culture et histoire - Page 860
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Journal du chaos
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Les leçons de l'histoire
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Entre Dostoïevski et Soljenitsyne
Emmanuel Macron a-t-il eu vraiment raison de boycotter le stand de la Russie lors de l’inauguration du Salon du livre ?
Je ne suis pas loin de penser qu’il a eu tort, même si on comprend la conjoncture diplomatique délicate qui était la sienne, à la suite des accusations de Londres à l’égard de Moscou, quant à un attentat chimique opéré sur le sol anglais. N’y avait-il pas, cependant, une distinction à faire entre la politique et la culture ? Comme l’a remarqué Mme Soljenitsyne, l’épouse de l’immense écrivain, dans un entretien passionnant avec Laure Mandeville du Figaro : « Dans la délégation russe se trouvaient beaucoup d’écrivains qui font partie de facto de l’opposition et écrivent de manière critique à l’égard du pouvoir. » N’est-il pas important de maintenir des liens intellectuels entre la France et la Russie, cette France dont Alexandre Soljenitsyne, selon son épouse, était devenu amoureux ?
Maintenir de tels liens et même les développer n’est pas d’ailleurs la garantie d’une entente idyllique. Il faut bien l’admettre : ce n’est pas de Poutine que date le paradoxe d’une relation difficile. La Russie nous fascine et en même temps nous désoriente, lorsqu’elle ne nous effraie pas. Qui est entré un jour, par exemple, dans l’univers de Dostoïevski sait bien de quoi il retourne. Pour avoir subi moi-même sa fascination, je puis attester des sentiments contradictoires que l’âme russe peut susciter. Un des meilleurs interprètes que je connaisse de l’auteur des Frères Karamazov, Nicolas Berdiaeff, a tout dit là-dessus : « Le dostoïevskisme n’enferme pas seulement pour les Russes de grands trésors spirituels, mais aussi de spirituels dangers. Il y a dans l’âme russe une soif d’autoconsomption, l’enivrement dangereux de sa propre perte (…). On ne saurait donc impunément l’exhorter à la tragédie, préconiser cette tragédie comme un chemin parmi le dédoublement et les ténèbres » (Nicolas Berdiaeff, L’esprit de Dostoïevski, Stock, 1974).
Ce qui vaut pour l’âme russe vaut sans doute pour la politique russe. Mais la crainte que peut nous inspirer le pays de Vladimir Poutine doit-elle nous conduire à le rejeter hors de notre espace continental ? Emmanuel Macron lui-même affirme la nécessité de maintenir un dialogue indispensable pour l’équilibre de l’Europe et du monde.
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LA CITÉ ANTIQUE DE PALMYRE (SYRIE) | 2000 ANS D’HISTOIRE | FRANCE INTER
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Darius [2000 ans d'histoire]
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Le salazarisme ou l’inspiration d’une voie politique pour demain ?
Aristide Leucate
Célébrer Salazar en France ? Projet original et des plus hétérodoxes auquel se sont attelés Olivier Dard et sa consœur Ana Isabel Sardinha-Desvignes, tous deux historiens et, respectivement, enseignants à Paris-Sorbonne et à la Sorbonne Nouvelle, à travers un ouvrage consacré au salazarisme français de 1930 à 1974, qui fera date dans une historiographie aussi indigente que méconnue.
Olivier Dard et Ana Isabel Sardinha-Desvignes, Célébrer Salazar en France (1930 – 1974). Du philosalazarisme au salazarisme français, Bruxelles, Peter Lang, collection « Convergences ».Car, en effet, au-delà d’un cercle réduit d’initiés et d’érudits, en France, qui connaît encore António de Oliveira Salazar (1889-1970), chef de l’État portugais de 1932 à 1968, fondateur de l’Estado Novo ?
Professeur d’économie de la prestigieuse et ancienne université de Coimbra, Salazar arrivera au pouvoir en 1928 en tant que ministre des finances. Il redressera l’économie portugaise, alors exsangue, en un temps record.
