Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 700

  • La 7e université d’été d’Academia Christiana, sous le signe de l’engagement

    La 7e université d’été d’Academia Christiana, sous le signe de l’engagement

    Communiqué d’Academia Christiana :

    Notre septième Université d’été vient de se clore. Plus de 200 participants ont suivi cette semaine de formation : des conférences variées (littérature, philosophie, économie, politique, culture), des activités sportives, un concert, des visites culturelles et de nombreux moments de convivialité.

    Quarante bénévoles ont permis la réussite de cet événement. Chaque jour, nos équipes de cuisine préparaient entre 200 et 300 repas avec des produits frais achetés à des producteurs locaux.

    Le mot d’ordre de la semaine a été : « engagement ». Sortons des querelles politiques stériles, engageons nous pour le bien commun à l’échelle locale et construisons de petites communautés pour continuer notre oeuvre de transmission des valeurs qui fondent la civilisation européenne.

    Chaque participant a été exhorté à s’impliquer dans une structure locale et à en en créer si celles-ci sont manquantes.

    Comme l’a rappelé un élu local durant cette semaine, l’avenir de notre pays dépend de sa jeunesse. Tous les domaines sont à reconquérir : il faut construire, proposer et se mettre au travail dès maintenant. Thucydide écrivait : « Il faut choisir : se reposer ou être libre. »

    https://www.lesalonbeige.fr/la-7e-universite-dete-dacademia-christiana-sous-le-signe-de-lengagement/

  • Les temps de réconciliation

    6a00d8341c715453ef0240a4a48e2e200d-320wi.jpgIl semble beaucoup trop tôt pour évaluer la réussite diplomatique qu'évoque au soir de la réunion de Biarritz le journal officiel de Boboland[1]. Plus mesurables nous paraissent la question de la paix civile des Français et celle d'une meilleure coopération entre Européens.

    Dans une précédente chronique[2] nous déplorions en effet le peu de fiabilité de la réunion de conditions réconciliatrices dans le contexte du gouvernement actuel. Ceci en dépit des appels présidentiels, communication essentiellement rhétorique.

    Il a existé cependant des précédents historiques, dans la France d'autrefois. On pourrait, on devrait, aujourd'hui encore s'y référer. L'exemple dont la mémoire nationale a conservé le plus longtemps le souvenir remonte sans doute au couronnement d'Henri IV.

    En l'an de grâce 1589, la race des Valois s'étant éteinte, la branche des Bourbons était appelée à lui succéder par cette loi de succession si simple que les juristes avaient appelée, au XIVe siècle, loi salique. Malgré plus de 300 ans de distance depuis la mort de leur ancêtre, saint Louis, après une histoire tumultueuse, et en dépit du triste épisode du Connétable mettant son épée au service de Charles Quint, la légitimité politique de la nouvelle lignée dynastique n'était contestée que par les partisans fanatiques de la continuation des guerres de religion.

    Il fallut certes 5 ans pour aboutir en 1594 au sacre du roi de France, à Chartres, car la Ligue catholique contrôlait Reims.

    Ce ne fut encore que 4 ans plus tard, seulement, que fut signé en 1598 l'Édit général de Nantes, complété par diverses dispositions y compris celles de l'édit de Fontainebleau signé en 1599 par le Vert Galant pour son petit royaume de Navarre où les protestants tenaient encore le haut du pavé.

    Charte exemplaire du rassemblement cet ensemble maintint l'équilibre religieux dans le royaume pendant près d'un siècle. Mais elle avait nécessité 10 ans d'efforts, reprenant des tentatives infructueuses marquées par les édits d'Amboise (1563), Saint-Germain, (1570) et Poitiers (1577).

    Cette longue route du Vert Galant, la Restauration, sous son descendant Louis XVIII s'efforça de la suivre.

    D'emblée ce sentier escarpé fut semé d'embûches auxquelles s'employèrent les grands habiles, notablement Fouché et Talleyrand, en imposant par exemple que le Sénat impérial devînt Chambre des pairs, etc. Pas question de toucher aux intérêts des acquéreurs de biens nationaux de l'époque révolutionnaires, ceux que Beau de Loménie considère comme les fondateurs des dynasties bourgeoises.

    N'oublions jamais, en effet, qu'en 1814 le retour des Bourbons avait été accueilli par une liesse générale du peuple français. L'affreux survivant du Comité de salut public robespierriste Carrère l'atteste dans ses Mémoires publiées 30 ans plus tard.

    C'est ainsi que fut publiée la très belle déclaration de Louis XVIII rentrant par Saint-Ouen.

    Que dit en effet le frère du roi martyr Louis XVI, l'oncle du pauvre petit Dauphin[3]reconnu pour Louis XVII ? Il annonce simplement le retour "d'un Français de plus en France".

    Parmi les pages, si admirables du point de vue littéraire, de Chateaubriand, on perçoit sans difficulté que ce règne ne fut point senti comme suffisamment contre-révolutionnaire par ceux que leurs adversaires appelaient ultraroyalistes, encore qu'ils n'employaient point eux-mêmes cette étiquette.

