Assez d’hypocrisie : les Flamands, les Écossais, les Québécois et les Catalans méritent eux aussi leur souveraineté !
culture et histoire - Page 1959
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Pourquoi le Québec, l’Écosse, la Flandre et la Catalogne ne seraient-ils pas indépendants…
C’est quand même Charles de Gaulle (ex-président français) qui s’est exclamé le 24 juillet 1967 à l’hôtel de ville de Montréal : « Vive le Québec libre ! »C’est aussi la communauté internationale qui a immédiatement reconnu l’indépendance du Monténégro après le référendum de mai 2006 et cela, selon le principe de l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes.Que l’on se rappelle aussi en France du référendum le 8 février 1962 qui accorda l’indépendance à l’Algérie…Quant au Kosovo, partie de la Serbie depuis le XIIème siècle, il s’est proclamé unilatéralement indépendant le 17 février 2008 et a été légitimé par plusieurs États de l’Union européenne, dont la France, et par de nombreux autres États comme les USA.Ce pays, de 11.000 km2 et de 2,2 millions d’habitants aurait-il plus d’influence ou de poids économique que la Catalogne (32.000 km2 et 7,3 millions d’habitants), que la Flandre (13.000 km2 et 6,7 millions d’habitants) ou que le Québec (1.600.000 km2 et 8 millions d’habitants).Et ne parlons pas du PIB par habitant ! Kosovo = 2.700€ ; Monténégro = 3.000€ ; Malte = 20.000€ ; Québec = 26.000€ ; Ecosse = 28.000€ ; Catalogne = 31.000€ ; Flandre = 33.000€.Pourquoi encore refuser aux uns ce que l’on a accordé aux autres ?Ces régions qui aspirent à leur autonomie totale seraient-elles vouées aux abîmes si elles proclamaient leur souveraineté ?Est-ce que la désolation, la récession et les faillites ravageraient ces contrées dès leur indépendance ?Pourra-t-on encore longtemps affirmer que l’Écosse, la Catalogne, la Flandre ou le Québec n’ont aucune raison de se séparer d’un État centralisateur et omnipotent ? Que ces nations auraient moins de justification d’exister que des pays comme Malte, la Slovénie, la Macédoine ou le Monténégro ? -
"Mariage pour tous" : Mots codés et fausses questions
Le projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe comporte de grands risques pour la société. Cette loi institutionnaliserait en effet une situation artificielle et confuse pour tous, même pour les familles ‘naturelles’, pour lesquelles le sexe des parents géniteurs serait nié, contre toute évidence, par les étiquettes de ‘parent 1’ (ou A) et parent 2’ (ou B).
Ce serait une sorte de mensonge légal, préjudiciable au climat de clarté indispensable à l’éducation, et de mauvaise augure pour l’avenir de notre civilisation. De plus pour satisfaire le désir d’enfant de certains adultes, la loi priverait l’enfant soit d’un père soit d’une mère. Enfin, si elle allait jusqu’à la procréation médicalement assistée, la loi serait contraire à l’éthique en instrumentalisant la personne donneuse de gamètes et en gommant délibérément pour l’enfant à naître l’identité d’un de ses géniteurs biologiques. Présentée comme une ‘réforme de civilisation’ par le Garde des Sceaux, cette loi mérite donc un profond débat. Mais il est actuellement étouffé, car déclarer son opposition au projet de loi c’est très probablement s’exposer à être taxé d’homophobie : très peu se risquent donc à contester ouvertement le projet.
Le projet de loi identifie par un même mot et gouverne par une même règle deux réalités de nature aussi différente que le mariage d’un homme et d’une femme, et l’union de deux personnes de même sexe. Or ces deux réalités sont fondamentalement différentes pour la société puisque la première produit les enfants qui formeront la société future, tandis que la deuxième est stérile. On ne peut donc éviter de se demander les implications à long terme d’une telle démarche.
Pourtant, par un préjugé dominant, celui qui émet un doute sur le bien-fondé du projet de loi s’expose au jugement d’homophobie. Même dans les conversations privées, le débat est largement verrouillé, la cause est entendue : c’est une bonne loi, elle va dans le sens de l’égalité en supprimant des discriminations entre les couples. Et s’il n’était pas signe d’homophobie, un désaccord sur ce projet ne pourrait être que ringardise. Le sujet est donc pratiquement tabou. Il s’ensuit que l’opinion majoritaire des Français est inconnaissable. Rien ne prouve qu’en leur âme et conscience ils soient majoritairement favorables à ce projet et à la refonte correspondante du code civil. Mais, fort de sa majorité politique dans les deux chambres, le gouvernement peut faire passer le projet en très peu de temps, alors que rien ne presse pour réformer des centaines de paragraphes du code civil ! Si cela arrivait je songe à la civilisation dans laquelle évolueraient plus tard nos enfants et petits enfants, et cela m’empêche parfois de dormir. [...]
par Odile MACCHI, de l’Académie des Sciences - La suite sur France Catholique
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Bernard Lugan : « Le massacre imaginaire du 17 octobre 1961… » (Boulevard Voltaire)
Face à la propagande concernant la manifestation algérienne du 17 octobre 1961 à Paris, laissons parler les chiffres. Ce jour-là, il y eut trois morts, mais le seul relevé dans le périmètre de la manifestation avait pour nom Guy Chevalier, retrouvé le crâne fracassé devant le cinéma Rex.
[...] la seule victime retrouvée dans le périmètre de la dite manifestation étant française « de souche », une conclusion s’impose : le prétendu « massacre » d’Algériens du 17 octobre 1961 n’a pas fait le moindre mort algérien… Et pourtant, la gauche française organise chaque année une cérémonie à la mémoire de ces « martyrs algériens ». [...]
Comment expliquer une telle manipulation ? Le montage, car il s’agit bien de cela, a réussi grâce à la mobilisation d’un lobby particulièrement actif appuyé sur des militants totalement immergés dans les cercles de pouvoir et d’opinion qui ont :
1- Joué sur les dates, ajoutant des morts antérieurs et postérieurs à la manifestation du 17 octobre 1961.
2- Comptabilisé des morts qui n’avaient aucun lien avec ladite manifestation.
3- Inventé des noyades policières dans la Seine, attribuant à la police celles qui furent le fait du FLN. Ainsi, pour tout le mois d’octobre 1961, sur les 34 cadavres d’Algériens retirés de la Seine ou de la Marne, notamment aux barrages de Suresnes et de Bezons, puis conduits à l’Institut médico-légal, (la Morgue), la quasi totalité était des victimes du FLN.
4- Inventé des cimetières clandestins et des charniers dont nulle trace n’a jamais été retrouvée.