Le 25 juin 1932, il est nommé chef du gouvernement par le président de la République, le général Óscar Carmona. La nouvelle Constitution du 19 mars 1933 lui confère les pleins pouvoirs et le contrôle total de l’État en qualité de président du Conseil. Durant son long règne de trente-six ans, « la grande tâche qui s’est imposée à Oliveira Salazar a été la mise en valeur d’un pays qu’on pourrait rétrospectivement qualifier, en employant une expression devenue courante, de pays sous-développé », souligne Paul Sérant, auteur en 1961, d’une honnête enquête intitulée Salazar et son temps (Les Sept Couleurs, Paris, p.88).
Expérience originale parmi les révolutions nationales du XXe siècle, le salazarisme, loin d’être une doctrine uniforme a surtout été l’illustration, in situ, de la célèbre formule attribuée à Richelieu, selon laquelle la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire.
Régime autoritaire, sans pouvoir être catégoriquement qualifié de dictature à proprement parler, l’État salazariste faisait également figure de notable exception – avec les régimes de Franco et de Pétain – en face des expériences hitlériennes et mussoliniennes. Le salazarisme n’a nullement été un fascisme stricto sensu et l’on pourrait même soutenir qu’il fut un tenant de cet antifascisme réactionnaire que l’on trouvait classiquement parmi les opposants conservateurs ou monarchistes du IIIe Reich ou de l’Italie fasciste. Jacques Bainville, après avoir relevé l’influence maurrassienne du Doutor notait que « Salazar, à la différence des autres, avait une doctrine » (Les Dictateurs, Denoël et Steele, 1935, p. 168).
Salazar se tenait, lui-même soigneusement à l’écart de toute hybris de caractère fasciste, considérant que si « la dictature fasciste tend vers un régime païen, vers un État nouveau qui ne connaît pas de limites d’ordre juridique ou moral, qui marche à son but, sans rencontrer ni embarras, ni obstacle, […] l’État nouveau portugais, au contraire, ne peut fuir, et n’y pense pas, certaines limites d’ordre moral qu’il juge indispensable de maintenir, comme balises, à son action réformatrice » (in António Ferro, Salazar. Le Portugal et son chef, Grasset, 1984, pp.147-150).
Il n’est guère étonnant que l’homme, plutôt discret et mutique, comme son action politique – dont l’efficacité était indexée sur la longue durée – ait eu ses thuriféraires et ses admirateurs, notamment en France. Maurice Martin du Gard, Maurice Maeterlinck, François Mauriac, Jacques Maritain, et d’autres encore, se rendirent au Portugal de Salazar, qui plus est sur invitation du régime. « Tous éprouvent le même type d’émerveillement qui semble s’emparer de tous ceux qui, depuis 1934, rendent visite au ‘‘grand homme’’ » (Dard, et alii, p. 133).
Nullement élégiaque, comme son titre pourrait le laisser trompeusement entendre, l’opus de Dard et Sardinha-Desvignes se borne précisément à cerner les contours d’un « philosalazarisme » susceptible de déboucher, le cas échéant, sur un véritable salazarisme français, soit, la mise en évidence d’un transfert politique et culturel par acclimatation, sur les bords de Seine, d’une praxis politique née sur les rives du Tage.
En ce temps-là, l’enjeu n’était pas mince, car les échanges intellectuels et politiques, d’un côté ou de l’autre de la péninsule, servaient alors autant les intérêts du régime à l’étranger que l’engagement militant de sectateurs soucieux, notamment après la IIe Guerre mondiale, d’ériger l’Occident comme dernier rempart contre la décadence que symbolisait le communisme matérialiste et athée.
À l’aune de la situation politique française des années trente, la figure de Salazar pouvait d’autant plus être plébiscitée dans les milieux non-conformistes ou conservateurs, qu’elle portait en elle toutes les impératives promesses d’une réforme intellectuelle et morale préalable à toute réforme politique structurelle.