    On ne relira sans doute jamais assez la page terrible des Mémoires d'Outre-Tombe[4] où il dit son horreur de voir dans les allées de la nouvelle Cour, "le vice appuyé sur les bras du crime".

    Dans la pratique, toutefois on peut mesurer, aussi, toute la grandeur et toutes les difficultés de ce règne réconciliateur et réparateur qui assura une des périodes les plus brillantes et les plus heureuses de l'Histoire de France.

    On peut hélas mesurer aussi la distance qui nous en sépare.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1] cf. Le Monde en ligne le 26.8 à 20h57 "A Biarritz, Macron estime que le sommet du G7 a créé les conditions d’une rencontre entre Trump et Rohani"
    [2] cf. L'Insolent du 20.8 "Réconciliation : un dur métier"
    [3] et dont la Restauration ne reconnut jamais la dépouille présentée pour telle au cimetière de Sainte-Margueritte puisque celle-ci ne fut, mystérieusement, ni transférée à la chapelle expiatioire, ni à Saint-Denis.
    [4] Ensuite, écrit-il, je me rendis chez Sa Majesté : introduit dans une des chambres qui précédaient celle du roi, je ne trouvai personne ; je m'assis dans un coin et j'attendis. Tout à coup une porte s'ouvre: entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur ; le féal régicide, à genoux, mît les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr ; l'évêque apostat fut caution du serment.

    https://www.insolent.fr/

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE... (36)

    1200315774.jpg

    Aujourd'hui : 38. L'incident des obsèques...

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

    L'incident des obsèques...

