culture et histoire - Page 1960
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Comprendre la dette publique (en quelques minutes)
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Minable, vous avez dit minable ?
Ce texte est anonyme et circule actuellement sur Internet. Il nous a été transmis par Martine, une fidèle lectrice du Gaulois. Néanmoins, neuf mois après l’élection d’un président minable, beaucoup de Français s’y reconnaitront.Quand on vit de la naissance à la mort avec de l'argent public, comme MM. Hollande, Ayrault, Sapin et quelques millions d'autres, que l'on ne paie pas ou peu de cotisations sociales, qu'on bénéficie d'un système de retraite réservé à sa seule catégorie, d'un système de placement financier défiscalisé, et qu'on n'a jamais investi un euro dans une entreprise mais tout placé dans des résidences secondaires, on doit à minima avoir l'honnêteté de ne jamais prononcer le mot Egalite, ni d'exiger des autres fussent-ils devenus riches, plus de solidarité qu'on ne s'en impose à soi-même”.38 ministres et ministres délégués qui se goinfrent (le mot est faible) à nos frais, n’est-ce pas cela qui est VRAIMENT minable ? Demander aux contribuables de payer plus d’impôts pour financer 4 personnes au service de la concubine de Hollande, n’est-ce pas minable ? Duflot et Filippetti qui bradent des Légions d’Honneur à tous leurs copains, n’est-ce pas minable ? Un premier ministre qui veut un nouvel aéroport plus grand, à sa gloire, alors que personne ne prend l’avion à Nantes grâce au TGV. Des ministres sans aucune exemplarité dont certains ont été condamnés ou devraient l’être..., un gouvernement incompétent et non coordonné qui gesticule au gré du vent, n’est-ce pas minable ?
Insulter un homme qui a choisi de s’expatrier, alors que nous sommes censés être libres de nos mouvements dans ce pays, n’est-ce pas minable ?..., sachant que Depardieu a rapporté à la France des centaines de millions d’euros, directement et indirectement ! Combien coûtent ces donneurs de leçon du gouvernement et du PS, qui passent leur temps à nous culpabiliser mais ne veulent surtout pas réduire leur train de dépenses, alors qu’ils détruisent la France, ses emplois et ses valeurs ? N’est-ce pas minable ?Un premier ministre qui sort de son devoir de réserve et sans aucune dignité, insulte un citoyen illustre, talentueux et créateur d’emplois, n’est-ce pas minable ?Que veut dire l’expression "la citoyenneté française est un honneur" quand une personne veut acquérir la citoyenneté belge ?Que la citoyenneté belge est une honte ?...A-t-on oublié les accords d’Helsinki qui permettent à toute personne de franchir les frontières ?A-t-on oublié le principe européen du droit de s’installer là où l’on veut en Europe ?A-t-on oublié l’existence de la citoyenneté européenne ? Le Gouvernement veut-il créer un incident diplomatique avec la Belgique ?Comment la ministre de la culture (ou plutôt de l’inculture) ose-t-elle faire un procès d’antipatriotisme à Depardieu, elle a oublié semble-t-il que pendant la campagne, elle parlait de la France "rassie et moisie", déclarant en même temps son amour aux immigrés à qui elle attribuait la libération et la construction de la France ! C’est sûr que côté patriotisme, elle en connait un rayon !Comment osent-ils parler de patriotisme alors qu’ils ne rêvent que de brader la nationalité française en la donnant contre un bulletin de vote...CE "PRÉSIDENT" ET SES "MINISTRES" SONT LA HONTE DE LA FRANCE.Ce pays qu’ils sont en train de détruire est devenu la risée du monde entier.Bravo Depardieu, d’avoir quitté la France et d’avoir créé un débat sur la fiscalité confiscatoire du à tous ceux qui vivent au crochet de l’État. -
Résistons !
Anna Cabana journaliste au Point expliquait ce matin dans sa chronique sur BFM TV que si « les élus UMP donnent de la voix pour dire tout le mal métaphysique et sociétal qu’ils pensent du mariage gay », ce n’est qu’un « bruit de fond. » « Aucun discours ne se détache. Ce n’est pas faute de tenter d’instrumentaliser l’événement, selon l’expression d’un proche de Copé, qui explique que l’UMP doit se servir du mariage homosexuel comme d’un prétexte miraculeux pour ressouder des troupes déboussolées par les guerres d’ego psychodramatiques des derniers mois. Encore faudrait-il incarner cette lutte, non pas des classes, mais des mœurs ». Une impossibilité qui tient déjà au fait, comme nous l’avons souligné dans nos articles récents, de la politique antifamiliale menée avec constance par tous les gouvernements dit de « droite » depuis quarante ans, qui, sous l’influence des idées progressistes, ont largement renoncé à défendre les valeurs fondatrices de notre civilisation.
Si le lobby LGBT au sein de l’UMP ne manifestera bien évidemment pas dimanche prochain, d’autres personnalités, soutenant François Fillon ou Jean-François Copé, ont annoncé leur refus de toute participation. Outre M. Fillon, Alain Juppé, François Baroin, Christian Estrosi, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Rachida Dati, Luc Chatel, ou encore Jean-Pierre Raffarin resteront à la maison pour regarder Michel Drucker. Tout comme le député filloniste Jérôme Chartier qui explique que s’il ne défilera pas c’est au nom de « la responsabilité conférée au parlementaire » de représenter les Français « sur les plateaux de télévision et dans l’hémicycle ». Nous sommes priés d’admirer l’intelligence de la justification…
Unanimement opposé au mariage et à l’adoption pour les couples d’un même sexe, le Front National est le seul mouvement politique d’envergure qui, non pas pour des motifs trivialement politiciens, mais au nom de l’essence même de la philosophie politique qui est la sienne, s’oppose à ce projet. Le Mouvement national, et les Français le comprennent instinctivement, même ceux d’ailleurs qui ne votent pas pour lui, est crédité d’une fermeté et d’une constance dans la défense des fondamentaux : identité, souveraineté, tradition, culture. Et dans ce cadre la famille est aussi pour les cénacles mondialistes, un « verrou à faire sauter » pour instaurer ce monde gris, indifférencié, peuplés d’individus interchangeables sans attaches ni racines, ou les communautés nationales auront laissé place aux masses manipulables régies uniquement par leurs désirs consuméristes.
Le site Polemia le rappelait parfaitement le 4 janvier dernier, « L’inscription dans le débat du mariage homosexuel relève du leurre », « puisque cela n’est pas la préoccupation de l’immense majorité des Français (…) » et de « la démarche idéologique aussi, puisqu’il s’agit d’une étape de plus dans la déconstruction des repères et des identités. On est ici au cœur de l’idéologie médiatique dominante fondée sur l’alliance du capital (attaché au mondialisme et à la suppression des frontières) et de la caste journalistique (attachée à la destruction des traditions). Après s’être attaqué à la nation (du latin « natio ) il est logique de s’attaquer à la naissance, au risque d’effacer les repères de la généalogie. »
Gilles-William Goldnadel pointait pareillement il y a quelques mois sur Atlantico, cette volonté de « déstructuration de la société française et même de l’individu attaqué non seulement dans son identité culturelle, nationale mais encore aujourd’hui sexuelle par l’élaboration des théories du genre », conjointe à cette attaque contre la famille.
