culture et histoire - Page 856
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Darius [2000 ans d'histoire]
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Les Brigandes - Promenade des Anglais
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Lauriers et lys du roi Henri le grand
Dirigée par Max Gallo, la collection "Ils ont fait la France" consacre l'un de ses vingt volumes à Henri IV. Premier roi Bourbon, celui-ci demeurerait le plus aimé des souverains français.
Max Gallo et Jean-Paul Desprat présentent un Henri IV, l'homme de la tolérance. L'ouvrage comporte une marqueterie de textes précédés de repères chronologiques et méthodiques qui procurent au lecteur une image vivante du « bon et grand roi Henri ». Nous en donnons ci-dessous quelques-uns. On peut cependant regretter que dans sa brillante préface, Max Gallo donne une signification parfaitement erronée de l'absolutisme monarchique.
Absolue perfection
Cette erreur provient des propagandes anglo-saxonnes du début du XVIIIe siècle. En 1600, pour tous les contemporains, français ou étrangers, "monarchie absolue" signifiait "monarchie parfaite". C'était la monarchie de nos rois. Dans son Louis XIV, le professeur François Bluche démystifie cette légende : « Depuis Charles VII, les lettres patentes des rois s'achevaient par l'expression : "Car tel est notre plaisir". Nos ancêtres à qui le latin n'était pas étranger lisaient : "Placet nobis et volumus" – (c'est notre volonté réfléchie). Ils voyaient en cette formule la décision délibérée du Roi et non son caprice. De même traduisaient- ils sans hésiter "monarchia absoluta" par "monarchie parfaite". » Privé d'une définition authentique, Max Gallo réunit prévention et précipitation pour aboutir à un jugement téméraire : « Mais l'absolutisme – cujus regio, ejus religio – provoquera en 1685 la révocation de l'Edit de Nantes. Absolutisme et tolérance ne peuvent coexister. » Il convient ici de rappeler une date : en 1668, le traité d'Aix-la-Chapelle marque l'annexion de la Flandre française à la Couronne. Les Flamands catholiques soupçonnaient Louis XIV de tiédeur religieuse. Par la révocation de l'édit de Nantes, Louis XIV cède à l'opinion publique, vraie peste de la démocratie. La révocation a pour origine une éclipse momentanée de l'absolutisme royal.
Revendiquant le modèle de Virgile qui exalte les origines de Rome en la personne d'Énée, Voltaire va composer La Henriade, poème épique. La première édition intégrale en sera publiée à Londres, en 1728 grâce au pécule que Louis XV lui envoya pour le sauver de la faillite : « Je chante ce héros qui régna sur la France / Et par droit de conquête et par droit de naissance. / Qui par de longs malheurs apprit à gouverner, / Calma les factions, sut vaincre et pardonner / Confondit et Mayenne, et la Ligue, et l'Ibère, / Et fut de ses sujets le vainqueur et le père. » Voltaire évoque les troubles de la France divisée au temps d'Henri III, le dernier Valois : « Valois régnait encore ; et ses mains incertaines / De l'État ébranlé laissaient flotter les rênes. / Les lois étaient sans force, et les droits confondus / [...] Dans Paris révolté l'étranger accourut ; / Le vertueux Bourbon, plein d'une ardeur guerrière / À son prince aveuglé vint rendre la lumière : / Il ranima sa force, il conduisit ses pas / De la honte à la gloire et des jeux aux combats. » Voltaire prête au roi de France le discours vraisemblable qu'il tint au roi de Navarre, son cousin et beau-frère : « Vous voyez à quel point le destin m'humilie : / Mon injure est la vôtre ; et la Ligue ennemie / Levant contre son prince un front séditieux / Nous confond dans sa rage et nous poursuit tous deux. / Paris nous méconnaît ; Paris ne veut pour maître / Ni moi, qui suis son Roi, ni vous qui devez l'être. / Ce Dieu vous a choisi : sa main dans les combats / Au trône de Valois va conduire vos pas. »
Publié en 1661 par Hardouin de Perefixe, La Vie d'Henri le Grand comporte de précieux documents auxquels s'ajoute une fine compréhension du caractère et de la personne du roi Henri IV. Excommunié par le pape Sixte V, subissant la méfiance d'un chef de la Ligue, le duc de Mayenne, Henri III fut contraint de se tourner du côté du roi de Navarre. L'intelligence, le courage et la foi de ce dernier firent que cette contrainte fut providentielle, malgré toutes les craintes qu'il pouvait avoir raisonnablement : « Après qu'il eut bien considéré qu'il s'agissait de la France, de servir son roi et de s'ouvrir un chemin pour défendre la couronne qui lui appartenait, il résolut de tout hasarder et de se résigner entièrement à la sainte garde du souverain protecteur des rois. [...] Il arriva au Plessis-les-Tours sur les trois heures de l'après-midi, en habit de guerre, tout crasseux et tout usé de la cuirasse, lui seul ayant un manteau et tous ses gens étant en pourpoint, tous prêts d'endosser