5- Manipulé les chiffres en additionnant les cadavres non identifiés reçus à l’Institut médico-légal au nombre des disparus et à celui des Algériens transférés administrativement en Algérie après qu’ils eurent été arrêtés le 17 octobre.
6- Compté plusieurs fois les mêmes individus dont les noms furent orthographiés différemment.
Les faits sont donc sans appel et pourtant, vautrée dans un ethno-masochisme devenu pathologique, la gauche française continuera inlassablement à commémorer un prétendu massacre et à exiger l’auto-flagellation nationale.
Sans s’être le moins du monde documenté, comme lors de ses deux discours de Dakar et d’Alger, François Hollande a engagé la responsabilité de la France dans un massacre imaginaire, fruit de la plus grossière propagande. L’Histoire lui demandera donc des comptes.
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Low intensity operations. Subversion, insurgency & peacekeeping (Frank Kitson)
"Ce livre aux tirages confidentiels n'a jamais été traduit dans notre langue et nous n'en connaissons que cinq exemplaires dans les bibliothèques universitaires françaises (voir le catalogue SUDOC). De fait, la diffusion à un large public de ce texte pourrait à elle seule faire basculer des équilibres géopolitiques entiers." (Gouverner par le chaos)11 septembre 2001, attentat de la rue des Rosiers, profanations de Carpentras, affaire Mohamed Merah, affaire Breivik, tuerie d’Aurora, massacre de Raçak (voir B. I. n°138), génocide de Srebrenica (et d’autres), Kosovo, Libye, Syrie, Iran, et probablement tuerie de Newton, comme l’a sous-entendu l’ami Gendre… Toutes histoires qui ont en commun de puer l’intox au vu des rapports officiels comparés aux incohérences qu’elles manifestent. Des histoires banales de la guerre de quatrième génération, dite G4G, celle de l’information. Mais comme l’écrit l’auteur du présent livre, de bonnes communications permettent d’exercer une influence sur les événements. En d’autres termes, selon l’Ecole de Guerre Economique, la guerre est désormais cognitive, elle vise à contrôler la réalité construite par l’individu pour garantir la suprématie de l’intrigant.
Le général Frank Kitson reste à ce titre l’une des figures de proue de la guerre cognitive, bien qu’aucun de ses ouvrages n’ait été traduit en français à ce jour. Sa doctrine découle de son expérience d'écrasement des révoltes anti-coloniales autochtones dans les pays occupés, qu'il consacra dans son manuel Low intensity operations. Subversion, insurgency & peace-keeping (1971), que l'on pourrait rebaptiser « Petit manuel pratique de la révolution colorée ». Le contexte géopolitique dans lequel écrit Kitson s’illustre par trois facteurs qu’il énonce : 1) l’Angleterre défendra ses intérêts nationaux, 2) elle ne pourra pas se contenter de l’isolationnisme. Depuis des siècles elle a dû agir pour survivre, ce qui reste valide aujourd’hui, 3) les pays doivent se battre pour défendre leurs intérêts, dans des limites qui excèdent leurs frontières géographiques. Si l’Angleterre s’allie aux Etats-Unis, leur alliance devra combattre où leurs intérêts seront menacés. Comment faire pour empêcher le pays-cible de se révolter (subversion & insurrection) ? Kitson propose le peace-keeping (maintien de la paix), appellation euphémisée de la contre-subversion. (1) Et à la lecture de son exposé, il est plus qu’aisé de comprendre que ce livre soit quasi introuvable.
Précisons que la subversion, telle que définie par Roger Mucchielli, est une pré-progagande ou sub-propagande, « action préparatoire ou concomitante destinée uniquement à déconsidérer le pouvoir et à détacher de lui ceux qui auraient eu l'intention de le défendre en cas de péril. » (2) Intrinsèquement désymbolisante, elle cherche à détruire la Loi sous de faux prétextes, pour ensuite faire appel à d'autres valeurs au moyen de la propagande. La nouvelle configuration – asymétrique – du conflit détonne d'avec la guerre traditionnelle. Elle constitue désormais (« modern warfare ») un enclenchement (interlocking) d'actions dans les domaines politique, économique, psychologique et militaire. Déstabilisatrice, il s'agit d'une guerre de contournement destinée à atteindre l'objectif principal. Pour cela, les scénarios possibles doivent être anticipés, et il faut avant tout connaître les facteurs propices au déclenchement de la subversion et de l'insurrection, au nombre de trois : 1) changement de l'attitude des peuples envers l'autorité, 2) développement des techniques d'influence sur la pensée et les actions des hommes (littérature, télévision, avec diffusion de photos pour influencer l'opinion etc.), 3) limitation imposée dans les formes de conflit par la dissuasion nucléaire. Ce dernier principe est déterminant. La guerre a changé de nature. Roger Mucchielli précisait qu'auparavant, la guerre psychologique était l'auxiliaire de la guerre armée. Désormais, les rapports se sont inversés. La paix, note-t-il, n'est d'ailleurs qu'une appellation de la guerre psychologique, omniprésente même dans les pays alliés, et dont le but est la menée d'une guerre économique. De manière plus actuelle, Kitson nous permet de comprendre comment le mondialisme organise la contre-insurrection quand des patriotes s’insurgent contre l’ingérence de pays étrangers dans leurs affaires. Au cas où des naïfs penseraient encore que le false flag relève du délire…
Plusieurs traits saillants émergent de la doctrine Kitson. Les agents de subversion doivent endoctriner et organiser le peuple (après une désorganisation préalable de sa structure sociale – tribaliser pour détruire). Si une cause n'existe pas, il faudra l'inventer (faux-débats style théorie du genre, faux-problèmes, etc.). Si elle existe mais n'attire pas assez, il faudra la modifier en conséquence. Et si une « bonne » cause existe mais a perdu de son attrait, il faudra la revivifier. Territoire et population doivent être maillés et infiltrés pour être subvertis. Kitson propose de créer un pseudo-gang (counter-gang) et de l'entretenir par des soutiens locaux, afin de lui faire infiltrer un véritable groupe ennemi – avec une histoire suffisamment crédible (selon l’illustration proposée par Kitson – voir diagramme de Kitson en annexe au bas de cette chronique –, dans des organisations subversives secrètes, nous trouvons des membres des corps politique, financier, propagandiste et enfin militaire). Pour précision, ce groupe ennemi peut être par exemple un gouvernement non-aligné, ou une association, disons Soros-sceptique. Mais la manière d'organiser la contre-subversion est aussi importante que l'opération elle-même. Il faut par exemple introduire un élément allié, tel un ambassadeur – voir le projet Rivkin (3) – pour s'assurer de la direction d'une politique conforme aux intérêts alliés. Les hommes-liges doivent être introduits dans les postes-clés pour agir sur la direction du pays en amont. En conséquence, l'usage de la force doit être restreint, qui plus est pour limiter la mauvaise image répercutée dans l’opinion mondiale, et les agents parvenus se doivent de réaliser les concessions promises pour ne pas être accusés de mauvaise foi.
