens, non omnia facens, c’est-à-dire qu’il détient au centre un pouvoir absolu qu’il peut et doit faire valoir sans entraves en cas de nécessité ou dans les décisions ultimes, au-delà du fétichisme de l’ « État de droit » ; mais il n’intervient pas partout, il ne se substitue pas à tout, il ne vise pas à imposer une vie de caserne (au sens négatif), ni un conformisme niveleur, au lieu de la reconnaissance libre et du loyalisme ; il ne procède pas à des interventions impertinentes et imbéciles du domaine public et de l’ « étatique » dans le domaine privé. L’image traditionnelle, c’est celle d’une gravitation naturelle de secteurs et d’unités partielles autour d’un centre qui commande sans contraindre, agit par son prestige, par une autorité qui, certes, peut avoir recours à la force, mais qui s’en abstient le plus possible. La preuve de la force effective d’un État est donnée par la mesure de la marge qu’il peut concéder à une décentralisation partielle et rationnelle. L’ingérence systématique de l’État ne peut être un principe que dans le socialisme d’État technocratique et matérialiste.
Par contraste, la tâche essentielle de l’État authentique est de créer un certain climat général, immatériel en un certain sens, selon ce qui fut propre à tous les régimes de l’époque précédente. Telle est la condition nécessaire afin qu’un système où la liberté est toujours le facteur fondamental prenne forme de manière pratiquement spontanée et fonctionne de façon juste, avec un minimum d’interventions rectificatrices. »
Julius Evola, « Le fascisme vu de Droite ».
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La citadelle de Renaud Camus
Voué aux gémonies par les chantres du politiquement correct, Renaud Camus n'en est pas moins un écrivain talentueux, dont les ouvrages sont de puissants antidotes à la "déculturation" qu'il dénonce par ailleurs.
Ce qu'il est désormais convenu d'appeler "l'affaire Camus" aura au moins eu pour mérite d'attirer l'attention de nouveaux lecteurs - et non des moindres, tels Paul-Marie Coûteaux, Élisabeth Lévy ou Alain Finkielkraut - sur l'oeuvre de l'un des plus grands écrivains français vivants dont seule une poignée de happy few se délectait jusqu'alors. La curée dont fut victime cet homme seul et libre aurait-elle donc été plus parfaite s'il n'avait eu des goûts "achriens" ? Probable : amoureux des femmes, Auvergnat de souche (sic), catholique de culture sinon de foi, son compte n'eût pas été seulement bon mais excellent. (On ne louera pourtant jamais assez les mérites de l'Homme républicain dont chacun sait qu'il n'a ni origine, ni langue, ni religion, ni préjugés, ni traditions, ni coutumes, ni usages, ni moeurs.)
Ligues de petite vertu
Souvenez-vous, les puissantes cohortes de catins germanopratines se constituèrent en ligues de très petite vertu pour écraser l'infâme auquel une émission de France Culture avait semblé par trop communautaire. Le regard sombre, la mine pensive, BHL pointa les ravages de l'éternelle « idéologie française » ; avec l'air entendu d'un ironiste chinois, Sollers dénonça la « France moisie » et regretta une nouvelle fois que les Plantagenêts n'aient pas triomphé des Capétiens, ce qui nous aurait évité le gouvernement de Bordeaux et l'armistice. Haro sur le disciple de Barrès, sectateur de la terre et des morts - soumis à la petite et à la grande questions, le coupable finit d'ailleurs par avouer que, lycéen, il avait fondé une revue, Les Taches d'encre, en hommage au Prince de la jeunesse (il n'y a pas de hasard) ! Sus au fidèle de Maurras halluciné par une anti-France surgie en extrême droite ligne de sa psychose - que ne s'est-il allongé sur le divan de la divine Roudinesco ! Mort au nostalgique du Volksgeist et du Blut und Boden dont la germanophilie est bien connue de nos services ! La reductio ad hitlerum analysée par Léo Strauss fonctionna à merveille : le suppôt du national-socialisme devait être lynché par les amis du genre humain et les défenseurs de la tolérance en vertu de l'immarcescible principe révolutionnaire selon lequel il ne saurait y avoir de liberté pour les ennemis de la liberté. Que le monde serait donc habitable s'il n'était peuplé que de vigilants anti-racistes peinturlurés aux chatoyantes couleurs de la diversité ! C'est bien simple, si Renaud Camus et quelques autres beaufs atrabilaires n'existaient pas, la gazelle viendrait se blottir contre le lion et les cobras feraient guili-guili aux nouveaux nés qui leur offriraient leur plus beau sourire.