    Paris, 13 février 1936, au croisement du boulevard Saint-Germain et de la rue de l'Université. 
    La foule attend le cortège funèbre de Jacques Bainville, dont la dépouille doit être transportée depuis son domicile, rue de Bellechasse, à la gare de l'Alma, pour être inhumée à Marigny, en Normandie. 
    L'Église catholique - qui ne s'est pas honorée en la circonstance... - lui a refusé les obsèques religieuses, en raison de la "mise à l'Index" de l'Action française par le pape Pie XI, en 1926....
    Le quotidien de la Ligue d'Action française a appelé ses lecteurs à se masser, à midi, l'heure de la levée du corps, boulevard Saint-Germain....
    Le corps du défunt a été exposé dans la cour de l'immeuble de la rue de Bellechasse. 
    A midi, deux discours sont prononcés : l'un par Léon Daudet, au nom des amis du défunt, l'autre par Me Henri Robert, directeur de l'Académie Française (extraits) :1. De Me Henri Robert : 
    «La mort de Jacques Bainville est pour tous ceux qui l'ont connu, aimé et admiré, un sujet de profonde tristesse. Certes, nous le savions malade, atteint aux sources mêmes de la vie, mais nous voulions espérer quand même. II nous donnait l'exemple, en luttant avec un indomptable courage, un magnifique stoïcisme contre le mal qui le torturait. Il avait auprès de lui, pour l'aider dans ce dur combat, sa femme dont les soins attentifs et l'inlassable dévouement réussirent par une sublime conspiration, à l'arracher plusieurs fois à son cruel destin. Sa femme et son fils, ses confrères et ses amis ne sont pas les seuls à ressentir profondément la perte douloureuse qu'ils viennent de subir. Les Lettres françaises sont aussi en deuil. Maurice Donnay, en le recevant à l'Académie, a fait de notre confrère un magistral et définitif éloge. Dans les tristes circonstances présentes, je ne puis qu'évoquer son oeuvre. Jacques Bainville a écrit des livres qui ont consacré sa grande réputation, et il est toujours resté fidèle au journalisme dans lequel il avait fait ses débuts, alors qu'il sortait à peine du lycée, en écrivant à Francisque Sarcey une lettre que celui-ci inséra dans Le Temps. Voir pour la première fois son nom imprimé dans les colonnes d'un grand journal, quelle joie et quel orgueil pour un collégien. Ce simple fait décida peut-être de sa vocation... »
    2. De Léon Daudet :
    «C'est comme vis-à-vis quotidien de Jacques Bainville, à notre table commune de travail de l'Action Française depuis vingt-huit ans, que je viens apporter à l'admirable veuve et au fils de notre cher ami, le suprême témoignage de notre douleur et aussi de notre fierté. Fierté que peuvent partager tous les collaborateurs de ce grand écrivain qui fut aussi un grand patriote. Eadem velle eadem nolle ea est vera amicitia. Vouloir les mêmes choses, ne pas vouloir les mêmes choses, voici la véritable amitié. La fidélité amicale de Bainville était connexe à la fidélité de ses convictions politiques. Il disait de Charles Maurras qu'il lui devait tout, sauf le jour. Cette formule pourrait être celle de la plupart d'entre nous. Tant de peines profondes et aussi de joies et de certitudes en commun ont créé entre nous, les maurrassiens, une solidarité que la mort même ne saurait anéantir. S'il est vrai que l'amour est plus fort que la mort, cela n'est pas moins vrai de l'amitié et au-delà des tombeaux quand il s'agit d'écrivains et d'hommes d'action, celle-ci se continue par leurs oeuvres, par leurs actes, par leurs intentions fraternelles. Amis, nous le fûmes dans la patrie, dans la France, notre mère, dont les dangers, les risques nous apparurent ensemble. Historien né, objectif et clairvoyant, pressentant les effets dans les causes comme un Thucydide et un Fustel de Coulanges, Bainville était atteint de cette transe des époques troubles : l'angoisse pour le pays. Il n'était pas de jour qu'il ne m'en parlât ou n'y fît allusion. Poète par surcroît et de l'esprit le plus vif, le plus spontané, il voyait, navigateur des âges écoulés, monter à l'horizon les points noirs, annonciateurs de la tempête. Un article de lui dans la revue d'Action Française du 14 juillet 1914, intitulé Le Rêve serbe, annonce avec précision et clarté le mécanisme de la guerre européenne qui vient... Sa plume ne tomba de ses mains qu'à la dernière minute. Jusqu'à ses derniers moments il s'entretint avec nous des sujets les plus divers, de ceux surtout qui lui tenaient au coeur. Cela nous permettait à nous, les collaborateurs de chaque jour, de lui cacher notre inquiétude. La veille de sa mort, il s'occupait avec Maurras de La Bruyère et il nous parlait de ses projets. Une seule plainte : quand pourrai-je reprendre avec vous nos petits dîners d'amis. Cher Bainville, tendre, délicat, grandiose ami, jusqu'à l'heure d'aller vous rejoindre, quand nous aurions dû vous précéder nous ne cesserons de penser à vous, de vous pleurer, de prier pour vous. »
    Au premier rang de l'assistance, se pressent les plus hautes personnalités de la politique et des lettres...
    Le cortège est précédé de deux chars remplis de fleurs et de couronnes, dont celles du duc et de la duchesse de Guise.
    Charles Maurras et la reine Amélie du Portugal suivent aussitôt après la famille.
    L'imposant cortège s'engage dans le Boulevard Saint-Germain, et c'est alors que se produit "l'incident" : une automobile, dans laquelle ont pris place Léon Blum et Georges Monnet, est arrêtée par la foule, qui attend le passage du cortège. 
    Il est évidemment impossible, étant donnée la notoriété de Bainville, et l'importance de l'événement, qu'une personnalité comme Léon Blum ait été dans l'ignorance de ce qui se passait à cet endroit, et à ce moment-là...
    Il semble que l'auto voulut passer malgré tout, coupant ainsi la double haie de la foule attendant, de part et d'autre du boulevard, le passage du cortège.
    Léon Blum reconnu, des cris et des sifflets se firent entendre. Provocation ? La vitre arrière de la voiture fut brisée, et un mouvement de foule eut lieu autour du véhicule... Léon Blum et Mme Monnet furent légèrement contusionnés... 
    Les Camelots du Roi, présents sur les deux trottoirs du Boulevard, protégèrent Blum, qui se fit conduire à l'Hôtel Dieu.
    Quand il revint à la Chambre des députés, il fut accueilli aux cris de "Dissolution des Ligues". 
    Et Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur, fit signer, par le président Albert Lebrun, la, dissolution de toutes les organisations d'Action Française, que suivit celle de toutes les ligues nationales...
    Sur cette malheureuse journée des obsèques, Albert Thibaudet écrit :
    "...Les trois formes des guerres historiques françaises semblèrent conviées aux obsèques de Bainville.
    D'abord, notre forme la plus française de la guerre religieuse, celle que connaissent bien les lecteurs de Port-Royal.
    Ensuite la guerre civile : on a, dans le malheureux incident Léon Blum, la sensation physique de cette Discorde que les poètes épiques, et Boileau dans le Lutrin, invoquent pour signifier un moment exceptionnel où tout sort de la mesure, tout est déréglé, tout est déchaîné démoniaquement. Je saurai désormais ce que veut dire l'hémistiche : la Discorde triomphe...
    Enfin, la guerre étrangère : le jour des obsèques était le jour de la discussion du pacte franco-soviétique, sur les conséquences duquel je n'ai pas d'opinion, mais Bainville en avait une, très nette, et l'un de ses derniers articles disait : "Une alliance avec les Soviets offre tout ce qu'il faut pour vous amener à la guerre."
    On songe alors à la dernière phrase de Jaco et Lori, où Jaco disparaît dans les arbres : "Je criai par trois fois : Ca finira mal !"
    Le cortège funèbre de Jacques Bainville s'est déroulé justement entre les trois cris."

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/08/27/notre-feuilleton-estival-un-ete-avec-jacques-bainville-6171802.html

  • "ORAN, LE MASSACRE OUBLIÉ" LE 5 SEPTEMBRE SUR FRANCE 3

    oran_presse1_0.png

    La chaine France 3 annonce la diffusion le 5 septembre prochain à 23h, d’une œuvre audio-visuelle réalisée par Georges-Marc BENAMOU et Jean Charles DENIAU : Oran, le massacre oublié.

