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culture et histoire - Page 856

  • Sur le passé des staliniens

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    6a00d8341c715453ef01b7c95f21c9970b-320wi.jpgNous abordons en ce lundi 9 avril un nouveau jour de grève politique à tactique révolutionnaire(1)⇓. Difficile d'esquiver dans un tel contexte le poids des nostalgies et, bien plus encore, des volontés de recommencement. On peut les qualifier de "communistes", s'agissant de la CGT, de "gauchistes", s'agissant de Sud-Rail, voire de "soixante-huitardes" etc. Toutes ces appellations ne doivent pas nous faire perdre de vue que, quand elles réussissent, ces entreprises qualifiées de façons diverses aboutissent aux mêmes résultats, à peu près identiques, de mort, de ruine, de misère, de crasse et d'oppression. Nous pouvons appeler cela "stalinisme", sachant que Staline n'était que le principal disciple de Lénine(2)⇓, lui-même un excellent élève de Marx(3)⇓. Marxisme, léninisme et stalinisme fonctionnent donc pratiquement, à cet égard, comme des synonymes.

    Ceci ne vaut sans doute pas pour une partie des esprits, ceux qui disent, et parfois chantent, "du passé faisons table rase". Ceci, au contraire, s'impose largement si l'on prend au sérieux les enseignements de l'Histoire, si l'on pense, avec Boris Souvarine qu'il "faut connaître la sinistre histoire d'hier pour comprendre la tortueuse politique d'aujourd'hui et de demain."

    C'est donc, si j'ai bien compris, dans cet esprit, qu'une équipe majoritairement composée d'anciens communistes, d'anciens maoïstes, etc., ayant complètement compris les méfaits du marxisme, du léninisme et du stalinisme, travaille, au sein de l'Institut d'Histoire sociale de Nanterre, sous la présidence d'Emmanuel Leroy-Ladurie et la direction de Pierre Rigoulot, à passer au crible le legs actif des totalitarismes, à l'œuvre dans le monde actuel, y compris dans le cadre de la menace islamo-terroriste. Et je considère que c'est pour moi, qui n'ai jamais été de près ou de loin communiste, un honneur de travailler avec eux.

    Sur le site de cet Institut est régulièrement publiée une chronique reprenant des informations de provenance en général très sérieuse, mais qui malgré leur importance passent rapidement à la trappe des mécanismes de la désinformation.(4)⇓

    En date du 5 avril, cette chronique ose s'interroger, sans affirmation péremptoire, sur le rôle d'une personnalité parisienne bien connue, Julia Kristeva épouse à la ville de Philippe Sollers.(5)⇓

    Le Courrier des Balkans résumait ainsi l'état de la question en date du 29 mars : "La Commission pour la Déclassification des documents et l’Annonce de l’affiliation des citoyens bulgares à la Sécurité d’État et aux Services de renseignements de l’armée nationale a révélé mardi 27 mars que Julia Kristeva aurait été une espionne du régime communiste. La philologue, linguiste, psychanalyste et femme de lettres connue pour son engagement féministe était enregistrée en tant qu’agente et associée secrète du Premier département général du bureau de la Sécurité d’État [Dajarna Sigournost]"

    Un lecteur de cette chronique en date du 5 avril 2018, a donc adressé aux administrateurs du site le message suivant :

    … "je souhaite apporter les commentaires ci-dessous -- avec la signature que vous trouverez au bas de mon texte: "Il n'est pas très élégant, ni honnête, ni citoyen, de relayer sans aucun esprit critique les manipulations des services spéciaux staliniens."

    Personnellement, je répondrais volontiers à ce commentateur que, s'agissant du principe qu'il énonce, sur le papier, en s'en tenant formellement à ses trois lignes, il n'y aurait rien à redire.

    Rien à redire si effectivement la mise en cause de Kristeva 1° venait des services staliniens, et 2° si elle était reprise sans réserve par la chronique ainsi incriminée.

    Or, ce ne sont pas de vagues trolls staliniens ou post-soviétiques qui se trouvent à l'origine de l'information : c'est d'abord la Commission de lustration de Bulgarie. Dans son pays d'origine, on se préoccupe, comme dans d'autres pays de l'Est, de mettre au clair le passé des anciens agents de l'oppression communiste et de l'occupation soviétique. Et cette instance éprouve plus que des doutes quant au rôle de Julia Kristeva. C'est elle qui l'a fait savoir.