Sans doute parce que le salazarisme fut bien moins qu’une simple dictature et tout autre chose qu’un fascisme de plate importation, est-il frappant de constater que du Colonel Rémy à Jacques Ploncard d’Assac, en passant par Jacques Maritain et Henri Massis (« l’une des incarnations les plus emblématiques du salazarisme français »), épistoliers célèbres et réguliers du Doutor, la pensée de ce dernier s’accommodait habilement de celle des trois France (représentée par Pétain, Giraud et De Gaulle), selon l’heureuse formule d’Helena Pinto Janeiro, preuve, en effet, de son nationalisme pragmatique et non-idéologique.
Les autres principes essentiels de Salazar tendent à la restauration dans l’État d’une justice et d’une morale de base chrétienne, supérieures aux droits de l’État. Enfin la subordination constante des intérêts particuliers aux intérêts généraux de la nation est pour lui non pas un lieu commun mais une maxime vivante.
Olivier Dard et Ana Isabel Sardinha-Desvignes, Célébrer Salazar en France (1930 – 1974). Du philosalazarisme au salazarisme français, Bruxelles, Peter Lang, collection « Convergences ».
Autre livre conseillé : Salazar, le regretté… Jean-Claude Rolinat, Les Bouquins de Synthèse nationale, 164 pages, 18,00 €. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...
D'illustres admirateurs et quelques grands amis ...
Il y a cent-cinquante ans - un siècle et demi ! - que Maurras est né à Martigues, en Provence [1868] « au bord des eaux de lumière fleuries »[1|.
Il y a plus d'un siècle qu'il a inauguré son royalisme militant en publiant son Enquête sur la monarchie (1900). Et il y a presque 70 ans - une vie d'homme - qu'il est mort à Saint-Symphorien les Tours [1952]. Mais les passions qu'il a si souvent suscitées de son vivant - qu'elles fussent d'admiration ou de détestation, l'une et l'autre souvent extrêmes - ne semblent pas s'être émoussées avec le temps. Prêtes toujours à s'élancer. Comme pour attester une forme paradoxale et performative de présence de sa pensée et de son action.
On sait que la décision d'exclusion du ministre de la Culture, Mme Nyssen, a fini par susciter une vague d'indignations assez générale qui s'est retournée contre son auteur. Mme Nyssen ne savait pas ou avait oublié que depuis notre Gaule ancestrale ou le lointain Moyen-Âge, énorme et délicat, les Français détestent les interdictions. Et les Hauts Comités les démentis du Pouvoir.
Mais cette réprobation n'empêche pas à propos de Maurras l'inévitable mention, dogmatiquement prononcée, des « zones d’ombre ». Expression d'une notable imprécision, lourde de mystérieux et inquiétants sous-entendus et le plus souvent inexpliquée ... À propos de Maurras, on réprouve l'interdit - en bref, on veut benoîtement la liberté d'expression - mais on accuse le fond.
« Zones d’ombre » est porteur d'opprobre. De quoi s'agit-il ? Qu'a donc fait ce Maurras qu'admiraient Proust, Péguy, Malraux et le général De Gaulle ; qui fut l'ami de Bainville et de Daniel Halévy, de Bernanos et de Joseph Kessel, de Barrès et d'Anatole France, d'Apollinaire et de Thibon, de Gaxotte et de Boutang ? Qui fut académicien français. Que consultait Poincaré au cœur de la Grande Guerre, que citait Pompidou dans une conférence demeurée célèbre à Science-Po Paris. « Zones d'ombre » ? Fût-ce brièvement, il nous faut bien tenter de dire le fond des choses, de quitter l'allusion sans courage et sans nuances.
Quatre grands reproches sont faits à Maurras : son antirépublicanisme, son nationalisme, son antisémitisme et son soutien à Vichy.