Le site Nouvelles de France a publié en exclusivité jeudi une remarquable tribune l’écrivain français et agrégé de philosophie Thibaud Collin (parue dans le livre Tous pour le mariage – Le mariage homosexuel en question). Il relève que « l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe porte nécessairement en elle la possibilité de la PMA (procréation médicalement assistée) , de la GPA (gestation pour autrui) et la levée de la monogamie. En effet, à partir du moment où le mariage s’est séparé de son référent dans un ordre naturel antérieur auquel son caractère institutionnel s’adossait, au nom de quoi limiter a priori les volontés contractuelles ? (…). Au nom de quoi empêcher trois ou quatre adultes de créer une vie commune organisée par des droits et devoirs réciproques et leur permettant de réaliser des projets parentaux à géométrie variable ? »
« L’ouverture du mariage aux couples de même sexe signifie donc sa radicale contractualisation puisque l’État n’a plus de référent externe pour déterminer des limites objectives. On entre ainsi dans la logique de l’arbitraire où seuls l’état des mœurs et la mentalité présente sont les critères momentanés du permis et de l’interdit. Le vote de cette loi illustrerait ce que l’on pourrait appeler un État libertaire. Autant dire que l’État nierait sa responsabilité de garantir les droits des plus faibles, en l’occurrence de certains enfants qui seraient privés de biens essentiels nécessaires à leur développement. »
Figure emblématique du Système, le milliardaire rose Pierre Bergé, parrain et bailleur de fonds de SOS racisme, du sidaction et du magazine Têtu, a d’ailleurs vendu la mèche en affirmant le 16 décembre dernier sur le site du Figaro : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l’adoption. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant ».
Ce qui est vraiment choquant, comme l’a rappelé Paul-Marie Couteaux sur France 3 dans l’émission de Frédéric Taddéi, c’est le risque assumé par les tenants de l’idéologie libérale-libertaire d’une « rupture anthropologique dans la civilisation », « le refus de la loi naturelle que protège toutes les transcendances », « une violence faite à la nature et qui coûtera très cher comme toutes les violences faires à la nature »
Ce que nous voyons ici à l’œuvre est aussi du ressort de l’idéologie révolutionnaire, « faustienne », portée par un certain nombre de sectes humanistes et autres clubs et cercles de réflexions qui font profession de républicanisme mais certainement pas d’un attachement viscéral à une réalité charnelle, la France, la plus vieille nation du monde avec la Chine.
Il y a quelques années déjà, l’écrivain Jean Raspail pointait le travail de sape du, des lobbies antinationaux qui trahissent la France au nom d’une idéologie dite républicaine mais qui n’est en fait que le faux nez de la folle et destructrice utopie cosmopolite .
« Ce que je ne parviens pas à comprendre » écrivait-il , « c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’éternelle qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé. Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’Etat (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces « intelligents » qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l’organisme encore sain de la nation française. »
C’est au réveil, au sursaut salvateur que le FN convie le peuple français. C’est là sa raison d’être. Marcher le 13 janvier dans les rues de la capitale, notamment aux côtés de Bruno Gollnisch, c’est aussi marquer son refus de cette descente au tombeau de notre civilisation. A dimanche !
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Dominique Venner
Dominique Venner est historien. Engagé volontaire pendant la guerre d'Algérie. Militantisme actif à l'époque. Prison. Fonde et anime la revue Europe Action. S'est apparemment retiré sous sa tente depuis la fin des années soixante, entre ses fusils de chasse et sa machine à écrire. Il a publié une trentaine de livres, de l'histoire des Sudistes (Le blanc soleil des vaincus) à celle des corps-francs de Weimar (Baltikum), en passant par la guerre civile russe (Histoire de l'Armée Rouge, 1917-1924). Il est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes des armes et de leurs rapports avec les hommes et l'histoire (15 livres sur le sujet). Il dirige aux Editions Pygmalion la collection Les grands Maîtres de la chasse et de la vénerie, et vient de publier chez Plon 13 meurtres exemplaires, un essai en treize récits fouillés sur la terreur et les crimes politiques au XXe siècle.
Dans les bons manuels d'aventure et de voyage, on trouve une foule de conseils plus ou moins judicieux pour constituer une pharmacie de raid et résister aux microbes vicieux ou aux climats sournois. A chacun ses drogues et ses recettes de survie. Moi, ce sont les livres. Parmi quelques milliers, voici ceux de ma bibliothèque de campagne : les volumes que j'ai toujours sous la main pour le plaisir, l'évasion, le travail ou la santé.
EUPHORISANTS
Remèdes de choc par le rire et par l'humour :
- Jean Anouilh, Les poissons rouges (Table ronde).
- Roger Nimier, Le hussard bleu (Gallimard).
- Jacques Perret, Bande à part et Rôle de plaisance (Gallimard).
- Général de Brack, Les avant-postes de cavalerie légère. A lire au deuxième degré.
- A.D.G., Pour venger pépère (Série noire).
- Montheilhet, Les pavés du diable (Denoël).
- Jean-Marc Parisis, La mélancolie des fast-food (Grasset). En attendant et en espérant le suivant.
TONIFIANTS
pour traitement de fond :
- Montherlant, Les Essais Pléiade. Le livre que j'emporterais sur l'île déserte s'il n'en fallait qu'un.
- Régis Boyer, les religions de l'Europe du Nord (Fayard-Denoël). Pour retour aux sources.
- Soljénistsyne, l'archipel du Goulag (Seuil), l'intelligence, le courage et la volonté d'un homme seul peuvent triompher de la plus cruelle, de la plus hypocrite et de la plus écrasante entreprise de mensonge.
- Evola, Méditations du haut des cîmes (Pardès-Trésdaniel). Contre la médiocrité.
DROGUES DOUCES
Pour évasion immédiate :
- Giono, Les récits de la demi-brigade (Gallimard). Dense, nerveux, tragique, aventureux et allègre. Tout ce que j'aime.
- Julien Gracq, Un balcon en forêt (Corti). Mêmes commentaires.
- Jean Grosjean, Clausewitz (Gallimard). Idem.
- René Chambe, Le cor de M. de Boismorand (Presse de la cité).
- Henri Vincenot, La Billebaude (Denoël).
- Michel Tournier, Le roi des aulnes (Gallimard).
- André Malraux, Les conquérants (Grasset). Le seul vrai roman fasciste de langue française.
- Pierre Moinot, Le guetteur d'ombre (Gallimard).
- Marquis de Foudras, Les gentilshommes chasseurs (Pygmalion).
- Hugo Pratt, Corto Maltese en Sibérie. Mais aussi Kipling, Maupassant, Jacques London, La Varende, Jean Raspail, Volkoff et autres enchanteurs.
STIMULANTS
Des vitamines pour les méninges :
- Paul Morand Mon plaisir en littérature (Gallimard).
- Robert Poulet Le Kaléidoscope (L'Âge d'homme). Recueil éblouissant et trop bref du plus sûr critique littéraire contemporain.
- Pierre Gripari, Critique et autocritique (L'Age d'homme). Ce que l'anarchisme de droite a sécrété de plus original et de plus brillant.
- Dostoïevski, Journal d'un écrivain (Charpentier).