les armes, afin de montrer qu'il n'était pas venu pour faire sa cour, mais pour bien servir. Il alla au devant du roi qui entendait vêpres aux Minimes. La foule du peuple était si grande, qu'ils furent longtemps dans l'allée du Mail sans se pouvoir joindre. Notre Henri étant à trois pas du roi, se jeta à ses pieds, et s'efforça de les baiser, mais le Roi ne voulut pas le permettre : et, le relevant, l'embrassa avec grande tendresse. Ils réitérèrent leurs embrassements trois ou quatre fois, le roi le nommait son très cher frère, et lui appelait le roi son seigneur. On entendit alors pousser avec grande joie les cris de "Vive le voi !" que l'on n'avait point ouï depuis longtemps, comme si la présence de notre Henri eût fait rendre l'affection des peuples, qui semblait éteinte pour Henri III. Après que les deux rois se furent entretenus quelque temps, celui de Navarre repassa la rivière et aller loger au faubourg Saint-Symphorien [...] car il avait été obligé de le promettre ainsi à ces vieux Huguenots, qui crurent qu'on leur tendait des pièges partout. Mais lui, qui était poussé d'un autre motif et qui avait ce généreux principe, qu'il ne faut point ménager sa vie quand il y quelque chose à gagner qui doit être plus précieux à un grand courage que la vie même, sortit le lendemain dès six heures du matin [...] et vint donner le bonjour au roi. Ils s'entretinrent longtemps en deux ou trois conférences où le roi de Navarre donna de grandes marques de sa capacité et de son jugement. » Henri III mourant le nomma plusieurs fois « son bon frère et son légitime successeur, lui recommanda le royaume, exhorta les seigneurs là présents de le connaître et de ne point désunir ».
Malgré les aléas, les traverses, les pires angoisses, grâce à l'entente du roi de France et du roi de Navarre, ce qu'on a pu nommer le miracle capétien s'est produit. Les éloges le comparant à Salomon, à David, à Constantin, à saint Louis sont justifiés - par son goût et sa pratique de la justice, il a mis fin aux guerres de religion. Aux lauriers du soldat victorieux s'ajoutent les lys de la monarchie légitime. Chez lui une force triomphale se complète par une clémence généreuse. Et, ne l'oublions jamais, tel que le montre sa correspondance amoureuse, ce fut un Prince charmant.
Joseph Santa-Croce L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 5 au 18 janvier 2012
Ils ont fait la France, volume 4, Henri IV, l'homme de la tolérance, collection éditée par Le Figaro et L'Express, 12,90 euros.
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Alain Escada : « Nous préférons Aristote à Rothschild ! »
Voici la version écrite du discours prononcé par Alain Escada, président de Civitas, à la Fête du Pays Réel du 24 mars 2018.
Chers amis,
Tout d’abord, je tiens à vous remercier d’être venus si nombreux pour cette journée. C’est la démonstration qu’il est possible de créer une dynamique sans rien renier de nos convictions catholiques, patriotes, nationalistes.
Je tiens à remercier les prêtres et les religieux qui nous font l’honneur de leur présence, les délégations étrangères présentes aujourd’hui, nos amis suisses de Résistance Helvétique, les Belges du mouvement Nation, les représentants d’une longue liste de mouvements et associations de la composante nationale qui ont choisi de participer à cette deuxième Fête du Pays Réel. Je veux aussi remercier les dizaines de bénévoles qui ont généreusement offert leur temps et leur énergie à l’organisation de cette journée. C’est grâce à vous tous qu’elle est un succès.
Et ce succès devrait en faire réfléchir plus d’un, à l’heure des recompositions politiques et de la crise religieuse.
Chez nous, Dieu est premier servi. Nous ne dissimulons pas notre Foi pour tenter d’élargir nos rangs. Nous ne cachons rien de notre objectif de restaurer une France catholique, nettoyée des bactéries maçonniques et laïcistes. Nous ne cherchons aucun compromis inter-religieux. Nous affirmons sans détour que, si Dieu nous en donne les moyens, nous organiserons la dissolution du CRIF, de l’UOIF, des loges maçonniques et autres officines de l’anti-France.
Chez nous, la France est aux Français. Nous ne taisons rien de notre volonté d’agir sans relâche pour reconquérir la France, organiser la rémigration et consacrer l’argent public, l’argent des contribuables, à améliorer le sort des Français avant celui des autres populations. Chez nous, nous nous rappelons que la première des charités, c’est la Vérité, et que nous avons à nous préoccuper d’abord et avant tout du sort des Français vivant dans la misère, à assurer la prospérité de notre peuple, ainsi qu’à sauvegarder notre modèle civilisationnel, notre Foi, nos us et nos coutumes.
Chez nous, nous savons que la Famille est la cellule de base de la société. Et qu’importe les lois iniques, le mariage ne peut être que l’union d’un homme et d’une femme.