Le parti de l'In-nocence
Banni, exilé, ostracisé, relégué, le châtelain de Plieux, en La Varende gascon définitivement "provincialisé" par le 6e arrondissement souverain (quel gâchis, après les années gauche-POL, poppers-Warhol, structuralo-textuelles...), aurait dû ruminer amertumes, ressentiments et aigreurs, visité seulement par quelques jeunes gens aux cheveux blonds et ras - mais au système pileux développé - auxquels, la larme à l'oeil, il aurait projeté Les Damnés.
Las... Non seulement le fantasmatique hobereau survécut au règne des droits de l'Homme et au jugement dernier de la Démocratie tel que formulé par les oligarques au nom du peuple français (dont le dos est aussi bon que les épaules sont larges), mais sa graphomanie obsessionnelle s'aggrava, encouragée peut-être par les nouveaux admirateurs que lui valurent ses déboires. Les chiens aboyèrent, sa caravane de voyageur enraciné passa, en quête - par exemple - de lieux où l'esprit continuerait de souffler (on nous pardonnera cette réminiscence mal inspirée) en France, certes, mais également en Grande-Bretagne, en Irlande, au Danemark et en Norvège. C'est ainsi qu'il partit saluer en leurs demeures d'aussi bons... esprits que Carlyle, Giraudoux, Knut Hamsum ou Barbey d'Aurevilly ; le fil des jours s'écoula aussi au rythme de son Journal marqué par des ennuis calorifères, bancaires et testiculaires certes mais, surtout, par une vision infiniment noble de l'existence caractérisée par la hauteur de vue et d'esprit, la droiture, la fidélité, l'urbanité, bref, par la civilisation dont chacun de ses livres constitue une enclave dans cet océan de laideur et de barbarie que sont devenues, après des siècles de défiguration - et pour des raisons différentes - la France réelle et la France légale. Saint-Exupéry écrivit Citadelle dont Pierre Boutang proposa une si juste lecture ; Vialatte jugeait urgent de faire naître des îles... Urbanité, disaisje, mais aussi courtoisie, politesse, civilité même, si ce mot n'était hélas pollué par l'usage que toutes les crapules "citoyennes" en font. Le combat désespéré pour l'ordre et la beauté poussa Renaud Camus à jouer le jeu de la démocratie en fondant un parti politique en 2002, le parti de l'In-nocence, de la "non-nocence" ou« "non-nuisance" dont la récente parution de l'Abécédaire des communiqués de presse permet de suivre la ligne.
Le grand remplacement
Entre "grand remplacement" « des populations indigènes par des populations immigrées, contre-colonisatrices » et "grande déculturation" par refus ou haine de l'héritage, soit, de la transmission, donc, de la tradition, Camus brosse un tableau parfaitement réaliste de ce que l'on ose encore appeler la France, ce vieux pays transformé en grande surface administrative par les thuriféraires du contrat et du « plébiscite de tous les jours » (de ce point de vue-là, nous ne suivrons pas les analyses proposées par l'écrivain mais notre désaccord vise simplement des définitions, non des faits), ces « amis du désastre » qui, en bons progressistes, se félicitent chaque jour du « réensauvagement » des moeurs.
« Communiqué n° 921, 26 octobre 2009 - Sur le réensauvagement de la société en France. Le parti de l'In-nocence voit dans les ahurissants événements de Marseille et les combats de rue auxquels a donné lieu l'annulation d'un match de football entre une équipe marseillaise et une équipe parisienne une nouvelle manifestation, et particulièrement criante, de la rapide décivilisation en cours dans notre pays et du réensauvagement du territoire par le double effet du naufrage de l'Éducation nationale et de la diversité tant vantée, si justement crainte par tous les régimes de la France historique et qui montre en de pareilles circonstances son véritable visage, haineux et barbare. » Lucide et courageux, l'auteur de Roman Roi pourfend la vulgate antiraciste et l'idéologie du métissage mais, également, défend notre patrie avec de beaux accents barrésiens et péguystes - ainsi de la grande pitié de nos églises, « édifices qui, tout au long de la période historique de la France, ont été l'un des principaux centres de gravitation de la vie des villages, le point de référence essentiel de la présence humaine dans le paysage sensible, enracinés qu'ils étaient dans la terre et tendus vers le ciel ».
Dans l'arène politique
Enfin, candidat à la présidence de la République, il présente les grands axes de son programme en matière de culture et communication - si "antinomique" soit l'association de ces deux mots -, de démographie, d'écologie, d'éducation, de politique européenne, de fiscalité, d'immigration et de politique internationale.