    D’une durée de 52’, elle revient sur un des épisodes les plus sanglants de la guerre d’Algérie, la journée du 5 juillet de 1962 où, alors que les Algériens célèbrent l’indépendance, plus de 700 Européens sont massacrés.

    Le documentaire bénéficie de la puissance de témoignages inédits à ce jour, et de la présentation d’archives privées et surtout publiques, incontestables.

    La responsabilité des plus hautes personnalités de l’Etat français dans la non-assistance aux personnes en danger,  est clairement établie. Comme l’est la réponse à la question : pourquoi ce drame est-il resté depuis près de 60 ans sans reconnaissance officielle ?

    Un document d’histoire.

    Source cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE... (35)

    2619170146.jpg

    Aujourd'hui : 37. La Revue universelle...

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

    La Revue Universelle...

    L’une des plus remarquables réalisations de Bainville, ce n’est peut-être pas un livre, aussi importants qu'ils aient pu être pour certains; l’une des pensées les plus fécondes de son règne intellectuel (pour paraphraser Louis XIV), c’est peut-être... "La Revue universelle"....
    C'est en 1920 que Jacques Bainville fonde cette Revue : il en était le directeur, et Henri Massis, le rédacteur en chef.
    Dans Le Figaro du 19 juillet 1919 était paru un manifeste "Pour un parti de l'intelligence"; la Revue universelle, qui en découle, avait pour programme : 
    "Rassembler tout ce qui, dans le monde, prend parti contre la destruction, fortifier et étendre les relations entre les groupes dévoués à la cause de l'esprit".
    La Revue se situait évidemment dans la ligne du Nationalisme intégral de L'Action française.
    Y collaborèrent Charles Benoist, Marie de Roux, Robert Havard de La Montagne, René Johannet, Georges Valois, Firmin Bacconnier, Pierre-Antoine Cousteau, Georges Gaudy, Gustave Thibon, Pierre Gaxotte, Claude Roy, Gonzague de Reynold, Jacques Maritain (en charge de la rubrique philosophique, au début des années 1920), Charles Maurras, Maurice Vaussard et Henri Gouhier.
    Puis, après 1941, Pierre Boutang et Raoul Girardet. 
    La Revue universelle s'intéressait particulièrement à la politique extérieure, mais on y trouvait aussi des études sur l'art, la littérature la philosophie, écrites par Léon Daudet, Thierry Maulnier, André Rousseaux ou Robert Brasillach. 
    Son dernier numéro paraîtra en 1944...
    "...Ah ! comme tout alors me semblait simple, facile, uni. Je nous revois ensemble dans notre commun bureau de la Revue universelle, lorsque nous établissions le sommaire du prochain numéro, et qu'il en réclamait les épreuves. Il lui suffisait d'un regard, mais c'était un regard infaillible; rien qu'un mot parfois pour formuler sa décision, mais c'était un mot sans réplique. Et quel repos, quel assentiment, quand il avait conclu d'un simple geste, qui supprimait le tâtonnement, l'hésitation, l'incertitude..." 
    (Henri Massis).

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/08/26/notre-feuilleton-estival-un-ete-avec-jacques-bainville-6171801.html

  • Netflix, Amazon… Vers une homogénéisation culturelle au sein du supermarché mondial ?

    Prenez tout mais laissez moi la culture !
    On lui doit certainement nos plus beaux chefs d’oeuvre mais on la méconnaît. Voici, l’exception culturelle. Qui affirme que la culture n’est pas une marchandise comme les autres. Qui place notre production audiovisuelle hors de griffes de la libéralisation continue.

    L’idée a permis au cinéma français d’exister malgré la force de frappe des majors d’Hollywood. Mais face aux géants Netflix, Amazon et consorts et à l’orée d’une nouvelle ère d’hyperoffre audiovisuelle, le risque d’homogénéisation culturelle se fait à nouveau sentir. Les industries américaines voudraient nous faire croire que la culture se résume à un catalogue de produits.

    Que le plus compétitif gagne ! Laissons le choix au consommateur ! Mais souhaitons-nous vraiment que des marchandises envahissent nos imaginaires ? Peut-on accepter que les créations audiovisuelles ne deviennent qu’un article sur les étagère d’un supermarché mondial ?

  • Il faut sauver nos campagnes !

    vaches.jpg

    Il n’y aura pas de “gilets verts” après les “gilets jaunes” », affirme Christiane Lambert, la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Les agriculteurs ne monteront pas de barricades à la rentrée, pas plus qu’ils ne viendront, sur leurs tracteurs, dire leur colère à Paris. Et pourtant. Les difficultés s’accumulent et la matière à explosion sociale existe. L’inquiétude est là, qui grandit et trouvera en son temps une forme d’expression, qui surprendra les politiques et les Français dans leur ensemble. Comme toutes les incompréhensions, mal perçues, mal analysées, mal traitées. Ou trop tard.