- Nietszche, Le crépuscule des idoles (Mercure de France).
- Spengler, Ecrits et pensées (Copernic).
- Joris von Lohausen, Les empires et la puissance (Labyrinthe). Réflexions de fond sur l'histoire et la destinée de l'Europe, sous l'éclairage de la géopolitique.
- Alain de Benoist, Les idées à l'endroit (Hallier).
- Jean Cau, Le chevalier, la mort et le diable (Table Ronde).
- Robert Ardrey, La loi naturelle(Stock).
- Jean Mabire, L'écrivain, la politique et l'espérance (St-Just).
- Jacques Laurent, Histoire égoïste (Table Ronde). Itinéraire sans faute et sans hypocrisie d'un écrivain qui n'a pas peur des mots.
TRAITEMENTS DE LONGUE DUREE
Parmi les grands romans, ceux que je place au plus haut :
- Tolstoï, Anna Karénine (Pléiade).
- Stendhal, Lucien Leuwen (Pléiade).
- Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent (Gallimard).
- Rebatet, Les deux étendards (Gallimard).
- Michel Déon, Les poneys sauvages (Gallimard).
- Mishima, Chevaux échappés (Gallimard).
DROGUES DURES
- Ernst Jünger, Orages d'acier (Bourgeois) et Le Boqueteau 125 (Porte-Glaive). Ce qui a été écrit de plus fort sur l'expérience et le sens de la guerre.
- Ernst von Salomon, Les Réprouvés (Plon, 10/18). La fureur de vivre d'un jeune activiste allemand des années 20. Ennivrant.
- T.E. Lawrence, Les septs piliers de la sagesse (Payot). L'esthétisme de l'action porté à sa perfection sans jamais manquer à l'humour.
- Guy Sajer, Le soldat oublié (Laffont). Le plus grand livre surgi de la Seconde Guerre mondiale.
- Henri Charbonneau, Les mémoires de Porthos (Clan et Librairie française). L'archétype du fasciste à la française, téméraire et bon vivant.
- Charles De Gaulle, Le fil de l'épée (Berger-Levrault). Confidences précoces d'un ambitieux qui avait de l'étoffe.
- Drieu la Rochelle, Fragments de mémoires (Gallimard). Une sincérité absolue et une forme admirable.
- René Quinton, Maximes sur la guerre (Cahiers verts). Le Jünger français.
DEPURATIFS
Pour nettoyer la langue polluée par les abus de TV et de pub :
- Barbey d'Aurévilly, Les diaboliques (Bouquins).
- Saint-Simon, Mémoires (Pléiade).
- Monluc, Commentaires (Pléiade). Pour le français dru d'avant Malherbe. Aurait également sa place dans la rubrique des « tonifiants ». Comme tous les grands mémorialistes, Monluc nous rappelle que nos petits problèmes n'ont rien de très nouveau sous le soleil.
J'allais oublier d'évoquer trois instruments quotidiens : le Petit Robert, le Dictionnaire d'histoire universelle de Michel Mourre et Le bon usage de Grévisse.
J.C.L National Hebdo du 21 au 27 avril 1988 -
476 L'effondrement d'un monde
Dans une Gaule divisée, envahie pas les foules d'immigrés fuyant des hordes encore plus barbares, seuls les Francs apparaissaient capables de réunifier le pays, sans hostilité envers le christianisme.
Cette année-là, l'officier wisigoth Odoacre mettait fin à l'empire romain d'Occident en déposant le 4 septembre à Ravenne le dernier empereur, le jeune et dérisoire Romulus Augustule, et en renvoyant les insignes impériaux à Zénon, l'empereur d'Orient, régnant à Constantinople. Le fait ne fut pas en soi très marquant car, depuis le sac de Rome par le wisigoth Alaric Ier en 410, le pouvoir ne cessait plus de passer entre les mains des officiers barbares.
Le sang des martyrs
Toutefois, pour la Gaule, cela laissait prévoir un avenir de ténèbres et de terreur. Plus aucune force ne pourrait désormais protéger ce pays, autrefois perle de l'empire romain, qui, irrigué par le sang de multiples martyrs, de saint Pothin et sainte Blandine à saint Irénée et saint Denis, affirmait déjà fortement sa personnalité chrétienne. Au IVe siècle, saint Martin avait répandu sa lumière et la bonne nouvelle de ses miracles, mettant en place l'ébauche des structures paroissiales. Puis avaient déferlé les invasions : tout semblait perdu.
En 476, le pays de nos ancêtres, envahi pas les foules d'immigrés fuyant devant des hordes encore plus barbares, se trouvait partagé en cinq. L'Aquitaine et le Sud de la Loire étaient aux mains des Wisigoths, qui, après avoir occupé les berges du Danube, s'y rendirent indésirables, pillèrent Rome en 410, comme nous l'avons vu, et, finalement, se virent en 418 offrir par le faible empereur Honorius des terres autour de Toulouse. Un grand quart ouest (Celtes d'Armorique et de Bretagne) se barricadait derrière ses traditions de foi et de langue. Au nord, les Francs étaient une confédération des peuples germains qui, après avoir constitué longtemps des troupes auxiliaires pour Rome, s'étaient établis en Belgique seconde (région de Tournai) et occupaient des terres allant de Reims à Amiens et à Boulogne.
Les Burgondes, d'origine sans doute norvégienne, avaient quelque temps gardé la frontière rhénane pour les Romains, avant de s'établir autour de Genève, puis de déborder sur la Saône, Lyon et la vallée du Rhône. Le centre du pays était resté gallo-romain, avec les évêques et les officiers qui maintenaient les légions, mais leurs hommes étaient souvent d'origine barbare. Ce sont les évêques (saint Nicaise de Reims, saint Germain d'Auxerre, saint Loup de Troyes, saint Aignan d'Orléans) qui regroupaient les populations apeurées : crosse en main, ils parvenaient à arrêter dans ses pillages le barbare quand même parfois sensible au mystère. Dans le même sens agissait naguère Ætius, fils d'officier, lequel, après avoir passé son enfance en Pannonie comme compagnon d'Attila, roi des Huns, se retrouva, en tant que maître de la milice romaine, le dernier espoir de la Gaule. Tout en continuant de proposer l'hospitalité aux Barbares nouveaux venus, il parvenait à s'entendre à peu près avec les uns et les autres.
L'espérance chrétienne
Mais, avec les Huns qui se remirent en mouvement ce fut très différent ; il fallut chasser ces bêtes féroces avec toute la force du désespoir et Ætius ne serait jamais venu à bout de son ancien ami Attila si Geneviève, vingt-huit ans, vierge consacrée de Nanterre, d'origine mi-franque mi-gauloise, n'avait prié fort et forcé les femmes de Lutèce à se refuser à leurs maris si ceux-ci parlaient de fuir. Alors ce fut la victoire des champs Catalauniques en 451, à laquelle participèrent Gallo-Romains, Wisigoths, Burgondes et Francs. Une union allait-elle se réaliser ? Hélas, l'empereur Valentinien III, jaloux, fit assassiner Ætius trois ans plus tard, avant de mourir lui-même sous les coups des amis d'Ætius. Vraiment la Rome impériale se mourrait sans rémission. Pour tout compliquer, deux des principales peuplades barbares, Burgondes et surtout Wisigoths, étaient devenues les adeptes quasi fanatiques d'une fausse religion, l'arianisme - ce christianisme au rabais qui, pour ne pas heurter les prétendus intellectuels, faisait quasiment l'impasse sur le "scandaleux" mystère du dieu fait homme et dévaluait le sacrifice de la Croix. Une religion qui eût dénaturé la Gaule.