Le gouvernement colonial (allez disons sous contrôle Bilderbergo/Round Tablo/Commission Trilatéralo/Sièclo/Sionisto/Maçonnique) doit organiser sa propre propagande pour saper les fondements de la subversion qui s'oppose à lui. Ce procédé doit s’effectuer en trois temps : 1) Evaluations et appréciations doivent être faits par des hommes entraînés qui rapporteront leurs informations au gouvernement à divers niveaux pour la mise en place d’une politique adaptée, 2) cette politique prendra une forme spécifique via des media de propagande tels les films, émissions, articles de journaux, prospectus, etc., 3) cette propagande devra être diffusée grâce à tous les moyens techniques disponibles. Les agents d'influence créeront une réalité à laquelle ils feront adhérer le peuple, au moyen d’opérations psychologiques (ou psy-ops). En effet, Kitson note que les guerres subversives et insurrectionnelles se jouent en dernier ressort dans l’esprit des gens. On comprend mieux le rôle primordial joué par les media en tant que caisse de résonnance de la subversion pratiquée par l’Etranger. Par la désinformation (notamment l’image) et une habile ingénierie des perceptions, ces media de masse peuvent conditionner le peuple pour lui inculquer des idées subversives et s’en servir à point nommé (cf. le « choc des civilisations » ou la peur de l’extrême-droâââte). Sur le plan cognitif, il suffit de penser à l’hypothèse Sapir-Whorf sur l’interconnexion entre langage et pensée, l’un et l’autre se conditionnant mutuellement dans une cybernétique (la causalité circulaire stimulus-réponse). On obtient des glissements sémantiques novlangue où contre-insurrection et contre-subversion sont rebaptisées « défense intérieure et développement », tandis que le rétablissement de l’ordre est appelé opération de stabilisation. En outre, Kitson regrette que les gens écrivent rarement à propos de leurs mécontentements car il serait alors possible d’anticiper sur les menaces subversives. On comprend dès lors depuis plusieurs années l’explosion de la propagande en faveur des réseaux sociaux et des diverses formes de storytelling (4), afin de tenter de réduire progressivement l’incertitude à zéro dans les procédés d’essais-et-erreurs de l’ingénierie sociale.
Des éléments autochtones (collabos) doivent par ailleurs être incorporés, recrutés car ils limitent la marge d'erreurs, étant natifs du pays et intégrés dans la culture locale. Kitson rappelle que l’utilisation d’étrangers durant l’épreuve de force en Malaisie fut en effet peu concluante. De préférence, ces autochtones doivent être jeunes (car plus malléables). Ils aideront à proposer une forme de propagande efficace pour agir contre l'ennemi. Ils aideront également à identifier les agents réellement subversifs (le rôle délateur des sacs à merde gauchistes), ce qui facilitera leur élimination, tandis que les subversifs (prioritairement) non agressifs seront cooptés / corrompus par le gouvernement et se feront ainsi les hérauts de la cause du colon, à l’instar du virus nécessaire au vaccin. En complément, Kitson promeut un dernier élément contributif de l’armée : la contre-organisation, où le gouvernement contrôle le peuple pour empêcher la subversion (la dissidence donc) de le faire, une démarche qui doit passer plus par l’action que par la propagande. Là où Kitson rappelle que le contrôle de la population algérienne s’est fait par l’armée française par l’introduction de cartes d’identité ou le marquage du bétail, nous avons droit aujourd’hui aux passeports biométriques et aux puces RFID, ou dans un autre style à l’instauration de luttes horizontales et au soutien du pouvoir aux erreurs génétiques que sont les racailles.
En dernier lieu, la pacification peut se pratiquer par divers moyens d'influence et de pression. Le contrôle de l'information en fait partie, en s'assurant des amitiés et sujétions au sein des divers organes de presse. La pression économique est elle aussi un moyen de subversion (une certaine loi de 1973 ?). Dans les divers domaines, des organisations séparées sont utilisées pour opérer à différents niveaux de ce type G4G de la campagne militaire. Le tout sans oublier, bien entendu, de former l'ensemble du corps militaire aux opérations psychologiques pour les appliquer au moment opportun… (5)
Au-delà de Low intensity operations, Michel Collon offre des éléments complémentaires qui parsèment les autres écrits de Kitson, non traduits en français eux non plus. Kitson est considéré comme le théoricien des attentats sous fausse bannière ou faux drapeau, dits false flags. Il s'agit de commettre un attentat terroriste, ou un massacre, ou toute autre action, qui sera attribué à l'ennemi afin non seulement de le discréditer aux yeux de l'opinion internationale mais également de légitimer une intervention et ainsi l'invasion d'un pays stratégiquement précieux. Ces false flags serviront de justificatif à une stratégie de la tension qui donnera au pouvoir les arguments légitimes pour se montrer répressif. Ceci entre dans une stratégie de la diversion comme la fabrication, poursuit Collon, d'une guerre de religions, et que le général Francart qualifie de « création d'incidents » : « créer une diversion, diviser une coalition, entraîner la confusion entre les unités d'un même camp, etc. » (6) De faux documents, de type propagande noire, pourront être fabriqués pour servir les vues du gouvernement. La démocratie, explique Francart, doit entretenir le consensus sur le « sens significatif » (les faits) pour légitimer l'action entreprise et assurer la conviction du sujet collectif. La musique devra servir à attirer les jeunes avec un message faussement dépolitisé. Enfin, point qui apparaît le plus important à Michel Collon, Kitson promeut la mise en place et la popularisation de faux mouvements « spontanés », « présentés comme neutres et indépendants, en réalité financés et téléguidés afin de diviser et affaiblir le soutien au camp adverse. » (7) Cette méthode reste la plus actuelle dans les stratégies de déstabilisation d'un pays adverse. La pragmatique anglo-saxonne applique la propagande aussi bien aux pays amis qu'ennemis et cela même en temps de paix, précise Francart. Quant aux États-Unis seuls, révèle Didier Lucas dans La guerre cognitive, le Pentagone créa en novembre 2001 le Bureau d'influence stratégique, qui autorise la manipulation, la propagande et les opérations sous couverture dans les pays amis comme ennemis. La désinformation à l'égard des agences de presse y est encouragée (Reuters, AFP). Et si le bureau a été fermé parce que l'opération a été révélée au public, rien n'est cependant remis en cause dans ses fondements par l'administration américaine. (8)
Concluons en notant qu'au vu des allégeances des membres de notre gouvernement (9), le changement, ce n'est pas maintenant.
Notes :
(1) Le peace-keeping selon Kitson : « preventing by non-warlike methods, one group of people from fighting another group of people. », p.4.