    D'autre part, en France, le principal relais de cette information ne vient pas de L'Humanité ou de Mediapart, mais du Nouvel Observateur qui, dans ses pages réservées aux abonnés, diffuse des documents très suggestifs venant des archives de la Dajarna Sigournost [Sécurité d’État] du régime communiste imposé à la Bulgarie, qui comptait environ 1 000 communistes en 1944, par l'occupant soviétique.

    Enfin je constate que le titre comporte un point d'interrogation : "Julia Kristeva a-t-elle été ?".

    Non ce n'est pas "élégant", en effet, de mettre en cause d'innocentes brebis. En revanche, à l'heure où les tactiques révolutionnaires cherchent à repartir de plus belle dans notre pays, il est nécessaire, fécond et légitime de chercher à savoir la vérité.

    JG Malliarakis  

    Lien FB de l'insolent

    À lire en relation avec cette chronique

    La Sociologie du communisme de Jules Monnerot à commander sur la page cataloguede l'éditeur ou par correspondance en adressant un chèque de 39 euros pour les trois volumes aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris.

    Apostilles

    1. cf. à ce sujet la chronique des Événements courants du 9 avril
    2. cf. Stéphane Courtois "Lénine l'invention du Totalitarisme" publié en 2017 chez Perrin. 
    3. on doit lire à ce sujet les deux livres d'André Senik "Marx, les Juifs et les droits de l'homme: À l'origine de la catastrophe communiste"" Denoël 2011 et "Le Manifeste du parti communiste aux yeux de l'Histoire" publié en 2015 aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
    4. Pour recevoir régulièrement et gratuitement les liens de ces chroniques, il suffit de Recevoir nos mises à jourle demander sur ce lien à l'administration du site. 
    5. (5) cf. chronique du 5 avril Julia Kristeva a-t-elle été une espionne communiste ?

    http://www.insolent.fr/

  • Nouveau livre de Bernard Lugan : “Mai 68 vu d’en face”

    lugan_51UYHUnrkvL.jpgL’auteur, qui était à l’époque responsable pour l’Action française à Nanterre et chargé du service d’ordre de cette organisation, nous donne ici un témoignage sur Mai 68 vu d’en face, sous la forme de récits de différents épisodes qui dessinent l’état d’esprit d’une époque et sa postérité.

    À travers une vingtaine d’anecdotes, Bernard Lugan fait entendre un ton différent sur la perception des “événements” 50 ans après. Un auteur emblématique, une voix originale sur Mai 68.

    Liste des chapitres :
    – Le couscous de Nanterre-La Folie
    – La Corniche du lycée Henri IV
    – Le réveil de la belle endormie
    – Les cerises de Mai 1968
    – Comment je suis entré à Sciences-Po
    – Le grand escalier de la faculté de Lyon
    – “Certes, les apparences sont contre nous…”
    – “Prince, tu diras au Prétendant…”
    – Le doyen qui ne voulait pas voir le sang couleur sur sa belle moquette
    – Les fourches caudines d’Assas
    – Derniers outrages gare Saint-Lazare
    – Le dîner d’huitres
    – Les “amis” du Père Bourdaloue
    – Des anciens qui ont la pêche
    – Une belle soirée place Contrescarpe

    Pour le commander cliquer ici

    https://fr.novopress.info/

  • Grand Texte XXXVIII • Charles Maurras : : « Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons ... »

    Le texte de Maurras que nous publions aujourd'hui date de la fin de sa vie. Il est extrait d'un livre - Votre bel aujourd’hui - publié après sa mort. L'époque à laquelle il l'écrit est la France de Vincent Auriol, de la IVe République, des lendemains de la Libération. C'est aussi le temps de son ultime captivité, où il songe à l'avenir de la France et des idées qui ont été la matière de toute sa vie.

    Justement, le texte qui suit nous parle ; il tombe, si l'on peut dire, à point nommé, au moment précis où toutes les composantes du Système s'emploient à nous prêcher, à nous seriner même, en tout cas à nous imposer, les dogmes mondialistes, européistes, immigrationnistes, consuméristes ... Pour construire une France hors sol, une société liquide, multiculturelle et diversitaire, noyée dans le grand marché mondial.

