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culture et histoire - Page 1949

  • Enquête sur la droite en France : Laurent Dandrieu : « Nous sommes le parti du péché originel »

    Rédacteur en chef à Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu est l'auteur de Woody Allen, portrait d'un antimoderne (CNRS éditions).

    Monde et Vie : Les notions de droite et de gauche ont-elles encore une signification ?
    Laurent Dandrieu : Droite et gauche sont des notions relatives, qui n'ont jamais constitué des blocs idéologiques hermétiques, cohérents et immuables : beaucoup d'idées passent de l'une à l'autre, s'y retrouvent dans des proportions et des combinaisons variables. Cette porosité donne régulièrement naissance à l'illusion qu'il n'y aurait plus ni droite ni gauche, et que les hommes de bonne volonté « des deux rives » pourraient se retrouver autour de « valeurs » communes, comme le souverainisme, la nécessaire régulation du capitalisme ou la conception méritocratique de l'école.
    Mais tous ceux qui ont tenté de jeter des passerelles entre droite et gauche ont toujours fini par revenir sur leur rive d'origine, leurs culottes passablement trempées, parce que ces passerelles ont fini par ployer sous le poids d'une réalité très lourde : c'est, au-delà des convergences particulières, la persistance d'une divergence fondamentale, qui est que droite et gauche n'ont pas la même vision de l'homme, et donc de la société.

    Au fond, qu'est-ce qui différencie, à vos yeux, la droite de la gauche ?
    On peut les différencier par la croyance ou non au péché originel.
    Nous autres, gens de droite, nous sommes le parti du péché originel, nous croyons que l'homme est et restera toujours un animal blessé, empêtré dans sa volonté de bien faire par sa constitutive faiblesse, et que le but de la politique est d'épauler cette faiblesse par des institutions fortes qui lui permettent, malgré elle, de construire et d'aller de l'avant.
    Pour la gauche, en revanche, l'homme est un être naturellement bon, qui tend par le sens de l'histoire vers toujours plus de perfection, la seule chose qui l'en empêche étant les archaïsmes du passé, dont il appartient à la politique de le libérer. L'homme de droite sait qu'il est un héritier et, comme disait Maurras, qu'il trouve en naissant dans un pays de civilisation infiniment plus qu'il n'y apporte : c'est ce trésor de civilisation que la politique se doit de protéger et de transmettre ; pour lui, la Tradition est la condition de tout progrès.
    L'homme de gauche, lui, refuse cet héritage car c'est l'avenir qui est porteur de bonheur et de liberté, non le passé qui nous enferme et nous limite : la politique, c'est rompre avec la tradition au nom du Progrès.

    Trouvez-vous dans les débats politiques actuels un écho de cette distinction fondamentale ?
    La question du « mariage gay » me semble fournir une bonne illustration de la façon dont l'utopie de gauche revient à nier le réel, et dont les visions antagonistes de l'identité structurent aujourd'hui l'affrontement droite-gauche. La gauche n'aime pas le réel, parce qu'il s'oppose à ses utopies libératrices. Le réel, si vous l'acceptez tel qu'il est, est d'abord une limite. Les chrétiens savent bien que le premier stade du progrès spirituel, c'est le réalisme, c'est-à-dire s'accepter tel qu'on est, avec ses défauts, ses blessures et ses faiblesses, ses « épines dans la chair » aurait dit saint Paul. Cette acceptation est douloureuse, mais finalement positive, parce que c'est elle qui nous permet de grandir et d'avancer. L'homme moderne, lui, est en perpétuelle révolte contre ses limites et cela l'entraîne dans un processus sans fin de dénégation du réel. C'est ainsi qu'on en vient à nier la différenciation sexuelle : à la distinction naturelle entre homme et femme, on prétend désormais substituer le genre, qui est une identité sexuelle non plus subie, mais choisie, et modifiable à l'infini.
    Cette détestation de son identité objective, conçue comme quelque chose qui enferme et non qui enracine, l'homme moderne occidental l'étend à la civilisation et à la société qui l'ont façonné. C'est l'origine de la fascinante haine de soi qui paralyse aujourd'hui l'Occident et de l'obsession de la repentance.

    Le libéralisme est-il de droite ?
    Dans la mesure où il fait primer la liberté sur tout autre impératif, notamment spirituel ou moral, je pense que non. Toute la difficulté de la droite est de concilier son conservatisme et son attachement aux libertés ; son refus du relativisme, sa croyance que certaines formes de société sont préférables à d'autres et donc le souci de fixer des cadres à l'activité humaine qui favorisent le bien commun, et sa volonté (en partie en réaction contre la tentation de la gauche de construire un homme nouveau, qui emprunte toujours des voies contraignantes) de préserver les libertés et le pré carré de la responsabilité humaine. Si je crois que cette défense des libertés est bien essentielle pour la droite, je redoute aussi avec Jean-Claude Michéa la pente naturelle du libéralisme qui est de détruire toutes le contraintes (voir le repos dominical) que le conservatisme sait être nécessaire. Surtout, le fond du libéralisme est un relativisme qui revient à nier à la société le droit de décider ce qui es bien et mal, et donc à laisser à chacun une liberté morale totale - fût-ce au prix de lois contraignantes. C'est tout le paradoxe du « mariage gay »

    Comment expliquer que dans un pays en constante droitisation, la droite soit en capilotade ?
    Par le fait que la droite n'est pas de droite. Ayant tourné le dos depuis des décennies à toute forme de réflexion, la droite est particulièrement vulnérable aux effets de mode, aux diktats médiatiques, aux injonctions « morales », à l’imprégnation par l'idée de gauche d'une évolution inéluctable de la société. Sarkozy puis Copé ont franchi un cap supplémentaire avec l'affichage cynique du fait qu'ils n'étaient pas là pour le bien commun, mais pour assouvir une ambition personnelle.
    L'échec final de la « ligne Buisson » est inscrit dans l'inanité de faire tenir à des responsables politiques un discours droitier qu'ils récitent sans y croire, et qu'a démenti toute leur pratique politique quotidienne.

    Comment la droite peut-elle se reconstruire ?
    Elle ne pourra le faire que par une reconstruction intellectuelle : mais il ne faut pas l’atteindre des partis politiques, que ces questions indiffèrent. Ce travail ne pourra venir que de la base.
    Propos recueilli par Hervé Bizien monde&vie

  • Dénoncer le nouvel ordre moral ! (archive 2011)

    Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique
    La vingtième université d'été de Renaissance catholique a pour thème « Le nouvel ordre moral ». Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
    Parce qu'il nous semble qu'il se répand largement aujourd'hui une erreur selon laquelle il n'y aurait plus de morale. Cela n'est pas possible. En effet, toute société, dans la mesure où elle fait vivre ensemble des personnes aux aspirations et aux intérêts divers, a besoin pour des raisons pratiques de formaliser un certain nombre de règles plus ou moins arbitraires. L'archétype de ces règles arbitraires, sans incidence morale, est que sur les routes de France la circulation est à droite alors qu'en Angleterre, elle se fait à gauche. Si l'homme a toujours besoin de règles communes partagées pour vivre en société, il se trouve cependant qu'en l'espace de cinquante ans un changement complet de paradigme s'est opéré : on rougit aujourd'hui de la vertu, de la fidélité, de la tradition comme on rougissait autrefois de ses écarts de conduite. L'avortement légal et remboursé, la stérilisation de masse, la pilule contraceptive, le mariage homosexuel, l'euthanasie, le tri embryonnaire, la théorie du gender... sont devenus les nouveaux lieux communs de la bien-pensance contemporaine. Nous ne pouvions imaginer, lorsque ce sujet a été choisi en début d'année, que nous serions à ce point rejoints par l'actualité : si les débats sur les lois de révision de bioéthique étaient bien programmés, les démêlés judiciaires de Dominique Strauss-Kahn, les déclarations de Luc Ferry mettant en cause un ancien ministre, les manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre) des classes de Première ne l'étaient pas.
    Il était de bon ton, à une certaine époque, de déclarer que tout était politique. L'affirmation selon laquelle tous nos actes ont une portée morale paraît plus fondée dans la mesure où la morale est étymologiquement ce qui a trait au comportement, aux mœurs. C'est dire l'importance et l'actualité de ce sujet. Le programme détaillé des conférences est indiqué ci-dessous.
    -  Vous parvenez  encore  cette année a opérer un mélange assez exceptionnel puisqu'au « noyau dur » de vos conférenciers habituels ou au moins réguliers (Philippe Conrad, Claude Rousseau, Jean Sevillia, Jacques trémolet de Villers...) viennent s'adjoindre de nouveaux intervenants  (Mgr Anatrella,    Laurent Dandrieu, Hugues Kéraly, Anne-Marie Libert..,).
    - Effectivement ! Il nous semble que concernant la formule d'une université pérenne dans le temps -nous en sommes à la 20e édition - il y a deux solutions : soit vous travaillez exclusivement avec une équipe fidèle qui partage toutes vos convictions, le risque étant de rapidement tourner en rond ; soit vous acceptez de faire appel à des compétences qui sur un sujet particulier vous paraissent avoir des réflexions intéressantes à transmettre. C'est clairement ce second choix que nous avons fait.
    -    Comment s'articule le programme de cette Université ?
    —    La conférence introductive sera prononcée par le professeur Claude Rousseau qui s'attachera à mettre en lumière  toutes  les conséquences du passage, dans le langage usuel, de la notion  de morale à celle d'éthique. Ensuite nos conférenciers traiteront de la manière dont a été détruite la morale traditionnelle et dans quels domaines les destructeurs de cette morale ont fait porter l'essentiel de leurs efforts : seront ainsi abordées  les  questions  de bioéthique, d'eugénisme, la promotion de l'homosexualité et la manière dont la lutte  contre le sida a été utilisée pour banaliser des pratiques que la morale traditionnelle  réprouve. Il nous est enfin apparu indispensable de consacrer une conférence à la manière dont l'ONU est un acteur majeur de la modification de la notion de famille, conçue comme l'union stable d'un homme et d'une femme ayant pour projet commun d'avoir et d'élever ensemble des enfants.
    Dans une seconde partie, nous nous attacherons à cerner quels sont les piliers de cette nouvelle morale : refus de toute discrimination, dictature du principe de précaution, utilisation de l'écologie comme moyen d'imposer un comportement identique à tous les habitants de la planète, objectif ultime du mondialisme, et diffamation de notre histoire nationale. Notre réflexion serait cependant incomplète si nous ne nous penchions pas d'une part sur les rapports de l'économie et de la morale, d'autre part sur ceux de la morale et de la politique sans omettre de mettre en exergue la manière dont les puissances médiatiques (presse, cinéma, télévision, publicité...) ont promu ces changements de paradigme.
    En conclusion, fidèle à la pensée de Benoît XVI et reprenant une partie des réflexions de notre ami Roberto de Mattei sur le sujet, je m'attacherai à montrer que, selon l'expression connue, « il n'y a pas plus sectaire qu'un libéral », et que ce relativisme généralisé engendre un système dictatorial sans équivalent à ce jour.
    En complément de ces conférences, deux témoignages nous semblent devoir intéresser les lecteurs de Présent. D'abord celui de Philippe Isnard, professeur d'histoire, de géographie et d'instruction civique au lycée de Manosque, qui vient d'être révoqué de l'Éducation nationale pour avoir animé un débat contradictoire, conformément à la loi, dans ses classes de lycée à propos de l'avortement. Il témoignera de la manière dont l'Éducation nationale impose une pensée unique totalitaire et mensongère aux élèves et aux enseignants (cf. l'entretien dans Renaissance Catholique n° 116, 6 euros franco).
    Ensuite, Adélaïde Pouchol viendra témoigner de la passionnante enquête, publiée par notre confrère l'Homme Nouveau, qu'elle a menée dans différents centres du Planning familial. En se faisant passer pour une jeune femme enceinte se posant des questions sur la poursuite de sa grossesse, elle a concrètement observé la réalité de cette institution qui a fait du droit à l'avortement libre et gratuit, selon le slogan « un enfant si je veux quand je veux », son cheval de bataille et fonds de commerce.
    Concrètement ?
    Cette Université se déroule du jeudi 14 au dimanche 17 juillet à Grand'Maisons (Villepreux, 20 km à l'ouest de Paris). Elle n'est pas réservée aux seuls adhérents de Renaissance catholique, mais elle s'adresse à toute personne de bonne foi désireuse de s'informer sur les sujets que nous traitons. Une garderie permet aux jeunes enfants d'être pris en charge pour la journée. Au-delà des conférences, ces journées sont également un temps fort de rencontres et d'échanges. Dans le domaine Spirituel, la sainte messe est célébrée tous les jours et nous nous réjouissons du nombre de prêtres de diverses communautés d'ores et déjà inscrits, six. Le père Argouarc'h de la Sainte-Croix de Riaumont nous accompagnera en pèlerinage à la collégiale Notre-Dame de Poissy où fut baptisé saint Louis. Une activité sportive est prévue pour les jeunes ainsi qu'une visite guidée du parc du château de Versailles.
    Nous restons fidèles à notre intuition originelle : éclairer les débats du présent à la lumière de la foi et de la raison, dans la fidélité à notre tradition nationale. En ces temps de désorientation générale, ces quatre journées de formation, de détente, de culture et d'amitié chrétiennes constituent notre contribution à la toujours plus nécessaire réforme intellectuelle et morale. Croire que le zapping sur internet peut remplacer la formation un peu suivie et la lecture serait une grave illusion...
    Propos recueillis par François Franc PRESENT  25 juin 2011

