Ce grand dérangement. L’immigration en face : publié en novembre, cet essai de Didier Leschi, actuel directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), fait un tour d’horizon précis de la question migratoire en France. « Ces éléments, ce sont des chiffres, des faits, des règles internationales et des lois nationales », écrit-il en préambule.
Page après page, ce sont tous les aspects de la politique migratoire française qui sont abordés. La définition d’un immigré, d’abord : le demandeur d’asile, réfugié politique dont le statut « nous fait, en droit, obligation d’hospitalité », les migrants économiques, dont la vague s’est réduite avec la crise de 1974, et qui a été largement remplacée, à la faveur du funeste décret de 1976 pris sous le gouvernement Giscard, par le regroupement familial, « la première des migrations vers notre pays » (entre 80.000 et 100.000 personnes par an). Et enfin les clandestins, déboutés du droit d’asile car ce sont, pour la majorité, des migrants économiques, en provenance principalement du Maghreb et d’Afrique. Le clandestin, celui qui, en France, « conserve des droits au-delà du respect qui lui est dû en tant que personne humaine. C’est pour cela que dans le langage politico-administratif, le clandestin sans papiers prend de plus en plus le nom “d’étranger au droit incomplet” »… On appréciera cette pudique circonlocution qui tente de masquer le véritable marché des droits sociaux que représente la France pour ces clandestins.