    Maurras oppose à cette « politique » une conception radicalement autre. Il leur oppose la France réelle, fait d'histoire, fait de naissance et, avant tout, dit-il, phénomène de l'hérédité. Ici, nous sommes au cœur du débat d'aujourd'hui. Ce débat est maintenant largement ouvert. En Europe même, les patries ne s'effacent pas, nombre de nations resurgissent, s'opposent au nivellement. Comme sur les autres continents. En ce sens, c'est le triomphe de  Maurras.  Lafautearousseau        

    Charles Maurras, Votre bel aujourd’hui, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1953

    « Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons ; ce sont des autels et des tombeaux ; ce sont des hommes vivants, père, mère et frères, des enfants qui jouent au jardin, des paysans qui font du blé, des jardiniers qui font des roses, des marchands, des artisans, des ouvriers, des soldats, il n’y a rien au monde de plus concret.

    Le patriotisme n’est pas seulement un devoir. C’est un plaisir. « Pour ma part, disait Ulysse aux bons Phéniciens, je ne sais rien de plus agréable à l’homme que sa patrie. » Il le disait d’un pauvre rocher sur la mer. Comment parlerons-nous de la nôtre ? En est-il de plus belle, plus digne d’être défendue ? Qui, un jour se penchant dans l’embrasure d’une haute colline ou vers quelque vallon ouvrant sur le fleuve et la mer, ne s’est pas arrêté, suspendu, presque sidéré par un chœur imprévu de couleurs et de formes demi-divines ?…

    La patrie est une société naturelle ou, ce qui revient absolument au même, historique. Son caractère décisif est la naissance. On ne choisit pas plus sa patrie – la terre de ses pères – que l’on ne choisit son père et sa mère. On naît Français par le hasard de la naissance. C’est avant tout un phénomène d’hérédité.

    Les Français nous sont amis parce qu’ils sont Français ; ils ne sont pas Français parce que nous les avons élus pour nos amis. Ces amis sont reçus de nous ; ils nous sont donnés par la nature… Rien ne serait plus précieux que d’avoir des Français unis par des liens d’amitié. Mais, pour les avoir tels, il faut en prendre le moyen et ne pas se borner à des déclarations et à des inscriptions sur les murs.

    Certes, il faut que la patrie se conduise justement. Mais ce n’est pas le problème de sa conduite, de son mouvement, de son action qui se pose quand il s’agit d’envisager ou de pratiquer le patriotisme ; c’est la question de son être même, c’est le problème de sa vie ou de sa mort… Vous remercierez et vous honorerez vos père et mère parce qu’ils sont vos père et mère, indépendamment de leur titre personnel à votre sympathie. Vous respecterez et vous honorerez la patrie parce qu’elle est elle, et que vous êtes vous, indépendamment des satisfactions qu’elle peut donner à votre esprit de justice ou à votre amour de la gloire. Votre père peut être envoyé au bagne : vous l’honorerez. Votre patrie peut commettre de grandes fautes : vous commencerez par la défendre, par la tenir en sécurité et en liberté.

    Le patriotisme n’a pas besoin d’un idéal, socialiste ou royaliste, pour s’enflammer ; car il naît de lui-même, du sang et du sol paternels. Ce qu’il faut saluer, c’est le suprême sacrifice de la vie fait sur le sol qu’il s’est agi de défendre. Ce sol sacré serait moins grand, moins cher, moins glorieux, moins noble et moins beau si les Français de toute origine et de toute obédience n’y payaient pas en toute occasion nécessaire la juste dette de leur sang. Plus haut que l’armée et que le drapeau, plus haut que la plus fière conscience de la patrie, vit la patrie même, avec les saintes lois du salut public. Ce sont elles qui font consentir à de durs sacrifices pour défendre l’intégrité du reste et préserver son avenir. Qu’elle vive d’abord ! »  

  • Alexandre Gabriac (Civitas) prendra la parole le dimanche 13 mai à 10 h lors de la Jeanne d'Arc de la Dissidence française

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  • Samedi 21 avril, Avignon : HOMMAGE À CHARLES MAURRAS

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  • Louis XIV enfant

  • Une réflexion d'Annie Laurent : L’islam n’est-il qu’une religion ?