Chez nous, nous parlons vrai, sans langue de bois, sans compromission, sans chercher à plaire aux médias, sans solliciter un brevet de respectabilité chez ceux qui enchaînent la France et les Français.
Chez nous, nous faisons appel au Pays Réel.
Le pays réel s’oppose bien sûr au pays légal, selon la formule de Charles Maurras.
Le pays réel s’oppose aussi aujourd’hui au pays mutant, transformé, transhumaniste, transgenre, transracial, transatlantique, transmigratoire et transreligieux, mais jamais transcendant.
Aujourd’hui, le pays légal nous impose l’idéologie du genre sous toutes ses formes. Vous savez, l’idéologie du genre consiste à prétendre que vous pouvez décider vous-même de ce que vous êtes, homme ou femme, voire hybride. De là découle l’idée que vous pouvez aussi choisir si vous êtes blanc, noir, jaune ou vert à petits pois. Demain, cette idéologie du genre devrait aussi permettre de prétendre être un poisson rouge. Mais on ne se moque pas impunément du réel et celui qui se prendra pour un oiseau s’écrasera immanquablement au sol.
En France, cette idéologie du genre a connu un nouveau développement. Pour incarner Sainte Jeanne d’Arc aux fêtes johanniques d’Orléans, la bien-pensance a choisi une jeune fille métisse, à moitié béninoise. Cette jeune fille a sans doute beaucoup de qualités mais cela suffit-il pour prétendre incarner Jeanne d’Arc, modèle de jeune fille typiquement française d’une époque médiévale où la France était entièrement blanche. Dire cela, ce n’est pas du racisme, c’est être dans le réel. Que diraient les professionnels de la bien-pensance si une jeune fille togolaise était choisie pour incarner Anne Franck au cinéma ? Ou si Gérard Depardieu endossait le rôle de Nelson Mandela dans une série télévisée ? Il ne fait aucun doute que le tollé serait immédiat et général. Et tous trouveraient cet irréalisme ridicule.
Mais dans le cas présent, même parmi ceux qui prétendent, défendre la France, de Philippe de Villiers à Marine Le Pen, on s’est précipité pour trouver formidable que cette jeune fille métisse devienne la Jeanne d’Arc 2018. Terrorisés à l’idée d’être qualifiés de racistes, ils ne s’aperçoivent pas qu’ils sont profondément ridicules d’approuver de la sorte la négation du réel. Ils encouragent ainsi ces producteurs cosmopolites qui placent au cinéma et à la télévision des acteurs de couleur dans des rôles phares comme les héros de l’homérique Guerre de Troyes ou de la cour d’Angleterre au Moyen-Âge, dans l’intention de lobotomiser les jeunes générations et de leur faire admettre un nouvel ordre mondial nomade et métissé.
Le retour au réel est pourtant l’une des conditions indispensables au redressement de la France.
Ce retour au réel doit précisément s’appuyer sur le Pays réel, sur la France des terroirs et des clochers, sur l’enracinement, sur le local.
Chez nous, la France rurale est primordiale. Parce qu’elle est nourricière. Parce que la logique voudrait que nous consommions ce que produisent nos paysans français plutôt que les crasses produites par des multinationales apatrides. Parce que le bon sens d’un paysan a bien souvent plus d’utilité que les calculs d’un énarque. Parce que le terre ne ment pas, comme le disait un Maréchal de France.
Chez nous, le travail des artisans français est considéré à sa juste valeur, comme un savoir-faire que nous ne voulons pas voir remplacé par du bas de gamme asiatique ou des robots à tout faire.
Chez nous, nous préférons le petit commerçant au supermarché, nous préférons l’humain à la machine, nous préférons le village à la mégapole, nous préférons le travailleur au spéculateur, nous préférons Aristote à Rothschild.
Chez nous, l’art et la culture sont au service du Bien et du Beau. Ils ne suintent pas l’odeur putride du blasphème et de la pornographie.
Il n’y aura pas de reconquête possible sans le pays réel, sans les corps intermédiaires, sans le tissu local, professionnel, associatif, culturel.
C’est pour cette raison qu’il faut, par exemple, recréer des corporations professionnelles, autrement plus utiles que les syndicats politiques.
Il est aussi indispensable de partir à la reconquête de nos villages, de nos communes. Il nous faut organiser des villages gaulois catholiques à partir desquels envisager l’avenir, mettre à l’abri les nôtres, conserver notre mode de vie et préparer la reconquête.
Ne nous leurrons pas. Le camp national ne prendra pas le pouvoir pas l’entremise d’une élection présidentielle. Seules des circonstances exceptionnelles précédées de pénibles épreuves pourraient permettre que le pouvoir soit à nouveau confié un jour à un chef d’Etat authentiquement soucieux du Bien commun et de l’intérêt des Français.
En attendant ce jour, c’est à l’échelon local que doit s’organiser la préservation de notre modèle civilisationnel.