    Le climat dans les campagnes s’est considérablement détérioré. Et pas seulement la météo. Les relations sociales entre agriculteurs et leurs voisins atteignent parfois des niveaux d’exaspération encore peu connus.

    Les intrusions dans les exploitations agricoles, les actes de vandalisme, les insultes, les discussions houleuses qui tournent mal et qui vont jusqu’à l’agression physique se multiplient. Parfois sur la base de mauvaises interprétations des activités auxquelles se livrent les agriculteurs, violemment attaqués parce que leurs voisins pensaient qu’ils étaient en train d’épandre des pesticides. Des cartes stigmatisant les élevages de porc en attente de feu vert à leur agrandissement ont été publiées sur Internet. Les mises en cause verbales se font aussi dans les magasins ou sur les marchés.

    Climat délétère

    Sécheresse et canicule sont arrivées dans ce climat délétère. Des mois sans eau ont jauni les campagnes, asséché les réserves d’eau et engagé les éleveurs dans une course épedue à la recherche de fourrage pour le bétail. Au total, 86 départements ont été frappés par le manque d’eau. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a autorisé 69 départements à utiliser les jachères pour nourrir les bêtes. « Tout cela arrive trop tard, commente Christiane Lambert. Les prairies sont marron. Cela casse le moral des éleveurs. » Le déficit hydrique et le manque de nourriture ont ralenti la croissance des animaux. La mortalité des volailles dans les poulaillers a atteint des niveaux très élevés. Les trésoreries souffrent.

    Des aides viendront. Mais à quelle hauteur ? Et quand ? Dans le meilleur des cas pas avant des mois, car les arbitrages ne seront rendus qu’en octobre. Les agriculteurs réclament moins de rigidité dans les règles de l’irrigation et de la création de réserves d’eau. La Hongrie et la Pologne ont accru leurs capacités de stockage de 13 %. L’Espagne de 29 %. En France de... 1,9 %. Les exploitants ne comprennent pas l’acharnement de l’administration tricolore à toujours exiger plus que ne le demande l’Europe.

    Les distorsions de traitement au sein de l’UE sont ressenties comme autant d’injustices et de freins inopportuns alors que l’agriculture française perd en compétitivité. Tout comme l’ouverture des frontières à des centaines de milliers de tonnes de viande en provenance du Canada, via l’accord du Ceta, et du Brésil, via le Mercosur. L’idée que la France accepte de faire entrer des denrées si lointaines produites dans des conditions très différentes des attentes des consommateurs, en matière de pesticides, de farines animales, de bien-être, est d’autant plus difficile à admettre pour les agriculteurs que cela intervient en plein débat sur la taxe carbone.

    Source : Les Echos 26/08/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE... (34)

    3851730425.jpg

    Aujourd'hui : 36. Remise de l'épée d'académicien...

    Remise de l'épée d'académicien...

    En novembre 1935, Bainville reçoit son épée d’académicien des mains de François Léger, alors secrétaire général des étudiants d’AF, en présence du maire de Vincenne, M. Bonvoisin.
    Elle a été fabriquée, comme celle de Maurras, par Mellerio dits Meller, le plus ancien joaillier du monde.
    C'est Maxime Réal del Sarte qui l'a conçue, comme celle de Maurras. 
    Réal del Sarte était le descendant d'Andrea del Sarto, qui fit partie de la cohorte d’artistes italiens appelés par François premier pour illustrer les Arts, sous toutes leurs formes, dans le Royaume.
    Il était sculpteur, fidèle en cela à la vocation artistique de sa lignée : c'est lui qui fonda les Camelots du Roi, dont il devint le chef. 
    Il a réalisé la garde des épées d’académicien de Maurras et de Bainville :
    Un des thèmes favoris de l'auteur est la Minerve ailée comme une victoire : Minerve est appuyée sur une lance symbolique dont le fer est formé d'une fleur de lys en brillants.
    La sérénité l'habite, malgré les assauts de deux chimères symbolisant les ennemis de la vérité, de l'ordre, de la sagesse.
    Sur la coquille, posées sur deux plumes enlacées, se détachent les initiales de l'auteur.
    Sur la lame, figure l'inscription "offert par les étudiants français le 7 novembre 1935".

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/08/25/notre-feuilleton-estival-un-ete-avec-jacques-bainville-6170456.html#more

  • La France est-elle de moins en moins intelligente ?