    2513127177.jpgLe Figaro daté du 20 mars 2018 a publié une tribune intitulée « Non au séparatisme islamiste ». Signée par 100 intellectuels, parmi lesquels plusieurs sont de souche musulmane, ce texte s’alarme du « ségrégationnisme » qui accompagne le développement de l’islam en France. « Le nouveau séparatisme avance masqué. Il veut paraître bénin, mais il est en réalité l’arme de la conquête politique et culturelle de l’islamisme ».

    Ce texte pose en filigrane la question de l’identité réelle de l’islam. Est-il seulement une religion, à considérer comme les autres, ainsi que le répète le discours officiel, ou bien doit-on le définir comme une idéologie ? A l’heure où le gouvernement cherche à organiser un « islam de France », cette question doit être posée en toute clarté. C’est à une réflexion sur ce thème difficile qu’Annie Laurent vous invite aujourd’hui. Et, naturellement, l'on peut en débattre.

    Rappelons qu'Annie Laurent nous honore de son amitié ; qu'elle est intervenue dans plusieurs de nos cafés politiques et réunions, dont les vidéos existent ici ; qu'elle a collaboré à Lafautearousseau. Nous recommandons d'ailleurs à nos lecteurs de suivre ses publications et ses interventions diverses.    LFAR

    Après un XXème siècle marqué par l’émergence d’idéologies totalitaires prétendant imposer leurs systèmes au monde, le XXIème siècle s’est ouvert sur l’apparition d’un autre projet dominateur : celui de l’islam conquérant. Les attentats spectaculaires et très meurtriers commis le 11 septembre 2001 contre les Tours jumelles de New-York ont inauguré cette nouvelle forme de totalitarisme paré de couleurs religieuses qui, depuis lors, se répand dans tout l’univers, perturbant un monde largement touché par la sécularisation. Face à cette situation imprévue et déroutante, une interrogation revient de plus en plus souvent : l’islam est-il vraiment une religion ? N’est-il pas plutôt une idéologie ?

    Il convient d’abord de situer la question dans l’ordre général, comme le fait le philosophe Rémi Brague dans son dernier ouvrage, Sur la religion (Flammarion, 2018), où il développe une pensée puissante sur ce thème, en accordant à l’islam une place importante. Observant le foisonnement de réalités que le terme « religion » recouvre (panthéon de dieux, monothéisme, religion séculière, etc.), l’auteur refuse d’y voir un concept unique qui répondrait à une seule et même définition. En fait, écrit-il, « le christianisme est la seule religion qui ne soit qu’une religion et rien d’autre ». Et de remarquer : « Toutes les autres religions ajoutent au religieux une dimension supplémentaire » (p. 40). C’est pourquoi « la nature exclusivement religieuse du christianisme explique le fait que le concept de religion, appliqué à des phénomènes aussi divers que le bouddhisme, l’islam, le confucianisme, le shinto, etc. – bref, ce que nous avons pris l’habitude d’appeler “des religions” – ait été forgé dans un contexte intellectuel chrétien et s’applique mal aux autres “religions” » (p. 42).  L’auteur exprime bien la complexité de la question posée. Il ne nie pas la dimension religieuse de l’islam mais il sait que celle-ci n’est pas exclusive.

    I. L'islam comme religion

    Les musulmans se placent sous le regard d’un Dieu unique (Allah) en qui ils reconnaissent leur Créateur, auquel ils rendent un culte dans des lieux appropriés (mosquées) et dont ils espèrent la miséricorde, tout comme ils aspirent à une vie après la mort. Il n’est donc pas possible de refuser à l’islam la qualité de religion. Mais de quel genre de religion s’agit-il ?  

    RELIGION OU RELIGIOSITÉ ?

    En 1994, évoquant l’islam dans son livre Entrez dans l’espérance, saint Jean-Paul II parlait de « la religiosité des musulmans », sans définir le sens du mot « religiosité » (Plon-Mame, p. 153). Or, comme l’explique le philosophe Patrice Guillamaud dans un ouvrage d’une profonde intelligence, religiosité n’équivaut pas à religion. La religiosité se réfère à l’attitude de tout homme, naturellement religieux et donc disposé « à rapporter chacune de ses actions à l’absolu divin », tandis que la religion est un ensemble d’éléments de doctrine et de culte (cf. Le sens de l’Islam, éd. Kimé, 2017, p. 21-26).