(2) La subversion et l’insurrection selon Kitson : « Subversion, then, will be held to mean an illegal measures short of the use of armed force taken by one section of the people of a country to overthrow those governing the country at the time, or to force them to do things which they do not want to do. It can involve the use of political and economic pressure, strikes, protest marches, and propaganda, and can also include the use of small-scale violence for the purpose of coercing recalcitrant members of the population into giving support. Insurgency will be held to cover the use of armed force by a section of the people against the government for the purposes mentioned above. », p.3.
Le général précise que les deux peuvent se dérouler en même temps et être soutenus par des pays étrangers (cf. les psy-op contre la Serbie, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, l’Ossétie du Nord, etc.). Selon Kitson, l’échec de la subversion entraîne un glissement vers l’insurrection.
(3) Pour rappel : http://www.defrancisation.com/le-projet-rivkin-comment-la-mondialisation-utilise-le-multiculturalisme-pour-assujettir-des-nations-souveraines/
(4) Le lecteur peut se reporter à Storytelling, de Christian Salmon. Egalement, le reportage tiré de son livre : Orliange (Anthony) & Salmon (Christian), Storytelling. La machine à raconter les histoires, 2009. Documentaire visible (trois vidéos) sur http://www.notre-ecole.net/le-storytelling-ou-lart-de-raconter-les-histoires/
(5) Certes, concède Kitson, les opérations psychologiques représentent un danger pour la liberté, mais moindre comparé à la subversion et à l’insurrection d’une population. Ou comment justifier hypocritement l’état d’exception, Batman-CIA et Jack Bauer contre chaque Bane qui sommeille en nous.
(6) Francart (Loup), La guerre du sens. Pourquoi et comment agir dans les champs psychologiques, p.286.
(7) Collon (Michel), « Comment la CIA mène la « guerre psychologique » », http://www.michelcollon.info/Comment-la-CIA-mene-la-034-guerre.html, 6 mars 2008. Le lecteur peut également se reporter aux articles « Actualité des stratégies de manipulation de Gregory Bateson, ancien agent de l'OSS », Horizons et débats n°35, http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2317, 13 septembre 2010 et Price (David H.), « Gregory Bateson et l'OSS : la Seconde Guerre mondiale et le jugement que portait Bateson sur l'anthropologie appliquée », Horizons et Débats n°35, http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2316, 13 septembre 2010.
(8) La guerre cognitive, pp.236-237.
(9) Saluons le courageux Emmanuel Ratier : http://www.egaliteetreconciliation.fr/Gouvernement-Ayrault-au-16-mai-2012-12223.html
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Annexe : Diagramme de Kitson
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La bataille de Las Navas de Tolosa (16 juillet 1212)
Au XIe siècle, en Espagne, le califat omeyyade entre dans une phase de « décomposition ». En 1031, il n’y a plus de calife, et al-Andalus éclate en une multitude de petits États appelés taifas, sur des bases ethniques. La reconquête s’accélère pour les États chrétiens du Nord. En 1086, l’année qui suit la prise de Tolède, les rois des taifas appellent à l’aide les Berbères almoravides qui venaient de fonder un empire en Afrique du Nord. L’émir Yûsuf ibn Tashfin stoppe alors la reconquête en écrasant l’armée chrétienne à Sagrajas (1086) avant de rembarquer pour le Maroc.Les chrétiens parviennent néanmoins à rétablir la situation et l’expansion chrétienne reprend. En Afrique du Nord, la puissance almoravide s’effondre, remplacée par les Almohades. Ceux-ci débarquent en Espagne et s’opposent aux chrétiens, avec sur le plan militaire des hauts et des bas. En 1195 survient le désastre d’Alarcos pour les chrétiens, un traumatisme en Occident car survenant peu après la reprise de Jérusalem par les musulmans en Orient (1187). Les chrétiens sont repoussés jusqu’au Tage.
En 1199, le nouveau calife almohade, Muhammad an-Nasîr, souhaite en découdre avec les États chrétiens du Nord de la péninsule. Le calife est appelé chez les chrétiens le « Miramamolin » (déformation du titre al-Amîr al-Mu’Minin, « émir des croyants »). La puissance militaire de l’empire almohade est alors à son sommet et l’effroi se fait sentir jusque dans le Midi de la France : « à nous sont la Provence et le Toulousain, / jusqu’au Puy tout ce qui est au milieu ! » diraient les Sarrasins selon le troubadour Gévaudan. La trêve entre les Almohades et le royaume de Castille est rompue au milieu de l’année 1210.
I. Vers la bataille
Au milieu de l’année de l’année 1210, an-Nâsir décide de lancer une grande offensive contre la Castille pour abattre son plus redoutable ennemi. An-Nâsir proclame le djihad, traverse le détroit de Gibraltar avec une grande armée puis assiège la forteresse de Salvatierra. Mais les défenseurs de Salvatierra se défendent bien, au moment où Alphonse VIII de Castille ne peut pas riposter.
Lorsque Salvatierra chute, Alphonse VIII décide de rassembler l’ensemble de ses forces pour livrer une bataille rangée. Il envoie également des émissaires auprès des rois espagnols, du roi de France et du pape. Quelques troubadours deviennent les propagandistes de la cause castillane. Innocent III déclare la croisade et des prières pour la victoire s’organisent en France et à Rome. Un peu partout on s’enrôle pour partir combattre les Almohades.
Les croisés se regroupent à Tolède fin mai 1212. Parmi ces troupes, on retrouve le chef spirituel de la croisade contre les Albigeois, l’archevêque Arnaud Amaury de Narbonne. Les sources donnent un chiffre de 40.000 fantassins et 10.000 cavaliers. Le roi d’Aragon est venu accompagné de ses chevaliers, les rois du Léon et du Portugal ont envoyé des contingents. L’armée almohade se concentre à Séville. Elle se compose de Berbères, d’Arabes, de Turcs, de Noirs et d’un certain nombre de volontaires.
L’armée croisée progresse à la vitesse moyenne de 15 kilomètres par jour. Une chaleur étouffante accable les hommes et de ce fait un certain nombre de croisés désertent. Deux forteresses musulmanes sont prises : Malagon et Calatrava. De son côté, le calife avance jusqu’à la Sierra Morena et adopte une stratégie défensive. Les chrétiens avancent vers l’armée musulmane, tandis que le roi de Navarre Sanche VII arrive au dernier moment avec 200 chevaliers.
Le 14 juillet, les croisés établissent leur camp sur un haut plateau du versant sud de la sierra. An-Nâsir, qui ne les attendait pas là, essaie de les y expulser en provoquant immédiatement la bataille.