LA CONTRE-REVOLUTION
Le premier - le plus fondamental - est d'avoir été un penseur contre-révolutionnaire ; d’être le maître incontesté de la Contre-Révolution au XXe siècle ; d'avoir combattu la République et la démocratie, du moins sous sa forme révolutionnaire à la française ; enfin d'être royaliste. Options infamantes ? En France, oui. Mais en France seulement. Et pour la doxa dominante. La Révolution ni la République n'aiment qu'on rappelle leurs propres zones d'ombre. Leurs origines sanglantes, la Terreur, la rupture jamais cicatrisée avec notre passé monarchique, avec l'ancienne France, qu'elles ont imposée. « Soleil cou coupé » ... écrira Apollinaire (2). Et, à la suite, à travers de terribles épreuves et quelques drames, toute l'histoire d'un long déclin français, d'un inexorable affaissement de notre civilisation, que Zemmour a qualifié de suicide et dont nous-mêmes, aujourd'hui, vivons encore l'actualité. Faut-il rappeler qu'au début des années soixante (1960), De Gaulle, monarchiste, avait envisagé que le Comte de Paris lui succède ? Que François Mitterrand dans sa jeunesse était monarchiste et que, comme en atteste, plus tard, sa relation constante avec le comte de Paris, il l'était sans-doute resté ? Quant à l'actuel président de le Réplique, on connaît ses déclarations sur le roi qui manque à la France ... Sur sa conviction que les Français n'ont pas voulu la mort de Louis XVI, la mort du roi ... (3) Faut-il reprocher à De Gaulle, Mitterrand ou Macron telle « zone d’ombre » ? Comme à Maurras ? Ce dernier voulut simplement, à la différence de ces derniers grands-hommes, que ce qu'il savait nécessaire pour la France devînt réalité. Il y consacra sa vie et y sacrifia sa liberté.
LE NATIONALISME
Le nationalisme, autre « zone d’ombre » ? Être nationaliste, un motif d'opprobre, de rejet moral ? Non, s'il s'agit d'un nationalisme quelconque à travers le monde. Oui - pour la bien-pensance - s'il s'agit du nationalisme français. Maurras l'avait défini comme « une douloureuse obligation » dont la cause et le contexte sont historiques, bien plus qu’idéologiques : l'humiliante défaite de 1870 et l'affrontement franco-allemand qui ne cessera jamais vraiment entre 1870 et 1945. « Douloureuse obligation » créée aussi par l'absence de roi, laissant la France aux mains, pour ne pas dire à la merci, d'un régime faible divisé et imprévoyant, qui la plaçait en situation d'infériorité face à l'Allemagne impériale. Plus tard, face à l'Allemagne nazie. Au cours de chacune des deux avant-guerres, Maurras avait vécu dans l'angoisse de l'impréparation où nous maintenait l'État républicain, laquelle devait rendre la guerre à la fois inévitable et terriblement meurtrière. Avant 1914, il avait eu la vision tragique de ce qui se préparait : « Au bas mot, en termes concrets, 500 000 jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue » (4). On sait ce qu'il en fut, qui fut bien pis. Entre 1935 et 1939, l'on eut la reproduction du même scénario. La trahison de Blum refusant d'armer la France face au nazisme en même temps qu'il menait une politique étrangère belliciste irresponsable, les agissements du Parti Communiste, aux ordres de Moscou, comme Blum l'était de la IIème Internationale, allaient rendre le futur conflit mondial inévitable. « Pourquoi faut-il de tels retours ? « écrira alors Maurras. Dans la douleur, nous dit Boutang. On sait qu'il vécut cette période dans la certitude de la guerre et de la guerre perdue. Le « miracle de la Marne » qui avait sauvé la France en 1914, ne se renouvellerait pas ... Tel fut, au-delà du simple patriotisme, le nationalisme maurrassien. Nationalisme non de conquête ou d'expansion mais de défense d'un pays menacé. Menacé de l'extérieur et de l'intérieur, car le danger allemand n'était pas le seul qui pesât sur la France. Son désarmement mental, social, politique et culturel, ses divisions, étaient à l'œuvre comme elles peuvent l'être encore aujourd'hui pour diverses raisons supplémentaires dont certaines - comme l'invasion migratoire ou le mondialisme - que Maurras n'eut pas à connaître. Elles justifient, elles aussi, la persistance de la « douloureuse obligation » d’un nationalisme français.