Il faut donc, d’une part, mettre en place un véritable plan de rachat de villages à l’abandon. Alors que les banques conspirent pour faire disparaître l’argent liquide, ce qui signifierait la possibilité de tout savoir de nous et de condamner les dissidents à la mise à mort sociale et économique en quelques clics, seule la mise en place de villages gaulois et catholiques peut nous permettre de sortir de ce système, d’instaurer une monnaie locale et d’élever nos enfants dans un cadre préservé.
Et d’autre part, il faut s’engager dans les élections municipales, surtout dans les petites communes, et y insuffler un nouveau souffle.
Nos villages, nos petites communes doivent être nos bases de repli à partir desquelles s’élancera la reconquête.
Le Pays réel peut devenir un temps minoritaire, mais c’est à partir de lui que pourra s’élaborer la reconquête, de la même façon que le royaume de France était devenu bien minoritaire sur le territoire national avant qu’une jeune Jeanne d’Arc soit guidée par le Ciel pour libérer le pays et chasser l’envahisseur.
Le Pays réel, dont nous faisons tous ici partie, porte donc une lourde responsabilité, en ce sens qu’il lui revient, qu’il nous revient, de ne plus perdre de temps pour donner vie à notre modèle de société contre-révolutionnaire.
Voilà pourquoi, pour encourager ce Pays réel à agir sur de bons principes, nous voulons le doter d’une devise. Cette devise, c’est DIEU PATRIE FAMILLE.
DIEU, parce que rien de durable, de solide, d’efficace, de juste, ne pourra se faire sans Lui. La France est née du baptême de Clovis. La Chrétienté a donné à la France ses plus beaux héros : sainte Geneviève, Charles Martel, saint Louis, sainte Jeanne d’Arc,… La France a même reçu une mission, celle de fille aînée de l’Eglise. Sans Dieu, la France n’est plus rien. Je ne sais pas si quelqu’un parmi nous verra la victoire de son vivant, mais ce que je sais avec certitude, c’est que nous ne gagnerons pas sans Dieu et sans des militants dont la Foi déplace les montagnes.
PATRIE, ensuite, parce que nous sommes des êtres enracinés, héritiers de la terre de nos pères, de nos ancêtres, qu’il nous faut à notre tour transmettre à nos enfants.
La FAMILLE, enfin, parce que ce sont ces cellules de base de la société qui constituent sa sève.
Avec cette devise DIEU PATRIE FAMILLE, le Pays Réel se distingue une fois de plus du Pays légal et de sa devise Liberté Egalité Fraternité qui signifie Liberté de nous envahir, Egalité entre le mensonge et la vérité et Fraternité maçonnique.
Cette journée se termine. Elle n’est qu’une première étape. Je vous invite d’ores et déjà à noter trois rendez-vous.
Le 28 avril 2018 : journée du Rosaire aux Frontières, dont vous pouvez trouver toutes les informations sur leur stand présent ici ou sur internet. Souvenons-nous de l’importance du saint rosaire et de l’armée priante conduite par le Pape en personne lors de la bataille de Lépante, tandis que l’armée combattante repoussait les envahisseurs islamistes. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’armée combattante pour repousser les envahisseurs puisque nos dirigeants sont les valets du nouvel ordre mondial, mais il nous appartient de relancer l’armée priante, en attendant le retour d’une armée combattante.
Le 13 mai 2018 : Défilé national d’hommage à sainte Jeanne d’Arc.
Du 16 au 18 août 2018 : première université d’été du Pays réel.
Cette journée se termine et vous allez bientôt rentrer chez vous. Mais prenez de bonnes résolutions et rejoignez-nous dès maintenant pour un combat sans concession. Nous savons que vous êtes déjà tous très sollicités. Mais prenez votre carte de membre Civitas, abonnez-vous à la revue Civitas. En le faisant, c’est un encouragement à poursuivre le bon combat que vous nous adressez. Et si vous le pouvez, militez. Nous avons besoin de vous pour implanter Civitas partout en France.
Vive le Pays réel !
Vive la France !
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Dans l’antre du Minotaure par Georges FELTIN-TRACOL
En 2014, les éditions Le Cercle publient Le Minotaure planétaire. L‘ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, de Yanis Varoufakis, un professeur d’économie gréco-australien qui a participé à la rédaction de la partie économique du programme de Georges Papandréou, futur Premier ministre socialiste grec entre 2009 et 2011. L’auteur ne sait pas encore qu’il rencontrera souvent ce Minotaure au cours de ses 162 jours de ministre grec des Finances.