    ENA-300x150.jpgEn dépit d’éventuelles apparences, cet article est sans lien avec la conférence de presse de E. Macron de ce 25 avril 2019. E. Macron, parfait produit et agent du système, est simplement le révélateur d’un certain abaissement collectif de l’intellection occidentale qui a commencé il y a bien longtemps. Et son idée, toute symbolique, et encore floue, de supprimer l’ENA ne sera pas en soi suffisante.
    Il y a quelques mois plusieurs médias, dont quelques uns de bon niveau, débattaient de la question de l’abaissement du QI, mesuré, selon certaines études académiques, dans les écoles. Les causes en seraient environnementales, consuméristes, génétiques, médicales, sociologiques . Vraie ou fausse la démonstration inquiète ; mais moins toutefois que les autres menaces, bien réelles sur l’intelligence. Si pour Teilhard de Chardin (Le phénomène humain) le monde en général, et l’homme en particulier, évoluent vers toujours vers plus de perfectionnement (une sorte de création permanente dans le projet divin), les paléontologues sont moins optimistes qui nous disent que l’homme de Cro-Magnon, obligé de résoudre en permanence bien plus de problèmes importants que chacun d’entre nous, aurait eu plus de capacités et d’aptitudes intellectuelles . Tant sa capacité céphalique supérieure que ce que l’on comprend de ses circonvolutions cérébrales le feraient croire.
    Mais il y a bien pire que la dégradation possible du  »hardware » cérébral : celle de son  »software ». C’est à dire la façon que nous avons, individuellement ou collectivement, de réfléchir et de décider. Qu’on ne se méprenne pas sur ma démarche : il m’a fallu de très longues années de recherche, d’enseignement, de pratique, d’expériences (parfois cuisantes), d’observation et de réflexion pour aboutir à cette conclusion. De plus je suis bien loin d’être le plus compétent à exprimer cette idée.
    La première cause de la régression intellectuelle c’est le système éducatif : non pas par la faute des enseignants qui font de leur mieux dans un cadre difficile, tendu ou coercitif, mais en raison des normes éducatives, imprégnées d’idéologies désastreuses : le pégagogisme, le relativisme, le superficialisme, l’internationalisme, l’utilitarisme professionnel, le technologisme, la négation du réel et de l’histoire. Ils sont nombreux ceux qui ont dénoncé cette décadence, de Jacqueline de Romilly à Brigehlli, de Michéa à Antoine Prost, sans oublier les enquêtes sur la baisse du niveau des élèves, PISA et Pirls. Mais ce qui parait être le plus grave ce n’est pas tant la baisse cognitive, aisément mesurable, que la baisse  »intellective » non-étalonnable . Du Moyen Age, héritier de l’Antiquité, jusqu’au XIXe siècle, la base pédagogique se fondait essentiellement sur les disciplines du trivium et du quadrivium . Ces disciplines de base comportaient la grammaire, la dialectique (aristotélicienne, et donc la sémantique), et la rhétorique. Maîtriser le sens des concepts et des mots, et la façon de les associer logiquement selon la méthode de raisonnement de Descartes (ou encore de Spinoza, Stuart Mill). Rien de tout ceci n’est plus enseigné, même pas dans les facultés de droit, ni même désormais -nous dit un haut magistrat- à l’ENM qui privilégie à présent le  »technico-juridisme » au détriment de  »l’intelligence, le doute, l’humanité, l’écoute… » Supprimer l’ENA et l’ENM ne seraient pas, en soi, la solution : mais les réformer pour y privilégier le sens critique, l’observation du réel, le raisonnement (personnel), le sens du bien commun, la créativité seraient les urgences. On pourrait ajouter que le passage par l’ENA devrait interdirait aux serviteurs de l’état de faire de la politique ce qui conduit inévitablement au conflit d’intérêts, au carriérisme. Et que l’ENM n’accueillerait que des avocats ayant 20 ans de barre ; et que ces derniers devraient faire un stage de deux ans en tribunal avant d’exercer l’avocature. En définitive ce sont tous les concours de recrutement et l’accès aux postes de responsabilités qui sont à révolutionner tant la France est seule à les pratiquer avec les lamentables résultats que l’on voit.
    Mais le contexte social est aussi en cause :  »Comment sommes nous devenus si cons ? » s’interroge de façon crue le linguiste Bentolila. Citons le :  »Nous sommes devenus cons parce que nous avons renoncé à cultiver notre intelligence commune comme on cultive un champ pour nourrir les siens. Oubliés le questionnement ferme, le raisonnement rigoureux, la réfutation exigeante ; toutes activités tenues pour ringardes et terriblement ennuyeuses. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : nous sommes devenus – parents, enseignants, politiques – incapables de mener les batailles nécessaires : celles dont on accepte de ne pas voir l’issue, en étant heureux que d’autres – nos élèves, nos enfants, nos rivaux d’aujourd’hui – les poursuivent parce qu’elles sont essentielles. Du  » à quoi bon !  » au  » après moi le déluge !  » il n’y a qu’un pas que nous franchissons chaque jour allégrement en nous vautrant dans la prévisibilité d’un audiovisuel débile, en nous abandonnant à l’aléatoire dangereux du web, en acceptant que notre école devienne une machine de reproduction sociale, en tolérant que nos politiques insultent quotidiennement notre intelligence, en laissant enfin abîmer le sacré jusqu’à en faire un masque hideux. Et nous livrons ainsi nos propres enfants à l’inculture et à la crédulité »… La plupart des médias, préoccupés des intérêts de leurs maîtres financiers, ou de l’audimat (ce qui est la même chose), entretiennent cet abaissement généralisé.
    Enfin il y a, dans les services publics et les entreprises, des structures décisionnaires qui pratiquent des processus de travail et de décision, archaïques et très contre-productifs, ainsi que l’expliquait Michel Crozier (La crise de l’intelligence).
    Il est certain que  »l’esprit soixante-huitard », les apories de la prétentieuse prétendue  »french theory » , les déconstructivismes et contextualismes fumeux, d’Althusser, Beauvoir, Derrida, Foucault, Lacan, ont engendré, par un effet de meute, une pensée unique, autarcique et stérile, quand elle n’est pas menaçante. Quand elle n’a pas suscité aussi sa police de la pensée, une inquisition avec procès d’intention, précédant le bûcher médiatique et éditorial, que les plus obscurs zélateurs traduisent par de simples invectives allant du :  »facho ! » (indémodable depuis 50 ans), au plus récents mais tout aussi intolérants, diffamatoires, creux et dangereux, issus du phobophobisme : (euro- xéno- homo-) ou les grands classiques en  »isme » (rac-,popul-, national-, protectionn-). Une pensée rétrécie au slogan. Et des attaques ad hominem qui traduisent la faiblesse et la lâcheté.
    Pourtant la planète, l’Europe, la nation, demeurent affrontées à des questions majeures rémanentes et, à présent, urgentes et nouvelles, dont la solution exige que l’intelligence les aborde et les résolve de façon rationnelle, pénétrante, généreuse et vigoureuse. En plus des problèmes politiques économiques et sociaux traditionnels, en effet, nos sociétés sont, à présent confrontées à des questions graves et urgentes : comment organiser les territoires et les droits des peuples qui y vivent ? Peut-on laisser faire tout ce que la technique rend possible ? La surpopulation planétaire, les migrations de masse, le gigantisme urbain, la sur-pollution, l’épuisement des ressources naturelles, le mondialisme, la spéculation commerciale, sociale, financière, le transhumanisme…
    Développer la planète et l’humanité a demandé des siècles de progrès incessants de l’intelligence et des sciences . Désormais, au moment où l’intelligence recule, n’est-il pas temps de se demander comment redevenir intelligents ? Et comment valoriser cette intelligence retrouvée ? Certainement avant tout en respectant le sens des mots de même que les mathématiciens respectent les valeurs des chiffres. La querelle des universaux fait rage depuis 2500 ans et recommence perpétuellement. Pourtant Platon (et aussi Confucius à 8 000 km) l’avaient – pensait-on – tranchée une bonne fois, il y a 25 siècles : ne pas respecter le sens des mots accroît les malheurs du monde. Encore faut-il commencer à réhabiliter ce sens des mots : qu’est ce qu’une nation ? Le vivre ensemble ? Qu’est-ce que l’économie, la monnaie, la finance, l’entreprise, ? Qu’est-ce que la famille, l’instruction, la science ? Qu’est-ce que la démocratie ?
    Inversement, retrouver et respecter le sens des mots et des réalités qu’ils définissent ne pourrait-il pas rendre possible le bonheur du monde ?