  • Les maîtres de la Contre-Révolution XVII. MAURICE BARRÈS

    Nous hésitions à placer Maurice Barrès parmi les maîtres de la Contre-Révolution, pour la bonne raison qu'il a toujours préféré chercher les moyens d'améliorer la République plutôt que de conclure à la nécessité de rétablir la monarchie. Toutefois nous ne pouvions passer sous silence ce penseur politique dont on a fêté le cent cinquantenaire en août dernier et qui a tant contribué à rendre aux Français conscience d'appartenir à une grande nation.
    Maurice Barrès naquit le 19 août 1862 à Charmes (Vosges) (1) Sa famille paternelle était originaire de la région de Saint-Flour en Auvergne, mais sa mère dont le père fut maire de Charmes, était bien implantée en Lorraine. Son premier "déracinement" fut son séjour au collège de La Malgrange, près de Nancy, où les chenapans ne se souciaient guère de respecter sa nature réservée ; il commença alors à se réfugier dans son « culte du moi ». Après le lycée puis la faculté de droit de Nancy, Barrès vint à Paris où sa vocation littéraire le poussa à multiplier les collaborations à différentes revues. En 1884 il en créa une, Les taches d'encre, où il exposa ses premières ambitions : « Notre tâche sociale, à nous, jeunes hommes, c’est de reprendre la terre enlevée, de reconstituer l'idéal français qui est fait tout autant du génie protestant de Strasbourg que de la facilité brillante du Midi. Nos pères faillirent un jour : c'est une tâche d'honneur qu'ils nous laissent. Ils ont poussé si avant le domaine de la patrie dans les domaines de l'esprit que nous pouvons, s'il le faut, nous consacrer au seul souci de reconquérir les exilés. » L'expérience n'eut que quatre numéros... mais le talent de Barrès, « son charme insolite et maladif » (Laurent Tailhade), était maintenant reconnu par la critique.
    SOUS L'ŒIL DES BARBARES
    En 1888, dans le premier volume du « Culte du Moi » (2), Sous l'Œil des Barbares, il démontrait que notre moi n'est pas immuable, qu'il faut le défendre et le recréer constamment : « Notre premier devoir est de défendre notre moi contre les Barbares, c’est-à-dire contre tout ce qui risque de l'affaiblir dans l'épanouissement de sa propre sensibilité. » Cet ouvrage allait lui attirer l'admiration de la jeunesse, Barrès fut même salué du titre de « prince de la jeunesse ». Maurras lut d'un trait ce roman inquiet, ironique et raffiné où Barrès se faisait l'écho de toute une partie de la jeune génération qui rejetait les fausses assurances du scientisme et la scène politique étriquée du radicalisme et de l'opportunisme : « Plus il m'était nouveau, plus il me semblait m'appartenir en propre, car j'y retrouvais tout ce que je voulais », devait écrire Maurras plus tard avec enthousiasme. Ainsi commença une amitié de trente-cinq années entre les deux hommes, jusqu'à la mort de Barrès. Cette amitié allait être marquée au signe d'une estime mutuelle et du sentiment de déférence de Maurras envers Barrés malgré leurs leurs divergences d’idées grandissantes…
    Dans le second volume Un homme libre (1889), il expliquait que selon ses principes, « Il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible », ce qui lui fit accomplir une démarche proche de celle des contre-révolutionnaires et prendre conscience de son passé, dont il était le produit et, plus spécialement, de sa Lorraine natale : « C'est là que notre race acquit le meilleur d'elle-même. Là, chaque pierre façonnée, les noms mêmes des lieux et la physionomie laissée aux paysans par des efforts séculaires nous aideront à suivre le développement de la nation qui nous a transmis son esprit [...] En faisant sonner les dalles de ces églises où les vieux gisants sont mes pères, je réveille des morts dans ma conscience [...] Chaque individu possède la puissance de vibrer à tous les battements dont le cœur de ses parents fut agité au long des siècles. »
    LES DÉRACINÉS
    Suivirent les trois volumes du « roman de l'Énergie nationale », dont le premier connut le plus grand succès de librairie du début de XXe siècle : Les Déracinés (1897). Il fut suivi de L'Appel au soldat (1900) et Leurs Figures (1902) qui témoignent sur fond de campagnes électorales acharnées de l'évolution de Maurice Barrès, naguère anarchiste et même socialiste, vers le nationalisme et le traditionalisme. Élu à sa grande surprise député boulangiste de Nancy en 1889 à l'âge de vingt-sept ans, il s'engagea dans cette voie par passion et goût de l'action plus que par réflexion…
    Le « roman de l'Énergie nationale » visait à montrer la décadence de la France à travers le destin de sept jeunes gens, sept Lorrains, Déracinés, jetés sur le trottoir parisien le cerveau enfiévré d'une philosophie de l'impératif catégorique : ils allaient vite sombrer dans l'anarchisme. L'un d'eux, Sturel, qui incarnait un peu Barrés lui-même, crut s'en sortir en utilisant l'aventure du général Boulanger comme "stimulant" tandis que leur maître kantien, Bouteiller, était devenu député opportuniste et exécrait le mouvement boulangiste, mais le général fut trop pusillanime pour tenter de prendre le pouvoir au soir de l'élection triomphale du parti boulangiste du 29 janvier 1889, ce qui donnait à Barrès l'occasion d'exprimer son sentiment sur cette affaire qui ne fut qu'un feu de paille : tout près de devenir « le cerveau de la nation », Boulanger « défaille, faute d'une doctrine qui le soutienne et qui l'autorise à commander ces mouvements de délivrance que les humbles tendent à exécuter [...] l'indigence des principes empêche un programme positif ; le général Boulanger, tout au net, manque d'une foi boulangiste qui se substitue dans sa conscience à l'évangile dont vit le parlementarisme ».
    Barrès donc était en recherche d'une doctrine. Le troisième volet du « roman de l'Energie nationale », Leurs Figures, fut centré sur le scandale de Panama qui, en quelque sorte, confirmait la justesse de l'antiparlementarisme du boulangisme. Portraitiste redoutable et sans pitié, il dut constater qu'en septembre 1893, « dès l'instant que l'opposition avait écarté les moyens révolutionnaires et refusé d'exiger une dissolution, les parlementaires ne s'étaient plus inspirés que du "sauve qui peut !" ordinaire, devant les électeurs, ils s'entraidèrent ou se trahirent selon leurs convenances, qu'ils fussent de droite ou de gauche, intacts ou tarés ». Jamais Barrès ne fut aussi près de remettre en cause le système républicain.
    Il apparaît qu'il fut alors très près de Maurras. Pourquoi donc ne se rejoignirent-ils pas ? En 1888, Maurras n'était pas encore acquis aux grandes vérités de la monarchie. Mais ce fut pendant cette période, du temps de la fin lamentable du boulangisme et de la naissance des ligues, que les deux hommes furent les plus proches. En 1895, on demanda à Barrès d'animer un quotidien jadis boulangiste mais qui périclitait, La Cocarde ; pendant quelques mois s'y côtoyèrent des anarchistes, des socialistes de diverses tendances, des monarchistes et des républicains. Maurras y publiait des articles consacrés aux avantages politiques et sociaux de la décentralisation et du fédéralisme. Il allait réussir à convertir Barrès à ses idées sur ces thèmes, puisque, l'expérience de La Cocarde terminée, ils menèrent campagne ensemble au rythme de conférences et de brochures.
    Survint l'Affaire Dreyfus. Avec cette affaire qui ne lui semblait avoir que « l'intérêt grossier d'un roman feuilleton », Barrès vit tout de suite qu'on venait « d'engager des questions de vie ou de mort qui ne sont pas seulement de la littérature nationale, mais des faits de vie et de mort pour la nation ». Alors s'il douta toujours que Dreyfus fût innocent, il laissait à la justice militaire le soin d'en juger ; mais lui ne voulut pas laisser la parole aux détracteurs de l'armée, de la justice et de l'Église et, en dépit de ses amis du moment, dont Léon Blum, il opta pour le camp antidreyfusard. « Des intrigants politiques ont ramassé ce petit juif comme une arme, comme un couteau dans la poussière », il s'agissait pour Barrès de « conserver la France » tout simplement. Barrés et Maurras se rejoignaient dans une même analyse et dans la défense acharnée à protéger les bastions de la justice, de l'armée et de l'Église. Ils dénonçaient ensemble l'impuissance du régime parlementaire à préserver les institutions et à défendre la société.
    À la Ligue des Droits de l'Homme et aux pétitions des intellectuels dreyfusards s'opposa vite la Ligue de la Patrie française, voulant montrer que les intellectuels n'étaient pas tous du même côté. Le président d'honneur en fut le poète François Coppée, le président effectif le critique Jules Lemaître et le secrétaire général Louis Dausset. Barrès en fut le délégué ; dans un important discours du 10 mars 1899, il insistait sur la nécessité de « restituer à la France une unité morale, de créer ce qui nous manque depuis la Révolution : une conscience nationale » Il ajoutait : « Certes, une telle connaissance de la Patrie ne peut être élaborée que par une minorité, mais il faut qu'ensuite tous la reconnaissent et la suivent. »
    Pour Maurras, rallié à la monarchie dès 1896, lors de son voyage en Grèce, « l'Affaire Dreyfus » n'avait été qu'un épiphénomène de la décadence morale, politique et intellectuelle, où sombrait la France, ligotée par le régime républicain et les principes démocratiques. La Ligue de la Patrie française, dont Barrés avait été l’un des fondateurs, ne suivait point Maurras dans ses accusations contre le régime et ladite Ligue devenait une pompe à électeurs, avec pas plus de doctrine que le boulangisme.
    C'est alors que Maurras et quelques amis, pas encore tous royalistes, créèrent la Ligue d'Action française. Le 30 octobre 1899, dans un article du Journal, Barrès rappelait l'une de ses maximes favorites ; « Il n'y a aucune possibilité de restauration de la chose publique sans une doctrine », et il ajoutait : « Rien n'est plus pressant que des efforts méthodiques pour créer une discipline nationaliste, pour élaborer quelques idées maîtresses dont le manque fit profondément la faiblesse et la stérilité d'une magnifique convulsion telle que le boulangisme »
    Le moment sembla venu pour le Provençal de prendre au mot le Lorrain et il s'empressa de lui proposer de prendre la tête de l'Action française naissante : « Ce qui me paraît essentiel, c'est que vous deveniez intellectuellement des nôtres. Par des nôtres j'entends que vous ayez une place au milieu de nous et par exemple la première »
    Si l'on en croit Yves Chiron, son judicieux biographe, « avoir la première place à l’Action française pouvait séduire Barrès, affronter la redoutable dialectique maurrassienne devait l'effrayer (3)». Il garda toujours une certaine distance. Pendant des années il allait s'essayer à être le conciliateur entre la Ligue des Patriotes de Déroulède, activiste et plébiscitaire, la Ligue de la Patrie française, machine électorale sans programme, et la Ligue d'Action française, le plus durable des mouvements nationaux et le plus doctrinal. Mais jamais Barrès n'accepta le monarchisme de l'Action française (4) ; dans sa réponse à l'Enquête sur la monarchie, il disait refuser d'arrêter l'histoire avant 1789 et il ajoutait « Ne pouvant faire que ce qui nous paraît raisonnable soit accepté de tous, pourquoi ne tâchez-vous pas que ce que la majorité accepte devienne raisonnable ? » Ce qui revenait à proposer d'améliorer la République...
    « Moi qui suis la loi des choses », écrivait-il dans Sous l'Œil des Barbares..., sa subjectivité ne le quitta jamais. Il ne voulut jamais se soumettre aux lois de l'expérience, qui eussent limité le champ de son Moi. La logique et la raison chez Maurras, la sensibilité chez Barrès. Pendant trente-cinq ans, les deux hommes en débattront jusqu'à la mort de Barrès le 4 décembre 1923, à l'âge de soixante et un ans dans sa maison de Neuilly-sur-Seine, foudroyé par une crise cardiaque. Trois ans plus tôt, le 24 juin 1920, la Chambre des députés avait adopté son projet visant à instituer une fête nationale de sainte Jeanne d'Arc.
    Michel FROMENTOUX. RIVAROL 11 JANVIER 2013
    Voir Yves Chiron : Vie de Barrès. Ed. Godefroy de Bouillon ; 2000 Préface de Jean Madiran.
    Voir François Broche ; Maurice Barrès. Ed Jean-Claude Lattes 1987.
    Numéro de septembre 1986 de la Nouvelle revue de Paris, consacré à Barrès.
    La République ou le Roi, correspondance Barrès-Maurras. Ed Pion. 1965.