II. La bataille de Las Navas de Tolosa
Le lundi 16 juillet, l’armée croisée se range en ordre de bataille. « Jamais tant et telles armes de fer n’avaient été vues en Espagne » rapporte la Chronique latine des rois de Castille. Les chrétiens sont 10.000 à 14.000. Les Castillonais sont placés au centre, les Catalans et Aragonais à droite, les Navarrais à droite. Les autres croisés se sont placés dans les rangs castillans.
Face à eux, An-Nâsir aligne 20.000 à 25.000 hommes. Dans l’avant-garde et sur les flancs, des cavaliers turcs, berbères et arabes ; derrière la foule des volontaires pauvrement armée ; au centre et à l’arrière Almohades et Andalous avec une cavalerie lourde. Derrière l’armée musulmane, une enceinte fortifiée sur une colline.
La bataille débute par l’attaque des avant-gardes chrétiennes contre les cavaliers musulmans ; ceux-ci ripostent par une attaque rapide et un volte-face. Les croisés chargent alors les volontaires et les massacrent. Ils poursuivent l’effort mais se heurtent au centre de l’armée almohade. C’est à ce moment qu’arrivent les deuxièmes corps chrétiens. Les Almohades tentent sans succès d’attaquer les flancs des croisés pour les encercler.
An-Nâsir ordonne alors à son arrière-garde de partir au combat. Les croisés, exténués et ayant subi des pertes, supportent mal ce nouvel assaut. Les pertes sont nombreuses chez les chrétiens ; parmi les morts, le maître du Temple, le maître de Saint-Jacques et l’évêque de Burgos. Voyant le moment décisif arriver, les rois chrétiens chargent alors avec leurs troupes encore intactes. Les rangs musulmans s’effondrent. C’est une débandade.
Les chevaliers avancent vers la forteresse sur la colline. Les défenseurs luttent courageusement tandis que le calife abandonne le camp et part en direction de Séville. Finalement, les croisés pénètrent l’enceinte fortifiée du fort par plusieurs côtés. La bataille est terminée. Les musulmans continuent à fuir jusqu’à la nuit.
Les pertes sont mal connues : probablement quelques milliers de combattants pour les croisés, au moins 10.000 pour l’armée almohade.
III. Le début de la fin de la Reconquista
L’armée croisée mène dans les jours qui suivent des opérations militaires dans la région (prise des forteresses de Ferras, Navas de Tolosa, Vilches, Banos de la Encina ; capture de la ville abandonnée de Baeza ; capture de la ville d’Ubeda). Touchée par la dysenterie, l’armée chrétienne se retire fin juillet. A Calatrava, les rois rencontrent le duc Léopold VI d’Autriche, arrivé trop tard pour la bataille ! Les vainqueurs parviennent à Tolède où est organisée une grande cérémonie religieuse et populaire.
La bataille a un grand retentissement. « En Espagne, jamais il n’y eut une bataille comme celle-là » écrit l’évêque Luc de Tuy. Le 11 août 1212, l’archevêque de Narbonne Arnaud Amaury déclare au chapitre de l’ordre de Cîteaux : « Nous vous annonçons une nouvelle de grande joie, parce que Miramamolin, roi de Maroc, qui, selon ce que nous avons entendu de beaucoup, avait déclaré la guerre à tous ceux qui adoraient la Croix, a été vaincu et mis en fuite en bataille rangée par les adorateurs de la Croix. »
Sur le long terme, la bataille prépara la reconquête de l’Andalousie avec le passage de la Sierra Morena sous contrôle chrétien. Les Almohades se virent largement affaiblis militairement. La défaite atterra les musulmans tandis que les chrétiens virent dans leur victoire le « jugement de Dieu ».
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Sources :
ALBANEL Laurent, GOUZY, Nicolas (dir.), Les grandes batailles méridionales (1209-1271), Toulouse, Privat, 2005.
MENJOT Denis, Les Espagnes médiévales. 409-1474, Paris, Hachette, 1996. -
De Platon à nos jours : l’autorité contre la tyrannie !
« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,
lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,
lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux l’autorité de personne,
alors c’est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie. »
Platon (IVe siècle av. J.C.) -
L'art contemporain et la titrisation du néant
L’art contemporain ne serait-il pas aujourd’hui déjà la valeur fantôme d’un marché de zombies ?
A l'heure où se tient la Fiac, à Paris, comment se porte le marché de l'art contemporain ? On peut constater qu'au cours des deux années écoulées, il a mieux résisté que lors du précédent krach de 1990. La leçon avait été retenue… Les collectionneurs d'art contemporain rationalisèrent dès lors leur spéculation en imitant les financiers et leur création de produits sécurisés « scientifiquement ». Ils s'organisèrent et fabriquèrent leurs « artistes spéculatifs » en réseau. Les acquéreurs, cooptés parmi les « too rich to fall », devaient désormais être entièrement propriétaires de l'oeuvre, afin de ne pas devoir être affectés par les crises. Par ailleurs, le réseau engloba, dans une sorte de trust, tous les stades de la valorisation de l'oeuvre : galeries, médias, institutions muséales, salles des ventes mondiales…
En 2008, si le marché de l'art contemporain ne s'écroule pas comme en 1990, il perd cependant 75 % de sa valeur. A partir de mars 2009, on constate une remontée, suivant ainsi l'amélioration du marché financier. Dès le printemps, s'affirme une gestion rigoureuse de la crise de l'art contemporain par les maisons de vente. Christie's et Sotheby's en particulier, grâce à leur place hégémonique et stratégique dans l'International, fabriquent les événements du marché avec une stratégie très étudiée et en maîtrisent avec précision la communication.
En observant la vente récente à New York et à Londres de la collection Lehman, on remarque les méthodes habituelles : estimations très basses des oeuvres par rapport à la cotation des années précédentes afin d'être vendues « au-dessus de l'estimation haute », citation des ventes positives, omissions des ventes négatives, diversions, comme la provocation de l'artiste-performer Geoffroy Raymond.
Que se passe-t-il exactement ? L'art contemporain ne serait-il pas aujourd'hui déjà la valeur fantôme d'un marché de zombies ? Par ailleurs, sa valeur ne serait-elle pas aujourd'hui réduite aux services qu'il rend ? Vecteur de visibilité, moyen de communication efficace dans l'International, support de marques, occasion de rencontres régulières d'un milieu d'affaires mondialisé, facilités monétaires ? Dans ce cas, il ne disparaîtra que remplacé par un autre support.
On observe aussi la démonétisation de l'art contemporain. Le public comprend jour après jour un peu mieux sa nature hybride : il n'est pas une avant-garde de plus mais un système de pouvoir doublé d'un produit financier.