    En ce sens, la religiosité est d’autant plus frappante chez les musulmans pratiquants que le culte se doit d’être ostensible et sonore. En admirant « le musulman superlativement pieux », les chrétiens « confondent sa vertu de religion avec celle de foi », constate avec pertinence l‘historien Alain Besançon (Problèmes religieux contemporains, Ed. de Fallois, 2015, p. 181). Cette visibilité a frappé le bienheureux Charles de Foucauld et l’a conduit à s’interroger sur la religion de son baptême qu’il avait délaissée (cf. Pierre Sourisseau, Charles de Foucauld, Biographie, Salvator, 2016).

    RELIGION OU FOI ?

    Ch. de Foucauld a néanmoins compris que si la religiosité des musulmans peut s’accorder avec la vertu de religion, classée par saint Thomas d’Aquin parmi les vertus morales (la justice), elle ne ressort pas de la foi.

    Je voyais clairement qu’il [l’islam] était sans fondement divin et que là n’était pas la vérité »

    écrivit-il à Henry de Castries (cité par A. Laurent, La Nef, n° 287, décembre 2016). La foi est une vertu surnaturelle, infuse dans l’âme par le baptême ; elle est précisément théologale parce que relative au Dieu trinitaire (au même titre que l’espérance et la charité).

    FOI ET CROYANCE

    La Déclaration Dominus Iesus sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise (2000), rédigée à la demande de Jean-Paul II par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a rappelé cet enseignement traditionnel de l’Eglise catholique. Puis, le texte précise : « On doit donc tenir fermement la distinction entre la foi théologale et la croyance dans les autres religions […]. Cette distinction n’est pas toujours présente dans la réflexion actuelle, ce qui provoque souvent l’identification entre la foi théologale, qui est l’accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions, qui est une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l’assentiment à Dieu qui se révèle » (n° 7).

    Cette distinction s’applique à l’islam, qui n’est pas accueil de la Révélation de Dieu mais, selon le Coran, religion originelle de l’humanité, voulue par Dieu parce qu’elle est appropriée à la nature de l’homme, innée en quelque sorte.

    . Aujourd’hui, j’ai rendu votre Religion parfaite ; j’ai parachevé ma grâce sur vous ; j’agréée l’islam comme étant votre Religion (5, 3) ;

    . Acquitte-toi des obligations de la Religion en vrai croyant et selon la nature qu’Allah a donnée aux hommes, en les créant. Il n’y a pas de changement dans la création d’Allah. Voici la Religion immuable ; mais la plupart des hommes ne savent rien (30, 30). 

    DIEU L’INCONNAISSABLE

    Pour l’historien des religions Gérard Van der Leeuw, la foi est « la confiance de l’homme envers Dieu personnellement rencontré ». C’est pourquoi sa première spécificité « ne consiste donc pas à croire que Dieu existe mais à croire que l’homme existe pour Dieu » (cité par le P. Bernard Sesbouë, Actes du colloque « Qu’est-ce que croire ? », Institut Catholique d’Etudes Supérieures, 15-16 avril 2013, p. 26).

    Dans l’islam, Dieu est « l’Inconnaissable » (Coran 6, 50 ; 7, 188 ; 11, 31 ; 27, 65). Il ne se fait pas connaître des hommes, comme Il le fait à travers Jésus-Christ dans le christianisme ; Il ne dialogue pas avec eux dans une relation d’amour ; Il ne s’engage pas par une Alliance, comme Il le fait par Abraham dans la Bible (cf. François Jourdan, Islam et christianisme, comprendre les différences de fond, L’Artilleur, 2015, p. 254-260). La Révélation d’Allah ne concerne que sa volonté et sa loi. « Entre Créateur et créature, un abîme est béant » (R. Brague, Sur la religionop. cit., p. 186).

    L’islam serait-il donc une religion païenne ? Alain Besançon l’exclut.