L'ANTISEMITISME
L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras. Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui.
Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare. Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à « coloniser » - conférait aux Juifs de France. À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : « Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l'État dans l'État » huguenot. » (5) Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann ; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet. On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919 ... L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXe siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'Histoire, Jean Guitton écrira : « Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. » (6)
L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps. Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels : 1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre, 2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre. Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours. Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre.
L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du « génie antisémitique de l’Occident ». Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur. L'évidence est que les événements du XXe siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Ve république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël ; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (7). Ce que feront ses successeurs …
LE SOUTIEN A VICHY
Dernier des grands reproches adressés à Maurras : son soutien à Vichy. Nous n'avons pas l'intention de traiter longuement de ce sujet. Est-il encore pertinent ? Vichy est sans postérité. Il ne laisse ni héritage ni héritiers et n'est qu'un épisode tragique de notre histoire, conséquence incise du plus grand désastre national que la France moderne ait connu et qui aurait pu la tuer.
Il est absurde de définir Maurras comme « pétainiste ». Il était royaliste et contre-révolutionnaire. Qu'il ait pratiqué l'Union Sacrée en 1914-1918 ne le faisait pas républicain. Pas plus que son soutien au vieux maréchal ne fera de lui un pétainiste. Maurras ne fut pas davantage un « collabo » ; il détestait les Allemands qui le traitèrent en ennemi. Il refusa d’approuver la politique de collaboration. Il fut la cible des plus violentes attaques de la presse collaborationniste de Paris.
Entre la politique de Vichy - analogue à celle de la Prusse après Iéna ou de l'Allemagne de Weimar après l'autre guerre (finasser à la manière de Stresemann)- et la stratégie gaulliste de lutte contre l'occupant depuis l'étranger, l'on sait aujourd'hui laquelle des deux options l'a politiquement emporté. Ce n'était pas donné, c'était encore très incertain aux premiers jours de la Libération. Le grand historien Robert Aron, à propos de la politique de Vichy, pose cette question : «La Prusse après Iéna écrasée par un vainqueur intraitable n'a-t-elle pas su ruser elle aussi pour se relever et reprendre sa place parmi les États victorieux ? » (8). Une telle politique ne mérite ni opprobre ni infamie, fût-elle vaincue. C’est pourquoi François Mitterrand, comme nombre de ses pareils, devenu résistant, ne rompit jamais ses amitiés vichystes. Entre les deux mondes, il n’y eut de fossé infranchissable que pour les zélateurs intempérants d’après la bataille…
Y eut-il des excès de la part de Maurras au cours de la période considérée ? Sans aucun doute. Les maurrassiens sérieux n'ont jamais prétendu qu'il fût infaillible. Excès de plume surtout en un temps de tensions extrêmes où se jouait l’avenir de la Patrie. Croit-on qu'il n'y ait pas eu d'excès dans le camp d'en face ? Sous l’occupation et plus encore à la Libération ? Passons ! Car, pour en terminer, notre avis sur cette matière sensible, est que le président Pompidou fit une sage et bonne action lorsque, répondant aux critiques de ceux qui lui reprochaient la grâce qu'il avait accordée à l'ex-milicien Paul Touvier, il déclara ceci qui devrait servir de charte aux Français d’aujourd’hui : « Notre pays depuis un peu plus de 30 ans a été de drame national en drame national. Ce fut la guerre, la défaite et ses humiliations, l'Occupation et ses horreurs, la Libération, par contre-coup l'épuration, et ses excès, reconnaissons-le. Et puis la guerre d'Indochine. Et puis l'affreux conflit d'Algérie et ses horreurs, des deux côtés, et l'exode de millions de Français chassés de leurs foyers, et du coup l'OAS, et ses attentats et ses violences et par contre-coup la répression … Alors je me sens en droit de dire : allons-nous éternellement maintenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ? Le moment n'est-t-il pas venu de jeter le voile, d'oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s'entre-déchiraient et même s'entre-tuaient ? » (9)
Reste alors Charles Maurras, grand penseur, écrivain, poète, félibre, académicien et patriote français qui appartient au patrimoine national. •