Or il apparaissait de plus en plus que l'on ne pouvait rien attendre de la petite enclave latine regroupée à Soissons autour d'Ægidius, successeur d'Ætius, et encore moins avec Syagrus, fils de celui-ci, que plus personne n'écoutait. La seule force apparaissant non hostile au christianisme et capable de réunifier le pays était celle des Francs. Déjà saint Remi, évêque de Reims, entretenait des relations amicales avec leur roi Childéric, fasciné par l'héritage de Rome. De son mariage avec Basine, Childéric avait un fils, Clovis, âgé de dix ans en 476 au moment de l'effondrement de l'empire ; quelle exaltante mission s'ouvrait à lui : faire renaître Rome sous le signe de la Croix ! Puisque 2011 marque le 1 500e anniversaire de la mort du célèbre roi des Francs, nous nous devons de faire revivre son oeuvre essentielle pour comprendre l'identité française.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 6 au 19 janvier 2011 -
Pierre-Louis Mériguet de Vox Populi invité au congrès du Siel le 28 janvier prochain
TOURS (Novopress) — Depuis plus de 3 années, derrière le slogan Défends la Terre de tes Pères, Vox Populi s’est imposé comme une véritable force autonome sur l’échiquier politique tourangeau. A tel point que certains affirment qu’il est difficile aujourd’hui (même au niveau national) de ne pas avoir entendu parler de l’équipe emmenée par Pierre-Louis Mériguet.
Structuré en mouvement indépendant de tout appareil politique déjà existant, Vox Populi cherche de manière quotidienne à influer sur l’actualité de sa région. Pour cela, ses militants n’hésitent pas à faire appel aux divers outils politiques qu’ils ont acquis au fils des années. Manifestions, conférences, lobbying, actions surprises… toutes les idées sont bonnes pour se faire entendre du plus grande nombre. En travaillant sur différentes thématiques militantes, ils ont gardé pour objectif principal de rappeler aux Tourangeaux qu’ils ont des racines profondes qu’il ne faut pas négliger à l’heure où le raz-de-marée global tente de noyer les peuples avec toutes leurs différences.
L’esprit sectaire ne semble pas trouver place chez Vox Populi. En effet, après avoir répondu présent à l’invitation des Identitaires pour leur convention d’Orange (photo ci-dessus) et à celle du Front national pour la venue de Louis Aliot à Tours, le mouvement tourangeau est aujourd’hui invité à participer au congrès annuel du Siel de Paul-Marie Coûteaux, qui se déroulera à l’assemblée nationale le 28 janvier. Deux jours avant, Vox Populi organisera sa troisième marche de la fierté tourangelle, sous forme d’une marche aux flambeaux parcourant les rues de la capitale tourangelle. Décidément, les militants tourangeaux interpellent le camp patriote et l’année ne fait que commencer …
“Nous avons voulu dès notre constitution en préfecture devenir des militants enracinés sur leur propre terre. Etre des acteurs de proximité, accessible par tous. Cela pour mieux cibler les préoccupations des habitants et agir en conséquence. Nos méthodes tranchent littéralement avec celles des professionnelles de la politiques institutionnalisée qui ne s’intéressent au peuple quand période électorale. A Tours, vous pouvez aussi bien nous croiser sur un marché que dans une manifestation ou dans une salle de sport. Nous refusons l’engagement partiel, la marginalité ou les caricatures ! Pour nous, être militant politique c’est un mode de vie, pas un hobby”, nous a expliqué Pierre-Louis Mériguet par téléphone.
Il n’est donc pas étonnant de voir les enracinés tourangeaux n’appartenant “pas plus au Front National qu’au Bloc Identitaire” s’intéresser, à l’échéance de 2014 dans leur ville. Ils ont d’ailleurs pris les devant en publiant un communiqué qui annonce la couleur, en appelant les patriotes de différentes familles à rejoindre une liste unitaire qui pourra peser dans la balance électorale : “Cette autonomie ne doit en aucun cas être synonyme d’autarcie ! Nous refusons de jouer la carte de la ghettoïsation que nos adversaires souhaitent tant pour nous diviser et nous affaiblir. C’est uniquement dans une perspective d’unité populaire qu’une liste de résistance enracinée prendra tout son sens pour mieux triompher. Le passé nous enseigne les erreurs à éviter. Rappelons-nous qu’en 2008, le FN n’avait pas réussi à constituer de liste à Tours. Ne laissons pas cette expérience se reproduire demain. Nous désirons vivement mettre en avant ce que nous partageons pour ne faire qu’un lorsque cela est nécessaire. C’est donc dans ce cadre que nous nous engagerons dans cette campagne en prônant prioritairement l’union des patriotes…”
Appel du pied fait au Rassemblement Bleu Marine ou candidature frappée du poing levé ? L’avenir nous le dira.
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Golgota Picnic : La métamorphose du blasphème en art
Ce qu’on appelle « l’avant-garde » en art est apparu dans les années 1900 ; le mouvement « conceptuel », lui, est né en 1917 quand Marcel Duchamp a présenté comme une « œuvre » un simple urinoir. Un siècle plus tard, l’art contemporain (?) peine à se renouveler. Ses partisans cherchent à étendre le champ de leurs provocations. Le sacré est cible. Mais un seul sacré est visé : le sacré d’inspiration chrétienne. Car l’attaquer présente un double avantage : c’est une transgression mais une transgression politiquement correcte…
Les « avant-gardistes » (?) ne poussent pas l’audace jusqu’à s’en prendre au sacré juif ou musulman. Piss Christ, Le concept du visage du Fils de Dieu et Golgota Picnic (1) sont des œuvres (?) encensées, subventionnées, médiatisées et protégées par la… police. Torah-caca, Mahomet Saucissonnade ou Shoah Picnic seraient dénoncées, correctionnalisées et interdites par la… même police. Les tenants du non-art contemporain, qui n’est souvent rien d’autre qu’un art financier, sont de parfaits cyniques : faux provocateurs mais vrais calculateurs. Polémia livre ici la fine analyse du graveur et essayiste Aude de Kerros.Polémia.
Les transgresseurs subventionnés
Blasphème ? Pas blasphème ? C’est la question ! Nouveauté en France, trois « événements » – Piss Christ, Le concept du visage du Fils de Dieu et Golgota Picnic – défraient la chronique la même année pour motif de blasphème.
Il en faut pourtant beaucoup pour choquer les Français. Au pays des Incohérents, de Dada, des Surréalistes, des anti-calotins et des mœurs légères, le puritanisme n’est pas une tradition. Jamais le Carnaval ou la Fête des fous n’ont été interdits. Depuis la nuit des temps, on se moque des puissants et des princes de l’Eglise. Les « goliards » (2) trouveraient aujourd’hui un peu tristes nos transgresseurs subventionnés. Romans et gothiques ne sculptaient pas seulement des saints et des vierges, mais aussi des scènes assez crues sur frontons et chapiteaux.