    http://reveil-francais.fr/2019/05/la-france-est-elle-de-moins-en-moins-intelligente/

  • GRANDS TEXTES XX : Qu'est-ce que la Civilisation ?, de Charles Maurras. (suite et fin)

     Un poète, un pauvre poète tard venu dans un âge de décadence et qui assistait à la baisse de la Civilisation, Baudelaire, n'a pas mal défini la nature insatiable d'un désir qui essaye de se satisfaire par le nombre de ses plaisirs:

    La jouissance ajoute au désir de la force,

    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,

    Cependant que durcit et grandit ton écorce

    Tes branches veulent voir le soleil de plus près.

    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace

    Que le cyprès...?

                Les vers sont assez médiocres. Le sentiment est vrai, l'idée est profonde. Oui, le désir grandira toujours et, avec lui, la peine,, le déboire et l'inquiétude. Les civilisations, en imposant la dette à l'homme, ne lui promettront cependant qu'une course absurde et sans fin jusqu'à ce qu'il éprouve le sentiment de 'l'infinie vanité de tout", comme disait l'infortuné Léopardi.

    PARTHENON.jpg

    l'art grec inventa la Beauté.....

                Mais, lorsqu'ils ont senti cette vanité des recherches, les Grecs n'ont pas voulu admettre qu'elle fût infinie. Ils ont cherché un terme à la course perpétuelle. Un instinct merveilleux, beaucoup plus que la réflexion, ou plutôt si l'on veut, un éclair de raison surhumaine ou divine leur a fait sentir que le bien n'était pas dans les choses, mais dans l'ordre des choses, n'était pas dans le nombre mais dans la composition, et ne tenait nullement à la quantité, mais à la qualité. Ils introduisirent la forte notion des limites, non seulement dans l'art, mais dans la pensée, dans la science et les moeurs. En morale, en science, en art, ils sentirent que l'essentiel ne tenait point aux matériaux, et, tout en employant les matières les plus précieuses, ils y appliquaient leur mesure. L'idée du "point de perfection et de maturité" domina ce grand peuple aussi longtemps qu'il resta fidèle à lui-même.