Constatant la disparition de la civilité, Renaud Camus atteste en définitive et d'un même mouvement celle de toute cité au profit… des « cités », voire, des abominables - sur un plan sémantique au premier chef - « quartiers ». La « France » se divise ainsi, d'une part, entre des meutes barbares dont aucune frustration - contrairement à ce qu'il se dit d'ordinaire - n'est venu tempérer le sentiment infantile de toute-puissance et, d'autre part, de folles monades démocratiques enivrées d'une volonté… de puissance enragée qui vont et viennent où leurs caprices les mènent, bardées de droits dont elles considèrent que l'extension illimitée constitue la raison d'être : quand l'ignoble « vivre ensemble » prospère, quand l'« autre » (« Autrui est un cul », écrivait justement Rebatet dans Les Deux étendards), dont l'exaltation contemporaine désespèrerait un saint, oblitère avantageusement le prochain - qui commence par l'entourage immédiat, fût-ce le voisin de bureau, de palier ou de chambre -, la sociabilité est morte comme, avant elle, la socialisation. C'est ainsi qu'en moraliste, ce contemporain capital qu'est Renaud Camus a redécouvert l'une des vérités de la science politique la plus classique.
Louis Montarnal L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 16 décembre 2010 au 5 janvier 2011
✓ Renaud Camus : Krakmo - Journal 2009, Fayard, 614 pages, 32 € ; Abécédaire de l'In-nocence, éditions David Reinharc, 590 pages, 29 €. -
Tribune libre : Démystifier le "choc des civilisations"
Des événements tels que la parution des caricatures du prophète publiées par Charlie Hebdo et le film L’Innocence des Musulmans relancent régulièrement le débat sur un potentiel "choc des civilisations". Celui-ci tend souvent à être réduit à un simple affrontement entre un Occident sécularisé et un monde musulman tenté par le fanatisme religieux.
Pourtant, la pensée du créateur du concept, Samuel Huntington (1), s’avère être beaucoup plus complexe : il n’a nullement la volonté de réduire les relations internationales à ce simple phénomène et ne prophétise en aucun cas un inéluctable affrontement entre ces civilisations. L’auteur lui-même invitait donc à relativiser son propre concept et les presque deux décennies qui se sont écoulées depuis sa parution confirment d’ailleurs que ses prévisions se sont révélées en grande partie aléatoires.
Pour Samuel Huntington, le choc des idéologies (nazisme, communisme, capitalisme) a été un accident dans l’histoire : les civilisations sont condamnées à s’affronter et le concept de choc des civilisations explique la majeure partie des relations internationales. Il le définit cependant comme un paradigme permettant de simplifier les relations internationales pour se raccrocher à un modèle mais, comme il l’affirme lui-même, ce modèle n’a pas vocation à tout expliquer. Un parallèle peut être fait avec le concept de guerre froide : la majeure partie des relations internationales se sont inscrites dans ce concept de 1945 à 1989 mais de nombreux éléments, par exemple les décolonisations, ne s’y inscrivent que partiellement ou même pas du tout.
En outre, l’ouvrage de Samuel Huntington ne se limite en aucun cas à une dichotomie entre Occident et monde musulman. S’il définit neuf civilisations différentes, de manière d’ailleurs relativement douteuse puisqu’il se borne au critère religieux, les potentialités conflictuelles entre la Chine et les Etats-Unis sont selon lui bien plus préoccupantes.
Ainsi, réduire toute question relative aux relations entre l’Occident et le monde arabe, voire à l’ensemble des relations internationales, uniquement au choc des civilisations revient à une réduction simplificatrice de la pensée de l’auteur du concept.
Par ailleurs, le choc des civilisations n’a nullement le caractère belliqueux qu’on tend abusivement à lui prêter. Samuel Huntington appelait ainsi les Occidentaux à se méfier de leurs tendances à l’universalisme : "La croyance occidentale dans la vocation universelle de sa culture a trois défauts majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse". C’est pourquoi, logiquement, la meilleure façon selon lui d’éviter ce choc des civilisations était de pratiquer une politique de non-ingérence dans les autres civilisations. On est là bien loin du "wilsonisme botté" des néoconservateurs américains !
En dehors de la nécessaire relativité à prendre suite à la lecture de l’ouvrage d’Huntington, on peut également s’apercevoir que 16 ans après sa parution, nombre de ses prévisions se sont révélées hasardeuses.