Ces pratiques ont joué le rôle de contrepouvoirs récurrents et attendus d’un « Grand Art » et d’une grande spiritualité. Elles sont des garde-fous contre toute tentation totalitaire. C’est leur fonction mais aussi leur limite. En raison de cela, en France, nous n’avons connu ni le maccarthisme, ni les « guerres culturelles » des années quatre-vingt-dix, comme aux Etats-Unis.
Or soudain, cela ne passe plus. Cela fait pourtant un demi-siècle, que la mutation du blasphème en art a eu lieu…
Ce n’est plus l’hostie que l’on poignarde, ou autres pratiques anciennes relevant d’actions individuelles, ou de sectes sataniques. Aujourd’hui la transgression du sacré prend d’autres formes : c’est de l’ « Art Contemporain » (AC)…
L’essence de la pratique de l’AC (3), art officiel et subventionné, est la transgression. Sa finalité est de miner le « contexte », de faire exploser le sens des choses et cela par le biais du détournement duchampien. Mais si jadis l’on brocardait l’art officiel, c’est impossible aujourd’hui. C’est devenu un service public ! Depuis trente ans l’Etat dirige bureaucratiquement l’art en France. Les grands médias ne se font jamais l’écho d’une dissidence intellectuelle, par ailleurs reconnue. C’est pourquoi dans l’affaire Castellucci, face à un public mécontent et incontrôlable, « populiste » dira-t-on, le maire de Paris, le ministre de la Culture se sont indignés publiquement, les évêques ont admonesté leurs fidèles, la force publique a brutalement pourchassé les protestataires, les magistrats les ont condamnés, les médias les ont catalogués « fondamentalistes ! », « terroristes » donc.
Un transfert de sacré
Toutes ces réactions étant prévisibles, on comprendra pourquoi l’AC s’attaque avec tant d’ardeur et de bénéfice au christianisme. C’est une nécessité artistique – il n’y a plus grand-chose qui soit encore à la fois transgressable et politiquement « correct ». Attaquer le sacré chrétien est à la fois permis, accessible, visible et fort. Le blasphème a la vertu d’opérer un transfert d’ « aura » et de « sacré » de l’Eglise à l’AC. Il produit de l’effroi et de la légitimité. On constate sa réussite en voyant le public monter sur scène pour prier le chapelet, mettre fleurs, bougies et cierges devant le théâtre. Pratiques parfois mal vues dans les églises.
C’est ainsi que l’AC est aujourd’hui « sanctuarisé » grâce à l’Etat, grâce à l’Eglise.
L’Art contemporain a pendant des décennies provoqué une sorte de stupeur, de terreur sacrée. L’interrogation qu’il suscitait restait sans réponse, le public ignorant se montrait révérencieux. Pour le bourgeois cultivé ou le pauvre illettré, la situation était la même. Le gouffre entre la nullité ou la trivialité de ce qui était perçu et la reconnaissance financière et sociale qui y était attachée imposait le silence. Le comble fut atteint lorsque quelques autorités ecclésiastiques virent « d’authentiques œuvres d’art chrétiennes ! » là où le public, non initié, ne percevait que dérision ou blasphème.
Un produit financier dérivé
L’ordre régna cependant pendant quelques décennies jusqu’à ce que l’Internet fît apparaître d’autres points de vue et même une analyse cultivée de tous ces phénomènes. Le débat public sur l’art, évité par les médias en France, s’intensifia à partir de 2005 et prit beaucoup de relief à partir du krach financier d’octobre 2008. Le voile du mystère de la valeur de l’AC se déchira et le grand public comprit enfin : la valeur de l’AC n’a rien à voir avec les fondamentaux comme la beauté et la vérité. L’AC est autre chose que de l’art et, à part quelques transgressions « vertueuses » (4) fondées sur une authentique critique sociale, il est destiné à devenir un produit financier dérivé, fabriqué en réseau par la vertu du délit d’initié.
L’état de stupéfaction a cessé. L’Internet et la rue manifestent désormais…
Que faire ? Sûrement pas une loi de censure de plus pour compléter la loi Gayssot et quelques autres lois qui punissent les opinions. Une loi contre le blasphème finirait d’accomplir le déclin intellectuel de la France, de plus cette question du blasphème a été réglée au XVIIIe siècle.
Si la religion catholique est vulnérable en raison de ses images et de ses sacrements, elle jouit en revanche d’une immunité par rapport au blasphème. L’identité du chrétien n’est pas atteinte car celui-ci s’identifie au Christ outragé, source de son Salut. Grâce à cela, il est en mesure de ne pas se laisser entraîner par le mécanisme mimétique et fatal de la violence. Il peut oser courir le risque de la liberté, donc de l’art et de la pensée. Mais il faut avoir le courage de la défendre. La solution est simple. Il faut intellectuellement reconnaître l’existence actuelle de deux définitions du mot « art ». C’est la source de la confusion. Ce sont deux pratiques qui n’ont rien de commun :
- l’Art qui par l’accomplissement de la forme délivre le sens, assume le mal et la contradiction par la grâce de la beauté ;
- l’AC dont la finalité est de détruire le contexte et de perturber le « regardeur ». Il prétend être un contre-pouvoir, mais sa pratique de la transgression est financée par l’Etat et défendue par la police !
L’Etat, avec l’argent du contribuable, devrait s’abstenir de promouvoir des œuvres quand elles s’en prennent aux convictions religieuses des citoyens. Cela doit être laissé aux mécènes du secteur privé. La reconnaissance de ce schisme est une urgence intellectuelle, elle permet la liberté du choix.
Aude de Kerros http://www.polemia.com
graveur, essayiste.
13/12/2011
auteur de L’Art Caché - Les dissidents de l’Art contemporain (Ed.Eyrolles).Notes :
(1) 80% des recettes du Théâtre du Rond-Point viennent de subventions. Son directeur, Jean-Michel Ribes, est le metteur en scène et le réalisateur de Musée haut, musée bas, une pièce de théâtre et un film assurément drôles mais dont le ressort comique est le mépris des visiteurs des musées. (NDR).
(2) Les « Goliards » étaient des clercs itinérants qui écrivaient des chansons à boire et des poèmes satiriques en latin aux XIIe et XIIIe siècles.. Ils protestaient contre les contradictions grandissantes au sein de l'Eglise, telles que l'échec des Croisades et les abus financiers. Ils s'exprimaient en latin à travers la chanson, la poésie et la représentation théâtrale. (NDR- selon Wikipédia)
(3) AC, acronyme de « Art Contemporain » utilisé par Christine Sourgins dans Les Mirages de l’Art contemporain (Table ronde). Cela permet de comprendre que cette pratique conceptuelle, malgré le mot contemporain, ne représente pas « tout l’art d’aujourd’hui ».
(4) Citons les performances des « Yes Men » ou de Chantal Cottet, les Ready Made de Pinnoncelli, du collectif Présence Panchounette qui vient de reprendre du service, etc. -
La Journée de la fierté parisienne du samedi 12 janvier aura lieu sur une péniche
PARIS (NOVOpress) — La Journée de la fierté parisienne organisée par Paris Fierté aura lieu sur une péniche, comme nous en informe l’association via un communiqué : “À cause de regrettables difficultés administratives de dernière minute, la Journée de la Fierté Parisienne, initialement prévue sur la Place Monge, aura lieu sur la péniche “La Baleine Blanche”, Port de la Gare, métro Quai de la Gare, ligne 6.”