  • La bonne Mémoire de Marion

    Le Front National prend l’Histoire de France dans son entier, ses pages sombres comme ses pages lumineuses. Jean-Marie Le Pen, Marine, Bruno Gollnisch, ses dirigeants l’ont expliqué et répété à de nombreuses reprises. Au discours  de Valmy prononcé en 2007 par l’actuel président d’honneur du FN et célébrant cette bataille symbole de la Révolution en arme,  faisait écho quelques mois auparavant l’hommage rendu par le Menhir aux Vendéens « victimes du génocide révolutionnaire, aux hautes figures de la chouannerie, les Charette, La Rochejaquelein ou Lescure », « aux  étendards éternels de la vieille France catholique et royale… »

    Une Révolution française qui fut aussi un drame pour notre pays avec sa fureur destructrice entraînant la perte  de joyaux inestimables de notre patrimoine,  les meurtres, les exécutions de masse de 90 000 Français dont des milliers de prêtres, une  immense majorité d’ouvriers et d’artisans qui ont été guillotinés.

    Sans oublier bien sûr les 200 000 victimes civiles de l’épuration ethnique des Colonnes infernales républicaines, paysans vendéens et  bretons , hommes, femmes et enfants exterminés. Comme le proclamait fièrement à l’époque le bourreau du peuple vendéen, le général Westerman : « il n’y a plus de Vendée, elle est morte sous notre sabre, libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer ».

    Bruno Gollnisch se félicite donc  que Marion Maréchal-Le Pen,  qui fait de nouveau pleinement honneur au mandat que lui ont confié ses électeurs, et au nom d’un Devoir de Mémoire bien légitime,  même s’il est  hélas trop  souvent mis à toutes les (mauvaises) sauces, ait déposé  une proposition de loi demandant « la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794 ». Celle-ci a été enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale mercredi.

    Il est heureux que  plusieurs députés aient cosigné ce  texte. Non seulement  Véronique Besse et Yannick Moreau,  députés « non-inscrits » de droite, élus du département de Vendée, mais aussi les UMP Dominique Tian, Alain Leboeuf ,  Philippe Vitel, le chef de file de la Droite populaire Lionnel Luca et l’ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants puis à l’Intérieur et aux Collectivités territoriales,  Alain Marleix.

    En février 2008, Marguerite Lussaud, candidate FN dans le canton de Bourgneuf dans le pays de Retz, avait souhaité que « la mémoire des enfants victimes du génocide vendéen de 1793-1794 soit honorée de la même manière dans les écoles des territoires concernés ». « La République doit désormais reconnaître ses crimes, elle qui n’est jamais en retrait pour reconnaître ceux des autres (shoah, génocide arménien, etc.) ». Les victimes de cette terrible guerre civile doivent être  « réhabilitées, réintégrées dans la mémoire nationale »  affirmait-elle.

    Son vœu fut alors méprisé par les élus et les exécutifs de « droite ». Bruno Gollnisch le relevait lors d’un colloque de l’AEMN au Japon en 2010, les indignations des défenseurs des droits de l’homme et autres humanistes républicains sont souvent à géométrie variable : « Il y a les bons et les mauvais criminels de guerre».