Ainsi, Samuel Huntington estimait que l’explosion démographique du monde musulman génèrerait un stress social lui-même facteur d’accroissement de l’emprise de la religion sur les sociétés. Si effectivement la plupart des pays musulmans disposent encore d’une population jeune, ils sont cependant en passe de réaliser leur transition démographique (par exemple, le taux de fécondité de l’Iran est largement inférieur à celui des Etats-Unis). Et, comme le souligne Emmanuel Todd (2), c’est peut-être justement cette transition démographique, entrainant une émancipation des femmes et un accroissement de l’éducation des plus jeunes, qui génère un stress interne aux sociétés musulmanes dans lesquelles, en conséquence, les pouvoirs traditionnels et religieux se retrouvent confrontés à une érosion de leur influence. Ce phénomène s’en trouve démultiplié par ce qu’Amin Maalouf (3) décrivait en 2009 comme étant une crise de légitimité interne liée à l’autoritarisme des régimes politiques en place, conduisant par la suite au fameux Printemps arabe. Car finalement, cette "crise" est bien plus interne à ces sociétés que tournée contre l’Occident : les victimes du fanatisme religieux sont bien plus nombreuses chez les musulmans que chez les occidentaux tandis que l’immense majorité des musulmans établis dans des pays occidentaux adhère massivement à la sécularisation de la société.
Ainsi, le "choc des civilisations" ne peut être considéré, au mieux, que comme un paradigme permettant de donner une clé de compréhension partielle et imparfaite des relations internationales. Il ne saurait être considéré comme un concept absolu, d’autant plus que dans ce cadre il pourrait bien prendre un aspect auto-constructiviste (4). Le sage conseil d’Amin Maalouf prend alors tous son sens : "Toute théorie de l’Histoire est fille de son temps ; pour comprendre le présent, elle est fort instructive ; appliquée au passé elle se révèle approximative, et partiale ; projetée vers l’avenir, elle devient hasardeuse, et quelques fois destructrice." (5)
Cdt Alain MESSAGER http://www.theatrum-belli.com
Ancien stagiaire de l’Ecole de guerre (2011-2012), le commandant Alain Messager suit actuellement une formation de master spécialisé "management de la maintenance" à l’Ecole nationale supérieure des Arts & Métiers dans le cadre de l’enseignement militaire supérieur scientifique et technique (EMSST). Il s’exprime ici à titre personnel.
NOTES :
(1) Samuel Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob 1996.
(2) Emmanuel Todd, Après l’empire, Folio 2004.
(3) Amin Maalouf, Le Dérèglement du monde¸ Le Livre de poche 2009.
(4) Cf. Tzetan Todorov, La peur des barbares,
(5) Amin Maalouf, Ibid., page 269.
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Pour une Europe iconoclaste
Depuis octobre 2006 paraît tous les deux mois la revue politique et culturelle, nationale et identitaire, Synthèse nationale dirigée par Roland Hélie. Disposant d’un site Internet et tenant une manifestation annuelle de rencontres, d’échanges, de discussions et de réflexions dans la capitale, voilà qu’elle dispose dorénavant d’une maison d’éditions. Celle-ci vient de publier un ouvrage collectif d’auteurs français, espagnols, belges et hongrois. « Ce livre, écrit Roland Hélie, publié à l’occasion de la VIe Journée nationale et identitaire organisée par Synthèse nationale le 11 novembre 2012 à Paris » rassemble les réponses à quatre principales questions que leur pose le directeur du bimestriel.
La palette des intervenants est large. Elle témoigne de la diversité, de l’hétérogénéité même, du courant national et identitaire. On a la surprise de ne compter que 28 signatures, mais trente est un nombre rond plus satisfaisant. En plus, il faut prendre en compte l’introduction de Roland Hélie et le trentième point de vue est nécessairement celui du lecteur. Si l’on établit une typologie – sommaire et un peu grossière – des tendances qui s’y expriment, on remarque que le royalisme n’a qu’un seul représentant : Franck Abed. Les nationaux sont cinq (Francis Bergeron, Pierre Descaves, Bruno Mégret, Martin Peltier et Jean-Claude Rolinat), huit proviennent de la « nébuleuse néo-droitiste » (Gabriele Adinolfi, Patrick Parment, Philippe Randa, Gilbert Sincyr, Robert Spieler, Pierre Vial et deux rédacteurs réputés d’Europe Maxima, Pierre Le Vigan et Georges Feltin-Tracol), neuf du nationalisme sous toutes ses facettes (Serge Ayoub, Thibaut de Chassey, André Gandillon, Olivier Grimaldi, Pieter Kerstens, Luc Pécharman, Alain Renault, Hervé Van Laethem et Gabor Vona, le président du Jobbik hongrois) et cinq sont hors-catégorie (Lionel Baland, Nicolas Gauthier, Dr Bernard Plouvier, Enrique Ravello) ainsi qu’un conservateur naïf, Marc Rousset, qui plaide pour l’espéranto comme langue de la construction européenne !