Le fait est que Murakami dans la Galerie des Glaces à Versailles en 2010 pose plus de problèmes que Jeff Koons en 2008. Il n'échappe plus au grand public que « l'élite » culturelle et administrative française n'arrive pas à avancer un seul argument qui tienne pour justifier une certaine privatisation de Versailles.
Viendra le moment, mais n'est-il pas déjà là, où un mégacollectionneur, possédant le réseau le plus complet comprenant en particulier une salle des ventes internationale, doublée des services d'un Etat, aura la tentation de « tirer les marrons du feu » avant qu'ils ne brûlent.
Mais en 2010, il fera cela de nuit et masqué. Il vendra dans la foulée de chaque événement prestigieux, comme à Versailles, ses produits dérivés toxiques. Mais personne ne saura que c'est lui. Les collectionneurs sauront qu'ils sont ruinés, mais bien plus tard !
Aude de Kerros
Les Echos
22/10/2010L'art de la titrisation culturelle
puis Aude de Kerros dans Les Echos : la « titrisation culturelle » va bon train. La titrisation consiste initialement à noyer des produits financiers toxiques au milieu de produits sûrs : c’est une des pratiques du mercantilisme mondial qui a engendré la Crise de 2008. Elle se pratique aussi dans l’Art Financier, à tous les niveaux : Versailles, valeur sûre, se voit farci en Koons et Murakami ; les collections nationales, comme l’or de la Banque de France, sont la garantie des œuvres contemporaines (proposées à la vente par ailleurs) : Koons ou Murakami vaudraient autant que le joyaux de l’histoire séculaire d‘un peuple, ils créeraient le patrimoine du futur…
Mais la titrisation se joue aussi à l’échelon d’une galerie, comme le révélait la visite de la Fiac ou de ses émules. Une galerie expose un beau Soulages des années 50, par exemple, soit il n’est pas à vendre, soit il vaut très très cher (il faut le conserver pour rééditer ce genre d’opération). Mais à côté ou pas très loin, on expose un second couteau de l’Abstraction lyrique, une œuvre moyenne, même époque, même mouvance, mais avec un prix beaucoup plus abordable. L’astuce consiste à mettre en appétit l’acheteur avec une pièce maîtresse pour qu’il se rabatte sur ce qu’on veut lui fourguer… Beaubourg expose régulièrement Jean Prouvé : normal, cet architecte, ingénieur et designer présida le jury du concours international qui choisit…. l'architecture du Centre Pompidou. La Monnaie de Paris vient de lui rendre hommage et Prouvé a également une exposition à l’Hôtel de Ville de Boulogne, ajoutons à ce tir groupé, la Maison Ferembal remontée aux Tuileries, le temps de la Fiac. Or l'événement de la rentrée, l'arrivée du roi new-yorkais du marché de l'art international, Larry Gagosian, débute comme par hasard… avec une expo Prouvé (en association avec la galerie Seguin) au 4, rue de Ponthieu. Là, dans le nouveau White Cube du maître du Financial Art, on ne s’étonnera pas de trouver le plus ennuyeux, le plus standard, de l’industrieux et industriel Prouvé. Les plus belles pièces sont en musée… avis aux cobayes de la titrisation culturelle !
On s’étonnera en revanche de voir le catalogue de l’autre exposition d’ouverture de Gagosian, celle de Twombly, rédigé par Mme Marie-Laure Bernadac, par ailleurs conservateur chargée de l’Art contemporain au Louvre. Il y a 25 ans, on chapitrait les élèves de l’Ecole du Louvre : il est strictement défendu à un conservateur, agent de l‘Etat, d’avoir une activité liée au privé, au commercial. Ceci afin d’éviter les conflits d’intérêt… Au fait, cette loi (fort sage) a-t-elle été abrogée ? Un poste confortable dans le giron de l’Etat, qui permet d’abriter des activités lucratives, la titrisation de la culture a pignon sur rue (de Ponthieu).
Christine Sourgins
Historienne de l’Art
www.magistro.fr -
L’Empire byzantin face à l’invasion arabe (632-718)
Lorsque l’Empire romain d’Occident disparaît avec la déposition du dernier empereur Romulus Augustule en 476, la quasi-indifférence générale règne dans l’Empire romain d’Orient, où siège désormais l’unique empereur romain à Constantinople. Le problème barbare semble en voie de solution, et l’empereur Anastase (491-518) laisse un Trésor plein ; mais ce répit est de courte durée. A l’éphémère reconquête justinienne (527-565) succèdent de nouvelles grandes invasions qui vont mettre l’existence de l’Empire en péril.
La dernière tentative de tenir le limès danubien échoue avec l’empereur Maurice (582-602). En quelques décennies, les Balkans sont submergés par les barbares tandis que l’Empire lutte en Orient contre les Perses sassanides. En 626, Constantinople est assiégée des deux côtés : par les Avars du côté occidental, et par les Perses venus de l’autre côté du Bosphore !
L’empereur Héraclius parvient à repousser les envahisseurs et remporte contre les Perses une victoire décisive à Ninive (627). Néanmoins, l’Empire alors très affaibli est devenu une proie idéale pour de nouveaux assaillants. L’invasion arabe est la plus grave que l’Empire va connaître jusqu’à celle des Turcs à partir du XIe siècle. L’Empire byzantin aurait très bien pu disparaître dès le haut Moyen Âge.
I. La conquête arabe
Dès la mort de Mahomet en 632, les musulmans se lancent à l’assaut des grandes puissances voisines : l’Empire byzantin et l’Empire perse sassanide. L’expansion est d’une très grande rapidité, et les villes byzantines tombent les unes après les autres : Damas (635-636), Qinjasrîn (637), Jérusalem (638), Césarée (640). Héraclius réagit en envoyant une armée à la rencontre des envahisseurs, laquelle essuie une lourde défaite à Yarmurk, près d’un des affluents du Jourdain (636).
La conquête de l’Égypte se fait sans que les conquérants arabes ne rencontrent de grandes résistances : la cité d’Héliopolis est perdue en 640, Tripoli en 644, Alexandrie est définitivement conquise en 646. L’Égypte constituait alors le « grenier à blé » de l’Empire, cependant, la perte de cette province ne semble pas avoir entraîné de famine grâce à l’approvisionnement venant d’Asie mineure et de Thrace, et à l’action des pouvoirs publics soucieux de maintenir la stabilité du prix du pain.
La conquête est ralentie par les troubles agitant alors le monde musulman : la fitna. Le dernier des quatre califes rashidun, Ali, est renversé par Mu’awiya, gouverneur de Damas en 661. C’est à cette occasion que les trois groupes religieux islamiques rivaux se forment : les sunnites (partisans de Mu’awiya), les shi’îtes (partisans d’Ali), et les kharidjites (anciens partisans d’Ali déçus par sa tentative de conciliation avec Mu’awiya).