    «  Les bons criminels de guerre, ceux-là qui sont pardonnés, sont les vainqueurs. C’est ceux qui ont bombardé et fait éclater sous des chaleurs de trois mille degrés les femmes, les vieillards, les enfants, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde ou d’ailleurs. Ca, ce sont les bons. Et puis il y a les mauvais, qui sont dans le camp des vaincus. »

    Le Front National lui, se situe résolument dans le camp de la liberté et de la vérité.  Dans tous les domaines.

    http://www.gollnisch.com

  • [Paris] Hommage à Louis XVI en présence de Mgr le Comte de Paris

    PARIS – Lundi 21 janvier, 12 h 15, église Saint-Germain-l’Auxerrois, messe célébrée à la demande de l’Œillet Blanc par le révérendissime père-abbé de Kergonan, Dom Piron, en présence de Mgr le comte de Paris, duc de France, et des princes de la maison de France.

    o ALPES-MARITIMES – Nice, 27 janvier, 10 heures, chapelle de la l’archiconfrérie de la Très-Sainte-Trinité, 1 rue du Saint-Suaire.

    o ARIÈGE – Saint-Paul-de-Jarrat, lundi 21 janvier, 18 heures, église paroissiale.

    o BAS-RHIN – Strasbourg, samedi 19 janvier, 16 h 30, cathédrale Notre-Dame.

    o BOUCHES-DU RHÔNE – Marseille, lundi 21 janvier, 18 h 30, église Saint-Pie X, 44 rue Tapis Vert, 1er

    o BOUCHES-DU RHÔNE – Marseille, lundi 21 janvier, 19 heures, basilique du Sacré-Cœur, 81 avenue du Prado, 8e, messe célébrée par Mgr Jean-Pierre Ellul, avec chants grégoriens, orgues et chorale.

    o CALVADOS – Caen, lundi 21 janvier, 18 h 30, chapelle Saint-Pie X.

    o CHARENTE – Roullet-Saint-Estèphe, lundi 21 janvier, 18 h 30, église de Roullet.

    o CORRÈZE - Brive, dimanche 20 janvier, 10 h 30, église du Christ-Roi, rue d’Espagnac.

    o CÔTE-D’OR – Fontaines-les-Dijon, samedi 19 janvier, 11 heures, basilique Saint-Bernard, rite extraordinaire,

    o DORDOGNE – Périgueux, dimanche 20 janvier, 16 heures, église Notre-Dame-de-Toutes-Grâces, 19 rue du 34e Régiment d’Artillerie.

    o EURE - Le Planquay, 19 janvier, 11 heures, église du Planquay.

    o GARD – Nîmes, samedi 26 janvier, 11 heures, église Sainte-Perpétue, messe suivie d’un déjeuner à 12 heures à la brasserie Le Place, sur l’Esplanade (angle rue Régale), à l’issue duquel François-Marin Fleutot évoquera « Clovis et les origines de la monarchie » (20 euros, inscription au 06 83 71 67 70).

    o GIRONDE – Bordeaux, lundi 21 janvier, 19 heures, église Saint-Bruno (tramway ligne A).

    o HAUT-RHIN – Mulhouse, lundi 21 janvier, 19 h 30, église Saint-Étienne.

    o HAUTE-LOIRE – Ceyssac, 21 janvier, 18 h 30, église paroissiale.

    o HAUTE-VIENNE – Limoges, lundi 21 janvier, 11 h 15, église Saint-Michel-des-Lions, messe suivie d’un déjeuner (inscription auprès d’Hervé Riou au 05 55 34 57 64).

    o HÉRAULT – Béziers, lundi 21 janvier, 18 heures, église des Pénitents, rue du 4 Septembre.

    o HÉRAULT – Montpellier, lundi 21 janvier, 18 heures, chapelle des Pénitents bleus, rue des Étuves.

    o HÉRAULT – Fabrègues, lundi 21 janvier, 18 h 30, prieuré Saint-François de Sales, 1 rue Neuve des Horts.

    o ISÈRE - Grenoble, 21 janvier, 18 heures, collégiale Saint-André.

    o LOIRE – Saint-Étienne, lundi 21 janvier, 19 heures, chapelle Saint-Bernard.

    o LOIRE-ATLANTIQUE – Nantes, dimanche 20 janvier, 12 h 30, dépôt de gerbe en hommage à Louis XVI et aux victimes de la Révolution ; 13 h 15, déjeuner à la Taverne du Château, 23 allée du commandant Charcot (23 euros, inscription par courriel à urbvm@hotmail.fr) ; 15 heures, conférence de Gérard Bedel, « Louis XVI ou la tragédie de la vertu » (2 euros pour ceux qui ne déjeunent pas sur place).

    o MAINE-ET-LOIRE – Chemillé, 27 janvier, 10 h 30, chapelle Saint-Joseph, 14 rue du Presbytère.

    o MEURTHE-ET-MOSELLE – Nancy, dimanche 20 janvier, 9 h 25, église Saint-Pierre, avenue du maréchal de Lattre de Tassigny, messe suivie d’un déjeuner à 12 heures conclu par la galette traditionnelle, restaurant Chez Maître Marcel, au coin des rues Raymond Poincaré et de l’Armée Patton, (inscription au 06 19 19 10 69).

    o NORD – Lille, lundi 21 janvier, 19 heures, chapelle Notre-Dame-de-la-Treille, 26 rue d’Angleterre.

    o OISE – Belloy, dimanche 20 janvier, 11 heures, église paroissiale.

    o PARIS – Dimanche 20 janvier, marche aux flambeaux, départ à 18 heures (voir p. 15).

    o PARIS – Paris, lundi 21 janvier, 18 heures, église Saint-Nicolas du Chardonnet.

    o PYRÉNÉES-ATLANTIQUES - Bayonne, mardi 22 janvier, 18 h 30, cathédrale de Bayonne, messe célébrée par Mgr Aillet, évêque de Bayonne, suivie d’un dîner à 19 h 45 au restaurant Le Cheval Blanc, 68 rue Bourgneuf, en présence de Mgr Aillet (25 euros).

    o PYRÉNÉES-ORIENTALES – Perpignan, lundi 21 janvier, 18 h 30, prieuré du Christ-Roi, 113 avenue du maréchal Joffre.

    o RHONE - Lyon, lundi 21 janvier, 18 h 30, église Saint-Denis de la Croix-Rousse, messe suivie d’une galette des rois (voir p. 15).

    o SARTHE – Louailles, samedi 19 janvier, 11 heures, église paroissiale, messe suivie d’un déjeuner-débat à 12 h 30, salle polyvalente de Vion, animé par Christian Franchet d’Espèrey, sur « Louis XV, une politique étrangère française, une leçon pour le temps présent ».

    o SEINE-ET-MARNE - Fontainebleau, lundi 21 janvier, 18 h 45, église du Carmel, 6 bis boulevard du général Leclerc (Fraternité Saint-Pierre).

    o SEINE-MARITIME – Dieppe, lundi 21 janvier, 9 h 30, église Saint Jacques.

    o SEINE-SAINT-DENIS - Saint-Denis, lundi 21 janvier, 12 heures, basilique Saint-Denis ;

    o SOMME – Amiens, dimanche 20 janvier, 10 h 30, chapelle, 195 rue Léon Dupontreué.

    o VAR – Toulon, lundi 21 janvier, 18 h 30, église Saint-François de Paule, messe célébrée par Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon.

    o VAR – Toulon, 18 h 30, église Sainte-Philomene, 125 boulevard Grignan, Le Mourillon.

    o VENDÉE - La Gaubretière, lundi 21 janvier 10 h 30, chapelle de Ramberge.

    o BELGIQUE – Rixensart, lundi 21 janvier, 11 heures, château.

    o BELGIQUE – Bruxelles, lundi 21 janvier, 19 heures, église conventuelle du couvent Sainte-Anne, avenue Léopold Wiener, 26 B.