Comme il est habituel dans ce genre de livre, les réponses sont variées et inégales tant par leur pertinence que par leur qualité. On est en revanche heureusement surpris par la volonté de tous de remédier à la panne (à l’impasse ?) européenne. Si, pour Alain Renault, « la question “ européenne ” n’est plus seulement géographique mais avant tout biologique » du fait de l’immigration de peuplement, Patrick Parment constate que « les partis sont des gestionnaires de carrière », donc les premiers responsables de la nullité politique, alors que Franck Abed affirme avec justesse que « la République en France est le parti de l’étranger ».
Immigration et domination des formations politiciennes favorisent dans les faits un « désarmement moral, énonce Francis Bergeron, [qui] se juxtapose ou se confronte à l’expansionnisme idéologique (islam), territorial (immigration extra-européenne), démographique (forte natalité d’un côté, valorisation de l’avortement et de l’homosexualité de l’autre), moral (vision optimiste et dynamique, volonté entrepreneuriale d’un côté, et le “ tous fonctionnaires ”, de l’autre) ». Plus qu’économique, le mal qui frappe l’Europe est surtout existentiel. Notre continent « se trouve aujourd’hui au bas de l’échelle, dominée par n’importe quel État d’Asie, tout juste bonne à servir de musée et de parc d’entertainment aux touristes du monde, s’indigne Martin Peltier ». « Une civilisation meurt, ajoute Pierre Le Vigan, quand ses élites ne comprennent pas la nature d’un processus en cours, ou quand elles en sont complices – ce qui est le cas. Les élites sont le moteur du productivisme effréné, de la mondialisation capitaliste, de la consommation et consumation de la planète par l’homme. »
Par ailleurs, « l’Europe de Bruxelles, qu’il faut considérer comme illégitime car elle ne correspond pas à la volonté des peuples européens, bernés et domestiqués par un conditionnement mental permanent, subit les conséquences de sa dépendance à l’égard des forces mondialistes, estime Pierre Vial. Elle paie le prix de la perte de sa liberté ». Plus définitif encore, Enrique Ravello affirme que « l’actuelle Union européenne est le plus grand ennemi de l’Europe ainsi que des peuples et des pays qui la constituent : elle est mondialiste, néo-libérale et soumise aux États-Unis ». Cette américanisation des esprits lobotomisés fait dire à Nicolas Gauthier qu’« en tant qu’Européen de l’espèce maurrassienne, je me sens plus chez moi à Téhéran qu’à New York ».
Paradoxalement pourtant, la crise actuelle de l’Europe est plus que nécessaire, elle est même salutaire. « Par “ crise ”, rappelle Gabriele Adinolfi, nous entendons ce que le mot signifie au sens étymologique, c’est-à-dire passage, transformation, ou si vous voulez, un changement radical guidé du haut. » Le sursaut réclamé se traduira par une « Reconquête, prévient Robert Spieler, [qui] sera, sur tous les plans, européenne ou ne sera pas ». « L’Europe que nous voulons, déclare pour sa part Gilbert Sincyr, pourrait se définir en trois mots : identitaire, autonome et solidaire. » Le Vigan confirme le propos en prévenant qu’« il est temps de réhabiliter le local car l’universel qui prétendrait se passer du local tuerait la vie elle-même de sa chair ». « La fin de l’État-nation et de la démocratie (Adinolfi) » favorise la renaissance du local. « Face à la restructuration dirigiste, mondialiste, esclavagiste, classiste, supranationale, il est possible seulement de recréer l’organicité sociale à la base et d’agir pour que le changement en cours soit ancrée dans le local et encore pour que le local fasse aussi fonction de freinage dans la course culturelle et politique permettant qu’une souveraineté continentale, expression d’identités locales, surgisse à la place de la dimension cosmopolite (Adinolfi). »
Les contraintes du réel invitent à procéder par paliers successifs. « Le souverainisme national ne me paraît pas tenable à long terme, mais il peut être une étape avant de construire une Europe autocentrée, un protectionnisme européen, une maîtrise européenne des frontières, un souverainisme européen en d’autres termes, pense Le Vigan. » Si le cadre de l’État-nation fait défaut, agissons autrement. Pour Serge Ayoub, « Troisième Voie se concentre essentiellement sur la formation d’une communauté des travailleurs aptes à faire face à la crise. La B.A.D. (Base autonome durable), la pénétration syndicale, l’autonomisation économique par rapport au système, voilà des réponses adéquates à la situation économique que la France va affronter ».