1. Anatole France, poème dédicatoire pour Le Chemin de Paradis de Charles Maurras
2. Zone, Alcools, 1913
3. Emmanuel Macron, Le 1 Hebdo, 8 juillet 2015
4. Kiel et Tanger, 1910 (913, 1921 …)
5. Eric Zemmour, Figaro Magazine du 2.02.2018
6. Jean Guitton, Un siècle une vie, Robert Laffont, 1988, 361 pages
7. Jean-Pierre Elkabbach « François Mitterrand, conversation avec un Président » (1994)
8. Robert Aron, Histoire de Vichy, Fayard 1954, 766 pages
9. Conférence de presse du 21 septembre 1972.
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Carl Lang samedi après-midi à la Journée du Pays réel à Rungis
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Evénement catholique et nationaliste : la Fête du Pays Réel ce samedi 24 mars 2018
Tous à la Fête du Pays Réel ce samedi 24 mars 2018
Le Programme
La 2ème Fête du Pays Réel se déroulera le samedi 24 mars 2018, de 10h à 18h, à l’Espace Jean Monnet, rue du Sagittaire, à Rungis, en bordure de Paris, sur un vaste espace couvert (800 places gratuites de parking et nombreux transports en commun précisés en bas de ce message).
10h00 – Ouverture au public et bénédiction des stands
Dans la salle de conférences :
10h15 – Abbé Xavier Beauvais : Sus à la laïcité
11h00 – Marion Sigaut : La révolution de 1789 contre la France
11h15 – Virginie Vota : Le féminisme, conséquence inéluctable du renversement de l’ordre naturel
11h30 – Valérie Bugault : Les banques internationales contre les Etats
14h00 – Johan Livernette : Face au complot maçonnique, le retour de la France catholique
14h15 – Pierre Hillard : Le mondialisme et son actualité
17h00 – Olivier Wyssa : Antidémocratie et politique
17h15 – Carl Lang : Le message de soutien du Parti de la France
17h30 – Alain Escada : Dieu Patrie Famille, une devise pour le Pays réel
Dans les autres espaces :
Plus de 125 stands d’auteurs, d’éditeurs, d’artistes, d’artisans, de mouvements, d’associations et de congrégations religieuses.
Un espace restaurant et sandwicherie sera également ouvert sur place tout au long de la journée.
Une fête du Pays réel ? Qu’est-ce donc ? C’est la volonté, durant toute une journée, de mettre à l’honneur la France des terroirs et des clochers dans une ambiance unitaire, conviviale, joyeuse et familiale.
D’une part, de nombreux stands illustreront l’histoire, la foi, les coutumes, le patrimoine, la culture, le savoir-faire, la gastronomie et le dynamisme de ce Pays réel : éditeurs, associations, congrégations, médias alternatifs, artisans, artistes, viticulteurs, brasseurs et petits producteurs rivaliseront de talents et de richesses à vous faire découvrir. Sans oublier, bien sûr, la longue liste d’auteurs pour petits et grands qui viendront dédicacer leurs livres ou bandes dessinées.