    Merci pour La Faute à Rousseau pour la recension des messes pour Louix XVI

    http://www.actionfrancaise.net

  • Culte et mythe de la déesse-mère

     Analyse: Manfred Kurt EHMER, Göttin Erde. Kult und Mythos der Mutter Erde. Ein Beitrag zur Ökosophie der Zukunft, Verlag Clemens Zerling, Berlin, 1994, 119 p. (format: 20 cm x 20 cm), nombreuses illustrations, DM 36, ISBN 3-88468-058-7 (l'ouvrage comprend un glossaire mythologique et une bonne bibliographie).

    L'écologie philosophique constitue une lame de fond en Allemagne depuis longtemps et renoue, c'est bien connu, avec le filon romantique et son culte de la nature, bien capillarisé dans la société allemande. Aujourd'hui, la sagesse qui découle de ce culte de la nature ne se contente plus de déclarations de principe écologistes un peu oiseuses et politiciennes, mais se branche sur la mythologie de la Terre-Mère et entend développer, pour le siècle à venir, une “écosophie”, une sagesse dérivée de l'environnement, de l'écosystème, capable de mettre un terme au progressisme moderne qui clopine de catastrophe en catastrophe: pollutions insupportables, mégapoles infernales, produits agricoles frelatés, névroses dues au stress, etc. M. K. Ehmer nous offre dans ce volume, abondamment illustré, une rétrospective solidement étayée des cultes que l'Europe a voués depuis des temps immémoriaux à la Terre-Mère et à ses multiples avatars. La déesse Gaïa est dans l'optique de tous ces cultes successifs dans l'histoire européenne, à la fois un être vivant, le symbole archétypal de la féminité/fécondité et l'objet des cultes à mystères de l'Europe et de l'Inde. Les sites préhistoriques et protohistoriques de Hal Tarxien à Malte, de Carnac en Bretagne, de Stonehenge et d'Avebury en Angleterre l'attestent. Pour Ehmer, ces lieux de culte doivent être considérés comme les réceptacles géomantiques de forces numineuses et fécondantes que la tradition chinoise appelle les forces chi  et que le Baron von Reichenbach (1788-1869), à la suite de 13.000 expériences empiriques, nomme “forces Od”.  La Terre-Mère, dans ces cultes, est fécondée par l'astre solaire, dont la puissance se manifeste pleinement au jour du solstice d'été: la religion originelle d'Europe n'a donc jamais cessé de célébrer l'hiérogamie du ciel et de la terre, de l'ouranique et du tellurique. L'Atharva-Veda indien est la trace écrite de cet hymne éternel que l'humanité européenne et indienne a chanté en l'honneur de la Terre-Mère, explique Ehmer. Ensuite, il relie l'idéal chevaleresque des kshatriyas indiens et le culte du dieu du Tonnerre Indra à la mystique du calice contenant le nectar Soma, source tellurique de toute vie et breuvage revigorant pour les serviteurs spirituels ou guerriers de la lumière ouranienne. Des kshatriyas indiens aux chevaliers perses et de ceux-ci aux cavaliers goths, cette mystique du Soma est passée, immédiatement après le début des croisades, dans l'idéal chevaleresque européen-germanique, sous la forme du Graal et dans le culte de Saint-Michel (qui ne serait qu'un avatar des dieux indo-européens du Tonnerre, tueurs de dragons, dont Indra en Inde ou Perkunas chez les Baltes et les Slaves). Pour Ehmer, le Graal est un calice contenant un breuvage surnaturel qui donne des forces à l'homme-guerrier initié, tout en échappant, par l'abondante plénitude qu'il confère aux compagnons du Graal, à l'entendement humain trop humain.

    En Grèce, le culte de Gaïa/Demeter/Perséphone a été bien présent et s'est juxtaposé puis mêlé pendant l'Empire romain au culte latin-italique de la Terra Mater, aux mystères d'Attis et de Kybele (originaires d'Asie Mineure) et au culte d'Isis, déesse de la Terre et Reine du Ciel (dont les avatars se mêlent en Germanie, le long du limes  rhénan et danubien, à des figures féminines locales, notamment à cette jeune fille audacieuse descendant les rivières, debout sur un bloc de glace, sur lequel elle a dressé un mât porteur d'une voile, pour s'élancer, disent certaines légendes, vers l'Egypte; cf. Jurgis Baltrusaitis, La Quête d'Isis, Champs-Flammarion, 1997). A cette Isis nordique qui part seule à l'aventure pour l'Egypte, correspondent des Isis sur barque ou sur nef, dont celle de Paris, l'Isis Pharia, honorée à Lutèce pendant la tentative de restauration de Julien (d'où la nef des armoiries de Paris). Ou cette superbe Isis en ivoire alexandrin, sculptée sur la chaire de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Isis a connu un très grand nombre d'avantars en terre germanique où, souvent, elle n'a même pas été christianisée (voir les nombreux “Isenberge”, ou “Monts-d'Isis”). L'humaniste suédois Olav Rudbeck (1630-1702), exposant d'une origine hyperboréenne des civilisations, déduit dans sa mythographie parue en 1680, qu'Isis-Io est fille de Jonatör, un roi “commérien”, régnant sur un peuple du nord noyé dans les ténèbres d'une lointaine “Hyperborée”. Isis-Io, fille aventureuse, descend vers l'Egypte et le Nil en traversant les plaines scythes en compagnie de Borée (est-il un avatar de ce “jeune homme” couronné de feuilles, debout sur une barque à proue animalière, que l'on retrouve dans les plus anciennes gravures rupestres de Scandinavie et dans le mythe de Lohengrin?). Rudbeck avançait des preuves archéologiques: l'Isis lapone sort des neiges, porte plusieurs paires de mamelles (elle est une “multimammia”); son culte se retrouve à Ephèse et en Egypte. L'élément glace se retrouve même dans la proximité phonique entre “Isis” et “Iis” (“glace” en gothique) ou “Eis” (“glace” en allemand). Baltrusaitis écrit: «La cosmogonie hyperboréenne est aquatique par excellence. La terre, la vie procède de l'eau. Or l'eau provient de la glace, première substance solide de l'univers».