    « Si nous restons dans la logique de la théologie chrétienne, on ne voit pas que l’islam connaisse le Dieu que cependant il adore. […] Ne connaissant pas le vrai Dieu et l’adorant néanmoins, il en résulte des conséquences qui mettent l’islam à part des paganismes antiques contre lesquels il s’est dressé. Les païens, même quand ils adoraient le dieu unique, adoraient un dieu immanent, qui faisait partie du monde. Un Dieu “moindre” par conséquent que le Dieu d’Israël, créateur du ciel et de la terre, omnipotent, transcendant. Mais à l’égard de ce Dieu incommensurable, l’islam demeure dans une position idolâtrique » (op.cit., p. 178).

    UNE RELIGION D’OPPOSITION 

    L’islam n’est pas une religion anodine ou neutre puisqu’il se veut réaction dogmatique au christianisme. Le Coran combat le cœur de la Révélation divine. « La négation de la Trinité est le sens premier de l’islam » ; elle est « son élément primordial de fondation […], le principe même de sa genèse » (P. Guillamaud, op. cit., p. 119).

    Son monothéisme – concept que l’on rencontre aussi en dehors du champ religieux (cf. le Divin Premier Moteur d’Aristote, le déisme des Lumières, signalés par R. Brague) -, et la présence de personnages « bibliques » dans le Coran ne font pas de l’islam une religion apparentée au judaïsme et au christianisme. « En son sens premier, l’islam est fondamentalement, non pas la simple continuation de la révélation biblique mais sa reprise dans la négation même de son accomplissement chrétien » (Guillamaud, ibid.).

    Dans Le malentendu islamo-chrétien (Salvator, 2012), le Père Edouard-Marie Gallez explique que l’on considère généralement l’islam comme une religion « d’avant » le Christ au sens théologique, et pouvant éventuellement y conduire, alors qu’il se revendique comme post-chrétien au sens où il entend dépasser le christianisme et s’y substituer.

    C’est pourquoi,

    « que ce soit du côté islamique ou du côté chrétien, il apparaît évident que la notion d’Ecritures saintes ne revêt pas la même réalité. Si le Coran voit dans les révélations qui ont précédé le temps de l’islam des “portions” du “Livre-Mère” envoyées par Allah sur des prophètes eux-mêmes envoyés à des peuples, l’Eglise catholique, elle, ne voit pas dans le Coran une quelconque continuité ou récapitulation de la Révélation judéo-chrétienne » (P. Laurent de Trogoff, « Révélation et Coran », in Sous le regard de Dieu, abbaye Sainte-Anne de Kergonan, n° 2017/2, p. 12-21).

    Cette position a été rappelée par le Concile Vatican II : « L’économie chrétienne, étant l’Alliance nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (Dei Verbum, n° 4). L’Eglise n’a jamais considéré Mahomet comme un prophète ni le Coran comme un Livre révélé.

    Père Samir-Khalil Samir, islamologue égyptien :

    « Je ne dirai pas globalement : “Oui, l’islam vient de Dieu”, et je ne dirai pas globalement : “L’islam est l’œuvre de Satan”. Je ne le pense pas non plus. L’islam est l’œuvre d’un homme qui a vécu une expérience spirituelle réelle, mais qui vivait en son temps, dans son contexte socio-culturel désertique fait de guerres et d’attaques de tribus contre tribus » (Site Aleteia, 10 janvier 2018). 

    On ne peut donc porter sur l’islam un regard indifférencié avec le judaïsme et le christianisme. D’où l’inexactitude de formules telles que « les religions monothéistes », « les religions abrahamiques » et « les religions du Livre ».

    Leur usage banalisé fausse la compréhension des fondements anthropologiques, cultuels, sociaux, juridiques et culturels sur lesquels misent les dirigeants européens héritiers du christianisme pour organiser un « islam européen ». 

    L'ISLAM, Annie Laurent,
    Editions Artège, 285 p., 19,90 €

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/04/09/l-islam-n-est-il-qu-une-religion-6041895.html

  • Politique magazine numéro d"avril : « Un héros mort pour la France »

    Un numéro de Politique magazine qui prélude aux colloques Maurras en cours de préparation en France, notamment celui qui aura lieu à Marseille samedi 21 avril : Charles Maurras, l'homme de la politique. Le cent-cinquantième anniversaire de sa naissance se passera avantageusement des commémorations officielles que les organisations d'extrême-gauche ont empêchées.  LFAR

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Maurras toujours vivant

    MAYOTTE : Sortir du piège

    HISTOIRE : Mme de Staël, géniale et exaspérante

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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