Parmi les nombreux exposants déjà inscrits (liste incomplète) : ACIM (Association catholiques des Infirmières et Médecins) – ACOM (chocolats) – Action Familiale et Scolaire – ADMP – Artisanat Saint Louis – Association Missions – Atelier des dix doigts (sculptures religieuses) – Bannières 2000 – Vanessa Batlle (artiste peintre) – La Boîte à Bons Points (jeux et jouets en bois) – Boutique de la Trinité (objets de décoration en bois) – Cadets de France – Capucins de Morgon – Centre Grégorien Saint Pie X – Cercle National des Combattants (CNC) – Laurence de Chabot (artiste peintre) – Chœur Montjoie Saint-Denis – Civitas – Compagnie de la Sainte-Croix – Comptoir d’Ecosse – Cours privé CEFOP – CYL Editions -Raphael Delpard (cinéaste, film “La Persécution des Chrétiens aujourd’hui dans le monde”) – Dissidence Française – Domaine Le Maine Castay (Cognac, Pineau des Charentes et Vins de France) – Dominicains d’Avrillé – Echoppe Fron (porcelaines et friandises) – Echoppe Médiévale – Echoppe de miels, thés et huiles essentielles – Editions Apopsix – Editions Bibracte – Editions Charlemagne – Editions Francephi – Editions Kontre Kulture – Editions Librim Concept – Editions Retour aux Sources- Editions Hervé Ryssen – Editions Saint Agobard – Editions Saint Jean Baptiste – Editions Saint Remi – Editions Saint Maximilien Kolbe – Editions Reynald Secher – Editions Sel de la Terre – Editions Sigest – Editions Terra Mare – Galerie JPM (livres et enluminures) – Girard (tapisserie et bijoux) – Fédération Catholique du Sport et de l’Education Physique – Fédérations Civitas de l’Aude et de Savoie – Film “La Rébellion cachée” (génocide vendéen) – Formes et Ombres (objets médiévaux) – Guillaume Le Baube (artiste peintre) – Thierry Gillaizeau (sculpteur sur bois) – L’Herboricaine – Ignace (dessins) – Librairie Damase – Librairie Française – Livres d’occasion Grimaux – Clémence Meynet (illustratrice) – Médias Presse Info/Médias Catholique Info – Nation (Belgique) – Nouvelles Editions Latines – Parti de la France – Patrimoine et Renaissance (tapisseries) – La Pierre de la Celle (tailleur de pierre) – Poterie Marie-Laure Cantuel – Réseau des Elus Locaux Catholiques – Résistance Helvétique – Rivarol / Ecrits de Paris – Rosa Mystica – Rosaire aux Frontières – Synthèse Nationale – SOS Tout Petits – Stop Provocs Hellfest – UNEC / SOS Mamans – Vins Domaine de Champ Fleury, Pierre Coquard
Parmi les auteurs et dessinateurs qui ont déjà annoncé venir dédicacer (liste incomplète) : Frédéric Andreu – Alban d’Arguin – Stéphanie Bignon – Franck Bouscau – Anne Brassié – Valérie Bugault – Lucien Cerise – Lorris Chevalier – Christoff BZH (chanteur) – M. l’ambassadeur Henry Cuny – Docteur Nicole Delépine – Anne-Marie Despas – Yves Dewulf – Docteur Jean-Pierre Dickès – Jean-Arnaud Dollié – Docteur Xavier Dor – Michel Drac – Jean-Yves Dufour – Apolline Dussart – Philippe Fortabat Labatut – Bernard Gantois – Pierre Godicheau – Patrick Gofman – Françoise Gondrée – Romain Guérin – Yves Guézou (dessinateur) – Pierre Hillard – Roger Holeindre – Carl Lang – Agnès Lauzier – Johan Livernette – Lysistrata – Hubert de Mesmay – Claude Meunier-Berthelot – Alain Monestier – Georges Pagé – Abbé Guy Pagès – Alain Pascal – Pinatel (dessinateur) – Philippe Prévost – Jean Rémy – Abbé Olivier Rioult – Olivier Roney – Jean de Rouen – Catherine Rouvier – Reynald Secher – Marion Sigaut – Dominique Tassot – Arnaud Upinsky – Jean-Michel Vernochet – Uli Windisch – Hristo Xiep
L’année dernière, la Fête du Pays Réel avait déjà rassemblé des dizaines d’exposants et un public nombreux venu de toute la France. Cette année, on pousse les murs et on vous attend tous !