    Les cultes grecs de la Terre-Mère trouvent leur pendant en Europe centrale et septentrionale dans le culte germanique de Nerthus, dans le culte celtique de Brighid, mère du monde et gardienne de la Terre, et dans la figure d'Ilmatar, le mère originelle de l'épopée du Kalevala. Ensuite dans la tradition chinoise du Feng-Shui, qui est celle de la géomantie, du culte du genius loci, pour laquelle il fallait donner forme à l'habitat des vivants pour qu'il coopère et s'harmonise avec les courants traversant son lieu. Car, cite Ehmer, «chaque lieu possède ses spécificités topographiques qui modifient l'influence locale des forces chi».  Ehmer débouche ainsi sur une application bien pratique et concrète du culte de la Terre-Mère, des sites sacrés ou du simple respect du site pour ce qu'il est: un urbanisme qui donne aux bâtiments la hauteur et la forme que dicte le topos, qui oriente les rues et les places selon sa spécificité propre et non d'après l'arbitraire du constructeur moderne et irrévérencieux, qui exploite la Terre sans vergogne. Après la disposition géomantique exemplaire de la Cathédrale de Chartres, la modernité occidentale a oublié et oublie encore ce Feng-Shui, qui n'a même plus de nom dans les langues européennes, malgré les recommandations d'un architecte britannique, Alfred Watkins (1855-1935), qui a redécouvert les lignes de forces telluriques, qu'il appelait les ley lines.

    Pour Ehmer, le judéo-christianisme et la modernité prométhéenne sont responsables du “désenchantement” du monde. Mais son plaidoyer pour un retour à la géomantie et à l'écosophie ne s'accompagne pas d'une condamnation sans appel de tout ce qui a été dit et pensé depuis la Renaissance, comme le veulent certains pseudo-traditionalistes hargneux et parisiens, se proclamant guénoniens ou évoliens ou, plus récemment, “métaphycisiens de café” (mais qui ont mal digéré leur lecture d'Evola ou l'ont ingurgitée sans un minimum de culture classique!). Ehmer rappelle la cosmologie ésotérique de Léonard de Vinci, avec l'idée d'une “âme végétative”, où l'adjectif “végétatif” n'est nullement péjoratif mais indique la vitalité inépuisable du végétal et de la nature, et aussi l'idée d'une Terre comme “être vivant organique”. Ehmer rappelle également l'“harmonie” de Jean Kepler, avec l'idée d'un “soi planétaire de la Terre”, puis, la pensée organique de Goethe.

    C'est donc sur base d'une connaissance profonde des mythologies relatives à la Terre-Mère et sur une revalorisation des filons positifs de la Renaissance à Goethe, sur une approche nouvelle de Bachofen et de Jung, qu'Ehmer propose une “nouvelle conscience gaïenne”. Celle-ci doit mobiliser les ressources de la sophia, pour qui l'esprit n'est pas l'ennemi de la vie, mais au contraire la vie elle-même; un tel “esprit” ne se perd pas dans la sèche abstraction mais reste ancré dans les saveurs, les odeurs et les grouillements de la Terre. C'est l'abandon de cette sophia  qui a fait le malheur de l'Europe. C'est le retour à cette sophia  qui la restaurera dans sa plénitude.
     
  • État traditionnel et État totalitaire

    sol invictus

    « Le principe d’une autorité centrale inattaquable se « sclérose » et dégénère lorsqu’il est affirmé à travers un système qui contrôle tout, qui enrégimente tout et qui intervient partout selon la fameuse formule « Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État ». Si l’on ne précise pas en quels termes on doit concevoir cette inclusion, une formule de ce genre ne peut valoir que dans le cadre d’un étatisme de type soviétique, étant donné les prémisses matérialistes, collectivistes et mécanicistes de celui-ci : non pour un système de type traditionnel reposant sur des valeurs spirituelles, sur la reconnaissance du sens de la personnalité et sur le principe hiérarchique. C’est pourquoi, dans la polémique politique, on a pu concevoir un commun dénominateur en parlant d’un totalitarisme de Droite et d’un totalitarisme de gauche : ce qui est une véritable absurdité.

    L’État traditionnel est organique, mais non totalitaire. Il est différencié et articulé, il admet des zones d’autonomie partielle. Il coordonne et fait participer à une unité supérieure des forces dont il reconnaît cependant la liberté. Précisément parce qu’il est fort, il n’a pas besoin de recourir à une centralisation mécanique : celle-ci n’est réclamée que lorsqu’il faut contrôler une masse informe et atomique d’individus et de volontés, ce qui fait, d’ailleurs, que le désordre ne pourra jamais être vraiment éliminé, mais seulement contenu provisoirement. Pour reprendre une heureuse expression de Walter Heinrich, l’État authentique est omnia potens, non omnia facens, c’est-à-dire qu’il détient au centre un pouvoir absolu qu’il peut et doit faire valoir sans entraves en cas de nécessité ou dans les décisions ultimes, au-delà du fétichisme de l’ « État de droit » ; mais il n’intervient pas partout, il ne se substitue pas à tout, il ne vise pas à imposer une vie de caserne (au sens négatif), ni un conformisme niveleur, au lieu de la reconnaissance libre et du loyalisme ; il ne procède pas à des interventions impertinentes et imbéciles du domaine public et de l’ « étatique » dans le domaine privé. L’image traditionnelle, c’est celle d’une gravitation naturelle de secteurs et d’unités partielles autour d’un centre qui commande sans contraindre, agit par son prestige, par une autorité qui, certes, peut avoir recours à la force, mais qui s’en abstient le plus possible. La preuve de la force effective d’un État est donnée par la mesure de la marge qu’il peut concéder à une décentralisation partielle et rationnelle. L’ingérence systématique de l’État ne peut être un principe que dans le socialisme d’État technocratique et matérialiste.

    Par contraste, la tâche essentielle de l’État authentique est de créer un certain climat général, immatériel en un certain sens, selon ce qui fut propre à tous les régimes de l’époque précédente. Telle est la condition nécessaire afin qu’un système où la liberté est toujours le facteur fondamental prenne forme de manière pratiquement spontanée et fonctionne de façon juste, avec un minimum d’interventions rectificatrices. »

    Julius Evola, « Le fascisme vu de Droite ».