Yanis Varoufakis raconte dans Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe cette brève expérience ministérielle et les négociations âpres avec l’Eurogroupe, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et ses homologues, en particulier avec le plus puissant d’entre eux, l’Allemand Wolfgang Schäuble, qui en découlent. Il offre ainsi un témoignage de première main sur les mécanismes de ce qu’on croit être l’« eurocratie ». On reste cependant confondu devant sa naïveté et son absence de sens politique. L’« Homme de connaissance » se mue rarement en « Homme de puissance »…
Extérieur à Syriza dont il désapprouve publiquement le projet économique et affligé par l’alliance scellée avec les souverainistes des Grecs indépendants, Yanis Varoufakis se revendique libéral-démocrate, progressiste, pro-européen et humaniste. C’est par amitié pour Alexis Tsipras et par devoir envers ses compatriotes pressurés et appauvris qu’il accepte cette mission impossible : renégocier la dette de la Grèce. Il croit bénéficier de l’appui total du jeune et nouveau Premier ministre de gauche radicale. Or, dès son entrée en fonction, il apprend que son ministère dépend d’un ministère de l’Économie dont le titulaire n’est autre que le vice-Premier ministre, très lié à certains milieux bancaires. On lui impose ensuite un directeur de cabinet, véritable œil du parti à ses côtés. Varoufakis reconnaît volontiers « avoir été aveugle à une réalité aussi dure et déplaisante (p. 302) ».
En Grèce néo-colonisée
Son livre est poignant quand il mentionne les souffrances endurées par l’héroïque peuple grec. Celles-ci résultent des recommandations de la troïka (la BCE, le FMI et la Commission européenne). Cette officine guère respectable s’indigne de la diminution du traitement des haut-fonctionnaires grecs qui la servent, mais exige la suppression immédiate des aides financières aux plus défavorisés, la réduction du montant des pension des retraités, la hausse des taxes et le paiement immédiat des impôts par des entreprises exsangues. Les versements consentis à la Grèce en font selon l’expression de l’auteur un « Renflouistan » ! Il s’agit en réalité d’une « économie de la canonnière ».
Yanis Varoufakis dénonce l’indéniable processus de colonisation 2.0 de son pays par l’engeance financière cosmopolite. Par exemple, « l’administration fiscale grecque est un des exemples les plus sidérants de régime néocolonial des temps modernes (p. 172) ». En pratique, « le directeur de l’administration [fiscale et douanière] devait désormais être approuvé par la troïka et ne pouvait être renvoyé sans son approbation (p. 57) ». Pis, « certains départements des ministères-gruyères envoyaient d’abord leurs données et leurs documents à la troïka, qui les approuvait, et seulement ensuite à leur ministre. Comme si ce n’était pas assez, la troïka exigeait le droit d’envoyer des émissaires à Athènes, lesquels se rendaient dans les mêmes ministères et rassemblaient des données qu’ils triaient et vérifiaient avant que nous ne les ayons vues (pp. 307 – 308) ». Après juillet 2015, toutes les lois votées par la Vouli, le Parlement monocaméral, devront être en préalable approuvées par la troïka.
Certes, « l’insuffisance du développement, la mauvaise gestion et la corruption endémique de la Grèce expliquent sa fragilité économique permanente (p. 32) ». Il est possible d’y remédier alors que « son insolvabilité, plus récente, est due aux défauts de fabrication fondamentaux de l’Union européenne et de son union monétaire, autrement dit l’euro. À l’origine, l’Union européenne était un cartel de grandes entreprises conçu pour limiter la concurrence entre les principales industries lourdes d’Europe et s’assurer des marchés dans les pays périphériques – l’Italie et, plus tard, la Grèce. Les déficits de pays comme la Grèce étaient le reflet des excédents de pays tels que l’Allemagne. Tant que la drachme était sous-évaluée, les déficits étaient maîtrisés. Mais le jour où la drachme a été remplacée par l’euro, les prêts des banques françaises et allemandes ont envoyé les déficits grecs dans la stratosphère (p. 33) ». Yanis Varoufakis explique qu’avec les difficultés hellènes, « l’austérité révèle sa vraie nature : une politique économique de l’échec fondée sur un moralisme immoral (p. 51) » parce que le renflouement de la Grèce organisé sous la présidence de Sarközy « faisait reposer le plus gros du sauvetage des banques françaises et allemandes sur les contribuables de nations plus pauvres que la Grèce, par exemple la Slovaquie et le Portugal. Ces contribuables-là, de même que ceux de pays co-fondateurs du FMI comme le Brésil et l’Indonésie, seraient contraints, à leur insu, de virer de l’argent aux banques de Paris et de Francfort (pp. 36 – 37) ». Les médiats de propagande ont-ils répercuté cette information ? Non, car, comme le dit le président aviné de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker : « Quand les choses deviennent sérieuses, il faut mentir (p. 35). » Sinon la vérité aux peuples contribuables serait insoutenable d’autant que « plus un banquier est insolvable, surtout en Europe, plus il a de chances de s’approprier des parts importantes des revenus de tous les autres – : ceux qui triment, ceux qui innovent, les pauvres et, bien entendu, ceux qui n’ont aucun pouvoir politique (p. 38) ». Les petites frappes de la délinquance quotidienne devraient devenir des criminels de haut vol intouchables, c’est-à-dire des banksters.