Mu’awiya inaugure la dynastie des califes omeyyades, qui perdure jusqu’en 750, et relance la politique d’expansion militaire. Contrairement aux décennies précédentes, l’avancée se fait plus lente. La résistance est plus farouche en Asie mineure et les reliefs freinent la progression des troupes. A l’Ouest, l’Afrique du Nord est progressivement conquise de 660 à 709 (Carthage tombe en 698). Pour rappel, c’est en 711 que les musulmans traversent le détroit de Gibraltar à bord des navires chrétiens du comte Julien…
Le calife comprend l’intérêt de se doter d’une flotte, puisque les musulmans font désormais face à la mer à l’Ouest de l’Afrique et en Asie mineure (les îles). Déjà en 655, sous Ali, une flotte byzantine fut défaite au large de Lycie, ce qui permis la conquête d’une série d’îles, dont Chypre, Rhodes et Cos. Ces îles servent de bases de ravitaillement pour le premier siège de Constantinople qui est lancé par Mu’awiya en 674. Ce siège dure 4 ans et se termine par une victoire byzantine grâce à une arme nouvelle : le feu grégeois. Le reste de la flotte musulmane regagnant ses bases est en grande partie détruite par une tempête. Les musulmans vont mettre une génération pour reconstituer leur armée. Mu’awiya est même obligé de payer un tribut annuel de 3000 pièces d’or, 50 prisonniers byzantins et 50 étalons.
II. Les causes de l’échec byzantin
Comment se fait-il que le puissant Empire byzantin ait si mal résisté aux assauts musulmans ? Les historiens s’accordent pour dire que les Arabes ne possédaient pas un armement supérieur ou une supériorité numérique significative. Ce sont d’autres facteurs qui expliquent les succès musulmans.
En premier lieu, comme cela a été dit, les Byzantins et les Perses ont amenuisé leurs forces dans une longue guerre de cinquante ans, qui s’est terminée en 629 avec les accords d’Arabissos : les deux Empires était largement affaiblis et incapables d’affronter une grande invasion. Ensuite, les Byzantins ont tout misé sur la résistance des villes, les Arabes n’ayant pas développé de technique de siège. La consigne, après la défaite de Yarmuk, était d’éviter le combat, Byzance ne possédant plus une armée capable d’affronter l’ennemi en rase campagne. Or, la plupart des villes se sont rendues, ne voyant pas les troupes impériales venir à leur secours et préférant négocier des conditions de reddition favorables. Les divisions religieuses byzantines (l’hérésie monophysite) expliquent aussi en partie la reddition des villes mais sont loin d’en être la cause principale. Il y a enfin l’enthousiasme religieux des combattants musulmans, et l’effet de surprise (ces populations n’avaient jamais constitué un réel danger) : le réseau de forteresses aux frontières était insuffisamment dense.
III. Le second siège de Constantinople (717-718)
Le feu grégeois, élaboré vers 670 par les Byzantins, consistait à jeter sur la mer un mélange inflammable pour incendier les bateaux adverses (illustration du XIe siècle, Chronique de Jean Skylitzès).En 717, profitant de troubles intérieurs byzantins, le commandant arabe Masmalah regroupe une énorme flotte et forme une gigantesque armée pour partir à nouveau à l’assaut de la capitale byzantine et annexer la « Romanie ». Une première escarmouche permet à la flotte de l’empereur Léon III de détruire quelques navires ennemis grâce au feu grégeois ; cette victoire remonte le moral de la population et des troupes mais surtout elle permet à la ville de ne pas se retrouver en état de blocus (problème des vivres). L’Empire byzantin bénéficie du soutien des Chrétiens d’Orient sous domination musulmane : les rameurs égyptiens font défection, refusant de combattre (plus de 70 ans après la conquête de l’Égypte) ! Les musulmans se sont ainsi vus privés d’une partie de leur flotte.
Des renforts arabes sont repoussés en Bithynie. Après un an de siège, minés par la famine, en proie à un hiver particulièrement rude (chevaux et chameaux meurent), les Arabes doivent se retirer. L’évacuation a lieu le 15 août 718, jour de la Fête de la Vierge. Comme en 678 une énorme tempête anéantit les restes de la flotte en déroute ! Jusqu’alors menacé dans son existence même, 718 marque la libération de l’Empire de l’emprise musulmane.
En revanche, cette victoire ne rassure pas pour autant les habitants de l’Empire qui pensent alors que Dieu les a abandonné. Même les lettrés n’ont pas conscience de ce tournant et continuent à se considérer en infériorité nette. Une colère divine semble s’être abattue sur l’Empire et les angoisses restent présentes ; ce qui va faire le terreau de la crise iconoclaste (725-843).
Jusqu’aux environs de 740, l’Anatolie continue d’être régulièrement razziée. Ce n’est qu’en 740 que pour la première fois une importante armée musulmane est défaite à Akroïnon, au coeur de l’Anatolie. Cette date marque le début de la grande reconquête byzantine qui va s’étaler sur deux siècles : en 975, Jean Tzimiskès arrivera à 150 km de Jérusalem !
Bibliographie :
CHEYNET, Jean-Claude. Byzance. L’Empire romain d’Orient. Armand Colin, 2001.
DUCELLIER, Alain ; KAPLAN, Michel. Byzance. IVe-XVe siècle. Hachette, 2006.
SÉNAC, Philippe. Le monde musulman des origines au XIe siècle. Armand Colin, 2002. -
Najat a la censure qui la démange !
Pauvre Najat Vallaud-Belkacem ! Tellement pleine de bonnes intentions, tellement soucieuse de faire plaisir « aux associations », comme on dit sur les médias traditionnels. A comprendre, en tête : le MRAP, l’UEJF, SOS Racisme et la Licra, rassemblés hier matin devant le tribunal de Grande instance de Paris ...
...pour y poursuivre Twitter afin que soient bloqués les échanges honteux sur des hashtags « racistes, antisémites ou homophobes ».
Pauvre Najat Vallaud-Belkacem, tellement pleine de bonnes intentions (bis). Elle qui voudrait tant que le monde soit beau, gentil, et propre sur lui, qu’elle est prête à couper les doigts de tous les malpolis à l’humour malséant qui pianotent en continu leurs sales blagues de lapins crétins.
Sans même peut-être en être consciente, notre belle brune vertueuse appartient à la race des despotes. Tous ces exaltés qui veulent faire notre bien à coups d’interdits, ces rééducateurs dans l’âme qui sont prêts à toutes les extrémités pour nous faire entrer dans le crâne leur notion du Bien et du Mal. On en a connu, de ces bienfaiteurs de l’humanité, des Robespierre et des Saint-Just, des petits Pol Pot et des grands Mao, ces gentils organisateurs de camps de redressement pour déviationnistes. [...]