                Le roi Salomon croyait faire de la science en dressant la nomenclature des plantes depuis la plus ténue jusqu'à la plus haute: un Grec, Aristote, nous enseigna que ce catalogue de connaissances n'est qu'un point de départ, qu'il n'y a point de science véritable sans ordre et que l'ordre de la science n'est ni celui de la grandeur, ni celui de la petitesse. De même les artistes d'Egypte et d'Asie envoyèrent en Grèce des échantillons de leur savoir-faire; en se développant sur cette terre et dans cette race favorisées, les modèles orientaux témoignèrent que l'art ne consiste pas à faire des colosses, ni à déformer la nature en grimaces de monstres, ni à la copier du plus près qu'il soit possible jusqu'au succès de le ressemblance parfaite: l'art grec inventa la beauté. Et pareillement, dans le gouvernement de soi-même, les moralistes enseignèrent que le bonheur ne tient pas à l'infinité des éléments que l'on s'approprie, ni non plus à l'avare sécheresse d'une âme qui se retranche et veut s'isoler; il importe que lâme soit maîtresse chez elle, mais il importe aussi qu'elle sache trouver son bien et le cueillir en s'y élevant d'un heureux effort. La philosophie grecque aborda ainsi la vertu.

    ARISTOTE.jpg
    Un Grec, Aristote nous enseigna que ce catalogue.....

                Ainsi, l'ardeur chagrine et mécontente qui entraîne l'homme à changer la face du monde n'a pas interrompu en Grèce son effort. Elle l'a réglé seulement. Elle a enfin trouvé le moyen de se satisfaire en considérant la qualité et la perfection de son oeuvre, non l'énormité du travail, ni la masse du résultat. Toute perfection se limite aux points précis qui la définissent et s'évanouit au-delà. Son effet propre est de mettre l'homme en accord avec la nature, sans tarir celle-ci et sans accabler celui-là. Cette sagesse nous enseigne à chercher hors de nous l'équivalent d'un rapport qui est en nous, mais qui n'est pas notre simple chimère. Elle excite, mais elle arrête; elle stimule, mais elle tient en suspens. Source d'exaltation et d'inhibition successive, elle trace aux endroits où l'homme aborde l'univers des figures fermes et souples qui sont mère commune de la beauté et du bonheur.

                Cette Civilisation tout en qualité s'appela, seulement dans ses beaux jours, la Grèce. Elle fut plus tard l'atticisme, puis l'hellénisme. Elle fut Rome qui la dispersa dans l'univers, d'abord avec les légions de ses soldats et de ses colons, ensuite avec les missionnaires de sa foi chrétienne. Les deux Rome conquirent de cette sorte à peu près le monde connu et, par la Renaissance, elles se retrouvaient et se complétaient elles-mêmes quand la Réforme interrompit leur magnifique développement. Les historiens et les philosophes sans passion commencent à évaluer exactement quel recul de la Civilisation doit exprimer désormais le nom de la Réforme. Nous devons en France de profondes actions de grâce aux actions de nos rois et de notre peuple qui, d'un commun effort, repoussèrent cette libération mensongère. C'est leur résistance qui a permis le développement de notre nationalité au XIVème, au XVIIème siècle et même au XVIIIème siècle: si complet, si brillant, d'une humanité si parfaite que la France en est devenue l'héritière légitime du monde grec et romain. Par elle la mesure, la raison et le goût ont régné sur notre Occident: outre les civilisations barbares, la Civilisation véritable s'est perpétuée jusqu'au seuil de l'âge contemporain.

                 Malgré la Révolution, qui n'est que l'oeuvre de la Réforme reprise et trop cruellement réussie, malgré le romantisme qui n'est qu'une suite littéraire, philosophique et morale de la Révolution, on peut encore soutenir que la Civilisation montre en ce pays de France d'assez beaux restes: notre tradition n'est qu'interrompue, notre capital subsiste. Il dépendrait de nous de le faire fleurir et fructifier de nouveau.

                Un nouveau-né, selon Le Play, est un petit barbare. Mais quand il naît en France, ce petit barbare est appelé à recevoir par l'éducatiuon un extrait délicat de tous les travaux de l'Espèce. On peut dire que son initiation naturelle fait de lui, dans la force du terme, un homme de qualité..... (1)

                De l'état de sauvagerie à l'état de civilisation barbare, de l'état de barbarie civilisée à l'état de pleine Civilisation, je me suis efforcé d'établir une suite de définitions qui soient claires. Je ne prétends pas en déduire une morale, ni les règles de la justice. Un gouvernement fort peut en tirer, pourtant, les principes d'une direction intellectuelle et civile.

    COLONNE GRECQUE SICILE SEGESTE.jpg
    "Quoi de plus moderne qu'une colonne grecque ?...." (Eugène Ionesco)
    MAURRASALMANACHAF1928.jpg
     
    (1): Ici, l'avant-dernier paragraphe, de cinq lignes, n'a pas été retranscrit, car trop daté...