L’action doit prendre de nouvelles formes. Gabriele Adinolfi nous suggère de « procéder dans un esprit néo-sorelien, mais aussi néo-gibelin, à la création de coopératives liées à des territoires donnés et aux catégories sociales. Il faut envisager la création de caisses d’épargne ou de banques de secours mutuel qui financent la production par les investissements des classes productives elles-mêmes. » L’objectif doit tendre vers « une Europe identitaire et solidariste (aux bons sens des termes) [qui] est la seule solution pour pouvoir sortir de cette crise », affirme Hervé Van Laethem qui juge que « seule une troisième voie économique entre le libéralisme sauvage et le dirigisme socialiste pourra nous sauver de ce qui s’annonce comme une tragédie sociale. Et seule une idéologie profondément anticapitaliste, comme l’est le solidarisme, permettra de mettre en place une telle politique ». Cette troisième voie est aussi défendue par Georges Feltin-Tracol qui assure que « notre Europe saura concilier la puissance et la décroissance et s’inspirera de l’expérience de Fiume avec Gabriele d’Annunzio, du modèle suisse et de l’exemple de la Corée du Nord ! ».
Ce livre impose finalement une « certitude, croit Roland Hélie : la fin de notre civilisation et de notre identité ne sont pas une fatalité ». Espérons que nos compatriotes européens prendront conscience des périls et riposterons le moment venu.
Bastien Valorgues http://www.europemaxima.com/
• Sous la direction de Roland Hélie, Face à la crise : une autre Europe ! 30 points de vue iconoclastes, Les Bouquins de Synthèse nationale (116, rue de Charenton, F – 75012 Paris), 2012, 163 p., 18 €.
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De F. Mitterrand à F. Mitterrand
Lorsque Cyril Collard, l'auteur du livre et du film « Les Nuits Fauves» était mort du SIDA, François Mitterrand avait écrit à ses parents : « votre fils est un exemple pour la jeunesse française ». Il n'y avait pourtant dans le livre de Cyril Collard que des descriptions de parties de sodomie avec des maghrébins. François Mitterrand n'avait quand même pas songé à en faire un ministre de la culture pour tous ses faits d'arme. Sarkozy l'a fait avec son neveu puisque le livre « La Mauvaise Vie » n'est qu'un réchauffé du livre de Cyril Collard où s'exprime tout le masochisme que peut parfois éprouver un homosexuel, ce qui rappelle aussi Michel Foucault qui allait dans des bordels américains pour assouvir toutes ses turpitudes masochistes que par pudeur nous ne décrirons pas.
Comme Sarkozy n'a dans le fond aucune vision politique ou culturelle pour la France, il s'était cru malin de faire un coup médiatique en accrochant à son blason le nom de Mitterrand. Il a sans doute pensé que cette affaire ne lui avait pas fait assez de tort et il a donc ajouté l'affaire de son fils.
Le Président parait-il ne boit pas d'alcool, mais il n'en a pas besoin car le pouvoir rend ivre. Il a pensé détenir le pouvoir absolu comme Néron nomma son cheval consul. Son fils au dernier moment a fait marche arrière sur les recommandations de son père et surtout des sondages.
Sarkozy est-il de droite ? Rien que poser la question est déjà montrer que la réponse est problématique.
Il ne faut pas oublier que Sarkozy comme Balladur vient de l'Orient et n'a pas les mêmes codes que les politiciens français traditionnels. Thierry Desjardin, ancien rédacteur en chef du Figaro, trouvait que le Président avec ses Ray-Ban ressemblait à un proxénète levantin. La trahison et la fourberie font partie de leur culture politique. Toute la carrière politique de Sarko a été l'application de cette sourate du Coran : « baise la main que tu ne peux mordre ». Récompenser les traîtres devient monnaie courante sous le Sarkozisme. La fameuse division ami/ennemi chère à Carl Schmitt pour décrire la politique n'a plus guère de sens. L'exemple achevé du traître est Eric Besson. Après avoir trahi son camp et baisé la main de Sarkozy, il a abandonné sa femme pour une jeunette tunisienne de 22 ans. Pour se dédouaner et cacher sa honte, n'a-t-il pas déclaré que combattre le Front National l'avait toujours excité au plus haut point ! Cela n'empêche pas son ex femme dans son malheur de crier vengeance dans tous les médias et sur tous les plateaux de télé ou de radio. Il faut reconnaître que les ministres de l'ouverture savamment choisis par un génie de la politique font du bruit avec leur vie privée.