    http://dhdc2917.eu/

  • La citadelle de Renaud Camus

    Voué aux gémonies par les chantres du politiquement correct, Renaud Camus n'en est pas moins un écrivain talentueux, dont les ouvrages sont de puissants antidotes à la "déculturation" qu'il dénonce par ailleurs.
    Ce qu'il est désormais convenu d'appeler "l'affaire Camus" aura au moins eu pour mérite d'attirer l'attention de nouveaux lecteurs - et non des moindres, tels Paul-Marie Coûteaux, Élisabeth Lévy ou Alain Finkielkraut - sur l'oeuvre de l'un des plus grands écrivains français vivants dont seule une poignée de happy few se délectait jusqu'alors. La curée dont fut victime cet homme seul et libre aurait-elle donc été plus parfaite s'il n'avait eu des goûts "achriens" ? Probable : amoureux des femmes, Auvergnat de souche (sic), catholique de culture sinon de foi, son compte n'eût pas été seulement bon mais excellent. (On ne louera pourtant jamais assez les mérites de l'Homme républicain dont chacun sait qu'il n'a ni origine, ni langue, ni religion, ni préjugés, ni traditions, ni coutumes, ni usages, ni moeurs.)
    Ligues de petite vertu
    Souvenez-vous, les puissantes cohortes de catins germanopratines se constituèrent en ligues de très petite vertu pour écraser l'infâme auquel une émission de France Culture avait semblé par trop communautaire. Le regard sombre, la mine pensive, BHL pointa les ravages de l'éternelle « idéologie française » ; avec l'air entendu d'un ironiste chinois, Sollers dénonça la « France moisie » et regretta une nouvelle fois que les Plantagenêts n'aient pas triomphé des Capétiens, ce qui nous aurait évité le gouvernement de Bordeaux et l'armistice. Haro sur le disciple de Barrès, sectateur de la terre et des morts - soumis à la petite et à la grande questions, le coupable finit d'ailleurs par avouer que, lycéen, il avait fondé une revue, Les Taches d'encre, en hommage au Prince de la jeunesse (il n'y a pas de hasard) ! Sus au fidèle de Maurras halluciné par une anti-France surgie en extrême droite ligne de sa psychose - que ne s'est-il allongé sur le divan de la divine Roudinesco ! Mort au nostalgique du Volksgeist et du Blut und Boden dont la germanophilie est bien connue de nos services ! La reductio ad hitlerum analysée par Léo Strauss fonctionna à merveille : le suppôt du national-socialisme devait être lynché par les amis du genre humain et les défenseurs de la tolérance en vertu de l'immarcescible principe révolutionnaire selon lequel il ne saurait y avoir de liberté pour les ennemis de la liberté. Que le monde serait donc habitable s'il n'était peuplé que de vigilants anti-racistes peinturlurés aux chatoyantes couleurs de la diversité ! C'est bien simple, si Renaud Camus et quelques autres beaufs atrabilaires n'existaient pas, la gazelle viendrait se blottir contre le lion et les cobras feraient guili-guili aux nouveaux nés qui leur offriraient leur plus beau sourire.
    Le parti de l'In-nocence
    Banni, exilé, ostracisé, relégué, le châtelain de Plieux, en La Varende gascon définitivement "provincialisé" par le 6e arrondissement souverain (quel gâchis, après les années gauche-POL, poppers-Warhol, structuralo-textuelles...), aurait dû ruminer amertumes, ressentiments et aigreurs, visité seulement par quelques jeunes gens aux cheveux blonds et ras - mais au système pileux développé - auxquels, la larme à l'oeil, il aurait projeté Les Damnés.
    Las... Non seulement le fantasmatique hobereau survécut au règne des droits de l'Homme et au jugement dernier de la Démocratie tel que formulé par les oligarques au nom du peuple français (dont le dos est aussi bon que les épaules sont larges), mais sa graphomanie obsessionnelle s'aggrava, encouragée peut-être par les nouveaux admirateurs que lui valurent ses déboires. Les chiens aboyèrent, sa caravane de voyageur enraciné passa, en quête - par exemple - de lieux où l'esprit continuerait de souffler (on nous pardonnera cette réminiscence mal inspirée) en France, certes, mais également en Grande-Bretagne, en Irlande, au Danemark et en Norvège. C'est ainsi qu'il partit saluer en leurs demeures d'aussi bons... esprits que Carlyle, Giraudoux, Knut Hamsum ou Barbey d'Aurevilly ; le fil des jours s'écoula aussi au rythme de son Journal marqué par des ennuis calorifères, bancaires et testiculaires certes mais, surtout, par une vision infiniment noble de l'existence caractérisée par la hauteur de vue et d'esprit, la droiture, la fidélité, l'urbanité, bref, par la civilisation dont chacun de ses livres constitue une enclave dans cet océan de laideur et de barbarie que sont devenues, après des siècles de défiguration - et pour des raisons différentes - la France réelle et la France légale. Saint-Exupéry écrivit Citadelle dont Pierre Boutang proposa une si juste lecture ; Vialatte jugeait urgent de faire naître des îles... Urbanité, disaisje, mais aussi courtoisie, politesse, civilité même, si ce mot n'était hélas pollué par l'usage que toutes les crapules "citoyennes" en font. Le combat désespéré pour l'ordre et la beauté poussa Renaud Camus à jouer le jeu de la démocratie en fondant un parti politique en 2002, le parti de l'In-nocence, de la "non-nocence" ou« "non-nuisance" dont la récente parution de l'Abécédaire des communiqués de presse permet de suivre la ligne.
    Le grand remplacement
    Entre "grand remplacement" « des populations indigènes par des populations immigrées, contre-colonisatrices » et "grande déculturation" par refus ou haine de l'héritage, soit, de la transmission, donc, de la tradition, Camus brosse un tableau parfaitement réaliste de ce que l'on ose encore appeler la France, ce vieux pays transformé en grande surface administrative par les thuriféraires du contrat et du « plébiscite de tous les jours » (de ce point de vue-là, nous ne suivrons pas les analyses proposées par l'écrivain mais notre désaccord vise simplement des définitions, non des faits), ces « amis du désastre » qui, en bons progressistes, se félicitent chaque jour du « réensauvagement » des moeurs.
    « Communiqué n° 921, 26 octobre 2009 - Sur le réensauvagement de la société en France. Le parti de l'In-nocence voit dans les ahurissants événements de Marseille et les combats de rue auxquels a donné lieu l'annulation d'un match de football entre une équipe marseillaise et une équipe parisienne une nouvelle manifestation, et particulièrement criante, de la rapide décivilisation en cours dans notre pays et du réensauvagement du territoire par le double effet du naufrage de l'Éducation nationale et de la diversité tant vantée, si justement crainte par tous les régimes de la France historique et qui montre en de pareilles circonstances son véritable visage, haineux et barbare. » Lucide et courageux, l'auteur de Roman Roi pourfend la vulgate antiraciste et l'idéologie du métissage mais, également, défend notre patrie avec de beaux accents barrésiens et péguystes - ainsi de la grande pitié de nos églises, « édifices qui, tout au long de la période historique de la France, ont été l'un des principaux centres de gravitation de la vie des villages, le point de référence essentiel de la présence humaine dans le paysage sensible, enracinés qu'ils étaient dans la terre et tendus vers le ciel ».
    Dans l'arène politique
    Enfin, candidat à la présidence de la République, il présente les grands axes de son programme en matière de culture et communication - si "antinomique" soit l'association de ces deux mots -, de démographie, d'écologie, d'éducation, de politique européenne, de fiscalité, d'immigration et de politique internationale.
    Constatant la disparition de la civilité, Renaud Camus atteste en définitive et d'un même mouvement celle de toute cité au profit… des « cités », voire, des abominables - sur un plan sémantique au premier chef - « quartiers ». La « France » se divise ainsi, d'une part, entre des meutes barbares dont aucune frustration - contrairement à ce qu'il se dit d'ordinaire - n'est venu tempérer le sentiment infantile de toute-puissance et, d'autre part, de folles monades démocratiques enivrées d'une volonté… de puissance enragée qui vont et viennent où leurs caprices les mènent, bardées de droits dont elles considèrent que l'extension illimitée constitue la raison d'être : quand l'ignoble « vivre ensemble » prospère, quand l'« autre » (« Autrui est un cul », écrivait justement Rebatet dans Les Deux étendards), dont l'exaltation contemporaine désespèrerait un saint, oblitère avantageusement le prochain - qui commence par l'entourage immédiat, fût-ce le voisin de bureau, de palier ou de chambre -, la sociabilité est morte comme, avant elle, la socialisation. C'est ainsi qu'en moraliste, ce contemporain capital qu'est Renaud Camus a redécouvert l'une des vérités de la science politique la plus classique.
    Louis Montarnal L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 16 décembre 2010 au 5 janvier 2011
    ✓ Renaud Camus : Krakmo - Journal 2009, Fayard, 614 pages, 32 € ; Abécédaire de l'In-nocence, éditions David Reinharc, 590 pages, 29 €.