Marie Delarue - La suite sur Boulevard Voltaire
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DE MOINS EN MOINS D'URSS ET DE PLUS EN PLUS D'OTAN ! 2008
La cartographie, au même titre que les chiffres, est le plus souvent aveugle et neutre. Et là, cartes et chiffres, objectivement, le sont, lorsque concernant l'OTAN, puisque disponibles sur le site internet de cette même organisation, à juste titre créée pour nous protéger du danger soviétique mais qui n'en finit plus d'étouffer l'Europe, la Russie_ voire le reste du monde_, alors même que le péril rouge n'est plus qu'un mauvais souvenir. Pourquoi, et surtout, pour qui ? Ou, pour être plus précis, dans l'intérêt de qui ?
Oui, pourquoi cette mécanique à l'envers? Lorsque l'on est menacé, il est logique et souhaitable que vos alliés vous protègent. Mais quand le péril diminue, un véritable allié ne devrait-il pas relâcher son amicale pression? Oui. Mais non. Sûrement parce qu'en politique, et en politique étrangère, surtout, il n'existe pas plus d'amis que d'ennemis ; seulement des intérêts, comme disait jadis Louis XIV, en une phrase peut-être apocryphe, mais qui mériterait de ne plus l'être. Cette amicale pression devient donc de plus en plus pressante et de moins en moins amicale. Logique: l'époque étant de plus en plus cynique, il convient de la faire passer avec des arguments de plus en plus sentimentaux. Du genre de ceux de cet immense couillon de droite vous donnant illico envie de virer à gauche :
Michel Sardou : « Si les Ricains n'étaient pas là, nous serions tous en Germanie », chanson inepte, sortie en mai 68, contre laquelle des gauchistes encore plus hébétés ont jugé bon de manifester. François Mitterrand était autrement plus intelligent. Antigaulliste de toujours, il a néanmoins su poursuivre ce qu'il y avait de meilleur dans la politique du Général, dès le 10 mai 1981. C'est-à-dire: assurer à Ronald Reagan, alors locataire de la Maison blanche, que ses quatre ministres communistes de l'époque n'étaient que fantoches et que la France disposait d'une taupe au plus haut niveau des instances dirigeantes du Kremlin, dont même la puissante CIA ignorait jusqu'à l'existence, nom de code "Farewell" . Puis, dès 1987, alors que le Mur de Berlin n'a plus que deux ans à vivre, assurer aux hommes de la DST et de la DGSE qu'une nouvelle guerre a commencé: celle, économique et politique, que les Américains nous menaient en sourdine depuis longtemps, mais qui allait bientôt passer à la vitesse supérieure. Mitterrand, malgré son étiquette de "socialiste", était donc plus gaulliste - ou patriote, si l'on admet que les deux épithètes puissent éventuellement être synonymes -, que son actuel successeur, gaulliste certes proclamé, mais laquais de ce pays dans lequel « il se sent si bien chez lui », pour reprendre ses propres "termes : Sarkozy.
Revenons-en à cette éloquente cartographie. Les bases de l'OTAN, autrefois cantonnées à l'Europe de l'Ouest - France non comprise, rappelons-le -, n'en finissent plus de grignoter à l'Est. Mieux qu'une partie d'échecs, il s'agit là d'un jeu de go. Embrasser l'adversaire pour mieux l'étouffer, la sainte Russie, en l'occurrence. Les pays Baltes qui basculent, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie; même la Pologne, qui préfère acheter des avions américains plutôt que français ou européens. Ne parlons même pas de l'Ukraine ou de l'Afghanistan. Ce ne sont plus des bases, mais des métastases... Et quand, élégance diplomatique oblige, l'OTAN ne peut plus apparaître sous simple pavillon de complaisance, elle reprend le véritable intitulé de sa raison sociale: "US Base", « Fight For Freedom », « Guerre Against The Terrorisme », « Jesus On Our Side », équivalent yankee du teuton « Gatt Mit Uns» ou du mahométan « Allah Akhbar », et toutes ces choses... Du coup, c'est le monde arabe, l'Indonésie, première nation musulmane du monde et cette Chine, sortant juste du coma communiste, qui se retrouvent, tel le lapin dans le collet du braconnier. L'Inde, dans la foulée, est dans la ligne de mire : elle doit être indépendante, mais pas trop. Souveraine, mais pas plus que ça. Même le Japon, devenu allié obligé, après deux bombes atomiques larguées - une seule aurait bien suffi à faire capituler l'empereur Hiro-Hito -, commence à râler contre la présence de ces bases US censées protéger le pays du Soleil Levant. La Guerre froide continue d'avoir bon dos.
Simple exercice de pure spéculation : et si les données de ce grand jeu planétaire étaient inversées, que dirions-nous? Imaginons que l'armée algérienne campe au Vatican - car, pour les musulmans, l'Arabie Saoudite est un grand Vatican: il peut y avoir des églises dans les Emirats, mais pas dans le royaume wahhabite, tout comme il peut y avoir mosquée et synagogue à Rome, mais pas sur les terres du successeur de saint Pierre. Imaginons encore que l'Europe, de Brest jusqu'aux Balkans, soit truffée de bases syriennes, libyennes et marocaines.
Que les Jordaniens campent aux abords de la Russie, que les Yéménites fassent de même à ceux de la Chine. Et que les Égyptiens tiennent militairement Amérique centrale et du Sud sous tutelle militaire. Ou que la soldatesque tunisienne campe en plein Texas. Oui, que dirait-on? Assez logiquement, que les Arabes et les musulmans sont un danger planétaire, surtout s'ils avaient, tels les USA, refusé de signer tout protocole visant à protéger notre Terre commune, ce Jardin, par Dieu légué. Tel n'est pas véritablement le cas, loin s'en faut. Donc, qui sont les adversaires? Les "adversaires", pas les ennemis, car cela tendrait à poser, en préambule, qu'il puisse exister des peuples "gentils" et des peuples "méchants", alors que la science politique bien comprise ne consiste qu'à seulement s'en prendre aux gouvernements qui les dirigent. D'où cette dernière question, pour finir : où sont les intérêts de la France et de l'Europe? Qui soutient la Chrétienté, telle la corde le futur supplicié ? Sûrement pas celui qui s'acharne à défendre ceux qui n'en finissent plus de nous envahir. Soit le premier des Français, en la circonstance, qui voudrait tant nous faire confondre nos enjeux nationaux à nous et ses intérêts personnels à lui. A la longue, écrire et réécrire son nom devient fatigant. Allez... Nicolas Sarkozy. A lui comparé, Georges Marchais, c'était Honoré d'Estienne d'Orves, C'est dire dans quelle abîme nous sommes. . .
Béatrice PEREIRE : National Hebdo du 24 au 30 avril 2008