L’accueil à cette journée aura lieu à partir de 15 heures pour tous les participants. La grande marche aux flambeaux en l’honneur de sainte Geneviève est quant à elle maintenue comme prévu au départ de la place Monge à 18h30 !
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LA FEMME AU MOYEN-AGE
C’est pendant la période féodale que la femme conquiert décidément la place qui lui appartient dans la société chrétienne. « Il faut tenir compte à la femme, dit un poète du Moyen-âge, de ce que Marie a été femme. » Eh bien ! Là est l’explication des extraordinaires hommages que reçoit la femme féodale. La Vierge Mère associe, pour ainsi dire, tout son sexe à sa fortune.
Au Moyen-âge, la femme quelle que soit sa condition sociale reçoit une instruction religieuse, mais également scolaire. Ce qui est le plus frappant d’ailleurs en terme d’éducation en générale à l’époque médiéval, c’est que le seul traité d’éducation écrit très exactement entre 841 et 843 nous vienne d’une femme laïc et mère de famille prénommée Dhuoda. Les moniales, mais également des femmes laïcs, apprennent aux jeunes filles à lire et à compter. Pour les plus douées, l’apprentissage des lettres à savoir le latin et le grec est possible et courant. Cécile, par exemple fille de Guillaume le Conquérant suit sur les bancs de la Trinité de Caen, les leçons de grammaire d’Arnoul Mauclerc, qui fut l’un des principaux orateurs de son temps. Que dire également de Christine de Pisan qui a quatorze ans connaît aussi bien le latin que les hommes d’Eglise. La poésie tient également une place prépondérante dans la formation des jeunes femmes. Mais l’éducation des femmes ne se limitent pas aux connaissances intellectuelles. L’éducation des femmes, peut comprendre également le maniement des armes. Raimbeau de Vaquerias, troubadour de la fin du XIIe siècle, surprit un jour Béatrix, sœur du Marquis de Montferrat, jouant avec une épée que son frère, au retour de la chasse, a laissé dans sa chambre. Quand elle se vit seule, Béatrix ôta sa longue robe, ceignit l’épée, la tira du fourreau, la jeta en l’air, la reprit, et espadonna de droite et de gauche. Et ce jeu se transforme parfois en nécessité ou en volonté propre. On peut citer l’écrivain arabe Ibn-Alatir « pendant le siège de Saint-Jean d’Acre, en 1189, il se trouva trois femmes qui avaient combattu à cheval, et qui furent reconnues après qu’on les eut dépouillées de leur armure ». On évoquera enfin pour terminer les exemples de ce registre, l’histoire des femmes de Beauvais qui participèrent en 1472 à la défense de la ville face au Duc de Bourgogne. Leur engagement fut si déterminant dans la bataille, que le Roi ordonna que chaque année le 10 juillet il y ait une procession solennelle dans laquelle les femmes auraient préséances sur les hommes.
On le voit l’éducation des femmes ne les cantonne pas dans des rôles préétablis, comme cela sera le cas par exemple au XIXe siècle.
A l’époque féodale, la majorité est de douze ans pour les filles, deux ans plus jeune que les garçons. Ce droit coutumier issu des traditions germaniques, permet à l’enfant d’acquérir très jeune une véritable autonomie, sans que, pour autant, la solidarité de la famille lui soit retirée. Mais cette autonomie n’est pas une figure de style. Elle se concrétise pour certaine par l’adoption de responsabilités qui aujourd’hui seraient considérées comme précoce. A titre d’exemple, on peut évoquer Pétronille de Chemillé, qui a 22 ans lorsqu’elle préside au destinée de l’abbaye de Fontevrault, Jeanne d’Arc qui a 17 ans lorsqu’elle délivre Orléans à la tête de son armée et Anne de Bretagne qui a 22 ans lorsqu’elle exerce pleinement le gouvernement sur son Duché.
L’époque médiévale de par ses origines germaniques du moins sur le plan social va permettre durant presque mille ans d’offrir aux femmes une place dans la société qu’elles ne retrouveront pas.La place de la femme dans le mariage, est toute particulière. Vincent de Beauvais disait de la position de la femme par rapport à l’homme : « nec domina, nec ancilla, sed socia (ni maîtresse, ni servante, mais compagne) » . Socia ayant le sens qui s’est conservé dans le terme associé. Un fait illustre d’ailleurs bien cette situation, ce n’est qu’au XVIIe siècle, que la femme prendra normalement et obligatoirement le nom de son époux.
Sur le plan juridique, la femme mariée demeure propriétaire de ses biens propres ; le mari en a généralement l’administration mais il ne peut en disposer ; les biens de sa femme sont totalement inaliénables. En revanche, la femme mariée participe de droit à tout ce que le ménage peut acquérir et, en cas de décès de son époux, elle a la jouissance d’une partie des biens propres de celui-ci. La femme jusqu’à la fin du XV e détiendra ce qu’on appelle la capacité juridique.
Sur le plan politique, elles vont par exemple réellement exercer le pouvoir lors des régences. Et contrairement a ce que pourrait nous laisser croire une fausse interprétation de la Loi Salique ; dés le règne de Childéric Ier (561-584) l’Edit de Neustrie prévoit que les filles succèdent à défaut de fils et les sœurs à défaut de frères. D’ailleurs dans le bailliage de Troyes en Champagne entre 1152 et 1284 sur les 279 possesseurs de fiefs, on relève entre autre 104 seigneurs, 48 dames et 10 demoiselles. Dans toutes les régions de France, c’est par centaines, par milliers, qu’on relèverait, de même cette parité de fait existant entre hommes et femmes dans l’administration des domaines ; par exemple, à propos de femmes qui rendent ou reçoivent hommage étant entendu que la cérémonie d’hommage est celle par laquelle on jure fidélité à son seigneur. Ainsi on peut citer dans le Roussillon Isabeau de Harcourt recevant hommage de ses vassaux. L’exercice du pouvoir ne les empêche pas d’être pleinement femmes. Elles n’ont aucunement le souci d’imiter ou de copier un modèle masculin. Dans leur comportement, même lorsqu’elles agissent sur le terrain politique ou militaire, elles restent femmes. Citons cet exemple de Blanche de Castille arrivant au siège du château de Bellême en 1229 et constatant que l’armée est littéralement paralysée par le froid ; elle fait aussitôt tailler du bois et réchauffe ses gens qui retrouvent du même coup leur ardeur pour terminer le siège. Toutefois leur féminité ne les empêche pas d’administrer au pied levé ou par leurs fonctions propres des domaines très vastes.
Par ailleurs, les femmes exercent de nombreux métiers au sein de la cité, dont on ne se doute pas forcément, tant ils sont devenus par la suite synonyme de masculinité. Les documents d’époque nous permettent de découvrir des haubergières qui façonnent des armures où des maréchales qui ferrent des chevaux. En Angleterre, on observe à l’époque médiévale que le brassage de la bière a été presque entièrement aux mains des femmes. Enfin signalons les barbières qui en plus de s’occuper de la barbe exerçaient également la fonction de médecins. A ce propos on sait que Saint Louis et Marguerite de Provence emmènent à leur usage, pour la croisade, une doctoresse nommée Hersent.