Au milieu de toutes ces affaires sordides, la seule constante économique importante est le chômage. La crise est finie, répètent les cyniques ou les imbéciles heureux. Tout va donc pour le mieux sauf si vous êtes au chômage, mais les chômeurs ont-ils de l'importance ? Mauriac disait « ce qui arrive aux autres est sans importance ».
La Rochefoucauld allait encore plus loin dans cette vision : « Les hommes ont assez de force pour supporter les maux des autres ». Voilà dans les faits comment est pensée la question du chômage.
En politique, la symbolique est parfois plus importante que la chose en elle-même comme dans l'affaire « Jean Sarkozy ».
Il faut aussi reparler de la nouba du Fouquet's où le Président élu avait invité tous les « pétés de thune » de France ou d'ailleurs. Il faut souligner que lorsque François Mitterrand avait déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de Jean Moulin une fois élu, cela avait infiniment plus de classe et d'allure sur le plan politique même pour ceux qui n'aimaient pas Mitterrand ou la symbolique du Panthéon, ce cimetière de francs-maçons.
Cette boum ou surprise partie au Fouquet's n'annonçait rien de bon pour la France où de façon officielle on célébrait pour la première fois sans vergogne la religion du veau d'or.
Patrice GROS-SUAUDEAU -
Des droits contre l'homme
On trouve dans les déclarations de 1789 et de 1948 des articles qui sont l'aboutissement d'une tradition de jurisprudence. Ce que nous condamnons, c'est la fausse conception de l'homme dans laquelle ces articles se trouvent insérés et qui a inspiré quelques autres articles réellement condamnables.
L'exemple d'une déclaration des droits avait été donné dès 1778 par les auteurs de la Déclaration d'indépendance des États-Unis, mais au moins désignaient-ils Dieu comme l'auteur des droits inaliénables. Les Constituants français de 1789, eux, se sont contentés dans le préambule de placer leur déclaration « en présence et sous les auspices de l'Être suprême », ce qui ne les engageait à rien...
Libres et égaux...
L'article 1er est sot : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Maurras l'a fait remarquer : l'homme laissé libre, donc seul, en venant au monde n'aurait aucune chance de vivre. La naissance est un beau spectacle d'autorité nécessaire et d'inégalité protectrice. D'ailleurs, liberté et égalité sont un couple impossible : là où la liberté est illimitée, les forts écrasent les faibles ; là où l'égalité règne, il faut obliger tout le monde à passer sous la même toise...
La déclaration de 1948 corrige très légèrement cette conception abstraite de l'individu. Elle remplace « hommes » par « êtres humains » (art. 1). Ils ont donc un être et ne sont plus de simples atomes, ils ont une « dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine » (préambule). Mais leurs « droits égaux et inaliénables » sont, dans l'énoncé, juxtaposés à cette dignité ; ils ne sont pas explicitement fondés en elle. Donc on est toujours dans l'individualisme comme en 1789.
Le conflit institutionnalisé
L'article 2 de 1789 est un brûlot : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. » C'est du pur Rousseau : chacun est sur terre pour y chercher sa satisfaction personnelle, il ne doit obéir qu'à lui-même, donc ne se lier à la société que dans la mesure où il y trouve son intérêt, selon les termes d'un "contrat social".
Les droits dits « de l'homme et du citoyen » doivent être compris comme ceux du citoyen en tant qu'homme, non ceux de l'homme en tant que citoyen. Car "l'Homme", dans la nation, n'est plus héritier (débiteur), mais créancier (sujet de droits).
Le rôle de l'État devient alors de conserver à tous cette possibilité pour chacun de ne vivre que pour et selon soi. Il sort ainsi de sa mission traditionnelle qui est de gérer le bien commun par-dessus les biens particuliers, et toute question politique ou sociale se trouve posée en termes de droits, donc dans un climat conflictuel. Résultat : des lobbies peuvent s'organiser pour paralyser l'État. Sans compter qu'une société où tout est droits voit se multiplier les déprimés, les aigris, les névrosés, ceux pour qui toute malchance est une injustice. Allons plus loin : comment une société fondée sur le droit de vivre chacun pour soi peut-elle faire comprendre aux immigrés que s'intégrer à une nation, cela se mérite ?