Ses compétences économiques et son ignorance des codes de la politique-spectacle font de Yanis Varoufakis une proie facile pour la désinformation bankstériste. Contre lui, « la machine de propagande de Bruxelles fonctionnait à plein régime (p. 287) ». Sachant que les « banquiers ont simplement pris le relais et financé les médias afin de manipuler l’opinion publique, donc de contrôler le jeu politique, qui lui permettait de garder les commandes des banques en faillite. Cela dit, contrairement aux promoteurs, ils ont été assez astucieux pour éviter de devenir propriétaires de chaînes de télévision et de journaux déficitaires. Ils ont maintenu en vie les médias en leur offrant des clopinettes en échange de publicités pour leurs banques (p. 66) », il estime qu’« à l’heure où l’establishment dit libéral se récrie face aux fake news de l’alt-right en pleine insurrection, il est utile de se rappeler que, en 2015, ce même establishment a lancé une campagne de retournement de la vérité et de diffamation terriblement efficace contre le gouvernement pro-européen et démocratiquement élu d’un petit pays européen (p. 10) ». La revendication du credo libéral n’est pour lui qu’un prétexte. Critique envers « les télé-évangélistes de l’asservissement (p. 164) », Varoufakis considère qu’« un establishment qui exploite sans vergogne des contre-vérités pour annuler un mandat démocratique et imposer des politiques dont ses propres fonctionnaires savent qu’elles ne sont pas efficaces ne saurait être qualifié de “ libéral ” (p. 476) ». Tout sera mis en œuvre pour briser cet opposant farouche « aux prêts en série insoutenables qui maquillent une faillite pour en faire un problème d’illiquidité (p. 46) ».
De féroces descriptions
Certains portraits croqués dans ce livre sont féroces. L’auteur se surprend de découvrir le socialiste Michel Sapin, ministre français des Finances, tout ignorer de la langue anglaise, maîtriser plus qu’imparfaitement les arcanes économiques et montrer une incroyable duplicité à son égard : cordial en privé, cassant devant les journalistes et les officiels. « La comédie de Michel Sapin était à l’image de ce qui ne fonctionne pas dans la République française (p. 198). » Quelques instants plus tôt, le même Sapin lui avait déclaré : « – Yanis, il faut que vous compreniez. La France n’est plus ce qu’elle était (p. 198). » Que voulait dire le vieux pote de « Flamby » ?
Au fil de ses rencontres électriques avec le président de l’Eurogroupe, le ministre néerlandais Jeroen Dijsselbloem, Varoufakis le trouve « encore plus vil que d’habitude (p. 429) ». Son jugement cinglant embrasse les socialistes français et les sociaux-démocrates allemands qui « n’ont cessé de se contredire, entre promesses creuses et vaines paroles (p. 397) ». L’auteur éprouve en revanche un véritable respect pour Wolfgang Schäuble. Ce partisan implicite du Grexit pense que « des élections ne sauraient changer une politique économique (p. 241) ». À quoi bon alors en organiser et ensuite tenter d’exporter ailleurs les « démocraties » occidentales ? Schäuble jette un temps le masque et se montre tel qu’il est : libéral et sécuritaire. Ancien du FMI et collaborateur de Varoufakis, Glenn Kim présente dans un courriel la personnalité de Schäuble qui « déteste au plus haut point les marchés. Pense qu’ils sont contrôlés par les technocrates. […] C’est un européiste ardent. Il croit au destin d’une Europe à l’allemande (pp. 216 – 217) ». L’auteur évoque un esclandre lors d’une réunion ministérielle, le 16 avril 2015. Ce jour-là, Michel Sapin envoie paître Schäuble qui envisageait accroître l’influence de la troïka au sein de l’Eurolande. En effet, « Wolfgang Schäuble rêvait de voir la troïka dicter sa loi à Paris (p. 479) ». Ce n’est que partie remise. L’auteur se montre en revanche assez bienveillant envers la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et couvre d’éloges Emmanuel Macron.
Yanis Varoufakis n’approuve pas le Grexit autant de la Zone euro que l’Union pseudo-européenne. Il cherche plutôt une « politique de désobéissance constructive au sein de l’Union européenne. […] La seule alternative possible à la dystopie qui se met en place à mesure que l’Europe se désintègre (p. 481) ». Il soumet donc à la troïka plusieurs plans, mais elle « refusait systématiquement nos propositions sans en avancer une seule de son côté (p. 348) », non seulement pour des motifs techniques ou politiques, mais parce qu’il comprit bientôt que « ce que tous ces hommes avaient en commun : c’étaient tous des transfuges de Goldman Sachs (p. 244) ! » Cela expliquerait-il l’absence de vision politique dans les instances européennes et leur neutralisation par des procédures loufoques ? « La démocratie était morte le jour où l’Eurogroupe avait obtenu le pouvoir de dicter leur politique économique à des États privés de toute souveraineté fédérale démocratique (p. 241). » L’auteur apprend ainsi qu’il ne peut pas distribuer le moindre document de travail informel à ses homologues de l’Eurogroupe sous peine que ce papier soit ensuite débattu au Bundestag. Et si Varoufakis l’envoie en pièce jointe par courriel, il romperait le protocole et le document en question ne serait pas pris en compte ! L’inertie comme direction du désordre…
Yanis Varoufakis déplore en particulier le juridisme tatillon et les pesants rituels qui paralysent les séances de l’Eurogroupe et du conseil européen des ministres. Il apprend vite que les fonctionnaires européens lui mentent, le prennent de haut et ne lui communiquent jamais les documents officiels. Il regrette que la rédaction du communiqué final de l’assemblée soit plus importante que les choix adoptés (ou non). Il s’étonne de règles qui contreviennent aux propres valeurs de la démocratie délibérative. Le président de l’Eurogroupe introduit le sujet; il donne ensuite la parole respectivement aux représentants de la Commission européenne, du FMI et de la BCE; il laisse enfin s’exprimer dans un temps imparti relativement court les ministres. « Un spectateur impartial et sensé en conclurait que l’Eurogroupe n’est là que pour permettre aux ministres de valider et légitimer les décisions prises en amont par les trois institutions (p. 238). »
L’Eurogroupe existe-t-il vraiment ?