Dans le domaine littéraire, la femme devient le centre de l’inspiration des auteurs de l’époque médiéval. Appelé lyrique courtoise, c’est à la fin du VI e siècle que ce manifeste cette première expression avec Fortunat futur évêque Poitiers qui adresse à Radegonde, fondatrice du monastère de Sainte-Croix à Poitiers, ainsi qu’à l’abbesse Agnès, des vers latins où s’exprime déjà les sentiments qui animeront la poésie des troubadours et des trouvères du XII e siècle. Cette inspiration provient essentiellement d’un regard nouveau posé sur la femme à qui l’on s’adresse désormais avec une tendresse pleine de respect.
Plus tard dans le courant du Moyen-âge, la femme deviendra « le seigneur » du poète, la suzeraine ; la fidélité, elle l’exigera ; elle suscitera un amour qui commande aussi le respect. A la Dame , le poète vouera une sorte de culte fervent, constant ; elle est sur lui toute-puissante ; l’amour qui vit entre eux demeure comme un haut secret qu’il ne saurait trahir.
Cette période de notre histoire voit les femmes occuper naturellement, pratiquement toutes les fonctions qu’une société possède. Sans être un homme bis, dans une société reconnaissant l’inégalité naturelle(le fort protège le faible) et ayant toute son organisation basé sur des rapports hiérarchiques la femme trouve sa place avec une réelle harmonie. D’un côté elle n’est pas recluse et contenue uniquement dans les tâches domestiques, et d’un autre les fonctions de direction où à responsabilité qu’elle exerce ne se font pas au détriment de son rôle d’épouse et de mère. Une anecdote illustre d’ailleurs bien ce fait. Blanche de Castille n’avait pas voulu confier à une nourrice mercenaire le soin d’allaiter son fils. Mais un jour qu’elle souffrait d’un violent accès de fièvre, une dame de sa suite crut devoir présenter le sein au petit prince. La reine ne s’en aperçut pas sur-le-champ, mais quand elle fut remise de son accès, Blanche vit avec étonnement que l’enfant refusait de prendre le sein. Soupçonnant ce qui s’était passé, la reine mis le doigt dans la bouche de l’enfant et lui fait rejeter le lait qu’il a pris. « Hé quoi ! Dit-elle avec vivacité en s’apercevant de la surprise de son entourage, prétendez-vous que je souffre qu’on m’ôte la qualité de mère dont Dieu m’a investie ».
La femme ne prend pas de revanche sur l’homme et l’homme n’est pas dépossédé de sa virilité. Autre anecdote symbolique lors du procès de Jeanne d’Arc, on ne lui reproche pas de porter les armes, mais de s’habiller comme un homme. D’ailleurs l’Egalité homme-femme à cette époque n’avait aucun sens et la complémentarité de l’homme et de la femme semblait être la règle. Malheureusement, le retour du droit romain durant le XVIe siècle va considérablement bouleverser cette harmonie sociale au détriment de la femme. En effet la majorité de la femme va tout d’abord passer de 14 ans à 25 ans, puis l’autorisation parentale pour le mariage redevient la règle alors que l’Eglise l’avait écarté dés le VIII e siècle. En 1593 un arrêté du parlement écarte explicitement les femmes de toute fonction dans l’Etat. Au temps classique, elle est reléguée au second plan ; elle n’exerce plus d’influence que clandestinement. Elle est même tenue, et cela surtout dans les pays latins, pour incapable de régner, de succéder et finalement, selon le Code Napoléon d’exercer un droit quelconque sur ces biens personnels ; et d’aboutir finalement au XIX e siècle à la disparition totale du rôle de la femme, en France surtout. A quelle autre époque que celui du Moyen-âge Sainte Jeanne d’Arc aurait pu obtenir l’audience et susciter la confiance qu’en fin de compte elle obtint ; si ce n’est par le biais de la foi qui était vécue et par la place que pouvait occuper une femme à cette époque.
Edouard Bodin http://unvoyageauliban.bafweb.com/controverses.htm -
Une repentance empoisonnée
Une fois encore, la France s’est excusée. Unis dans la repentance, confits dans la culpabilité, les Français ont été invités à suivre par procuration le nouveau chemin de croix qui leur était imposé par François Hollande à Alger, accueilli par un Abdelaziz Bouteflika qui avait tout organisé pour que cette journée de la repentance française soit en tout point celle du triomphe d’une Algérie unie face au sombre passé colonial.
Bouteflika pouvait-il rêver plus grand triomphe ? Après avoir sévèrement matraqué l’opposition, organisée de façon embryonnaire à l’occasion d’un printemps algérien qui n’a jamais vraiment existé, l’inoxydable chef d’Etat algérien a tranquillement traversé la tourmente, essuyant à peine quelques embruns, alors que ses anciens amis ou rivaux, Ben Ali, Moubarak, Kadhafi ou Assad, ont été presque tous balayés par la nouvelle tempête du désert qui a soufflé sur le monde arabe.
Non seulement Bouteflika a survécu, et même mieux que survécu, mais voici que l’éternel oppresseur, l’indispensable objet du ressentiment, l’inusable colonisateur, vient s’agenouiller à ses pieds et lui demander pardon. L’initiative ne peut pas mieux tomber. Elle intervient au moment le plus opportun pour renforcer le pouvoir et la crédibilité du président algérien, depuis quatorze ans maintenant au pouvoir, dans un pays toujours affligé d’une économie souffreteuse en raison de l’incurie et de la corruption des dirigeants, incapables de tirer profit des immenses ressources naturelles de l’Algérie pour favoriser son développement, mais toujours aussi prompts à s'enrichir en vertu d’une avidité insatiable. En venant présenter ses excuses au nom de la France, Hollande est venu avant tout légitimer un système corrompu qui nuit en tout premier lieu aux Algériens eux-mêmes.
Le président français pensait-il lui aussi au pétrole algérien en venant à Alger se plonger dans le bain de foule préparé par Bouteflika ? Alors que le problème énergétique semble plus que jamais déterminer les soubresauts de la géopolitique mondiale, il pourrait sembler important de garder la main sur le très raffiné Sahara Blend[1] algérien, du moins tant que les sociétés publiques algériennes qui exploitent cette manne seront encore en mesure d’en extraire les dernières gouttes du désert, pour le plus grand mais le plus éphémère profit des dirigeants algériens qui confisquent les ressources en même temps que l’avenir de leur pays. Par-dessus les visages rieurs et les manifestations de joie des algériens amenés ce jour-là par bus entiers pour acclamer son acte de contrition, le regard de François Hollande était-il fixé sur l’horizon du Sahara, là où se trouvent les principales installations d’extraction et de raffinage d’un pays qui est le troisième producteur de pétrole en Afrique ?