Vient ensuite (toujours en 1789) la liste des « droits ». D'abord la liberté, posée sans complément, donc comme un absolu. C'est oublier que la liberté ne vaut que par l'usage que l'on en fait. De cet oubli découle la mise sur le même plan de « toutes les opinions ». (« Mêmes religieuses », précise l'article 10, comme si la religion n'était rien de plus qu'une opinion !... La Terreur n'était pas loin.)
Suivent, entre autres droits, la liberté de parler et d'imprimer, puis la propriété, tous droits mieux garantis par le Décalogue (Tu ne mentiras pas, tu ne voleras pas...) que par une déclaration qui en est la caricature. Déclarer la propriété comme un droit absolu, et non par rapport au bien commun, donc sans responsabilités sociales, est source de graves conflits.
La liberté selon la déclaration de 1948 est apparemment plus réaliste. Elle parle des droits de la famille (art. 16), du droit des parents de choisir le genre d'éducation pour leurs enfants (art. 26), mais ce même article dit que l'éducation doit former au respect des Droits de l'Homme, ce qui n'est pas une garantie contre une école étatique imposant son idéologie.
Quant à la liberté de religion et de culte, fondée sur le droit individuel, elle est plus celle de « changer de religion » (art. 18) que celle de rester ferme dans sa foi envers et contre tout. Cet article peut aussi bien être invoqué pour réclamer la liberté du culte que pour obliger un peuple à renoncer à toute référence religieuse. On comprend pourquoi les États communistes n'ont jamais eu de difficulté à adopter les fameux Droits de l'Homme...
Le lit d'Hitler
Signalons en outre que la déclaration de 1948 énonce le « droit à la vie » (art. 3), juste avec le droit à la liberté et à la sûreté de la personne, mais là encore dans un contexte individualiste, ledit droit à la vie peut tout aussi bien servir à défendre l'enfant à naître qu'à ériger la vie elle-même en un droit dont on peut user à sa guise, voire en décidant pour soi-même ou pour les autres à partir de quand la vie commence ou cesse de mériter d'être vécue. Quand le droit à la vie est égal au droit à la liberté, donc fermé à toute référence transcendante, la qualité de la vie prend le pas sur le sens de la vie, et cette vie n'est plus protégée réellement contre l'avortement, l'euthanasie, et toute forme d'eugénisme.
Venons-en à l'article 3 de la déclaration de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. » Un chef-d'oeuvre d'abstraction démentielle. Attention, ce texte n'a rien de "souverainiste" : quand le peuple est souverain, la nation n'est pas comprise comme la communauté historique de destin, elle est le peuple en corps dressé face au roi qui en août 1789 n'en était déjà plus la tête. De la très rousseauiste « volonté générale » (art. 6) massifiée, tout doit "émaner".
Alors, tout reposant sur l'individu, il faut détruire ou affaiblir les organismes naturels (familles, paroisses, corporations, provinces qui encadraient l'individu) pour ne plus laisser subsister que l'État, centralisateur à outrance, seul habilité à définir la liberté. Cela afin que chacun, n'ayant plus de lien particulier, puisse être "vertueux" et se fondre dans la volonté générale. Déconnecté des forces vives où il puisait sa sève, le citoyen a dès lors vocation à être interchangeable, et bientôt "mondialisé".
Le joug collectif
Écrasant ainsi les individus concrets sous le joug d'une entité collective, cet article 3 a été dès 1792 une machine de guerre contre tout pouvoir ne venant pas d'en-bas (le roi, les prêtres, les nobles, les pères de famille).
L'article 6 allait dans le même sens en accordant les dignités à des citoyens « sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents » : comme aucune transcendance n'est plus reconnue pour juger des critères de la "vertu" ou de la pureté de tel individu ou groupe, cela peut déboucher sur une espèce de république des purs ou des génies, voire sur le culte du surhomme et de la race supérieure, comme sur toutes formes de populicides. Car la "volonté générale" peut facilement devenir celle des purs, de ceux qui se sont le plus dépouillés d'eux-mêmes pour coller à l'idéologie du moment. Des bourreaux de la Vendée à Hitler, les Droits de l'Homme ont déjà une morbide postérité.
La déclaration de 1948 se contente de remplacer « volonté générale » par « volonté du peuple » (art. 21), et de préciser qu'il faut des élections libres... Elle ne corrige rien de fondamental. Disons même qu'elle sacralise à outrance les Droits de l'Homme, devenus « la conscience de l'humanité », « l'idéal commun à atteindre par tous les peuples » (préambule) . Donc une super-religion qui n'a rien d'une chance pour l'avenir du monde...
MICHEL FROMENTOUX L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 4 au 17 décembre 2008