« Les représentants de l’Europe officielle sont formatés pour exiger des ministres, des Premiers ministres, même du président de la France, qu’ils plient dès les premières menaces des gros bras de la BCE (p. 176). » La réalité est plus féroce encore. Jeroen Dijsselbloem ose tancer Pierre Moscovici, le Commissaire aux Affaires économiques et financières, ce qui « trahissait l’inféodation de la Commission à des forces qui manquent de fondement légal ou de légitimité démocratique. […] Par la suite, chaque fois que [… Pierre Moscovici] ou Jean-Claude Juncker essaieraient de nous aider, j’avais des frissons parce que je savais que ceux qui détenaient le pouvoir nous taperaient dessus sans pitié pour leur montrer l’exemple et remettre la Commission européenne à sa place (p. 265) ». Exaspéré, Varoufakis balance à Christine Lagarde : « Quand la BCE s’acoquine avec des banquiers corrompus et corrupteurs qui sabotent sciemment la démocratie, ça s’appelle une action ennemie (p. 362) ».
Les souvenirs de l’auteur prouvent que ministricules et bureaucrates font en sorte d’exclure et de nier tout cadre politique avec la ferme intention de mettre sur le même niveau fonctionnaires de la troïka et membres de gouvernement. « Les discussions techniques et les discussions politiques doivent être fusionnées et organisées au même endroit (p. 378) », affirme Pierre Moscovici. Le 27 juin 2015, suite à sa demande, le secrétariat de l’Eurogroupe lui répond que « l’Eurogroupe n’a pas d’existence légale, dans la mesure où il ne relève d’aucun des traités de l’Union. C’est un groupe informel réunissant les ministres des Finances des États membres de la la zone euro. Il n’existe donc pas de règles écrites sur ses procédures que son président serait tenu de respecter (p. 441) ». C’est exact, mais la reconnaissance de son caractère informel invalide toutes les restrictions que Jeroen Dijsselbloem a imposées à Yanis Varoufakis ! Oui, « l’Eurogroupe est une drôle de créature. Les traités européens ne lui confèrent aucun statut légal, mais c’est le corps constitué qui prend les décisions les plus importantes pour l’Europe. La majorité des Européens, y compris les politiques, ne savent pas exactement ce que c’est, ni comment il fonctionne (p. 237). » L’auteur s’aperçoit que « le Groupe de travail Eurogroupe (EWG) [est] sur le papier […] l’instance au sein de laquelle se préparent les réunions de l’Eurogroupe; en réalité, ce groupe est une sorte de sombre creuset dans lequel la troïka concocte ses plans et ses politiques (p. 127) ». Relais direct d’Angela Merkel, Thomas Wieser « était président du Groupe de travail Eurogroupe, cet organe dont le rôle est de préparer les réunions de l’Eurogroupe, là où les ministres des Finances de chaque pays prennent les décisions clés. En théorie, donc, Wieser était le délégué de Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances néerlandais et président de l’Eurogroupe. Ce que je ne savais pas et que je mesurerais plus tard, c’est que c’était l’homme le plus puissant de Bruxelles, beaucoup plus puissant que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, ou que Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et financières (le ministre des Finances de la Commission), voire, en certaines occasions, plus puissant que Dijsselbloem lui-même (pp. 143 – 144) ». Plus qu’une crise monétaire, financière ou économique, on devine que la crise est avant tout politique du fait de l’occultation volontaire et souhaitée du politique. Pourtant, « l’Europe peut donner naissance à des institutions efficaces : la Banque européenne d’investissement. La BEI appartient en effet aux États membres et elle est gouvernée par les ministres des Finances européens (p. 268) ». Le plus grave demeure le consentement béat de la plupart de minables politiciens. Wolfgang Schäuble le reconnaît volontiersau cours d’un échange privé avec Varoufakis : « Vous êtes le seul de l’Eurogroupe à avoir compris que la zone euro est insoutenable. L’union monétaire a été mal conçue. Nous avons besoin d’avoir une union politique, ça, ça ne fait aucun doute (p. 402). » Schäuble applique cependant une politique contraire parce qu’il écarte son européisme militant par rapport à de puissants intérêts atlantistes et mondialistes qu’il représente.