La repentance a un prix et les larmes, fussent-elles de crocodiles, se monnayent. Au-delà du sempiternel combat anticolonial que Bouteflika a besoin de rappeler de temps à autre pour faire oublier aux Algériens sa gestion calamiteuse, l’Algérie a désespérément besoin des subsides que l’ancien colonisateur est seul en mesure de lui accorder pour maintenir en vie une économie de rente placée sous perfusion et une industrie gazière et pétrolière bien peu compétitive. Etrange paradoxe qui voit donc le président français venir s’excuser au nom de l’histoire tout en cautionnant le pouvoir corrompu d’un dirigeant qui pourrait symboliser à lui seul l’égoïsme crapuleux d’une caste représentant tout ce qui peut maintenir à l’heure actuelle l’Algérie dans le sous-développement chronique. Bouteflika n’hésite pas en tout cas à pratiquer toutes les formes de chantage pour solliciter régulièrement l’aide de ceux à qui il demande de s’excuser. Ainsi, pendant que les bonnes âmes entrent en pâmoison et s’enivrent de grandes déclarations, de dignité retrouvée et d’amitié recouvrée, le jeu de dupes se renouvelle entre la France et l’Algérie : je continue à profiter des richesses de mon pays sans rien faire pour en assurer le plein développement mais tu m’accordes, mon ami François, avec ta repentance inespérée, un formidable soutien politique et financier qui me permet d’apparaître une fois de plus aux yeux de mon peuple comme un héros de l’anticolonialisme. Je te fais miroiter un accès privilégié aux ressources pétrolifères de mon pays et toi tu accepte d’acheter ce gaz que je n’arrive plus à écouler à un tarif qu’aucun autre pays ne m’accorderait. Bien sûr je reste le garant de la lutte contre l’islamisme qui vous terrifie tant de l’autre côté de la Méditerranée et puis j’accorde de vagues promesses de politique de développement économique afin d’offrir à ma jeunesse un avenir et de ne pas la pousser à choisir la voie de l’émigration, ce qui reste une arme politique à l’efficacité indéniable, n’est-ce pas cher François ?, tandis que cette main d’œuvre immigrée représente une appréciable armée de réserve qui permet de limiter les délocalisations et d’accentuer à loisir la pression salariale sur vos propres travailleurs selon des principes éprouvés… Et puis comment lui en vouloir d’ailleurs à cette jeunesse de choisir l’exil ? Grâce à l’oligarchie que je représente, on ne peut pas dire que vingt ans soit le plus bel âge de la vie en Algérie. Il vaut mieux émigrer dans ton pays, mon cher François, qui a de moins en moins à offrir d’ailleurs et qui met tellement d’application à se détester que ceux qui y débarquent ne comprennent pas cet acharnement tandis que leurs enfants, pour une partie d’entre eux, mépriseront les « Gaulois » encore plus violemment qu’eux-mêmes se méprisent…
Comme le rappelle fort justement Bernard Lugan, le geste de Hollande, et les exigences des Algériens, mettent en avant la compétition mémorielle au détriment du traitement historique de la colonisation. Car, des controverses autour du bilan positif de la colonisation à la surenchère de la repentance dont Christine Taubira s’est fait une spécialité, l’histoire des vainqueurs et des vaincus se fait à coups de bilans comptables ou se soumet à l’interprétation victimaire, conjuguant le pathos aux exigences discrètes d’intérêts plus sordides. Il n’est pas certain que l’Algérie ou la France tirent vraiment des bénéfices de cette repentance tardive et surjouée.
Il existe au Timor une jolie fable qui explique la formation de l’île actuelle et dit à peu près ceci : un jour, un garçon aperçut un bébé crocodile en train de mourir de soif alors qu’il tentait vainement de passer d'une lagune à la mer. Le malheureux crocodile n'était pas assez fort pour avancer en dépit de la chaleur et était condamné à mourir. Le garçon, pris de pitié, le ramassa et le porta jusqu'à la mer. Le crocodile, très reconnaissant, promit qu'il se souviendrait de cette bonté et pourrait l’aider à voyager, s’il prenait au garçon l’envie de l’appeler pour le porter sur son dos. Le garçon fit ainsi beaucoup de voyages avec le crocodile, mais un jour, ce dernier eut envie de manger le garçon. C'était son instinct animal qui le guidait en cela. Mais sa conscience le tourmentait et, avant d’agir, il prit conseil auprès des autres animaux de la forêt. Tous n’eurent pas de mots assez durs pour condamner son ingratitude. Le crocodile, honteux, prit alors le garçon sur son dos et ne pensa plus jamais à le manger. Ayant atteint un âge avancé, il lui dit alors, au seuil de sa mort: "Ami, il n'existe pas d'assez grande récompense pour la bonne action que tu as faite pour moi. Je dois maintenant mourir. Je vais me changer en une terre, un pays où toi et tes descendants vivrez de ma substance."Et le crocodile devint l'île de Timor ou les gens sont bons et s’exclament toujours, quand ils traversent une rivière : "Crocodile, je suis ton petit-fils, ne me dévore pas."
La force des mythes réside dans leur universalité. Quelle que soit la manière dont on puisse adapter celui-ci à la relation entre la France et l’Algérie, il n’en reste que, dans la fable timoréenne, le garçon qui aide le crocodile à traverser le désert et le crocodile qui fait de même pour aider l’enfant à voyager sur les mers se prêtent mutuellement assistance dans une entreprise initiatique qui consiste pour l’un et pour l’autre à dépasser la pesanteur de leur condition pour, en un mot, grandir. La France et l’Algérie, depuis l’indépendance de 1962, ont toujours échoué à accomplir ce geste mutuel et un gouffre bien plus vaste que la mer et le désert réunis les séparent. La relation entretenue par les deux pays est toujours faite de haines plus ou moins rentrées, de jalousies d’apothicaire et des mensonges que l’on se raconte à soi-même pour oublier la misère de sa condition. Comme les dieux dogons, pour citer un autre beau mythe, qui tissent la toile de l’univers, la France et l’Algérie continuent chacune de tisser le récit de leur grandeur nationale en se servant l’une de l’autre pour broder chacune un conte séduisant.
En allant présenter un pardon qu’il n’est plus l’heure de quémander, F. Hollande raconte encore la fable du génie français de l’universalisme compatissant, toujours un peu paternaliste et ridicule dans ses manifestations de générosité. Aujourd’hui mis à l’heure du politiquement correct, ce même universalisme était brandi, en d’autres temps, par Jules Ferry ou Victor Hugo pour justifier la colonisation de l’Afrique et la rendre « maniable à la civilisation »[2]
En réclamant la reconnaissance de la faute commise depuis que l’Algérie est passée de la domination ottomane à la française en 1830, Bouteflika veut faire revivre encore une fois la geste héroïque de l’indépendance à un pays qui n’a pas réussi depuis celle-ci à bâtir d’autre épopée que celle de son émancipation.
Quels que soient les intérêts économiques ou politiques servis par ces deux mensonges, leur puissance symbolique emprisonne les nations qui s’y abandonnent dans une relation mortifère et une dangereuse sclérose idéologique. Mais ceci reflète aussi la médiocrité conjointe des dirigeants français et algériens, incapables de concevoir un autre avenir commun que celui, inlassablement, promis par ce pardon empoisonné.
http://idiocratie2012.blogspot.fr/
[2]Victor Hugo. « Discours sur l’Afrique ». Actes et paroles – Depuis l’exil. 1879