Mieux soutenu par son Premier ministre, Yanis Varoufakis serait peut-être parvenu à négocier avec les usuriers rapaces de la Grèce, car les « institutions », à savoir l’abjecte troïka, commençaient à se diviser entre elles et en leur sein autour de l’acceptation ou non des solutions réfléchies du gouvernement grec. Ce ne fut pas le cas. Dépité par les manœuvres politiciennes tortueuses de Tsipras, prêt à renier ses engagements de campagne afin de rester au pouvoir et d’en jouir quotidiennement, et écœuré par le viol gouvernemental du référendum du 5 juillet 2015 (61,31 pour le « non »), l’auteur démissionne dès le lendemain. La dissolution de la Vouli lui fera ensuite perdre son mandat de député, ayant refusé de se représenter. Aujourd’hui, il fait l’objet d’une accusation de « haute trahison » devant les parlementaires. Un comble ! En devenant ministre, Varoufakis savait qu’il servirait de fusible, mais pas si vite et pas comme bouc émissaire.
Conversation entre adultes est un ouvrage essentiel pour mieux comprendre les rouages absurdes de la machinerie pseudo-européenne, bankstérisée et effectivement proto-maffieuse qui massacre toute véritable idée européenne. Le récit de Yanis Varoufakis est un avertissement pour tout gouvernement qui tenterait de discuter avec les « institutions ». Celles-ci ne connaissent qu’un seul langage : la force. Heureusement que la France détient toujours de l’arme nucléaire…
Georges Feltin-Tracol
• Yanis Varoufakis, Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe, Éditions Les liens qui libèrent, 2017, 526 p., 26 €.
http://www.europemaxima.com/dans-lantre-du-minotaure-par-georges-feltin-tracol/
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Bruno Gollnisch : "Il n'est de véritable modernité qu'enracinée dans la tradition"
Cette citation de Bruno Gollnisch a été projetée sur les murs de la Cité de la Culture, fraîchement inaugurée dans la capitale tunisienne, le 21 mars dernier. Bien entendu, certains se sont empressés de dénoncer cet acte ignoble :
"Le complexe culturel initié sous Ben Ali - qui abrite dans ses 49 000 m2 un cinéma, un musée d’art moderne, des salles d’opéra et de théâtre - accueille depuis son ouverture une exposition d’ampleur consacrée à la “modernité tunisienne”. C’est dans ce contexte que plusieurs citations autour de la modernité, comme cette dernière de Gollnisch, ont notamment été mises en lumière dans différentes pièces de l’exposition (...)"
Bruno Gollnisch s'est dit très honoré :
"Qu'il soit fortuit ou volontaire, l'hommage comble en tout cas d'enthousiasme Bruno Gollnisch qui envisage de se rendre à Tunis, pour flâner dans les allées du centre culturel, très prochainement. « Je suis très honoré, lâche l'intéressé. Ce geste s'explique par la tolérance dont a toujours fait preuve dans son immense majorité le peuple tunisien dont l'histoire est une recherche patiente de l'équilibre, quelque fois tumultueuse, entre tradition et modernité justement. Les Africains, comme les Asiatiques, ont compris beaucoup mieux que certains gauchistes européens qu'en défendant notre identité nous défendions également la leur."
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Ernst Jünger, encore une fois
" Très jeune héros de la Grande Guerre, nationaliste opposé à Hitler, ami de la France, Ernst Jünger (1895-1997) fut le plus grand écrivain allemand de son temps. Mais ce n'est pas rendre service à l'auteur d'Orages d'acier que de le ranger dans la catégorie des bien-pensants. Il n'a cessé au contraire de distiller un alcool beaucoup trop fort pour les gosiers fragiles. C'est ce Jünger, dangereux pour le confort, que restitue Dominique Venner. Il y replace l'itinéraire de l'écrivain dans sa vérité au coeur des époques successives qu'il a traversées. Belliciste dans sa jeunesse, admirateur d'Hitler à ses débuts, puis opposant irréductible, subsiste en lui le jeune officier héroïque des troupes d'assaut qui chanta La Guerre notre mère, et l'intellectuel phare de la révolution conservatrice ". Mais il fut aussi le guerrier apaisé qui tirait gloire d'avoir donné son nom à un papillon. Dans cette biographie critique, Dominique Venner montre qu'aux pires moments du siècle Jünger s'est toujours distingué par sa noblesse. En cela il incarne un modèle. Dans ses écrits, il a tracé les lignes d'un autre destin européen, enraciné dans les origines et affranchi de ce qui l'opprime et le nie.
Dominique Venner, Ernst Jünger : Un autre destin européen , éd du Rocher, 2010.